Rencontre avec la sénatrice Raymonde Saint-Germain
Lorsque la sénatrice Raymonde Saint-Germain a été nommée au Sénat, en décembre 2016, elle a entamé un nouveau chapitre de sa longue carrière dans la fonction publique. Elle avait déjà rempli deux mandats en tant que protectrice du citoyen du Québec, et avait été sous-ministre des Services gouvernementaux des relations avec les Citoyens et de l’Immigration ainsi que sous-ministre adjointe des Relations internationales. Tout au long de sa carrière, elle a milité pour les droits et les libertés de la personne et promu la santé mentale.
La sénatrice Saint-Germain est présidente du Sous-comité des ressources humaines du Sénat et facilitatrice adjointe du Groupe des sénateurs indépendants.
Qui vous a transmis le désir et l’intérêt de participer à la vie publique?
C’est un intérêt presque inné, sans doute nourri par un ensemble de facteurs. Mes parents étaient très engagés dans la vie communautaire et sociale. J’ai préparé pendant des années avec ma mère des paniers de Noël que nous allions ensuite livrer avec mon père et mes trois frères. Nous les apportions à la Société de Saint-Vincent de Paul. Nous y rencontrions des enfants de notre âge qui, sans cette tradition d’entraide, n’auraient eu ni dinde ni gâteries à Noël. J’éprouvais alors des sentiments partagés: la joie de faire plaisir, mais aussi la tristesse devant la pauvreté et même un sentiment d’injustice devant l’inégalité de nos situations.
Mes enseignants ont joué un rôle aussi, en particulier mes professeurs d’histoire et d’économie. Ils m’ont appris à jauger l’impact des politiques et des programmes publics dans l’essor du Québec à partir des années ’60 (période que l’on a baptisée la “Révolution tranquille”). L’importance en particulier des programmes de solidarité sociale qui visent l’accès à l’éducation, parce qu’ils permettent une plus grande justice sociale et à terme l’autonomie économique des citoyens moins favorisés.
J’ai terminé mes études universitaires au moment où travailler dans les services publics était un premier choix. Au Québec alors, c’était très bien perçu et la compétition pour y accéder était grande. J’ai obtenu mon premier emploi au ministère des Affaires sociales, qui regroupait à cette époque tous les services de santé et les services sociaux au Québec. C’était passionnant et plein de défis.
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique auquel le Canada fait face à l’heure actuelle?
Faire cohabiter harmonieusement dans toute politique publique les enjeux économiques, environnementaux et sociaux avec une vision qui dépasse le court terme et qui prévoit de solides mesures de mitigation des divers impacts négatifs, à l’échelle du pays et à l’international, en particulier dans la relation canado-américaine.
Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devrait-il s’intéresser aux travaux du Sénat?
Le travail d’un sénateur est avant tout celui d’un législateur, qui examine le fondement et les conséquences de tous les projets de loi du Parlement du Canada sur les personnes, les organisations et les entreprises qui auront à les respecter une fois sanctionnées. C’est pourquoi les citoyens ont intérêt non seulement à suivre les travaux du Sénat, qui leur apportent un éclairage documenté sur les enjeux législatifs, mais aussi à communiquer avec leur sénateur pour contribuer de leur point de vue aux travaux sur tout projet de loi qui les interpelle plus particulièrement.
À quels efforts législatifs ou travaux de comité êtes-vous la plus fière d’avoir participé?
J’aime contribuer à la bonne gouvernance du Sénat en prenant une part active au Comité de la régie interne, des budgets et de l’administration (CIBA). Je suis en particulier fière que les membres de CIBA aient appuyé à l’unanimité les membres du sous-comité des Ressources humaines, que je préside, dans leur volonté que soit dispensée une formation obligatoire pour tout sénateur, gestionnaire et employé du Sénat dans le but de prévenir et de contrer, s’il y a lieu, le harcèlement. Notre ambition est que le Sénat devienne un employeur exemplaire, notamment à cet égard.
Pouvez-vous identifier un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
C’est le Parc des Voiliers à Sillery, ville où je suis née et j’ai grandi, aujourd’hui fusionnée à la Ville de Québec. Ce parc est encarté entre le cimetière Mount Hermon et le cap, tout près de l’Église Saint-Michel de Sillery. De là on a l’une des vues les plus impressionnantes sur le fleuve, la Marina de Québec, l’île d’Orléans et la Rive Sud et même jusqu’aux Appalaches par jours de temps clair.
C’était dans mon enfance le parc où je jouais le plus souvent et je ne saurais compter le nombre de crèmes glacées molles, achetées au Buffet du passant tout à côté, que mes amis et moi avons mangées en regardant flotter les petits voiliers.
Quel est le dernier livre ou film que vous avez recommandé à quelqu’un et pourquoi?
C’est un excellent livre de Malcolm Gradwell, intitulé “The Tipping Point”. J’aime Gladwell parce qu’il a une pensée originale, qui s’éloigne des clichés et des sentiers battus. Dans ce livre, il met en évidence la force de diverses personnes marginales, celles que l’on sous-estime ou que l’on prend pour battues au départ et qui finissent par l’emporter par leur finesse et leurs efforts. Il y parle autant des remontées d’entreprises en difficultés, par exemple Hush Puppies, que du génie de Paul Revere qui a permis aux Américains de gagner la Guerre de la Révolution américaine, que des exploits remarquables de personnes — dont plusieurs autistes — qui, malgré qu’elles s’éloignent de la norme, ont des succès uniques et marquants.
