Aller au contenu

Art et architecture

Pupitre

Assoyez-vous à cet élégant pupitre et imaginez les récits qui l’imprègnent. Contrairement aux surfaces planes de panneaux de particules usinés sur lesquelles nous tapons aujourd’hui, ce petit pupitre a été conçu par un menuisier spécialisé. Le bois a été moulé en planche, puis raboté et sculpté par un artisan qualifié pour créer un meuble de bureau à la fois décoratif et fonctionnel.

Quelles mains ont coupé, assemblé, sablé et huilé cet objet? Où et quand a-t-il été fabriqué? Tant de mystères entourent ce pupitre. Fabriqué pour supporter de lourds dossiers et conçu d’une surface douce pour faciliter l’écriture sur papier, ce pupitre et sa surface gainée de cuir ont été témoins du travail quotidien du Sénat du Canada à une époque où les dossiers étaient rédigés méticuleusement à la main. 

Au début des années 1900, le Sénat occupe des chambres dans l’édifice du Parlement nouvellement construit. En 1916, un incendie éclate et ravage rapidement l’édifice doublé de bois. Bien que la majorité des personnes réussissent à sortir avant l’effondrement du bâtiment, sept personnes y perdront la vie. Les sénateurs et le personnel essayent tant bien que mal de sauver tout ce qu’ils peuvent, notamment les peintures, les articles personnels, les dossiers et les meubles. Le sénateur William Sharpe, avec de l’aide, sort le pupitre de l’édifice et le sauve des flammes. Ce pupitre est l’un des rares objets de culture matérielle qui provient des débuts du Parlement du Canada.

Après ce sauvetage de justesse, le pupitre disparaît pendant de nombreuses années. Bien que nous ne sachions pas comment le pupitre a été utilisé entretemps, il se pourrait qu’il se soit retrouvé dans des propriétés privées, dans lesquelles il aurait servi à organiser les finances du ménage et à écrire des lettres pour annoncer les joies et les peines de la vie quotidienne à la famille et aux amis. Ce n’est qu’en 1981 qu’il est repris par le Sénat puis retourné à la Colline du Parlement. Maintenant que le pupitre d’origine est protégé des dommages causés par l’encre et la manipulation, les sénateurs se servent d’une réplique pour signer leur Déclaration de qualification.

Bien des choses ont changé depuis que ce petit pupitre était utilisé dans l’édifice initial du Parlement. Par exemple, la première femme à obtenir une place à la Chambre du Sénat est l’honorable Cairine Wilson, qui a été nommée en 1930 après que les Célèbres cinq ont gagné l’affaire « personne », qui a permis aux femmes de siéger au Sénat. Il faudra attendre jusqu’en 1984 avant la nomination de la première sénatrice noire, l’honorable Anne C. Cools.

Plus de cent ans après sa conception, ce pupitre se souvient toujours des mains de son fabricant, de l’incendie tragique et des débuts de la tenue de dossiers politiques, ainsi que des vies de gens ordinaires qui l’ont utilisé pour raconter leurs récits. Ces jours-ci, il raconte un récit différent : un récit d’admission et de cérémonie et celui de tous ceux qui ont une place autour de la table.


Diana Savage est la directrice des expositions du Western Development Museum, à Saskatoon, en Saskatchewan.

Détails de l’objet

Artiste
Inconnu

Titre
Pupitre

Date
Sans date (avant 1916)

Technique
Bois et cuir

Dimensions
H : 94 cm
L : 77 cm
P : 58 cm

Crédit
Collection d’œuvres d’art et de biens patrimoniaux du Sénat

Droits d’auteur sur l’image
Sénat du Canada

Haut de page