Débats du Sénat (Hansard)
1re Session, 42e Législature
Volume 150, Numéro 200
Le mercredi 2 mai 2018
L’honorable George J. Furey, Président
LE SÉNAT
Le mercredi 2 mai 2018
La séance est ouverte à 14 heures, le Président étant au fauteuil.
Prière.
[Traduction]
Le décès de Gordon « Gord » Brown, député
Minute de silence
Son Honneur le Président : Honorables sénateurs, nous avons appris aujourd’hui, avec énormément de tristesse, le décès soudain de M. Gordon Brown, député de Leeds—Grenville—Thousand Islands et Rideau Lakes. Au nom de tous les sénateurs et de toute la famille du Sénat, j’offre mes plus sincères condoléances à son épouse, Claudine Courtois, à ses enfants, à tous les proches de la famille et à tous ses amis.
Par respect pour notre défunt collègue, je demanderais à tous les sénateurs de bien vouloir se lever et se joindre à moi pour observer une minute de silence.
(Les honorables sénateurs observent une minute de silence.)
DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS
Hommages
Le décès de Gordon « Gord » Brown, député
Son Honneur le Président : Honorables sénateurs, après consultations, il a été convenu que nous rendrons maintenant hommage à notre collègue, après quoi le Sénat s’ajournera.
L’honorable Larry W. Smith (leader de l’opposition) : Honorables sénateurs, aujourd’hui, notre famille parlementaire a subi une terrible perte. Gord Brown, député de Leeds—Grenville—Thousand Islands et Rideau Lakes, est décédé subitement ce matin. Il n’avait que 57 ans.
Gord était jovial, énergique et optimiste et il avait un sourire chaleureux et amical. Son esprit d’équipe était hors pair, que ce soit dans le domaine de la politique ou celui des sports, surtout en ce qui a trait à son amour du hockey. Son décès aujourd’hui est renversant et ressenti profondément parmi les membres du caucus conservateur.
En 2000, Gord Brown s’est porté candidat aux élections fédérales et a perdu par seulement 55 voix. Quatre ans plus tard, il a remporté ses élections. Depuis lors, il a défendu avec vigueur les intérêts de l’Est de l’Ontario à la Chambre des communes.
Cela n’a rien de surprenant puisque, avant son arrivée sur la Colline du Parlement, il a longtemps défendu les habitants de sa collectivité en tant que conseiller municipal de Gananoque, président de la chambre de commerce locale et président de la Commission des parcs du Saint-Laurent.
[Français]
Pendant les 14 ans environ qu’il a passés à la Chambre des communes, Gord a rempli une variété de fonctions importantes : il a été whip de l’opposition à l’autre endroit, président du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis pour la Chambre des communes, président du comité spécial chargé d’étudier la Loi antiterroriste et président du caucus conservateur de l’Ontario.
[Traduction]
Gord était extrêmement fier de ce que l’un de ses concitoyens et lui avaient fait pour étendre l’application des prestations d’assurance-emploi aux parents d’enfants gravement malades. À toutes les législatures depuis son élection en 2004, il présentait un projet de loi d’initiative parlementaire réclamant la bonification des prestations de compassion. En 2013, le projet de loi d’initiative parlementaire de Gord a été repris par le gouvernement conservateur, qui l’a fait adopter. Depuis, il a permis d’aider environ 6 000 familles par année. Quelle force d’âme!
Ce qu’a fait Gord dans ce dossier rappelle aux députés et aux sénateurs qu’ils sont en mesure d’améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens. Ce qu’il a accompli témoigne de sa persévérance et de son dévouement.
En ce jour difficile, au nom de tous les sénateurs, j’offre mes condoléances à l’épouse de Gord, Claudine, à ses fils, Chance et Tristan, à tous les membres de sa famille et à ses amis. Ils seront dans les pensées de tous les sénateurs durant les jours qui suivent.
Gord Brown manquera beaucoup à tous ceux qui ont eu la chance de le connaître. Il leur laisse de très beaux souvenirs.
