« Profondément reconnaissante » : la sénatrice Boniface prend sa retraite de la Chambre rouge

La carrière de la sénatrice Gwen Boniface a été marquée par des premières.
Elle a été la première femme à être nommée inspectrice, puis commissaire de la Police provinciale de l’Ontario – à seulement 42 ans. Elle a aussi été la première femme présidente de l’Association canadienne des chefs de police.
Après sa nomination à la Chambre rouge en 2016, la liste de ses réalisations n’a cessé de s’allonger. Elle a été présidente du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants, elle a parrainé une loi sur la conduite avec facultés affaiblies et a coprésidé le comité qui a examiné la situation ayant mené à la toute première invocation, par le gouvernement fédéral, de la Loi sur les mesures d’urgence.
Avant de prendre sa retraite le 15 novembre 2025, la sénatrice Boniface a parlé à SenCAplus de sa carrière dans les forces policières et des moments mémorables qu’elle a vécus au Sénat.
Vous n’êtes pas dans l’obligation de partir à la retraite avant 2030. Pourquoi avez-vous décidé de quitter le Sénat prématurément?
J’aimerais voyager et passer plus de temps à créer des souvenirs avec mes petits-fils, qui ont sept et 11 ans. Je veux pouvoir leur envoyer la main tous les matins lorsqu’ils partent pour l’école au lieu de leur dire au revoir une fois par semaine lorsque je pars pour Ottawa. De plus, je travaille depuis plus de 50 ans et je sens que l’heure de la retraite a sonné.
Avant votre nomination au Sénat, vous avez mené une longue carrière dans les forces policières, au Canada et à l’étranger. Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir policière?
J’ai toujours été intéressée par l’application de la loi. J’ai eu l’occasion de travailler avec des agents de la Police provinciale de l’Ontario dans un parc provincial en tant qu’agente d’accueil et de sécurité lorsque j’avais 17 ou 18 ans. J’ai aimé ce travail et c’est ce qui m’a donné le goût de devenir agente de police au début de la vingtaine.
À l’âge de 30 ans, j’ai pris un congé pour terminer mes études en droit et j’ai été admise au Barreau pendant que je travaillais. J’avais un enfant de trois ans lorsque j’ai commencé mes études en droit. Avec le recul, je me demande comment j’ai pu jongler avec tout cela en même temps.
Vous avez quitté la Police provinciale de l’Ontario en 2006 pour vous consacrer à la réforme de la police nationale irlandaise. Vous avez aussi servi dans la Division policière des Nations Unies et vous avez travaillé en Afghanistan. Quelle perspective ces fonctions internationales vous ont-elles permis d’acquérir?
Mon travail avec la Garda Síochána irlandaise m’a permis d’avoir une vue d’ensemble des différentes structures policières de l’Union européenne. Je n’ai que de bons commentaires à l’endroit du ministère irlandais de la Justice, la Garda Síochána, et de l’ouverture dont ses représentants ont fait preuve à l’égard de nos recommandations.
La sénatrice Gwen Boniface en compagnie de son mari Garry Boniface, lors de la cérémonie d’assermentation de la sénatrice ayant eu lieu le 15 novembre 2016.
Avant sa nomination à la Chambre rouge, la sénatrice Gwen Boniface a été pendant huit ans commissaire de la Police provinciale de l’Ontario. Elle a été la première femme à occuper ce poste.
En tant que spécialiste de la criminalité transnationale organisée auprès des Nations Unies, mon travail était axé sur les pays en conflit et en situation d’après‑conflit d’Afrique de l’Ouest. J’ai ensuite occupé le poste de directrice générale adjointe de l’Association internationale des chefs de police à Washington, où j’ai travaillé avec des services de police locaux et nationaux de plusieurs pays.
J’ai également passé un mois en Afghanistan à enseigner aux cadres supérieurs de la police nationale afghane. Ce travail a changé ma vie, car il m’a permis de comprendre la situation complexe du pays.
Tous ces emplois m’ont permis d’approfondir ma compréhension des contextes historiques des pays en situation d’après-conflit et de leur incidence sur les processus de prise de décision.
En tant que sénatrice, vous avez présenté à deux reprises un projet de loi visant à créer une stratégie nationale pour décriminaliser la possession de substances illégales au Canada. Pourquoi considérez-vous que la décriminalisation est une bonne solution à la toxicomanie?
