« Tu ne le croiras jamais! » Le sénateur Greene se remémore son parcours au Sénat
Le sénateur néo-écossais Stephen Greene s’est passionné pour la politique dès son plus jeune âge en regardant le président américain John F. Kennedy à la télévision.
Des décennies plus tard, il s’est présenté à deux reprises pour le Parti réformiste et a occupé des postes à responsabilité auprès du chef du parti, Preston Manning, et de l’ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Rodney MacDonald. Son travail politique l’a finalement mené au Sénat, où il a présidé le Comité sénatorial spécial sur la modernisation du Sénat et a siégé au Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, entre autres.
À l’approche de sa retraite, le 8 décembre 2024, le sénateur Greene revient sur sa longue carrière dans le monde des affaires et de la politique.
Vous êtes né à Montréal et vous avez grandi à Mississauga, en Ontario. À quel moment avez-vous déménagé en Nouvelle-Écosse?
Je suis allé en Nouvelle-Écosse pour faire une maîtrise à l’Université de Dalhousie. J’avais posé ma candidature à des universités partout au pays, mais j’ai choisi la Nouvelle-Écosse parce que je n’y avais jamais mis les pieds. L’été précédent, j’avais traversé le continent à moto, de Toronto à la Californie, en remontant la côte jusqu’à Vancouver, puis en traversant le paysage canadien pour rentrer chez moi. Je suis parti pour ce voyage à moto le jour même où j’ai obtenu mon permis. C’était une folie, mais je l’ai fait. J’aime plaisanter en disant qu’au début du voyage, j’étais un conducteur mal à l’aise, qu’à mi-parcours, j’étais un conducteur aguerri et qu’au moment de rentrer à la maison, j’étais un conducteur sans gêne!
Vous avez travaillé dans l’industrie de la pêche et dans le service extérieur. Comment êtes-vous arrivé à cette carrière?
J’ai obtenu mon premier emploi à l’ambassade du Canada à Washington, D.C., grâce à un programme du gouvernement canadien. À l’époque, j’étais doctorant à l’Université de Dalhousie et le Canada venait de déclarer une limite de pêche de 200 milles, ce qui signifiait que le gouvernement prenait le contrôle de toutes les pêcheries dans un rayon de 200 milles autour de ses côtes. Ma mission à Washington consistait à rédiger un rapport sur la manière dont les États-Unis ont élaboré leur propre politique de la pêche dans le sillage de cette nouvelle limite. J’ai interrogé tous les lobbyistes spécialisés dans les produits de la mer (ils étaient près de 1 000 à l’époque) et j’ai rédigé un rapport qui a été très bien accueilli.
À mon retour au Canada, j’ai contacté tous les producteurs de poissons et de fruits de mer et je leur ai demandé s’ils avaient besoin d’aide pour leurs relations avec le gouvernement à Ottawa. Quelqu’un à H.B. Nickerson & Sons, la plus grande entreprise de pêche de la côte Est, m’a répondu, et je suis devenu l’assistant de Peter Nicholson, qui en était le vice-président à l’époque.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer en politique?
Lorsque j’avais 12 ans, je rentrais de l’école en courant pour regarder à la télévision les conférences de presse du président Kennedy. J’aimais le président précédent, Dwight Eisenhower, mais en tant que garçon de 12 ans, je trouvais ses conférences de presse ennuyeuses. Puis Kennedy est apparu, promettant de changer le monde, de renforcer la démocratie, d’empêcher les Russes d’entrer, etc. Il était très charismatique.
Au début des années 1990, le Canada accumulait des déficits d’environ 40 milliards de dollars par an. Le seul parti qui parlait de réduire sérieusement ce déficit était le Parti réformiste. Je me suis rendu à sa convention fondatrice à Winnipeg en 1992 pour en savoir plus, et l’une des premières personnes que j’ai rencontrées était Stephen Harper. Je l’ai trouvé très intelligent, et il communiquait bien, alors j’ai décidé de me joindre au parti. Je me suis présenté aux élections fédérales de 1993 et j’ai obtenu environ 15 % des voix à Halifax.
Après cela, j’ai repris mon travail à Clearwater. Puis j’ai reçu un appel d’un des collaborateurs de Preston Manning au sujet de son poste de chef de cabinet. Je n’avais pas réalisé qu’ils pensaient à moi, alors j’ai proposé quelques noms. Ils m’ont précisé que c’était moi qui les intéressais et j’ai sauté sur l’occasion. J’ai subi une baisse de salaire et j’étais père célibataire à l’époque, mais je croyais fermement que le Canada devait s’attaquer à son déficit, alors pour moi, ça en valait la peine.
Puis M. Harper est devenu premier ministre et vous a nommé au Sénat en 2008. Dites-nous en plus.
La situation était similaire. À l’époque, je travaillais pour M. MacDonald et je m’étais rendu à Ottawa avec quelques ministres de la Nouvelle-Écosse pour rencontrer les conservateurs fédéraux.
