LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le mardi 21 octobre 2025
Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 18 h 31 (HE), avec vidéoconférence, afin d’étudier, pour en faire rapport, le problème grandissant des feux de forêt au Canada et les effets que les feux de forêt ont sur les industries de la foresterie et de l’agriculture, ainsi que sur les communautés rurales et autochtones, à l’échelle du pays.
Le sénateur Robert Black (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je m’appelle Rob Black, sénateur de l’Ontario. Je préside le comité. Je souhaite la bienvenue aux membres du comité et à nos témoins, qu’ils soient présents en personne ou en ligne, ainsi qu’aux personnes qui nous regardent sur le Web.
Je tiens tout d’abord à souligner que nous nous trouvons sur le territoire ancestral non cédé de la nation algonquine anishinabe. Avant d’entendre nos témoins aujourd’hui, je demanderai aux sénateurs autour de la table de se présenter, en commençant par mon vice-président.
Le sénateur McNair : Sénateur John McNair, Nouveau-Brunswick, terres non cédées du peuple mi’kmaq.
La sénatrice Martin : Sénatrice Yonah Martin, Colombie-Britannique.
Le sénateur Varone : Sénateur Toni Varone, Ontario.
La sénatrice Robinson : Sénatrice Mary Robinson, Île-du-Prince-Édouard.
[Français]
La sénatrice Oudar : Manuelle Oudar, du Québec. Je remplace la sénatrice Sorensen.
[Traduction]
La sénatrice McBean : Sénatrice Marnie McBean, Ontario.
La sénatrice Muggli : Sénatrice Tracy Muggli, Saskatchewan et territoire du Traité no 6 et territoire ancestral des Métis.
Le président : Merci, chers collègues. Aujourd’hui, le comité poursuit son étude sur le problème grandissant des feux de forêt au Canada et des effets qu’ils ont sur la foresterie et l’agriculture dans leur ensemble. Notre premier groupe de témoins est composé de Brennan Merasty, ministre de l’Autodétermination et de l’Autonomie gouvernementale au sein de la Nation métisse de la Saskatchewan, qui est accompagné de son collègue Richard Quintal, chef de la direction. Nous recevons également Francyne Joe, directrice générale de la First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia. Elle est accompagnée de Matt Nelson, superviseur de la gestion intégrée du carburant. Nous vous remercions d’être présents en personne. Nous vous en sommes reconnaissants. Des nôtres par vidéoconférence, nous avons David Beaudin, ministre de l’Agriculture de la Fédération des Métis du Manitoba. Nous vous accordons à chacun cinq minutes pour vos observations préliminaires, qui seront suivies des questions des sénateurs. En ce qui concerne les cinq minutes, je lèverai la main lorsqu’il vous restera une minute. Quand vous verrez deux mains levées, il sera temps de conclure. Je n’ai jamais dû interrompre quelqu’un, mais je pourrais le faire. Sur ce, la parole est à vous, monsieur Merasty.
Brennan Merasty, ministre de l’Autodétermination et de l’Autonomie gouvernementale et de la Justice, Métis Nation Saskatchewan : Tansi. Bonjour, honorables sénateurs. Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui au sujet d’une question cruciale qui touche les Métis de la Saskatchewan. En tant que représentant élu de la Nation métisse de la Saskatchewan, gouvernement national des Métis de la Saskatchewan, je me présente devant vous aujourd’hui, à la fois honoré et animé d’un sentiment d’urgence.
Les effets des changements climatiques se font sentir dans tout le pays, et la Saskatchewan ne fait pas exception. Nous sommes témoins de plus de phénomènes météorologiques extrêmes et de graves sécheresses dans certaines parties de notre province, ainsi que de violentes tempêtes qui provoquent des crues soudaines dans d’autres. Depuis deux ans, le Nord de la Saskatchewan connaît des conditions de sécheresse extrême et une nette augmentation des feux de forêt.
L’année écoulée a été difficile pour nos citoyens et a eu des répercussions sur les ressources du gouvernement. En 2025, les feux de forêt ont ravagé 7,1 millions d’acres de notre territoire ancestral, soit près de 5 millions d’acres de plus qu’en 2024.
Ce que ce chiffre ne montre pas, ce sont les conséquences importantes et préjudiciables pour les Métis qui dépendent de ces terres pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Les feux de forêt de 2025, qui se sont propagés rapidement, ont contraint nos citoyens à fuir leur maison, souvent avec leurs seuls vêtements sur le dos. Les ressources provinciales et les aides offertes par la Croix-Rouge canadienne se sont trouvées dépassées par la vague de feux de forêt et l’afflux de personnes évacuées vers le sud. Comme c’est souvent le cas, les citoyens métis se sont retrouvés dans un vide juridique.
Dans les premières 24 heures des évacuations, il est arrivé que des évacués qui avaient parcouru 500 kilomètres vers le sud pour gagner des centres urbains soient refoulés des centres d’évacuation parce que le personnel de soutien n’était pas en mesure de déterminer s’il incombait à la province ou à la Croix-Rouge de répondre aux besoins des Métis. Résultat, un certain nombre de citoyens métis ont dû dormir dans des voitures ou dehors, sans accès à de la nourriture et à des articles de première nécessité.
En apprenant cela, le gouvernement de la Nation métisse de la Saskatchewan est passé à l’action et a ouvert Batoche, le cœur du territoire métis, aux personnes évacuées. Nous avons offert un hébergement, de la nourriture, des vêtements, des articles de première nécessité, des activités culturelles, des activités pour les enfants et, surtout, une sécurité. Nous avons mobilisé nos équipes et des habitants de centres urbains afin que les personnes évacuées dans les centres gérés par la Saskatchewan Public Safety Agency, la SPSA, et la Croix-Rouge aient accès à des activités et à un soutien culturels métis, à des vêtements et à d’autres articles essentiels. Nous avons également fait de notre mieux pour soutenir ceux qui ont pu rester dans la communauté, ceux qui sont rentrés chez eux dans des fumées encore épaisses et ceux qui, dans toute la province, ont été touchés par quatre mois de fumées, en leur fournissant des purificateurs d’air et d’autres aides sanitaires. Les mesures prises par le gouvernement de la Nation métisse de la Saskatchewan à la suite des évacuations ont été très fructueuses, mais elles ont eu un coût.
En plus d’être prise dans un vide juridique, la Nation métisse de la Saskatchewan manque de fonds. Contrairement aux gouvernements des Premières Nations et des Inuits, notre gouvernement métis n’a pas accès à des fonds pour la gestion des urgences. Il nous est donc impossible d’investir suffisamment dans la prévention des urgences et d’aider nos citoyens quand nous sommes obligés d’intervenir dans des situations d’urgence liées à des feux de forêt. En fait, nous n’avons d’autre choix que de nous plonger dans la recherche complexe et fastidieuse de soutiens à une réaffectation de fonds destinés à d’autres besoins essentiels, comme la santé, la santé mentale et le logement, afin qu’ils puissent être utilisés pour la gestion des urgences liées aux feux de forêt. Comme nous le savons tous, les Métis sont également aux prises avec des déficits importants dans ces domaines, ce qui veut dire que nous transférons des fonds de domaines essentiels sous-financés à la gestion des urgences.
À notre retour, certains d’entre nous ont trouvé leurs maisons réduites en cendres, et beaucoup ont constaté que les cabanes de chasse et de piégeage sur lesquelles nous comptons pour nous abriter quand nous sommes dans la nature ont été détruites. De même, les forêts dont nous dépendons depuis des générations pour nous approvisionner en nourriture, en fourrures, en remèdes et en ressources économiques traditionnelles sont entièrement calcinées.
