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Un homme en or : Le sénateur Gold fait le bilan de sa carrière à la Chambre rouge

Le sénateur Marc Gold, vêtu d’un costume gris et d’une cravate jaune, est assis à son pupitre dans la Chambre du Sénat.

Avocat, juriste et musicien de longue date, le sénateur Marc Gold s’est appuyé sur les connaissances et les compétences acquises au cours de sa carrière diversifiée pour éviter les fausses notes au Sénat.

Après sa nomination à la Chambre haute en 2016, le sénateur québécois s’est lancé dans le travail en comité et a été nommé représentant du gouvernement au Sénat quelques mois seulement avant que la pandémie de COVID-19 ne contraigne le Parlement à poursuivre ses travaux à distance. Au cours des cinq dernières années et demie, le sénateur Gold a été chargé de faire cheminer les projets de loi émanant du gouvernement au Sénat et de répondre à des questions épineuses pendant la période des questions.

Dans son chant du cygne pour SenCAplus, le sénateur Gold revient sur son mandat de représentant du gouvernement, parle de son amour de la musique et de l’apprentissage, et aborde ses projets pour sa première année à la « retraite » lorsqu’il quittera la Chambre rouge le 30 juin 2025.

Au cours de votre première carrière, vous avez travaillé comme constitutionnaliste et professeur d’université, et vous êtes devenu un expert de la Charte canadienne des droits et libertés. Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette branche du droit? 

C’est une combinaison de circonstances et de hasards. J’ai fait un retour aux études pour étudier le droit au milieu de la vingtaine. J’aimais étudier le droit, mais je n’avais pas vraiment envie de le pratiquer. Un de mes professeurs m’a alors dit : « As-tu déjà pensé aux études supérieures? » J’ai postulé et j’ai été admis, et par hasard, j’ai fini par suivre un cours sur le fédéralisme canadien.

À peu près à la même époque, la Cour suprême a statué sur une affaire sur les droits à l’égalité, l’affaire Stella Bliss, et j’ai trouvé que c’était une décision décevante. Ma thèse était d’ailleurs une critique de cette décision. Je ne savais toujours pas ce que je voulais faire, et mon orienteur m’a dit : « As-tu déjà pensé à enseigner? Laisse-moi faire un appel pour toi. » Peu de temps après, j’étais invité par une école de droit à donner un séminaire. Après coup, on m’offrait un emploi. On m’a demandé d’enseigner le droit constitutionnel et le droit de la preuve, et j’ai donc commencé à l’enseigner et à faire des recherches.

Le sénateur Marc Gold participe à une séance de questions dans la Chambre du Sénat avec des étudiants de niveau postsecondaire lors de la Simulation du Sénat du 9 mai 2025.Le sénateur Marc Gold participe à une séance de questions dans la Chambre du Sénat avec des étudiants de niveau postsecondaire lors de la Simulation du Sénat du 9 mai 2025.

Le sénateur Gold, âgé de 15 ans, en 1965, avec sa première guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)
Le sénateur Gold, âgé de 15 ans, en 1965, avec sa première guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)

Vous avez dit que la musique a toujours « joué un rôle primordial » dans votre vie. Pourquoi était-il important pour vous de consacrer du temps à des activités musicales parallèlement à votre travail quotidien?

J’ai toujours adoré la musique. Je joue d’un instrument depuis que j’ai huit ans, et je joue la guitare depuis que j’ai 13 ans. C’est une partie cruciale de mon identité. La musique me permet de m’exprimer de manière authentique. Il y a quelque chose dans le fait de jouer de la musique, particulièrement avec d’autres, qui semble fondamentalement vrai et enrichissant. Je suis très conscient que j’ai un certain âge, mais quand je prends ma guitare et que je la branche sur un amplificateur, j’ai à nouveau 15 ans et je joue dans un groupe rock “n” roll. Je joue encore dans des groupes parce que cela me permet de garder les pieds sur terre. J’ai hâte d’avoir plus de temps à consacrer à la musique dans le prochain chapitre de ma vie.

Le jour de sa cérémonie d’assermentation dans l’édifice du Centre, le sénateur Gold, à gauche, serre la main du sénateur Peter Harder, qu’il remplacera en tant que représentant du gouvernement au Sénat en 2020.Le jour de sa cérémonie d’assermentation dans l’édifice du Centre, le sénateur Gold, à gauche, serre la main du sénateur Peter Harder, qu’il remplacera en tant que représentant du gouvernement au Sénat en 2020.

