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Sous-comité sur la protection civile au Canada

 

Délibérations du sous-comité sur
La protection civile au Canada

Fascicule 4 - Témoignages


OTTAWA, le mercredi 16 juin 1999

Le sous-comité sur la protection civile du comité sénatorial permanent des finances nationales s'est réuni ce jour à 17 h 30 pour examiner la protection civile au Canada.

Le sénateur Terry Stratton (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: J'aimerais ouvrir la séance. Nos premiers témoins représentent la Société de la Croix-Rouge canadienne. Ce sont Don Shropshire, John Mulvihill et Jean-Pierre Laroche.

Je vous en prie, messieurs, allez-y.

[Français]

M. Jean-Pierre Laroche, chef à l'exploitation, Société de la Croix-Rouge canadienne: Monsieur le président, au cours de la dernière décennie il y a eu plusieurs sinistres d'envergure un peu partout sur la planète. Le Canada n'y a pas échappé. Il y a eu les inondations du Saguenay et du Manitoba, la tempête de verglas et les feux de forêts.

La Croix-Rouge est un chef de file dans le domaine de la préparation aux sinistres. Au fil des ans, nous avons démontré notre capacité de regrouper les experts, payés et bénévoles, et de les affecter à la prévention des sinistres. Ce qui nous caractérise le plus, cependant, c'est l'attention toute particulière que nous attachons au côté humain.

Monsieur le président, il me fait plaisir de vous présenter deux de nos experts dans la prévention et la gestion des sinistres, John Mulvihill et Don Shropshire, qui feront une courte présentation et se feront un plaisir de répondre à vos questions.

[Traduction]

M. John Mulvihill, directeur national, Secours aux sinistrés et Prévention, Société de la Croix-Rouge canadienne: Nous aimerions commencer notre bref exposé par une très courte vidéocassette. Il s'agit d'un film présenté par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant rouge, organisation dont la Société de la Croix-Rouge canadienne est fière de faire partie et qui constitue la famille internationale de la Croix-Rouge. Il s'agit du compte rendu des catastrophes qui ont eu lieu dans le monde en 1999. Il sert de toile de fond à de ce soir.

(Projection vidéo)

M. Mulvihill: La Société de la Croix-Rouge canadienne est tout à fait favorable à une stratégie nationale solide de préparation et d'atténuation des sinistres pour notre pays. Les catastrophes ne se produisent pas seulement dans les pays lointains; elles peuvent -- comme nous le verrons dans cet exposé et comme certains d'entre vous ne le savent que trop bien -- se produire chez nous.

L'objectif de notre exposé d'aujourd'hui est de vous parler plus précisément de l'aspect humain de la question. Nous croyons qu'en nous attachant à la préparation et à la planification des catastrophes, nous minimiserons et réduirons les pertes sur le plan humain. Notre objectif d'aujourd'hui est de vous aider à mettre au point un cadre général, en vous en proposant un pour étude, afin que nous puissions éviter les souffrances en donnant des moyens aux individus, aux familles et aux collectivités tandis que nous nous préparons aux catastrophes inévitables.

Les coûts occasionnés par les sinistres imposent une lourde charge aux individus et aux gouvernements touchés par les catastrophes naturelles, plus particulièrement aux gouvernements qui doivent aider les individus et les collectivités touchés par des événements tragiques. Comme vous le pouvez le voir d'après le film de compte rendu des catastrophes dans le monde, les cataclysmes et leur coût augmentent rapidement du fait de l'environnement changeant de notre communauté mondiale. Nous n'allons pas nous occuper aujourd'hui des répercussions financières des catastrophes, mais plutôt insister sur l'importance de l'atténuation des pertes sur le plan social et des souffrances qui les accompagnent. Nous estimons être habilités à parler de la question du fait de notre participation au mouvement mondial de la famille de la Croix-Rouge. Cette famille compte 175 autres pays qui ont le rôle et la responsabilité d'accorder de l'aide aux individus en cas de catastrophe et d'aider les collectivités à se préparer en leur donnant la formation voulue. C'est ce que nous faisons au Canada depuis 1909.

Le réseau international de la Croix-Rouge offre un soutien mutuel et une mise en commun d'une somme extraordinaire d'expériences. Au cours des 10 dernières années seulement, la Croix-Rouge canadienne a envoyé plus de 2 500 secouristes pour venir en aide aux sinistrés des catastrophes que vous avez vues sur le film et de nombreux autres cataclysmes semblables. L'expérience de ces travailleurs de l'humanitaire a pu être utilisée chez nous, grâce au savoir-faire obtenu sur la scène internationale que l'on a pu appliquer pour venir en aide aux collectivités du Saguenay et du Manitoba. Nous avons également envoyé des centaines de bénévoles et d'employés de la Croix-Rouge pour participer aux efforts déployés récemment dans l'est du Canada lors de la tempête de verglas et lorsque l'avion de Swiss Air s'est écrasé. Dans ce dernier cas, il ne s'agissait évidemment pas d'une catastrophe naturelle.

À l'heure actuelle, nous participons, grâce à notre réseau de bénévoles et d'employés de la Croix-Rouge, aux efforts pour venir en aide aux réfugiés du Kosovo. Nous avons plus de 5 500 bénévoles qui sont en service actif dans les sept centres qui ont été constitués en Ontario et dans le Canada atlantique.

Que pensez-vous que ces endroits aient en commun? Chacun a vécu une catastrophe importante qui a entraîné une révision du plan local de protection civile et d'atténuation des catastrophes. Malheureusement, peu de pays tirent les leçons des catastrophes qui se produisent sur leur propre territoire ou à l'étranger. À l'exception de la préparation pour le problème de l'an 2000, ici au Canada, des efforts de protection civile et d'atténuation des catastrophes sont rarement déployés avant une catastrophe importante. Encore une fois, cela vient de la croyance fondamentale qui veut que le terme accident reste un simple mot jusqu'à ce qu'il vous arrive.

Nous serons heureux de vous fournir des copies du compte rendu des catastrophes. Celle que nous avons aujourd'hui est la seule qui soit disponible au Canada pour l'instant. Mais on peut s'en procurer d'autres en s'adressant à notre bureau de Genève, et nous serions très heureux de vous en obtenir une copie. Le compte rendu des catastrophes montre qu'à l'avenir il y aura une tendance nette aux catastrophes, aux mouvements démographiques et aux répercussions qu'ils ont et que cela va créer des inquiétudes de plus en plus grandes dans les pays développés aussi bien que sous-développés. Le Bureau d'assurance du Canada et Environnement Canada sont d'accord avec ces prévisions. Nous croyons donc qu'il est essentiel de commencer à lancer des initiatives de protection civile et d'atténuation des catastrophes pour réduire les répercussions de ces événements malheureux mais qui risquent fort de nous arriver.

Le Canada peut en effet tirer profit des leçons apprises au cours de nos interventions à l'échelle internationale. Lorsqu'une catastrophe frappe, nous conseillons de faire en sorte que, lorsque c'est possible, l'organisation des secours améliore la capacité des personnes et des collectivités touchées de réagir face à de nouvelles catastrophes. On peut par exemple se demander s'il est indiqué de simplement fournir des ressources pour nettoyer une région après une inondation importante au lieu d'investir dans la lutte contre les inondations ou le déplacement de certains logements en raison du caractère inévitable de futures inondations dans une région donnée.

Nous savons aussi que la façon la plus rentable de se préparer à des catastrophes est d'améliorer la capacité des individus, et pas seulement des infrastructures, mais des individus, des familles et des collectivités à intervenir et atténuer les risques locaux. Le simple fait de se préparer aux risques locaux et de les connaître diminue les possibilités qu'ils existent et le fait qu'ils se produisent.

Les administrations locales devraient rester chargées de la surveillance des activités de protection civile et d'atténuation des catastrophes. Mais nous croyons, et je crois que les administrations locales sont d'accord avec nous, qu'il est tout à fait souhaitable de ne pas agir seul. Nous pensons qu'il est bon de s'assurer de l'aide des autres ordres de gouvernement, d'organisations telles que la Croix-Rouge, de ses partenaires et des autres organisations de bénévoles, ainsi que du secteur privé ou des entreprises pour contribuer à l'éducation personnelle concernant les mesures de protection civile, à la planification des catastrophes locales et aux efforts d'atténuation des catastrophes.

Nous regrettons de constater qu'au Canada il n'y a pas vraiment d'épidémie de planification en matière de protection civile et d'atténuation. Cela ne fait pas partie de notre façon de penser. Protection civile Canada signale que près de 50 p. 100 de nos collectivités ont un plan de protection civile en cas de catastrophe et seulement 20 p. 100 d'entre elles font des exercices réguliers de mise en oeuvre. La planification locale des sinistres constitue le fondement de la protection civile. Si l'on ne s'occupe pas de ce secteur, nous estimons que nous allons continuer à connaître des souffrances et des pertes généralisées et inutiles du fait des catastrophes.

Le Canada n'est pas à l'abri des catastrophes. La Croix-Rouge est intervenue dans des centaines de cas de sinistres nationaux, depuis l'explosion de Halifax en 1917. Chaque région du pays peut connaître des catastrophes. La complaisance en matière de protection civile et d'atténuation des catastrophes ne saurait constituer une option que nous devrions accepter dans notre pays car cette option comporte le risque de décès, de souffrances et de destructions.

Les catastrophes canadiennes récentes constituent donc un élément important de motivation pour le travail de votre comité. Ces événements ont représenté un signal à certains égards pour les gouvernements, pour les organisations de secours aux sinistrés et pour le grand public qui leur a fait comprendre que les catastrophes pouvaient effectivement se produire au Canada.

Les chiffres et les statistiques ne rendent pas justement compte des souffrances et des pertes que chacune de ces catastrophes a entraîné pour certains Canadiens. Plus de 3 millions de Canadiens ont été touchés par des catastrophes au cours des trois dernières années seulement. Pour eux, le coût qu'entraîne la réalisation que les catastrophes peuvent se produire au Canada et qu'il nous faut nous préparer à l'avance, parce que les coûts sont beaucoup trop élevés, n'est que trop réel.

À titre d'employés de la Croix-Rouge, nous avons eu une connaissance directe de la souffrance des gens. Nous travaillons main dans la main avec des individus qui ont perdu des êtres chers, qui ont vu leur foyer détruit et qui doivent relever le défi de repartir de zéro après une catastrophe. Nos travailleurs sont touchés par ces tragédies car nous travaillons en étroite collaboration avec les victimes. C'est pour cette raison que nous conseillons si fortement de juger comme importante la formation en matière de protection civile et d'atténuation pour notre pays.

Les gouvernements doivent assumer la responsabilité de coordonner la planification et les mesures de protection civile. La Croix-Rouge est prête à contribuer à cet effort en leur faisant profiter des leçons qu'elle a apprises et en aidant les autorités locales à mettre au point et à mettre en oeuvre leurs propres activités de protection civile et d'atténuation des catastrophes.

La Croix-Rouge a reçu le mandat, de la part du Parlement canadien, en 1909, de contribuer à améliorer la santé et à alléger les souffrances dans le monde entier. Notre mandat et notre mission n'ont pas changé avec le temps. Le rôle de la Croix-Rouge en matière de secours aux sinistrés a été confirmé en 1970 avec l'approbation de nos lettres patentes en vertu de la Loi sur les corporations canadiennes. Nous serions heureux d'avoir la possibilité d'élargir notre rôle, de servir d'auxiliaire au gouvernement au chapitre de la protection civile et d'atténuation des catastrophes et d'en faire l'une de nos priorités au Canada.

