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Sous-comité sur la protection civile au Canada

 

Délibérations du sous-comité sur
La protection civile au Canada

Fascicule 5 - Témoignages


OTTAWA, le jeudi 9 septembre 1999

Le sous-comité sur la protection civile au Canada du comité sénatorial permanent des finances nationales se réunit aujourd'hui, à 9 h 05, en vue d'examiner la protection civile au Canada.

Le sénateur Terry Stratton (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Nous accueillons ce matin quatre témoins. Le comité a pour mandat d'étudier les mesures de protection civile au Canada et des questions liées aux dépenses de la Défense nationale figurant dans le Budget principal des dépenses de 1999-2000.

Notre premier témoin aujourd'hui est M. Armour, de Centraide Canada.

Vous avez la parole.

M. David Armour, président, Centraide Canada: Merci de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui. C'est un sujet important pour tous les Canadiens. Nous sommes heureux que le Sénat se penche sur la question et cherche à voir comment, collectivement, les Canadiens peuvent améliorer les mesures prises avant, pendant et après une catastrophe naturelle.

Nous applaudissons au travail qu'ont accompli les militaires lors des catastrophes qui sont survenues au Canada. Je désire transmettre nos sincères remerciements à la Défense nationale, qui a accompli un travail remarquable lors des catastrophes qui se sont produites ces dernières années.

Le secteur bénévole appuie vivement le rôle joué par la Croix-Rouge canadienne, qui intervient directement et immédiatement en cas de catastrophe à l'échelle nationale. Nous collaborons de près avec la Croix-Rouge nationale. Nous sommes probablement l'un de ses plus importants bailleurs de fonds non gouvernementaux. Il s'agit là d'un des 4 000 organismes de services de santé et de services sociaux que nous finançons au Canada. Nous sommes conscients du rôle que joue la Croix-Rouge et les autres organismes comme l'Armée du Salut.

Quand une catastrophe se produit, nous fournissons immédiatement des abris, des vivres et des vêtements aux sinistrés, mais nous aidons également les gens à se reprendre en main en leur fournissant des soins de santé et des services sociaux. C'est de cela dont je voudrais vous parler aujourd'hui, ainsi que du rôle vital que joue Centraide, qui assure la coordination et le financement de certains de ses services.

On compte 126 sections locales et autonomes Centraide/United Way au Canada. Elles desservent environ 83 p. 100 de la population du pays. Les sections locales présentes dans chacune des collectivités ont pour tâche d'analyser les besoins en services de santé et sociaux qui ne sont pas financés par l'argent des contribuables de même que la façon dont nous organisons des campagnes et regroupons nos ressources pour répondre à ces besoins, de tirer parti de ce qu'offre chaque collectivité, d'allouer des fonds aux organismes de services de santé et de services sociaux pour répondre aux besoins de la collectivité, de trouver des moyens de renforcer le secteur bénévole et de sensibiliser la collectivité aux questions touchant les soins de santé et les services sociaux. L'année dernière, nos 126 organismes ont recueilli plus de 284 millions de dollars et financé plus de 4 000 oeuvres de bienfaisance locale offrant des services de santé et sociaux. Tout le travail se fait au niveau local. Si vous habitez une grande ville, qu'il s'agisse de Winnipeg, Toronto ou Montréal, vous avez tendance à voir Centraide comme une grande organisation, sauf qu'il y a une vingtaine d'organismes Centraide au pays qui sont présents dans les petites collectivités agricoles et qui ne disposent d'aucun bureau ou employé. Il s'agit de groupes locaux de bénévoles qui travaillent ensemble pour le bien de la communauté et pour encourager les gens à s'entraider.

Notre but est d'aider les gens à mieux s'organiser en vue de venir en aide aux autres. C'est dans ce contexte que nous intervenons en cas de catastrophe à l'échelle nationale. Comment mobilisons-nous la collectivité dans ces situations? En ce qui concerne les services, nous finançons divers programmes qui vont de la prévention au counselling en passant par l'intervention, pendant et après la situation d'urgence. Si vous jetez un coup d'oeil aux organismes que nous finançons et au réseau de services sociaux qui existent, vous allez constater que nous participons à des programmes préventifs de qualité pour les jeunes comme le Y, les scouts, les Grands Frères et les Grandes Soeurs.

Nous offrons des services de counselling aux familles, et mettons sur pied toute une gamme de programmes de counselling pour les différents organismes. Nous intervenons en cas d'urgence. Dans bien des endroits, nous avons été les premiers à financer les maisons de refuge pour femmes battues et les centres chargés de trouver de l'hébergement pour les gens. Nous offrons des services de counselling aux personnes qui ont besoin d'aide à la suite d'une catastrophe. Tel est notre rôle.

Au cours des dernières années, nous avons beaucoup appris sur la façon dont Centraide peut aider le secteur bénévole à se mobiliser. D'abord, nous sommes conscients du rôle qui revient aux militaires et aux organismes comme la Croix-Rouge. Que pouvons-nous faire de plus? Comment pouvons-nous mobiliser la collectivité? Le centre de bénévoles pourrait, en cas de crise, se charger de déployer les bénévoles et assumer ainsi un rôle différent. Les centres d'information communautaire pourraient se charger de recevoir les appels qu'ils n'ont pas l'habitude de recevoir. Les organismes avec lesquels nous collaborons verraient leur volume de travail augmenter, et auraient un plus grand nombre de cas à traiter. Ces organismes peuvent être très proactifs.

Il arrive parfois, en cas de crise, qu'une agence ne soit pas la première à intervenir. Or, si elle comptait sur l'aide d'un organisme de financement comme Centraide, qui l'encouragerait à se retrousser les manches et à adopter dès lors une nouvelle approche, elle pourrait devenir très proactive. C'est à nous de tirer parti du potentiel de la collectivité.

Nous n'agissons pas en tant qu'organisme d'intervention de première ligne en cas de catastrophe. Nous commençons à intervenir dès que l'eau s'est retirée et que l'on commence à raser ce qui reste des bâtiments. Nous savons tous que, ce qui compte avant tout, c'est la vie des gens et la façon dont ils s'en tirent. Nous devons voir quel genre d'aide, quel genre de counselling ils ont besoin.

À Winnipeg et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous avons constaté que les problèmes humains existants peuvent s'aggraver en cas de crise. Si la famille ou le couple éprouve des difficultés, ou si une personne est atteinte, par exemple, d'alcoolisme, ces problèmes vont prendre de l'ampleur en cas de catastrophe naturelle. De nombreux organismes ont noté que, non seulement le nombre de cas avait augmenté, mais aussi la gravité de ceux-ci. Il semble y avoir un problème au niveau de ce que nous appelons «l'infrastructure souple».

Nous avons tiré des leçons des catastrophes qui ont frappé Winnipeg et le Lac-Saint-Jean, des inondations, de la tempête de verglas. Je tiens à vous dire, en toute humilité, que nous sommes en train de changer notre méthode de travail, de trouver une nouvelle façon de mobiliser les organismes United Way/Centraide, de les amener à collaborer ensemble à la suite d'un désastre.

Notre travail n'est pas encore terminé. Nous disposons d'un modèle fantastique qui peut être mis en oeuvre dans chacune des collectivités, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous essayons maintenant de voir comment nous pouvons tirer parti de ce que nous avons appris dans chacune de ces collectivités, de ce qui se fait aux États-Unis, en cas de catastrophes naturelles et de désastres faits par l'homme.

Centraide a joué un rôle très actif lors de la tuerie de Columbine, à Denver. L'organisme a offert des services aux jeunes et participé à la mise sur pied d'un fonds d'urgence. Centraide a également joué un rôle actif lors de l'attentat à la bombe d'Oklahoma et de nombreuses catastrophes naturelles, par exemple des inondations et des ouragans, aux États-Unis.

En tant que système, nous essayons de voir comment nous pouvons améliorer notre rôle, encourager les gens à s'entraider.

J'étais à Windsor quand, il y a une dizaine d'années, une inondation a frappé le comté d'Essex. Nous avons reçu un appel d'un garçonnet de sept ans, qui nous a raconté qu'il avait réparti ses jouets en deux piles. Il a dit: «J'ai vu à la télévision que tous les sous-sols et toutes les cours étaient inondés. Habituellement, je laisse mes jouets dans la cour ou au sous-sol, et il doit y avoir beaucoup d'enfants qui n'ont pas jouets. J'aimerais donner la moitié de mes jouets aux enfants qui en ont besoin.» Il s'agit là, à bien des égards, du rôle véritable du secteur bénévole.

Il y a beaucoup de gens qui, en cas de besoin, n'hésitent pas à se retrousser les manches et à offrir leurs services bénévolement. La collectivité possède un potentiel énorme, tout comme les organismes sur place qui sont prêts à intervenir.

Notre rôle, de même que le rôle d'organismes comme Centraide, est d'agir en tant que coordonnateur. Il faut informer les gens de l'existence d'un besoin, s'ils n'ont pas déjà été mis au courant par les médias. Il faut leur dire qu'ils peuvent faire quelque chose de concret. Nous pouvons aider les gens à se retrousser les manches, qu'il s'agisse de bénévoles ou de spécialistes au service des agences.