Le sénateur Gold, musicien de longue date, s’amuse avec sa guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)Le sénateur Gold, musicien de longue date, s’amuse avec sa guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)

Le sénateur Gold, au centre, était accompagné de sa mère Lynn, à gauche, et de son épouse Nancy lors de son assermentation au Sénat en 2016.Le sénateur Gold, au centre, était accompagné de sa mère Lynn, à gauche, et de son épouse Nancy lors de son assermentation au Sénat en 2016.

Vous vous êtes écarté de la tradition avec votre premier discours à la Chambre rouge et vous avez dédié le temps qui vous était alloué à parler d’un amendement aux dispositions sur la protection des consommateurs dans le projet de loi d’exécution du budget de 2016. Pourquoi avez-vous fait ce choix?

Au cours de mes premiers mois au Sénat, un projet de loi a été présenté, qui, selon mon analyse, empiétait inutilement sur la compétence du Québec en matière de droit de la protection du consommateur, une compétence exclusive à la province, même si la loi abordait cette question dans le contexte bancaire. Je n’étais pas satisfait de la justification donnée par les représentants du gouvernement lors de notre étude du projet de loi. En tant que sénateur du Québec, je me suis senti obligé d’ajouter ma voix à ceux qui ont soulevé des questions et des objections à l’égard de cette portée excessive, et c’est pourquoi mon premier discours au Sénat a porté sur cette question. Que l’on soit d’accord ou non avec ma position à l’époque, j’étais heureux de faire mes premières armes en abordant une question de fond qui touchait les intérêts de ma province.

Vous avez travaillé dans l’édifice du Centre avant que celui-ci ne ferme ses portes pour des travaux de réhabilitation en 2019. Gardez-vous de bons souvenirs du temps que vous avez passé dans cet édifice?

Il y a beaucoup de choses que j’ai appréciées, notamment le fait d’apprendre à connaitre des députés de la Chambre des communes. Je me souviens d’ailleurs du premier jour où j’ai mis les pieds dans l’édifice du Centre. J’étais envahi par un sentiment d’admiration et d’appartenance à une tradition. C’est un sentiment indescriptible qui m’a envahi et qui m’a accompagné pendant les huit dernières années, chaque fois que je me rendais sur la Colline. À l’approche de ma retraite, ce sentiment prend une signification encore plus émotive.

Vous avez été nommé représentant du gouvernement au Sénat en 2020. À votre avis, quelle a été votre plus grande réussite dans ce poste?

Je me sens très privilégié d’avoir été choisi par l’ancien premier ministre Justin Trudeau pour occuper ce poste. Ce fut le plus grand privilège de ma vie, mais les réalisations sont celles de notre bureau et de notre équipe.

Grâce à notre travail, qui se déroule en grande partie en coulisses, je pense que nous avons aidé ce nouveau Sénat, moins partisan et plus indépendant, à bien fonctionner. Je crois que nous avons joué un rôle important en démontrant que cette façon de faire au Sénat peut fonctionner, qu’elle fonctionne et qu’elle sert l’intérêt des Canadiens. Nous nous concentrons sur les projets de loi émanant du gouvernement. Nous les avons étudiés minutieusement. Nous avons proposé des améliorations où le Sénat les jugeait nécessaires. En tant que représentant du gouvernement, je n’ai pas toujours été d’accord avec les amendements proposés, mais nous avons travaillé en collaboration avec les sénateurs pour les étudier du mieux que nous pouvions, et nous avons amélioré les projets de loi de manière responsable.

Je pense que nous avons aussi réussi à démontrer aux parlementaires en général que le Sénat peut fonctionner. Certains députés croyaient que ce nouveau Sénat était voué à l’échec. Au fil du temps, je peux vous dire que des membres influents du gouvernement ont acquis une certaine confiance en notre bureau pour nous demander les attentes du Sénat quant à la manière dont il souhaite être traité comme chambre à part entière et importante du Parlement. Le Sénat n’est plus une chambre d’écho de l’hyperpartisanerie qui domine trop souvent les débats à la Chambre des communes et ne se contente plus d’approuver automatiquement les projets de loi qui lui sont renvoyés. Je me suis efforcé de modéliser cette approche de la politique dans mon rôle de représentant du gouvernement. J’espère avoir démontré qu’il est possible de réfuter une idée avec des preuves et des arguments sans tomber dans les slogans et les attaques personnelles.

