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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les tragédies du vol 302 d'Ethiopian Airlines et de Christchurch

19 mars 2019


L’honorable Larry W. Smith (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage et offrir mes condoléances aux familles du Canada et de partout dans le monde qui pleurent la perte d’êtres chers survenue lors de deux terribles événements qui se sont produits séparément au cours des derniers jours.

Nous nous rappelons aujourd’hui les 157 passagers, y compris 18 de nos compatriotes, morts dans l’écrasement, le 10 mars dernier, du vol 302 d’Ethiopian Airlines. Nombre d’entre eux travaillaient pour la communauté internationale et notamment les Nations Unies et ses organes affiliés. Nous offrons nos sincères condoléances aux parents et amis de toutes les victimes, qui ont dû ressentir un choc inimaginable. Nos pensées les accompagnent pendant le temps qu’il leur faudra pour se remettre de cette tragédie.

Ce qui s’est passé vendredi dernier à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, est un crime horrible commis par un militant autoproclamé de la suprématie blanche contre des hommes, des femmes et des enfants musulmans qui priaient pacifiquement dans deux mosquées de cette ville. Les pertes humaines sont effarantes, 50 personnes ayant perdu la vie et des dizaines d’autres ayant été blessées. Nous offrons tous nos vœux de guérison aux personnes encore hospitalisées. Si leur corps peut guérir, leur cœur restera sans doute brisé par ce qu’elles ont vu et enduré.

Je sais que tous les sénateurs se joindront à moi pour condamner cette attaque terroriste ignoble et manifester leur solidarité avec la communauté musulmane de la Nouvelle-Zélande, du Canada et du monde entier. Vous n’êtes pas seuls en ce moment d’épreuve.

En ce moment de deuil, nous nous rappelons le jour pas si lointain, il y a deux ans, où a été commis le massacre du Centre culturel islamique de Québec, dans ma province natale.

Six personnes ont connu une fin brutale et 19 autres ont été blessées. Nous pensons à leurs familles aujourd’hui qui partagent maintenant la douleur de familles vivant à l’autre bout du monde.

Honorables sénateurs, trop de familles souffrent de l’absence de proches, qu’elles ne retrouveront jamais. J’espère que nos propos aujourd’hui leur apportent un certain réconfort et qu’elles savent que nous pensons à elles avec compassion et tristesse.

Chers collègues, j’aimerais ajouter ma voix à celles qui se sont déjà exprimées sur les récentes tragédies qui se sont produites apparemment loin d’ici, mais dans lesquelles nous pouvons nous reconnaître.

Le 10 mars, un avion, qui effectuait le trajet entre Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, et Nairobi, s’est écrasé juste après le décollage. Une des victimes, Micah John Messent, venait de Courtenay en Colombie-Britannique. Il avait étudié à la Vancouver Island University, à Nanaimo, et en était sorti diplômé en études autochtones. Jeune environnementaliste, il se rendait à une conférence des Nations Unies au Kenya.

Juste avant son départ, il a publié le message suivant sur Instagram :

Je pars DEMAIN pour le Kenya, où je vais pouvoir rencontrer d’autres jeunes et leaders passionnés venus du monde entier et réfléchir à la manière dont nous allons pouvoir régler les problèmes les plus graves auxquels notre génération est confrontée.

Nous pleurons la mort des 157 victimes de ce tragique accident, dont celle de Micah et de 17 autres Canadiens.

À peine cinq jours après l’écrasement du vol d’Ethiopian Airlines, nous avons appris une terrible nouvelle. Un acte de violence odieux avait été commis à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Un grand nombre des 50 victimes étaient des réfugiés qui avaient fui la violence dans leur pays d’origine afin de refaire leur vie dans un endroit où ils pensaient qu’ils seraient en sécurité avec leur famille. Haji-Daoud Nabi et sa famille ont fui l’Afghanistan en quête d’une vie meilleure en Nouvelle-Zélande. Dans les 40 ans qui ont suivi, M. Nabi a redonné à sa collectivité en dirigeant un organisme qui accueille d’autres réfugiés. Selon son fils, M. Nabi a perdu la vie lorsqu’il s’est interposé entre un de ses amis et le tireur; l’ami a toutefois survécu.

Deux autres victimes étaient membres d’une famille de réfugiés syriens qui se sont enfuis en Nouvelle-Zélande. Le père et un fils ont perdu la vie et un deuxième fils a été blessé.