Dans certains cas, nous pouvons puiser dans nos propres réserves. Centraide elle-même ne dispose pas de réserves importantes, mais les collectivités ont parfois des fonds que nous pouvons utiliser pour amener les agences à intervenir immédiatement, à recruter des travailleurs et des conseillers supplémentaires. Nous avons organisé des campagnes de souscription et recueilli des fonds directement dans certaines collectivités.

Ailleurs, nous avons aidé d'autres organismes à recueillir des fonds. Nous avons fait des démarches pour que les gens puissent déposer leurs dons auprès de n'importe quelle banque, dons qui sont ensuite réacheminés. Il nous est arrivé dans certains cas de fournir des conseils au comité de financement. Nous les avons aidés à recueillir des fonds et à organiser une campagne de publipostage. Nous organisons beaucoup de campagnes de souscription. Nous avons des compétences que nous pouvons mettre à la disposition d'autres groupes. Par exemple, mettre sur pied un fonds, aider de nouveaux organismes à amasser des fonds, ou encore aider la Croix-Rouge dans ses activités de financement. Nous finançons un grand nombre de services de counselling et autres en cas de crise.

Une crise peut laisser des séquelles beaucoup plus longues que vous ne le pensez. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, nous avons fourni des services de soutien additionnels, par l'entremise des agences, pendant les 12 à 24 mois qui ont suivi l'inondation. Nous devons, dans un premier temps, nous occuper des bâtiments et des structures qui nous entourent. Ensuite, nous devons venir en aide aux gens, les aider à se ressaisir, à retrouver une vie normale.

Je sais que votre comité cherche à savoir ce que nous pouvons faire maintenant pour nous aider à mieux faire face aux situations d'urgence à venir. Nous sommes en train de voir quelles mesures ont été les plus efficaces. Nous allons examiner ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné. Nous allons analyser quelques-uns des modèles, organismes partenaires et outils qui existent. Nous voulons être en mesure de fournir les outils et les ressources nécessaires en temps opportun, en cas de catastrophe naturelle à l'échelle nationale.

Nous avons, chacun de nous, appris à composer avec une catastrophe au fur et à mesure qu'elle se développe. Nous avons beaucoup appris à l'échelle locale, mais je pense que nous aurions pu faire mieux si nous avions tiré leçon des événements passés. Cet apprentissage nous permet de jouir d'un vaste appui au sein de la collectivité quand vient le temps d'intervenir, sauf que les choses ne font encore trop lentement. Nous devons voir comment nous pouvons accélérer le processus et fournir la formation et la préparation nécessaires.

Voilà donc le rôle que nous jouons, un rôle qui est fondamental. Les organismes United Way/Centraide ont investi dans beaucoup de collectivités pendant de nombreuses décennies. Le défi consiste à prendre les ressources que nous avons et à les mettre au profit des gens qui ont besoin d'aide en cas de catastrophe naturelle -- et, parfois, en cas de catastrophe faite par l'homme.

Le président: Notre objectif est de voir comment nous pouvons améliorer notre état de préparation pour faire face aux situations d'urgence à venir -- pas seulement les gouvernements, mais tout le monde.

Je vis au Manitoba, où les inondations sont très fréquentes. Nous réagissons très bien, en fait de façon très remarquable. Depuis l'inondation de 1997, le Manitoba a pris des mesures pour mieux protéger les maisons et construire des digues plus élevées. Les maisons qui ne pouvaient être protégées adéquatement ont été déplacées.

Il est vrai, comme vous le dites, qu'il faut beaucoup, beaucoup de temps pour se remettre d'une expérience pareille. J'ai vu le choc initial qu'ont éprouvé les familles au Manitoba et le temps qu'il leur a fallu pour se ressaisir. Il faut beaucoup plus de temps pour reconstruire une maison, rétablir un mode de vie, retrouver une vie normale, qu'on ne le pense. Comme vous l'avez indiqué, cela peut prendre jusqu'à deux ans.

Si vous étiez en charge des choses, que nous recommanderiez-vous en premier lieu de faire pour mieux aider les gens à rétablir le cours normal de leur vie? Pourriez-vous être plus précis à ce sujet?

M. Armour: J'ai deux suggestions à faire. Tout d'abord, les plans locaux de prévention des désastres devraient prévoir l'intervention d'organisations du secteur bénévole. Je parle d'organisations comme Centraide, la Croix-Rouge, l'Armée du Salut, qui fait un travail phénoménal, et l'Ambulance Saint-Jean. Les organismes de coordination comme Centraide devraient y contribuer pour que nous puissions unir les forces d'autant d'organisations que possible. Il nous faut de meilleurs plans d'intervention dans chaque communauté.

Ensuite, nous devons trouver un moyen d'encourager les organisations comme la nôtre à tirer toutes les leçons possibles de nos expériences de ces dernières années. Nous devrions consigner les connaissances acquises et nous fonder sur elles pour cerner les meilleures pratiques, des techniques et des outils de formation. Avec tous ces bons éléments, nous pourrions intervenir plus rapidement.

En tant qu'organisation nationale s'insérant dans une structure largement autonome, nous agissons en fonction de notre formation, avec nos outils et selon l'encadrement que nous avons. Nous pouvons agir plus rapidement lorsque nous savons quelles ressources sont disponibles. La rapidité d'action est un facteur important. Nous devons faire collaborer les organisations à l'échelle locale et entretenir leur collaboration à long terme, parfois jusqu'à 24 mois.

Bref, je vois un lien entre la planification et la nécessité pour Centraide et toutes les autres organisations d'établir des plans d'intervention d'urgence qui soient plus sophistiqués. Il nous faut savoir quels outils et quelles ressources internes existent déjà.

Le président: Votre rôle est-il plus celui d'un agent de liaison qui établit le contact entre un groupe ou une association et un particulier ou une famille dans le besoin? Fonctionnez-vous comme une espèce de base de ressources?

M. Armour: Nous le pourrions, mais nous pouvons aussi agir plus directement à l'échelle locale. Nous pouvons par exemple organiser et diriger une campagne de collecte de fonds pour aider des gens. Il arrive aussi, comme lors de l'inondation du comté d'Essex, que nous conseillions le comité local de collecte de fonds sur le moyen d'atteindre son objectif, qui était dans ce cas-ci d'environ deux millions de dollars.

Parfois aussi, nous entrons tout simplement en contact avec les 50 ou 100 agences que nous finançons dans une communauté touchée pour leur demander d'intervenir. Nous leur offrons des fonds de nos propres réserves pour couvrir leurs frais directs. Nous leur demandons d'aller sur place, de retrousser leurs manches et de nous indiquer très vite la nature des besoins en personnel et en soutien pour réagir à la situation en cours. Puis, nous les aidons à faire ce qu'il faut. Beaucoup des agences du secteur bénévole ont les mains liées. Elles font tout ce qu'elles peuvent avec les moyens qu'elles ont, et faire plus lorsque survient une situation d'urgence semble représenter un défi de taille.

D'autres organes de coordination et de financement peuvent aussi offrir leur aide. Une fois que les lignes téléphoniques sont ouvertes et que nous savons combien il faut de bénévoles et quels sont les besoins, nous pouvons coordonner l'intervention. Parfois, tout ce qu'il faut, c'est de l'argent. D'autres fois, il faudrait plus de conseillers ou une meilleure collaboration entre les travailleurs. D'autres fois encore, il suffit à un employé de Centraide d'embarquer dans son véhicule tout terrain et de faire la tournée des agences pour recenser celles qui sont encore ouvertes en temps de crise. Tout d'abord, il vérifie que les employés et les bénévoles sont sains et saufs, puis il détermine qui peut faire quoi.

Parfois, aussi, Centraide est simplement l'une d'une vingtaine d'organisations qui s'efforcent de dresser un plan. Il y a toutes sortes de formes d'engagement.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Centraide est présent aux États-Unis, au Canada et dans d'autres pays. Cet organisme a pour mission de ramasser des fonds et les donner à des organismes ou agences qui ont besoin d'aide pour fonctionner ou pour résoudre certains problèmes.

Vous avez été témoin des désastres survenus au Québec et au Manitoba. Comment Centraide est-elle intervenue dans les localités touchées?

Vous affirmez avoir des fonds pour l'alimentation et l'habillement. Existe-t-il des statistiques sur le nombre de familles ayant reçu de l'aide de Centraide, que ce soit au Québec, au moment de la crise du verglas ou au Manitoba, lors de l'inondation?

Est-ce que Centraide travaille de concert avec les autres organismes qui se préoccupent des communautés ayant subi un désastre naturel? De façon concrète, comment allez-vous tirer leçon des événements passés? Que prévoyez-vous en termes d'intervention future?