Tout cela, ajouté aux conséquences économiques liées à l’impossibilité de rester dans la communauté ou sur les terres pour travailler, a des répercussions importantes sur la santé physique et mentale des Métis de notre province. En tant que gouvernement métis en Saskatchewan, nous avons le devoir de prendre soin des Métis qui vivent dans cette province et de nos citoyens qui vivent dans d’autres régions.
L’absence de financement stable pour la gestion des urgences entraîne des difficultés immédiates pour notre peuple et nous empêche de bien nous préparer aux urgences liées aux feux de forêt qui surviendront inévitablement à la prochaine saison des feux. Afin d’assurer la sécurité des Métis de la Saskatchewan durant les urgences liées aux feux de forêt et au climat, le gouvernement du Canada doit s’engager immédiatement à fournir à la Nation métisse de la Saskatchewan un financement stable pour la gestion des urgences.
Sans cela, notre peuple continuera d’être laissé pour compte.
Le président : Merci beaucoup, monsieur le ministre. Nous passons maintenant à monsieur Beaudin.
David Beaudin, ministre de l’Agriculture, Fédération des Métis du Manitoba : Merci, honorables sénateurs, et bonjour. Je vous remercie d’avoir invité la Fédération des Métis du Manitoba, gouvernement national des Métis de la rivière Rouge, à comparaître à la réunion d’aujourd’hui du Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts sur le problème grandissant des feux de forêt au Canada et les effets que les feux de forêt ont sur les industries de la foresterie et de l’agriculture, ainsi que sur les communautés rurales et autochtones, à l’échelle du pays.
Je m’appelle David Beaudin. Je suis ministre de l’Agriculture et ministre délégué à l’Environnement et aux Changements climatiques de la Fédération des Métis du Manitoba, la FMM. Je vais vous présenter des données sur l’incidence des feux de forêt sur les secteurs agricole et forestier au Manitoba et sur la réponse de notre gouvernement à l’évacuation d’urgence due aux feux de forêt cet été.
Selon le Rapport sur les incendies publié par le ministère de Ressources naturelles et Futurités autochtones de la province du Manitoba, depuis le début de l’année, 432 feux ont ravagé 2 169 858 hectares de terres au Manitoba. Bien qu’aucune estimation du nombre total d’hectares de terres agricoles touchées par les feux de forêt n’ait encore été publiée, la chaleur et la sécheresse qui ont prévalu dans tout le Manitoba et qui ont prolongé la saison des feux de l’été 2025, ont eu des répercussions directes et indirectes sur le secteur agricole.
Parmi les témoignages des citoyens métis de la rivière Rouge travaillant dans la production agricole dans cette région et touchés par les feux de forêt figure celui d’une petite exploitation de 15 bovins à Woodridge qui a perdu 80 acres de terres productives et plus d’un mile de clôtures dans les pâturages. Bien que la cour de ferme et tous les animaux aient été épargnés, c’est un coup dur pour une petite exploitation familiale. Ailleurs, un récolteur et transformateur de riz sauvage a perdu une cabane vieille de plusieurs générations près de Manigotagan, où il logeait quand il s’occupait de la récolte du riz sauvage, ce qui le prive d’un lieu sûr où rester, et il a dû également composer avec des conditions de travail dangereuses pendant les alertes à la mauvaise qualité de l’air. S’ajoutent à cela les effets secondaires des feux de forêt sur la santé humaine qui restent à déterminer.
La situation s’est encore aggravée avec la baisse des précipitations provinciales, qui sont passées à moins de 60 % de la moyenne sur 30 ans. Agriculture et Agroalimentaire Canada a signalé des conditions de sécheresse grave à extrême dans la majeure partie du Manitoba. Cette situation a entraîné une baisse des rendements agricoles et une pénurie d’aliments pour le bétail, et par contrecoup, des problèmes de trésorerie pour beaucoup de producteurs agricoles.
Il existe des programmes d’assurance fédéraux et provinciaux pour aider les producteurs agricoles en période de crise, mais pour y accéder, il faut en avoir connaissance, s’y inscrire préalablement et être aidé pour remplir les formulaires. Pour un secteur basé en milieu rural, ces obstacles peuvent être importants pour certains producteurs.
Indépendamment de la lutte contre les feux, la Fédération des Métis du Manitoba a aidé plus de 160 producteurs métis de la rivière Rouge, dont deux de ceux que j’ai mentionnés, à adopter des pratiques agricoles visant à s’adapter aux changements climatiques et à en atténuer les effets, grâce au Fonds d’action à la ferme pour le climat des Métis de la rivière Rouge, soulignant ainsi l’investissement de la FMM pour garantir la durabilité environnementale et la viabilité des exploitations agricoles appartenant aux Métis de la rivière Rouge.
Bien que des incendies se produisent naturellement dans nos paysages et que les Métis de la rivière Rouge se servent depuis longtemps du feu comme outil de gestion forestière, car il offre des avantages écologiques, comme stimuler la croissance des plantes et nettoyer des débris sur le sol forestier, les feux de forêt incontrôlés présentent des risques importants pour la santé, les infrastructures et la stabilité communautaire.
Comme dans le secteur agricole, les températures anormalement élevées, les périodes de sécheresse prolongées et la végétation affaiblie par des facteurs de stress environnementaux ont accentué la gravité des feux de forêt en 2025. La FMM consulte les citoyens métis de la rivière Rouge sur les opérations d’exploitation forestière, car ces activités peuvent avoir une incidence sur leurs droits en vertu de l’article 35. Cependant, beaucoup de consultations ont été reportées en 2025 en raison du redéploiement du personnel pour aider les personnes évacuées et de l’incertitude entourant les feux de forêt qui menaçaient les blocs de coupe désignés.
Il est urgent de mieux se préparer aux feux de forêt en donnant la priorité à l’embauche de citoyens métis de la rivière Rouge qui résident dans des villages et des établissements situés à proximité de la forêt boréale.
Enfin, j’attirerai votre attention sur le rapport de la FMM du 31 juillet sur les évacuations entraînées par les feux de forêt, qui a été soumis au comité. Les mesures d’urgence prises par la FMM pendant la saison des feux de forêt de 2025 comptaient parmi les mesures de soutien les plus complètes menées par les Autochtones dans la province pendant deux vagues d’évacuations distinctes.
Je vous encourage à examiner notre rapport pour en savoir plus. Je vous remercie. Marsee. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Le président : Merci beaucoup. La parole est à vous, madame Joe et monsieur Nelson.
Francyne Joe, directrice générale, First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia : Monsieur le président, honorables sénateurs, merci de nous avoir invités sur le territoire algonquin non cédé et non abandonné pour parler au nom de la First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia, la FNESS. Je m’appelle Francyne Joe. Je suis membre de la bande Shackan et je suis également directrice générale de la FNESS.
La FNESS est un organisme qui a pour mission de soutenir les communautés des Premières Nations de toute la Colombie-Britannique en s’appuyant sur les quatre piliers de la gestion des urgences qui sont l’atténuation — en aidant les communautés à réduire les risques de feux de forêt; la préparation — en renforçant les capacités locales par la formation, la planification et la mobilisation communautaire; l’intervention — en fournissant un soutien aux centres des opérations d’urgence, à la planification structurée de la défense, etc.; et le rétablissement — en soutenant les communautés par des conseils et une aide concrète après une situation d’urgence. Nous sommes reconnaissants de cette occasion qui nous est donnée de parler du problème grandissant des feux de forêt au Canada et de leur impact sur les communautés des Premières Nations.
En tant qu’organisme dirigé par des Premières Nations, nos points de vue reposent sur l’expérience vécue par les peuples des Premières Nations, qui subissent souvent de façon disproportionnée les conséquences des feux de forêt. Aujourd’hui, nous vous présenterons notre point de vue sur les évacuations des communautés des Premières Nations consécutives aux feux de forêt et sur les défis du rétablissement après l’évacuation, des questions qui, selon nous, exigent des mesures urgentes et équitables.