Le projet de loi se fondait sur un rapport de l’Association canadienne des chefs de police et se concentrait sur une approche sanitaire de la crise des opioïdes. Certains pays, comme le Portugal, ont adopté une telle approche pour s’attaquer aux problèmes de toxicomanie. Le projet de loi a été rédigé en partant du principe qu’une stratégie similaire serait créée pour les trois ordres de gouvernement du Canada. La décriminalisation de petites quantités aurait alors suivi. Ainsi, les ressources policières auraient pu se concentrer sur les fournisseurs qui sont souvent associés au crime organisé.
Mon expérience de policière m’a appris que nous avons souvent recours au système de justice pénale pour résoudre les problèmes liés à la santé. Mais, nous devons nous attaquer à la multitude de problèmes liés à la dépendance dans ce pays, notamment en mettant en place des systèmes d’aide aux personnes tout au long de leur rétablissement.
Gwen Boniface assiste à une conférence de presse en 2006 avec le premier ministre de l’Ontario de l’époque, Dalton McGuinty (à droite) en tant que commissaire de la Police provinciale de l’Ontario. Sont également représentés, à partir de la gauche, Michael Bryant, procureur général de l’Ontario à l’époque, Bill Blair, qui a été chef de la police de Toronto, et Monte Kwinter, ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels de l’Ontario à l’époque. (Crédit photo : CP/Aaron Harris)
En tant que présidente du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants, vous avez supervisé des études importantes, notamment l’étude du projet de loi sur la légalisation du cannabis et l’étude sur l’inconduite sexuelle au sein de l’armée. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de votre mandat au sein de ce comité?
Notre étude du projet de loi sur les armes à feu, qui visait à renforcer les règles relatives aux vérifications des antécédents, entre autres, m’a semblé particulièrement intéressante. Cette question a fait l’objet d’un débat animé, comme c’est toujours le cas pour les mesures législatives sur les armes à feu. Le comité a recommandé des amendements qui ont essentiellement vidé le projet de loi de sa substance, mais ces amendements ont été rejetés par le Sénat dans son ensemble. En neuf ans, je n’ai jamais vu une telle situation se reproduire.
En tant que présidente du comité, j’ai également été invitée à célébrer le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale à Vimy. Cet événement m’a profondément marqué, car mon arrière‑grand-père a servi dans l’armée britannique pendant la Première Guerre mondiale. J’ai pu constater à quel point les militaires canadiens étaient appréciés en Belgique et en France.
Vous avez aussi été co-présidente du Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise, qui a examiné le processus ayant mené le gouvernement à invoquer, pour la toute première fois, la Loi sur les mesures d’urgence en réponse à la présence de manifestants du « Convoi de la liberté » au centre-ville d’Ottawa en 2022. En quoi votre expérience du domaine policier et du droit a-t-elle influencé votre travail au sein de ce comité?
Mon expérience a joué un rôle fondamental parce que je comprenais le processus à la fois du point de vue policier et du point de vue juridique. J’ai aussi pu comprendre les différences entre les administrations au sein du milieu policier.
Ce fut un processus difficile, mais j’ai pu compter sur deux excellents coprésidents. J’ai également eu la chance d’avoir trois sénateurs très expérimentés, Peter Harder, Claude Carignan et Larry W. Smith au sein du comité. Malgré certains désaccords, nous avons réussi à trouver un terrain d’entente.
Si vous pouviez revenir dans le temps, plus précisément en 2016, quel conseil donneriez-vous à la sénatrice Boniface nouvellement nommée?
Je lui dirais de prendre le temps d’écouter et d’apprendre. Les nouveaux sénateurs commencent rapidement à travailler à toute allure. À mon arrivée, je faisais partie de trois comités et d’un comité spécial.
L’un des défis les plus importants que j’ai eu à relever a été de parrainer le projet de loi C-46, une mesure législative sur la conduite avec facultés affaiblies qui accompagnait la législation sur le cannabis, dès le début de ma carrière au Sénat. Il s’agissait d’un projet de loi extrêmement technique, et la conduite en état d’ébriété est l’un des chefs d’accusation les plus contestés. De plus, les tests de dépistage des drogues étaient encore nouveaux.
