Rencontre avec le sénateur Marc Gold
Marc Gold a été nommé au Sénat du Canada le 25 novembre 2016. Au début de sa carrière, en tant que professeur de droit, il a publié de nombreux ouvrages, a donné des conférences au Canada et à l’étranger et a aussi formé des juges nommés par le gouvernement fédéral. Lorsqu’il a laissé le monde académique, il a occupé plusieurs postes importants au sein de la communauté juive, et ce, à l’échelle locale, nationale et internationale.
Qui vous a transmis le désir et l’intérêt de participer à la vie publique?
La première personne qui m’a transmis le désir de participer à la vie publique est mon défunt père, qui, à titre d’avocat, a toujours défendu l’importance du service public. Avant même la création de l’aide juridique au Québec, il consacrait une journée par semaine à rencontrer des gens qui ne pouvaient pas se payer les services d’un avocat. Il est ensuite devenu l’un des fondateurs du Centre communautaire juridique de Montréal.
Une autre source d’inspiration a été Irwin Cotler, un ami de longue date et un ancien collègue. Au-delà de ses contributions bien connues en matière de droits de la personne, ce qui m’a inspiré est la façon dont il a su allier ses rôles politiques et son inlassable poursuite de la justice sans jamais sacrifier son intégrité personnelle.
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique auquel le Canada fait face à l’heure actuelle?
Je suis très préoccupé par l’éducation. Il est important que les Canadiens soient dotés des compétences techniques requises pour prospérer dans une économie en pleine transformation.
Toutefois, je suis encore plus préoccupé par la sous-évaluation des sciences humaines aujourd’hui. Nous n’en faisons pas assez pour aider les jeunes canadiens à devenir des citoyens équilibrés. La maîtrise des arts libéraux favorise la créativité et nous permet de participer pleinement à la société démocratique.
Je suis inquiet du fait que l’explosion des médias sociaux et la place occupée par la souveraineté du consommateur poussent les gens à vivre de plus en plus dans un monde où résonnent seulement leurs opinions. En étant confrontés chaque jour aux mêmes idées qui nous conviennent, nous devenons incapables de discuter calmement avec des gens qui n’ont pas les mêmes opinions. Cela mène à la radicalisation et à la fragmentation, de graves menaces à notre démocratie.
Pourquoi les Canadiens devraient-ils être plus nombreux à s’intéresser aux travaux du Sénat?
Le Sénat permet de nous assurer que nos lois reflètent les valeurs canadiennes fondamentales, y compris le respect des droits individuels et de notre diversité régionale.
Le Sénat est aussi le lieu où des questions d’intérêt public importantes et négligées peuvent être soulevées et explorées, comme le démontre le travail sur la pauvreté effectué par le sénateur David Croll ou l’étude sur la maladie mentale réalisée par le sénateur Michael Kirby.
Aujourd’hui, le Sénat joue un rôle important dans l’évolution de notre démocratie parlementaire. Avec l’arrivée de nombreux sénateurs nommés sans affiliation à un parti politique, nous devons repenser de nombreux aspects du fonctionnement du Parlement. Ironiquement, en modernisant le Sénat, nous le ramenons à sa mission initiale et constitutionnelle, c’est-à-dire offrir une chambre complémentaire totalement indépendante de la Chambre des communes.
À quels efforts législatifs ou travaux de comités êtes-vous le plus fier d’avoir participé?
Je suis fier d’avoir appuyé le projet de loi C-305 qui visait à étendre la protection contre les méfaits motivés par la haine et contre le vandalisme à tous les lieux utilisés par des groupes religieux, des groupes ethniques ou d’autres groupes visés.
Je suis aussi heureux d’avoir contribué aux discussions entourant les modifications proposées à la Loi sur les banques, qui empiétait selon moi sur la compétence des provinces en matière de protection des consommateurs, ainsi que d’avoir participé aux débats visant à protéger les droits de la personne de la communauté transgenre.
Pouvez-vous nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
Je représente la circonscription de Stadacona, qui se situe dans le Vieux-Québec. Tous ceux qui y sont passés sont tombés sous le charme de l’endroit. C’est un trésor qui est loin d’être caché!
Je dirais que ce qui rend une région spéciale n’est pas tant les endroits que l’on visite, mais bien les personnes que l’on rencontre sur son chemin. Partout dans la Ville de Québec, vous rencontrerez des gens intéressants, chaleureux et accueillants. Ce sont eux les vrais trésors de ma région!
Pouvez-vous me nommer une chanson ou un album qui vous fait toujours sourire? Expliquez pourquoi.