Je cède maintenant la parole à mon collègue pour quelques minutes.
Matt Nelson, superviseur de la gestion intégrée du carburant, First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia : Je m’appelle Matt Nelson et j’appartiens à la nation Lil’wat, qui fait partie de la nation St’át’imc. Je suis ici avec la First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia en qualité de superviseur de la gestion intégrée des incendies.
Depuis 11 saisons, je suis pompier forestier de type 1, et j’ai vu de mes propres yeux les feux de forêt prendre une ampleur de crise au Canada. Cela inclut les feux record de 2023 qui ont ravagé des millions d’hectares et déplacé des dizaines de milliers de personnes. Alimentées par les changements climatiques, les sécheresses prolongées et l’évolution des régimes météorologiques, les saisons des feux sont plus longues, plus actives et plus difficiles. Malheureusement, c’est la nouvelle réalité. Non seulement ces feux ravagent nos forêts, mais ils bouleversent aussi la vie des communautés des Premières Nations qui gèrent ces terres depuis des générations. Les communautés souvent situées dans des secteurs éloignés ou boisés sont particulièrement vulnérables à cause d’une infrastructure limitée, d’un sous-financement historique et d’inégalités systématiques dans les interventions d’urgence.
Un de mes principes directeurs en tant que pompier forestier est de réduire la souffrance. Les personnes déplacées souffrent.
Pour en dire plus sur la réalité des déplacements de population, les évacuations pendant les feux de forêt sauvent des vies, mais elles ont un énorme coût humain. Le traumatisme va bien au-delà de l’évacuation immédiate. Le rétablissement est un processus stressant et ardu qui peut s’étendre sur des mois, voire des années. Des maisons peuvent être perdues ou endommagées. Les sites culturels et les terres de récolte traditionnelles sont souvent irrémédiablement endommagés. Le coût psychologique — le stress, l’angoisse et le traumatisme — persiste longtemps après l’extinction des incendies.
À titre d’illustration, voici un exemple récent de notre travail. La First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia a apporté son aide à un centre des opérations d’urgence, un COU, dans une petite communauté rurale des Premières Nations pendant un important feu de forêt au cours de la saison 2025. Un ordre d’évacuation a été donné en raison des ressources locales limitées et des problèmes de coordination. Les personnes évacuées ont été réparties entre trois villes distantes de plusieurs centaines de kilomètres, ce qui a séparé les familles les unes des autres et les membres de la communauté de leurs réseaux de soutien. Cette fragmentation a non seulement amplifié la détresse psychologique, mais aussi compliqué l’accès à des services culturellement adaptés, tels que les pratiques de guérison, les aliments et les remèdes traditionnels. Ce scénario n’est pas isolé. Il reflète une défaillance systémique où les voix des Premières Nations sont mises de côté.
L’approche de la FNESS repose sur quatre piliers de la gestion des urgences : l’atténuation, la préparation, l’intervention et le rétablissement. Nous pensons qu’une formation et un financement équitables dans ces domaines sont essentiels pour réduire les effets de catastrophes telles que les feux de forêt.
En investissant dans des mesures d’atténuation communautaires, comme les feux culturels et les feux dirigés, Intelli-feu — FireSmart — et la formation des pompiers forestiers, nous pouvons empêcher que les feux se propagent et mieux équiper les communautés pour qu’elles puissent intervenir. Cela permet non seulement d’économiser de l’argent en évitant des situations d’urgence à grande échelle coûteuses, mais surtout de réduire au minimum l’impact humain pendant les évacuations et le rétablissement.
Malgré ces stratégies éprouvées, les Premières Nations continuent de se heurter à des obstacles, à des programmes sous-financés, à des obstacles administratifs et à un manque de reconnaissance de leurs compétences qui intègrent les connaissances et les pratiques autochtones. Je cède la parole à Mme Joe pour la dernière minute.
Mme Joe : Pour conclure, les feux de forêt sont un appel au changement. Ils menacent non seulement nos paysages, mais aussi nos communautés.
La First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia a soumis récemment au gouvernement du Canada son mémoire prébudgétaire en vue du prochain budget. Nous demandons 27,9 millions de dollars sur trois ans. Le mois dernier, nous avons rencontré différents ministères — Services aux Autochtones Canada, les services d’urgence, le ministre de l’Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique, Environnement et Changement climatique Canada et de nombreux députés — afin d’obtenir leur soutien et de les informer sur notre travail.
Par une action équitable et concertée fondée sur les quatre piliers, nous pouvons bâtir une nation plus résiliente, où les Premières Nations prospèrent et où les déplacements de population deviennent rares au lieu d’être courants. Kukwstsétselp. Merci.
Le président : Je vous remercie de vos observations préliminaires. Nous allons maintenant passer aux questions des sénateurs. Chers collègues, vous disposez de cinq minutes pour poser votre question et y obtenir une réponse. Je lèverai la main au bout de quatre minutes. Je demande à notre vice-président de commencer.
Le sénateur McNair : Merci encore aux témoins de leur présence ce soir.
Ma première question s’adresse aux deux ministres. Dans un article publié dans l’International Journal of Wildland Fire, on estime que :
... les évacuations dues aux feux de forêt coûtent au moins 3,7 milliards de dollars canadiens (hors pertes structurelles), et ce chiffre grimpe à 4,6 milliards, si l’on inclut les pertes de productivité.
L’article explique ensuite que :
les populations autochtones sont plus durement touchées par les évacuations que la population canadienne en général.
Êtes-vous d’accord ou pas avec cette affirmation et pourquoi? Quels sont les plus grands problèmes des communautés autochtones durant les évacuations en cas de feux de forêt? Si possible, citez les leçons tirées des saisons de feux de forêt de 2023, 2024 et maintenant 2025, en ce qui concerne les évacuations dans les communautés autochtones.
Mme Joe : J’ai trouvé très intéressant que nous demandions à la Bibliothèque du Parlement, par l’intermédiaire du député Frank Caputo, quel était le coût pour le gouvernement du Canada. Nous avons appris qu’en 2023-2024, il s’élevait à 581 millions de dollars pour faire venir de l’étranger des pompiers spécialisés dans les feux de forêt, par exemple d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Afrique.
Je demande que nous utilisions une partie de cet argent pour former notre propre personnel, car les membres de nos communautés des Premières Nations savent ce qui est nécessaire. Nous devons développer cette capacité. Nous devons protéger nos terres, nos aliments, nos remèdes traditionnels et les biens qui ont de la valeur à nos yeux.
Avec ce type de financement, nous pourrions embaucher des personnes, soutenir les petites entreprises et développer nos capacités. Cela faisait partie de notre mémoire prébudgétaire cette année.
M. Merasty : Je vous remercie de votre question. Voici ce que m’a dit un employé retraité de la Saskatchewan Public Safety Agency, originaire du Nord de la Saskatchewan. Pendant plus de 30 ans, il a travaillé en première ligne dans les premières interventions. Pendant plus de 30 ans, aucune communauté du Nord de la Saskatchewan n’a été évacuée, par exemple, car pendant plus de 30 ans, des ressources ont été allouées à la SPSA — sous les différents noms qu’elle a pris au fil des ans — pour lutter contre les feux sur le terrain avec des pompiers issus de ces communautés. Les méthodes scientifiques n’ont aucune incidence sur ce que nous faisons en nous appuyant sur nos connaissances ancestrales et essentielles du territoire sur lequel nous vivons.