[Traduction]

M. Armour: Le principal rôle de Centraide est de constituer un organisme de développement de la conscience communautaire qui aide les gens à s'occuper les uns des autres. L'un des moyens d'y parvenir est de recueillir des fonds. Un autre moyen est de constituer des lieux, ou des groupes dans la communauté pouvant réunir des gens de tous les horizons, de grandes sociétés, d'entreprises, du secteur bénévole, du gouvernement et d'autres organismes de financement qui peuvent collaborer pour s'attaquer aux problèmes de santé et d'aide sociale. Le rôle principal de Centraide est d'unir la communauté pour s'attaquer à ces problèmes.

Nous avons acquis une très grande expérience de l'intervention d'urgence. Dans chacune des situations que nous avons vécues, chaque inondation, chaque crise, Centraide a affronté la situation d'une manière unique. Nous n'agissons qu'en collaboration avec d'autres organismes. Nous ne faisons pas cavalier seul; nous agissons en collaboration avec le mouvement syndical, les entreprises, le gouvernement et le secteur bénévole. Nous collaborons étroitement avec la Croix-Rouge, l'Armée du Salut, l'Ambulance Saint-Jean et toute une gamme d'autres organismes. Parfois, nous facilitons les échanges, mais souvent, nous ne sommes que l'un des participants dans une communauté dont nous finançons peut-être 50 ou 60 organismes. Nous contribuons à amener ces ressources où elles sont nécessaires.

Vous avez demandé combien de gens nous avons aidé. Généralement, sur une base annuelle, les organismes de Centraide aident une personne sur trois ou sur quatre dans une communauté donnée. Si l'on compte tous les gens qui ont reçu l'aide d'un organisme financé par Centraide dans une communauté, dans tous les secteurs de la santé et de l'assistance sociale, nous touchons la vie d'une personne sur trois ou sur quatre. Nous n'avons pas déterminé le nombre de personnes qui ont reçu de l'aide lors d'un désastre en particulier.

Si j'ai bien compris, ce comité fera une visite de certains sites, plus tard. Nous nous ferons un plaisir de vous mettre en contact avec les bureaux United Way et Centraide des secteurs que vous voudrez visiter, où vous pourrez obtenir des chiffres précis sur l'aide fournie. À Jonquière, par exemple, le centre de bénévole pourrait vous dire l'augmentation qu'a connue la charge de travail avec l'inondation. Le service social familial pourrait aussi vous en parler. Ces organismes pourront vous dire comment l'appui de Centraide leur a permis de poursuivre leurs activités alors qu'ils avaient perdu leurs bureaux, comment ils ont pu mettre sur pied un bureau temporaire et amener les bénévoles de la communauté là où on en avait le plus besoin.

Votre troisième question concernait la planification de désastres futurs. J'aimerais bien connaître votre avis là-dessus. Nous mettons l'accent sur la formation. Nous organisons des conférences nationales, provinciales et régionales sur la formation. Centraide peut jouer des rôles très importants en tant que coordonnateur et qu'organisme de financement, et pour mobiliser les communautés. C'est cela notre rôle, par rapport à l'armée et à la Croix-Rouge et aux autres organisations qui jouent un rôle qui est plus de premier plan.

Ce que nous apprenons surtout, dans le secteur bénévole, concerne l'acquisition des outils et des ressources et la prise de conscience. La plupart des organismes font ce que nous appelons un apprentissage «sur le tas». Les gens ne peuvent pas apprendre tout ce qu'il leur faut absolument savoir sur chaque situation, mais ils pourraient savoir où trouver les outils de manière à ce que si quelque chose survenait, ils pourraient se renseigner rapidement. À notre avis, créer un système de formation des 126 organismes Centraide sur la manière de réagir en cas de catastrophe et leur apprendre tout ce qu'il leur faudrait savoir sur la question pourrait ne pas être aussi efficace que de les sensibiliser au fait qu'il existe une bonne trousse d'outils et de bons documents de référence. S'il arrivait quelque chose, ils sauraient où s'adresser. Je crois que ce serait plus efficace.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Il y a plus de 25 ans, j'ai fondé un centre communautaire pour personnes âgées de différentes communautés ethniques de Montréal. Ce centre est subventionné par Centraide. Lors de la crise du verglas, nous avons mobilisé une centaine de bénévoles qui travaillent toute l'année dans différents services. Nous avons hébergé, nourri, habillé et conseillé des gens qui ne pouvaient plus habiter chez eux.

La Croix-Rouge nous a offert de l'aide, mais nous n'avons reçu aucun écho de la part de Centraide de Montréal. Pourtant, nous sommes sur leur liste en tant que centre offrant des services gratuits à la population démunie. Alors nous avons investi beaucoup de capital humain pour aider les gens. La Croix-Rouge nous a aider parce que nous ne pouvions pas couvrir les dépenses.

Comment Centraide peut-elle travailler dans de telles situations sans prendre l'initiative de rencontrer les agences qu'il subventionne pour que des services soient fournis dans des situations d'urgence?

Pourquoi Centraide n'approche-t-elle pas ces agences? Est-ce qu'elle subventionne la Croix-Rouge?

[Traduction]

M. Amour: La tempête de verglas a été une expérience très intéressante du point de vue de la manière dont les différentes communautés se sont mobilisées de diverses façons. Nous sommes nombreux à avoir vécu une expérience différente. Je vis au nord d'ici, et nous avons manqué d'électricité pendant 11 jours. J'habite à une dizaine de kilomètres d'une communauté de 300 habitants qui a réagi à sa façon. Le centre-ville de Hull ou d'Aylmer a réagi de toute autre façon que les petites communautés du Québec, et bien autrement que Montréal.

Pour les tempêtes de verglas et les désastres naturels de ce genre-là, comme je le disais plus tôt, c'est la Croix-Rouge qui est le principal organisme de secours d'urgence, et nous appuyons entièrement ce rôle. À Montréal, l'organisation Centraide du grand Montréal a décidé d'appuyer sans retenue la Croix-Rouge et de la laisser assumer les principales mesures d'intervention, et que Centraide du grand Montréal n'y aurait pas un rôle aussi actif. Dans d'autres communautés du Québec, nous avions un point de vue tout différent. Des organisations Centraide de plus petites communautés se sont dit: «Oui, c'est le rôle principal de la Croix-Rouge, mais nous allons, nous aussi, faire tout ce qui est en notre pouvoir directement». C'était une autre façon de voir les choses.

Si vous avez vécu la crise du verglas à Montréal, vous avez vu agir la Croix-Rouge et reconnu le merveilleux travail qu'elle a fait. Comme vous l'avez dit, on n'a pas pu reconnaître d'intervention directe de Centraide dans les mesures qu'a pris la Croix-Rouge. Cela relevait d'une décision, qui a été fondée sur la conception qu'on avait du rôle de la Croix-Rouge. Dans d'autres communautés, vous auriez vu tout autre chose. Même si, en fait, la Croix-Rouge offrait le secours immédiat, Centraide collaborait aussi avec tous ses organismes, leur demandant: «Que pouvons-nous faire? Quelles sont nos ressources? Comment pouvons-nous coopérer?» Chaque communauté est unique dans la manière dont ses organisations ont déterminé ensemble ce qui était le plus efficient et le plus efficace.

Aussi, nous espérons que le travail que nous ferons d'ici environ un an éveillera la conscience publique sur les modes d'action différents, pour que la communauté puisse voir très vite ce qu'ont fait les autres communautés, les résultats qui ont été obtenus et comment on peut participer.

Vous avez tout à fait raison. D'après ce que nous savons, les choses se sont passées à Montréal exactement comme vous l'avez décrit.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Centraide connaît le potentiel de ces agences. J'ai trouvé étrange que ce soit la Croix-Rouge qui s'adresse à nous, et non Centraide. La Croix-Rouge ne nous connaît pas, Centraide oui. Cela fait plusieurs années qu'elle subventionne notre centre. Nous avons reçu un prix d'excellence de leur part pour notre travail. Nous avons des bénévoles sur le terrain tout le temps. Nous participons à toutes les activités de Centraide.

Dans l'avenir, peut-être que Centraide pourrait approcher les agences parce qu'elle connaît notre potentiel d'aide.

[Traduction]

M. Armour: Vos commentaires sont très utiles. Je vous remercie.

Le président: Nous devons être prudents et gérer notre argent de notre mieux, mais nous espérons obtenir des fonds pour les voyages. Le sous-comité souhaite aller dans l'ouest du Canada en un voyage et dans l'est en un autre. Encore une fois, cela dépend de la manière dont le budget sera établi, mais nous sommes optimistes. Je crois, comme vous, que la seule véritable façon de savoir ce qui est vraiment arrivé là-bas et comment les choses devraient se passer à l'avenir est de se rendre sur place, là où il y a eu le sinistre. Par exemple, de fortes pluies, le printemps dernier, ont provoqué une nouvelle inondation dans le sud-ouest du Manitoba et le sud-est de la Saskatchewan. Le secteur touché est principalement une région agricole, et beaucoup de gens ont souffert de cette inondation. Personne n'est mort et très peu de maisons ont été inondées, mais un large périmètre agricole a été dévasté. Par conséquent, les répercussions économiques de cette inondation ont été ressenties non seulement par les fermes touchées, mais aussi dans les villes et les villages de la région. Je crois qu'il est essentiel de cerner ce genre de répercussions sur les gens et de tenter de déterminer le meilleur moyen d'affronter ce genre de situations dans le futur.