La sénatrice Boniface en compagnie de collègues sénateurs Sabi Marwah, Nancy J. Hartling et Marc Gold, qui sont tous aujourd’hui à la retraite, lors de l’édition 2017 de la Déferlante roulante sur la Colline. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Nancy J. Hartling)
La sénatrice Boniface, deuxième à partir de la droite, et ses collègues sénateurs et sénatrices rendent hommage aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées lors de la vigile organisée en octobre 2017 sur la Colline du Parlement par les Familles des Sœurs par l’esprit. Sont également représentés, de gauche à droite, les anciens sénateurs et sénatrices Murray Sinclair, Sandra Lovelace Nicholas, Nancy J. Hartling, Lillian Eva Dyck, la sénatrice Kim Pate et l’ancien sénateur Tobias Enverga.
Vous venez d’une grande famille d’agriculteurs et votre père a été conseiller municipal pendant 23 ans. En quoi votre éducation a-t-elle influencé vos valeurs et votre façon de voir la politique?
Comme mon père était très attaché à la communauté et à la famille, nous étions toujours prêts à aider nos voisins. Je pense que le métier de policière m’attirait parce qu’il me permettait de travailler au sein de la communauté et d’aider les autres.
Lorsque mon père est décédé il y a une dizaine d’années, le journal local l’a qualifié de patriarche de notre petite communauté agricole. Il était incroyablement humble et il était un homme de principes respectueux des autres, quel que soit leur milieu d’origine. Je pense que ces valeurs nous ont été inculquées dès l’enfance.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’avoir siégé au Sénat pendant neuf ans?
Je suis très reconnaissante d’avoir eu la chance d’observer le fonctionnement du Canada à ce niveau et de toutes les possibilités que ce rôle m’a offertes. Par exemple, avant que la pandémie ne frappe, j’ai suivi les élections en Ukraine avec deux autres sénateurs. Cette expérience m’a profondément marquée, surtout après tout ce qui s’est passé en Ukraine depuis. La population ukrainienne était pleine d’espoir et de gratitude envers les observateurs, la tenue de l’élection et le rôle joué par le Canada.
Je n’aurais jamais imaginé avoir ce privilège en tant que sénatrice, mais j’en suis très reconnaissante.
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Après sa nomination à la Chambre rouge en 2016, la liste de ses réalisations n’a cessé de s’allonger. Elle a été présidente du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants, elle a parrainé une loi sur la conduite avec facultés affaiblies et a coprésidé le comité qui a examiné la situation ayant mené à la toute première invocation, par le gouvernement fédéral, de la Loi sur les mesures d’urgence.
Avant de prendre sa retraite le 15 novembre 2025, la sénatrice Boniface a parlé à SenCAplus de sa carrière dans les forces policières et des moments mémorables qu’elle a vécus au Sénat.
Vous n’êtes pas dans l’obligation de partir à la retraite avant 2030. Pourquoi avez-vous décidé de quitter le Sénat prématurément?
J’aimerais voyager et passer plus de temps à créer des souvenirs avec mes petits-fils, qui ont sept et 11 ans. Je veux pouvoir leur envoyer la main tous les matins lorsqu’ils partent pour l’école au lieu de leur dire au revoir une fois par semaine lorsque je pars pour Ottawa. De plus, je travaille depuis plus de 50 ans et je sens que l’heure de la retraite a sonné.
Avant votre nomination au Sénat, vous avez mené une longue carrière dans les forces policières, au Canada et à l’étranger. Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir policière?
J’ai toujours été intéressée par l’application de la loi. J’ai eu l’occasion de travailler avec des agents de la Police provinciale de l’Ontario dans un parc provincial en tant qu’agente d’accueil et de sécurité lorsque j’avais 17 ou 18 ans. J’ai aimé ce travail et c’est ce qui m’a donné le goût de devenir agente de police au début de la vingtaine.
À l’âge de 30 ans, j’ai pris un congé pour terminer mes études en droit et j’ai été admise au Barreau pendant que je travaillais. J’avais un enfant de trois ans lorsque j’ai commencé mes études en droit. Avec le recul, je me demande comment j’ai pu jongler avec tout cela en même temps.
