L’honorable Marianna Beauchamp Jodoin
Donné au Sénat du Canada par la division québécoise de La Voix des femmes.
En 1965, l’artiste québécoise Sylvia Daoust (1902-2004) a été chargée de créer un buste représentant le portrait de l’ancienne sénatrice, l’honorable Marianna Beauchamp Jodoin, M.B.E. (1881-1980). Comprenant seulement la tête et les épaules de l’ancienne sénatrice, le buste est à la fois grandeur nature et de taille modeste. Sa surface texturée donne l’impression d’avoir été modelée à la main, bien qu’elle soit en fait coulée en bronze. Malgré l’adhésion de l’artiste aux conventions bien établies du portrait en bronze, la représentation est intime et vivante et illustre une interprétation moderne du modèle.
La création de cette œuvre d’art a mis en relation deux femmes qui ont brisé des barrières. D’une part, l’artiste Sylvia Daoust, née à Montréal en 1902, est reconnue comme la première sculptrice professionnelle du Québec et, durant sa carrière d’enseignante de près de quarante ans à Québec et à Montréal, elle a influencé des générations d’artistes. D’autre part, Mariana Beauchamp Jodoin, née à Montréal 21 ans avant Mme Daoust, a été nommée au Sénat pour représenter la division de Saurel, au Québec, le 19 mai 1953, sur la nomination de l’ancien premier ministre Louis St-Laurent. Mme Beauchamp Jodoin a été la première femme francophone et la première femme québécoise nommée au Sénat, et elle a occupé ce poste jusqu’à sa démission, soit le 1er juin 1966. Le fait que l’œuvre ait été offerte au Sénat par la division québécoise de La Voix des femmes, le plus ancien groupe national féministe pour la paix au Canada, clôt une initiative créative menée par des femmes fortes et visionnaires.
De nos jours, les commémorations en bronze de héros douteux sont retirées de la vue, parfois en toute discrétion, parfois dans de bruyantes protestations. La pertinence de ces œuvres fait l’objet d’un examen approfondi, et nombreux sont ceux qui décrient cette forme d’art trop liée aux héritages de l’empire, du capitalisme et du patriarcat pour avoir sa place dans notre monde en mutation. Ce portrait discret en bronze de Mme Beauchamp Jodoin, commandé et exécuté dans le contexte des premières entreprises féministes, nous rappelle que le langage, même celui du monument, est ouvert et disponible pour une réinterprétation et une expression nouvelle et significative.
Michelle Jacques était conservatrice en chef à l'Art Gallery of Greater Victoria à Victoria, Colombie-Britannique, de 2012 à 2021. Depuis mars 2021, elle travaille au Remai Modern à Saskatoon, en Saskatchewan.
Détails de l'objet
Artiste
Sylvia Daoust
Canadienne
Montréal (Québec), 1902
Montréal (Québec), 2004
Titre
L’honorable Marianna Beauchamp Jodoin
Date
1965
Technique
Bronze
Dimensions
H : 55 cm
L : 39 cm
P : 25 cm
Crédit
Collection d’œuvres d’art et de biens patrimoniaux du Sénat
Droits d’auteur sur l’image
© Domaine de Sylvia Daoust