Je me trouvais dans le salon de la Chambre des communes lorsque le directeur des communications de M. Harper s’est approché de moi et m’a dit que le premier ministre souhaitait me parler.
Je suis monté à l’étage, où il terminait un discours télévisé national. Il m’a ensuite dit qu’il allait nommer de nouveaux sénateurs et m’a demandé qui il devait nommer. Je lui ai donné une liste de huit ou neuf personnes, dont Fred Dickson, mon ami de longue date et mon mentor politique. Alors que je m’apprêtais à partir, M. Harper m’a fait remarquer que mon nom ne figurait pas sur la liste. Je lui ai dit que j’étais heureux de faire tout ce que le premier ministre souhaitait. Il m’a dit qu’il voulait que je devienne sénateur, mais que je ne devais rien dire à personne.
Dès que je suis rentré dans ma chambre d’hôtel, j’ai dit : « Fred! Tu ne le croiras jamais! » Nous étions tous les deux parmi les 18 sénateurs nommés par M. Harper.
En 2021, vous avez annoncé à la Chambre du Sénat qu’on vous avait diagnostiqué la maladie de Parkinson. Pourquoi avez-vous décidé de rendre public votre diagnostic?
J’ai pensé qu’il devenait visible pour les autres que quelque chose n’allait pas avec moi. J’ai voulu faire un discours drôle pour y faire face.
J’ai également assisté à un événement avec un député de la Chambre des communes pour sensibiliser à la maladie de Parkinson et j’ai animé une table ronde à ce sujet.
Je dois également mentionner que, bien que M. Harper m’ait amené au Sénat, la personne qui me permet d’y rester est ma femme, Shamimu Netonze. Elle est ma source de motivation, veillant toujours sur moi. Nous sommes tout le temps ensemble. Je ne pourrais pas être sénateur sans son soutien. Je suis aussi reconnaissant envers Adelheid Ruppenstein, ma collaboratrice de confiance, qui m’accompagne depuis ma nomination. Nous avons traversé beaucoup de choses ensemble.
Qu’est-ce qui vous manquera le plus du Sénat?
Les débats intéressants et le travail en comité. Certains des travaux les plus importants du Sénat sont réalisés par des comités. Nous examinons les textes législatifs de manière beaucoup plus approfondie qu’à la Chambre des communes. Nous appelons plus de témoins de différents côtés d’une question. C’est logique, car les comités du Sénat suivent leur propre voie, alors que les comités de la Chambre des Communes suivent la voie tracée par leurs dirigeants et le Cabinet du premier ministre. Les rencontres avec mes amis du Sénat me manqueront également.
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Le sénateur néo-écossais Stephen Greene s’est passionné pour la politique dès son plus jeune âge en regardant le président américain John F. Kennedy à la télévision.
Des décennies plus tard, il s’est présenté à deux reprises pour le Parti réformiste et a occupé des postes à responsabilité auprès du chef du parti, Preston Manning, et de l’ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Rodney MacDonald. Son travail politique l’a finalement mené au Sénat, où il a présidé le Comité sénatorial spécial sur la modernisation du Sénat et a siégé au Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, entre autres.
À l’approche de sa retraite, le 8 décembre 2024, le sénateur Greene revient sur sa longue carrière dans le monde des affaires et de la politique.
Vous êtes né à Montréal et vous avez grandi à Mississauga, en Ontario. À quel moment avez-vous déménagé en Nouvelle-Écosse?
Je suis allé en Nouvelle-Écosse pour faire une maîtrise à l’Université de Dalhousie. J’avais posé ma candidature à des universités partout au pays, mais j’ai choisi la Nouvelle-Écosse parce que je n’y avais jamais mis les pieds. L’été précédent, j’avais traversé le continent à moto, de Toronto à la Californie, en remontant la côte jusqu’à Vancouver, puis en traversant le paysage canadien pour rentrer chez moi. Je suis parti pour ce voyage à moto le jour même où j’ai obtenu mon permis. C’était une folie, mais je l’ai fait. J’aime plaisanter en disant qu’au début du voyage, j’étais un conducteur mal à l’aise, qu’à mi-parcours, j’étais un conducteur aguerri et qu’au moment de rentrer à la maison, j’étais un conducteur sans gêne!
Vous avez travaillé dans l’industrie de la pêche et dans le service extérieur. Comment êtes-vous arrivé à cette carrière?
J’ai obtenu mon premier emploi à l’ambassade du Canada à Washington, D.C., grâce à un programme du gouvernement canadien. À l’époque, j’étais doctorant à l’Université de Dalhousie et le Canada venait de déclarer une limite de pêche de 200 milles, ce qui signifiait que le gouvernement prenait le contrôle de toutes les pêcheries dans un rayon de 200 milles autour de ses côtes. Ma mission à Washington consistait à rédiger un rapport sur la manière dont les États-Unis ont élaboré leur propre politique de la pêche dans le sillage de cette nouvelle limite. J’ai interrogé tous les lobbyistes spécialisés dans les produits de la mer (ils étaient près de 1 000 à l’époque) et j’ai rédigé un rapport qui a été très bien accueilli.