L’an dernier, 2,87 millions d’hectares de terres ont brûlé, ce qui représente une augmentation importante par rapport à 2024. En tout, 90 % du secteur de piégeage N-14 de la communauté dans laquelle je vis a brûlé, ce qui nous prive de nos remèdes traditionnels, de l’utilisation des terres à des fins culturelles, de nos activités de cueillette, de nos remèdes et de nos aliments traditionnels. Cela a non seulement un impact sur nos communautés et nos citoyens qui vivent de ces terres, mais aussi sur les habitats. Les animaux qui vivent dans ces habitats ont fui, tout comme notre peuple.
Je me souviens avoir reçu des appels à une heure du matin de la communauté de Buffalo Narrows. Le maire n’avait personne vers qui se tourner, nulle part où aller, aucune idée de l’endroit où la communauté était évacuée, mais elle était évacuée. La Nation métisse de la Saskatchewan s’est alors mobilisée, et nous avons hébergé nos citoyens de Buffalo Narrows dans des hôtels avec lesquels nous avions des relations dans le cadre de notre travail antérieur. Nous avons pris soin de nos citoyens pendant des semaines, jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux. Tels sont nos réalités et nos impacts, et ils vont au-delà des méthodes et des connaissances scientifiques qui ne correspondent pas ou ne sont pas comparables aux connaissances traditionnelles.
M. Beaudin : Notre gouvernement a pris en charge les honoraires professionnels, les coûts de programmes, le transport, les frais de carburant, le mobilier et l’équipement. Nous avons reçu des dons. Nous avons dû acheter une unité de désinfection pour tout désinfecter avant de pouvoir les mettre dans des boîtes pour que les gens les acceptent. Nous avons dû organiser rapidement la nourriture.
Au-delà de tous les petits postes de dépenses, la santé mentale de nos citoyens faisait partie de nos plus grandes préoccupations. Vous vivez avec un sac. Le sac reste près de la porte, vous êtes prêt à partir à tout moment et vous subissez un stress important. Cette situation a causé beaucoup de problèmes de santé mentale. C’est un élément qui fera également partie de notre futur mémoire.
Encore une fois, je pourrais continuer à parler longtemps de tous les impacts sur la faune. Nos terrains de chasse ont changé, si bien que maintenant, personne ne peut plus chasser dans la zone brûlée. Je vous remercie de votre attention.
Le président : Je vais user de la prérogative qui m’est accordée en tant que président pour poser une question, si vous le permettez, sénatrice Martin.
Monsieur Nelson, la First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia a publié en juillet dernier un article intitulé « Skatin Igniting a Spark » dans lequel vous dites : « Le renforcement des capacités en matière de lutte contre les feux de forêt est différent pour chaque communauté... »
Pouvez-vous nous donner plus de détails et peut-être quelques exemples de ce à quoi ressemble le renforcement des capacités de lutte contre les feux de forêt dans différentes communautés autochtones?
M. Nelson : Excellente question, et merci de l’avoir posée. J’ai écrit cela il y a quelques mois en tant que spécialiste des feux de forêt. Je dispensais une formation à des communautés. En tant que spécialistes des feux de forêt, nous voulons aller à la rencontre des communautés là où elles se trouvent. Chaque nation est différente. La Colombie-Britannique compte 204 communautés, chacune ayant ses propres problèmes, atouts et faiblesses.
J’ai été très touché parce que nous sommes allés sur place et seuls quatre membres de la communauté pouvaient suivre la formation. J’étais un peu déçu qu’ils n’aient pas été plus nombreux, mais au fur et à mesure de la formation, j’ai commencé à entendre leurs histoires et j’ai été très touché parce qu’ils étaient pleinement investis et voulaient vraiment apprendre. À la fin de la formation sur les feux de forêt, j’ai appris qu’ils sont les seuls membres aptes de cette communauté. Ce sont eux qui vont en prendre soin, et ce sont eux qui veulent aller lutter contre les feux lorsqu’ils s’y propagent. Il s’agit d’une communauté très rurale qui avait besoin de cette formation. J’ai écrit cet article parce que j’étais très touché.
Le président : À quoi ressemble cette capacité?
M. Nelson : La capacité varie considérablement d’une communauté à l’autre. Si le BC Wildfire Service sollicite des bénévoles pour aider à lutter contre les incendies dans leur collectivité, il y a désormais quatre personnes qui viendraient joindre leurs efforts aux siens. En ce qui concerne le renforcement de la capacité d’autres nations, celles-ci disposent déjà d’équipes pleinement établies qui sont autorisées à intervenir. Elles obtiennent des contrats par l’intermédiaire du BC Wildfire Service et sont en mesure de lutter contre les incendies sur leur territoire, mais, dans le cas de Skatin, ils avaient besoin d’un soutien supplémentaire, et ils sont désormais prêts à prendre soin de leur propre collectivité.
La sénatrice Martin : Merci de votre présence et merci pour le travail important que vous accomplissez pour diverses Premières Nations et vos collectivités, la communauté métisse. Je sais que vous avez déjà parlé un peu de votre travail. Puis-je vous demander, madame Joe, quelles sont les autres activités que la First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia a menées avec les Premières Nations au cours des dernières années? Vous avez parlé de l’approche à quatre piliers, et je pense que c’est très important.
Mme Joe : Oui. Notre approche aux quatre piliers nous permet d’intervenir dans les communautés avant même que l’on pense à la possibilité d’un incendie de forêt dans la région. Nous sommes alors en mesure de former les hommes, les femmes, les jeunes et les personnes âgées à utiliser les tuyaux d’arrosage, à reconnaître les risques et à remplir les formulaires lors d’une évacuation.
Nous constatons que, comme l’a mentionné mon collègue, lorsqu’il y a évacuation, les membres de la communauté quittent précipitamment leur lieu de résidence. Ils ne sont absolument pas préparés. Lorsqu’ils arrivent au centre des opérations d’urgence, ils sont souvent confrontés à certaines formes de discrimination. Ils appréhendent de se rendre dans ces centres. Ils doivent ensuite remplir divers formulaires pour obtenir l’aide dont ils ont besoin.
Notre personnel, qui ne compte que 55 personnes pour couvrir l’ensemble de la province de la Colombie-Britannique, s’efforce d’envoyer deux ou trois personnes sur place pour soutenir ceux qui ont besoin de ce financement.
L’autre aspect concerne la communauté qui, au cours de l’année écoulée, a quitté sa réserve et dont les membres ont été répartis dans trois villes différentes situées à environ 160 kilomètres les unes des autres. Certaines familles ont été séparées. Cela peut faire très peur. En mettant en œuvre ces mesures d’atténuation, nous pouvons accroître la capacité des communautés à faire face aux situations d’urgence et à s’y préparer.
M. Nelson : C’est une excellente question. En ce qui concerne nos autres activités, nous avons évoqué les quatre piliers. La préparation consiste à préparer la communauté à la gestion des urgences. Il s’agit de former ces personnes à travailler dans les centres d’opérations d’urgence, les COU, afin que, lorsque ceux-ci sont mis en place, la nation soit en mesure de collaborer avec eux. Lorsque les représentants de leur nation se présentent à ce COU, ils y trouvent un visage familier et reconnaissable de leur communauté.
Nous intervenons fréquemment, ce qui nous amène à faire appel à des spécialistes de la protection des structures. Ensuite, nous passons à l’étape de l’atténuation, où nous formons les pompiers et enseignons les techniques de brûlage culturel et dirigé. Comment éliminons-nous les combustibles à travers le pays? Nous avons des conseillers en résilience aux feux de forêt. À quoi ressemble une forêt en bonne santé? Nous avons mis en place une gestion intégrée des incendies, ce qui suppose beaucoup de planification des sept générations. Comment progresser de manière appropriée avec les systèmes coloniaux, ainsi qu’avec les initiatives autochtones? Nous collaborons également beaucoup avec FireSmart.
La sénatrice Martin : Monsieur le ministre Merasty?
