La vie derrière les barreaux : les droits de la personne dans les prisons du Canada
Enquête sur les prisons canadiennes
Le Comité sénatorial des droits de la personne se penche sur les droits de la personne des détenus dans le système correctionnel fédéral en étudiant entre autres l’accès aux soins en santé mentale, les effets de l’incarcération et la surreprésentation des minorités visibles.
Lors d’une mission d’étude qui s’est déroulée du 15 au 19 mai 2017, des membres du comité ont eu accès aux établissements suivants :
- le Centre de santé mentale de Brockville (Brockville, Ontario);
- l’établissement de Joyceville et l’établissement de Pittsburgh, qui est adjacent (près de Kingston, Ontario);
- l’établissement de Millhaven et l’établissement de Bath, qui est situé à proximité (Bath, Ontario);
- l’établissement de Collins Bay (Kingston, Ontario);
- l’établissement Joliette pour femmes (Joliette, Québec);
- le Centre de guérison Waseskun (Saint-Alphonse-Rodriguez, Québec);
- le Centre régional de réception (Sainte-Anne-des-Plaines, Québec).
À la télévision, les prisons sont presque toujours présentées comme des endroits sombres.
Violence et sadisme, victoires morales et revers dévastateurs, gardiens violents et détenus instables se côtoient dans un labyrinthe étroit d’acier et de béton.
Dans le cadre d’une vaste étude sur le système correctionnel fédéral et les droits de la personne des détenus, des membres du Comité sénatorial des droits de la personne ont cherché à défaire cette perception de la culture populaire concernant les prisons.
Les détenues de l’établissement de Joliette confectionnent des sous-vêtements pour des hommes incarcérés dans d’autres établissements fédéraux.
À cette fin, le président du comité, le sénateur Jim Munson, et les sénatrices Kim Pate, Marilou McPhedran et Nancy Hartling ont eu accès, lors d’une mission d’étude dans les régions de Brockville, de Kingston et de Montréal, à certains des établissements les mieux gardés au pays, une autorisation qui est rarement accordée.
D’après ce qui a été raconté aux membres du comité, la vie quotidienne des détenus se résume à une triste succession d’humiliations mesquines.
À l’établissement pour femmes de Joliette près de Montréal – où la majorité des femmes ont été victimes de violence physique et sexuelle – le seul travail qui est offert consiste à coudre des sous-vêtements destinés à des hommes détenus dans d’autres établissements fédéraux.
Tout comme pour les autres emplois dans les prisons fédérales, le salaire plafonne à 6,90 $ par jour.
L’argent ainsi gagné est censé permettre aux prisonniers de faire quelques économies qu’ils pourront utiliser pour rebâtir leur vie après leur remise en liberté.
Toutefois, le gouvernement fédéral récupère 30 % de l’argent gagné pour l’hébergement et les repas ainsi que pour couvrir les dépenses d’administration, comme les services téléphoniques, et ce, même si les détenus doivent payer pour chaque appel qu’ils effectuent.
En pratique, une grande partie de l’argent gagné retourne à l’établissement de détention par l’intermédiaire de la cantine, un petit magasin qui vend des objets que les détenus peuvent acheter, comme des articles de toilette et de la nourriture.
Les femmes à l’établissement de Joliette n’ont accès qu’à un seul type de serviette hygiénique; les tampons et même les vêtements d’incontinence dont les détenues plus âgées pourraient avoir besoin doivent être achetés avec leur compte à la cantine.
La situation est la même en ce qui concerne la nourriture.
En Ontario, les détenus de l’établissement de Bath préparent les repas pour les prisons de la région dans une grande cuisine industrielle.
Des détenus ont expliqué aux membres du comité que la nourriture fait l’objet de critiques généralisées de la part des détenus, ce qui incite ces derniers à se tourner de plus en plus vers les cantines pour se nourrir parce que les repas produits en masse sont inadéquats.
Chaque détenu est assuré d’avoir 50 $ lors de sa remise en liberté, et bien souvent, c’est tout ce qu’il lui reste.
Et comme si cela ne suffisait pas, les détenus en libération d’office – il est fréquent que des détenus soient mis en liberté sous surveillance dans la communauté après avoir purgé les deux tiers de leur peine pour les aider à réintégrer la société pendant qu’ils sont encore sous surveillance – ignorent parfois où ils se rendront avant la journée où ils sont libérés.
Au cours d’une mission d’étude en mai 2017, le président du comité, le sénateur Jim Munson, et les sénatrices Kim Pate, Marilou McPhedran et Nancy Hartling se sont longuement entretenus avec des détenus et des employés d’établissements de détention situés en Ontario et au Québec.
Ainsi, le comité a appris qu’un détenu avait planifié se rendre dans la région de Toronto, où il pouvait bénéficier de l’aide de sa famille. Cependant, le jour de sa libération, il a appris qu’il se rendait plutôt à Windsor (Ont.), où il ne connaissait personne.
Néanmoins, certains détenus ont exprimé leur gratitude pour le temps qu’ils ont passé en établissement. Au Centre de guérison Waseskun, un établissement à sécurité minimale sans barreaux destiné aux détenus autochtones, un homme a raconté qu’il était heureux d’avoir été en mesure de renouer avec son héritage.
Les sénateurs ont apprécié entendre son opinion, mais ont souligné le fait que sa situation reflète l’oppression dont les Autochtones ont été victimes, en si grand nombre dans le passé, en étant privés de leurs terres, de leur culture et de leur langue.
Les sénateurs estiment également que l’existence de meilleurs programmes sociaux aurait pu éviter que cet homme commette un crime et soit emprisonné dans un établissement fédéral.