Depuis 1996, la Croix-Rouge canadienne a obtenu plus de 67 millions de dollars pour assurer la protection civile et l'atténuation des catastrophes. Annuellement, la Croix-Rouge verse une contribution de l'ordre de 3 millions de dollars à la protection civile. Toutefois, la contribution la plus importante que nous pouvons apporter est la solidité de nos bénévoles, qui sont plus de 9 000 à avoir offert des services essentiels au cours des catastrophes les plus récentes.

Comme on le dit dans le film de compte rendu des catastrophes dans le monde, si on consacrait davantage de ressources à l'atténuation des catastrophes, il en faudrait moins pour les secours. Les véritables économies se feraient sentir du côté humain, puisque cela entraînerait une réduction des pertes de vies humaines et des souffrances.

M. Don Shropshire, coordonnateur national, Services d'urgence, Société de la Croix-Rouge canadienne: J'aimerais vous parler un peu des occasions que nous pouvons saisir, à notre avis, pour essayer de remédier à certains des problèmes que nous venons d'aborder. L'idée de se doter d'une culture de protection civile au Canada se généralise. Cela est dû en partie aux efforts du Bureau d'assurance du Canada et à Protection civile Canada depuis un an en vue de mettre au point une politique nationale d'atténuation. C'est l'un des éléments essentiels qui est ressorti du travail de l'année écoulée.

Nous croyons que nous pouvons jouer un rôle particulier en aidant les gouvernements et l'industrie à essayer de créer cette culture au Canada selon les modalités suivantes.

Premièrement, éduquer le public pour que chacun se prépare. Nous croyons que donner aux Canadiens l'information essentielle nécessaire pour qu'ils se préparent, eux et leur famille, est indispensable pour qu'ils puissent s'entraider en cas de catastrophe.

Deuxièmement, nous croyons que l'information de base devrait être prévue pour l'avenir dans le cadre de notre système scolaire. D'après les renseignements que nous avons, si on donnait cette information aux enfants d'âge scolaire, cela contribuerait de façon notoire à leur donner une certaine culture à la longue pour que tous les Canadiens comprennent en définitive ce qu'ils doivent faire, quels sont les risques dans leur collectivité, et de quelle façon ils peuvent s'entraider en cas de catastrophe.

Il y a enfin l'idée de la planification des catastrophes. M. Mulvihill vous a donné quelques statistiques alarmantes, à savoir que 50 p. 100 de nos collectivités disposent actuellement d'un plan local de protection civile. Nous ne pensons pas que ce soit suffisant. Il faut faire davantage pour que la planification et la formation concernant les catastrophes soient généralisées au Canada. Nous ne voulons pas attendre qu'un événement catastrophique important se produise pour qu'on prévoit un tel plan.

Nous ne prétendons pas pouvoir le faire unilatéralement. L'un des thèmes qui est ressorti des discussions que nous avons eues cette dernière année sur la politique d'atténuation des sinistres est l'idée de travailler ensemble au sein d'une équipe multidisciplinaire. C'est un problème très complexe. Il faut pour cela beaucoup de ressources. L'une des choses les plus encourageantes qui soit ressortie de ces discussions est que le secteur privé s'est impliqué aux côtés du secteur bénévole et des gouvernements pour que l'on mette au point ensemble cette politique. C'est seulement en travaillant ensemble que nous pensons pouvoir réaliser ce genre de choses. Nous devons faire en sorte que les rôles soient clairement définis, que chacun sache quel est son rôle au sein de l'équipe. Nous encourageons ces divers groupes à assumer certaines parties de ce rôle.

Il ne faut pas nous leurrer. Il y a encore beaucoup à faire pour que la protection civile signifie quelque chose au niveau des individus. Nous ne croyons pas qu'une telle culture soit encore de mise au Canada. On peut choisir quelques collectivités qui ont de bonnes mesures de protection civile; ce sont celles qui ont vécu des catastrophes importantes. Si vous parlez aux habitants du sud du Manitoba qui ont vécu l'inondation, ils savent ce que veut dire protéger leur maison contre les inondations. Ils savent les souffrances qu'une telle catastrophe entraîne. Il en va de même pour les gens du Saguenay ou ceux qui ont souffert de la tempête de verglas dans l'est de l'Ontario. Ils savent ce que veut dire la préparation personnelle, mais ils n'avaient pas l'information essentielle nécessaire avant que la catastrophe ne frappe. La plupart des gens n'y pensaient pas. Il nous faut faire en sorte que les gens aient l'information essentielle à l'avance, qu'elle soit présentée de façon à rendre les mesures demandées possibles et abordables sur le plan financier, et de façon à ce qu'ils puissent utiliser cette information pour changer les choses concernant leur capacité de survivre et de s'entraider.

Nous avons aussi constaté que la population comptait en général pour ses besoins essentiels sur les organismes de secours et les gouvernements. Les gens ont en effet souffert pendant la tempête de verglas. Des milliers de personnes ont été touchées; des centaines de milliers ont dû quitter leur foyer. La situation a été semblable pour ceux qui ont vécu les autres catastrophes dont nous avons parlé. S'ils avaient été davantage préparés, s'ils avaient eu la capacité personnelle d'intervenir, leurs souffrances auraient été nettement réduites. Nous voulons que la population possède cette information essentielle.

Du fait des catastrophes récentes, la population demande cette information. Selon des sondages réalisés au cours des deux dernières années, la population est davantage sensibilisée et elle est motivée à recevoir cette information pour l'utiliser à bon escient.

La préparation personnelle est un autre terme pour le marketing social. Autrement dit, nous essayons de changer le comportement des citoyens individuellement en les sensibilisant davantage et en leur fournissant l'éducation voulue pour qu'ils puissent prendre des mesures préventives qui feront changer leur comportement de façon à ce qu'ils soient davantage prêts à réagir à une catastrophe. Il n'y a rien là de très scientifique; c'est simplement une information de base que tout le monde peut comprendre. Il s'agit de fournir les systèmes de soutien et les outils voulus pour que tout le monde puisse en disposer.

Lorsqu'on parle d'un plan de marketing social ou lorsqu'on parle de concentrer ses énergies, on veut attirer l'attention sur le fait qu'il y a des populations qui sont plus vulnérables que d'autres. Si nous voulons vraiment faire la différence, nous devons diriger nos ressources vers ceux qui sont les plus vulnérables -- ceux qui figuraient notamment sur la diapositive, les personnes âgées, les enfants, les personnes à faible revenu, les nouveaux immigrants qui ne comprennent pas comment fonctionne le système social ou les individus qui sont à proximité des risques. Nous devons être sensibles aux besoins de ces personnes. Nous devons aider ceux qui sont les plus vulnérables et faire en sorte qu'ils soient les premiers à recevoir l'aide.

Nous pensons que les plans d'atténuation des problèmes pour l'an 2000 constituent un bon exemple de planification et de modification du comportement des gens. Depuis 18 mois, nous avons été inondés par une quantité phénoménale d'information concernant le problème de l'an 2000. Industrie Canada nous a envoyé des brochures. De nombreux journalistes ont fait des articles détaillés sur le sujet. Il n'y a guère de Canadiens qui ne comprennent pas ce que signifie le problème de l'an 2000 et les préparations pour l'an 2000. Certains estiment sans doute qu'il y a pour eux un besoin plus urgent de régler le problème, mais on a vraiment sensibilisé la population d'une façon que peu d'autres plans de préparation à une catastrophe pourraient reproduire pour atteindre un public aussi large.

Nous avons donc fait certaines choses à cet égard. Nous utilisons cet exemple pour vous montrer comment nous pourrions prévoir un plan semblable pour faire face aux autres types de catastrophes. Nous avons produit une série de messages importants en collaboration avec les gouvernements fédéral et provinciaux. Nous voulions être sûrs que les principaux messages soient cohérents. C'est tout à fait indispensable dans tout plan de marketing social. Il est impensable que les gouvernements fédéral et provinciaux disent une chose, la Croix-Rouge une autre et que les médias racontent encore autre chose. Il faut nous regrouper pour offrir au public une information uniforme qui lui soit utile.

Nous avons aussi des renseignements sur notre site Web auquel on peut avoir recours à peu de frais. Nous avons distribué de l'information à nos partenaires publics et privés. Nous avons aussi fait une série d'exercices pour vérifier notre capacité. On pourrait certainement faire encore bien davantage. Mais c'est un bon exemple de la protection civile en marche. On pourrait reproduire ce modèle pour les prochaines catastrophes.

Pour ce qui est des partenariats et du fait de ne pas agir seul, nous souhaitons insister sur l'importance de participer à égalité. La brochure «Se préparer, non s'inquiéter» en est un exemple. En collaboration avec Protection civile Canada, La Baie, Zellers, et les magazines Homemaker's et Madame au Foyer, nous avons pu produire 1,2 million d'exemplaires qui ont été distribués ce printemps dans tout le pays. Cette brochure représente le type de documents essentiels de sensibilisation et d'éducation que doivent à notre avis posséder tous les Canadiens. Il ne faut pas la garder en réserve. Il faut qu'elle circule. Nous recevons des centaines d'appels chaque semaine de la part de Canadiens qui veulent en recevoir davantage d'exemplaires.

Nous voudrions approfondir un peu la façon dont ce mandat pourrait être élargi. On a fait beaucoup de travail dans les domaines de la planification des catastrophes et des secours. Mais en ce qui concerne la préparation aux catastrophes et l'atténuation des catastrophes, nous ne faisons que commencer. Nous pourrions faire bien davantage. C'est la façon la plus rentable de faire face à ce genre de cataclysmes.

Les médias sont importants pour toute sensibilisation plus grande du public à l'avenir. Chaque fois que nous sommes intervenus pour une catastrophe importante, les médias ont été tout à fait essentiels pour divulguer l'information concernant les mesures de protection civile, pour en parler et raconter ce qui se passait. Malheureusement, on ne fait pas autant avant une catastrophe. Nous aimerions trouver un moyen d'accroître ce partenariat entre les médias, les planificateurs des catastrophes et les organisations comme la nôtre pour être sûrs que le public avide d'apprendre reçoit l'information à temps de la part d'une source crédible. Si les médias peuvent contribuer à cela, nous ne nous en porterons tous que mieux.

Le public veut être informé par la télévision aux heures de grande écoute. À la conférence nationale sur l'atténuation des catastrophes de décembre dernier, on a constaté que le public souhaitait recevoir de l'information sur la préparation aux catastrophes de deux façons, d'une part par la télévision et d'autre part par le système scolaire.

Notre diapositive suivante parle d'investir dans les Canadiens qui sont en mesure d'influer sur le changement. Je ne sais si vous avez eu l'occasion d'examiner les documents de référence, mais ce que je vous montre est un exemple de ceux que l'on a produit après les inondations. Ils ont été mis au point pour trois années de scolarité différentes dans la province de Québec et ont ensuite été distribués. Il y est non seulement question des répercussions affectives et psychologiques qui ont été ressenties après la catastrophe, mais également de plusieurs séries de mesures qui permettent de rassurer sur la capacité de réagir face à une nouvelle catastrophe sans être effrayé. Ces documents contiennent l'information voulue. Ils commencent par la sensibilisation et la sensibilisation aux risques, et passent ensuite à des plans au niveau des écoles et à d'autres niveaux. C'est de ce genre de choses que nous parlons lorsque nous disons que nous en avons besoin dans les écoles.

