L’Europe doit abroger son interdiction injuste des produits dérivés du phoque : sénateurs Manning, Busson et Duncan
Étiquettes
Pour la première fois, l’Union européenne réexamine son interdiction d’importer des produits dérivés du phoque, en vigueur depuis 15 ans.
Mise en œuvre en 2009, l’interdiction porte sur la vente générale de produits dérivés du phoque sur les marchés de l’UE, à deux exceptions près : la vente de produits dérivés du phoque provenant de la chasse inuite ou autochtone et l’importation « occasionnelle » de produits dérivés du phoque destinés à l’usage personnel des voyageurs.
Nous sommes trois sénateurs canadiens représentant l’Est, l’Ouest et le Nord du pays, et nous avons récemment passé plus d’un an à étudier les populations de phoques du Canada, la chasse aux phoques et l’industrie des produits dérivés du phoque en tant que membres du Comité sénatorial des pêches et des océans.
Nous sommes convaincus que l’interdiction d’importer des produits dérivés du phoque imposée par l’UE n’est pas adaptée à l’objectif fixé. Les conséquences socio-économiques de cette interdiction ont été désastreuses pour les communautés de la côte est du Canada et du Nunavut, et le débat sur la chasse au phoque est entaché de désinformation.
Notre rapport de mai 2024, Assurer l’avenir de la chasse au phoque : passons à l’action, contient l’intégralité des conclusions de notre étude et appelle à la revitalisation durable de l’industrie canadienne du phoque par le biais de neuf recommandations au gouvernement du Canada, dont l’une concerne la suppression des barrières commerciales internationales sur les produits dérivés du phoque canadien.
Dans son évaluation de l’interdiction européenne de 2009, la Commission européenne cherche à répondre à des questions précises. Par exemple, elle souhaite déterminer les effets de la législation, les personnes touchées par l’interdiction – y compris les intervenants et les groupes « vulnérables » – et tout « effet inattendu ou involontaire ».
Notre rapport répond clairement à ces questions du point de vue canadien, et nous l’avons soumis à l’UE à titre de preuve.
Notre comité a notamment constaté que les interdictions d’importation de produits dérivés du phoque, mises en œuvre par plus de 30 pays dans le monde, ont joué un rôle majeur dans l’effondrement de l’industrie canadienne du phoque, autrefois très dynamique.
Les interdictions commerciales ont fait chuter le prix et la demande des produits dérivés du phoque canadien (peaux, viande, huile et artisanat) dans les années 2000. L’interdiction européenne a été la plus importante d’un point de vue économique, selon notre rapport.
Cette évolution cataclysmique a eu des conséquences dévastatrices sur les moyens de subsistance, l’économie et le bien-être de communautés isolées, côtières et autochtones partout Canada, en particulier au Nunavut, où s’effectue 90 % de la chasse aux phoques. Il s’agit souvent de petites communautés où les industries et les possibilités économiques sont peu nombreuses. Notre comité a appris que les taux de pauvreté et de suicide dans les communautés nordiques et inuites ont augmenté de façon spectaculaire à la suite des interdictions d’importation.
Les produits dérivés du phoque sont au cœur de la culture et du mode de vie des communautés inuites et des Premières Nations depuis des milliers d’années. Toutefois, avec la diminution des captures – et la stigmatisation injustifiée qui y est attachée – les connaissances et les compétences traditionnelles sont en train de disparaitre.
Aujourd’hui, l’industrie de la chasse au phoque n’est économiquement viable que pour un petit nombre de personnes. L’exemption d’importation accordée par l’UE aux produits dérivés de phoques chassés par les autochtones n’a pas aidé les chasseurs et les producteurs de produits dérivés du phoque au Canada à retrouver un accès complet au marché de l’UE, selon des reportages diffusés dans les médias (en anglais seulement).
L’abrogation de l’interdiction des produits dérivés du phoque ne peut avoir que des effets positifs.
Des millions de résidents et de citoyens de l’UE retrouveraient l’accès à ces produits récoltés avec humanité et à la fois durables et précieux, lesquels, ce faisant, soutiendraient les petites économies et la préservation des cultures et des savoir-faire autochtones. La viande de phoque est une protéine de haute qualité. Les compléments alimentaires à base d’huile de phoque constituent une source fantastique d’acides gras oméga-3 – appelés « bons gras » – pour les humains et les animaux de compagnie. Les peaux de phoque tiennent depuis longtemps au chaud les gens dans les climats rigoureux.