M. Merasty : Merci, sénatrice. En ce qui concerne le renforcement des capacités de lutte contre les incendies de forêt, je dois répéter que, du point de vue des Métis et du Nord de la Saskatchewan, nous avons tous des réalités différentes, que ce soit dans le Nord, le Centre ou le Sud de la Saskatchewan ou dans ce grand pays où nous vivons. Nous disposons tous de ressources différentes, certains plus que d’autres. Nous avons également une compréhension différente de ce à quoi ressemble cette terre, de nos environnements.
Cela dit, la gestion des urgences ne se limite pas à l’alimentation et à l’hébergement. Dans nos petites communautés nordiques isolées, mais aussi dans les centres ruraux et urbains, la santé mentale et la toxicomanie jouent un rôle important. En ce qui concerne le déplacement de nos populations vers des lieux étrangers, la majeure partie des habitants ne quittent pas nos communautés rurales nordiques, de sorte que le déplacement leur est étranger et que la peur joue un rôle. Cela affecte également notre bien-être culturel, car le lien avec notre terre, nos ressources et le confort de nos foyers jouent tous un rôle essentiel dans notre sécurité. Arriver dans un centre urbain et être placé dans un hôtel, qui est comme une petite boîte, je peux vous dire que le concept institutionnel ne convient pas à notre peuple. Notre peuple est libre. Nous avons besoin de nous sentir libres et de faire partie de la communauté, et c’est pour ces raisons que l’évacuation est source de préoccupation pour nous.
La sécurité joue un rôle essentiel, non seulement dans les lieux où nous sommes évacués pour toutes les raisons susmentionnées, mais également dans nos communautés d’origine pour ceux qui restent sur place, en raison des actes de violence et de vandalisme qui s’y produisent. Merci.
La sénatrice Muggli : Je vous remercie. J’ai tant de questions à vous poser.
Le président : Vous disposez de cinq minutes.
La sénatrice Muggli : Oui, merci. Monsieur Merasty, je tiens à vous féliciter pour la manière dont vous avez organisé Batoche cet été. J’ai été très impressionnée. C’était incroyable de voir cela se mettre en place, et c’était la bonne réponse. Je suis vraiment désolée que vous n’ayez pas disposé des ressources nécessaires et que vous ayez dû puiser dans les fonds d’autres programmes pour y parvenir.
Ma première question : qui doit être présent à la table de négociation pour régler ce problème?
M. Merasty : Je dirais que nous ne pouvons pas y arriver seuls. Nos collègues, nos homologues, nous devons tous participer. Nous avons tous un rôle à jouer. Nous avons surmonté ces obstacles et entamé des discussions avec le gouvernement provincial, mais nous espérons également surmonter ces obstacles et engager des discussions ici même à Ottawa, sur la Colline. Nous avons tous un rôle à jouer.
Richard Quintal, chef de la direction, Métis Nation-Saskatchewan : Sénatrice, si je peux apporter des précisions, comme notre ministre l’a mentionné, nous sommes en communication avec la province, mais il s’agit surtout d’une relation que nous avons établie au fil du temps avec Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, RCAANC, et le bureau régional de Services aux Autochtones Canada, SAC. RCAANC et SAC à Ottawa ne prévoient aucun financement pour la gestion des urgences pour la Nation métisse de la Saskatchewan. Lorsque nous entendons nos collègues parler d’une approche à quatre piliers et de la nécessité d’être préparés et capables de travailler à la préparation, nous sommes toujours à la traîne. Par exemple, quand la pandémie a frappé, lors de la dernière saison des incendies, lors de cette saison des incendies, c’est toujours nous qui réagissons et essayons d’aider là où nous le pouvons, de sorte que nous ne sommes pas en mesure de nous préparer. Nous soutenons les citoyens, que ce soit en envoyant du matériel, comme des systèmes d’arrosage, des tuyaux ou des filtres à air, pour aider la communauté, car, parfois, nos concitoyens restent sur place pour lutter et tenter de sauver leurs maisons. Dans une seule communauté, Denare Beach, nous avons perdu plus de 200 habitations. Cela affecte non seulement notre communauté, mais aussi notre gouvernement métis, car nous sommes tous liés. Nous nous connaissons tous, ce qui rend la situation particulièrement éprouvante.
Nous collaborons avec Services aux Autochtones Canada pour trouver un moyen de garantir que, lorsque nous parlons de gestion des urgences — et avec Sécurité publique Canada —, la nation métisse soit présente à la table et participe au débat. Rien qu’en Saskatchewan, nous représentons 80 000 citoyens métis, soit un dixième de la population de la province.
La sénatrice Muggli : Monsieur Beaudin, avez-vous une réponse?
M. Beaudin : Oui. En ce qui concerne nos activités d’intervention d’urgence, à la Fédération des Métis du Manitoba, nous avons créé et mis en place un centre d’accueil et des centres de dons. Nos logements d’urgence ont été mis en place dans les 72 heures. La réponse a été la même dans toutes nos régions. Nous avons géré les dons et coordonné les bénévoles, les gens ayant travaillé sans relâche, répondant au téléphone et collaborant avec les aînés. Nos employés ont été déployés dans tout le pays.
Quant au soutien en matière de santé mentale, nous avons appelé les aînés et toutes les personnes qui se trouvaient dans nos hôtels et nos logements. Nous nous sommes assurés qu’ils étaient en bonne santé. Nous avons également mis en place un soutien pharmaceutique, pour ceux qui avaient besoin de médicaments qu’ils n’avaient pas pu emporter avec eux lorsqu’ils ont été déplacés par l’incendie.
La sénatrice Muggli : Si je peux me permettre de vous interrompre un instant, j’aimerais simplement vérifier quelque chose. Utilisez-vous également des ressources provenant de vos programmes existants pour financer ces mesures?
M. Beaudin : Tout le monde a contribué, y compris les ministres. Ils ont utilisé leurs cartes de crédit personnelles. Je suis allé faire des achats avec 3 200 $, et c’était tout, uniquement pour l’hydratation immédiate et les liquides. Les queues sur les autoroutes étaient interminables, un embouteillage monstre, et au Manitoba, il n’y a que deux ou trois autoroutes directes vers le sud, donc les stations-service étaient pleines. Les gens couraient avec des bidons, et nous essayions de placer nos gens. Nous avons dépensé plus de 3 millions de dollars de notre poche pour de petites évacuations.
La sénatrice Muggli : Merci.
La sénatrice McBean : Merci. Je vous remercie sincèrement de nous avoir fait part de ces informations. Je pense que cette réunion du comité restera longtemps dans les mémoires.
Je vous remercie tous les cinq d’avoir partagé ici votre connaissance exceptionnelle et impressionnante. Sachez que nous vous entendons. Le temps est très court, mais nous vous entendons.
Ce n’est pas la première fois que nous entendons un appel à faire confiance aux pompiers et aux communautés autochtones, à leur donner les moyens d’agir, à les écouter et à faire appel à eux pour gérer les choses de manière appropriée. En général, nous nous contentons d’écouter, encore et encore.
J’aimerais poser quelques questions concernant les complexités relatives aux compétences que vous avez mentionnées. Monsieur le ministre Merasty, je vous reviens dans un instant. Je commencerai par Mme Joe et M. Nelson.
Si l’on considère la complexité du partage des compétences entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les gouvernements autochtones, quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les collectivités de la Colombie-Britannique avec lesquelles travaille la First Nations’ Emergency Services Society of British Columbia lorsque celle-ci se prépare à intervenir en cas d’incendie et y répond? Comment la FNESS s’y prend-elle pour gérer ces complexités, si l’on peut les appeler ainsi, du partage des compétences?