Il est intéressant de noter que cette information a été intégrée dans le programme scolaire. Ainsi, dans chaque plan de leçon, on mentionne l'histoire, la géographie ou un autre sujet au programme que l'on étudie à ce moment-là. Donc cela ne veut pas dire qu'il faille prévoir un tout nouveau cours. On peut facilement l'intégrer de façon très rentable.

Sur l'aspect protection civile, il y a du travail à faire, notamment au chapitre des services et de la formation normalisés. Dans l'ensemble du pays, les gouvernements fédéral et provinciaux collaborent effectivement pour les normes et la formation du domaine de la protection civile. Mais il y a de nombreuses sphères de compétence et chacune voit les choses à sa façon. Si nous prenons les 10 provinces et les trois territoires, ainsi que les milliers de municipalités que nous avons, si l'on veut prévoir et offrir ces services de diverses façons, il devient de plus en plus difficile de mettre en commun les ressources, le savoir-faire et les programmes de formation. Il doit y avoir un juste milieu entre la normalisation de la formation et la capacité de réagir à des besoins proprement locaux.

Le projet de la sphère a été mis au point avec le comité international de la Croix-Rouge. Il contient des normes et des lignes directrices pour l'organisation des secours en cas de catastrophes à l'échelle de la planète. Ce projet a été en partie financé par le gouvernement fédéral et l'ACDI y a contribué. Nous sommes en train de nous occuper de la formation au Canada et nous cherchons des moyens d'utiliser ce projet pour établir des normes et des programmes de formation pour tout le Canada. Cela se fait de concert avec les administrations locales et les gouvernements fédéral et provinciaux.

Le sénateur Bolduc: Ce projet existe-t-il dans les deux langues?

M. Shropshire: Oui. Il est également disponible en espagnol à l'intention de nos délégués qui s'occupent du commerce multilatéral.

Nous devons faire en sorte que le programme de formation ne s'occupe pas uniquement de la formation du gouvernement. On fait énormément de travail pour la stratégie nationale de formation, mais jusqu'ici l'industrie et le secteur bénévole n'y ont pas participé. Il y a un grand nombre d'expériences dont nous devons pouvoir tirer profit pour maximiser notre capacité de formation. Il est possible de le faire de façon rentable.

M. Mulvihill a parlé de développer la capacité locale. Nous allons vous donner quelques exemples. Au sujet de l'inquiétude que nous avons exprimée devant le fait que 50 p. 100 des collectivités n'ont pas de plan de protection civile, on pourrait le faire au niveau des écoles en adoptant un modèle américain. L'agence fédérale américaine de gestion des situations d'urgence et la Croix-Rouge américaine ont collaboré pour cofinancer les planificateurs de la protection civile qui oeuvrent dans chaque collectivité pour mettre au point ces plans et procéder à des exercices de mise en oeuvre. Il y a des possibilités de mettre en commun nos ressources même si elles sont limitées. Nous ne voulons pas laisser entendre que tout le monde a des ressources financières illimitées. Mais l'exemple que je vous ai donné montre clairement comment, aux États-Unis, on a pu partager les frais de la planification essentielle des catastrophes et de la protection civile au niveau communautaire.

La Croix-Rouge américaine a également mis au point une série de manuels grâce auxquels ses bureaux locaux peuvent travailler avec l'administration locale pour mettre au point un plan en vue de satisfaire les besoins en matière de réduction des catastrophes au niveau local. Il y a des façons rentables de regrouper les bénévoles de la collectivité pour la planification et la préparation relatives aux catastrophes. Le manuel que j'ai ici en est une illustration. Il coûte relativement peu cher. Il s'agirait de photocopier une cinquantaine de pages. J'aimerais qu'on remette un exemplaire à toutes les collectivités qui n'ont pas encore de plan.

La vidéocassette sur les catastrophes vous a aussi montré la nécessité de cibler les sommes destinées aux secours en demandant également à ce secteur de s'occuper de réduire les possibilités de vulnérabilité à l'avenir. Nous envisageons notamment de prévoir des budgets spécialement pour les secours. Dans le secteur privé aussi bien que dans le secteur public, les gens sont prêts à donner immédiatement de l'argent à la suite d'une catastrophe, mais essayer d'en extorquer alors que les budgets sont très serrés entre des catastrophes importantes est vraiment difficile. L'idée d'affecter une partie de ce financement qui est normalement prévu pour les secours à des projets d'atténuation des catastrophes et de préparation à long terme ferait sans doute bien davantage pour réduire les souffrances et les pertes de vies humaines.

Nous avons deux recommandations essentielles et quelques sous-recommandations. Nous recommandons d'affecter une partie de ces sommes aux secteurs suivants: la préparation personnelle et il s'agirait alors, par exemple, d'envoyer une brochure comme celle que j'ai dans les mains à tous les Canadiens. Si nous pouvons obtenir les ressources nécessaires pour fournir 1,25 million d'exemplaires en deux mois, imaginer ce que nous pourrions faire avec un réseau plus important ou si nous amenions d'autres partenaires à la table! Ce n'est pas trop demander que de vouloir que cette information soit entre les mains de tous les Canadiens.

Deuxièmement créer des normes et prévoir une formation. Il s'agit de poursuivre le travail qui a déjà été commencé par les gouvernements fédéral et provinciaux pour faire en sorte qu'il y ait des plans nationaux pour l'instauration de normes et les programmes de formation. Cela veut aussi dire qu'il faut faire en sorte que toutes les collectivités du Canada aient un plan de protection civile et que l'on procède à des exercices réguliers.

Nous savons que les provinces sont avant tout responsables des programmes d'éducation. Mais une recommandation de la part de votre comité pour que l'on prévoit un cours dont pourraient profiter tous les Canadiens, un peu comme ce qui existe dans la province de Québec et au Saguenay, serait un bon début pour s'assurer que tout le monde dispose bien de l'information nécessaire.

Nous avons mentionné à plusieurs reprises l'aspect humain. Il s'agit de regrouper ces fondations pour que l'on arrive en définitive à réduire les souffrances et les pertes de vies humaines. Ce sont les principaux éléments que nous essayons de vous proposer aujourd'hui sous forme de recommandation.

Nous pensons qu'en assumant ces tâches et en les mettant en oeuvre, nous pourrons changer les choses pour tout le monde.

Nous serons heureux de répondre à vos éventuelles questions.

Le président: Qu'est-ce qui vous a convaincu à ce point-là de la réalité du réchauffement de la planète? Il y en a qui prétendent le contraire, que ce qui se passe n'est qu'un cycle climatique, qu'il dure 17 ou 40 ans.

Avez-vous des données ou des renseignements qui vous ont aidé à conclure que ce que nous vivons actuellement n'est effectivement pas un cycle climatique?

M. Shropshire: L'information que nous avons reçue et que nous vous transmettons est venue en fait de deux sources essentiellement. D'une part du comité international de la Croix-Rouge. Le compte rendu des catastrophes dans le monde s'appuie sur de très nombreux documents et références sur le sujet. Je vous renvoie à ces références.

En plus de cela, nous avons participé depuis un an à l'élaboration de la politique nationale d'atténuation des catastrophes et Environnement Canada a parlé en termes clairs de la question des schémas de l'évolution climatique.

Qu'il s'agisse d'une aberration ou d'un changement climatique qui a lieu tous les 10 000 ou 100 000 ans, ou que ce soit l'effet de la pollution sur l'environnement, je n'oserais le dire.

Mais nous savons pour sûr que c'est le siècle le plus chaud que nous ayons connu depuis que ces données sont documentées et que ce sont les 10 années les plus chaudes d'après les données que nous avons reçues. Nous avons aussi constaté la gravité croissante des catastrophes, que cela soit dû à El Ni<#00F1>o ou au réchauffement de la planète. D'après les statistiques que nous possédons, de 500 000 à 5,5 millions de personnes sont touchées par des inondations. Pour chaque type de catastrophe, à l'exception des tremblements de terre, la gravité va croissante, de même que la fréquence des catastrophes dans le monde.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Vous excuserez mon anglais et mon français parce qu'aucune de ces langues n'est ma langue maternelle. J'espère que vous allez me comprendre.

Je vous remercie beaucoup d'être ici parmi nous aujourd'hui et d'avoir apporté de la documentation. Je l'ai feuilletée et je constate votre préoccupation quant à l'éducation de la population. Vous avez parlé de personnes à risque et de personnes vulnérables; vous avez parlé des enfants et vous avez parlé de la population dans le contexte social, mais ce que je n'ai pas relevé dans votre présentation est le fait qu'il n'y a pas de vraie préoccupation de la Croix-Rouge envers les personnes âgées et les communautés culturelles en particulier.

J'ai vécu la tempête de verglas à Montréal. Lors de ces événement, en tant que fondatrice et présidente de centres multi-culturels qui regroupent 12,000 membres sur l'île de Montréal, nous étions, tous mes bénévoles et moi même, au téléphone pour essayer de trouver des interprètes, nous devions courir à gauche et à droite parce qu'il n'y avait personne de la Croix-Rouge ou des forces armées qui parlait aucune des langues des communautés culturelles. Il s'agissait de personnes qui étaient terrorisées à cause de la situation. Le problème ne se situe pas seulement au niveau de la langue; il y a la culture aussi.

Nous savons que dans l'ouest de Montréal un couple d'arabes ne sont pas sortis, à l'incitation des soldats de sortir de la maison. Ils se sont renfermés encore plus dans une armoire et ils sont morts asphyxiés, parce que pour eux, l'uniforme est une menace dans leur pays d'origine.

Il y a tellement de personnes provenant de différentes communautés culturelles à Montréal, à Québec et d'autres régions. Je dois vous dire que je fais partie du comité de Parents-secours. C'est dans un environnement d'école et où des parents bénévoles devenaient au besoin les parents d'un enfant quand les vrais parents de l'enfant n'étaient pas là. On appelait cela Parents-secours.

Alors, pourquoi ne pas avoir des groupes comme ceux-là, qui sont volontaires? Les gens vont s'y prêter et vous pourriez faire leur formation. Vous pourriez ainsi rejoindre toute la population, parce que chaque personne dans son petit coin de la rue connaît les autres. S'il arrive quelque chose, et que la personne est formée, elle ira à la rencontre des autres. S'il y a un groupe de chinois, comment pouvons-nous les rejoindre? Si vous avez un comité de voisins et que vous rejoignez les responsables et vous avez tout de suite une communication avec la population. Vous avez mentionnée que de plus en plus la population vieillit. Nous avons de plus en plus d'immigrants ici et nous avons beaucoup de problèmes avec ces gens.

Votre présentation se fait en français et en anglais, mais où pourra-t-on trouver des fonds pour les différents centres communautaires pour qu'ils puissent traduire vos efforts publicitaires dans la langue des communautés, ou encore, faire un autre effort et en faire la traduction dans les trois autres langues minoritaires les plus importantes au Canada.

Je crois que ce serait de la prévention; que cela sauverait des vies et que éviterait beaucoup de souffrance. Il y en a déjà assez de souffrance au Canada et à travers le monde.

Vous avez mentionné 9 000 bénévoles. Comment allez-vous donner une formation à ces bénévoles? De quel programme prenez-vous les sommes nécessaires pour cette formation?

Quand on est bénévole pour la Croix-Rouge on peut l'être pour cinq, 10 ou 15 ans, mais qu'est-ce que cela leur rapporte en bénéfice économique, outre le revenu de sécurité de la vieillesse?

