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Les sculpteurs ravivent des visages fantomatiques du passé de l’édifice du Centre

Un gros plan d’une main façonnant une sculpture d’un cocatrix à l’aide d’un outil de sculpture de l’argile.

En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire construite en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, la demeure permanente du Sénat.

Bien que l’édifice du Centre soit fermé pendant les travaux de réhabilitation, les Canadiens peuvent toujours découvrir son art et son architecture – ainsi que ceux de l’édifice du sénat du Canada – grâce aux visites virtuelles immersives du Sénat.


Un petit groupe de résidents de la Colline du Parlement, érodés par les intempéries, arborent un air frais et rajeuni, maintenant que les sculpteurs qui travaillent à la rénovation de l’édifice du Centre ont corrigé petit à petit les ravages du temps.

L’équipe des arts décoratifs, composée de huit personnes, a passé les derniers mois à restaurer une poignée de sculptures désagrégées et gravement érodées perchées à l’extérieur de l’édifice du Centre.

Les sculptures endommagées ont été identifiées dans le cadre d’une évaluation de la maçonnerie et des ouvrages de pierre de l’édifice du Centre qui a débuté en 2020 et qui se poursuit systématiquement du côté est du bâtiment vers l’ouest. Parmi les centaines de sculptures décoratives qui ornent les murs, les tours, les cadres de fenêtres et les pinacles de l’édifice du Centre, environ une douzaine ont été choisies jusqu’à présent pour des réparations.

Cette cure de rajeunissement fait partie de la rénovation de l’édifice du Centre, le plus grand projet de restauration du patrimoine de l’histoire du Canada. C’est la première fois que l’édifice du Centre fait l’objet d’une remise en état complète. Les systèmes mécaniques, électriques et thermiques seront mis à niveau et l’édifice centenaire sera mis aux normes actuelles en matière d’incendie, d’accessibilité, de sécurité et de protection sismique.

Cette image d’un cocatrix, un dragon à deux pattes avec une tête de coq, provient de la face est de l’édifice du Centre. La sculpture était usée au point de n’être pratiquement plus reconnaissable. Une version restaurée, en bas, combine de l’argile modelée sur un plâtre de l’original. (Crédit photo : Studio d’arts décoratifs)

Gardiens érodés par les intempéries

Les grotesques qui réapparaissent dans le studio des arts décoratifs comprennent des dragons, des cocatrix et des créatures à tête de chèvre tout droit sorties d’un bestiaire médiéval, ainsi que des personnages comiques qui pourraient passer pour de vraies personnes.

L’un, un homme moustachu fumant une pipe, s’accroupit maladroitement, les membres écartés autour de sa tête bulbeuse, les pieds pliés à des angles impossibles.

« C’est ce que vous appelleriez une pose de yoga avancée », a plaisanté le chef d’équipe John-Philippe Smith

Le processus de restauration commence avec les membres de l’équipe des arts décoratifs, aux côtés de spécialistes de la conservation du patrimoine et de la maçonnerie, qui montent des échafaudages pour analyser chaque sculpture de près.

Certaines sont évaluées comme nécessitant une réparation partielle – une réparation qui peut être effectuée sur place. Certaines nécessitent un remplacement complet, ce qui nécessite de retirer la pièce et de l’échanger avec une nouvelle version sculptée hors site.

« La détérioration que nous constatons est principalement causée par l’accumulation d’eau et l’érosion éolienne », a expliqué M. Smith. « Parfois, les défauts de construction sur des sections du bâtiment aident à accélérer les dommages. Parfois, c’est juste le temps et l’alchimie. »

Un processus par étapes

Une fois qu’ils ont repéré une sculpture à restaurer, les sculpteurs en prennent une impression sur place.

Le silicone liquide, brossé en couches minces, durcit pour former un moule durable, mais souple qui capture chaque détail de l’original. Le moule en silicone est enveloppé dans un support en plâtre ou en résine synthétique, puis transporté vers l’atelier de sculpture où les sculpteurs l’utilisent pour couler une copie en plâtre de la sculpture : c’est ce qu’on appelle la maquette.

Un modèle restauré d’une tête stylisée, sculptée dans l’argile, ainsi que le moule en silicone créé à partir de celle-ci.

Ensuite, un sculpteur modélise les pièces manquantes ou incomplètes en façonnant l’argile sur le plâtre. Parfois, le sculpteur a une image de référence à suivre, mais il doit souvent faire des suppositions éclairées.

« Nous essayons de trouver d’autres pièces dans une position architecturale similaire et nous utilisons cela comme référence pour nous aider à imaginer à quoi ressemblait l’original », a déclaré le sculpteur Nicholas Thompson en réalisant les touches finales d’une sculpture de tête de dragon.

Une fois le modèle en plâtre terminé, les sculpteurs fabriquent un nouveau moule en silicone à partir de cette pièce composite. Une autre maquette en plâtre est coulée à partir de ce moule, et c’est elle qui servira de modèle pour la sculpture finale en grès. La sculpture terminée est ensuite expédiée à l’édifice du Centre et fixée en place par des spécialistes en maçonnerie.

Recréer ce qui a été perdu

Les sculpteurs s’efforcent d’être fidèles à l’original, mais souvent les dommages sont si importants qu’il appartient à l’artiste d’interpréter les intentions du sculpteur d’origine.

« Il y a une sorte de communion avec le passé lorsque vous travaillez sur une pièce comme celle-ci », a déclaré M. Thompson.

« C’est une joie de faire partie d’une tradition aussi riche, d’imaginer ce que ces sculpteurs originaux pensaient et essayaient de réaliser en travaillant. »

Au cours des mois à venir, l’équipe des arts décoratifs commencera à créer de nouvelles sculptures pour remplir certains des près de 200 blocs non sculptés qui restent dans l’édifice du Centre. Pour l’instant, l’accent est mis sur la restauration minutieuse de ces pièces de l’histoire de l’édifice du Centre.

« Nous essayons de recréer fidèlement ce qui a été perdu et de le conserver pour la postérité », dit M. Thompson. « Ce n’est pas l’endroit idéal pour la créativité débridée. Nous devons être sensibles à ce qui est réellement là. »

Le sculpteur Nicholas Thompson ajoute de la texture et des détails à une maquette en plâtre de la tête d’un dragon.Le sculpteur Nicholas Thompson ajoute de la texture et des détails à une maquette en plâtre de la tête d’un dragon.

La sculpture originale, sur la face est de l’édifice du Centre, montre des signes d’un siècle de dommages causés par les intempéries et l’érosion chimique. (Crédit photo : Studio d’arts décoratifs)
La sculpture a traversé plusieurs étapes de restauration, ce qui a abouti à la maquette en plâtre, en haut, et à la sculpture sur grès finie.
Un plâtre d’un visage de chèvre, en haut, capture l’état avancé de détérioration de la sculpture d’origine. Un moulage réalisé après reconstruction, en bas, sert de modèle pour une version finale en grès.

John-Philippe Smith, chef d’équipe au studio des arts décoratifs, affine un modèle en argile d’un personnage – affectueusement surnommé « Homme à la pipe » – situé sur une flèche à l’angle nord-ouest de l’édifice du Centre.

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