Mme Joe : Nous faisons face à un certain nombre de complexités. Lorsqu’un incendie de forêt se déclare dans une collectivité, il faut parfois entre 24 et 36 heures pour qu’un appel téléphonique de la collectivité soit transmis à Services aux Autochtones Canada ou à la province, puis il doit passer par toutes les étapes administratives. Ensuite, il nous parvient, et nous obtenons enfin un numéro de tâche — parfois 36 à 40 heures après le début de l’incendie —, et nous pouvons alors envoyer des personnes dans la collectivité pour lui venir en aide. Les incendies se propagent très rapidement dans les conditions de sécheresse qui règnent actuellement dans toute la Colombie-Britannique, et ces numéros de taxe ont une durée de validité limitée. Il faut tenir à jour toute la paperasserie et informer les collectivités, et nous constatons parfois un manque de communication entre les collectivités, la province et le gouvernement fédéral.
L’année dernière, nous avons eu une situation où la province était convaincue qu’elle devait envoyer des équipements lourds dans certaines parties de la communauté des Premières Nations — en fait, par-dessus un cimetière —, et elle affirmait avoir raison et que les Premières Nations avaient tort. Nous avons pris le parti des Premières Nations et avons dû passer des heures à discuter avec la province pour que les équipements empruntent un autre itinéraire pour lutter contre l’incendie.
De nombreuses personnes nous disent que cela ne devrait pas être aussi difficile. Nous devrions pouvoir envoyer des gens sur le terrain le plus rapidement possible. Elles ont tout à fait raison, mais comme nous devons remplir ces formulaires et surmonter ces obstacles, c’est difficile. C’est notre point de vue. Je ne peux pas imaginer ce que cela représente pour un membre des Premières Nations de devoir faire face à ces situations d’urgence.
M. Nelson : L’un des principaux défis réside dans la formulation utilisée pour répondre à un incendie de forêt. Même si nous sommes prêts à intervenir, que les remorques sont prêtes et que nous savons que le feu approche, souvent, nous ne pouvons pas obtenir de financement si certains termes tels que « imminent » ne sont pas utilisés. Si l’incendie n’est pas imminent, nous ne pouvons pas nous déployer. Parfois, nous attendons, dans l’espoir d’obtenir un financement, mais nous envoyons quand même nos équipes. Les collectivités réagissent de toute façon, car elles savent toutes que l’incendie sera là dans trois ou quatre jours. Même deux semaines à l’avance, nous pouvons nous y préparer, mais comme l’incendie n’est pas imminent, personne ne peut intervenir avant qu’il ne soit déjà à nos portes.
La sénatrice McBean : Au deuxième tour de questions, je vous demanderai comment vous comptez remédier à cela. Je n’ai pas le temps maintenant.
Monsieur Merasty, vous avez mentionné les problèmes de compétence, et dans le cas de la nation métisse de la Saskatchewan, vous avez parlé d’un vide sur le plan des compétences.
Comment le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, conscients de ce vide sur le plan des compétences, peuvent-ils mieux reconnaître et financer les mesures adoptées par les Métis pour la préparation aux incendies de forêt et la résilience communautaire? Parfois, il est important de dire les choses à haute voix pour que cela soit consigné dans le compte rendu. Pourquoi existe-t-il un tel vide pour la nation métisse de la Saskatchewan?
M. Merasty : Souvent, lorsque l’on observe nos collectivités, on constate que nous sommes laissés pour compte et oubliés dans ces scénarios. Par exemple, l’été dernier, notre nation métisse de Saskatchewan a dû déclarer l’état d’urgence afin d’attirer l’attention sur nos collectivités qui avaient été abandonnées et manquaient de ressources. Pour certains ou pour beaucoup de propriétaires de chalets, un chalet est un lieu de retraite pour le week-end ou un lieu de rassemblement estival. Pour beaucoup de nos gens, c’est un lieu de vie, un lieu de rassemblement et de subsistance, et certains devaient se débrouiller sans ressources, des trousses de pompes à eau aux tuyaux d’arrosage. Nous devions utiliser des seaux et des pelles, seuls dans la plupart des cas. Telle est notre réalité.
La nation métisse a pris des mesures et a réorganisé ses fonds internes pour obtenir des trousses de pompes à eau, entre autres, afin d’aider les propriétaires de chalets et de nous permettre de lutter contre ces incendies. Cependant, les membres des collectivités ont dû se débrouiller seuls pour trouver des espaces où se réfugier. Ils ont dû se rendre au cimetière pour respirer un peu d’air frais en raison de la fumée épaisse et dense. Un financement permettrait de résoudre ce problème.
M. Quintal : Le vide sur le plan des compétences est que les pompiers des Premières Nations sont soutenus par la Croix-Rouge, tandis que le reste de la province est soutenu par l’agence de sécurité publique de la Saskatchewan, la SPSA. Dans le Nord, toutes ces collectivités sont métisses, généralement voisines des Premières Nations, et nos familles sont étroitement liées. Les membres des Premières Nations qui vivent hors réserve et dans nos collectivités sont des citoyens métis; ils passent par la SPSA. Nous disposons de la structure nécessaire, comme nous l’avons fait pendant la pandémie, pour pouvoir soutenir nos citoyens. N’oubliez pas que nos populations dans toute la province parlent cinq langues différentes. Il est donc essentiel de pouvoir être servi dans sa langue afin de garantir le respect de nos cultures et de nos traditions lorsque nous prenons soin de nos aînés et de nos citoyens, en particulier en période de crise.
La sénatrice Oudar : Je vous remercie de votre présence. J’ai lu de nombreux articles sur votre organisation, Francyne Joe, la First Nations’ Emergency Service Society de la Colombie-Britannique. Vous avez décrit votre organisation comme un modèle d’excellente communication entre vos collectivités et les trois ordres de gouvernement : municipal, provincial et fédéral.
Pour quelle raison cette organisation n’est-elle pas présente dans une autre province ou un autre territoire?
Mme Joe : C’est une excellente question. De nombreux groupes des Premières Nations nous ont demandé, en particulier cet été, pourquoi nous n’avions pas de First Nations’ Emergency Service Society dans chaque province ou territoire. Il y a des organisations semblables au Yukon, en Ontario et au Québec, mais nous offrons nos services depuis 40 ans. Nous célébrerons d’ailleurs notre 40e anniversaire l’année prochaine.
Nous aimerions proposer notre modèle à d’autres provinces et territoires, et nous pourrions soutenir la formation dans d’autres territoires, mais en tant qu’organisme à but non lucratif, nous ne disposons pas à l’heure actuelle des fonds requis pour le faire. Une grande partie de notre financement est lié à des projets, de sorte que la plupart de nos fonds prendront fin au cours de l’exercice actuel. Si nous avons la chance d’obtenir le budget nécessaire, nous saurons cet automne si nous allons bénéficier d’un financement supplémentaire.
Par le passé, nous avons demandé un financement pour un projet qui aurait dû débuter le 1er avril, ce qui est encore trop tard pour procéder au recrutement et à la formation de nos populations. Parfois, nous ne l’obtenons qu’en juin ou juillet, nous devons donc élaborer un plan concret à l’échelle nationale, en collaboration avec les organismes nationaux et en partageant les informations. C’est ce que nous faisons actuellement. Nous collaborons avec la BC Cattleman’s Association, l’Association du tourisme autochtone du Canada et l’Université Thompson Rivers. Nous recherchons des partenariats afin d’essayer de développer un modèle propre qui pourrait être partagé, non seulement au Canada, mais aussi avec d’autres groupes autochtones dans le monde.
La sénatrice Robinson : Monsieur Beaudin, vous avez mentionné que les producteurs agricoles de vos territoires éprouvent des difficultés à accéder à tout type de programme de soutien. Je crois que vous avez indiqué qu’il est nécessaire de disposer de connaissances et de ressources pour pouvoir accéder à ces programmes de soutien.