Monique Bégin m'a dit un jour, «Bénévole un jour, bénévole toujours». À un certain moment aujourd'hui, les bénévoles coûte de l'argent, nous devons débourser pour leur formation, leurs dépenses, leur transport, et cetera. D'où proviennent les fonds de la Croix-Rouge pour former et doter les bénévoles de tous les outils nécessaires pour faire face à ces situations?

[Traduction]

M. Mulvihill: Pour répondre à votre inquiétude concernant les groupes vulnérables, vous avez dit que vous n'aviez pas constaté de notre part un intérêt particulier pour des groupes comme les personnes âgées et les néo-Canadiens. En fait, nous les mentionnons précisément et nous nous en occupons lorsque c'est possible et lorsque nous avons les ressources voulues. Notre financement et nos ressources ne sont pas illimités. Je serais le premier à l'admettre tout comme M. Laroche pourrait être le premier à vous le prouver.

Nous créons de nouvelles associations, de nouvelles relations pour nous occuper de ces secteurs particuliers. Dans les agglomérations comme Toronto, Vancouver et Montréal, vous avez constaté que nos documents sont dans les deux langues officielles du Canada. Dans ces collectivités, nous travaillons avec différents groupes pour les produire dans d'autres langues également. Une partie de notre matériel pédagogique, par exemple, est maintenant en mandarin et en cantonais. Nous essayons donc de faire davantage dans ce domaine.

Nous essayons aussi d'obtenir auprès de la population canadienne de plus en plus de bénévoles. Et nous y réussissons fort bien. Par exemple, dans l'un de nos programmes de l'Ouest du Canada, nous pouvons donner notre formation dans rien moins que 27 langues parce que nous avons recruté des bénévoles dans les différentes communautés pour qu'ils suivent notre formation pour pouvoir la transmettre ensuite dans toutes sortes de langues. Mais il ne s'agit pas là de protection civile. Il s'agit dans ce cas de services de prévention des mauvais traitements et c'est là-dessus que portait l'annonce récente faite à Radio-Canada du don que Sheldon Kennedy a fait de l'argent de sa fondation à la Croix-Rouge. C'est là un exemple de l'une des choses que nous faisons.

La question de savoir où nous étions pendant la tempête de verglas à Montréal, puisque c'est la région qui nous intéresse particulièrement, et l'exemple affreux que vous avez donné des personnes qui ont gelé parce qu'elles ne comprenaient pas, c'est ce qui fait précisément que nous recommandons une méthode beaucoup plus généralisée et beaucoup plus précise pour permettre à tous les Canadiens, nouveaux venus, jeunes et âgés, de profiter de la formation en protection civile. La Croix-Rouge, avec ses maigres ressources, est limitée dans ses actions.

C'est pourquoi nous demandons à jouer un rôle plus important, un rôle qui serait financé par les gouvernements fédéral et provinciaux, afin d'utiliser notre réseau très important, que nous avons la chance d'avoir, pour faire un meilleur travail encore.

Nos bénévoles sont une véritable bénédiction au Canada. C'est du moins ce que je crois. Ceux qui viennent trouver la Croix-Rouge, qui se portent volontaires au moment d'une catastrophe, ne travaillent pas nécessairement avec nous tout au long de l'année. Par exemple, dans le Canada atlantique actuellement, il y a 1 600 tout nouveaux bénévoles qui se sont présentés à la Croix-Rouge parce que nous avons demandé de l'aide pour accueillir les Kosovars. C'est ce qui fait l'incroyable intérêt de la Croix-Rouge puisqu'elle peut demander à la population de venir aider ceux qui sont dans le besoin dans un contexte neutre et humain.

Nous avons une méthode de sélection très stricte pour nous assurer que les bénévoles comprennent bien les principes et le code d'éthique qui régissent le fonctionnement de la Croix-Rouge. Nous avons des attentes élevées lorsque les gens se portent bénévoles pour travailler avec la Croix-Rouge. Nous prenons en compte le temps que les personnes peuvent nous accorder et nous essayons de voir quel est leur principal domaine d'intérêt. Nous essayons de faire correspondre cet intérêt avec nos besoins particuliers pour que le travail se fasse. Et nous y réussissons fort bien.

Nous traitons particulièrement bien nos bénévoles. Nous ne les payons pas, mais nous leur offrons le déjeuner, comme vous l'avez indiqué. Nous les indemnisons aussi en fonction du nombre de kilomètres qu'ils doivent parcourir pour venir à l'endroit où nous sommes.

Ce qui est extraordinaire avec le volontariat au Canada, comme vous le savez fort bien, monsieur le sénateur, puisque vous êtes le président de l'association, c'est que nous ne sommes pas payés pour cela. Nous le faisons par bonté d'âme. Nous avons la chance au Canada d'avoir des citoyens dont l'attitude extraordinaire est de se porter volontaires. Nous croyons qu'en offrant à ces personnes une formation de qualité, elles sont emballées parce qu'elles voient concrètement ce que leurs efforts pour aider d'autres Canadiens donnent.

Le sénateur Fraser: J'ai constaté que votre vidéocassette ne parlait pas de la tempête de verglas. Cela veut-il dire qu'elle n'a pas été considérée comme une catastrophe mondiale? Je ne veux pas paraître facétieux en posant cette question, mais si les choses s'aggravent, je crois qu'il faudrait envisager de mettre les Canadiens en garde et leur dire qu'ils n'ont encore rien vu. À moins que cet oubli ne soit un pur effet du hasard?

M. Shropshire: C'est un peu des deux en fait. Cela a été un événement important si l'on tient compte du nombre de personnes touchées, mais pas vraiment lorsqu'on le compare à d'autres catastrophes qui entraînent des souffrances et des pertes de vies humaines. Et sa durée a été relativement courte.

J'espère que ce que vous avez dit n'est pas prophétique, mais je le crains.

Le sénateur Fraser: Lorsque vous éduquez le public en matière de protection civile, avez-vous pu constater dans quel domaine le public pêche le plus par ignorance?

M. Shropshire: Les gens ne croient pas que cela va arriver dans leur localité et c'est à cet égard qu'il y a le plus grand besoin d'éducation. Cela veut dire qu'on n'est pas conscient de la chose. Lorsque les gens croient qu'une catastrophe peut frapper leur localité, ils vont pour la plupart prendre les mesures de base nécessaires pour se préparer, eux et la famille. Avant de connaître la tempête de verglas ou l'inondation du Manitoba, on ne croit pas que cela peut arriver. Les Canadiens ont la chance de ne pas voir les catastrophes se répéter au même endroit, à l'exception de certaines de nos plaines inondables.

Le sénateur Fraser: La plupart des mesures que nous recommandons qui semblent toutes éminemment logiques, relèvent essentiellement de la compétence provinciale. Nous sommes une fédération et nous savons combien les provinces gardent jalousement leurs domaines de compétence. Quelles seraient, à votre avis, les responsabilités premières ou les occasions principales pour le gouvernement fédéral dans ce domaine, indépendamment de donner de l'argent?

M. Mulvihill: L'arrangement entre le gouvernement fédéral qui intervient en cas de catastrophe et les provinces pourrait servir à créer certains encouragements. C'est dans ce domaine qu'il nous semble que l'on devrait affecter un certain pourcentage du financement qui est traditionnellement versé par le gouvernement fédéral aux provinces au titre de l'aide. Nous recommandons un programme d'encouragement ou de mettre de côté un pourcentage de cette somme annualisé pour l'éducation en matière de protection civile et l'atténuation des catastrophes.

[Français]

M. Laroche: Vous avez mentionné la principale faiblesse, si vous voulez, la question du leadership. Il va falloir qu'il y ait un leadership quelque part. On ne peut pas compter sur les individus; cela va prendre un leadership. Présentement les ressources sont dispersées parce que cela dépend de toutes les municipalités. Peut-être que l'on pourrait avoir des incitatifs comme on l'a suggéré.

Le sénateur Ferretti Barth: Vous avez parlé de l'Ouest du Canada, si j'ai bien compris, où la traduction a été faite en vingt langues. Mais le Québec, où est-ce que vous l'avez mis? Qu'est-ce qu'il y a au Québec? Qu'est-ce que vous faites pour le Québec? Le Québec est la province où il y a le plus d'immigrants de toutes les parties du monde. Si vous vous promenez dans les rues de Montréal vous vous demandez où sont les francophones; où sont les Québécois?

Alors qu'est-ce que vous avez fait pour le Québec? La Croix-Rouge, qu'est-ce qu'elle fait pour les communautés culturelles? Ce sont quand même des individus qui en cas de désastre seraient dans des souffrances énormes.

M. Laroche: M. Mulvihill a essayé d'expliquer tantôt que quand on parle de réponse à un sinistre, et vous avez utilisé l'exemple du verglas, la Croix-Rouge était dans la même situation que les gouvernements et les autres associations. L'argent que la Croix-Rouge recueille pour les sinistres vient du public. Cet argent nous est donné pour répondre à un sinistre et non pas pour s'y préparer.

Le sénateur Ferretti Barth: C'est une erreur, d'après moi. La Croix-Rouge d'aujourd'hui doit faire plus que de se préparer. Elle doit commencer à penser et à se préparer avant qu'un sinistre arrive. En anglais on dit: «Plan for the worst, hope for the best.»

M. Laroche: Évidemment, je suis tout à fait d'accord. C'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui. Nous pensons que nous avons un rôle très important à jouer en terme de préparation. Par contre, je vous dis que l'argent que nous recevons des donateurs nous vient la plupart du temps en réponse à des sinistres qui sont déjà arrivés.

Alors nous, comme organisme qui dépendons des fonds publics, avons très peu d'argent alloué à la préparation. Nous avons distribué de la documentation qui démontre ce que nous avons fait. Nous vous disons aujourd'hui que nous avons besoin de moyens plus considérables, soit de la part du public, soit de la part des instances gouvernementales, pour jouer ce rôle qui est très important.

Le sénateur Ferretti Barth: Vous avez eu la donation de M. Kennedy, n'est-ce pas?

M. Laroche: Ce don a été donné spécifiquement pour la prévention des abus. Ce n'est pas pour les sinistres. Ce sera de l'argent donné en fiducie, et pour chaque fiducie, nous établissons un budget, un projet, un plan, et nous dépensons l'argent selon les voeux des donateurs.

Le sénateur Ferretti Barth: Essayez de me comprendre. Admettons que vous n'avez plus d'argent, et que vous avez cet argent et nous avons une catastrophe. Vous avez l'argent de ces gens, et vous allez laisser mourir les gens victimes d'une catastrophe, car vous ne pouvez pas retirer ces fonds?

M. Laroche: Cet argent nous est donné par des gens, en fiducie, et nous avons un devoir de fiduciaire. On peut toujours demander à M. Kennedy la permission pour retirer ces fonds et les utiliser pour le sinistre.

Le sénateur Ferretti Barth: Voilà. C'est cela que je voulais que vous me disiez.

M. Laroche: Nous le faisons, évidemment.

Le sénateur Ferretti Barth: Je serais même prête à vous aider à écrire la lettre.

M. Laroche: Alors, on va faire appel à vos services.

[Traduction]

Le sénateur Cook: Vos recommandations sont très pratiques et réalisables. Mais vous avez parlé du processus d'atténuation des catastrophes pour ceux qui sont vulnérables. À Terre-Neuve, les personnes âgées, les enfants et les immigrants n'ont pas accès aux sites Web, par exemple. Je voulais simplement le préciser.

Ma question est la suivante: à qui pensez-vous lorsque vous envisagez la création et la mise en oeuvre d'un tel plan? Qui sont à votre avis les parties prenantes?