Encore une fois, nous réagissons bien aux préoccupations immédiates, mais nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir à long terme pour aider les gens à surmonter ce qui est probablement l'une des situations les plus traumatisantes qu'ils auront connues.

Je vous remercie d'être venu ici aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.

M. Armour: Comme je l'ai dit, si votre comité est autorisé à faire ces voyages, je me ferai un plaisir de vous mettre en communication avec les bureaux United Way et Centraide de chacune des communautés où vous irez pour qu'ils vous mettent en contact avec les organismes et que vous puissiez vous faire une idée d'ensemble de la situation.

Le président: Le major Hollman est ici pour nous brosser un tableau, d'une perspective similaire, du rôle de l'Armée du Salut en cas de désastre, et faire des recommandations pour l'avenir. Mme Hollman nous a remis une brochure sur les activités passées de l'Armée du Salut. Personnellement, et je crois que beaucoup d'entre nous sont du même avis, je connais bien l'efficacité de l'Armée du Salut dans le domaine. Lorsqu'on est en train de lutter contre une inondation, qu'on est mouillé, fatigué, qu'on a faim et que tout d'un coup, on aperçoit un camion de l'Armée du Salut, venu nous offrir une soupe chaude et un sandwich, c'est une bénédiction.

Major, veuillez nous faire votre présentation. Nous poserons ensuite des questions.

Le major Ruth Hollman, agent de liaison avec le gouvernement, Armée du Salut: L'Armée du Salut est un organisme chrétien international. Les services le personnel et les bénévoles de l'Armée du Salut ont offert aux soldats pendant les deux guerres mondiales en Europe sont légendaires. De la tenue de cantines à la distribution de chaussettes et de sous-vêtements en passant par le soutien spirituel et émotionnel fourni offert au personnel militaire sur les lignes de front, l'Armée du Salut a répondu aux besoins de bien des âmes solitaires et effrayées qui étaient loin de leur foyer.

Cela fait plus de 115 ans que l'Armée du Salut est à l'oeuvre au Canada, où elle offre une gamme riche et variée de services à la communauté. Elle soutient entre autres les familles, les victimes et les délinquants qui ont affaire au système correctionnel, elle offre hébergement et nourriture aux sans-abri, elle tient des hôpitaux, elle met en oeuvre des programmes d'aide aux parents célibataires et d'aide sociale aux défavorisés, dont des conseils et de la formation, et elle fournit des provisions, des vêtements et du mobilier, en plus de toute une gamme d'autres programmes de soutien aux défavorisés de notre communauté.

Aussi, l'Armée du Salut a joué un rôle important lors de situations d'urgence et de désastres survenus au fil des ans dans les communautés de tout le Canada. Les organisations comme les services d'incendie locaux ont, depuis des années, des ententes avec l'Armée du Salut. Lorsqu'il y a un gros incendie, le chef des pompiers, ou son représentant, fait appel à l'Armée du Salut pour les mesures comme le soutien des victimes et des pompiers et la distribution de rafraîchissements fonctionnels, en plus des beignets et du café traditionnels.

Les plans d'urgence de la plupart des grandes municipalités renferment des ententes conclues avec l'Armée du Salut pour la prestation d'un ou de plusieurs services sociaux lorsque surviennent d'importants incidents. Notre mandat, en ce qui concerne notre rôle dans les situations d'urgence et lors de désastres qui surviennent au Canada, est le suivant:

Dans le cadre des services de secours d'urgence, l'Armée du Salut est motivée par la compassion et un intérêt chrétien pour les besoins physiques, émotionnels et spirituels des victimes de sinistres et de ceux qui les assistent. En déployant tous les efforts raisonnables pour fournir un soulagement immédiat aux humains à la suite d'un sinistre, l'Armée du Salut exprime un amour chrétien pour l'humanité sans distinction de race, de couleur, de croyance, de sexe ou d'âge.

Bien que tout le monde ne le sache pas forcément, l'Armée du Salut est néanmoins très engagée dans l'intervention d'urgence au Canada. Je vais donner plusieurs exemples pour illustrer le rôle que joue l'Armée du Salut dans des situations d'urgence.

Il y a eu le débordement de la rivière Rouge au Manitoba. Lorsque l'équipe d'intervention d'urgence de la ville de Winnipeg, s'est réunie pour la première fois, le 26 mars 1997, il a été convenu que l'Armée du Salut fournirait des services temporaires d'alimentation et d'hébergement, ce dont elle a une grande expérience. Ensuite, au début d'avril 1997, une équipe d'agents et d'employés de l'Armée du Salut s'est rendue à Fargo et à Grand Forks pour y constater les ravages causés par l'inondation et observer le fonctionnement des cantines de l'Armée du Salut. Le 20 avril 1997 entrait en oeuvre «Operation We Care», une opération de secours aux victimes de l'inondation du siècle. Des centaines de tonnes de vêtements et de produits non périssables recueillis à l'intention des victimes de l'inondation sont arrivés à Winnipeg pour y être distribués par l'Armée du Salut. Des centres de distribution des dons ont ouvert leurs portes le 16 et le 20 mai respectivement.

Le 21 mai, la deuxième phase de l'opération était lancée. Avec le recul des eaux, les familles retournaient dans leurs foyers voir l'étendue des dégâts. «Operation We Care» a continué d'alimenter les bénévoles et les familles, de distribuer une aide matérielle, de rendre visite aux familles et d'aider les victimes à entamer le retour à la vie normale.

C'est alors qu'a commencé la troisième phase de l'opération, un programme d'intervention à long terme. L'intervention s'est petit à petit réorientée vers la reconstruction et les projets de développement de la conscience communautaire. Les cantines ont continué de fournir des repas aux bénévoles et aux victimes de l'inondation. Des biens matériels ont été distribués et des maisons ont été visitées.

À la fin de l'été et en automne, «Operation We Care» a permis de financer l'achat de fournitures scolaires et de l'équipement de terrains de jeux et aussi la reconstruction de terrains de jeux dans plusieurs communautés. À la fin de l'automne, des dons en argent ont été distribués à de nombreuses personnes qui avaient subi de grandes pertes ou dont la maison avait été entièrement détruite. Le travail communautaire s'est poursuivi pendant l'hiver 1998-1999 et de l'aide a continué d'être fournie.

La tempête de verglas de 1998. Les ressources de tous les grands centres de l'est de l'Ontario et de Montréal ont été partagées avec un grand nombre des plus petites communautés privées d'électricité pendant la tempête de verglas. Des cantines mobiles ont livré des repas chauds aux refuges et ont alimenté les secouristes. Pour illustrer la forte demande de ce genre de ressources, parlons de Kingston, où 5 000 repas ont été servis et où 250 familles recevaient chaque jour des produits non périssables, comme du beurre d'arachide, des conserves, du pain, des couches, et cetera.

Il y a eu Montréal. Le principal rôle de l'Armée du Salut, à Montréal, a consisté à veiller à l'approvisionnement du secteur sud de la ville en amenant deux cantines mobiles qui distribuaient de la nourriture aux gens qui luttaient pour sauvegarder leurs propres maisons, dans les secteurs les plus touchés. Une troisième unité continuait de servir les sans-abri dans les rues de Montréal. Plus de 4 300 repas ont été servis par ces unités mobiles.

Ottawa a aussi été au coeur d'une grande opération de prestation de soutien et de soins. De l'assistance a été fournie à un nombre incalculable d'employés des sociétés hydroélectriques, de militaires, de bénévoles et à des centaines de personnes forcées de quitter leur foyer. Des repas chauds et des breuvages ont été livrés à divers refuges et à des postes de commande dans tout l'est de l'Ontario, à des endroits comme Lanark County, dans les communes de Rideau et d'Osgoode, à Embrun, à Casselman, à St. Albert, à Moose Creek, à Smiths Falls et cetera. Le personnel de l'Armée du Salut a tenu des banques d'alimentation, coordonné les activités des bénévoles, livré des couvertures, de la nourriture, des fournitures médicales et pour nourrissons, il a fourni son aide dans les refuges, coordonné la réception et la distribution des dons d'aliments et de fournitures et il a participé à une vaste gamme d'autres mesures de soutien des sinistrés.

À Brockville, l'Armée du Salut a servi 14 976 repas dans la région pendant la crise du verglas. Une centaine d'employés et de bénévoles de l'Armée du Salut ont fourni refuge, repas et soutien spirituel à environ 150 personnes, dont la plupart étaient des aînés, dans l'église de la localité. Une fois qu'ils ont été pris en main, des cantines mobiles ont servi entre 800 et 1 000 repas par jour dans la commune de North Augusta.

Voilà pour ce qui est de l'aperçu des activités de l'Armée du Salut pendant la crise du verglas dans l'est de l'Ontario et au Québec.

