« On est là pour servir », dit la sénatrice Tardif, bientôt à la retraite
La sénatrice Claudette Tardif est reconnue comme l’une des principales championnes des droits linguistiques des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada et pour son importante contribution aux domaines de l’éducation secondaire et postsecondaire.
La sénatrice Tardif siège au Sénat du Canada depuis mars 2005. Elle a occupé les postes de Leader adjointe de l’Opposition au Sénat de 2007 jusqu’en 2013, et présidente du Comité sénatorial des langues officielles de 2013 jusqu’en 2017.
Quel aspect du travail vous a attiré vers le poste de sénateur?
Comme la grande majorité des Canadiens et Canadiennes, je ne connaissais pas très bien ce que faisait un sénateur ou une sénatrice. J’ai toujours œuvré, dans ma carrière professionnelle, dans le monde de l’éducation francophone, aux niveaux postsecondaire et secondaire, pour encourager les jeunes francophones aussi bien que les jeunes anglophones de poursuivre des études en français. Donc pour moi, accepter un poste au Sénat c’était d’avoir une voix plus forte afin de faire valoir le bilinguisme au Canada et de montrer l’importance de l’éducation postsecondaire.
Quelle a été votre expérience comme sénatrice franco-albertaine dans une institution créée pour protéger les minorités?
Justement, le Sénat a été mis sur pied par les Pères de la Confédération pour représenter les régions et les minorités. Ces deux rôles ont été réaffirmés récemment par la Cour Suprême du Canada. Je me sentais donc très à l’aise de promouvoir les intérêts, les besoins, les inquiétudes et les espoirs des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
L’épanouissement des communautés francophones, le respect de la dualité linguistique et la promotion du bilinguisme sont des valeurs qui me tiennent à cœur et qui ont fait partie de mon vécu. J’ai réellement voulu représenter non seulement la francophonie albertaine, mais aussi la francophonie canadienne. J’ai beaucoup œuvré avec les organismes nationaux et les associations provinciales et nationales justement afin d’atteindre ces buts.
Pouvez-vous nous parler un peu de l’étude actuelle du Comité sur les langues officielles?
C’est un comité qui me tenait énormément à cœur dont j’ai été membre depuis ma nomination au Sénat en 2005 et présidente.
Sous ma présidence, il y a eu plusieurs rapports très pertinents que j’aimerais signaler et dont je suis très fière :
- Un rapport sur les obligations linguistiques de CBC/Radio-Canada.
- Un rapport sur le rôle des communautés dans notre système d’immigration.
- Et deux rapports qui touchent l’éducation, l’un sur comment augmenter le bilinguisme des jeunes Canadiens, et un autre sous la forme d’une étude de cas, sur l’apprentissage du français en Colombie-Britannique.
Ce dernier rapport met en évidence tous les défis qui se posent dans des provinces qui veulent mettre sur pied des écoles francophones ou des programmes d’immersion. Le Comité a effectué plusieurs recommandations au gouvernement. Les associations locales et les conseils scolaires ont souvent cité ce rapport comme un qui avait beaucoup de force.
Présentement, le comité fait une étude sur comment moderniser la Loi sur les langues officielles, car elle aura bientôt 50 ans. La loi a besoin d’être révisée. Elle ne reflète plus les réalités sociodémographiques telles qu’on les vit présentement. L’étude comprend cinq volets et sera basée sur des consultations avec les Canadiens et Canadiennes dans toutes les régions du pays.
On a déjà commencé avec le volet « jeunesse », ce qui m’a rendue particulièrement heureuse, car j’ai toujours travaillé avec les jeunes dans ma carrière universitaire. Entendre leur vision sur l’avenir du pays et les langues officielles, c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Je suis confiante que cette étude sera bien menée par le comité.