À mon retour au Canada, j’ai contacté tous les producteurs de poissons et de fruits de mer et je leur ai demandé s’ils avaient besoin d’aide pour leurs relations avec le gouvernement à Ottawa. Quelqu’un à H.B. Nickerson & Sons, la plus grande entreprise de pêche de la côte Est, m’a répondu, et je suis devenu l’assistant de Peter Nicholson, qui en était le vice-président à l’époque.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer en politique?
Lorsque j’avais 12 ans, je rentrais de l’école en courant pour regarder à la télévision les conférences de presse du président Kennedy. J’aimais le président précédent, Dwight Eisenhower, mais en tant que garçon de 12 ans, je trouvais ses conférences de presse ennuyeuses. Puis Kennedy est apparu, promettant de changer le monde, de renforcer la démocratie, d’empêcher les Russes d’entrer, etc. Il était très charismatique.
Au début des années 1990, le Canada accumulait des déficits d’environ 40 milliards de dollars par an. Le seul parti qui parlait de réduire sérieusement ce déficit était le Parti réformiste. Je me suis rendu à sa convention fondatrice à Winnipeg en 1992 pour en savoir plus, et l’une des premières personnes que j’ai rencontrées était Stephen Harper. Je l’ai trouvé très intelligent, et il communiquait bien, alors j’ai décidé de me joindre au parti. Je me suis présenté aux élections fédérales de 1993 et j’ai obtenu environ 15 % des voix à Halifax.
Après cela, j’ai repris mon travail à Clearwater. Puis j’ai reçu un appel d’un des collaborateurs de Preston Manning au sujet de son poste de chef de cabinet. Je n’avais pas réalisé qu’ils pensaient à moi, alors j’ai proposé quelques noms. Ils m’ont précisé que c’était moi qui les intéressais et j’ai sauté sur l’occasion. J’ai subi une baisse de salaire et j’étais père célibataire à l’époque, mais je croyais fermement que le Canada devait s’attaquer à son déficit, alors pour moi, ça en valait la peine.
Puis M. Harper est devenu premier ministre et vous a nommé au Sénat en 2008. Dites-nous en plus.
La situation était similaire. À l’époque, je travaillais pour M. MacDonald et je m’étais rendu à Ottawa avec quelques ministres de la Nouvelle-Écosse pour rencontrer les conservateurs fédéraux.
Je me trouvais dans le salon de la Chambre des communes lorsque le directeur des communications de M. Harper s’est approché de moi et m’a dit que le premier ministre souhaitait me parler.
Je suis monté à l’étage, où il terminait un discours télévisé national. Il m’a ensuite dit qu’il allait nommer de nouveaux sénateurs et m’a demandé qui il devait nommer. Je lui ai donné une liste de huit ou neuf personnes, dont Fred Dickson, mon ami de longue date et mon mentor politique. Alors que je m’apprêtais à partir, M. Harper m’a fait remarquer que mon nom ne figurait pas sur la liste. Je lui ai dit que j’étais heureux de faire tout ce que le premier ministre souhaitait. Il m’a dit qu’il voulait que je devienne sénateur, mais que je ne devais rien dire à personne.
Dès que je suis rentré dans ma chambre d’hôtel, j’ai dit : « Fred! Tu ne le croiras jamais! » Nous étions tous les deux parmi les 18 sénateurs nommés par M. Harper.
En 2021, vous avez annoncé à la Chambre du Sénat qu’on vous avait diagnostiqué la maladie de Parkinson. Pourquoi avez-vous décidé de rendre public votre diagnostic?
J’ai pensé qu’il devenait visible pour les autres que quelque chose n’allait pas avec moi. J’ai voulu faire un discours drôle pour y faire face.
J’ai également assisté à un événement avec un député de la Chambre des communes pour sensibiliser à la maladie de Parkinson et j’ai animé une table ronde à ce sujet.
Je dois également mentionner que, bien que M. Harper m’ait amené au Sénat, la personne qui me permet d’y rester est ma femme, Shamimu Netonze. Elle est ma source de motivation, veillant toujours sur moi. Nous sommes tout le temps ensemble. Je ne pourrais pas être sénateur sans son soutien. Je suis aussi reconnaissant envers Adelheid Ruppenstein, ma collaboratrice de confiance, qui m’accompagne depuis ma nomination. Nous avons traversé beaucoup de choses ensemble.
Qu’est-ce qui vous manquera le plus du Sénat?
Les débats intéressants et le travail en comité. Certains des travaux les plus importants du Sénat sont réalisés par des comités. Nous examinons les textes législatifs de manière beaucoup plus approfondie qu’à la Chambre des communes. Nous appelons plus de témoins de différents côtés d’une question. C’est logique, car les comités du Sénat suivent leur propre voie, alors que les comités de la Chambre des Communes suivent la voie tracée par leurs dirigeants et le Cabinet du premier ministre. Les rencontres avec mes amis du Sénat me manqueront également.