Un film de la réalisatrice Deepa Mehta ouvre les yeux des Canadiens sur la violence faite aux femmes
Le Canada a besoin de se réveiller quant au fléau de la violence faite aux femmes affirment les sénatrices Ratna Omidvar et Mobina Jaffer. Ces dernières ont animé, le 15 février sur la colline du Parlement, une soirée dans le cadre de laquelle le film The Anatomy of Violence (en anglais seulement), la dernière œuvre de la réalisatrice de renommée internationale Deepa Mehta, a été projeté. Deux de ses films ont déjà été candidats à un Oscar.
Le film concerne une affaire de viol collectif survenue à Delhi en 2012 : une femme de 23 ans, Jyoti Singh, alors étudiante en physiothérapie, avait été sauvagement agressée et violée par six hommes pendant un trajet en autobus d’une durée de 84 minutes. La jeune femme avait plus tard succombé à ses blessures.
« J’étais à Delhi en 2012 quand l’affaire du viol a eu lieu et j’ai pris part à des manifestations. C’était comme un tremblement de terre. Tout a changé à ce moment, » a raconté Mme Mehta.
« C’est la nature de ce viol en particulier qui a vraiment fait réagir. L’affaire dépassait le drame subi par la victime – il était maintenant question de prévention. Le message était clair : trop, c’est trop. »
Dans son film, Mme Mehta a choisi une approche qui peut choquer. Elle raconte l’histoire des violeurs plutôt que celle de la victime. D’un jour à l’autre, six jeunes hommes, auparavant des personnes ordinaires, se sont transformés en auteurs d’un crime épouvantable. Quatre d’entre eux ont été condamnés à mort, un a été jeté en prison en tant que délinquant mineur, et un sixième s’est pendu en prison alors qu’il attendait son procès.
« Les violeurs m’intriguaient. Qui sont‑ils ? Que sont‑ils ? Est-ce qu’on naît monstre ou est‑ce qu’on le devient ? Comment la société est‑elle complice de la création d’un violeur ? »
En mettant l’emphase sur les violeurs, le film met en lumière les causes profondes de la violence faite aux femmes : la misogynie et le patriarcat.
Bien que le film se déroule en Inde, le message exprimé au cours de la soirée était sans équivoque : les agressions sexuelles sont un fléau qui touche autant l’Amérique du Nord que le reste de la planète.
« Nous ne voyons peut‑être pas cette forme particulière de violence au Canada, mais la violence faite aux femmes est un problème réel depuis longtemps chez nous aussi, » a rappelé la sénatrice Omidvar.
« Nous savons que des femmes sont victimes de violence en prison. Nous savons que des femmes se font harceler sexuellement dans la GRC. Nous savons que les services de police négligent trop souvent de prendre au sérieux les cas d’agression sexuelle. »
Malgré les progrès indéniables réalisés dans le domaine des droits des femmes depuis quelques dizaines d’années au Canada, force est de reconnaître que la lutte pour l’égalité des sexes est loin d’être finie.
Chaque année, au Canada, plus de 5 000 cas d’agression sexuelle sont signalés à la police. Dans ce contexte, ne pas agir revient à condamner des milliers d’innocentes à subir des traumatismes qui bouleversent des vies.
« Nous devons changer les choses. Les gens doivent savoir que, lorsqu’on parle de violence, c’est tolérance zéro, » a déclaré la sénatrice Jaffer.
« Nous devrions vraiment être des chefs de file au Canada. Parler des droits des femmes, ce n’est pas assez; il faut aussi consacrer beaucoup plus de ressources à la prévention. »
Les sénatrices Omidvar et Jaffer sont deux des plus grandes défenseures des droits des femmes au Parlement, et elles s’entendent sur un point : pour que les choses évoluent dans le bon sens, il faudra des efforts sur tous les fronts.
