PÉRIODE DES QUESTIONS — La santé
La distribution des vaccins contre la COVID-19
26 mars 2021
Honorables sénateurs, je suis étonné de voir le nombre de dossiers prioritaires dans lesquels le gouvernement ne fait absolument rien. Je trouve également honteux que le gouvernement soit incapable de répondre à une question lorsqu’il s’agit manifestement d’un enjeu partisan. Lorsque des Canadiens sont emprisonnés en Chine, il s’agit d’un enjeu très partisan.
Cela dit, ma question d’aujourd’hui porte sur la recommandation d’imposer un délai de quatre mois avant de donner la deuxième dose de vaccin contre la COVID-19. Voilà un autre enjeu partisan pour les Canadiens.
En mars dernier, j’ai fait part à la ministre Hajdu des préoccupations d’une jeune femme de l’Ontario qui est atteinte du cancer et qui a dû composer avec des changements apportés à ses soins en raison de la pandémie. Selon ses médecins, elle ne peut pas recevoir le vaccin pour le moment, et elle se préoccupe de l’effet que le délai de quatre mois entre les doses pourrait avoir sur les autres patients traités pour le cancer.
Selon une étude réalisée par le King’s College, au Royaume-Uni, chez 95 % des patients traités pour le cancer qui ont reçu la deuxième dose du vaccin de Pfizer trois semaines après la première, on a observé une forte réponse anticorps. En revanche, pour les délais de plus de trois semaines, ce pourcentage a chuté à 43 %, et même à seulement 8 % chez les patients traités pour la leucémie.
Monsieur le leader, cette patiente et nous voudrions savoir comment le gouvernement peut justifier le fait d’imposer à des patients traités pour le cancer un délai entre les doses de vaccin qui va à l’encontre des recommandations du fabricant. Je vous prie de trouver autre chose à dire à part que c’est votre « plus grande priorité ».
Honorables collègues, les décisions du gouvernement s’appuient sur les avis scientifiques provenant des professionnels de la santé et des comités consultatifs, ainsi que sur le savoir qui est tiré au fil des expériences vécues partout dans le monde. Le gouvernement reste résolu à vacciner le maximum de Canadiens le plus rapidement possible pour nous protéger du virus et de ses variants.
Monsieur le leader, le gouvernement a reconnu que les personnes ayant des problèmes de santé préexistants, comme le cancer, sont très vulnérables à la COVID-19. Maintenant, il dit aux patients atteints d’un cancer qu’ils doivent être vaccinés d’une façon qui n’est pas recommandée par les fabricants.
C’est inquiétant, monsieur le leader. La semaine dernière, j’ai soulevé les préoccupations de la conseillère scientifique en chef du Canada, Mme Mona Nemer, à propos de l’intervalle de quatre mois entre les doses. Lundi dernier, elle a dit à l’antenne de CTV que les gens ayant le plus besoin d’être protégés, les aînés et les personnes dont le système immunitaire est compromis, devraient recevoir leur deuxième dose sans tarder. Mme Nemer a expliqué que les recherches ne soutiennent pas l’intervalle proposé et qu’elle est d’avis que l’approche universelle doit changer.
Monsieur le leader, l’intervalle de quatre mois n’est pas fondé sur les avis scientifiques. Il est fondé uniquement sur les difficultés d’approvisionnement en vaccins du gouvernement. Si les problèmes de livraison de vaccins sont derrière nous, pourquoi les aînés et les patients atteints d’un cancer au Canada doivent-ils attendre quatre mois avant de recevoir une deuxième dose?
Honorables collègues, comme je l’ai dit à maintes reprises au Sénat — mais je vais le répéter encore une fois —, les décisions sur les groupes devant recevoir les vaccins et le calendrier de vaccination relèvent exclusivement des provinces. Chaque province a d’ailleurs adopté une approche différente en ce qui concerne les groupes prioritaires pour la vaccination et l’intervalle entre les deux doses. Le respect des champs de compétence provinciale est une caractéristique importante de la Constitution et de la fédération canadienne. La santé est justement l’un de ces champs de compétence.