La plus jeune victime de l’attaque est Mucad Ibrahim, un bambin de trois ans. Sa famille a fui la Somalie en quête de sécurité et d’espoir à titre de réfugiés en Nouvelle-Zélande.

Nous tenons à dire aux victimes de ce crime haineux déplorable que nous ne les oublierons pas, aux proches des victimes que nous partageons leur deuil et à nos frères et sœurs musulmans au Canada et partout dans le monde que nous sommes avec eux.

L’honorable Jim Munson [ + ]

Honorables sénateurs, au cours des 15 dernières années, j’ai parlé ici de nombreuses questions qui me tiennent à cœur, plus particulièrement l’autisme et, bien sûr, les Jeux olympiques spéciaux. Cependant, rien ne m’avait préparé à une telle tragédie.

Je parle de la tragédie d’Ethiopian Airlines, qui a coûté la vie à 157 personnes, y compris 18 Canadiens. Cela me touche de près.

Vous devez avoir entendu parler du vol 302 d’Ethiopian Airlines, ou lu à son sujet. Il s’est écrasé peu de temps après le départ de l’avion de l’aéroport international d’Addis-Abeba le 10 mars.

Vous devez avoir entendu ou lu de nombreuses histoires personnelles et déchirantes sur les passagers de ce vol. Cette tragédie nous touche de près parce qu’il y avait des députés et des sénateurs qui se trouvaient à proximité du lieu de cet accident atroce.

En effet, des membres de l’Association parlementaire Canada-Afrique, trois sénateurs, quatre députés et trois fonctionnaires, étaient à Addis-Abeba le matin de l’écrasement. Notre délégation était arrivée là-bas par un vol direct d’Ethiopian Airlines en provenance de Toronto.

On nous a dit que 10 des 18 Canadiens qui sont morts étaient à bord de notre vol en provenance de Toronto. Ils ont ensuite pris un vol de correspondance d’Addis-Abeba à Nairobi, au Kenya. C’était deux heures après notre atterrissage à Addis-Abeba.

Lorsqu’on nous a informés de l’écrasement, nous avons été paralysés par la douleur. En tant qu’ancien journaliste, j’ai couvert de nombreuses tragédies, mais celle-ci était différente. À la télévision éthiopienne, les commentateurs ont dit que les victimes venaient de 35 pays. Je me demandais combien de Canadiens étaient à bord.

Antoine Chevier, ambassadeur du Canada en Éthiopie, nous a rapidement informés de la situation, puis tout le monde a compris l’ampleur de la situation. Lui et son personnel savaient que le travail d’un diplomate allait commencer, qu’il s’agisse de se rendre sur les lieux de l’écrasement ou de préparer l’arrivée d’êtres chers du Canada.

Honorables sénateurs, trois minutes ne suffisent pas pour raconter l’histoire de chacun des 18 Canadiens qui ont perdu la vie ce matin-là. Je vais parler d’un homme spécial qui était professeur à l’Université Carleton à Ottawa, Pius Adesanmi.

Samedi, il y eut une célébration de sa vie à l’église Metropolitan Bible. Il était un mari, un père et un professeur qui est venu au Canada il y a de nombreuses années pour enseigner. Il était aimé et on le décrit comme un homme au grand cœur qui voulait toujours améliorer les choses.

Âgé de 47 ans, d’origine nigériane, M. Adesanmi était directeur de l’Institut des études africaines de l’Université Carleton. Il était tout pour ses élèves et plus encore. Selon l’Ottawa Citizen, il était spécialiste de la littérature africaine, poète, chroniqueur pour des journaux nigérians, satiriste et blogueur. Il était encore plus. Voici comment le décrit son cousin : « plus qu’extraordinaire », quelqu’un qui était « à la recherche des trésors de guérison de la connaissance ».

Honorables sénateurs, nous pleurons le décès du professeur Adesanmi, nous partageons le deuil des familles des 17 autres Canadiens, et nous pleurons le fait que 157 personnes de 35 pays ne sont plus des nôtres.

Il y a six ans, on a demandé au professeur Adesanmi de prendre part à un exercice de rédaction où les participants étaient invités à écrire leur propre épitaphe. Voici ce qu’il a écrit :

Ci-gît Pius Adesanmi, qui fait de son mieux pour mettre son talent au service de l’humanité et qui s’est envolé chez lui un beau matin une fois son œuvre achevée.

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