Une autre conséquence positive de la revitalisation du commerce serait le maintien d’écosystèmes océaniques sains et une meilleure gestion des populations de phoques. Notre comité a entendu des témoignages indiquant que certains phoques peuvent consommer 22 fois plus de poisson que ce qui est pêché commercialement et que les populations de phoques, selon les espèces, se sont rétablies, se sont stabilisées ou continuent de croitre.
Enfin, nous pensons que la Commission européenne doit s’interroger sur les raisons qui ont motivé son interdiction générale des produits dérivés du phoque et se demander si ces préoccupations sont valables dans le contexte actuel. L’industrie du phoque est depuis longtemps victime de campagnes de propagande fondées sur des mensonges purs et simples. Ces adorables bébés phoques à la fourrure blanche et aux yeux sombres et désemparés? Leur récolte est illégale depuis 1987.
La vérité, c’est que les pratiques canadiennes de chasse aux phoques sont aujourd’hui « parmi les meilleures au monde ».
Nous invitons toutes les personnes concernées par les industries de la pêche et de la chasse aux phoques – et toutes celles qui ont été lésées par l’interdiction de l’UE – à répondre à l’appel à témoigner avant la date limite du 7 aout. C’est l’occasion rêvée de contribuer à inverser la tendance.
Bien qu’un changement de politique aujourd’hui n’annulera pas 15 ans de dommages, nous restons optimistes quant au fait que l’examen de l’UE se fondera sur les preuves et annulera cette interdiction malavisée et mal fondée.
Le sénateur Fabian Manning représente Terre-Neuve-et-Labrador et préside le Comité sénatorial des pêches et des océans.
La sénatrice Bev Busson représente la Colombie-Britannique et est vice-présidente du comité.
La sénatrice Pat Duncan représente le Yukon et est membre du comité.
Cet article a été publié dans le EUobserver le 8 aout 2024 (en anglais seulement).
Pour la première fois, l’Union européenne réexamine son interdiction d’importer des produits dérivés du phoque, en vigueur depuis 15 ans.
Mise en œuvre en 2009, l’interdiction porte sur la vente générale de produits dérivés du phoque sur les marchés de l’UE, à deux exceptions près : la vente de produits dérivés du phoque provenant de la chasse inuite ou autochtone et l’importation « occasionnelle » de produits dérivés du phoque destinés à l’usage personnel des voyageurs.
Nous sommes trois sénateurs canadiens représentant l’Est, l’Ouest et le Nord du pays, et nous avons récemment passé plus d’un an à étudier les populations de phoques du Canada, la chasse aux phoques et l’industrie des produits dérivés du phoque en tant que membres du Comité sénatorial des pêches et des océans.
Nous sommes convaincus que l’interdiction d’importer des produits dérivés du phoque imposée par l’UE n’est pas adaptée à l’objectif fixé. Les conséquences socio-économiques de cette interdiction ont été désastreuses pour les communautés de la côte est du Canada et du Nunavut, et le débat sur la chasse au phoque est entaché de désinformation.
Notre rapport de mai 2024, Assurer l’avenir de la chasse au phoque : passons à l’action, contient l’intégralité des conclusions de notre étude et appelle à la revitalisation durable de l’industrie canadienne du phoque par le biais de neuf recommandations au gouvernement du Canada, dont l’une concerne la suppression des barrières commerciales internationales sur les produits dérivés du phoque canadien.
Dans son évaluation de l’interdiction européenne de 2009, la Commission européenne cherche à répondre à des questions précises. Par exemple, elle souhaite déterminer les effets de la législation, les personnes touchées par l’interdiction – y compris les intervenants et les groupes « vulnérables » – et tout « effet inattendu ou involontaire ».
Notre rapport répond clairement à ces questions du point de vue canadien, et nous l’avons soumis à l’UE à titre de preuve.