Il y a eu, aussi, l'explosion de la raffinerie de pétrole Hub Oil à Calgary. Le 9 août 1999, l'usine de recyclage Hub Oil a explosé, ce qui a causé un violent incendie. Rien n'a pu être fait pour éteindre l'incendie dans les huit heures qui ont suivi l'explosion à cause du type de matériaux qui se consumaient et du risque potentiel que présentaient les nombreuses explosions subséquentes. À 12 h 20, l'équipe spécialisée d'intervention de Calgary a fait appel à l'Armée du Salut et lui a demandé d'envoyer son équipe de services d'urgence fournir et livrer des sandwiches, des beignes, du café, de l'eau et du jus aux pompiers, aux agents de police, au personnel de secours médical d'urgence, aux spécialistes des matières dangereuses et aux autres membres des services de secours qui se trouvaient sur place. Étant donné que les pompiers étaient obligés de rester à proximité du lieu de l'incendie pour intervenir et qu'ils devaient passer par un module de décontamination avant de pouvoir se nourrir et se reposer, il a fallu prévoir un service de navette, où l'une des unités multi-services transportait les aliments et les fournitures entre le poste de l'Armée du Salut et les unités d'intervention.

Une quantité phénoménale d'eau a été consommée à cause de la chaleur considérable que générait l'incendie. Deux fourgonnettes du centre Anchorage de l'Armée du Salut ont été utilisées, en plus des voitures particulières. Une fourgonnette a servi à fournir un service en périphérie, tandis que l'autre faisait la navette et transportait les provisions et les équipes de secours. Les voitures particulières ont dû servir lorsque les fourgonnettes étaient monopolisées par d'autres tâches.

À 2 h 20 du matin, le 10 août 1999, l'équipe de services d'urgence de l'Armée de Salut a été avisée de se retirer. Elle avait servi environ 200 tasses de jus, 240 tasses de café, près de 1 000 bouteilles d'eau, 600 sandwiches et 20 douzaines de beignes.

Parlons maintenant de la catastrophe aérienne de Peggy's Cove, l'écrasement du vol 111 de Swissair. L'intervention de l'Armée du Salut à Peggy's Cove s'est déroulée en deux phases distinctes. Chacune de ces deux phases a porté sur toute la durée de l'opération, soit du 2 au 16 septembre 1998. Au total, 53 membres de l'Armée du Salut ont pris part à l'intervention.

Dans la première phase, le principal rôle de l'Armée du Salut consistait à fournir réconfort, soutien et encouragements aux autres intervenants et travailleurs de Peggy's Cove. L'Armée du Salut a aussi fourni des aliments et des rafraîchissements aux médias venus couvrir le sinistre. Deux équipes étaient en fonction 24 sur 24, faisant à un tour de rôle des quarts de six ou sept heures.

La deuxième phase, d'une plus grande ampleur, visait les familles des victimes. En collaboration avec la Croix-Rouge, l'armée canadienne, le clergé d'autres religions et la GRC, des équipes de cinq personnes sont allées à la rencontre de chaque avion qui arrivait, chargé de parents des victimes. Dans le rôle d'aumôniers, les officiers de l'Armée du Salut accompagnaient ces gens dans les autobus qui les ramenaient du lieu de l'écrasement de l'avion, à Peggy's Cove, vers leur hôtel. Une équipe a assuré la permanence à l'hôtel pendant toute la durée de l'opération pour fournir un soutien affectif et des conseils, une tâche qui a souvent été difficile si l'on comprend le traumatisme que vivaient ces familles en deuil. À ce moment-là, le nombre de bénévoles de l'Armée du Salut est monté à plus d'une centaine. À l'occasion du rassemblement commémoratif qui a eu lieu récemment, en 1999, plusieurs familles ont demandé à revoir les mêmes officiers de l'Armée du Salut qu'ils avaient rencontrés au moment du sinistre.

Voilà pour les exemples d'activités récentes de l'Armée du Salut au Canada. On pourrait en donner d'autres pour illustrer le rôle que joue l'Armée du Salut lorsque surviennent des incendies de forêt, des tornades et des cyclones, étant donné que ceux-ci peuvent avoir des répercussions de notre côté de la frontière. La nature secourable des services de soutien social d'urgence que fournit l'Armée du Salut et sa constante disponibilité pour donner conseils et soutien affectif ont suffisamment été illustrées dans les scénarios que je viens de décrire.

Je vais brièvement parler des activités de l'Armée du Salut sur la scène internationale. L'Armée du Salut du Canada répond à des demandes d'assistance qui émanent de deux centres, dont l'un est notre siège social international, en Angleterre. Après que son équipe d'intervention d'urgence a évalué les besoins sur la scène d'une catastrophe internationale, un appel est lancé à tous les bureaux centraux de l'Armée du Salut dans le monde entier, où on leur précise le genre d'aide qui est nécessaire. Ce peut être uniquement une aide financière, comme dans le cas de la Turquie. Je voudrais ajouter ici que depuis que le rapport a été achevé, l'Armée du Salut a poursuivi son intervention en Turquie par l'entremise des bureaux de l'Armée du Salut de la Suisse, de la Norvège et de la Suède, qui s'occupent des arrangements pour les tentes et la nourriture.

L'aide fournie peut alterner entre une combinaison d'approvisionnement en matériaux, en vêtements, en nourriture, en matériel de couchage, en ressources financières, et cetera. Ce peut être, par exemple, une combinaison de matériaux et de vêtement avec le prêt de personnel, comme cela a été le cas en Amérique du Nord à la suite du passage de l'ouragan Mitch et au Kosovo, avec la guerre et la crise des réfugiés.

La deuxième source de demandes d'intervention de l'Armée du Salut émane directement des organismes du gouvernement canadien comme l'ACDI. L'opération de restauration menée en Amérique centrale après le passage de l'ouragan Mitch est décrite dans une annexe des documents qui vous ont été fournis. Vous avez aussi un exemplaire du document du Christian Imperative, qui est un rapport de la visite qu'a effectuée l'équipe de tête de l'Armée du Salut du Canada au Nicaragua, au Salvador et au Honduras en décembre 1998. Le rapport brosse un tableau assez juste du rôle qu'a adopté l'Armée du Salut à la suite de cette catastrophe.

Des équipes de travailleurs de l'Armée du Salut du monde entier, notamment du Canada, ont travaillé dans les camps de réfugiés en Albanie. Leurs rôles variaient selon les besoins du jour. La plupart des équipes ont distribué des aliments et des vêtements dans les camps, tandis que d'autres ont assumé la charge des camps dans divers centres.

Lorsque les réfugiés du Kosovo ont pris le chemin du retour à leurs foyers, le personnel de l'Armée du Salut en a accompagné un grand nombre pour les assister, au besoin. Des activités spécialisées, comme l'évaluation de la situation des villages, ont été entreprises. Il fallait notamment déterminer qui vivait actuellement dans le village, dans quel état étaient les bâtiments, le système d'approvisionnement en eau et en électricité et les écoles et de faire des prévisions en matière de récoltes. Tout cela permettait de déterminer si les familles pourraient isoler suffisamment leurs logements contre la rigueur de l'hiver à venir. L'achat de 2 000 cuisinières illustre le genre d'aide pratique que l'Armée du Salut a pu fournir avec les dons du public. Les cuisinières ne font pas que répondre aux besoins de la communauté en leur permettant de préparer les repas et de se chauffer, mais cet achat permet aussi de relancer l'économie locale.

C'est presque par hasard qu'un soutien affectif a pu être fourni aux résidents lorsqu'ils découvraient l'étendue des dommages causés à leurs maisons, s'il en restait quelque chose. Comme il restait encore des mines terrestres, les familles avaient besoin de soutien lorsque l'un des leurs était tué ou blessé par une mine. L'Armée du Salut a maintenant chargé une équipe d'examiner de quelle manière elle peut être le plus utile à long terme, au cours de l'année à venir.

L'Armée du Salut a activement participé aux démarches d'installation de Kosovars au Canada dans le cadre de l'Opération Parasol. Les employés et les bénévoles de l'Armée du Salut ont distribué dans les refuges temporaires des bases militaires des vêtements neufs achetés par le gouvernement canadien, de même que des vêtements donnés. Six tonnes de vêtements donnés ont été traités dans la base des Forces canadiennes de la région de Trenton seulement.

L'Armée du Salut était sur place pour accueillir les réfugiés à leur arrivée et offrir des sandales à ceux dont les chaussures étaient jugées avoir été contaminées en sol étranger. Le réseau «Neighbour-Links» de Vision mondiale Canada a collaboré avec l'Armée du Salut dans cette phase de l'opération. Les bénévoles de l'Armée du Salut ont aidé les travailleurs de la Croix-Rouge à offrir, notamment, des programmes de soins aux enfants, d'animation et de surveillance nocturne et ils ont aidé les réfugiés à s'adapter à aux électroménagers du Canada, comme les machines à laver qu'on utilise ici.

Dans les centres comme celui de Peterborough, en Ontario, le personnel de soutien des familles de l'Armée du Salut a fait un suivi des familles de réfugiés qui ont été installées dans les communautés, et il les a aidées à acquérir des meubles et d'autres articles essentiels.