Je connais bien le programme de gestion des risques de l’entreprise qui existe pour les producteurs de ma province natale, l’Île-du-Prince-Édouard. Savez-vous si les producteurs de votre nation ont accès à des programmes de gestion des risques de l’entreprise?
M. Beaudin : Oui, actuellement, nous avons obtenu une prolongation de trois ans du Partenariat canadien pour une agriculture durable, et nos agriculteurs et éleveurs ont accès à des fonds, pouvant atteindre 100 000 $ par an, pour les cultures de couverture, le pâturage tournant et ce genre de choses. Il y a trois programmes dans ce cadre.
Ils ont accédé à des programmes. Cela a été couronné de succès; cependant, les incendies de forêt constituent un tout autre problème. Nous devons obtenir de l’aide.
La sénatrice Robinson : Je voulais notamment vous poser une question au sujet du programme Agri-relance, et de la manière dont il intervient après une catastrophe naturelle. Je sais que la situation est toujours un peu complexe à l’échelle provinciale, car pour déclencher le programme Agri-relance, il faut que la province fasse plus ou moins appel au gouvernement fédéral. Quelle est votre expérience à cet égard?
M. Beaudin : À l’heure actuelle, notre relation avec le Manitoba est, je dirais, mitigée. Parfois, nous recevons leur soutien, et parfois non. Parfois, c’est de notre faute, parfois c’est la leur, en ce qui concerne les propositions.
En fin de compte, comment pouvons-nous inciter les producteurs à se rapprocher de nous et à collaborer avec la Fédération des Métis du Manitoba et le ministère de l’Agriculture de la province afin d’examiner des programmes qui profitent à tous?
La sénatrice Robinson : Pour les programmes, je pense notamment aux travaux de Shaun Soonias avec Financement agricole Canada. Existe-t-il des programmes visant à favoriser cette compréhension ou à informer vos producteurs sur les programmes disponibles? Comment abordez-vous cette question?
La sénatrice McBean évoquait les complexités relatives aux compétences, et c’est presque la même chose dans cette situation. Quels sont les moyens disponibles pour aider vos concitoyens à acquérir les connaissances nécessaires pour pouvoir accéder à ces programmes et s’y inscrire, de sorte que lorsque le moment viendra, ils n’auront pas à réagir, mais seront peut-être déjà inscrits au programme?
M. Beaudin : Il est nécessaire de commencer directement à l’échelle locale et de faire participer le gouvernement métis, la Fédération des Métis du Manitoba. Nous ne disposons pas d’un portefeuille agricole entièrement financé, nous dépendons tous du financement de projets. Comme l’a mentionné l’intervenant précédent, une fois ce financement épuisé, nous nous retrouvons à rédiger des propositions dans l’espoir d’obtenir davantage de fonds. Sans financement durable à long terme, nous ne pouvons même pas planifier correctement. Nous ne pouvons pas élaborer de plan stratégique avec nos agriculteurs et nos éleveurs.
Je pense que le point de départ est un ministère solide et efficace, capable de collaborer avec les autres agriculteurs et éleveurs. Même si cela signifie dépasser les frontières des compétences, ce n’est pas une personne seule qui peut accomplir cette tâche. Cela concerne la province, le gouvernement fédéral et les municipalités. Nous devons nous réunir et trouver la meilleure solution.
Le président : Merci.
M. Merasty : Merci, monsieur le président, je souhaitais également aborder ce sujet, en Saskatchewan. Je remercie nos collègues du Manitoba.
Une fois de plus, 2,78 millions d’hectares ont été détruits en Saskatchewan; 90 % du secteur de piégeage N-14 a brûlé et 110 000 hectares ont été détruits à Denare Beach. Cela compromet notre souveraineté alimentaire en tant que Métis et Premières Nations, ainsi que l’accès aux plantes médicinales traditionnelles que nous récoltons chaque saison tout au long de l’année. La dévastation des forêts anciennes nous prive de nos caribous des bois, puis du gros gibier, comme l’orignal, dont notre peuple dépend pour sa subsistance. Pire encore, les récolteurs de riz sauvage se retrouvent abandonnés, sans recours et sans ressources pour compenser leurs pertes.
Merci.
La sénatrice Robinson : Il y a eu récemment des informations concernant le riz sauvage et les répercussions du changement climatique sur sa production.
M. Merasty : Nous constatons certains effets du changement climatique sur notre riz sauvage. Je sais qu’il y a quelques années, nos récoltants de riz sauvage n’ont pas pu récolter à cause des vers, et cela est dû au changement climatique, à la chaleur et à d’autres facteurs.
Le problème se pose également cette année. Il n’est pas aussi grave que l’année dernière, mais il est bien présent. Cela a un impact sur leurs moyens de subsistance, mais surtout, le niveau des eaux diminue et les bactéries que nous voyons apparaître dans les lacs sont nouvelles et inconnues pour nous.
Le sénateur Varone : Ma question s’adresse à la First Nations’ Emergency Services Society, et je vais l’aborder de manière quelque peu différente. Je suis le sénateur le plus récent ici, et j’ai probablement le plus à apprendre en matière d’agriculture...
La sénatrice Robinson : Nous avons prêté serment le même jour.
Le sénateur Varone : Oui, mais vous avez passé toute votre vie dans l’agriculture. Moi, j’ai pris des terres agricoles et j’y ai construit des maisons.
Mais j’ai appris une vérité incontestable : le coût de la résilience climatique est considérable, mais le coût de l’inaction est monumental.
Lorsque vous êtes confronté à des gouvernements qui gèrent leurs budgets selon le principe du jeu à somme nulle — plus d’argent ici, moins d’argent là —, par où commencez-vous, pour vos quatre piliers de résilience?
Si le gouvernement vous disait : « Vous recevrez X », comment renforceriez-vous cette résilience au sein des Premières Nations?
Mme Joe : Nous travaillons depuis plusieurs années avec environ 90 % des collectivités des Premières Nations de la Colombie-Britannique, ce qui nous a permis d’établir de solides relations avec elles, et elles connaissent déjà leurs lacunes. Nous les réunissons et nous voyons comment établir des partenariats entre elles.
Comme M. Nelson l’a mentionné, parfois, seules quatre ou cinq membres d’une Première Nation peuvent participer à la formation que nous offrons. Nous devons donc nous assurer que les Premières Nations travaillent ensemble afin qu’en cas d’incendie, elles puissent collaborer pour l’éteindre.
Cependant, en ce qui a trait à la réduction des risques, nous entamons des collaborations avec les collectivités avant même qu’un incendie ne se déclare. Nous mettons en place des plans de gestion des situations d’urgence, en utilisant l’intelligence artificielle pour orienter ces plans, des drones pour cartographier les lieux et de la formation pour que les intervenants sachent clairement qui fait quoi et dans quel rôle.
Nous avons mené des activités d’atténuation avec l’une des Premières Nations du canyon du Fraser, juste au nord de Lytton, qui est régulièrement touchée par des incendies. Le feu a contourné la collectivité, mais elle n’a pas été touchée. Il n’y a pas eu de victime. Aucun immeuble n’a été détruit. Ce fut un succès total. Si nous pouvions investir dans ces régions, nous obtiendrions beaucoup plus de succès pour les collectivités.
Le sénateur Varone : Avez-vous détaillé cela en fonction du pourcentage consacré à l’atténuation, du pourcentage consacré à la protection civile et du pourcentage consacré à...?
M. Nelson : Pour poursuivre sur ce sujet, à la FNESS, nous travaillons avec les quatre piliers dont nous avons parlé, et nous passons d’une nation à une autre. Nous devons commencer par une nation et lui demander : « De quoi avez-vous besoin? », et nous avons plusieurs spécialistes dans tous les différents piliers.