Le sénateur Gold rencontre le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, le 9 novembre 2021. (Crédit photo : Bureau du premier ministre)Le sénateur Gold rencontre le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, le 9 novembre 2021. (Crédit photo : Bureau du premier ministre)

Vous avez été le visage de la période des questions au Sénat pendant cinq ans et demi. Comment avez-vous géré les exigences de cette responsabilité?

J’étais bien préparé et bien conseillé. Je rencontrais un groupe de collègues avant chaque séance pour passer en revue les enjeux de la journée et me préparer avec l’information disponible pour répondre aux questions qui pourraient surgir. Je suis aussi à l’aise pour improviser, ce qu’il faut souvent faire pendant la période des questions, et cela vient du fait que j’ai joué dans des groupes de musique toute ma vie!

Mes collègues m’ont aussi appris deux choses. Premièrement, je représente le gouvernement, mais je ne suis pas le gouvernement, et mon rôle, comme celui d’un bon avocat, est de faire valoir la position de mon client de la manière la plus convaincante, honnête et précise possible. Deuxièmement, c’est de la politique et il ne faut pas se laisser atteindre personnellement, même s’il est parfois difficile de le faire. Il est arrivé que certaines questions me touchent profondément. Cependant, dans l’ensemble, j’ai essayé de ne pas laisser les questions très pointues qui m’étaient posées compromettre les relations personnelles que j’avais nouées, et auxquelles je tiens beaucoup, avec les membres de tous les partis au Sénat.

Qu’est-ce qui vous manquera le plus de votre travail à la Chambre rouge?

Mon équipe va beaucoup me manquer, tout comme l’amitié et la camaraderie ici au bureau. Mes collègues du Sénat vont aussi me manquer. Je vais également m’ennuyer de participer à la revitalisation d’une institution importante. Je pense que nos institutions politiques et juridiques au Canada sont primordiales. Nos institutions dans les démocraties libérales (au sens large) comptent vraiment, et nous vivons à une époque où elles sont menacées. D’avoir joué un rôle en tant que sénateur, en plus de celui de représentant du gouvernement, avec d’autres sénateurs aux vues similaires… Qui l’eût cru? En tant que petit-fils d’immigrants qui a grandi dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal, je n’aurais jamais imaginé avoir cette occasion à ce moment de ma vie.

Le travail va me manquer. Tout au long de ma vie, j’ai toujours aimé apprendre. En effet, j’ai énormément appris au cours des huit ans et demi que j’ai passés ici. Je me suis retrouvé au Comité des pêches et des océans, j’ai fini par en être le vice-président et je suis devenu passionné par le sujet. J’adore mon rôle actuel, mais le travail en comité me manque un peu parce que j’ai pu apprendre dans de nombreux autres domaines. J’ai aussi appris sur moi‑même, parce que c’est un travail exigeant. Je suis devenu une meilleure personne et un meilleur négociateur. J’ai appris à mieux écouter. Et je pense que je suis devenu meilleur dans mon travail.

Quels sont vos projets de retraite?

J’ai hâte de découvrir de nouvelles occasions d’apprendre. Je n’arrive pas à croire que j’ai atteint l’âge de la retraite, cela me semble absurde, alors je vais prendre une année sabbatique. Je serai professeur invité à l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill. Pendant la session d’hiver, je donnerai un cours sur le fonctionnement du Canada, plus précisément sur l’interaction entre les politiques publiques, la politique et le processus législatif.

Ma femme et moi envisageons de suivre ensemble un cours dans un domaine dont nous ne connaissons rien. Peu importe ce que nous choisirons, je continuerai d’apprendre, car je suis loin d’avoir fini.

Le sénateur Gold, alors vice-président du Comité sénatorial des pêches et des océans, prend les commandes d’une embarcation rapide de sauvetage lors d’une mission d’étude à Kuujjuaq, au Québec, en 2018.Le sénateur Gold, alors vice-président du Comité sénatorial des pêches et des océans, prend les commandes d’une embarcation rapide de sauvetage lors d’une mission d’étude à Kuujjuaq, au Québec, en 2018.

Le sénateur Gold et son épouse Nancy sont assis sur leur vieux mur de pierre préféré, chez eux à Sutton, au Québec, en 2021, avec les Montagnes-Vertes en arrière-plan. Le couple adore passer autant de temps que possible à la campagne. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)
Le sénateur Gold et son épouse Nancy sont assis sur leur vieux mur de pierre préféré, chez eux à Sutton, au Québec, en 2021, avec les Montagnes-Vertes en arrière-plan. Le couple adore passer autant de temps que possible à la campagne. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)

Un homme en or : Le sénateur Gold fait le bilan de sa carrière à la Chambre rouge

Le sénateur Marc Gold, vêtu d’un costume gris et d’une cravate jaune, est assis à son pupitre dans la Chambre du Sénat.