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Lorsque la sénatrice Raymonde Saint-Germain a été nommée au Sénat, en décembre 2016, elle a entamé un nouveau chapitre de sa longue carrière dans la fonction publique. Elle avait déjà rempli deux mandats en tant que protectrice du citoyen du Québec, et avait été sous-ministre des Services gouvernementaux des relations avec les Citoyens et de l’Immigration ainsi que sous-ministre adjointe des Relations internationales. Tout au long de sa carrière, elle a milité pour les droits et les libertés de la personne et promu la santé mentale.
La sénatrice Saint-Germain est présidente du Sous-comité des ressources humaines du Sénat et facilitatrice adjointe du Groupe des sénateurs indépendants.
Qui vous a transmis le désir et l’intérêt de participer à la vie publique?
C’est un intérêt presque inné, sans doute nourri par un ensemble de facteurs. Mes parents étaient très engagés dans la vie communautaire et sociale. J’ai préparé pendant des années avec ma mère des paniers de Noël que nous allions ensuite livrer avec mon père et mes trois frères. Nous les apportions à la Société de Saint-Vincent de Paul. Nous y rencontrions des enfants de notre âge qui, sans cette tradition d’entraide, n’auraient eu ni dinde ni gâteries à Noël. J’éprouvais alors des sentiments partagés: la joie de faire plaisir, mais aussi la tristesse devant la pauvreté et même un sentiment d’injustice devant l’inégalité de nos situations.
Mes enseignants ont joué un rôle aussi, en particulier mes professeurs d’histoire et d’économie. Ils m’ont appris à jauger l’impact des politiques et des programmes publics dans l’essor du Québec à partir des années ’60 (période que l’on a baptisée la “Révolution tranquille”). L’importance en particulier des programmes de solidarité sociale qui visent l’accès à l’éducation, parce qu’ils permettent une plus grande justice sociale et à terme l’autonomie économique des citoyens moins favorisés.
J’ai terminé mes études universitaires au moment où travailler dans les services publics était un premier choix. Au Québec alors, c’était très bien perçu et la compétition pour y accéder était grande. J’ai obtenu mon premier emploi au ministère des Affaires sociales, qui regroupait à cette époque tous les services de santé et les services sociaux au Québec. C’était passionnant et plein de défis.
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique auquel le Canada fait face à l’heure actuelle?
Faire cohabiter harmonieusement dans toute politique publique les enjeux économiques, environnementaux et sociaux avec une vision qui dépasse le court terme et qui prévoit de solides mesures de mitigation des divers impacts négatifs, à l’échelle du pays et à l’international, en particulier dans la relation canado-américaine.
Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devrait-il s’intéresser aux travaux du Sénat?
Le travail d’un sénateur est avant tout celui d’un législateur, qui examine le fondement et les conséquences de tous les projets de loi du Parlement du Canada sur les personnes, les organisations et les entreprises qui auront à les respecter une fois sanctionnées. C’est pourquoi les citoyens ont intérêt non seulement à suivre les travaux du Sénat, qui leur apportent un éclairage documenté sur les enjeux législatifs, mais aussi à communiquer avec leur sénateur pour contribuer de leur point de vue aux travaux sur tout projet de loi qui les interpelle plus particulièrement.
À quels efforts législatifs ou travaux de comité êtes-vous la plus fière d’avoir participé?
J’aime contribuer à la bonne gouvernance du Sénat en prenant une part active au Comité de la régie interne, des budgets et de l’administration (CIBA). Je suis en particulier fière que les membres de CIBA aient appuyé à l’unanimité les membres du sous-comité des Ressources humaines, que je préside, dans leur volonté que soit dispensée une formation obligatoire pour tout sénateur, gestionnaire et employé du Sénat dans le but de prévenir et de contrer, s’il y a lieu, le harcèlement. Notre ambition est que le Sénat devienne un employeur exemplaire, notamment à cet égard.
Pouvez-vous identifier un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
C’est le Parc des Voiliers à Sillery, ville où je suis née et j’ai grandi, aujourd’hui fusionnée à la Ville de Québec. Ce parc est encarté entre le cimetière Mount Hermon et le cap, tout près de l’Église Saint-Michel de Sillery. De là on a l’une des vues les plus impressionnantes sur le fleuve, la Marina de Québec, l’île d’Orléans et la Rive Sud et même jusqu’aux Appalaches par jours de temps clair.
C’était dans mon enfance le parc où je jouais le plus souvent et je ne saurais compter le nombre de crèmes glacées molles, achetées au Buffet du passant tout à côté, que mes amis et moi avons mangées en regardant flotter les petits voiliers.
Quel est le dernier livre ou film que vous avez recommandé à quelqu’un et pourquoi?
C’est un excellent livre de Malcolm Gradwell, intitulé “The Tipping Point”. J’aime Gladwell parce qu’il a une pensée originale, qui s’éloigne des clichés et des sentiers battus. Dans ce livre, il met en évidence la force de diverses personnes marginales, celles que l’on sous-estime ou que l’on prend pour battues au départ et qui finissent par l’emporter par leur finesse et leurs efforts. Il y parle autant des remontées d’entreprises en difficultés, par exemple Hush Puppies, que du génie de Paul Revere qui a permis aux Américains de gagner la Guerre de la Révolution américaine, que des exploits remarquables de personnes — dont plusieurs autistes — qui, malgré qu’elles s’éloignent de la norme, ont des succès uniques et marquants.