« Nos voix ne feront que s’amplifier » : Les jeunes autochtones parlent d’éducation avec les sénateurs
Lors de sa première année d’école primaire, Paula MacDonald ne pouvait communiquer qu’à l’aide de simples signes de la main.
Un diagnostic de surdité n’avait pas encore été établi, et cette première année a donc été difficile pour elle, qui se sentait isolée de ses camarades et de ses enseignants. De plus, elle vivait avec ses parents adoptifs non autochtones à Ottawa, à des milliers de kilomètres de la Première Nation de Pasqua, en Saskatchewan, d’où elle était originaire.
Ce n’est qu’à l’adolescence qu’elle a découvert la culture des sourds et au collège, sa culture autochtone.
![Paula MacDonald, une femme sourde Saulteaux crie de la Première Nation de Pasqua en Saskatchewan, rencontre le sénateur <a href='https://sencanada.ca/fr/senateurs/arnot-david/' target='_blank'>David M. Arnot</a> lors de la réception de bienvenue de Voix de jeunes leaders autochtones 2023 dans l’édifice du Sénat du Canada.](/media/s5vle5li/com-pho_yvil-reception-2023-06-06_dsc_0887-web_wm.jpg?&quality=90)
Mme MacDonald, qui défend aujourd’hui les intérêts des personnes sourdes autochtones, a raconté au Comité sénatorial des peuples autochtones des détails au sujet de son enfance dans un système éducatif mal équipé pour tenir compte de sa double identité. Elle a déclaré que les jeunes autochtones sourds de tout le pays sont toujours confrontés à un manque de possibilités d’emploi et à un accès limité aux interprètes dans les communautés isolées.
« Il y a beaucoup de sourds et de malentendants autochtones, mais souvent ils ne sont pas reconnus. Ils peuvent vivre dans une communauté isolée et avoir des difficultés à l’école », a-t-elle expliqué par l’intermédiaire d’un interprète en langue des signes devant le comité le 7 juin 2023.
Mme MacDonald faisait partie des huit jeunes leaders des Premières Nations ou de communautés métisses ou inuites de tout le pays qui avaient été invités à témoigner devant le comité sénatorial pour Voix de jeunes leaders autochtones 2023. Ils ont fait part de leurs points de vue sur l’éducation autochtone, et notamment de leurs expériences avec le système scolaire ordinaire, les enseignements autochtones traditionnels et les obstacles à la poursuite d’études supérieures.
Le sénateur Brian Francis, président du Comité sénatorial des peuples autochtones, a évoqué les deux visages que peut prendre l’éducation pour les peuples autochtones.
« L’éducation peut informer les peuples autochtones sur qui nous sommes, comment nous sommes arrivés là et où nous voulons aller, a-t-il affirmé aux jeunes. Mais nous ne pouvons pas oublier que l’éducation a également été utilisée comme un outil de colonisation. En fait, ce système a été utilisé pour nous contrôler, nous réprimer et nous effacer. »
Les jeunes ont passé deux jours à Ottawa à découvrir le rôle du Sénat et à rencontrer des sénateurs.
Ils ont également eu l’occasion de rencontrer la gouverneure générale Mary Simon à Rideau Hall. Elle a parlé aux jeunes de son travail de défense de l’éducation autochtone et de son éducation à Kuujjuaq, au Nunavik, au Québec.
Les participants ont parlé aux sénateurs de la nécessité de mieux adapter l’éducation à la culture et d’offrir de meilleures possibilités aux jeunes autochtones.
![Katherine Merrell-Anderson, une travailleuse sociale de l’établissement métis d’Elizabeth en Alberta qui travaille dans un district scolaire d’Edmonton, témoigne devant le Comité sénatorial des peuples autochtones le 7 juin 2023. Elle a décrit les défis auxquels les jeunes autochtones sont confrontés dans le système d’éducation, notamment la discrimination, les traumatismes intergénérationnels, le manque d’éducation culturellement adaptée et les inégalités financières.](/media/2shfnqgn/com-pho_yvil-appa-committee-2023-06-07_dsc_1554-web_wm.jpg?&quality=90)
Audrey-Lise Rock-Hervieux, une Innue de Pessamit, au Québec, a parlé de l’importance d’intégrer les langues autochtones dans les programmes scolaires.
Katherine Merrell-Anderson, travailleuse sociale et accompagnatrice en matière de transition à Edmonton, en Alberta, a expliqué comment elle s’assure que ses élèves ont un sentiment d’appartenance au système éducatif.