Avocat, juriste et musicien de longue date, le sénateur Marc Gold s’est appuyé sur les connaissances et les compétences acquises au cours de sa carrière diversifiée pour éviter les fausses notes au Sénat.

Après sa nomination à la Chambre haute en 2016, le sénateur québécois s’est lancé dans le travail en comité et a été nommé représentant du gouvernement au Sénat quelques mois seulement avant que la pandémie de COVID-19 ne contraigne le Parlement à poursuivre ses travaux à distance. Au cours des cinq dernières années et demie, le sénateur Gold a été chargé de faire cheminer les projets de loi émanant du gouvernement au Sénat et de répondre à des questions épineuses pendant la période des questions.

Dans son chant du cygne pour SenCAplus, le sénateur Gold revient sur son mandat de représentant du gouvernement, parle de son amour de la musique et de l’apprentissage, et aborde ses projets pour sa première année à la « retraite » lorsqu’il quittera la Chambre rouge le 30 juin 2025.

Au cours de votre première carrière, vous avez travaillé comme constitutionnaliste et professeur d’université, et vous êtes devenu un expert de la Charte canadienne des droits et libertés. Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette branche du droit? 

C’est une combinaison de circonstances et de hasards. J’ai fait un retour aux études pour étudier le droit au milieu de la vingtaine. J’aimais étudier le droit, mais je n’avais pas vraiment envie de le pratiquer. Un de mes professeurs m’a alors dit : « As-tu déjà pensé aux études supérieures? » J’ai postulé et j’ai été admis, et par hasard, j’ai fini par suivre un cours sur le fédéralisme canadien.

À peu près à la même époque, la Cour suprême a statué sur une affaire sur les droits à l’égalité, l’affaire Stella Bliss, et j’ai trouvé que c’était une décision décevante. Ma thèse était d’ailleurs une critique de cette décision. Je ne savais toujours pas ce que je voulais faire, et mon orienteur m’a dit : « As-tu déjà pensé à enseigner? Laisse-moi faire un appel pour toi. » Peu de temps après, j’étais invité par une école de droit à donner un séminaire. Après coup, on m’offrait un emploi. On m’a demandé d’enseigner le droit constitutionnel et le droit de la preuve, et j’ai donc commencé à l’enseigner et à faire des recherches.

Le sénateur Marc Gold participe à une séance de questions dans la Chambre du Sénat avec des étudiants de niveau postsecondaire lors de la Simulation du Sénat du 9 mai 2025.Le sénateur Marc Gold participe à une séance de questions dans la Chambre du Sénat avec des étudiants de niveau postsecondaire lors de la Simulation du Sénat du 9 mai 2025.

Le sénateur Gold, âgé de 15 ans, en 1965, avec sa première guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)
Le sénateur Gold, âgé de 15 ans, en 1965, avec sa première guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)

Vous avez dit que la musique a toujours « joué un rôle primordial » dans votre vie. Pourquoi était-il important pour vous de consacrer du temps à des activités musicales parallèlement à votre travail quotidien?

J’ai toujours adoré la musique. Je joue d’un instrument depuis que j’ai huit ans, et je joue la guitare depuis que j’ai 13 ans. C’est une partie cruciale de mon identité. La musique me permet de m’exprimer de manière authentique. Il y a quelque chose dans le fait de jouer de la musique, particulièrement avec d’autres, qui semble fondamentalement vrai et enrichissant. Je suis très conscient que j’ai un certain âge, mais quand je prends ma guitare et que je la branche sur un amplificateur, j’ai à nouveau 15 ans et je joue dans un groupe rock “n” roll. Je joue encore dans des groupes parce que cela me permet de garder les pieds sur terre. J’ai hâte d’avoir plus de temps à consacrer à la musique dans le prochain chapitre de ma vie.

Le jour de sa cérémonie d’assermentation dans l’édifice du Centre, le sénateur Gold, à gauche, serre la main du sénateur Peter Harder, qu’il remplacera en tant que représentant du gouvernement au Sénat en 2020.Le jour de sa cérémonie d’assermentation dans l’édifice du Centre, le sénateur Gold, à gauche, serre la main du sénateur Peter Harder, qu’il remplacera en tant que représentant du gouvernement au Sénat en 2020.