Personnellement, j’ai eu l’occasion de mieux connaître Gord au cours des trois dernières années. Quel bon gars! On se sentait proche de lui. Les événements d’aujourd’hui nous amènent à réfléchir à notre propre vie et à ce qui est réellement important pour nous, et ce qui compte le plus, c’est notre famille et nos amis. Aujourd’hui, je suis très triste pour Claudine et pour ses fils, car cette jeune famille n’aura maintenant plus de père.
Cet événement nous donne l’occasion d’amorcer une véritable réflexion qui, idéalement, nous amènera à bien prendre soin de nous, car nous faisons tous partie d’une grande famille réunie ici pour une seule raison : faire du Canada un meilleur pays.
Des voix : Bravo!
L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) : Honorables sénateurs, c’est avec une profonde tristesse que je prends la parole aujourd’hui afin de souligner le décès de notre collègue parlementaire, Gord Brown. Dans de telles circonstances, tous les membres de la famille parlementaire sont unis. J’aimerais d’abord offrir mes plus sincères condoléances à son épouse, Claudine, qui, comme les gens le savent, fait elle-même partie de la famille du Sénat, puisqu’elle travaille étroitement avec le sénateur Wells.
Nous pleurons ensemble le décès d’un collègue et d’un ami bienveillant et généreux qui nous a quittés beaucoup trop tôt. Comme membres d’une même famille, nous devons tous offrir notre soutien à son épouse et à ses enfants pour les aider à se remettre de cette tragédie bouleversante et inimaginable.
[Français]
Gord était dévoué au bien-être de sa région natale, plus particulièrement en ce qui a trait aux questions économiques. Il est certain que la belle petite ville de Gananoque et la région des Mille-Îles perdent un grand champion de la créativité et de l’innovation pour y attirer de nouvelles industries et y créer des emplois.
En plus d’être propriétaire d’une entreprise familiale, il a été président de la chambre de commerce locale. Gord travaillait pour promouvoir le patrimoine historique et naturel de sa région.
Il était un homme charitable. Il était actif comme directeur de Centraide à Leeds et Grenville, et trouvait le temps d’aider les personnes âgées et les jeunes. Permettez-moi de vous rappeler le projet de loi d’initiative parlementaire qu’il a présenté pour aider les parents des enfants gravement malades.
[Traduction]
Comme le sénateur Smith l’a déjà souligné, tous ont fait l’éloge des efforts que Gord a déployés afin que l’État fédéral offre une aide financière aux familles de travailleurs qui ont des enfants gravement malades.
Gord était un passionné de sport qui aimait faire du kayak dans la magnifique région des Mille-Îles et jouer au hockey et au golf.
Je sais qu’il manquera à la famille conservatrice, au sein de laquelle il a été un promoteur infatigable de l’unité et de la solidarité au sein du parti qui s’intéressait toujours aux côtés positifs de l’engagement politique.
Il manquera à tous ceux qui admiraient son honnêteté, son éthique professionnelle et le dévouement dont il faisait preuve sur la Colline du Parlement au nom des gens de sa circonscription, voire de tous les Canadiens.
Je m’en voudrais de ne pas souligner également son travail parlementaire au sein du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Son intelligence et son jugement nous manqueront. Le gros bon sens n’est pas une qualité donnée à tout le monde, mais Gord possédait cette qualité. J’ai eu le plaisir de travailler avec lui au sein de la commission trilatérale et j’ai toujours trouvé ses commentaires pertinents. Il était quelqu’un qui prêchait par l’exemple. Puisse sa mémoire être toujours une source d’inspiration pour nous et nous inciter à nous serrer les coudes dans des moments comme celui-ci.
Des voix : Bravo!
(1410)
L’honorable Yuen Pau Woo : Honorables sénateurs, cette journée a commencé comme la plupart des journées : on court d’une réunion à l’autre, on se prépare en vue des séances des comités et du Sénat, on s’attend à l’inattendu. Puis, le plus inattendu des événements inattendus se produit : nous apprenons le décès d’un confrère parlementaire, le député Gord Brown.