Dina Koonoo, de Pond Inlet, au Nunavut, a déclaré que le coût élevé de la vie et le manque de services de garde d’enfants abordables dans les communautés nordiques rendent difficile l’accès à l’éducation pour de nombreux jeunes Inuits.
Helaina Moses est venue de Mayo, au Yukon, et a décrit l’impact dévastateur de la crise des opioïdes sur les niveaux d’éducation et le bien-être de sa communauté de la Première Nation Na-Cho Nyak Dun.
Dylan Adam, un Métis de Princeton, en Colombie-Britannique, a expliqué au comité que le fait de renouer avec ses racines autochtones l’a davantage aidé à faire face à l’anxiété sociale dont il souffrait à l’école que toute autre solution offerte par un système éducatif traditionnel.
« On dit de nous que nous sommes les voix de l’avenir, mais nous parlons dès maintenant, a déclaré Chante Speidel, de la nation crie Sapotaweyak, au Manitoba. Et nos voix ne feront que s’amplifier à mesure que nous vieillissons. »
Muin Ji'j, ou Bertram Bernard, de la Première Nation d’Eskasoni en Nouvelle-Écosse, a obtenu une maîtrise en administration des affaires et a fait des études à l’Université Harvard. Il a fait part de son expérience et espère être un modèle pour les jeunes Mi’kmaq et LGBTQ2E.
« Si quelqu’un m’avait dit il y a cinq ans que je me retrouverais devant le Comité sénatorial des peuples autochtones du Sénat du Canada, après avoir été diplômé de la Harvard Business School et avoir obtenu une maîtrise, je ne l’aurais probablement pas cru, a-t-il déclaré au comité. Toutefois, le travail ardu pour réaliser vos rêves peut vous mener n’importe où.
« On ne sait jamais – un jour, je serai peut-être de l’autre côté de cette table, en train d’écouter la prochaine génération de leaders autochtones raconter leur histoire. »
Voir plus de photos de Voix de jeunes leaders autochtones 2023 ci-dessous.
Regardez Paula MacDonald, Helaina Moses, Audrey-Lise Rock-Hervieux et Chante Speidel témoigner.
En savoir plus sur les participants de Voix de jeunes leaders autochtones 2023.
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« Nos voix ne feront que s’amplifier » : Les jeunes autochtones parlent d’éducation avec les sénateurs
Lors de sa première année d’école primaire, Paula MacDonald ne pouvait communiquer qu’à l’aide de simples signes de la main.
Un diagnostic de surdité n’avait pas encore été établi, et cette première année a donc été difficile pour elle, qui se sentait isolée de ses camarades et de ses enseignants. De plus, elle vivait avec ses parents adoptifs non autochtones à Ottawa, à des milliers de kilomètres de la Première Nation de Pasqua, en Saskatchewan, d’où elle était originaire.
Ce n’est qu’à l’adolescence qu’elle a découvert la culture des sourds et au collège, sa culture autochtone.
![Paula MacDonald, une femme sourde Saulteaux crie de la Première Nation de Pasqua en Saskatchewan, rencontre le sénateur <a href='https://sencanada.ca/fr/senateurs/arnot-david/' target='_blank'>David M. Arnot</a> lors de la réception de bienvenue de Voix de jeunes leaders autochtones 2023 dans l’édifice du Sénat du Canada.](/media/s5vle5li/com-pho_yvil-reception-2023-06-06_dsc_0887-web_wm.jpg?&quality=90)
Mme MacDonald, qui défend aujourd’hui les intérêts des personnes sourdes autochtones, a raconté au Comité sénatorial des peuples autochtones des détails au sujet de son enfance dans un système éducatif mal équipé pour tenir compte de sa double identité. Elle a déclaré que les jeunes autochtones sourds de tout le pays sont toujours confrontés à un manque de possibilités d’emploi et à un accès limité aux interprètes dans les communautés isolées.
« Il y a beaucoup de sourds et de malentendants autochtones, mais souvent ils ne sont pas reconnus. Ils peuvent vivre dans une communauté isolée et avoir des difficultés à l’école », a-t-elle expliqué par l’intermédiaire d’un interprète en langue des signes devant le comité le 7 juin 2023.
