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Art et architecture

Indian Drums (Tambours autochtones)

« J’étais un très jeune garçon quand j’ai entendu les tambours pour la première fois. » C’est ce qu’écrit Allen Sapp (1928-2015), l’éminent peintre cri de la Nation crie Red Pheasant en Saskatchewan, dans ses mémoires bien nommés I Heard the Drums (J’ai entendu les tambours). Comme il l’explique, le son du tambour l’a endormi lorsqu’il était enfant, a fait battre son cœur à son premier pow-wow, l’a accompagné le long de sa vie en tant que danseur traditionnel de pow-wow, et a continuellement revivifié son esprit, le laissant, comme il le dit, « prêt à peindre ». Tout comme le tambour est un élément essentiel de la tradition et de la cérémonie des Cris des Plaines, l’image du tambour est un motif central qui anime les tableaux de Sapp.

Dans Tambours autochtones, un petit tableau datant de 1972, Sapp représente quatre batteurs debout en cercle. Plutôt que le gros tambour utilisé pour les pow-wow, les hommes jouent des tambours à main du type utilisé pour la danse ronde, une cérémonie qui se déroule à l’intérieur et à l’extérieur. Leurs baguettes de tambour sont suspendues, à mi-course, les réverbérations du dernier battement demeurant suspendues dans l’air. Bien que nous ne puissions pas le voir – l’arrière-plan n’est pas défini – un cercle de danseurs se déplace quelque part au son de leurs tambours et de leurs chants. Selon le conservateur Dean Bauche, Sapp évoquait souvent des objets ou des personnes en dehors du cadre lors de la description du contenu d’un tableau, une indication, je crois, de la façon dont son cadre de référence relationnel cri dépasse conceptuellement les conventions d’exclusion du cadre.  

Lorsque j’ai découvert l’œuvre de Sapp en tant que jeune conservateur à la galerie d’art MacKenzie au début des années 1990, je ne comprenais pas l’importance de sa « célébration de la continuité de la vie crie », comme l’appelle le lettré Alfred Young Man. Heureusement, la rétrospective de 1994 organisée par Bob Boyer m’a ouvert les yeux. L’exposition a démontré que, loin d’être un regard nostalgique sur la vie dans la réserve, le travail de l’artiste est une vision d’une communauté permanente qui est « forte, vitale, heureuse et vivante », comme le décrit Boyer.

Alors que ses images solidement réalisées sont souvent louées comme étant « photographiques », ce qui est moins souvent mentionné est la qualité de son application de la peinture. Quand je regarde de près ses toiles, j’ai souvent l’impression que ce que je vois tient moins à l’héritage de l’art européen et davantage aux peaux d’orignal et de cerf que la grand-mère de Sapp avait l’habitude d’étirer et de tanner. Je dirais que cette image ancienne de la grand-mère de Sapp étirant une peau d’orignal peut être vue comme une mise en abyme de l’acte de peindre. Il y a dans ses tableaux un réalisme des textures aussi bien que de l’optique dont peut-être seul Courbet se rapproche, et pourtant même cette comparaison échoue.

Considérez à nouveau l’arrière-plan. La gradation lumineuse des bruns roux brillants aux gris doux fait écho à l’ombrage sur les bords des tambours. En fait, l’arrière-plan a l’apparence et la texture de la peau d’un tambour. Et pourquoi pas? Les tambours et les peintures sont des membranes tendues sur des cadres en bois. Pour Sapp, la toile est un tambour qui vibre de souvenirs; quand on regarde ses toiles, on rejoint le cercle vivant du tambour.


Timothy Long est conservateur en chef à la Mackenzie Art Gallery à Regina (Saskatchewan).

Indian Drums

Détails de l'objet

Artiste
Allen Sapp
Culture crie
Réserve Red Pheasant (Saskatchewan), 1928
North Battleford (Saskatchewan), 2015

Titre
Indian Drums (Tambours autochtones)

Date
1972

Technique
Acrylique sur toile

Dimensions
H : 58 cm
L : 74 cm

Crédit
Collection de la Couronne pour les résidences officielles de la Commission de la capitale nationaleNational Capital Commission - Commission de la capitale nationale

Droits d’auteur sur l’image
© Domaine d’Allen Sapp

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