Le sénateur Gold, musicien de longue date, s’amuse avec sa guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)Le sénateur Gold, musicien de longue date, s’amuse avec sa guitare électrique. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)

Le sénateur Gold, au centre, était accompagné de sa mère Lynn, à gauche, et de son épouse Nancy lors de son assermentation au Sénat en 2016.Le sénateur Gold, au centre, était accompagné de sa mère Lynn, à gauche, et de son épouse Nancy lors de son assermentation au Sénat en 2016.

Vous vous êtes écarté de la tradition avec votre premier discours à la Chambre rouge et vous avez dédié le temps qui vous était alloué à parler d’un amendement aux dispositions sur la protection des consommateurs dans le projet de loi d’exécution du budget de 2016. Pourquoi avez-vous fait ce choix?

Au cours de mes premiers mois au Sénat, un projet de loi a été présenté, qui, selon mon analyse, empiétait inutilement sur la compétence du Québec en matière de droit de la protection du consommateur, une compétence exclusive à la province, même si la loi abordait cette question dans le contexte bancaire. Je n’étais pas satisfait de la justification donnée par les représentants du gouvernement lors de notre étude du projet de loi. En tant que sénateur du Québec, je me suis senti obligé d’ajouter ma voix à ceux qui ont soulevé des questions et des objections à l’égard de cette portée excessive, et c’est pourquoi mon premier discours au Sénat a porté sur cette question. Que l’on soit d’accord ou non avec ma position à l’époque, j’étais heureux de faire mes premières armes en abordant une question de fond qui touchait les intérêts de ma province.

Vous avez travaillé dans l’édifice du Centre avant que celui-ci ne ferme ses portes pour des travaux de réhabilitation en 2019. Gardez-vous de bons souvenirs du temps que vous avez passé dans cet édifice?

Il y a beaucoup de choses que j’ai appréciées, notamment le fait d’apprendre à connaitre des députés de la Chambre des communes. Je me souviens d’ailleurs du premier jour où j’ai mis les pieds dans l’édifice du Centre. J’étais envahi par un sentiment d’admiration et d’appartenance à une tradition. C’est un sentiment indescriptible qui m’a envahi et qui m’a accompagné pendant les huit dernières années, chaque fois que je me rendais sur la Colline. À l’approche de ma retraite, ce sentiment prend une signification encore plus émotive.

Vous avez été nommé représentant du gouvernement au Sénat en 2020. À votre avis, quelle a été votre plus grande réussite dans ce poste?

Je me sens très privilégié d’avoir été choisi par l’ancien premier ministre Justin Trudeau pour occuper ce poste. Ce fut le plus grand privilège de ma vie, mais les réalisations sont celles de notre bureau et de notre équipe.

Grâce à notre travail, qui se déroule en grande partie en coulisses, je pense que nous avons aidé ce nouveau Sénat, moins partisan et plus indépendant, à bien fonctionner. Je crois que nous avons joué un rôle important en démontrant que cette façon de faire au Sénat peut fonctionner, qu’elle fonctionne et qu’elle sert l’intérêt des Canadiens. Nous nous concentrons sur les projets de loi émanant du gouvernement. Nous les avons étudiés minutieusement. Nous avons proposé des améliorations où le Sénat les jugeait nécessaires. En tant que représentant du gouvernement, je n’ai pas toujours été d’accord avec les amendements proposés, mais nous avons travaillé en collaboration avec les sénateurs pour les étudier du mieux que nous pouvions, et nous avons amélioré les projets de loi de manière responsable.

Je pense que nous avons aussi réussi à démontrer aux parlementaires en général que le Sénat peut fonctionner. Certains députés croyaient que ce nouveau Sénat était voué à l’échec. Au fil du temps, je peux vous dire que des membres influents du gouvernement ont acquis une certaine confiance en notre bureau pour nous demander les attentes du Sénat quant à la manière dont il souhaite être traité comme chambre à part entière et importante du Parlement. Le Sénat n’est plus une chambre d’écho de l’hyperpartisanerie qui domine trop souvent les débats à la Chambre des communes et ne se contente plus d’approuver automatiquement les projets de loi qui lui sont renvoyés. Je me suis efforcé de modéliser cette approche de la politique dans mon rôle de représentant du gouvernement. J’espère avoir démontré qu’il est possible de réfuter une idée avec des preuves et des arguments sans tomber dans les slogans et les attaques personnelles.