Mme MacDonald faisait partie des huit jeunes leaders des Premières Nations ou de communautés métisses ou inuites de tout le pays qui avaient été invités à témoigner devant le comité sénatorial pour Voix de jeunes leaders autochtones 2023. Ils ont fait part de leurs points de vue sur l’éducation autochtone, et notamment de leurs expériences avec le système scolaire ordinaire, les enseignements autochtones traditionnels et les obstacles à la poursuite d’études supérieures.
Le sénateur Brian Francis, président du Comité sénatorial des peuples autochtones, a évoqué les deux visages que peut prendre l’éducation pour les peuples autochtones.
« L’éducation peut informer les peuples autochtones sur qui nous sommes, comment nous sommes arrivés là et où nous voulons aller, a-t-il affirmé aux jeunes. Mais nous ne pouvons pas oublier que l’éducation a également été utilisée comme un outil de colonisation. En fait, ce système a été utilisé pour nous contrôler, nous réprimer et nous effacer. »
Les jeunes ont passé deux jours à Ottawa à découvrir le rôle du Sénat et à rencontrer des sénateurs.
Ils ont également eu l’occasion de rencontrer la gouverneure générale Mary Simon à Rideau Hall. Elle a parlé aux jeunes de son travail de défense de l’éducation autochtone et de son éducation à Kuujjuaq, au Nunavik, au Québec.
Les participants ont parlé aux sénateurs de la nécessité de mieux adapter l’éducation à la culture et d’offrir de meilleures possibilités aux jeunes autochtones.
![Katherine Merrell-Anderson, une travailleuse sociale de l’établissement métis d’Elizabeth en Alberta qui travaille dans un district scolaire d’Edmonton, témoigne devant le Comité sénatorial des peuples autochtones le 7 juin 2023. Elle a décrit les défis auxquels les jeunes autochtones sont confrontés dans le système d’éducation, notamment la discrimination, les traumatismes intergénérationnels, le manque d’éducation culturellement adaptée et les inégalités financières.](/media/2shfnqgn/com-pho_yvil-appa-committee-2023-06-07_dsc_1554-web_wm.jpg?&quality=90)
Audrey-Lise Rock-Hervieux, une Innue de Pessamit, au Québec, a parlé de l’importance d’intégrer les langues autochtones dans les programmes scolaires.
Katherine Merrell-Anderson, travailleuse sociale et accompagnatrice en matière de transition à Edmonton, en Alberta, a expliqué comment elle s’assure que ses élèves ont un sentiment d’appartenance au système éducatif.
Dina Koonoo, de Pond Inlet, au Nunavut, a déclaré que le coût élevé de la vie et le manque de services de garde d’enfants abordables dans les communautés nordiques rendent difficile l’accès à l’éducation pour de nombreux jeunes Inuits.
Helaina Moses est venue de Mayo, au Yukon, et a décrit l’impact dévastateur de la crise des opioïdes sur les niveaux d’éducation et le bien-être de sa communauté de la Première Nation Na-Cho Nyak Dun.
Dylan Adam, un Métis de Princeton, en Colombie-Britannique, a expliqué au comité que le fait de renouer avec ses racines autochtones l’a davantage aidé à faire face à l’anxiété sociale dont il souffrait à l’école que toute autre solution offerte par un système éducatif traditionnel.
« On dit de nous que nous sommes les voix de l’avenir, mais nous parlons dès maintenant, a déclaré Chante Speidel, de la nation crie Sapotaweyak, au Manitoba. Et nos voix ne feront que s’amplifier à mesure que nous vieillissons. »
Muin Ji'j, ou Bertram Bernard, de la Première Nation d’Eskasoni en Nouvelle-Écosse, a obtenu une maîtrise en administration des affaires et a fait des études à l’Université Harvard. Il a fait part de son expérience et espère être un modèle pour les jeunes Mi’kmaq et LGBTQ2E.
« Si quelqu’un m’avait dit il y a cinq ans que je me retrouverais devant le Comité sénatorial des peuples autochtones du Sénat du Canada, après avoir été diplômé de la Harvard Business School et avoir obtenu une maîtrise, je ne l’aurais probablement pas cru, a-t-il déclaré au comité. Toutefois, le travail ardu pour réaliser vos rêves peut vous mener n’importe où.
« On ne sait jamais – un jour, je serai peut-être de l’autre côté de cette table, en train d’écouter la prochaine génération de leaders autochtones raconter leur histoire. »
Voir plus de photos de Voix de jeunes leaders autochtones 2023 ci-dessous.
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