M. Shropshire: Pour le plan communautaire local ou le plan de protection civile, on peut définir la collectivité comme la localité. Je suis allé dans les localités de la côte de Terre-Neuve et du centre de la province ainsi qu'à St. John's pour donner ce genre de formation. Les parties prenantes sont les personnes qui habitent dans la localité. Ce pourrait aussi être les groupes de nouveaux immigrants, comme notre collègue l'a indiqué.

Le sénateur Cook: Je pensais à un plan de protection civile au sens plus large avec une participation des gouvernements fédéral et provinciaux, des bénévoles et des municipalités. Dans un tel cas, qui sont à votre avis les parties prenantes?

M. Shropshire: Le principal intéressé devient la localité, et les provinces et les autres organisations nationales ou fédérales offrent les ressources et le savoir-faire nécessaires. Les collectivités elles-mêmes, dans la mesure où elles en ont la capacité, ont la responsabilité de mettre au point et d'administrer ce plan. Ce n'est qu'en dernier recours que l'on devrait essayer de changer cela.

Le sénateur Cook: Vous n'interviendriez donc pas pour prendre les choses en main?

M. Shropshire: Nous avons constaté que cela n'avait pas l'effet voulu. Nous avons fourni des ressources, mais nous avons vu que cela ne donnait pas les résultats escomptés.

Le président: Merci beaucoup. Ce fut un excellent exposé. Même si les questions n'ont pas été nombreuses, l'exposé a été très instructif et détaillé.

Chers collègues, tandis que nous attendons que le groupe suivant de témoins s'avance, je vous signale que le greffier nous a remis une liste de futurs témoins possibles. Notre comité tiendra d'autres audiences début septembre. Je vous demanderais donc d'examiner cette liste et de faire savoir au greffier quels groupes nous devrions convoquer, à votre avis.

M. George D. Anderson, président-directeur général, Bureau d'assurance du Canada: Je suis le président-directeur général du Bureau d'assurance du Canada et j'ai à mes côtés M. Grant Kelly et M. Mark Yakabuski.

Nous sommes venus vous parler aujourd'hui de protection civile et d'atténuation des catastrophes. Certains d'entre vous connaissent peut-être l'histoire du Bureau d'assurance du Canada. Nous représentons les agents qui assurent les maisons, les voitures et les entreprises du Canada. Il y a plus de 200 compagnies dans notre pays qui se disputent le marché. Le Bureau d'assurance du Canada représente près de 90 p. 100 des primes payées pour les assurances des biens et les assurances contre les risques divers.

L'année dernière, nous avons remboursé près de 13 milliards de dollars aux citoyens canadiens pour la réparation de leurs maisons et de leurs véhicules, le remplacement des objets volés et la réadaptation des victimes d'accidents assurées. Cela comprend environ 1,5 milliard de dollars remboursés aux victimes de la tempête de verglas de 1998. En fait, trois des quatre catastrophes naturelles les plus coûteuses du Canada se sont produites depuis 1996. Elles ont déjà été mentionnées aujourd'hui; il s'agit de l'inondation du Saguenay de 1996, de l'inondation de la rivière Rouge et de la tempête de verglas de 1998. Les autres témoins ont eu raison de dire que la tempête de verglas, à l'échelle mondiale, n'était pas importante à certains égards. Si l'on tient compte des répercussions sur notre économie, en pourcentage, elles sont minimes par rapport aux répercussions qu'ont eues Kobe et le cyclone Andrew sur les économies japonaises et américaines respectivement. Mais cette tempête était énorme à une certaine échelle et relativement parlant.

Nous pouvons conclure que notre système d'intervention et de reconstruction fonctionne relativement bien dans notre pays. Il y a plusieurs choses dont nous pouvons être fiers. Ce n'est pas qu'il n'y ait pas place pour l'amélioration, mais nous faisons un assez bon travail. Ces systèmes et leur amélioration vont devenir encore plus important à l'avenir parce qu'il est prouvé que la fréquence et la gravité de ces catastrophes vont augmenter dans le monde entier. Notre climat change. Les phénomènes météorologiques sont plus graves. Les scientifiques peuvent discuter des raisons -- et vous en avez dit quelques mots plus tôt -- il ne fait aucun doute que, qu'il s'agisse d'un schéma cyclique ou d'un changement structurel dû au réchauffement de la planète, nous sommes à une époque où la météorologie cause davantage de problèmes aux populations. Ce n'est pas un schéma qui va changer du jour au lendemain. Cela va durer un certain temps. Il est important que nous nous inquiétions des catastrophes naturelles.

Si on prend en compte l'urbanisation grandissante du Canada, le regroupement des personnes, dans notre pays ces regroupements se font dans des endroits très sensibles. Si les géologues avaient pu décider où allaient s'installer les gens dans notre pays, il n'y aurait personne à Montréal, à Vancouver ni à Winnipeg et pourtant ces villes existent. Les gens se regroupent.

Notre infrastructure est vieillissante et dans de nombreux cas insuffisante. Bien sûr, le coût des biens et des services augmente tout le temps dans notre pays, et cela a pour résultat des catastrophes naturelles qui coûtent très cher et ont des conséquences désastreuses. Les gouvernements fédéral et provinciaux, et le secteur des assurances sont parmi les meilleurs du monde pour ce qui est de remettre les gens sur pied. C'est un fait avéré. Les Canadiens ne regardent pas à la dépense pour garantir la sécurité des victimes et de leurs biens immédiatement après une crise; et cela a encore une fois été bien démontré. La Croix-Rouge vous a donné les chiffres -- 9 000 volontaires dans ces régions; 67 millions de dollars recueillis. Nous aidons nos voisins. C'est sans aucun doute la manière d'être canadienne et une tradition canadienne.

Au bureau, nous disons qu'il nous faut avoir une approche plus préventive et ne pas se contenter d'être efficace lorsqu'il s'agit de réparer les dégâts une fois qu'une catastrophe a frappé une communauté. Nous ne pouvons pas dompter la nature, mais il y a des moyens de réduire l'effet de son déchaînement. Améliorer notre capacité de gérer notre vulnérabilité face aux conditions météorologiques difficiles et aux tremblements de terre est vraiment dans l'intérêt national. Nous devons insister davantage sur la prévention et l'atténuation. Cette approche a donné de très bons résultats dans le passé.

Le comité a écouté les témoignages concernant l'ouvrage de protection contre les crues de Winnipeg. Ce canal de dérivation a été construit dans les années 60 et on s'en moquait beaucoup à l'époque; on doutait fort qu'il puisse jamais être efficace. On disait à l'époque que si on dépensait de l'argent à ce moment-là pour le construire le rendement serait de deux pour un. Autrement dit, on économiserait deux fois plus d'argent en mettant en oeuvre ce projet. La population en a douté. En 1997, les scientifiques nous disent que lorsque cette grande masse d'eau a frappé Winnipeg, 59 000 pieds cubiques par seconde ont été dérivés autour de la ville. C'est une quantité d'eau à peu près inimaginable que l'on a détournée de la population et des biens, ce qui a sauvé des vies et bien sûr réduit la destruction. Cet ouvrage de protection contre les crues a été utile 18 fois depuis sa construction et a permis d'éviter des catastrophes et les économies qu'il a permis de réaliser jusqu'ici correspondent au moins à 20 fois son coût. En 1997, des centaines de millions de dollars ont été économisés grâce à l'existence de ce canal de dérivation.

Il y a un autre exemple de prévoyance que les gens trouvent très intéressant, je veux parler de nos efforts pour supprimer la grêle en Alberta, et à Calgary en particulier. L'averse de grêle de Calgary a été la quatrième catastrophe naturelle la plus importante à se produire. Près de 400 millions de dollars de remboursement ont été accordés. Des grêlons de la grosseur des balles de balle molle tombaient du ciel. Ils ont tué des animaux et vous vous imaginez ce que cela peut faire aux maisons et aux voitures. On a commencé à ensemencer les nuages de particules d'iodure d'argent. Cela réduit la taille des grêlons de beaucoup. Cet été, les demandes de règlement de la ville de Calgary correspondaient à environ 70 millions de dollars de dommages dus à une seule averse de grêle. Ça paraît énorme et ça l'est effectivement, mais si l'on tient compte de la durée de l'averse, de l'endroit où elle a frappé et des averses précédentes de la même ampleur, nous pensons que si nous n'avions pas ensemencé ces nuages les demandes de règlement auraient été de l'ordre de 400 millions de dollars. L'exécution de ce programme nous coûte 1,5 millions de dollars par an et nous permet d'économiser énormément, non seulement en assurance mais aussi en primes d'assurance et également en dégâts de toutes sortes pour les Calgariens.

L'ouvrage de protection contre les crues de Winnipeg et l'ensemencement des nuages en Alberta sont de bons exemples de ce que l'on pourrait appeler des approches préventives utiles qui permettent de réduire les effets des catastrophes éventuelles. Il nous faut tout simplement avoir davantage d'exemples de ce genre dans notre pays. Avec un petit pourcentage de l'argent qui est consacré au nettoyage et à la reconstruction, nous pourrions investir dans la prévention. Nous avons les connaissances voulues pour le faire. Il nous faut simplement la volonté politique pour que cela se produise. C'est pourquoi les réunions de votre comité pour examiner le sujet sont importantes.

Nous acceptons notre rôle en la matière et, pour ce faire, nous avons créé un institut de réduction des pertes dues aux catastrophes. C'est une organisation qui est consacrée à la recherche et à la mise en oeuvre de solutions pour réduire les pertes de vies et de biens causées par les phénomènes météorologiques dangereux et les tremblements de terre. Nous espérons, et c'était là notre intention, que l'institut aidera les Canadiens à mieux prévoir les catastrophes et s'y adapter. Nous voulons atténuer les catastrophes et mieux les supporter que nous ne le faisons aujourd'hui. Le mois dernier, nous avons eu le plaisir de voir l'Université Western Ontario et le gouvernement de l'Ontario se joindre à nous pour créer cet institut et le financer.

Les assureurs ont une autre source de fierté avec les mesures de protection civile pour supporter un tremblement de terre en Colombie-Britannique, ce qui n'était pas le cas il y a cinq ans. C'est sans doute le risque le plus important que court notre pays à l'heure actuelle. Il ne s'agit pas de savoir «si» un tremblement de terre important va toucher Vancouver, mais «quand». Les scientifiques sont tous d'accord là-dessus. Le risque est très bien documenté.

Nous avons en effet eu au cours des 20 dernières années au Canada au moins cinq tremblements de terre importants correspondant au chiffre six ou plus sur l'échelle de Richter. Nous avons la chance qu'ils se soient produits dans des régions relativement peu peuplées du Canada. Mais il y aura inévitablement un gros tremblement de terre. Nous pensons que les répercussions économiques d'un tremblement de terre de degré six ou plus, dans la région Lower Mainland de Colombie-Britannique seraient que des dégâts de 30 milliards de dollars pourraient être causés.

La deuxième zone la plus vulnérable du pays, et la plupart des Canadiens ne le savent pas, est le couloir Ottawa-Montréal, qui est un autre grand secteur où un tremblement de terre pourrait causer des dégâts importants.