![Les membres du Comité sénatorial des langues officielles rencontrent des étudiants dans le cadre d'une mission d'étude du comité en Colombie-Britannique, en novembre 2016.](/media/360985/ollo_fact-finding_mission_bc_2016-11-03-f_0611.jpg?&quality=90)
Quel futur envisagez-vous pour les langues officielles au Canada?
J’aimerais que tous les Canadiens et Canadiennes qui désirent une éducation dans les deux langues officielles puissent l’obtenir. Pour le moment, ce n’est pas le cas.
Dans certaines provinces, il existe toujours des listes d’attente pour obtenir un accès à des programmes d’immersion et il y a un manque flagrant d’infrastructures. Je trouve injuste que le Canada ait deux langues officielles, mais que tous n’aient pas un accès égal à l’éducation dans l’une ou l’autre de ces deux langues. Je trouve cela très regrettable. J’espère que dans l’avenir on pourra remédier à cette situation.
On devrait aussi avoir une plus grande promotion des langues officielles car cela fait partie de notre identité canadienne. Il s’agit d’une valeur fondamentale de notre pays. Les jeunes nous disent qu’ils aimeraient normaliser le fait français au Canada. Les jeunes sont très sages — ils voient qu’il y a un problème, qu’il existe des barrières irrationnelles. Il faut pousser pour ces changements. Il faut arrêter de voir le bilinguisme comme un fardeau.
Comment a été votre expérience au Sénat comme ancienne éducatrice?
J’ai toujours aimé travailler avec les gens. Pour moi, dans mon rôle d’éducatrice, il était important de toujours bien communiquer ses idées, d’encourager les autres à communiquer leurs besoins, d’aller chercher le plein potentiel des gens avec qui on travaille, et puis de travailler dans le respect et dans l’écoute de l’autre. Alors voilà ce que j’ai essayé d’apporter comme expérience en tant qu’éducatrice dans mon rôle de sénatrice.
Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux sénateurs?
Je leur dirais utilisez votre voix pour faire avancer des causes qui vous tiennent à cœur dans l’intérêt des Canadiens et des Canadiennes. Nous sommes là pour servir. Souvent lorsqu’on parle pour les minorités ou les régions ce ne sont pas des voix qui sont entendues sur la Colline. Il faut donner aux citoyens la chance de se faire entendre.
![La sénatrice Tardif, accompagnée de la sénatrice Gagné, lors d'une conférence de presse, en Colombie-Britannique, pour dévoiler le rapport du Comité sénatorial des langues officielles sur l'éducation en français, au mois de mai 2017.](/media/360987/ollo_horizon2018_rprt_pc_2017-05-31-f_0203.jpg?&quality=90)
Pouvez-vous mentionner quelques autres succès dans votre carrière comme sénatrice?
J’ai été Leader adjointe de l’opposition au Sénat pendant plus de six ans, nommée par l’honorable Stéphane Dion en 2007. J’ai pu travailler avec trois chefs de parti — Stéphane Dion, Michael Ignatieff et Bob Rae. Nous nous rencontrions une fois par semaine pour discuter du programme législatif. Cela m’a fait apprécier davantage le rôle du Sénat en voyant comment les deux chambres fonctionnent ensemble. Il y avait aussi beaucoup de négociations avec mon homologue conservateur — nous n’étions pas toujours du même avis mais nous avons toujours travaillé en se respectant mutuellement.
Je dirais aussi que j’ai vraiment apprécié mon rôle diplomatique en tant que présidente de l’Association interparlementaire Canada-France pendant sept ans. J’en suis toujours vice-présidente. Ensemble, nous avons pu créer des liens avec nos cousins français, en discutant de dossiers et d’enjeux importants pour nos pays. Je garderai toujours d'excellents souvenirs de cette expérience, et d’ailleurs j’ai été privilégiée d’avoir reçu le rang d’Officier de la Légion d’honneur de la République française pour ce travail et pour celui au service de la francophonie au Canada et à l’étranger.
Que ferez-vous maintenant?