Il y a à peine une heure et demie se tenait une réunion du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis, dont Gord a été vice-président pendant plusieurs années. Il était très respecté et très aimé par les membres de ce groupe. Je connaissais un peu M. Brown en raison de son travail au sein de ce groupe et j’ai vite pris conscience du respect qu’il imposait, pas seulement à ses collègues du contingent canadien, mais aussi à nos homologues américains.
Au nom du Groupe des sénateurs indépendants, j’offre nos plus sincères condoléances à Claudine, à ses enfants et à ses nombreux amis et concitoyens et je souhaite bon courage à sa famille.
Des voix : Bravo!
L’honorable Joseph A. Day (leader des libéraux au Sénat) : Honorables sénateurs, je tiens moi aussi à dire à quel point j’ai été surpris et attristé d’apprendre le décès soudain de Gord Brown, député de Leeds—Grenville—Thousand Islands et Rideau Lakes.
Il est difficile de comprendre comment un parlementaire aussi jeune et vigoureux peut s’éteindre. Gord Brown a servi les gens de sa circonscription pendant près de 14 ans avec compétence et dynamisme. Tous disaient de lui qu’il était un parlementaire dévoué et respectable et qu’il était déterminé à améliorer le sort des gens de sa région et du Canada tout entier.
Gord représentait une magnifique région de notre pays, une région avec laquelle j’ai personnellement une affinité. Lui et moi avions cet intérêt en commun, et cela transparaissait à chacune de nos rencontres. Au fil des ans, nous avons souvent eu des discussions passionnantes au sujet du Blinkbonnie Inn, à Gananoque.
Nos chemins se sont également croisés régulièrement en raison de sa participation aux associations parlementaires et aux groupes interparlementaires. Il a été vice-président du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis et il a fait partie du bureau du Groupe canadien de l’Union interparlementaire. Il était membre de l’Association législative Canada-Chine et de la section canadienne de ParlAmericas.
Au nom des libéraux indépendants au Sénat, j’offre mes condoléances sincères à sa très chère épouse, Claudine. Comme on l’a déjà indiqué, elle est membre de la grande famille du Sénat, et je sais que les sénateurs et leur personnel lui apporteront leur soutien pendant les jours et les semaines à venir. J’offre aussi mes condoléances aux deux fils de Gord, Chance et Tristan, ainsi qu’à sa parenté et ses amis. Je suis certain qu’il manquera énormément à tous ceux qui ont eu la chance de le rencontrer et de le connaître.
Des voix : Bravo!
L’honorable Donald Neil Plett : Chers collègues, je trouve que nous sommes beaucoup trop souvent en deuil. C’est la troisième fois au cours des quatre ou cinq derniers mois que je dois prendre la parole au Sénat pour rendre hommage à l’un de nos collègues et amis. C’était le sénateur Enverga il y a quelques mois seulement, puis Donna Richardson il y a une semaine. Aujourd’hui, c’est notre bon ami, Gord Brown.
J’étais un peu plus proche de Gord que je le suis de beaucoup d’autres députés de la Chambre des communes, et ce, pour plusieurs raisons. C’est, entre autres, parce que Gord a été whip du Parti conservateur à l’autre endroit pendant assez longtemps. Nous nous échangions donc des idées et nous nous racontions des histoires. Comme Gord avait commencé à exercer ses fonctions de whip avant moi, il pouvait me donner des conseils. Claudine travaille au bureau du sénateur Wells. Leur fils, Tristan, venait régulièrement à mon bureau pour avoir un morceau de chocolat et, lorsque je n’y étais pas, il savait où trouver le chocolat. À mon retour, je découvrais Tristan là, tout seul, en train de manger du chocolat.
Gord et moi partagions plusieurs passions, en dehors de nos fonctions de parlementaires. Nous aimions certainement prendre un bon verre de vin et nous étions tous deux des mordus de sport. Gord l’était encore plus que moi. Je n’ai pas patiné depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, nous étions tous deux des passionnés de hockey, et Gord a pratiqué ce sport jusqu’à la toute fin.
