Déchiffrer le monogramme de la Reine
En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire construite en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, demeure permanente du Sénat.
Bien que l’édifice du Centre soit fermé pendant les travaux de réhabilitation, les Canadiens peuvent toujours découvrir son art et son architecture grâce à la visite virtuelle immersive du Sénat.
L’emblème personnel de la reine Elizabeth II, le monogramme royal — aussi appelé chiffre royal — est à l’honneur en 2022, alors que les pays du Commonwealth célèbrent le jubilé de platine de la Reine marquant son 70e anniversaire de règne.
L’emblème canadien du jubilé de platine, conçu autour du chiffre royal, est flotté sur le mât du drapeau de cérémonie de l’édifice du Sénat du Canada et à Rideau Hall, la résidence de la gouverneure générale. Il longe également le boulevard de la Confédération, le parcours d’honneur qui relie le centre-ville d’Ottawa à la ville de Gatineau, au Québec.
L’huissier du bâton noir, J. Greg Peters, agent principal du protocole du Parlement ainsi que messager et accompagnateur personnel de la Reine au Parlement, affirme que le monogramme est un puissant rappel visuel des liens de longue date entre le Canada et la Couronne.
« Comme les autres symboles royaux, il consolide ce lien, a-t-il déclaré. Il renforce le lien entre la Couronne et le Parlement ».
Une tradition Tudor bien ancrée
Les monogrammes royaux sont utilisés depuis des siècles. Ils combinent traditionnellement les initiales et le titre du monarque régnant, soit sous la forme de lettres isolées, soit sous la forme d’un monogramme entrelacé.
Le monogramme de la Reine suit un modèle qui a vu le jour il y a 500 ans dans l’Angleterre des Tudors. Henri VIII avait fait afficher son monogramme royal sur ses nombreux manoirs et palais, en ajoutant le « R », qui signifie « Rex », c’est-à-dire « Roi » en latin.
Dans le cas de la reine Elizabeth, les caractères « E II R » signifient « Elizabeth II Regina », « Regina » étant le mot latin pour « Reine ». Son dessin est coiffé de la couronne de saint Édouard, symbole du monarque qui incarne l’État.
Repérage de monogrammes dans la Cité parlementaire
Des monogrammes royaux se trouvent un peu partout dans la Cité parlementaire. La suite du Président du Sénat, à l’extrémité est de l’édifice du Centre, présente des monogrammes sculptés dans les linteaux au-dessus des portes. Ceux du roi George V — roi du Canada au moment où cette suite a été achevée dans les années 1920 — et de son épouse, la reine Mary de Teck, figurent dans des pièces adjacentes.
La fenêtre du jubilé de diamant au-dessus de l’entrée du Sénat de l’édifice du Centre représente la reine Elizabeth II et son arrière-arrière-grand-mère, la reine Victoria. Leurs jubilés de diamant, marquant leur 60e anniversaire de règne, ont été célébrés en 2012 et 1897, respectivement. En tant que reine et impératrice, la reine Victoria porte les lettres « VRI », pour « Victoria Regina Imperatrix », « Imperatrix » signifiant « Impératrice » en latin.
Les monogrammes sont très présents dans l’édifice du Sénat du Canada, qui abrite temporairement le Sénat. À l’extrémité est de la Chambre, la coiffe du trône du monarque — conçue en 2018 et sculptée dans du noyer anglais provenant du domaine royal du château de Windsor — contient le monogramme de la Reine, entouré d’une gerbe de feuilles d’érable.
Le monogramme est également présent sur des insignes parlementaires. Le bâton de fonction de l’huissier du bâton noir porte le monogramme du roi George V à son extrémité supérieure, et au milieu, celui de la reine Elizabeth.
« Lorsque le bâton noir a été restauré en 2016, nous avons constaté qu’il y avait un espace pour que le graveur royal ajoute une dédicace incluant le monogramme royal de la Reine, a expliqué M. Peters. Nous avons saisi l’occasion, car il est important de renouveler constamment ces liens entre le Parlement et la Couronne ».