Les pêcheurs souffrent de l’essor de la population de phoques, un comité sénatorial entend à Terre-Neuve-et-Labrador
Les industries canadiennes de la chasse au phoque et de la pêche doivent se débrouiller seules alors que les populations de phoques en croissance sur la côte du Canada atlantique entrainent un déclin des stocks de poissons et perturbent les écosystèmes marins, d’après ce que le Comité sénatorial des pêches et des océans a appris lors d’une récente mission d’étude.
Du 11 au 13 septembre 2023, le comité a poursuivi à Terre-Neuve-et-Labrador son étude approfondie sur les effets des populations de phoques au Canada. Les activités du comité à Elliston, à South Dildo et à Port de Grave, en plus des audiences publiques d’une journée complète à St. John’s, ont permis aux sénateurs de brosser un tableau d’ensemble de la riche histoire de la province liée à la chasse aux phoques, ainsi que des importants défis auxquels les chasseurs de phoques et les pêcheurs canadiens sont confrontés à l’heure actuelle.
Les sénateurs ont appris qu’un marché des produits du phoque en perte de vitesse, une baisse de la chasse au phoque et le manque de soutien de la part du gouvernement fédéral au cours de la dernière décennie ont fait en sorte que le secteur a du mal à réaliser son plein potentiel. Entretemps, les populations de phoques en croissance grugent littéralement le gagne-pain des gens, d’après ce qu’ont dit aux sénateurs des fonctionnaires et des représentants de l’industrie.
« Nous devons arriver à faire en sorte que le gouvernement accepte ses responsabilités et agisse en temps réel », a indiqué Dion Dakins, PDG de Carino Processing Ltd., au comité le 13 septembre.
« Il y a des gens qui en dépendent. »
La chasse au phoque revêt depuis longtemps une importance culturelle, économique et écologique pour les peuples autochtones et de nombreuses communautés côtières canadiennes.
Depuis l’automne 2022, le comité examine la manière dont les populations de phoques ont été gérées par le gouvernement fédéral, les moyens les plus appropriés et les plus efficaces pour les gérer à l’avenir, et la manière dont les priorités de recherche et le financement liés aux phoques sont déterminés.
D’autres enjeux et thèmes clés qui ont été soulevés jusqu’à maintenant dans le cadre de l’étude sont notamment les suivants :
- Les lacunes actuelles dans la science et la recherche sur les phoques et les méthodes désuètes de collecte de données liées aux stocks de poissons, aux populations de phoques et au rôle des phoques dans les écosystèmes marins
- Les investissements fédéraux et provinciaux dans l’industrie canadienne des produits du phoque
- Les technologies qui permettent de suivre les phoques et leurs interactions avec les autres espèces
- L’incidence des changements climatiques sur les populations de phoques
Pendant l’année qui a précédé cette mission d’étude, le comité a entendu environ 30 témoins, notamment des représentants de différents ministères et organismes fédéraux, de même que des scientifiques et des chercheurs.
Se rendre à Terre-Neuve-et-Labrador a cependant permis aux sénateurs d’entendre directement les gens, les communautés et les entreprises qui subissent les contrecoups de la croissance des populations de phoques. De plus, cela leur a permis de visiter le Discovery Collegiate à Bonavista afin de discuter de leur étude avec des élèves qui se renseignent sur le Sénat.
Au John C. Crosbie Sealers Interpretation Centre et à la statue et au monument commémoratifs des chasseurs de phoques à Elliston, les sénateurs ont pu mieux comprendre l’importance économique et sociale de l’industrie de la chasse au phoque dans la province, de même que des chapitres douloureux de sa longue histoire.
Les sénateurs ont vu des composantes clés de l’industrie des produits du phoque à South Dildo et ont observé la transformation de différents produits du phoque (notamment des peaux et de l’huile), avant de se rendre à Port de Grave pour rencontrer l’administration portuaire locale.
Le comité a terminé sa mission d’étude par une journée d’audiences publiques à St. John’s, pendant laquelle il a entendu une panoplie de témoins, notamment des représentants de la province, des représentants de la Première Nation Qalipu et des travailleurs de l’industrie de la chasse au phoque et de l’industrie des produits du phoque.
Pendant les témoignages, les sénateurs ont appris que le nombre total de phoques que les chasseurs peuvent chasser chaque année n’a pas été atteint depuis de nombreuses années. Le comité a également appris que selon les experts, les phoques mangent environ 22 fois plus de poisson que la quantité totale pêchée par les pêches commerciales.
À St. John’s, Morley Knight, consultant dans le domaine des pêches et ancien sous-ministre adjoint de la politique sur les pêches chez Pêches et Océans Canada, a déclaré ce qui suit aux sénateurs : « Les phoques doivent être gérés de façon efficace, dans le cadre d’une approche de gestion des pêches écosystémique. »
Le comité poursuivra son étude dans les mois à venir et produira un rapport lorsqu’elle sera terminée, dans lequel il énoncera ses conclusions et ses recommandations au gouvernement fédéral.
« Il faut que le gouvernement canadien décide s’il fera partie de la solution ou non », a déclaré Bill Penney, chef du développement des affaires, Mi’kmaq Commercial Fisheries, lors de son témoignage le 13 septembre.
Visitez le site Web du comité pour obtenir les renseignements les plus à jour ou suivez le comité sur les médias sociaux avec le mot-clic #POFO.