Je compte certainement passer plus de temps avec ma famille et avec mes petits-enfants. J’ai travaillé pendant 50 ans, dont presque 13 ans au Sénat. Un peu de repos! Et bien sûr, je vais continuer de m’investir dans certains dossiers qui me tiennent à cœur — la francophonie et l’éducation postsecondaire — tout en demeurant davantage en Alberta.
Lisez les déclarations effectuées à la Chambre du Sénat sur le départ à la retraite de la sénatrice Tardif.
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La sénatrice Tardif siège au Sénat du Canada depuis mars 2005. Elle a occupé les postes de Leader adjointe de l’Opposition au Sénat de 2007 jusqu’en 2013, et présidente du Comité sénatorial des langues officielles de 2013 jusqu’en 2017.
Quel aspect du travail vous a attiré vers le poste de sénateur?
Comme la grande majorité des Canadiens et Canadiennes, je ne connaissais pas très bien ce que faisait un sénateur ou une sénatrice. J’ai toujours œuvré, dans ma carrière professionnelle, dans le monde de l’éducation francophone, aux niveaux postsecondaire et secondaire, pour encourager les jeunes francophones aussi bien que les jeunes anglophones de poursuivre des études en français. Donc pour moi, accepter un poste au Sénat c’était d’avoir une voix plus forte afin de faire valoir le bilinguisme au Canada et de montrer l’importance de l’éducation postsecondaire.
Quelle a été votre expérience comme sénatrice franco-albertaine dans une institution créée pour protéger les minorités?
Justement, le Sénat a été mis sur pied par les Pères de la Confédération pour représenter les régions et les minorités. Ces deux rôles ont été réaffirmés récemment par la Cour Suprême du Canada. Je me sentais donc très à l’aise de promouvoir les intérêts, les besoins, les inquiétudes et les espoirs des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
L’épanouissement des communautés francophones, le respect de la dualité linguistique et la promotion du bilinguisme sont des valeurs qui me tiennent à cœur et qui ont fait partie de mon vécu. J’ai réellement voulu représenter non seulement la francophonie albertaine, mais aussi la francophonie canadienne. J’ai beaucoup œuvré avec les organismes nationaux et les associations provinciales et nationales justement afin d’atteindre ces buts.
Pouvez-vous nous parler un peu de l’étude actuelle du Comité sur les langues officielles?
C’est un comité qui me tenait énormément à cœur dont j’ai été membre depuis ma nomination au Sénat en 2005 et présidente.
Sous ma présidence, il y a eu plusieurs rapports très pertinents que j’aimerais signaler et dont je suis très fière :
- Un rapport sur les obligations linguistiques de CBC/Radio-Canada.
- Un rapport sur le rôle des communautés dans notre système d’immigration.
- Et deux rapports qui touchent l’éducation, l’un sur comment augmenter le bilinguisme des jeunes Canadiens, et un autre sous la forme d’une étude de cas, sur l’apprentissage du français en Colombie-Britannique.
Ce dernier rapport met en évidence tous les défis qui se posent dans des provinces qui veulent mettre sur pied des écoles francophones ou des programmes d’immersion. Le Comité a effectué plusieurs recommandations au gouvernement. Les associations locales et les conseils scolaires ont souvent cité ce rapport comme un qui avait beaucoup de force.
Présentement, le comité fait une étude sur comment moderniser la Loi sur les langues officielles, car elle aura bientôt 50 ans. La loi a besoin d’être révisée. Elle ne reflète plus les réalités sociodémographiques telles qu’on les vit présentement. L’étude comprend cinq volets et sera basée sur des consultations avec les Canadiens et Canadiennes dans toutes les régions du pays.
On a déjà commencé avec le volet « jeunesse », ce qui m’a rendue particulièrement heureuse, car j’ai toujours travaillé avec les jeunes dans ma carrière universitaire. Entendre leur vision sur l’avenir du pays et les langues officielles, c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Je suis confiante que cette étude sera bien menée par le comité.
