Mettre fin à la souffrance – un rapport du Sénat recommande l’adoption d’une stratégie de lutte contre la cyberintimidation exercée auprès des jeunes
Ottawa (12 décembre 2012) – Les jeunes canadiens connaissent trop bien la souffrance causée par la cyberintimidation. Selon un rapport du Comité sénatorial permanent des droits de la personne, il est temps que le gouvernement fédéral coordonne la mise en place d’une stratégie de lutte contre la cyberintimidation avec ses homologues des provinces et des territoires. Dans ce rapport intitulé La cyberintimidation, ça blesse! Respect des droits à l’ère numérique, on demande au Canada de remplir ses obligations prévues dans la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, en prenant les mesures nécessaires pour protéger les enfants contre toutes formes de violence physique et mentale, incluant la cyberintimidation.
La stratégie coordonnée devrait comporter un plan visant à sensibiliser tout le pays à la cyberintimidation et à faire connaître les programmes pertinents offerts aux enfants et aux parents. Elle devrait chercher à garantir l’offre de programmes et de ressources pour la lutte contre la cyberintimidation dans toutes les régions du pays. À défaut d’une définition universelle des comportements qui constituent de la cyberintimidation, il conviendrait de diffuser auprès des jeunes et des enfants des messages clairs et cohérents au sujet de la cyberintimidation et des autres comportements inadéquats dans le contexte des télécommunications. Il faut aussi faire connaître les pratiques exemplaires et les évaluations de programmes et de politiques de lutte contre la cyberintimidation, qui sont fondées sur des données probantes. Il importe tout autant d’élaborer des mécanismes de collaboration future entre intervenants.
Des témoins ont dit au comité que, comme les enfants et les jeunes n’ont pas terminé leur développement émotionnel, social et psychologique, ils ne peuvent pas saisir pleinement les répercussions que peuvent avoir leurs actions en ligne sur eux et sur autrui. Par ailleurs, nombreux sont les jeunes qui ont eu une expérience de la cyberintimidation comme victimes, intimidateurs ou spectateurs. Des mesures réparatrices visant à lutter contre la cyberintimidation et des initiatives axées sur l’éducation, le développement de l’empathie, l’inclusion des groupes vulnérables et l’engagement communautaire peuvent grandement contribuer à changer les comportements en ligne.
« Au Canada, la cyberintimidation blesse des enfants et fait du tort à des collectivités. On nous a dit que la cyberintimidation est un phénomène constant qui donne aux enfants l’impression d’être pris au piège. Bon nombre d’entre eux ont un appareil de télécommunications personnel qui les suit partout où ils vont et qui les relie les uns aux autres », a indiqué la sénatrice Mobina Jaffer, présidente du comité. « Pour modifier les comportements en ligne, il faut adopter une démarche faisant intervenir toute la collectivité; il faut que l’enseignement des droits de la personne et de la citoyenneté numérique soit l’affaire des parents, des enseignants, des gouvernements et même des jeunes. Le comité a créé deux guides d’accompagnement, un pour les parents et les aidants naturels et l’autre pour les jeunes, parce qu’il croit que les citoyens de tous âges ont un rôle à jouer pour que cesse la souffrance causée par la cyberintimidation. »
« Notre étude consistait à examiner la cyberintimidation sous l’angle de la violation des droits de l’enfant prévus dans la Convention des Nations Unies. Quand un enfant a subi de l’intimidation ou de la cyberintimidation, son droit de vivre sans violence a été violé. Si les études de cet enfant en souffrent ou s’il a peur d’aller à l’école, son droit de recevoir de l’éducation et de développer son plein potentiel peut aussi s’en trouver trahi », a indiqué le sénateur Patrick Brazeau, vice-président du comité. « L’enfant a le droit de recevoir toute l’information et les soins nécessaires pour lui permettre de saisir les conséquences du comportement intimidateur, et les effets négatifs qu’il peut avoir sur lui et sa collectivité. Conformément aux principes de la Convention, les enfants doivent participer activement à l’élaboration de stratégies et d’initiatives de lutte contre l’intimidation. »
« Au cours de notre étude, nous avons pris connaissance des aspects complexes de la vie en ligne pour la génération actuelle de jeunes Canadiens et nous en avons appris au sujet de leurs combats pour tirer un sens de tout cela. Les parents et les aidants naturels ont un rôle important à jouer pour aider les enfants à avoir des activités numériques saines et sécuritaires. Comme plus d’un témoin a dit au comité, aucun parent n’achèterait à son enfant une voiture sans d’abord veiller à ce qu’il ait des cours de conduite. Malheureusement, bien des gens achètent à leur enfant un téléphone intelligent sans les prémunir contre les risques que recèlent également les possibilités », de dire la sénatrice Salma Ataullahjan.