Gord nous manquera beaucoup. J’espère que ceux d’entre nous et même d’autres qui côtoient Claudine et Tristan — Chance n’est pas souvent ici, mais Tristan l’est — leur offriront leur soutien dans cette épreuve. Claudine reviendra parmi nous. Elle n’est pas encore de retour. Elle doit s’occuper de questions très difficiles en ce moment, et nos prières l’accompagnent, elle, ainsi que toute sa famille.
Au nom du caucus conservateur, je vous remercie infiniment pour vos prières et vos vœux chaleureux. Nous en aurons grandement besoin, tout particulièrement Claudine. Merci beaucoup.
Des voix : Bravo!
L’honorable Jim Munson : Honorables sénateurs, Gord Brown était tellement un chic type que même les joueurs de hockey de l’équipe adverse l’aimaient. Il était gentil et sympathique.
J’ai connu Gord lorsque je suis arrivé ici, il y a 14 ans et demi. Toutefois, nous ne nous sommes pas rencontrés ici, mais bien sur la patinoire. Nous avons joué au hockey ensemble à quelques reprises. Nous avons affronté Queen’s Park et, en fait, les conservateurs et les libéraux de la Colline qui jouaient au hockey. Gord était toujours celui qui veillait à la bonne entente. Il y a eu un match de hockey opposant les libéraux, lorsque je faisais partie du caucus national, et les conservateurs, avec le premier ministre Harper à la barre. Ce match était plutôt rude, avec beaucoup de coups bas. Gord réussissait toujours à calmer le jeu en disant : « Franchement, les gars; mettons de côté nos différents; nous jouons pour une œuvre de charité, » et ainsi de suite. J’ai aussi joué contre Gord, et si jamais il vous frappait, ce n’était jamais très fort.
J’ai aussi voyagé avec lui au sein du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis. Il y avait noué d’excellentes relations.
Toutefois, je tiens à vous raconter une anecdote, honorables sénateurs, que vous ignorez probablement, au sujet de Gord Brown. Lui et moi avons collaboré dans un certain nombre de dossiers sur l’autisme. Pouvez-vous l’imaginer? C’était en 2014, il y a quatre ans. Près de Gananoque, dans un endroit nommé Maitland, un petit groupe a consacré un après-midi à une séance de sensibilisation à l’autisme. J’étais entouré de toutes sortes de conservateurs. Je craignais d’être nerveux, mais, quand Gord était dans une pièce, personne n’était nerveux. On y était bien accueilli. Il s’agissait d’un endroit rassurant et familial. Ce groupe faisait de la sensibilisation par rapport aux enfants autistes. L’une des femmes présentes, Dee Gordon, prévoyait, deux mois plus tard, soit en janvier, marcher de Toronto à Ottawa, en plein cœur de l’hiver, au nom de son fils Jacob. Gord l’a reconnue tout de suite et il lui a demandé : « Où allez-vous dormir? » Elle lui a répondu : « Je trouverai un endroit en cours de route ou je dormirai dans mon camion. » Eh bien, vous savez sûrement ce que Gord a fait : discrètement, sans le dire à personne, il s’est assuré que la femme aurait une place où dormir partout où elle s’arrêtait au cours de son voyage à pied vers Ottawa. Gord Brown était le genre de personne à faire discrètement preuve d’une compassion pleine de tact.
(1420)
À ce rassemblement, cet après-midi-là, nous avons parlé des défis de l’autisme. Voici ce qu’il a dit :
Tant de choses se passent. Tant de mesures sont prises pour aider à composer avec l’autisme et les difficultés auxquelles les autistes doivent faire face. Nous entendons sans cesse dire que la situation est négative à Ottawa, mais l’autisme est une cause qui rallie les parlementaires de toutes les allégeances.
Cet après-midi-là, il a assuré à tous qu’il reste beaucoup à faire et que nous continuerions d’agir dans ce dossier. J’ai d’ailleurs une photo de ce rassemblement. Nous avons continué de travailler avec le gouvernement conservateur de l’époque et avons mis sur pied un Partenariat canadien pour l’autisme. Gord Brown a participé aux efforts de collaboration avec la communauté de l’autisme partout au pays.