Depuis 1994, nous travaillons avec le gouvernement pour fixer des normes, qui sont parmi les plus sévères du monde, pour l'état de préparation face aux tremblements de terre, pour l'assurance. Nous sommes prêts dans le secteur des assurances et je peux vous dire aujourd'hui que les assurances pourraient rembourser les dégâts d'un tremblement de terre de six ou plus sur l'échelle de Richter dans la région Lower Mainland de Vancouver. Mais qui se prépare pour le coût public d'une telle chose? Avec un tremblement de terre de cet ordre, les ponts vont s'écrouler, les conduites d'égout vont se briser, les fils électriques vont tomber et il y aura des incendies généralisés. Si certains d'entre vous ont vu les films du tremblement de terre de Kobe, deux heures après le sinistre, la chose la plus remarquable est que toute la ville était en feu, d'un bout à l'autre. C'est ce qui se produira avec un gros tremblement de terre à Vancouver.

Nous y serons, comme la Croix-Rouge, l'armée et tous les autres pour aider la population à survivre à ce cataclysme. Mais avec quelle vitesse allons-nous récupérer lorsqu'une ville de cette taille est immobilisée pendant un temps indéfini, lorsque la population ne peut plus travailler et lorsque l'économie ne fonctionne vraiment plus du tout? Qui va payer le coût? Je peux vous dire que les excédents que nous prévoyons seraient réduits en cendre dès l'instant qu'un tremblement de terre frappera la Colombie-Britannique.

Nous devons prendre les mesures voulues maintenant pour protéger nos collectivités contre ce genre de réalités. Personne n'a à y gagner lorsqu'on fait passer le fardeau d'un responsable à un autre. C'est pourquoi nous proposons depuis plusieurs mois trois recommandations que nous aimerions que le gouvernement prenne en compte.

La première recommandation est de créer une caisse de prévoyance pour les catastrophes naturelles. Au cours des trois dernières années au Canada, les gouvernements ont dépensé près de 500 millions de dollars par an en travaux de reconstruction après des catastrophes. Ils n'ont pratiquement rien dépensé pour se préparer à atténuer les catastrophes, à réduire leurs effets. Il paraît tout à fait logique de prendre un peu de cet argent pour l'utiliser à réduire ces dépenses que nous devons assumer sans cesse. Nous demandons une caisse pour financer les projets de prévention des risques, et non la reconstruction après la réalisation des risques. L'exemple de l'ouvrage de protection contre les crues montre qu'un petit investissement fait maintenant peut permettre d'économiser des centaines de millions de dollars par la suite. Il n'y a actuellement aucune caisse de ce genre qui soit disponible nulle part dans le pays. Si en ce moment une administration municipale veut améliorer son infrastructure pour rendre la région moins susceptible aux inondations, elle n'a nulle part où aller chercher de l'aide. Il n'y a aucune source de financement pour les projets de prévention des catastrophes. Il n'y a aucune façon de mettre en oeuvre une bonne idée actuellement dans cette région-ci. Je dois dire que je considère cela comme un défaut d'un système de gestion des catastrophes par ailleurs assez bon.

L'élément clé dans tout cela est de veiller à ce que les investissements nécessaires soient faits au Canada pour renforcer ce que je juge être une infrastructure urbaine en décomposition. Les collecteurs d'eaux de pluie en sont un exemple typique. Nous avons tous entendu parler de la crue soudaine qui s'est produite à White Rock la semaine dernière. Je ne suis pas sûr qu'un quelconque système normal puisse absorber une telle quantité d'eau en si peu de temps. Il ne fait aucun doute, selon le maire de la ville, que l'infrastructure était tellement en mauvais état qu'elle a augmenté le problème. Nous verrons cela de plus en plus.

Je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir investi, dans son dernier budget, de l'argent dans la vallée de la rivière Rouge du Manitoba. Je pense que 50 millions de dollars ont été mis de côté pour contribuer à la reconstruction de certains des éléments défectueux du système qui sont apparus à l'usage. C'est le genre d'investissement qu'il nous faut.

Deuxièmement, nous devons modifier notre programme actuel d'intervention dans les catastrophes et de reconstruction. Les représentants de la Croix-Rouge ont raison. Nous dépensons de l'argent pour les catastrophes juste après qu'elles se soient produites, lorsque la population est sensibilisée au phénomène. J'imagine que c'est un grand avantage de la nature humaine que de continuer à croire que ces choses ne se produisent pas, mais elles se produisent. Le moment de réagir est en fait celui où elles se produisent.

Nous pensons que la reconstruction des localités qui ont souffert des inondations, et cela se produit dans le pays, ne relève pas de l'intérêt public. Nous devrions prendre une partie de l'argent que nous dépensons pour la reconstruction à la suite des catastrophes pour demander à la communauté comment nous devrions investir pour prévenir qu'une telle chose ne se reproduise à l'avenir, et le faire à ce moment-là, lorsqu'on est encore très sensibilisé à la question. C'est ce qui se fait aux États-Unis après une catastrophe et nous pensons que cela donne de très bons résultats.

Enfin, la Croix-Rouge a recommandé, et nous sommes certainement d'accord avec elle, de donner naissance à une culture différente dans notre pays pour que l'on pense aux catastrophes et qu'on les prévienne, une culture qui fasse que la population soit beaucoup plus sensibilisée qu'elle ne semble l'être à ce sujet actuellement. L'éducation publique à cet égard est très importante. Nous pensons aussi que tous les ordres de gouvernement, lorsqu'ils envisagent des projets d'infrastructure, devraient essayer d'obtenir les réponses aux questions suivantes: Quel est l'élément réduction des risques ou augmentation des risques des projets que nous allons financer? Y a-t-il quelque chose que nous puissions améliorer ou faire différemment concernant ce projet qui nous aiderait à atténuer les catastrophes à l'avenir? Nous le faisons pour les incidences environnementales dans tout ce que nous faisons. Il est peut-être temps d'envisager les incidences des dégâts dus aux catastrophes naturelles également.

Après la guerre, on a entrepris, à l'échelle nationale, de créer des programmes sociaux dont bénéficieraient tous les Canadiens. Ces programmes sont en place. Ils constituent la marque de notre pays. Nous avons maintenant à relever un autre défi, et ce défi est que les catastrophes naturelles vont toucher davantage de Canadiens, et plus fréquemment et plus gravement que cela n'a jamais été le cas dans notre histoire. Nous pouvons réagir, de la même façon que nous avons réagi après la guerre aux problèmes sociaux, en instaurant un programme national qui traite des risques naturels, de leur atténuation et de leur prévention.

Monsieur le président, je vous remercie beaucoup de m'avoir permis de vous dire ces quelques mots. Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos éventuelles questions.

Le président: Nous vous remercions de votre exposé, monsieur Anderson.

Le sénateur Fraser: J'aimerais vous poser une question sur le système d'assurance car, je l'avoue, je n'y connais pas grand-chose. J'ai été frappée par une chose qu'on a dite dans la vidéocassette de la Croix-Rouge selon laquelle le secteur des assurances est en train de se retirer complètement de certaines régions. On a notamment cité les Antilles. Je ne sais si cela est juste ou non, mais nous y reviendrons.

Qu'est-ce que les compagnies d'assurances couvrent actuellement? Y a-t-il des types de catastrophes, des formes de biens qui soient exclus de la garantie?

M. Anderson: Je vais répondre à la première partie de votre question d'abord. Je peux vous dire que nous offrons des assurances partout au Canada. Il n'y a aucune région ni aucun endroit où nous n'offrions pas de garanties.

Le seul secteur où l'assurance n'est généralement pas disponible -- et ne l'est pratiquement en fait jamais -- est celui des inondations. Pour permettre à un régime d'assurance de fonctionner, il y a certaines caractéristiques qui doivent être présentes à titre de conditions préalables. Il faut qu'il s'applique à un grand ensemble de population pour lequel seulement un petit sous-ensemble est exposé à n'importe quel moment et il faut que le risque soit soudain et accidentel. Si vous vivez dans une plaine inondable, aucune de ces conditions n'est remplie. Vous constituez un sous-ensemble de la population. La chose se passe très régulièrement. Elle est raisonnablement prévisible. De ce point de vue, les seuls régimes d'assurance qui fonctionnent vraiment dans le monde et qui ont un effet très généralisé sont les programmes gouvernementaux. Ce ne sont pas des programmes d'indemnisation. Ce sont des programmes de droits; si vous êtes dans une région donnée, vous pouvez obtenir de l'aide financée par le gouvernement. En dehors de cela, l'assurance couvre toutes les autres formes de catastrophes, comme nous l'avons vu pour la tempête de verglas.

Il faut présenter une demande. Le problème, c'est que bien souvent dans notre pays, les gens souscrivent à une assurance en fonction de son prix et non en fonction de la garantie qu'elle offre. Ainsi, lorsqu'ils doivent avoir une police d'assurance parce qu'ils ont une hypothèque, ils demandent l'assurance contre l'incendie la moins chère qu'ils puissent obtenir. L'assurance en question est bon marché parce que la garantie est limitée.

Pour les inondations, par exemple, vous pouvez obtenir un avenant, une police qui vous offre une garantie pour les remontées d'égout parce que c'est l'une des choses qui se produisent dans les inondations. Vous pouvez être protégés contre cela, mais il faut le demander. Le problème est que les gens ne le demandent pas.

Nous avons fait de nombreux sondages qui nous indiquent que nous devons faire participer plus directement les consommateurs d'assurance à ce sujet et mieux les éduquer. C'est ce que nous faisons depuis trois ans dans le cadre d'une politique que l'on a intitulée «Comprenez votre assurance: faites-en votre police d'assurance.» Elle donne de bons résultats.

Le sénateur Fraser: C'est difficile à faire, on le comprend.

M. Anderson: Oui. Personne ne veut y penser.

Le sénateur Fraser: Même lorsqu'on y pense, le jargon n'est clair que pour les assureurs.

M. Anderson: Je ne dirais même pas cela. Il est clair pour les tribunaux, et c'est de cette façon que sont rédigées la plupart des polices d'assurance, même si nous avons dans notre pays des polices en langue très simple. La plupart des contrats sont compliqués, mais l'explication qu'en donne l'agent ou la compagnie d'assurances ne devrait pas l'être.

M. Mark Yakabuski, vice-président, Relations avec le gouvernement, Bureau d'assurance du Canada: Vous constaterez que, dans le mémoire que nous avons distribué, il y a quelques graphiques qui vous montrent le nombre de demandes de remboursement qui ont effectivement été traitées pour la tempête de verglas de janvier 1998 par comparaison au nombre moyen de demandes de remboursement que nous traitons annuellement dans toute l'industrie. Près de 700 000 demandes ont été présentées au cours de la tempête de verglas et elles correspondaient au total à près de 1,5 milliard de dollars, comme vous l'a dit M. Anderson. Cela prouve que la garantie que notre industrie a pu accorder à la population dans la tempête de verglas était assez générale. Le nombre de personnes qui ont actuellement des assurances tous risques pour leur maison et autres augmente.

Le sénateur Fraser: Quelle proportion cela représente-t-il?

M. Yakabuski: Je n'ai pas le chiffre exact, mais la majorité des polices d'assurance pour les maisons sont actuellement des assurances tous risques. Vous constaterez que, chaque année, notre secteur traite dans l'ensemble 500 000 demandes de remboursement. Au cours de la seule tempête de verglas, nous en avons eues près de 700 000 dans la région densément peuplée de l'est de l'Ontario et du sud du Québec. Cela vous montre le genre de réponse et de garantie que nous pouvons offrir à la population.

Le sénateur Fraser: Revenons aux inondations. Un autre secteur de votre industrie, bien que ce ne soit pas exactement le vôtre, s'est beaucoup enrichi en offrant des assurances vie et pourtant nous allons tous mourir.

M. Anderson: Oui, et nous pouvons vous dire quand.

Le sénateur Fraser: Vous pouvez prédire l'arrivée des inondations à Winnipeg avec une certaine exactitude.