Tout ce que je viens de décrire visait à illustrer pour le comité certains des moyens par lesquels l'Armée du Salut aide les communautés au Canada et à l'étranger lorsque surviennent des situations d'urgence et des sinistres. On associe surtout l'Armée du Salut à l'aide sociale qu'elle fournit aux défavorisés. Certaines de nos sociétés soeurs sont mieux connues pour leur intervention lors de sinistres. Il me semblait pertinent de fournir cette information dans le cadre de notre présentation.

L'Armée du Salut demande respectueusement au Sénat d'examiner les recommandations qui suivent.

Premièrement, il serait utile que la loi qui se rapporte à la déclaration des situations d'urgence encourage notamment les résidents valides d'un secteur sinistré qui ne sont pas normalement employés dans les services essentiels ailleurs à demeurer sur les lieux et à participer aux mesures de secours mises en oeuvre dans leur communauté.

Pendant la crise du verglas, en 1998, l'un des rôles de l'Armée du Salut a été de coordonner l'action bénévole dans un village de l'est de l'Ontario. Il était un peu déconcertant de devoir demander à des bénévoles de faire plus de 100 kilomètres en voiture pour aller participer à des corvées de nettoyage dans un village tandis que les résidents de l'endroit allaient au travail à Ottawa. Les résidents auraient pu tirer plus d'orgueil du rétablissement de leur communauté et ils auraient pu veiller à ce que le travail soit fait selon leurs critères s'ils étaient restés sur place. Les bénévoles de l'extérieur auraient alors pu se consacrer aux mesures de soutien des aînés et des personnes handicapées, ainsi que sur les propriétés des personnes réellement indispensables à leur travail. Cela aurait été rassurant pour les bénévoles et gratifiant pour les victimes qui se seraient reconnues capables de s'aider elles-mêmes.

Deuxièmement, il nous faut légitimer la participation et la collaboration de tous les organismes non gouvernementaux dans l'intervention d'urgence. Il faut absolument coordonner les activités de ces organismes désignés comme des collaborateurs dans une opération de secours. Nous devrions reconnaître les rôles de chacun de ces organismes d'une manière qui favorise le travail d'équipe et un partenariat efficace.

Les événements récents nous ont clairement fait comprendre qu'un seul organisme gouvernemental ou non gouvernemental ne peut pas avoir les ressources suffisantes pour répondre à la vaste gamme des besoins des victimes de sinistres. Les obstacles peuvent être d'ordre financier ou matériel, ce peut être le manque d'expertise ou une quantité d'autres lacunes possibles. Lorsque les ressources d'un grand nombre de groupes sont recensées et combinées, et que les rôles sont clairement cernés, l'intervention peut être tellement plus efficace et la souffrance humaine peut être atténuée.

Troisièmement, nous devrions capitaliser sur les forces et les ressources existantes pour éduquer le public et limiter l'étendue des souffrances inutiles lors des sinistres. La capacité personnelle d'intervention est l'une des clés de la limitation des effets d'un sinistre. Il devrait y avoir régulièrement des publications comme celle d'Industrie Canada, intitulée: «Vérification à domicile du bogue du millénaire», en plus de publicités, d'affiches, de chansons et d'autres choses du genre.

De nombreuses organisations comme l'Armée du Salut diffusent des publications qui pourraient être adaptées en coopération pour répondre aux besoins d'éducation de l'ensemble de la population en matière de mesures d'urgence. L'une de ces publications s'intitule: «PrepGuide -- Home Safety Emergency Plan». J'en laisserai un exemplaire à ce comité. Elle est produite par l'Armée du Salut aux États-Unis, en collaboration avec plusieurs autres organismes. Évidemment, elle serait produite dans les deux langues officielles ici, au Canada. Ce guide est une nouvelle ressource de l'Armée du Salut. Il aide les familles et les communautés à se préparer en cas de situations d'urgence. Peut-être l'Armée du Salut et le gouvernement pourraient-ils s'entendre pour que ce genre de publication puisse être distribué dans tous les foyers.

Honorables sénateurs, au nom de Jim Ferguson, qui se trouve aujourd'hui à une conférence sur les sinistres, et en mon propre nom, je vous remercie d'avoir permis à l'Armée du Salut de venir ici aujourd'hui. Je tiens à assurer chacun de vous, autour de cette table, que tout comme à la suite de l'incident de la mine de Springhill, de la tornade à Edmonton, avec nos chers amis de la Hongrie et du Rwanda et après l'accident récent survenu sur l'autoroute 401, l'Armée du Salut sera toujours prête à entrer en action en cas de sinistre. Nous serons là pour poursuivre notre tranquille mission, qui est d'aider à soulager les misères de l'humanité. Que Dieu vous bénisse tous.

Le président: L'Armée du Salut est un organisme d'intervention directe. Chaque fois qu'il y a une catastrophe au Manitoba, vous êtes présents sur le terrain. Il est évident que vous apportez aux gens non seulement une aide matérielle, mais aussi de l'encouragement.

Ce qui me préoccupe, c'est ce que vous avez dit au sujet du travail que vous effectuez avec les bénévoles pendant que les propriétaires, eux, vont travailler. Cela peut être problématique, mais il faut situer les choses dans leur contexte. Quand une catastrophe se produit, comme une inondation, les gens passent beaucoup de temps à essayer de protéger leur maison. Ils vont s'absenter du travail, utiliser leurs congés de maladie, leurs vacances. Ensuite, une fois le danger passé, comme leurs crédits de congés sont épuisés, ils doivent retourner au travail s'ils veulent conserver leur emploi. C'est là une partie du problème. On n'y peut rien.

Les bénévoles voient les propriétaires partir pour le bureau tandis qu'ils restent, eux, sur le terrain pour s'occuper du gros du travail, mais il faut situer les choses dans leur contexte. Les gens touchés par des catastrophes subissent un stress émotionnel du fait qu'ils doivent essayer de protéger leur maison, et ils subissent aussi un stress économique du fait qu'ils doivent reprendre le travail et laisser tout en chantier. Les particuliers et les familles se trouvent confrontés à une situation très difficile, et nous devons en tenir compte.

Mme Hollman: En fait, je fais allusion à ce qui s'est passé à Casselman. Certains de nos bénévoles ont quitté leur emploi pendant cette période afin d'offrir leurs services. Évidemment, cela ne s'est pas produit partout ailleurs.

Le président: J'ai essayé tout simplement de présenter le problème sous un angle différent, parce que je sais que c'est un fait et que nous devons l'accepter.

Je vous remercie pour vos recommandations. Elles sont très claires. J'espère que notre comité va pouvoir se déplacer. Si nous obtenons l'autorisation de le faire, croyez-vous que nous devrions prendre le temps de rencontrer les groupes et les organismes locaux?

Mme Hollman: Jim Ferguson est responsable des mesures d'urgence auprès de l'Armée du Salut. Son bureau est à Ottawa. Je viens de vous lire son rapport. Il pourrait vous indiquer quels endroits visiter.

Le sénateur Cook: Vous avez parlé des visites effectuées dans les villages du Kosovo pour évaluer la situation. Avez-vous entrepris cette démarche de votre propre initiative ou avez-vous reçu des directives de la haute direction? Le cas échéant, à qui avez-vous soumis votre rapport?

Mme Hollman: Je pense que l'Armée du Salut a collaboré avec d'autres organismes sur place, comme Vision mondiale. Elle a dû soumettre son rapport au siège social international.

Le sénateur Cook: Où se situe l'organisme directeur, le centre nerveux, quand une catastrophe se produit? Une fois données les directives, où l'information retourne-t-elle?

Mme Hollman: Si une catastrophe se produit dans un autre pays, le siège social international à Londres, en Angleterre, lance un appel, détermine ce que l'Armée du Salut peut faire sur le terrain et mobilise le personnel nécessaire. Par exemple, nous voulons des gens qui parlent la langue des habitants de la région sinistrée. Je sais qu'il y a un officier canadien qui passe ses vacances en Turquie parce qu'il est d'origine turque et qu'il connaît la langue. Il doit se rendre là-bas pour apporter son aide, sauf qu'il ne peut le faire de sa propre initiative. Il faut qu'il obtienne la permission du siège social et, bien entendu, il faut que le siège social sache si nous pouvons ou non nous rendre sur place. Même si l'Armée du Salut est présente dans 189 pays, nous ne pouvons pas simplement entrer dans un pays. Nous devons respecter les lois en vigueur dans celui-ci.

Dans le cas de l'inondation du Manitoba, Jim Ferguson a travaillé de concert avec d'autres organismes.

Le sénateur Cook: A-t-il travaillé avec une coalition de personnes?

Mme Hollman: Oui.

Le sénateur Cook: Il a transmis le message et soumis un rapport.

Mme Hollman: Nous sommes tenus de soumettre des rapports. J'ai l'impression que nous sommes toujours en train de faire rapport à quelqu'un.