Cet après-midi-là, de petits arbres ont été illuminés pour sensibiliser la population. Je ne veux pas que ces lumières s’éteignent en raison du décès de Gord Brown. Ce n’est pas ce qu’il souhaiterait.
Je sais qu’il jouait toujours au hockey. J’y joue encore moi aussi. Parfois, je me demande si je devrais cesser. Je ne le crois pas. Je crois que nous devons continuer de vivre pour Gord Brown, son épouse et ses chers enfants.
En mémoire de Gord Brown, je tiens à souligner qu’il a dit :« Il reste beaucoup à faire. » Nous allons donc poursuivre le travail. Oui, Gord, nous poursuivrons nos efforts dans le dossier de l’autisme ainsi qu’auprès de tout autre groupe compatissant qui fait quelque chose de bon dans notre pays.
Votre Honneur, j’ai écouté plus que jamais votre prière cet après-midi. Elle contenait des mots qui résument bien qui était Gord Brown. Merci beaucoup.
Des voix : Bravo!
L’honorable Frances Lankin : Depuis 2004, Gord était très présent sur la Colline et d’autres ont déjà parlé de cette présence. Gord était actif en politique en Ontario depuis de nombreuses années, mais je n’avais jamais eu l’occasion de le côtoyer. La première fois que je l’ai vu, c’était au bulletin de nouvelles de 18 heures. Il était alors whip de l’opposition et on le voyait entouré d’un groupe de députés qui lui bloquaient le passage sur le parquet de la Chambre des communes. Je m’en souviens, parce que j’avais été fortement impressionnée par son calme et sa retenue, compte tenu des circonstances. Cela m’avait marquée.
Ce matin, le député Nathan Cullen a écrit sur Twitter que Gord était un homme incroyablement droit et je suis d’accord avec lui.
Plus récemment, j’ai eu l’honneur d’être également nommée au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Gord et moi avons rapidement développé une excellente relation de travail. Pendant les pauses ou lors des déplacements pour les réunions, nous échangions plein d’histoires au sujet de nos connaissances communes, ainsi que des potins sur la politique.
Il était toujours souriant et avait toujours une blague à raconter; il aimait la vie. C’était agréable d’être en sa compagnie. Il était un homme cultivé et il a vite gagné ma confiance en tant que collègue au sein du comité.
La Colline du Parlement n’était toutefois qu’un aspect de la vie de Gord, comme vous l’avez entendu. Nous avions beaucoup en commun, comme notre participation à Centraide depuis de nombreuses années, et les gens que nous connaissions ou avec qui nous avions tous deux travaillé. Avec le temps, nous avons réalisé que nous avions beaucoup d’autres amis en commun. Cela nous a fait douter de l’allégeance politique de ces amis. Je suis néo-démocrate, lui conservateur, alors les amis que nous avions en commun étaient peut-être des libéraux. Qui sait. On pourra peut-être en reparler un jour.
Il y a deux semaines, le sénateur White et moi avons accompagné un petit groupe de députés pour une visite dans le cadre des travaux d’un comité. Nous avons eu le temps de causer pendant la route et il a parlé avec enthousiasme de la famille et de la collectivité. J’ai été grandement impressionnée.
Je suis heureuse d’avoir pu passer ce moment avec lui, pendant lequel nous avons beaucoup ri. Ce souvenir restera vif dans ma mémoire grâce à une excellente photo prise ce jour-là, dans laquelle on voit le député Tony Clement, de Parry Sound—Muskoka, et Gord, de Leeds—Grenville—Thousand Islands et Rideau Lakes, assis côte à côte sur des chaises de parterre, s’adonner à un bras de fer pour déterminer si on les appelle des chaises Muskoka ou des chaises Mille-Îles-Adirondak. C’est une excellente photo — celle d’un moment amusant — et je vais la garder précieusement.
Il ne fait aucun doute que nous sommes tous ébranlés. Sénateur Smith, je vous remercie de toutes les observations que vous avez faites pour dire comment la perte aussi soudaine d’un collègue ou d’un ami nous force tous à réfléchir.
