Aller au contenu

Pourquoi faut-il se dépêcher à légaliser la marijuana? : Sénateur Housakos

Étiquettes

Le printemps est à nos portes, et l’été coïncidera cette année avec la légalisation de la marijuana au Canada. Du moins, c’est l’engagement qu’a pris le gouvernement libéral. Toutefois, le Sénat, qui examine actuellement le projet de loi visant à légaliser la marijuana, semble avoir plus de questions que de réponses.

Voici les principales : comment et pourquoi?

Commençons par le comment. Comment ce projet de loi atteindra-t-il son principal objectif selon le gouvernement, c’est-à-dire de garder la marijuana hors de la portée des jeunes?

Chaque fois que cette question est posée, tout ce que j’entends est que le système actuel ne fonctionne pas.

Cela soulève d’autres questions : comment savons-nous que notre système actuel ne fonctionne pas, et quels autres systèmes ont été étudiés? Cependant, ces questions ne répondent pas à la question initiale.  

Même si des statistiques qui proviennent d’autres États montrent une corrélation entre la légalisation du cannabis et la diminution de la consommation chez les jeunes, il ne s’agit pas d’une science exacte.

Un obstacle majeur, comme l’a reconnu la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, est la difficulté d’établir un seuil de référence en raison de l’illégalité de la consommation de cannabis.

Ce que nous savons, c’est qu’en 2012, l’État du Colorado a légalisé la consommation de cannabis à des fins récréatives, et constitue donc un bon exemple de ce à quoi nous pouvons nous attendre au Canada. Les conclusions du Dr Larry Wolk, médecin en chef du ministère de la Santé publique et de l’Environnement du Colorado, sont révélatrices : « Il semblerait que les personnes qui consommaient de la marijuana de façon illégale auparavant le font maintenant en toute légalité. Chez les jeunes qui consommaient cette drogue de façon illicite, les statistiques sont les mêmes. »

De plus, comme l’a souligné ma collègue, la sénatrice Judith Seidman, des recherches qui proviennent de partout dans le monde soutiennent que la légalisation du cannabis se traduit par une hausse de la consommation chez les jeunes. Une étude portant sur 38 pays ayant légalisé le cannabis montre des niveaux plus élevés de consommation régulière de cannabis chez les adolescents.

Il ne faut pas oublier une statistique digne d’intérêt : le Canada est le pays dont le taux de consommation de cannabis est le plus élevé chez les jeunes. C’est ce qui a incité ce projet de loi et ce qui justifie son adoption rapide. Par contre, beaucoup de confusion entoure l’origine et donc la validité de cette affirmation.

Nous avons été informés que cette statistique provient d’un rapport de l’UNICEF publié en 2013. Ce rapport indique que sa source provient de données compilées en 2008 par le ministère de la Justice du Canada. Toutefois, lorsqu’un journaliste de Blacklock’s a communiqué avec le ministère de la Justice pour connaître la méthodologie utilisée pour arriver à cette conclusion, le Ministère a répondu ceci : « Compte tenu du temps écoulé et de l’absence de contexte entourant la source, nous ne savons pas exactement d’où proviennent les statistiques de 2008 citées. »

Comme je l’ai mentionné précédemment, on nous dit que l’approche actuelle qui vise à tenir le cannabis hors de la portée des jeunes ne fonctionne pas. Comment pouvons-nous faire une telle affirmation si la statistique sur laquelle elle est fondée est douteuse?

Une autre question énoncée plus tôt cherchait à savoir si d’autres approches ont été étudiées par le gouvernement.

Au Sénat, nous avons demandé à la ministre Petitpas Taylor si le gouvernement avait étudié le modèle de la Norvège, qui détient le plus faible niveau de consommation de cannabis chez les jeunes au monde. Nous lui avons demandé si le gouvernement s’est penché sur les mesures adoptées pour atteindre un tel niveau de consommation chez les jeunes. Nous devrions pourtant nous y intéresser!

Nous n’avons pas obtenu de réponse, et je crois que les Canadiens en méritent une.

Les Canadiens méritent de savoir pourquoi ce gouvernement n’a pas encore mis en œuvre son programme de sensibilisation de 45 millions de dollars. La ministre Petitpas Taylor a affirmé, lors de son témoignage, que si le Colorado avait pu faire quelque chose différemment, il aurait lancé son programme de sensibilisation avant la légalisation du cannabis à des fins récréatives.

Nous méritons aussi de savoir pourquoi le gouvernement n’a pas encore demandé un avis juridique sur les éventuels recours collectifs contre le gouvernement qui pourraient coûter des milliards de dollars aux contribuables canadiens.

Nous avons aussi le droit de connaître les mesures prises pour nous assurer que nos services de police sont préparés adéquatement pour appliquer cette loi. De plus en plus de chefs de police affirment ne pas être prêts.

Plus nous examinons ce projet de loi et posons des questions, plus le projet de loi ne semble tout simplement pas prêt.

Cela m’amène à poser la question la plus importante de toutes : pourquoi faut-il se dépêcher à adopter ce projet de loi?

Le sénateur Leo Housakos représente la division de Wellington, au Québec. Il a été Président du Sénat, et il préside le Comité du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement en plus de siéger au Comité des affaires étrangères et du commerce international.