M. Anderson: Réfléchissez un instant au scénario. Imaginez le nombre de personnes qui sont concernées et le fait que leur maison est inondée très régulièrement. Pensez à la prime qu'il faudrait demander pour permettre aux gens de présenter une demande de remboursement tout en rendant cette ligne de produits viable. Ce n'est tout simplement pas une proposition abordable parce que nous établissons le prix en fonction du risque. Lorsqu'il y a une toute petite population qui demande constamment des remboursements, on se trouve dans une situation où il n'est pas possible de créer un régime d'assurance viable.

À la Nouvelle-Orléans, il y a une dame qui a présenté 17 demandes de remboursement pour sa maison dans le cadre du programme fédéral, à peu près chaque année, et qui réclame des sommes énormes. Si nous essayions de mettre sur pied un programme du secteur privé correspondant à cela, nous ne pourrions pas en fixer le prix sans le subventionner par une autre ligne de produits. Vous demanderiez donc à d'autres de défrayer ce coût. Vous demanderiez, par exemple, aux conducteurs d'une autre province de payer. L'interfinancement n'est pas de mise dans notre secteur.

M. Yakabuski: Cela ne vaut peut-être pas pour toutes les régions du Canada. Je vais vous donner un exemple de l'aspect économique de l'assurance contre les inondations.

Il y a plusieurs années, le gouvernement albertain a demandé à notre secteur d'envisager la possibilité d'organiser une sorte de programme pour les inondations. En gros, le calcul s'est fait de cette façon. Pour que le programme d'assurance contre les inondations soit viable en Alberta, il nous aurait fallu ajouter obligatoirement à chaque police d'assurance pour la maison et pour les biens de cette province environ 1 000 $. Évidemment, nous avons dit que personne en Alberta ne serait prêt à payer 1 000 $ de plus par année pour un programme pour les inondations lorsqu'une petite partie seulement de la population court ce risque. C'est le genre d'analyse que l'on doit toujours faire lorsqu'on envisage un programme pour les inondations. On ne peut jamais le mettre en place nulle part sans la participation du gouvernement.

Le président: Je crois que la France a un tel programme. Avez-vous étudié ce genre de choses?

M. Anderson: En effet, oui. Le secret du programme français vient de ce qu'on oblige les localités à respecter une certaine norme de prévention des inondations avant d'offrir l'assurance. En réalité, une grande partie du risque disparaît au moment où l'on encourage à offrir cette assurance. C'est ce qui la rend viable. Mais il y a tout de même une part d'interfinancement qui se fait. Comme nous l'avons dit, allez-vous demander à chaque Albertains de payer 1 000 $ pour que 10 p. 100 de la population puisse demander ce remboursement? Je crois que ce serait très difficile à réaliser.

Le président: Pour la dame de Louisiane dont vous avez parlé, le gouvernement américain lui a sans doute racheté sa maison. Je sais que ça se fait.

Le sénateur Bolduc: La plupart des municipalités ont des ordonnances de zonage. J'imagine que les secteurs inondables sont placés dans une zone où l'on n'accorde pas de permis de construire.

M. Anderson: Dans certains cas.

Le sénateur Bolduc: Cela donne-t-il des résultats satisfaisants?

M. Anderson: Le problème est que les ordonnances de zonage font en général considérer comme un droit acquis les installations dans les plaines inondables de sorte que ceux qui y vivent peuvent construire parce que l'ordonnance est arrivée après leur installation. Cela donne des résultats lorsqu'il est question d'implanter de nouvelles structures dans ces endroits, mais non lorsque les gens sont inondés et reviennent pour reconstruire parce qu'ils ont en quelque sorte des droits acquis par rapport aux ordonnances de zonage.

Le sénateur Bolduc: Y voyez-vous une responsabilité de la municipalité?

M. Anderson: Certainement. L'une des choses que nous devons faire, si nous voulons travailler en notre faveur, c'est de faire déménager ceux qui vivent dans des endroits dangereux. Vous comprenez tous combien il est difficile de faire une telle chose et vous pouvez imaginer les comptes rendus donnés par les médias et ce que l'on y dit du maire et des autres responsables lorsqu'ils essaient de faire déménager des gens dont les ancêtres vivent depuis trois générations dans cette maison située dans une plaine inondable. C'est très difficile à faire.

Le sénateur Fraser: J'aimerais passer à l'assurance contre les tremblements de terre. Vous avez dit que depuis 1994, le secteur travaille avec le gouvernement pour mettre au point des lignes directrices très sévères relatives à la protection civile pour les tremblements de terre, à l'intention des assureurs. Quelles sont ces lignes directrices?

M. Anderson: Pour cette modélisation, on prend en compte les risques éventuels de tremblement de terre pour essayer de prévoir les dégâts. On regarde ensuite nos réserves pour voir si elles sont suffisantes pour faire face à une telle situation. Il y a plusieurs années, ce n'était pas le cas. Il nous manquait quelque chose comme 6 ou 7 milliards de dollars. Si un tremblement de terre s'était produit, ce n'est pas que nous n'aurions pas remboursé les dégâts, mais nous aurions dû piocher dans les réserves et solliciter tout le monde.

Grâce à des réserves constituées de façon plus sévère et à l'achat plus dynamique de la réassurance par des compagnies étrangères pour couvrir ce genre de risques, nous avons maintenant placé le secteur dans la position de pouvoir, si nous avions un tremblement de terre important -- un tremblement de terre comme il n'en a que tous les 250 ou 500 ans -- rembourser les dégâts qu'il causerait.

Le sénateur Fraser: Y a-t-il des catégories de biens en Colombie-Britannique que vous n'assurerez pas contre les dégâts des tremblements de terre?

M. Anderson: Non, il n'y a pas d'exclusion de ce genre.

Le sénateur Fraser: Quelqu'un m'a dit que les propriétaires de maisons avaient du mal à obtenir cette assurance.

M. Anderson: Non. En fait, les propriétaires de maisons l'obtiennent automatiquement lorsqu'il s'agit d'un incendie provoqué par un tremblement de terre en raison de la législation provinciale qui exige que le risque d'incendie soit couvert dans le cadre de cette assurance. Les dégâts les plus importants qui se produisent dans un tremblement de terre ce sont les incendies et non pas le choc.

Le sénateur Fraser: Le toit pourrait s'effondrer, même si l'incendie ne se déclare pas.

M. Anderson: Mais c'est un risque moins grand que le risque d'incendie.

Le sénateur Fraser: Mais vous assurez le risque d'effondrement du toit?

M. Anderson: Oui, vous pouvez souscrire à cette garantie, et il n'y a pas de retenue.

Le sénateur Fraser: Est-ce à un prix abordable pour la plupart des gens?

M. Anderson: La plupart des gens peuvent assumer ces frais. Quant à savoir si la plupart des gens souscrivent à cette assurance, c'est une autre question. Là encore, le problème est que les gens regardent le prix. Comme les représentants de la Croix-Rouge vous l'ont dit, la population rejette en général la possibilité d'une catastrophe en disant: «Je ne souscris à l'assurance que pour un an. Cela pourrait se produire, mais sans doute pas cette année. Donnez-moi la police la moins chère.»

Le sénateur Fraser: Pourriez-vous nous donner des illustrations en langue simple du coût des différents types d'assurance et surtout pour les zones à risques élevés? La protection contre les tremblements de terre à Saskatoon n'est peut-être pas un gros problème. D'autres types de protection pourraient constituer un problème à Saskatoon.

M. Anderson: Oui. Nous allons prendre les principales catégories de problèmes afin de vous donner le prix pour les diverses régions du pays.

Le président: Avez-vous prévu une réserve en cas de tremblement de terre en Colombie-Britannique?

M. Anderson: Oui.

Le président: Êtes-vous en train de la constituer?

M. Anderson: Oui.

Le président: Lorsque vous parlez de caisse de prévoyance, avez-vous un chiffre en tête? Quel genre de réserve devrait-on constituer chaque année?

M. Anderson: Nous avons pris comme chiffre minimum 100 millions de dollars.

Le président: Par an?

M. Anderson: Oui. Imaginons que vous dépensiez en moyenne 500 millions de dollars pour le nettoyage. Si vous prenez l'exemple de l'ouvrage de protection contre les crues de Winnipeg, les avantages par rapport au coût seraient de plusieurs fois les 100 millions de dollars que sa construction a coûté, sans parler des emplois et des autres retombées qui en découlent.

Le président: On parle d'agrandir cet ouvrage. On lance le chiffre de 700 millions de dollars.

M. Anderson: Il faudrait émettre des obligations pour cela.

Le président: Je crois que oui. Le sénateur Ferretti Barth a posé une question aux représentants de la Croix-Rouge et je crois indiqué que l'on vous pose la même question. Pour les immigrants qui ne parlent ni anglais ni français, avez-vous des moyens de communiquer avec ces groupes?

M. Anderson: Oui. Nous avons des polices et des agents pour différents quartiers. Je pourrais vous emmener dans certains quartiers de Montréal et vous montrer les agents qui travaillent dans la langue du quartier. Faisons-nous assez? Sans doute pas. Mais le client peut, dans la plupart des communautés, obtenir un service dans sa langue.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Je parle de Montréal. Les compagnies d'assurance paient des commissions à leurs agents d'assurance. Dernièrement, nous avons eu des gens de tous les pays du monde; c'est-à-dire des personnes qui parlent un français et un anglais incompréhensible, et c'est fort possible que la langue maternelle de certains d'entre eux était peut-être l'hindou. Les contacts avec la population étaient très difficiles parce qu'il faut considérer que ces gens viennent de certains pays où il n'y a pas cette forme de prévention d'assurance et ils ne comprennent pas. Alors imaginez-vous avec les dernières entrées d'immigrants que nous avons eu à Montréal qui sont éparpillés partout. Ils sont allés habiter, disons, vers le port de Montréal, Notre-Dame-de-Grâce, Lachine, dans de vieilles bâtisses où ils payent moins cher pour leur loyer. Ces gens, comment est-ce qu'on les met à l'abri de tout cela, à l'abri de perdre tout?

Vous savez, cela me fait beaucoup mal. J'ai beaucoup à raconter parce que j'ai plus de 25 ans d'expérience dans les communautés culturelles, et je vois que la préoccupation du gouvernement et des grandes organisations comme la vôtre n'est pas là.

Aux États-unis, il existe un programme dont le gouvernement fait partie pour inciter, après une catastrophe, les compagnies d'assurance à assurer tout le monde; de leur donner la possibilité d'assurer leur maison et leurs biens, et en cas de désastre c'est le gouvernement des États-unis qui va payer la différence. Quelqu'un m'a parlé de cela; je ne sais pas si vous êtes au courant.

[Traduction]

M. Anderson: C'est le programme que je vous ai décrit plus tôt.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: C'est très difficile pour moi. Pouvez-vous le décrire?

[Traduction]

M. Anderson: Nous décrivons cela dans notre document. Nous recommandons au comité d'étudier l'exemple de certaines des choses qui sont faites.

Pour les gens qui ne comprennent pas l'assurance que nous offrons, nous essayons de faire des brochures dans diverses langues. Je ne peux pas vous dire comme ça dans combien, mais dans plusieurs langues et certainement dans celles qui sont prédominantes. Vous savez, madame, que dans notre pays nous devons avoir une assurance lorsque nous prenons une hypothèque. Donc, que vous compreniez cela ou non, il vous la faut. Je suppose qu'à certains égards c'est une bonne chose.

