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L’hôte céleste de la Colline : les créatures surnaturelles du Parlement, 3e partie

Une sculpture d’un enfant angélique souriant sur un panneau de bois décoratif.

Dans le troisième d’une série de quatre articles, nous examinons trois créatures surnaturelles qu’on peut apercevoir dans l’édifice du Centre, sur la Colline du Parlement.

En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire construite en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, la demeure permanente du Sénat.

Bien que l’édifice du Centre soit fermé pendant les travaux de réhabilitation, les Canadiens peuvent toujours découvrir son art et son architecture – ainsi que ceux de l’édifice du Sénat du Canada – grâce aux visites virtuelles immersives du Sénat.


La Colline du Parlement abrite des êtres démoniaques et divins pour être clair, nous parlons ici d’œuvres d’art mais une trêve d’un siècle les a maintenus dans leurs coins respectifs.

Si les représentations sauvages et fantaisistes de dragons, de monstres, et de gargouilles et de grotesques de l’édifice du Centre retiennent l’attention, leurs homologues célestes font une apparition modeste et digne à quelques endroits clés.

Des anges en deuil gardent les Livres du Souvenir dans la Tour de la Paix. Dans la Chambre du Sénat de l’édifice du Centre, des putti enfantins et joyeux veillent sur les débats. La figure sombre de Poséidon, dieu grec de la mer, tient la cour dans la rotonde au cœur de l’édifice du Centre.

« Ces figures font appel aux meilleurs esprits de notre nature », a déclaré Johanna Mizgala, conservatrice d’art de la Chambre des communes. « Elles rappellent aux parlementaires leurs responsabilités et les principes supérieurs qui devraient prévaloir dans cette enceinte. »

Nous avons rencontré les hordes de démons du Parlement plus tôt dans cette série. Rencontrons maintenant son hôte céleste :

Poséidon

L’un des douze dieux de l’Olympe de la mythologie grecque antique, Poséidon domine les mers, les tempêtes et les tremblements de terre. Comme les forces de la nature qu’il personnifie, Poséidon peut être maussade et imprévisible.

Il figure dans le Hall de la Confédération, le foyer d’entrée principal de l’édifice du Centre, sculpté dans la colonne centrale. Ici, il domine les vagues, entouré de motifs marins. Les carreaux de sol en marbre forment une boussole de marin stylisée. La mer qui l’entoure est représentée par une bande ondulée de marbre vert provenant de l’île grecque de Tinos.

La colonne centrale représente le gouvernement fédéral, qui tient bon alors que les vagues s’abattent sur lui. Un anneau de piliers encerclants, solidement ancrés à la colonne centrale, représente les provinces.

Il s’agit d’avoir un pilote de confiance à la barre, a déclaré Mme Mizgala.

« L’idée fondamentale est que, quelles que soient les tempêtes, un bon gouvernement et l’ordre maintiendront le navire de l’État sur une trajectoire stable. »

Dans les légendes anciennes, il était essentiel de ne pas contrarier Poséidon. Il peut être le protecteur le plus puissant d’un marin ou son adversaire le plus terrifiant. Vu sous cet angle, Poséidon est un talisman porte-bonheur, invoqué ici dans la pierre pour assurer le bon voyage du navire de l’État.

Anges

Les anges jouent un rôle crucial dans la Chapelle du Souvenir de la Tour de la Paix, une chapelle voûtée de trois étages dédiée à l’hommage des Canadiens morts à la guerre. Il s’agit de l’espace le plus sacré de la Colline du Parlement, décrit par l’architecte de l’édifice du Centre, John A. Pearson, comme un « bosquet sacré au milieu de la forêt ».

En son centre, un autel en pierre calcaire supporte le Livre du Souvenir de la Première Guerre mondiale, où est inscrit le nom de plus de 66 000 Canadiens tués au combat pendant la Grande Guerre. Le coffret de bronze, d’émail et de verre du livre, fabriqué en 1927, comporte des statuettes d’anges agenouillés à chaque coin. Les anges pleurent ceux qui sont tombés, montent la garde dans l’au-delà et incarnent la promesse du jour du Souvenir : « Nous nous souviendrons d’eux ».