Le printemps est à nos portes, et l’été coïncidera cette année avec la légalisation de la marijuana au Canada. Du moins, c’est l’engagement qu’a pris le gouvernement libéral. Toutefois, le Sénat, qui examine actuellement le projet de loi visant à légaliser la marijuana, semble avoir plus de questions que de réponses.

Voici les principales : comment et pourquoi?

Commençons par le comment. Comment ce projet de loi atteindra-t-il son principal objectif selon le gouvernement, c’est-à-dire de garder la marijuana hors de la portée des jeunes?

Chaque fois que cette question est posée, tout ce que j’entends est que le système actuel ne fonctionne pas.

Cela soulève d’autres questions : comment savons-nous que notre système actuel ne fonctionne pas, et quels autres systèmes ont été étudiés? Cependant, ces questions ne répondent pas à la question initiale.  

Même si des statistiques qui proviennent d’autres États montrent une corrélation entre la légalisation du cannabis et la diminution de la consommation chez les jeunes, il ne s’agit pas d’une science exacte.

Un obstacle majeur, comme l’a reconnu la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, est la difficulté d’établir un seuil de référence en raison de l’illégalité de la consommation de cannabis.

Ce que nous savons, c’est qu’en 2012, l’État du Colorado a légalisé la consommation de cannabis à des fins récréatives, et constitue donc un bon exemple de ce à quoi nous pouvons nous attendre au Canada. Les conclusions du Dr Larry Wolk, médecin en chef du ministère de la Santé publique et de l’Environnement du Colorado, sont révélatrices : « Il semblerait que les personnes qui consommaient de la marijuana de façon illégale auparavant le font maintenant en toute légalité. Chez les jeunes qui consommaient cette drogue de façon illicite, les statistiques sont les mêmes. »

De plus, comme l’a souligné ma collègue, la sénatrice Judith Seidman, des recherches qui proviennent de partout dans le monde soutiennent que la légalisation du cannabis se traduit par une hausse de la consommation chez les jeunes. Une étude portant sur 38 pays ayant légalisé le cannabis montre des niveaux plus élevés de consommation régulière de cannabis chez les adolescents.

Il ne faut pas oublier une statistique digne d’intérêt : le Canada est le pays dont le taux de consommation de cannabis est le plus élevé chez les jeunes. C’est ce qui a incité ce projet de loi et ce qui justifie son adoption rapide. Par contre, beaucoup de confusion entoure l’origine et donc la validité de cette affirmation.

Nous avons été informés que cette statistique provient d’un rapport de l’UNICEF publié en 2013. Ce rapport indique que sa source provient de données compilées en 2008 par le ministère de la Justice du Canada. Toutefois, lorsqu’un journaliste de Blacklock’s a communiqué avec le ministère de la Justice pour connaître la méthodologie utilisée pour arriver à cette conclusion, le Ministère a répondu ceci : « Compte tenu du temps écoulé et de l’absence de contexte entourant la source, nous ne savons pas exactement d’où proviennent les statistiques de 2008 citées. »

Comme je l’ai mentionné précédemment, on nous dit que l’approche actuelle qui vise à tenir le cannabis hors de la portée des jeunes ne fonctionne pas. Comment pouvons-nous faire une telle affirmation si la statistique sur laquelle elle est fondée est douteuse?

Une autre question énoncée plus tôt cherchait à savoir si d’autres approches ont été étudiées par le gouvernement.

Au Sénat, nous avons demandé à la ministre Petitpas Taylor si le gouvernement avait étudié le modèle de la Norvège, qui détient le plus faible niveau de consommation de cannabis chez les jeunes au monde. Nous lui avons demandé si le gouvernement s’est penché sur les mesures adoptées pour atteindre un tel niveau de consommation chez les jeunes. Nous devrions pourtant nous y intéresser!

Nous n’avons pas obtenu de réponse, et je crois que les Canadiens en méritent une.

Les Canadiens méritent de savoir pourquoi ce gouvernement n’a pas encore mis en œuvre son programme de sensibilisation de 45 millions de dollars. La ministre Petitpas Taylor a affirmé, lors de son témoignage, que si le Colorado avait pu faire quelque chose différemment, il aurait lancé son programme de sensibilisation avant la légalisation du cannabis à des fins récréatives.

Nous méritons aussi de savoir pourquoi le gouvernement n’a pas encore demandé un avis juridique sur les éventuels recours collectifs contre le gouvernement qui pourraient coûter des milliards de dollars aux contribuables canadiens.

Nous avons aussi le droit de connaître les mesures prises pour nous assurer que nos services de police sont préparés adéquatement pour appliquer cette loi. De plus en plus de chefs de police affirment ne pas être prêts.

Plus nous examinons ce projet de loi et posons des questions, plus le projet de loi ne semble tout simplement pas prêt.

Cela m’amène à poser la question la plus importante de toutes : pourquoi faut-il se dépêcher à adopter ce projet de loi?

Le sénateur Leo Housakos représente la division de Wellington, au Québec. Il a été Président du Sénat, et il préside le Comité du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement en plus de siéger au Comité des affaires étrangères et du commerce international.

Étiquettes

Encore plus sur SenCA+

Haut de page