Vous avez quitté la Police provinciale de l’Ontario en 2006 pour vous consacrer à la réforme de la police nationale irlandaise. Vous avez aussi servi dans la Division policière des Nations Unies et vous avez travaillé en Afghanistan. Quelle perspective ces fonctions internationales vous ont-elles permis d’acquérir?
Mon travail avec la Garda Síochána irlandaise m’a permis d’avoir une vue d’ensemble des différentes structures policières de l’Union européenne. Je n’ai que de bons commentaires à l’endroit du ministère irlandais de la Justice, la Garda Síochána, et de l’ouverture dont ses représentants ont fait preuve à l’égard de nos recommandations.
La sénatrice Gwen Boniface en compagnie de son mari Garry Boniface, lors de la cérémonie d’assermentation de la sénatrice ayant eu lieu le 15 novembre 2016.
Avant sa nomination à la Chambre rouge, la sénatrice Gwen Boniface a été pendant huit ans commissaire de la Police provinciale de l’Ontario. Elle a été la première femme à occuper ce poste.
En tant que spécialiste de la criminalité transnationale organisée auprès des Nations Unies, mon travail était axé sur les pays en conflit et en situation d’après‑conflit d’Afrique de l’Ouest. J’ai ensuite occupé le poste de directrice générale adjointe de l’Association internationale des chefs de police à Washington, où j’ai travaillé avec des services de police locaux et nationaux de plusieurs pays.
J’ai également passé un mois en Afghanistan à enseigner aux cadres supérieurs de la police nationale afghane. Ce travail a changé ma vie, car il m’a permis de comprendre la situation complexe du pays.
Tous ces emplois m’ont permis d’approfondir ma compréhension des contextes historiques des pays en situation d’après-conflit et de leur incidence sur les processus de prise de décision.
En tant que sénatrice, vous avez présenté à deux reprises un projet de loi visant à créer une stratégie nationale pour décriminaliser la possession de substances illégales au Canada. Pourquoi considérez-vous que la décriminalisation est une bonne solution à la toxicomanie?
Le projet de loi se fondait sur un rapport de l’Association canadienne des chefs de police et se concentrait sur une approche sanitaire de la crise des opioïdes. Certains pays, comme le Portugal, ont adopté une telle approche pour s’attaquer aux problèmes de toxicomanie. Le projet de loi a été rédigé en partant du principe qu’une stratégie similaire serait créée pour les trois ordres de gouvernement du Canada. La décriminalisation de petites quantités aurait alors suivi. Ainsi, les ressources policières auraient pu se concentrer sur les fournisseurs qui sont souvent associés au crime organisé.
Mon expérience de policière m’a appris que nous avons souvent recours au système de justice pénale pour résoudre les problèmes liés à la santé. Mais, nous devons nous attaquer à la multitude de problèmes liés à la dépendance dans ce pays, notamment en mettant en place des systèmes d’aide aux personnes tout au long de leur rétablissement.
Gwen Boniface assiste à une conférence de presse en 2006 avec le premier ministre de l’Ontario de l’époque, Dalton McGuinty (à droite) en tant que commissaire de la Police provinciale de l’Ontario. Sont également représentés, à partir de la gauche, Michael Bryant, procureur général de l’Ontario à l’époque, Bill Blair, qui a été chef de la police de Toronto, et Monte Kwinter, ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels de l’Ontario à l’époque. (Crédit photo : CP/Aaron Harris)
En tant que présidente du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants, vous avez supervisé des études importantes, notamment l’étude du projet de loi sur la légalisation du cannabis et l’étude sur l’inconduite sexuelle au sein de l’armée. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de votre mandat au sein de ce comité?
Notre étude du projet de loi sur les armes à feu, qui visait à renforcer les règles relatives aux vérifications des antécédents, entre autres, m’a semblé particulièrement intéressante. Cette question a fait l’objet d’un débat animé, comme c’est toujours le cas pour les mesures législatives sur les armes à feu. Le comité a recommandé des amendements qui ont essentiellement vidé le projet de loi de sa substance, mais ces amendements ont été rejetés par le Sénat dans son ensemble. En neuf ans, je n’ai jamais vu une telle situation se reproduire.