Selon la sénatrice Omidvar, « Deepa a le don de raconter une histoire. »
« Mon travail m’amène à étudier des politiques et à examiner des projets de loi article par article, mais je pense que les gens qui racontent des histoires puissantes, comme le fait Deepa, nous font voir la réalité d’une toute autre façon. »
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Un film de la réalisatrice Deepa Mehta ouvre les yeux des Canadiens sur la violence faite aux femmes
Le Canada a besoin de se réveiller quant au fléau de la violence faite aux femmes affirment les sénatrices Ratna Omidvar et Mobina Jaffer. Ces dernières ont animé, le 15 février sur la colline du Parlement, une soirée dans le cadre de laquelle le film The Anatomy of Violence (en anglais seulement), la dernière œuvre de la réalisatrice de renommée internationale Deepa Mehta, a été projeté. Deux de ses films ont déjà été candidats à un Oscar.
Le film concerne une affaire de viol collectif survenue à Delhi en 2012 : une femme de 23 ans, Jyoti Singh, alors étudiante en physiothérapie, avait été sauvagement agressée et violée par six hommes pendant un trajet en autobus d’une durée de 84 minutes. La jeune femme avait plus tard succombé à ses blessures.
« J’étais à Delhi en 2012 quand l’affaire du viol a eu lieu et j’ai pris part à des manifestations. C’était comme un tremblement de terre. Tout a changé à ce moment, » a raconté Mme Mehta.
« C’est la nature de ce viol en particulier qui a vraiment fait réagir. L’affaire dépassait le drame subi par la victime – il était maintenant question de prévention. Le message était clair : trop, c’est trop. »
Dans son film, Mme Mehta a choisi une approche qui peut choquer. Elle raconte l’histoire des violeurs plutôt que celle de la victime. D’un jour à l’autre, six jeunes hommes, auparavant des personnes ordinaires, se sont transformés en auteurs d’un crime épouvantable. Quatre d’entre eux ont été condamnés à mort, un a été jeté en prison en tant que délinquant mineur, et un sixième s’est pendu en prison alors qu’il attendait son procès.
« Les violeurs m’intriguaient. Qui sont‑ils ? Que sont‑ils ? Est-ce qu’on naît monstre ou est‑ce qu’on le devient ? Comment la société est‑elle complice de la création d’un violeur ? »
En mettant l’emphase sur les violeurs, le film met en lumière les causes profondes de la violence faite aux femmes : la misogynie et le patriarcat.
Bien que le film se déroule en Inde, le message exprimé au cours de la soirée était sans équivoque : les agressions sexuelles sont un fléau qui touche autant l’Amérique du Nord que le reste de la planète.
« Nous ne voyons peut‑être pas cette forme particulière de violence au Canada, mais la violence faite aux femmes est un problème réel depuis longtemps chez nous aussi, » a rappelé la sénatrice Omidvar.
« Nous savons que des femmes sont victimes de violence en prison. Nous savons que des femmes se font harceler sexuellement dans la GRC. Nous savons que les services de police négligent trop souvent de prendre au sérieux les cas d’agression sexuelle. »
Malgré les progrès indéniables réalisés dans le domaine des droits des femmes depuis quelques dizaines d’années au Canada, force est de reconnaître que la lutte pour l’égalité des sexes est loin d’être finie.
Chaque année, au Canada, plus de 5 000 cas d’agression sexuelle sont signalés à la police. Dans ce contexte, ne pas agir revient à condamner des milliers d’innocentes à subir des traumatismes qui bouleversent des vies.
« Nous devons changer les choses. Les gens doivent savoir que, lorsqu’on parle de violence, c’est tolérance zéro, » a déclaré la sénatrice Jaffer.
« Nous devrions vraiment être des chefs de file au Canada. Parler des droits des femmes, ce n’est pas assez; il faut aussi consacrer beaucoup plus de ressources à la prévention. »
Les sénatrices Omidvar et Jaffer sont deux des plus grandes défenseures des droits des femmes au Parlement, et elles s’entendent sur un point : pour que les choses évoluent dans le bon sens, il faudra des efforts sur tous les fronts.
Selon la sénatrice Omidvar, « Deepa a le don de raconter une histoire. »
« Mon travail m’amène à étudier des politiques et à examiner des projets de loi article par article, mais je pense que les gens qui racontent des histoires puissantes, comme le fait Deepa, nous font voir la réalité d’une toute autre façon. »