Le sénateur Cook: Je vous félicite pour votre travail. Je pense que, ce qui rassure surtout les gens, c'est votre uniforme. La personne âgée qui, normalement, aurait peur de répondre à la porte se sentirait soulagée en voyant l'uniforme de l'Armée du Salut. Il est facilement reconnaissable. Vos membres devraient toujours le porter. Il devrait en être de même pour la Croix-Rouge. Les symboles sont importants. Ils contribuent à calmer l'anxiété, le traumatisme que ressentent les gens aux prises avec des difficultés.

Mme Hollman: Si bon nombre de nos bénévoles ne portent pas l'uniforme, c'est parce qu'ils ne sont pas toujours membres de l'Armée du Salut. Ils font partie d'une autre confession religieuse, d'un autre groupe. Toutefois, ils vont porter un insigne, comme, par exemple, le logo de l'Armée du Salut, sur leur chandail ou leur veste.

Le sénateur Cook: C'est important.

Mme Hollman: Je tiens à préciser que l'Armée du Salut ne pourrait fonctionner sans l'aide de personnes comme vous et le grand public. Nous comptons sur les fonds que nous recueillons dans le cadre de notre campagne de souscription annuelle, qui a lieu à l'échelle nationale au mois de mai, bien que nous organisions toujours des campagnes de financement.

Par exemple, dans le cas de la Turquie, tous les pays membres de l'Armée de Salut ont été appelés à contribuer. Le siège social international peut demander au siège social de Toronto: «Combien l'Armée du Salut peut-elle donner?» Comme je l'ai mentionné, nous ne pourrions fonctionner sans l'aide des autres. Merci beaucoup pour votre soutien et les prières faites en notre nom. Il n'est pas facile d'entrer dans une zone sinistrée. Même si nous portons l'amour de Dieu dans nos coeurs, la situation est parfois très difficile parce que nous sommes bouleversés par ce que nous voyons. J'ai apporté, pour chacun d'entre vous, une copie de l'édition originale de The War Cry. On y voit, sur la page couverture, un travailleur de la Croix-Rouge et un officier de l'Armée du Salut à Peggy's Cove. Ils sont très bouleversés. C'est, pour les fournisseurs de soins, une tâche très difficile.

Le sénateur Cook: Quand il y a des personnes en cause, ça devient très difficile.

Mme Hollman: C'est vrai.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Je connais bien le travail de l'Armée du Salut dans la communauté, surtout à Montréal auprès des jeunes drogués. Êtes-vous satisfaite de votre intervention lors de la tempête de verglas à Montréal l'année dernière? Étiez-vous capable de couvrir tous les aspects humains rencontrés lors de ce désastre?

[Traduction]

Mme Hollman: Votre question est intéressante. Je n'étais pas présente à Montréal, mais je sais, d'après ce que m'ont dit les gens à qui j'ai parlé et M. Ferguson, que l'Armée du Salut a joué un rôle actif à Montréal. Nous avons à Montréal un prêtre espagnol, et je trouve cela formidable. Bien entendu, nous n'en faisons jamais assez. Nous aimerions pouvoir en faire plus.

Le sénateur Ferretti Barth: Je comprends.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Apporterez-vous des améliorations à votre plan d'intervention en cas de désastres futurs? Avez-vous un processus de prévention? Y-a-t-il une formation pour cela?

[Traduction]

Mme Hollman: La conférence à laquelle assiste M. Ferguson, en Floride, a pour objet, entre autres, de nous aider à trouver des moyens de faire face aux catastrophes. Nous ne sommes jamais totalement prêts, mais je sais que cette question figure à l'ordre du jour de la conférence à laquelle participe cette semaine M. Ferguson.

Comme je l'ai mentionné, nous ne sommes jamais vraiment prêts à faire face à un désastre. Je sais que l'Armée du Salut est intervenue dans les minutes qui ont suivi l'accident survenu sur l'autoroute 401, pendant le week-end de la fête du Travail. Elle est restée présente sur le terrain pendant huit heures. Dès que nous recevons un appel, nous mobilisons nos gens.

[Français]

Le sénateur Ferretti Barth: Êtes-vous préparés à intervenir dans les communautés culturelles qui ont une autre façon de concevoir la situation et qui ont une langue et une culture différentes? Vos bénévoles sont-ils préparés à rencontrer les communautés culturelles? À Montréal, nous comptons plusieurs communautés différentes.

[Traduction]

Mme Hollman: Je suis d'accord avec vous. Nous devons apprendre à connaître les communautés culturelles. C'est ce que nous essayons de faire. Par exemple, à Vancouver, l'Armée du Salut collabore avec la communauté chinoise; à Toronto, nous collaborons avec les communautés coréenne, chinoise et espagnole. À Montréal, nous avons les communautés de langue française et espagnole. Il est difficile de produire des documents, ainsi de suite, dans un si grand nombre de langues.

Le sénateur Ferretti Barth: On ne trouve pas uniquement une communauté chinoise à Montréal. Il y a de nombreuses communautés. On entend parler des Chinois, mais il y a, au Canada, des Italiens, des Grecs, des Portugais, des Arabes et des Sri-Lankais. Il y a de nombreuses communautés qui sont desservies par mon centre. Quand je me promène le dimanche, je me demande souvent si je suis dans un pays du tiers monde. Ces gens doivent avoir confiance en nous.

[Français]

Dans leur langue et leur culture? Autrement, ces gens n'ont pas confiance.

[Traduction]

Mme Hollman: Oui, nous sommes d'accord. Si nous connaissons une personne qui parle la langue et qui peut nous être utile, nous allons essayer de retenir ses services. C'est ce que nous essayons de faire.

Le sénateur Ferretti Barth: Nous venons en aide à l'Armée du Salut à Montréal, parce que nous parlons, dans notre centre, cinq langues -- pas moi personnellement, mais les autres.

Mme Hollman: J'ai rencontré quelqu'un l'autre jour qui parle huit langues.

Le président: Avez-vous d'autres renseignements plus détaillés à nous transmettre? Le sénateur Cook aimerait savoir comment nous pouvons obtenir plus d'information.

Le sénateur Cook: C'est un document merveilleux, mais ça dit bien ce que ça veut dire.

Mme Hollman: Il n'est question que de Winnipeg.

Le sénateur Cook: J'aimerais bien avoir une copie du rapport sommaire qui a été présenté au siège social territorial. Ce serait instructif.

Le président: J'aimerais vous poser une question sur la préparation à une situation d'urgence. Cela semble être l'élément le plus important. Le Bureau d'assurance du Canada, par l'entremise de l'Institut responsable de la réduction des sinistres, a tenu, à Vancouver, une conférence sur les tremblements de terre. Il insiste beaucoup sur les mesures à prendre en cas de tremblement de terre. Les participants à la conférence ont entendu un exposé d'une personne qui a travaillé dans une région de la Californie qui a été frappée par un tremblement de terre. Il a indiqué qu'ils avaient préparé une brochure visant à aider les citoyens de la région à faire face à un désastre. Les personnes qui vivent dans des zones menacées d'inondation ou sismiques doivent se tenir prêtes à faire face à une catastrophe. Il serait utile d'avoir une telle brochure. J'estime que les Canadiens doivent prendre les mesures qui s'imposent, si possible, avec l'aide des autres, pour mieux se protéger. Il serait utile pour nous de voir cette brochure.

Mme Hollman: Oui, elle est utile. C'est quelque chose que les gens peuvent afficher sur la porte du réfrigérateur. Je vais vous en laisser une copie que vous pourriez peut-être distribuer aux membres du comité.

Le sénateur Cook: Vous pourriez peut-être distribuer la brochure lors de la campagne annuelle de souscription.

Mme Hollman: C'est une bonne idée.

Le sénateur Cook: Vous frappez à toutes les portes.

Mme Hollman: Il en coûte 1,60 $ pour produire la brochure aux États-Unis. Même si c'est en dollars américains, ce n'est pas cher. Je vais vous en remettre une copie, monsieur le président.

Le président: Nous allons maintenant entendre M. Keith Wagler, du Mennonite Disaster Service.

M. Keith Wagler, Mennonite Disaster Service: Monsieur le président, honorables sénateurs, j'aimerais d'abord vous dire qui nous sommes et ce que nous faisons. Le Mennonite Disaster Service est un organisme binational qui intervient en cas de catastrophes naturelles et, parfois, en cas de désastres faits par l'homme. Nous participons aux opérations de nettoyage, de réparation, de reconstruction des maisons. Nous venons en aide aux gens qui, parce qu'ils ne sont pas suffisamment assurés ou qu'ils n'ont pas d'assurance, ne peuvent assumer les coûts de reconstruction à la suite d'un désastre, et aux gens qui ont vraiment besoin d'assistance, comme les personnes âgées, les handicapés, les veufs et veuves, ainsi de suite.

Bien que notre travail consiste surtout à participer aux opérations de nettoyage et de construction à la suite d'un désastre, notre organisme est prêt à intervenir dans d'autres domaines s'il y a suffisamment de bénévoles de disponibles.