Il ne s’agit que du début de l’étude du comité; celui-ci souhaite présenter une série préliminaire d’observations sur les droits de la personne des détenus cet automne.
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Lors d’une mission d’étude qui s’est déroulée du 15 au 19 mai 2017, des membres du comité ont eu accès aux établissements suivants :
- le Centre de santé mentale de Brockville (Brockville, Ontario);
- l’établissement de Joyceville et l’établissement de Pittsburgh, qui est adjacent (près de Kingston, Ontario);
- l’établissement de Millhaven et l’établissement de Bath, qui est situé à proximité (Bath, Ontario);
- l’établissement de Collins Bay (Kingston, Ontario);
- l’établissement Joliette pour femmes (Joliette, Québec);
- le Centre de guérison Waseskun (Saint-Alphonse-Rodriguez, Québec);
- le Centre régional de réception (Sainte-Anne-des-Plaines, Québec).
À la télévision, les prisons sont presque toujours présentées comme des endroits sombres.
Violence et sadisme, victoires morales et revers dévastateurs, gardiens violents et détenus instables se côtoient dans un labyrinthe étroit d’acier et de béton.
Dans le cadre d’une vaste étude sur le système correctionnel fédéral et les droits de la personne des détenus, des membres du Comité sénatorial des droits de la personne ont cherché à défaire cette perception de la culture populaire concernant les prisons.
Les détenues de l’établissement de Joliette confectionnent des sous-vêtements pour des hommes incarcérés dans d’autres établissements fédéraux.
À cette fin, le président du comité, le sénateur Jim Munson, et les sénatrices Kim Pate, Marilou McPhedran et Nancy Hartling ont eu accès, lors d’une mission d’étude dans les régions de Brockville, de Kingston et de Montréal, à certains des établissements les mieux gardés au pays, une autorisation qui est rarement accordée.
D’après ce qui a été raconté aux membres du comité, la vie quotidienne des détenus se résume à une triste succession d’humiliations mesquines.
À l’établissement pour femmes de Joliette près de Montréal – où la majorité des femmes ont été victimes de violence physique et sexuelle – le seul travail qui est offert consiste à coudre des sous-vêtements destinés à des hommes détenus dans d’autres établissements fédéraux.
Tout comme pour les autres emplois dans les prisons fédérales, le salaire plafonne à 6,90 $ par jour.
L’argent ainsi gagné est censé permettre aux prisonniers de faire quelques économies qu’ils pourront utiliser pour rebâtir leur vie après leur remise en liberté.
Toutefois, le gouvernement fédéral récupère 30 % de l’argent gagné pour l’hébergement et les repas ainsi que pour couvrir les dépenses d’administration, comme les services téléphoniques, et ce, même si les détenus doivent payer pour chaque appel qu’ils effectuent.
En pratique, une grande partie de l’argent gagné retourne à l’établissement de détention par l’intermédiaire de la cantine, un petit magasin qui vend des objets que les détenus peuvent acheter, comme des articles de toilette et de la nourriture.
Les femmes à l’établissement de Joliette n’ont accès qu’à un seul type de serviette hygiénique; les tampons et même les vêtements d’incontinence dont les détenues plus âgées pourraient avoir besoin doivent être achetés avec leur compte à la cantine.
La situation est la même en ce qui concerne la nourriture.
En Ontario, les détenus de l’établissement de Bath préparent les repas pour les prisons de la région dans une grande cuisine industrielle.
Des détenus ont expliqué aux membres du comité que la nourriture fait l’objet de critiques généralisées de la part des détenus, ce qui incite ces derniers à se tourner de plus en plus vers les cantines pour se nourrir parce que les repas produits en masse sont inadéquats.
Chaque détenu est assuré d’avoir 50 $ lors de sa remise en liberté, et bien souvent, c’est tout ce qu’il lui reste.
Et comme si cela ne suffisait pas, les détenus en libération d’office – il est fréquent que des détenus soient mis en liberté sous surveillance dans la communauté après avoir purgé les deux tiers de leur peine pour les aider à réintégrer la société pendant qu’ils sont encore sous surveillance – ignorent parfois où ils se rendront avant la journée où ils sont libérés.
Au cours d’une mission d’étude en mai 2017, le président du comité, le sénateur Jim Munson, et les sénatrices Kim Pate, Marilou McPhedran et Nancy Hartling se sont longuement entretenus avec des détenus et des employés d’établissements de détention situés en Ontario et au Québec.
Ainsi, le comité a appris qu’un détenu avait planifié se rendre dans la région de Toronto, où il pouvait bénéficier de l’aide de sa famille. Cependant, le jour de sa libération, il a appris qu’il se rendait plutôt à Windsor (Ont.), où il ne connaissait personne.
Néanmoins, certains détenus ont exprimé leur gratitude pour le temps qu’ils ont passé en établissement. Au Centre de guérison Waseskun, un établissement à sécurité minimale sans barreaux destiné aux détenus autochtones, un homme a raconté qu’il était heureux d’avoir été en mesure de renouer avec son héritage.
Les sénateurs ont apprécié entendre son opinion, mais ont souligné le fait que sa situation reflète l’oppression dont les Autochtones ont été victimes, en si grand nombre dans le passé, en étant privés de leurs terres, de leur culture et de leur langue.
Les sénateurs estiment également que l’existence de meilleurs programmes sociaux aurait pu éviter que cet homme commette un crime et soit emprisonné dans un établissement fédéral.
Il ne s’agit que du début de l’étude du comité; celui-ci souhaite présenter une série préliminaire d’observations sur les droits de la personne des détenus cet automne.