Le sénateur Ferretti Barth: Les immigrants savent que s'ils achètent une maison, ils paient une assurance pour l'hypothèque, mais votre rôle consiste à expliquer le risque.

M. Anderson: Je suis d'accord. Nous allons publier prochainement plusieurs documents qui vont aider les gens dans ce sens. Nous préparons actuellement une brochure qui contient les questions que vous devez poser à l'agent d'assurances lorsque vous souscrivez à une police, pour être sûrs que vous obtenez bien les garanties dont vous avez besoin. Nous essayons de faire un meilleur travail à ce chapitre.

Nous organisons des tribunes dans les diverses circonscriptions du pays avec des députés. Leur succès a été surprenant. Nous avons invité des électeurs à venir s'asseoir avec le député et avec les représentants du secteur des assurances pour parler de ce qu'est une assurance, des questions qu'il faut poser, des problèmes que les gens voient dans ce domaine, et nous essayons d'y répondre. La participation à ces réunions a été excellente.

Le sénateur Fraser: L'atténuation. L'exemple de l'ouvrage de protection contre les crues de Winnipeg et même l'ensemencement des nuages en Alberta sont assez connus. Je n'ai pas la moindre idée des autres types d'atténuation qui peuvent exister. Vous avez mentionné le financement américain pour l'atténuation dans le cas de catastrophes comme la tempête de verglas dans l'État de New York et cela m'a intéressée mais je ne sais pas ce qui se fait. Quels genres de choses feriez-vous avec 100 millions de dollars par an?

M. Anderson: On a fait des progrès énormes dans le domaine des prévisions météorologiques. Vous savez ce qui s'est passé aux États-Unis tout dernièrement du fait de ces affreuses tornades. Le nombre des morts aurait pu être multiplié je ne sais combien de fois si les services météorologiques de la région n'avaient averti la population suffisamment tôt pour lui permettre de se mettre à l'abri des tornades. Ainsi, l'investissement dans l'infrastructure des prévisions météorologiques est très importante. Elle est aussi importante sur la côte est où il y a le risque de cyclones. Selon ceux qui connaissent la question, on s'attend à ce que ce soit une année faste pour les cyclones. Ainsi, il est important d'investir dans les systèmes de prévisions météorologiques.

Je demanderais à M. Kelly de vous citer quelques autres exemples. Aux États-Unis, il y a 22 projets qui ont été présentés par des collectivités concernant l'intervention en cas de tempête de verglas.

Le sénateur Fraser: La seule chose à laquelle je puisse penser, ce sont des lignes de transmission du courant électrique mieux conçues.

M. Anderson: Il faut les inspecter pour être sûr qu'elles respectent bien les normes établies. On peut les enterrer.

Le sénateur Fraser: Avez-vous essayé d'en parler avec Hydro-Québec?

M. Grant Kelly, analyste des politiques, Bureau d'assurance du Canada: En parcourant le pays l'année dernière, nous avons eu quelques idées des divers types de projets. Par exemple, il n'y a aucune disposition prévue dans nos codes du bâtiment actuels pour la protection des maisons contre les inondations. Il n'y a rien de prévu pour les surcharges exercées par les vents ou les dégâts qu'elles entraînent. Nous n'avons tout simplement pas l'information suffisante pour le mettre dans le code du bâtiment.

Chaque année, il y a des inondations à Timmins et nous disons qu'il y a des choses structurelles que nous pouvons faire. Dans le Canada atlantique, on sait que lorsque des cyclones arrivent sur la côte, ils deviennent des tempêtes tropicales. On a l'infrastructure voulue pour mesurer leur importance, mais personne n'a franchi l'étape suivante, à savoir ce qui se passe lorsque ces eaux envahissent la terre. Ainsi, nous ne savons pas où le raz-de-marée va se produire ni quelles parties de la côte seront touchées.

M. Anderson: On sait qu'à Terre-Neuve dans les années 20, l'une de ces vagues a traversé la péninsule de Burrin. Cela semble vous surprendre.

Le président: Sénateur Cook, le saviez-vous?

Le sénateur Cook: C'était en 1929. Ma mère était alors une petite fille. Ce fut un tremblement de terre.

Le sénateur Fraser: Jusqu'où la vague a-t-elle traversé la péninsule? Quelle distance cela représente-t-il en milles?

Le sénateur Cook: Il doit s'agir de 150 milles; toute la péninsule. Je pourrais vous en amener des photos.

M. Anderson: Cela se produira à nouveau. Il s'agit d'un tremblement de terre de subduction.

M. Kelly: Là où on pourrait par ailleurs utiliser l'argent, c'est pour la construction des infrastructures dans nos grandes villes. Nous savons qu'il y a des secteurs à Ottawa, à Montréal et à Calgary où, lorsqu'il pleut, les collecteurs d'eaux de pluie ne peuvent pas absorber une telle masse d'eau. Le système d'égout de Toronto a été construit pour une population beaucoup moins importante dans les années 20 et 30.

Le sénateur Fraser: À Montréal il y a quelques années, un gros orage d'été a entraîné l'inondation des rues bien au-dessus du niveau du fleuve pendant un certain temps.

À Vancouver, je crois, on a installé, et on a pratiquement terminé, un système d'égout spécial. Est-ce que je me trompe?

M. Anderson: Je ne pourrais vous le dire. Je sais qu'on fait énormément de travail là-bas pour consolider les ponts en cas de tremblement de terre, mais je ne sais pas ce qu'il en est pour le système d'égout.

Le sénateur Fraser: D'une certaine façon, vous avez répondu à ma question. Vous pensez que nous savons, à l'échelle nationale, où sont les dangers?

M. Anderson: Oui, nous le savons. C'est un phénomène typiquement canadien: chaque région du pays court des risques légèrement différents, mais nous courons tous des risques d'une façon ou d'une autre. Dans les documents que nous vous avons laissés, nous vous montrons ces risques par région. Vous les connaissez vous-mêmes.

Nous avons parlé des problèmes de tempête le long de la côte Est et des problèmes d'inondation qu'il y a là-bas. Nous avons mentionné des choses comme les incendies de forêt dans le nord de l'Ontario et dans l'Ouest. Nous connaissons les risques d'inondation au Manitoba. Nous connaissons les risques de tremblement de terre et d'inondation en Colombie-Britannique. Nous avons une bonne idée des endroits où se situent les risques. Le problème est qu'il y en a beaucoup partout.

Le sénateur Fraser: Avez-vous des documents ou ne serait-ce qu'une vague idée sur les programmes d'atténuation qui existent dans d'autres pays et sur leur fonctionnement?

M. Anderson: Cela fait partie du travail de l'institut dont je vous ai parlé plus tôt. Nous commençons à recueillir ce genre d'information. Il semble que les États-Unis aient un bon programme. Il semble que la France ait un bon programme pour les inondations. L'Australie court de nombreux risques naturels, ainsi que le Japon.

Ces catastrophes ont l'art de vous surprendre. Kobe en est un bon exemple. La population pensait que l'on avait construit des bâtiments selon les techniques les plus modernes en prévision des tremblements de terre. En fait, en quelques secondes, il y a eu des milliards et des milliards de dollars de dégâts.

Le sénateur Fraser: C'était le problème de la liquéfaction?

M. Anderson: Oui, et c'est aussi un problème à Richmond en Colombie-Britannique.

Le sénateur Fraser: Auriez-vous des documents sur le cas de l'Australie? Nous pourrions écrire en Australie mais il serait bon de savoir ce que nous devons demander.

M. Anderson: Nous avons de bonnes relations avec les États-Unis par l'entremise de l'Institute of Home and Business Safety qui étudie également ce problème. Nous pourrons vous fournir cette information. Nous en serons très heureux.

Le président: Pour une catastrophe comme celle du Manitoba, le gouvernement fédéral a accordé 50 millions de dollars. Le problème que nous avons en général, c'est que lorsque nous avons une catastrophe et que nous construisons des structures temporaires, surtout après l'inondation de 1997, que j'ai vécue, parce qu'il n'y a plus d'argent après, on les démolit. On se retrouve exactement là où on était au départ. La recommandation voulait qu'on prenne 10 p. 100 du coût de cette inondation du Manitoba, par exemple, et qu'on ajoute cela au coût, on pourrait alors transformer ces structures temporaires en structures permanentes. On réduirait ainsi beaucoup les coûts à long terme parce que cela devient en fait une atténuation durable. On le fait à titre temporaire et on le transforme en solution permanente. Recommanderiez-vous une telle chose?

M. Anderson: Oui. C'est le deuxième programme qui nous paraît très important. Il profite de la volonté de faire quelque chose que l'on a immédiatement après les faits.

Il faut que le ministère des Finances pense aux avantages économiques de tels investissements. Il est très important d'aider les gens et de sauver des vies, mais il faut aussi permettre aux gens de reprendre le travail et relancer l'économie rapidement. Quel est l'avantage d'une telle chose pour le fonctionnement général du système économique canadien? On peut le prouver par des documents: plus on dépense de cette façon, plus on tire des avantages de cette autre façon.

Le sénateur Fraser: Avez-vous fait des prévisions sur la fréquence possible des catastrophes coûteuses dans les prochaines années?

M. Anderson: En faisant un calcul exponentiel simple, on constate que le coût double en effet tous les cinq ans maintenant.

Le sénateur Fraser: Ce n'est pas mal en matière de prévisions. Cela attire votre attention.

Je vous ai demandé des données sur les primes d'assurance. Si possible, il nous serait aussi très utile de voir combien de personnes, en pourcentage de la population, sont couvertes, surtout dans les régions concernées, contre les divers types de risques.

M. Anderson: Oui, nous pourrons vous donner cela.

Le sénateur Cook: Sur le littoral atlantique, puisque la saisons des cyclones commence beaucoup plus tôt, avez-vous des prévisions concernant l'effet de cela sur les plates-formes pétrolières qui se déplacent sur le plateau continental et sur les gazoducs qui viennent de l'île de Sable?

M. Anderson: Tout ce que je peux dire, c'est que les plates-formes pétrolières de forage ont été construites en prévision de ce genre de choses et aussi en tenant compte des risques liés aux icebergs qui existent également. J'imagine, sans le savoir pour sûr, que les ingénieurs s'en sont occupés, tout comme on l'a fait pour le pont de la Confédération pour les forces naturelles qui s'exercent sur lui. Je n'oserais pas prévoir ce qui pourrait se passer dans le cas d'une grosse tempête à cet endroit-là.

Je peux vous dire, à titre d'anecdote, que les gens des Maritimes ne croient pas dans les cyclones. Je suis en train de construire une maison dans cette région et j'ai demandé à mon entrepreneur de prévoir des attaches spéciales pour le toit en cas de cyclone. Cela amuse beaucoup tout le monde tout le long de la côte, je peux vous le dire. Les gens là-bas ne croient tout simplement pas qu'il va y avoir un cyclone.

Le sénateur Fraser: Ils ne les appellent pas des cyclones.

Le sénateur Cook: Je peux vous dire quelque chose qui va vous rassurer. L'Ocean Ranger a disparu une nuit.

M. Anderson: Absolument.

Le président: Messieurs, je tiens à vous remercier au nom du comité et en mon nom propre pour toute la documentation de référence qui va nous être fort utile. Comme vous le savez, nous suivons le groupe CAT à travers le pays. Malheureusement, je ne pourrai pas être à Red Deer vendredi, même si cela m'aurait beaucoup plu car on va parler de la grêle. Je sais que vous y serez. Merci, messieurs.

La séance est levée.


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