J’ai eu comme première carrière celle de guitariste. La musique a donc joué un rôle primordial dans ma vie. J’ai grandi avec la musique classique, j’ai pris de l’expérience avec le rock-and-roll, et j’ai éventuellement plongé dans le blues et le jazz.
Je n’ai jamais été capable de choisir l’album que j’apporterais si je devais me retrouver sur une île déserte. J’ai trop d’albums favoris : Live at the Regal de B.B. King, A Love Supreme de John Coltrane, le Quintette à cordes en do majeur de Schubert et tous les albums de John Hiatt. La liste est encore bien plus longue. Je les aime tous, et je ne me sens pas du tout coupable!
Quel est le dernier livre ou film que vous avez recommandé à quelqu’un, et pourquoi?
J’ai récemment lu #Republic, de Cass Sunstein. Il s’agit d’une analyse sérieuse de la façon dont les technologies de l’information et la liberté d’expression axée sur la consommation constituent à la fois des possibilités et des menaces aux fondements de notre démocratie délibérative.
Un autre livre intéressant est On Tyranny, de Timothy Snyder. C’est un petit livre, concis et facile à lire, mais très sophistiqué. Il énumère ce que nous devons faire comme citoyens pour conserver nos institutions démocratiques à la lumière des défis posés par les tendances autoritaires dans l’Ouest.
Quelle équipe de sport (professionnelle ou amateur) appuyez-vous?
Je suis sans hésitation un partisan des Canadiens de Montréal, et j’espère pouvoir redevenir partisan des Expos de Montréal bientôt!
Pourquoi êtes-vous fier d’être Canadien?
Plus que la fierté, je me sens surtout privilégié d’être Canadien. Nous vivons dans un pays paisible, décent et prospère. C’est le pays qui a accueilli mon grand-père et sa famille comme immigrants et leur a donné la possibilité de vivre une vie nouvelle et meilleure. Le Canada continue d’ailleurs d’accueillir des immigrants de partout à travers le monde.
Je suis aussi fier de vivre dans un pays qui aborde, quoique tardivement, l’aspect le plus troublant de son histoire : notre relation avec les Autochtones. Nous devons nous engager pleinement envers notre obligation morale de réconciliation. Je sais qu’il n’existe pas de solution miracle et que je ne verrai pas une réconciliation totale de mon vivant. Cependant, comme je l’ai appris dans la culture juive, il ne nous incombe pas de finir la tâche, mais nous ne pouvons pas non plus nous en laver les mains.
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Marc Gold a été nommé au Sénat du Canada le 25 novembre 2016. Au début de sa carrière, en tant que professeur de droit, il a publié de nombreux ouvrages, a donné des conférences au Canada et à l’étranger et a aussi formé des juges nommés par le gouvernement fédéral. Lorsqu’il a laissé le monde académique, il a occupé plusieurs postes importants au sein de la communauté juive, et ce, à l’échelle locale, nationale et internationale.
Qui vous a transmis le désir et l’intérêt de participer à la vie publique?
La première personne qui m’a transmis le désir de participer à la vie publique est mon défunt père, qui, à titre d’avocat, a toujours défendu l’importance du service public. Avant même la création de l’aide juridique au Québec, il consacrait une journée par semaine à rencontrer des gens qui ne pouvaient pas se payer les services d’un avocat. Il est ensuite devenu l’un des fondateurs du Centre communautaire juridique de Montréal.
Une autre source d’inspiration a été Irwin Cotler, un ami de longue date et un ancien collègue. Au-delà de ses contributions bien connues en matière de droits de la personne, ce qui m’a inspiré est la façon dont il a su allier ses rôles politiques et son inlassable poursuite de la justice sans jamais sacrifier son intégrité personnelle.
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique auquel le Canada fait face à l’heure actuelle?
Je suis très préoccupé par l’éducation. Il est important que les Canadiens soient dotés des compétences techniques requises pour prospérer dans une économie en pleine transformation.
Toutefois, je suis encore plus préoccupé par la sous-évaluation des sciences humaines aujourd’hui. Nous n’en faisons pas assez pour aider les jeunes canadiens à devenir des citoyens équilibrés. La maîtrise des arts libéraux favorise la créativité et nous permet de participer pleinement à la société démocratique.
Je suis inquiet du fait que l’explosion des médias sociaux et la place occupée par la souveraineté du consommateur poussent les gens à vivre de plus en plus dans un monde où résonnent seulement leurs opinions. En étant confrontés chaque jour aux mêmes idées qui nous conviennent, nous devenons incapables de discuter calmement avec des gens qui n’ont pas les mêmes opinions. Cela mène à la radicalisation et à la fragmentation, de graves menaces à notre démocratie.
Pourquoi les Canadiens devraient-ils être plus nombreux à s’intéresser aux travaux du Sénat?