En tant que présidente du comité, j’ai également été invitée à célébrer le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale à Vimy. Cet événement m’a profondément marqué, car mon arrière‑grand-père a servi dans l’armée britannique pendant la Première Guerre mondiale. J’ai pu constater à quel point les militaires canadiens étaient appréciés en Belgique et en France.
Vous avez aussi été co-présidente du Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise, qui a examiné le processus ayant mené le gouvernement à invoquer, pour la toute première fois, la Loi sur les mesures d’urgence en réponse à la présence de manifestants du « Convoi de la liberté » au centre-ville d’Ottawa en 2022. En quoi votre expérience du domaine policier et du droit a-t-elle influencé votre travail au sein de ce comité?
Mon expérience a joué un rôle fondamental parce que je comprenais le processus à la fois du point de vue policier et du point de vue juridique. J’ai aussi pu comprendre les différences entre les administrations au sein du milieu policier.
Ce fut un processus difficile, mais j’ai pu compter sur deux excellents coprésidents. J’ai également eu la chance d’avoir trois sénateurs très expérimentés, Peter Harder, Claude Carignan et Larry W. Smith au sein du comité. Malgré certains désaccords, nous avons réussi à trouver un terrain d’entente.
Si vous pouviez revenir dans le temps, plus précisément en 2016, quel conseil donneriez-vous à la sénatrice Boniface nouvellement nommée?
Je lui dirais de prendre le temps d’écouter et d’apprendre. Les nouveaux sénateurs commencent rapidement à travailler à toute allure. À mon arrivée, je faisais partie de trois comités et d’un comité spécial.
L’un des défis les plus importants que j’ai eu à relever a été de parrainer le projet de loi C-46, une mesure législative sur la conduite avec facultés affaiblies qui accompagnait la législation sur le cannabis, dès le début de ma carrière au Sénat. Il s’agissait d’un projet de loi extrêmement technique, et la conduite en état d’ébriété est l’un des chefs d’accusation les plus contestés. De plus, les tests de dépistage des drogues étaient encore nouveaux.
La sénatrice Boniface en compagnie de collègues sénateurs Sabi Marwah, Nancy J. Hartling et Marc Gold, qui sont tous aujourd’hui à la retraite, lors de l’édition 2017 de la Déferlante roulante sur la Colline. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Nancy J. Hartling)
La sénatrice Boniface, deuxième à partir de la droite, et ses collègues sénateurs et sénatrices rendent hommage aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées lors de la vigile organisée en octobre 2017 sur la Colline du Parlement par les Familles des Sœurs par l’esprit. Sont également représentés, de gauche à droite, les anciens sénateurs et sénatrices Murray Sinclair, Sandra Lovelace Nicholas, Nancy J. Hartling, Lillian Eva Dyck, la sénatrice Kim Pate et l’ancien sénateur Tobias Enverga.
Vous venez d’une grande famille d’agriculteurs et votre père a été conseiller municipal pendant 23 ans. En quoi votre éducation a-t-elle influencé vos valeurs et votre façon de voir la politique?
Comme mon père était très attaché à la communauté et à la famille, nous étions toujours prêts à aider nos voisins. Je pense que le métier de policière m’attirait parce qu’il me permettait de travailler au sein de la communauté et d’aider les autres.
Lorsque mon père est décédé il y a une dizaine d’années, le journal local l’a qualifié de patriarche de notre petite communauté agricole. Il était incroyablement humble et il était un homme de principes respectueux des autres, quel que soit leur milieu d’origine. Je pense que ces valeurs nous ont été inculquées dès l’enfance.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’avoir siégé au Sénat pendant neuf ans?
Je suis très reconnaissante d’avoir eu la chance d’observer le fonctionnement du Canada à ce niveau et de toutes les possibilités que ce rôle m’a offertes. Par exemple, avant que la pandémie ne frappe, j’ai suivi les élections en Ukraine avec deux autres sénateurs. Cette expérience m’a profondément marquée, surtout après tout ce qui s’est passé en Ukraine depuis. La population ukrainienne était pleine d’espoir et de gratitude envers les observateurs, la tenue de l’élection et le rôle joué par le Canada.
Je n’aurais jamais imaginé avoir ce privilège en tant que sénatrice, mais j’en suis très reconnaissante.