Lorsque cette chapelle a été construite, les anges étaient très présents dans l’imagination du public, exprimant symboliquement ce que beaucoup ressentaient face à une guerre qui avait tant détruit et emporté tant de vies. Cette obsession des anges en temps de guerre a commencé dès le début des combats, avec des rapports sur les champs de bataille faisant état d’archers médiévaux fantomatiques, menés par la figure de saint Georges, venant en aide aux soldats britanniques. Le fait que le premier récit ait été publié sous la forme d’une nouvelle dans le London Evening News n’a pas empêché son acceptation par un grand nombre de personnes.

Les affiches de recrutement de la Première Guerre mondiale représentaient des anges ailés poussant les troupes au combat ou invoquaient des « anges de la miséricorde » réels, tels que les infirmières de la Croix-Rouge qui soignaient les soldats blessés à proximité de la ligne de front. Cela reflétait une croyance largement répandue selon laquelle des anges spirituels et réels intervenaient activement aux côtés de la Grande-Bretagne et de ses alliés.

Les anges de la Chapelle du Souvenir sont des produits de cette époque de spiritualité fervente. Ils servent de gardiens symboliques et de sombres rappels du sacrifice en temps de guerre.

Putti

Seize enfants angéliques joufflus, appelés putti, sont accroupis à la base des pilastres de calcaire qui entourent la Chambre du Sénat de l’édifice du Centre, souriant béatement aux débats qui se déroulent en dessous.

Les putti trouvent leur origine dans la mythologie classique, où le dieu grec Éros dont l’homologue romain est Cupidon faisait tomber les gens instantanément amoureux en leur transperçant le cœur avec sa flèche enchantée. À la Renaissance, ce dieu païen de l’amour s’est transformé en ange chrétien aux joues rouges, connu sous le nom de putto, et a commencé à être représenté en groupes plutôt qu’en une seule figure.

Les putti incarnent l’amour, l’innocence et la bonté, mais suggèrent également les concepts connexes de gentillesse, de civilité et de maîtrise de soi. Sur la Colline du Parlement, ils sont un symbole de décorum, un frein à l’échauffement des esprits et un doux rappel de l’étiquette parlementaire.

« Dans le contexte du Parlement, note Mme Mizgala, il s’agit d’encourager les meilleures impulsions, les idéaux les plus élevés et le sens du devoir. »


Lisez-en davantage dans notre série sur les créatures surnaturelles de la Colline du Parlement :

Le Hall de la Confédération de l’édifice du Centre présente un thème nautique. Sa colonne centrale est entourée de carreaux de sol en marbre qui évoquent la boussole d’un marin et les vagues de l’océan.
La figure de Poséidon – le dieu grec des mers, des tempêtes et des tremblements de terre – est sculptée dans la colonne centrale de la rotonde.
Des anges ornent l’autel central de la Chapelle du Souvenir de la Tour de la Paix. L’autel contient le Livre du Souvenir de la Première Guerre mondiale, où est inscrit le nom de plus de 66 000 Canadiens tués au combat pendant la Grande Guerre. (Crédit photo : Bibliothèque du Parlement)
Dans le tympan au-dessus de l’entrée de la Chapelle du Souvenir, l’ange enregistreur, flanqué d’anges assistants, écrit le nom des morts dans le Livre du Souvenir. (Crédit photo : Bibliothèque du Parlement)
Ces enfants angéliques souriants qui ornent les murs lambrissés de chêne de la Chambre du Sénat de l’édifice du Centre sont appelés putti.
Les artistes de la Renaissance ont développé l’image durable du putto comme un enfant angélique qui inspire la joie et la bonne volonté, une tradition que les sculpteurs de la Colline du Parlement ont capturée dans ces figures, créées dans les années 1930.

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