Notre comité a notamment constaté que les interdictions d’importation de produits dérivés du phoque, mises en œuvre par plus de 30 pays dans le monde, ont joué un rôle majeur dans l’effondrement de l’industrie canadienne du phoque, autrefois très dynamique.
Les interdictions commerciales ont fait chuter le prix et la demande des produits dérivés du phoque canadien (peaux, viande, huile et artisanat) dans les années 2000. L’interdiction européenne a été la plus importante d’un point de vue économique, selon notre rapport.
Cette évolution cataclysmique a eu des conséquences dévastatrices sur les moyens de subsistance, l’économie et le bien-être de communautés isolées, côtières et autochtones partout Canada, en particulier au Nunavut, où s’effectue 90 % de la chasse aux phoques. Il s’agit souvent de petites communautés où les industries et les possibilités économiques sont peu nombreuses. Notre comité a appris que les taux de pauvreté et de suicide dans les communautés nordiques et inuites ont augmenté de façon spectaculaire à la suite des interdictions d’importation.
Les produits dérivés du phoque sont au cœur de la culture et du mode de vie des communautés inuites et des Premières Nations depuis des milliers d’années. Toutefois, avec la diminution des captures – et la stigmatisation injustifiée qui y est attachée – les connaissances et les compétences traditionnelles sont en train de disparaitre.
Aujourd’hui, l’industrie de la chasse au phoque n’est économiquement viable que pour un petit nombre de personnes. L’exemption d’importation accordée par l’UE aux produits dérivés de phoques chassés par les autochtones n’a pas aidé les chasseurs et les producteurs de produits dérivés du phoque au Canada à retrouver un accès complet au marché de l’UE, selon des reportages diffusés dans les médias (en anglais seulement).
L’abrogation de l’interdiction des produits dérivés du phoque ne peut avoir que des effets positifs.
Des millions de résidents et de citoyens de l’UE retrouveraient l’accès à ces produits récoltés avec humanité et à la fois durables et précieux, lesquels, ce faisant, soutiendraient les petites économies et la préservation des cultures et des savoir-faire autochtones. La viande de phoque est une protéine de haute qualité. Les compléments alimentaires à base d’huile de phoque constituent une source fantastique d’acides gras oméga-3 – appelés « bons gras » – pour les humains et les animaux de compagnie. Les peaux de phoque tiennent depuis longtemps au chaud les gens dans les climats rigoureux.
Une autre conséquence positive de la revitalisation du commerce serait le maintien d’écosystèmes océaniques sains et une meilleure gestion des populations de phoques. Notre comité a entendu des témoignages indiquant que certains phoques peuvent consommer 22 fois plus de poisson que ce qui est pêché commercialement et que les populations de phoques, selon les espèces, se sont rétablies, se sont stabilisées ou continuent de croitre.
Enfin, nous pensons que la Commission européenne doit s’interroger sur les raisons qui ont motivé son interdiction générale des produits dérivés du phoque et se demander si ces préoccupations sont valables dans le contexte actuel. L’industrie du phoque est depuis longtemps victime de campagnes de propagande fondées sur des mensonges purs et simples. Ces adorables bébés phoques à la fourrure blanche et aux yeux sombres et désemparés? Leur récolte est illégale depuis 1987.
La vérité, c’est que les pratiques canadiennes de chasse aux phoques sont aujourd’hui « parmi les meilleures au monde ».
Nous invitons toutes les personnes concernées par les industries de la pêche et de la chasse aux phoques – et toutes celles qui ont été lésées par l’interdiction de l’UE – à répondre à l’appel à témoigner avant la date limite du 7 aout. C’est l’occasion rêvée de contribuer à inverser la tendance.
Bien qu’un changement de politique aujourd’hui n’annulera pas 15 ans de dommages, nous restons optimistes quant au fait que l’examen de l’UE se fondera sur les preuves et annulera cette interdiction malavisée et mal fondée.
Le sénateur Fabian Manning représente Terre-Neuve-et-Labrador et préside le Comité sénatorial des pêches et des océans.
La sénatrice Bev Busson représente la Colombie-Britannique et est vice-présidente du comité.
La sénatrice Pat Duncan représente le Yukon et est membre du comité.
Cet article a été publié dans le EUobserver le 8 aout 2024 (en anglais seulement).