À mes collègues conservateurs et à la famille conservatrice sur la Colline du Parlement et ailleurs, j’exprime mes sincères condoléances et, à la famille de Gord, à Claudine, Chance et Tristan, et aux autres membres de sa famille, je sais que les mots sont une bien faible consolation, mais sachez que nos prières et nos pensées vous accompagnent. Merci.
Des voix : Bravo!
L’honorable Leo Housakos : Merci, honorables sénateurs. Je veux aussi exprimer la peine que me cause aujourd’hui la perte d’un collègue qui était véritablement un grand Canadien. Quand on regarde la définition des expressions « homme bien » et « homme bon », l’image de Gord Brown nous vient immédiatement à l’esprit. En politique, nous savons tous que nous ne sommes pas toujours gentils et qu’il nous arrive de jouer dur — n’est-ce pas, sénateur Munson? — et de nous montrer agressifs. Quand nous voyons des personnes qui arrivent à rester bonnes et gentilles dans les situations les plus difficiles, nous devrions toujours leur rendre hommage.
Gord était un excellent parlementaire, qui représentait superbement sa circonscription. Il aimait ses concitoyens, parce qu’il aimait tout le monde. Gord Brown illustrait à merveille le principe selon lequel les gens qui font de la politique doivent faire de la politique pour les gens. Il adorait sa circonscription et sa région. Pour lui, il n’y avait pas de plus bel endroit sur la planète que les Mille-Îles. Il rayonnait de bonheur quand il parlait de sa région et de sa circonscription.
Gord représentait son comté avec honneur et dignité, non seulement à la Chambre des communes, mais dans tout ce qu’il faisait, comme je l’ai remarqué à mon arrivée sur la Colline. Il a été whip de notre caucus national pendant plusieurs années; ceux qui ont eu cette responsabilité savent à quel point c’est un travail exigeant. Gord l’accomplissait toujours avec le sourire, et il savait rappeler une personne à l’ordre tout en protégeant l’estime de soi de cette personne et en maintenant une relation positive avec elle. Il avait ce talent spécial de savoir comment traiter les gens. Il était un grand parlementaire, comme je l’ai déjà dit.
Gord était un excellent joueur de hockey. Il était tout à fait passionné de notre sport national, une passion que nous avions en commun. Nous avons souvent pris un verre ensemble au cours des dernières années. Il adorait le hockey autant que la politique. Il jouait avec un enthousiasme sans limite mais, comme le savent le sénateur Munson et tous ses anciens coéquipiers et ses anciens adversaires, il jouait avec respect. Il gagnait toujours; il était un gagnant. Gord a souvent marqué le but gagnant d’une partie. C’était tout à fait lui, et c’est le souvenir que j’en garderai toujours.
Gord était aussi un être humain extraordinaire, qui a joué un rôle spécial au cours des dernières années. Nous savons que le Sénat a traversé des moments difficiles il y a quelques années. Comme cela arrive de temps à autre, une forte tension régnait entre les institutions du Parlement. Gord a jeté un pont entre les sénateurs et les députés. Lorsque nous étions aux prises avec des problèmes épineux, il réussissait toujours à nous unir. C’est une autre caractéristique qui faisait de lui un homme exceptionnel. Dans les moments difficiles, c’est le genre de personne qu’on voulait à la barre. Il était calme et serein. Sénateur Harder, vous avez tout à fait raison : Gord avait beaucoup de bon sens, il était extrêmement intelligent et il était très compatissant. Tout cela faisait de lui un être vraiment remarquable.
Je veux me joindre aux sénateurs qui ont rendu hommage à sa vie et offrir mes condoléances à sa famille. Que Dieu ait son âme et qu’il bénisse sa famille.
Des voix : Bravo!