Nous avons fourni de l'aide lors de l'inondation du Manitoba. Plus récemment, lors de certaines catastrophes majeures aux États-Unis, nous avons déployé des travailleurs de santé mentale auprès des victimes qui avaient besoin de counselling. Il y a de nombreuses agences, qu'il s'agisse d'organismes gouvernementaux ou privés, d'organismes confessionnels, de groupes de bénévoles, ainsi de suite, qui sont prêts à répondre aux besoins des gens en cas de catastrophe. Le Mennonite Disaster Service oeuvre dans ce domaine depuis très longtemps et cherche à fournir de l'aide là où le besoin se fait sentir, en secondant les agences gouvernementales et en travaillant de concert avec les autres organisations bénévoles.

Nous nous considérons comme les invités des localités sinistrées, et nous essayons de respecter les règles et les usages de l'endroit. Nous voulons collaborer avec les administrations locales et les groupes communautaires. L'expérience nous a montré qu'il vaut beaucoup mieux travailler en partenariat avec les organismes locaux et faire participer les sinistrés au processus de reconstruction qu'agir séparément. Quand on fonctionne séparément, une tâche est souvent faite en double tandis qu'une autre est carrément oubliée.

Pendant la tempête de verglas dans l'est ontarien, nos équipes chargées de couper des arbres et de dégager les toits ont fait appel aux gens de la région et leur ont indiqué où aller donner un coup de main. Selon nos équipes, après avoir nettoyé les arbres et dégagé les toits, beaucoup de sinistrés ont entrepris de nettoyer leurs trottoirs et leurs entrées. Ce travail a aidé à redonner confiance et espoir aux gens.

Aux États-Unis, le MDS a des accords de coopération avec la Croix-Rouge américaine, la FEMA et l'Armée du Salut. Le bogue de l'an 2000 a sensibilisé beaucoup de localités à la nécessité de réviser et, dans certains cas, d'établir un plan de mesures d'urgence en cas de catastrophe. Ces plans ont souvent été négligés en raison de la rationalisation, de compressions budgétaires ou de l'absence de catastrophes récentes. Nous ne souhaitons à personne de vivre une catastrophe ou d'avoir à mettre en oeuvre son plan de mesures d'urgence, mais on peut réagir plus rapidement et de façon mieux organisée quand on en a un.

Dans certaines provinces canadiennes, il existe des organismes bénévoles associés à des groupes d'intervention en cas de catastrophe et, dans d'autres, on est en train d'en former. Ces groupes offrent aux organismes la possibilité d'échanger sur ce que chacun a à offrir en situation d'urgence. Il est plus fructueux de se rencontrer dans ce contexte que sur les lieux d'une catastrophe.

Les travailleurs du Mennonite Disaster Service oeuvrent bénévolement, sans toucher de salaire. Le MDS réunit en moyenne plus de 3 000 bénévoles chaque année. Ces travailleurs offrent une journée, une semaine, un mois de leur temps, ou davantage. Beaucoup de nos bénévoles s'absentent de leur travail ou prennent des vacances pour aller aider à réparer les dégâts, mais ils sont encore plus utiles quand ils prennent tout simplement le temps d'écouter les sinistrés raconter comment ils s'en sont sortis.

Nous rappelons à nos bénévoles de faire preuve de compassion et de respecter les biens personnels et les droits de propriété. Ils ne doivent rien jeter avant d'en demander la permission aux sinistrés, qu'ils doivent traiter comme des égaux. Les bénévoles ne doivent pas oublier non plus qu'il est bien souvent plus facile de donner que de recevoir.

Dans bien des cas, le réseau du MDS ne s'occupe pas de l'achat des matériaux de construction, prévoyant que ces matériaux seront fournis par d'autres sources. Le MDS ne facture pas ses services. Il accepte aussi avec plaisir l'aide d'autres organismes pour la nourriture et l'hébergement de ses bénévoles.

Il y a beaucoup de tension pendant la période de reconstruction qui suit une catastrophe. Les délais liés à l'étude des dossiers et à l'approbation des prêts résidentiels ainsi que l'approche de l'hiver augmentent le niveau de stress. Lors de l'inondation au Manitoba, le MDS a pu fournir de l'argent aux propriétaires sinistrés jusqu'à ce qu'ils aient pu obtenir le financement attendu.

Afin d'atténuer les effets des catastrophes naturelles, le MDS a récemment commencé à mettre en oeuvre un programme de pièces de sécurité. Il s'agit de construire une pièce de sécurité en renforçant la structure de la salle de bain de façon à ce qu'elle puisse résister aux vents violents. Les murs de la pièce de sécurité sont faits de deux épaisseurs de contreplaqué et d'acier. Actuellement, nous construisons des pièces de sécurité en Oklahoma et nous projetons d'étendre le programme aux autres zones d'intervention du MDS en cas de tornades et d'ouragans. Une pièce de sécurité offre une protection physique et mentale aux sinistrés en leur donnant un sentiment de sécurité puisqu'ils ont un endroit sûr où s'abriter.

Le Mennonite Disaster Service s'occupe surtout de nettoyage et de reconstruction, mais il intervient aussi dans d'autres genres de catastrophe naturelle. Actuellement, notre service en Ontario envoie de l'aide aux agriculteurs des États de la côte est des États-Unis qui sont forcés, à cause de la sécheresse qui sévit, de nourrir leurs animaux avec le foin qu'ils comptaient utiliser cet hiver.

Le MDS attend l'an 2000 avec impatience. Il célébrera alors son 50e anniversaire au cours d'une réunion qui aura lieu à Hesston, au Kansas, du 1er au 4 juin. C'est en effet à Hesston, il y a 50 ans, que deux classes de catéchisme se sont réunies pour trouver des moyens d'aider autrui. Comme ces jeunes vivaient dans la région des tornades, il y avait souvent des gens dans le besoin. Le groupe formé à l'époque est devenu le Mennonite Disaster Service d'aujourd'hui. Le MDS est maintenant un organisme sans but lucratif constitué en société distincte qui compte quelques employés administratifs.

Le président: Merci de votre exposé.

Au sujet du nettoyage, de la réparation et de la reconstruction des maisons, avez-vous des recommandations à formuler sur la façon d'atténuer les effets des catastrophes naturelles, quelles qu'elles soient, pour les sinistrés?

M. Wagler: Il serait utile d'uniformiser les interventions dans toutes les provinces du Canada. Je sais cependant que chaque catastrophe est différente; ce qui fonctionne dans un cas ne fonctionne pas nécessairement dans l'autre.

Comme je l'ai dit, il y a beaucoup de tension au moment de la reconstruction, jusqu'à ce que les sinistrés aient reçu le financement dont ils ont besoin pour rebâtir. Au Manitoba, par exemple, le changement de saisons peut causer des problèmes pour la reconstruction.

Le président: Vous parlez du processus d'approbation des prêts?

M. Wagler: Oui, il serait utile que le processus soit écourté.

Le président: Même si l'argent a fini par arriver, le processus d'approbation a duré longtemps et a causé beaucoup d'inquiétudes. Il serait bon de raccourcir les délais.

Je suis sûr que les organismes de mesures d'urgence des provinces se rencontrent pour déterminer comment améliorer les choses. Trouvez-vous que l'intervention des provinces est mieux coordonnée? Trouvez-vous que les provinces se consultent davantage pour améliorer les interventions, ou chaque province travaille-elle encore dans l'isolement?

M. Wagler: Il faudrait que tous les organismes de mesures d'urgence se réunissent à l'avance pour savoir quelles sont les ressources disponibles. Durant la tempête de verglas, par exemple, il y a eu une certaine confusion au sujet des groupes et des ressources disponibles. Il faudrait que l'intervention soit mieux coordonnée.

Le président: Dans le cas de l'inondation au Manitoba, on a eu le temps de planifier. Mais quand il y a une tornade ou une tempête de verglas, c'est plus difficile. Par conséquent, il faudrait que le plan soit établi à l'avance. On nous a dit que, depuis la tempête de verglas, c'est ce qui se passe. Si notre comité a l'autorisation de voyager, nous espérons aller vérifier si les mesures ont été améliorées de façon à ce que, si une catastrophe survient, le plan pourra être appliqué et réalisé comme prévu.

Vous avez parlé de la construction de salles de bain à l'épreuve des tornades dans les zones à risque. Je pensais que ce genre de pièce existait depuis longtemps. Finalement, il faut s'aider soi-même.

Le sénateur Cook: Le principe de la pièce de sécurité est excellent. Quand il y a une tornade, on conseille aux gens de se réfugier au sous-sol, mais tout le monde a besoin d'aller à la toilette. C'est pourquoi je pense que le principe de la salle de bain comme pièce de sécurité devrait être inscrit dans le code du bâtiment.

Avez-vous des fonds pour les déplacements de vos bénévoles?

M. Wagler: Nous payons les dépenses de voyage et d'hébergement de nos bénévoles.

Le président: Merci beaucoup monsieur Wagler. Nous vous remercions de votre exposé de ce matin. Si nous nous déplaçons, nous comptons aller voir une partie du travail que vous avez fait.

La séance est levée.


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