![Les membres du Comité sénatorial des langues officielles rencontrent des étudiants dans le cadre d'une mission d'étude du comité en Colombie-Britannique, en novembre 2016.](/media/360985/ollo_fact-finding_mission_bc_2016-11-03-f_0611.jpg?&quality=90)
Quel futur envisagez-vous pour les langues officielles au Canada?
J’aimerais que tous les Canadiens et Canadiennes qui désirent une éducation dans les deux langues officielles puissent l’obtenir. Pour le moment, ce n’est pas le cas.
Dans certaines provinces, il existe toujours des listes d’attente pour obtenir un accès à des programmes d’immersion et il y a un manque flagrant d’infrastructures. Je trouve injuste que le Canada ait deux langues officielles, mais que tous n’aient pas un accès égal à l’éducation dans l’une ou l’autre de ces deux langues. Je trouve cela très regrettable. J’espère que dans l’avenir on pourra remédier à cette situation.
On devrait aussi avoir une plus grande promotion des langues officielles car cela fait partie de notre identité canadienne. Il s’agit d’une valeur fondamentale de notre pays. Les jeunes nous disent qu’ils aimeraient normaliser le fait français au Canada. Les jeunes sont très sages — ils voient qu’il y a un problème, qu’il existe des barrières irrationnelles. Il faut pousser pour ces changements. Il faut arrêter de voir le bilinguisme comme un fardeau.
Comment a été votre expérience au Sénat comme ancienne éducatrice?
J’ai toujours aimé travailler avec les gens. Pour moi, dans mon rôle d’éducatrice, il était important de toujours bien communiquer ses idées, d’encourager les autres à communiquer leurs besoins, d’aller chercher le plein potentiel des gens avec qui on travaille, et puis de travailler dans le respect et dans l’écoute de l’autre. Alors voilà ce que j’ai essayé d’apporter comme expérience en tant qu’éducatrice dans mon rôle de sénatrice.
Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux sénateurs?
Je leur dirais utilisez votre voix pour faire avancer des causes qui vous tiennent à cœur dans l’intérêt des Canadiens et des Canadiennes. Nous sommes là pour servir. Souvent lorsqu’on parle pour les minorités ou les régions ce ne sont pas des voix qui sont entendues sur la Colline. Il faut donner aux citoyens la chance de se faire entendre.
![La sénatrice Tardif, accompagnée de la sénatrice Gagné, lors d'une conférence de presse, en Colombie-Britannique, pour dévoiler le rapport du Comité sénatorial des langues officielles sur l'éducation en français, au mois de mai 2017.](/media/360987/ollo_horizon2018_rprt_pc_2017-05-31-f_0203.jpg?&quality=90)
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Je dirais aussi que j’ai vraiment apprécié mon rôle diplomatique en tant que présidente de l’Association interparlementaire Canada-France pendant sept ans. J’en suis toujours vice-présidente. Ensemble, nous avons pu créer des liens avec nos cousins français, en discutant de dossiers et d’enjeux importants pour nos pays. Je garderai toujours d'excellents souvenirs de cette expérience, et d’ailleurs j’ai été privilégiée d’avoir reçu le rang d’Officier de la Légion d’honneur de la République française pour ce travail et pour celui au service de la francophonie au Canada et à l’étranger.
Que ferez-vous maintenant?
Je compte certainement passer plus de temps avec ma famille et avec mes petits-enfants. J’ai travaillé pendant 50 ans, dont presque 13 ans au Sénat. Un peu de repos! Et bien sûr, je vais continuer de m’investir dans certains dossiers qui me tiennent à cœur — la francophonie et l’éducation postsecondaire — tout en demeurant davantage en Alberta.
Lisez les déclarations effectuées à la Chambre du Sénat sur le départ à la retraite de la sénatrice Tardif.