Le cabinet de la masse du Sénat retrouve son éclat original après sa restauration
En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire construite en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, demeure permanente du Sénat.
Bien que l’édifice du Centre soit fermé durant les travaux de réhabilitation, les Canadiens peuvent toujours découvrir son art et son architecture grâce à la visite virtuelle immersive du Sénat.
Contribuer à une tâche ardue mais ne recevoir aucune reconnaissance, c’est difficile.
Prenez le cabinet de la masse du Sénat par exemple.
Ce meuble de noyer de deux mètres de haut abrite la masse du Sénat lorsqu’elle n’est pas dans la Chambre.
De nombreux observateurs de la Colline du Parlement connaissent l’existence de la masse, le bâton emblématique plaqué d’or de 1,6 mètre qui se trouve à la tête du défilé du Président avant chaque séance.
La masse incarne le mandat et l’histoire de l’institution. Les emblèmes qui l’agrémentent représentent les liens du Canada avec la France, l’Irlande, l’Angleterre et l’Écosse, ainsi qu’avec la Couronne. La masse symbolise l’autorité accordée au Sénat par la Couronne, et le Sénat ne peut siéger sans elle.
Alors que la masse est au premier plan lorsque le Sénat siège, son cabinet, lui, travaille dans les coulisses en toute discrétion et en tout temps.
Plus tôt cette année, le cabinet a toutefois reçu les soins bien mérités du restaurateur Alexander Gabov, qui l’a méticuleusement restauré pendant quatre jours cet hiver.
« C’est une œuvre remarquable. Discrète, elle protège la masse et la met en valeur, a dit M. Gabov qui est établi à Gananoque, en Ontario. Elle est sobre et ne porte pas ombrage à la masse ».
Malgré sa sobriété, le meuble est d’une facture exquise : des panneaux en noyer incrustés d’ébène; une vitre de 1,6 m; et des poignées, des charnières et des supports en alliage de cuivre qui servent d’appui pour la masse. Ce sont toutes des pièces originales.
Le cabinet a été imaginé par John A. Pearson, l’architecte de l’édifice du Centre. Sa minutie, son souci du détail dans la conception de l’édifice du Centre était légendaire. L’armoire a été fabriquée à Montréal dans les années 1920 par Castle et Fils, l’un des fabricants de meubles les plus prisés du Canada et l’un des principaux fournisseurs pendant la reconstruction de l’édifice du Centre de la Colline du Parlement.
Malgré son âge, le cabinet est bien préservé. Il était dans l’édifice du Centre jusqu’au début des travaux de réhabilitation en 2019. Depuis, il se trouve dans le bureau du Président du Sénat, à l’édifice du Sénat du Canada.
Gabov est restaurateur depuis plus de 20 ans. Il a lancé sa propre entreprise de restauration — Conservation of Sculptures, Monuments and Objects — après avoir complété une maîtrise en conservation des œuvres d’art à l’Université Queen’s en 2000.
Gabov a pris soin d’honorer le caractère unique du cabinet de la masse dans son travail de restauration.
« Il faut respecter l’œuvre originale et décider dans quelle mesure intervenir pour la préserver », a souligné M. Gabov.
Il a réparé les supports et les moulures chambranlants, recollé des pièces de la corniche, nettoyé des tâches de rouille et de corrosion sur les accessoires en alliage de cuivre, puis recouvert la quincaillerie d’un scellant acrylique transparent.
Il a utilisé une cire colorée pour lisser de petites fissures en surface et des joints apparents là où les panneaux étaient détachés.
« La cire est molle et flexible : elle s’adapte au bois qui se contracte et prend de l’expansion. La cire est naturelle et, plus important encore, elle est réversible. Tout ce que l’on utilise est 100 % réversible. »
Après avoir effectué quelques tests pour vérifier si le cabinet avait déjà été restauré, M. Gabov a choisi de ne pas en refaire la surface.
« Il était important de préserver fidèlement tout ce qui était original et le fini était en excellent état », a ajouté M. Gabov.
Gabov est convaincu que cette approche subtile et modérée était la bonne pour restaurer le cabinet.
« Je ne veux pas que l’on puisse dire “Wow, c’est du beau travail! Regarde la différence!” Un travail réussi passe généralement inaperçu. »