L’honorable Percy E. Downe : Chers collègues, tous les parlementaires ont été profondément attristés aujourd’hui quand ils ont appris le décès de Gord Brown. Gord siégeait au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, et je peux vous dire qu’il y a apporté une réelle contribution, et ce, sans créer de tensions partisanes. La sécurité des Canadiens comptait énormément pour lui. Il était un homme fort bon et honnête, qui méritait réellement le titre de député.
J’offre mes condoléances à son épouse, à ses enfants, à sa famille élargie et, connaissant Gord, à ses nombreux amis.
Des voix : Bravo!
L’honorable David M. Wells : Je connaissais Gord mieux que n’importe quel autre député de la Chambre des communes et je le connaissais depuis longtemps.
(1430)
Gord n’était pas simplement membre de la famille des conservateurs ou des parlementaires, mais aussi membre de la famille de mes collaborateurs, comme vous le savez tous.
J’ai vu Gord pour la dernière fois à 9 h 20 environ, ce matin, alors que je me rendais en voiture au caucus. On s’est fait un petit salut pendant qu’il traversait le passage pour piétons. Nous savions que nous nous verrions très bientôt.
Je suis arrivé tard ce matin, mais j’ai passé toute la matinée à l’hôpital avec Claudine et les autres membres de la famille de Gord. C’est évidemment très dur pour eux et très dur pour nous tous.
Gord a été le premier parlementaire à m’accueillir lorsque j’ai été nommé au Sénat. Il m’a également accueilli dans sa maison d’Ottawa et dans sa maison de Gananoque. De toute évidence, plusieurs d’entre vous savent déjà que Claudine est une bonne amie et un membre clé de mon personnel. Je la connais depuis longtemps.
Lorsque Tristan, leur benjamin, arrive au bureau, il me salue toujours d’un : « Bonjour, sénateur Dave. » Il fait aussi une razzia dans mon tiroir secret, comme il le fait également dans le bureau du sénateur Plett.
Gord et moi jouions beaucoup au hockey. Nous avions tous les mardis un match avec nos collègues. Nous avons fait deux séries de tournois parlementaires en Europe dans l’équipe du Canada — en Allemagne, en Slovaquie, en République tchèque. Nous avons également participé à un tournoi en Pologne. À l’une de ces occasions, nous avons eu la chance de pouvoir faire un crochet à Stuttgart, où nous avons visité l’usine Porsche et conduit une de ces voitures sur une piste d’essai. Nous avions terminé le tournoi, mais c’est la virée en Porsche qui a vraiment été le clou de notre visite.
En partant, il m’a dit : « David, ne dis jamais à nos collègues que nous avons fait cela. » Je le dis donc officiellement, Gord — si tu nous écoutes — : nous l’avons fait. Cela m’est égal, je n’ai pas à courtiser les électeurs, contrairement à lui, qui pensait toujours à ses concitoyens.
Nous avons joué pendant un certain nombre d’années. Gord organisait toujours un tournoi de hockey au profit de Centraide et d’autres organismes de bienfaisance. J’ai eu le bonheur d’être invité à y participer plusieurs fois.
Il disait toujours qu’il avait visité St. John’s en 1977, à l’occasion des Jeux d’été du Canada, auxquels il a participé comme kayakiste, et il ne manquait jamais l’occasion de me dire qu’il était un athlète de très haut calibre. Bien sûr, il était aussi une personne de très haut calibre.
Gord a servi le caucus conservateur avec beaucoup de leadership et de dignité. Il a siégé au Parlement du Canada comme le doit un véritable parlementaire, et il a servi son pays avec distinction et honneur.
Bien sûr, nous allons tous soutenir Claudine au cours des prochaines semaines et des prochains mois, ainsi que Tristan et l’autre fils de Gord, Chance, avec qui je viens de passer deux heures, et le frère de Gord, Jeff, ainsi que les fils de celui-ci, Colin et Graham, avec qui j’ai passé quelques heures pour les consoler et leur apporter un certain réconfort.
Chers collègues, parfois, nous sommes très partisans dans cet endroit, mais, au bout du compte, nous sommes tous membres d’une même famille.
Des voix : Bravo!
(À 14 h 34, le Sénat s’ajourne jusqu’à 13 h 30 demain.)