Le Sénat permet de nous assurer que nos lois reflètent les valeurs canadiennes fondamentales, y compris le respect des droits individuels et de notre diversité régionale.
Le Sénat est aussi le lieu où des questions d’intérêt public importantes et négligées peuvent être soulevées et explorées, comme le démontre le travail sur la pauvreté effectué par le sénateur David Croll ou l’étude sur la maladie mentale réalisée par le sénateur Michael Kirby.
Aujourd’hui, le Sénat joue un rôle important dans l’évolution de notre démocratie parlementaire. Avec l’arrivée de nombreux sénateurs nommés sans affiliation à un parti politique, nous devons repenser de nombreux aspects du fonctionnement du Parlement. Ironiquement, en modernisant le Sénat, nous le ramenons à sa mission initiale et constitutionnelle, c’est-à-dire offrir une chambre complémentaire totalement indépendante de la Chambre des communes.
À quels efforts législatifs ou travaux de comités êtes-vous le plus fier d’avoir participé?
Je suis fier d’avoir appuyé le projet de loi C-305 qui visait à étendre la protection contre les méfaits motivés par la haine et contre le vandalisme à tous les lieux utilisés par des groupes religieux, des groupes ethniques ou d’autres groupes visés.
Je suis aussi heureux d’avoir contribué aux discussions entourant les modifications proposées à la Loi sur les banques, qui empiétait selon moi sur la compétence des provinces en matière de protection des consommateurs, ainsi que d’avoir participé aux débats visant à protéger les droits de la personne de la communauté transgenre.
Pouvez-vous nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
Je représente la circonscription de Stadacona, qui se situe dans le Vieux-Québec. Tous ceux qui y sont passés sont tombés sous le charme de l’endroit. C’est un trésor qui est loin d’être caché!
Je dirais que ce qui rend une région spéciale n’est pas tant les endroits que l’on visite, mais bien les personnes que l’on rencontre sur son chemin. Partout dans la Ville de Québec, vous rencontrerez des gens intéressants, chaleureux et accueillants. Ce sont eux les vrais trésors de ma région!
Pouvez-vous me nommer une chanson ou un album qui vous fait toujours sourire? Expliquez pourquoi.
J’ai eu comme première carrière celle de guitariste. La musique a donc joué un rôle primordial dans ma vie. J’ai grandi avec la musique classique, j’ai pris de l’expérience avec le rock-and-roll, et j’ai éventuellement plongé dans le blues et le jazz.
Je n’ai jamais été capable de choisir l’album que j’apporterais si je devais me retrouver sur une île déserte. J’ai trop d’albums favoris : Live at the Regal de B.B. King, A Love Supreme de John Coltrane, le Quintette à cordes en do majeur de Schubert et tous les albums de John Hiatt. La liste est encore bien plus longue. Je les aime tous, et je ne me sens pas du tout coupable!
Quel est le dernier livre ou film que vous avez recommandé à quelqu’un, et pourquoi?
J’ai récemment lu #Republic, de Cass Sunstein. Il s’agit d’une analyse sérieuse de la façon dont les technologies de l’information et la liberté d’expression axée sur la consommation constituent à la fois des possibilités et des menaces aux fondements de notre démocratie délibérative.
Un autre livre intéressant est On Tyranny, de Timothy Snyder. C’est un petit livre, concis et facile à lire, mais très sophistiqué. Il énumère ce que nous devons faire comme citoyens pour conserver nos institutions démocratiques à la lumière des défis posés par les tendances autoritaires dans l’Ouest.
Quelle équipe de sport (professionnelle ou amateur) appuyez-vous?
Je suis sans hésitation un partisan des Canadiens de Montréal, et j’espère pouvoir redevenir partisan des Expos de Montréal bientôt!
Pourquoi êtes-vous fier d’être Canadien?
Plus que la fierté, je me sens surtout privilégié d’être Canadien. Nous vivons dans un pays paisible, décent et prospère. C’est le pays qui a accueilli mon grand-père et sa famille comme immigrants et leur a donné la possibilité de vivre une vie nouvelle et meilleure. Le Canada continue d’ailleurs d’accueillir des immigrants de partout à travers le monde.
Je suis aussi fier de vivre dans un pays qui aborde, quoique tardivement, l’aspect le plus troublant de son histoire : notre relation avec les Autochtones. Nous devons nous engager pleinement envers notre obligation morale de réconciliation. Je sais qu’il n’existe pas de solution miracle et que je ne verrai pas une réconciliation totale de mon vivant. Cependant, comme je l’ai appris dans la culture juive, il ne nous incombe pas de finir la tâche, mais nous ne pouvons pas non plus nous en laver les mains.