Le sénateur Gold rencontre le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, le 9 novembre 2021. (Crédit photo : Bureau du premier ministre)Le sénateur Gold rencontre le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, le 9 novembre 2021. (Crédit photo : Bureau du premier ministre)

Vous avez été le visage de la période des questions au Sénat pendant cinq ans et demi. Comment avez-vous géré les exigences de cette responsabilité?

J’étais bien préparé et bien conseillé. Je rencontrais un groupe de collègues avant chaque séance pour passer en revue les enjeux de la journée et me préparer avec l’information disponible pour répondre aux questions qui pourraient surgir. Je suis aussi à l’aise pour improviser, ce qu’il faut souvent faire pendant la période des questions, et cela vient du fait que j’ai joué dans des groupes de musique toute ma vie!

Mes collègues m’ont aussi appris deux choses. Premièrement, je représente le gouvernement, mais je ne suis pas le gouvernement, et mon rôle, comme celui d’un bon avocat, est de faire valoir la position de mon client de la manière la plus convaincante, honnête et précise possible. Deuxièmement, c’est de la politique et il ne faut pas se laisser atteindre personnellement, même s’il est parfois difficile de le faire. Il est arrivé que certaines questions me touchent profondément. Cependant, dans l’ensemble, j’ai essayé de ne pas laisser les questions très pointues qui m’étaient posées compromettre les relations personnelles que j’avais nouées, et auxquelles je tiens beaucoup, avec les membres de tous les partis au Sénat.

Qu’est-ce qui vous manquera le plus de votre travail à la Chambre rouge?

Mon équipe va beaucoup me manquer, tout comme l’amitié et la camaraderie ici au bureau. Mes collègues du Sénat vont aussi me manquer. Je vais également m’ennuyer de participer à la revitalisation d’une institution importante. Je pense que nos institutions politiques et juridiques au Canada sont primordiales. Nos institutions dans les démocraties libérales (au sens large) comptent vraiment, et nous vivons à une époque où elles sont menacées. D’avoir joué un rôle en tant que sénateur, en plus de celui de représentant du gouvernement, avec d’autres sénateurs aux vues similaires… Qui l’eût cru? En tant que petit-fils d’immigrants qui a grandi dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal, je n’aurais jamais imaginé avoir cette occasion à ce moment de ma vie.

Le travail va me manquer. Tout au long de ma vie, j’ai toujours aimé apprendre. En effet, j’ai énormément appris au cours des huit ans et demi que j’ai passés ici. Je me suis retrouvé au Comité des pêches et des océans, j’ai fini par en être le vice-président et je suis devenu passionné par le sujet. J’adore mon rôle actuel, mais le travail en comité me manque un peu parce que j’ai pu apprendre dans de nombreux autres domaines. J’ai aussi appris sur moi‑même, parce que c’est un travail exigeant. Je suis devenu une meilleure personne et un meilleur négociateur. J’ai appris à mieux écouter. Et je pense que je suis devenu meilleur dans mon travail.

Quels sont vos projets de retraite?

J’ai hâte de découvrir de nouvelles occasions d’apprendre. Je n’arrive pas à croire que j’ai atteint l’âge de la retraite, cela me semble absurde, alors je vais prendre une année sabbatique. Je serai professeur invité à l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill. Pendant la session d’hiver, je donnerai un cours sur le fonctionnement du Canada, plus précisément sur l’interaction entre les politiques publiques, la politique et le processus législatif.

Ma femme et moi envisageons de suivre ensemble un cours dans un domaine dont nous ne connaissons rien. Peu importe ce que nous choisirons, je continuerai d’apprendre, car je suis loin d’avoir fini.

Le sénateur Gold, alors vice-président du Comité sénatorial des pêches et des océans, prend les commandes d’une embarcation rapide de sauvetage lors d’une mission d’étude à Kuujjuaq, au Québec, en 2018.Le sénateur Gold, alors vice-président du Comité sénatorial des pêches et des océans, prend les commandes d’une embarcation rapide de sauvetage lors d’une mission d’étude à Kuujjuaq, au Québec, en 2018.

Le sénateur Gold et son épouse Nancy sont assis sur leur vieux mur de pierre préféré, chez eux à Sutton, au Québec, en 2021, avec les Montagnes-Vertes en arrière-plan. Le couple adore passer autant de temps que possible à la campagne. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)
Le sénateur Gold et son épouse Nancy sont assis sur leur vieux mur de pierre préféré, chez eux à Sutton, au Québec, en 2021, avec les Montagnes-Vertes en arrière-plan. Le couple adore passer autant de temps que possible à la campagne. (Crédit photo : Bureau du sénateur Marc Gold)

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