S’ils ont besoin de protection civile, s’ils doivent former leur équipe d’intervention, s’ils ont besoin d’atténuer les risques ou d’une aide au rétablissement, nous allons commencer là où ils en sont. Nous ne montrons pas aux nations ce qu’elles doivent faire. Nous leur demandons : « Comment pouvons-nous vous aider à atteindre vos objectifs », et nous les accompagnons.
Le sénateur Varone : Merci.
Mme Joe : Un autre point : ces dernières années, nous avons organisé plus de 150 séances de formation sur les feux de forêt et formé près de 2 000 personnes à la lutte contre les incendies. Cependant, tellement de personnes déménagent...
Le sénateur Varone : Qui finance ces formations?
Mme Joe : Il s’agissait de fonds fédéraux. Ces fonds étaient destinés à des projets et à la province. Ils étaient affectés à des projets.
Par contre, aujourd’hui, les gens quittent la collectivité et bon nombre de nos pompiers sont plus âgés. Ils ont plus de 55 ans et n’ont donc pas la mobilité nécessaire pour lutter contre les incendies.
Le sénateur Varone : La formation que vous offrez doit être continue.
Mme Joe : Exactement. Nous devons renouveler cette formation régulièrement et les cartes doivent être mises à jour. Surtout après les rivières atmosphériques survenues en Colombie-Britannique, je sais que, dans ma réserve, nous avons perdu beaucoup de terrain, ce qui a modifié la cartographie. Nous devons nous assurer de disposer de données sur les situations de sécheresse. Nous avons beaucoup à faire en permanence, mais comme nous ne disposons pas d’un budget annuel régulier, nous essayons simplement de faire de notre mieux.
Le sénateur McNair : Monsieur Merasty, vous avez dit que, comme point de départ, il faut garantir un financement stable pour la gestion des urgences.
Je voudrais prendre un moment pour faire écho à la sénatrice Muggli : Félicitations pour ce que vous avez accompli afin de protéger la nation métisse et votre province. L’absurdité administrative qui régnait à l’époque était stupéfiante. On a envoyé des gens à 500 kilomètres de là sans leur fournir de lieu pour dormir.
Je voudrais ajouter une autre chose à l’intention de M. Nelson. Merci de nous avoir rappelé une évidence, mais vous avez dit que les personnes déplacées souffrent, et nous devons nous rappeler que cette souffrance persiste bien au-delà de la fin de la saison des incendies.
Quoi qu’il en soit, je m’en tiendrai là. Quelqu’un d’autre aura peut-être l’occasion de poser une question.
La sénatrice Martin : Très brièvement, j’ai une sorte de question complémentaire à celle que la sénatrice McBean a posée.
Sachant que ces lacunes, les problèmes, les manques et les complexités liés au partage des compétences existent, y a-t-il des accords spécifiques que vous aimeriez voir mis en place avant le printemps prochain? Travaillez-vous actuellement sur certains dossiers?
Mme Joe : Oui, nous travaillons avec le — il y a tellement de sigles — le Centre interservices des feux de forêt du Canada, ou CIFFC. Nous collaborons également avec le Conseil national autochtone de la sécurité-incendie, mais nous avons besoin de davantage de collaboration entre chaque province et chaque territoire. Nous avons des savoir-faire différents.
Pour notre part, mon conseil d’administration m’a autorisée à étendre autant que possible notre travail avec nos homologues métis et inuits, non seulement en Colombie-Britannique, mais dans tout le pays, mais cela dépend encore une fois du financement.
M. Nelson : Un élément important serait de modifier la formule que Services aux Autochtones Canada, ou SAC, utilise pour débloquer des fonds. Si une collectivité est menacée, les fonds devraient être débloqués, et non pas seulement en cas d’incendie imminent. Cela nous aiderait énormément, car nous pourrions déployer les remorques à l’avance et nous préparer si nous savons que des incendies se déclarent.
Le président : Merci.
Je demanderais aux sénatrices Muggli et McBean de poser leurs questions, et nous vous demanderons d’y répondre par écrit.
Très brièvement, madame Muggli, votre question?
La sénatrice Muggli : Si vous deviez rédiger des recommandations pour notre rapport concernant le rétablissement après un traumatisme causé par un incendie de forêt, à quoi ressembleraient-elles? Quelles seraient ces recommandations pour aider les personnes à se remettre d’un traumatisme psychologique?
L’autre question brève concernait les lacunes éventuelles dans la formation technique des personnes chargées de la prévention des incendies.
Le président : Chaque groupe peut répondre à cette question, je vous laisse donc le soin de le faire.
La sénatrice McBean : Par écrit ou en vidéo.
Je pense que nous savions que ces renseignements seraient très utiles, donc je vous en remercie.
Madame Joe, vous avez mentionné que l’incendie s’était propagé à une collectivité près de Lytton. Pourriez-vous nous fournir des détails et peut-être même une approche étape par étape sur ce qu’a fait le FNESS et nous expliquer comment cela a fonctionné?
J’imagine que vous avez présenté une demande prébudgétaire de 27,9 millions de dollars, ce qui répondait peut-être à ma question sur les défis liés aux compétences.
Pardonnez mon langage, mais je pense que cela se résume toujours à une séance de râlerie si on ne parle que des problèmes sans proposer de solutions.
Je dis que vous avez la solution et je veux la connaître. Nous vous avons seulement laissé parler de la première partie et nous sommes très intéressés par vos solutions. Que feriez-vous avec l’argent si on vous en donnait davantage? Monsieur le ministre Merasty, vous avez demandé des fonds stables pour la planification d’urgence. Si vous les obteniez, à quoi les affecteriez-vous?
Le président : Notre greffière vous enverra ces deux dernières questions, afin que vous en ayez une copie telle qu’elles ont été transcrites. Monsieur le ministre Merasty, monsieur le ministre Beaudin, monsieur Quintal, madame Joe et monsieur Nelson, merci beaucoup de votre participation aujourd’hui. Vos témoignages et vos commentaires ont été très appréciés.
Pour notre deuxième groupe de témoins, nous entendrons Elisa Binon, coordinatrice des données pour l’Amérique du Nord, les Caraïbes, l’Europe et l’Asie centrale, à l’Observatoire des situations de déplacement interne, et le major Rick Zelinsky, directeur des affaires publiques et des services d’urgence en cas de catastrophe à l’Armée du Salut. Le major Zelinsky est accompagné de sa collègue, Tracy Desjarlais, agente de liaison autochtone pour les services d’urgence en cas de catastrophe. Madame Binon, la parole est à vous.
Elisa Binon, coordinatrice des données pour l’Amérique du Nord, les Caraïbes, l’Europe et l’Asie centrale, Observatoire des situations de déplacement interne : Merci de nous avoir invités à vous faire part de nos constats sur les impacts des déplacements liés aux incendies de forêt au Canada. Je m’exprimerai en anglais, mais je me ferai un plaisir de répondre en français ou en anglais.
Je m’appelle Elisa Binon et je suis coordinatrice des données pour l’Amérique du Nord, les Caraïbes, l’Europe et l’Asie centrale à l’Observatoire des situations de déplacement interne, l’OSDI. L’Observatoire suit les déplacements internes dus aux catastrophes, aux conflits et à la violence dans plus de 200 pays et territoires.
Notre mission est de mettre en lumière la situation des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, ou PDIP, qui sont trop souvent négligées. Nous ne collectons pas de données primaires, mais nous regroupons, sélectionnons et validons les renseignements provenant des gouvernements et de diverses autres sources afin de fournir des données et des analyses fiables qui peuvent éclairer l’élaboration des politiques et les mesures visant à prévenir, traiter et résoudre les déplacements internes.
Les déplacements internes dus aux catastrophes constituent un défi mondial croissant, qui touche aussi bien les pays en développement que les pays riches. Le Canada ne fait pas exception, les incendies de forêt étant la cause principale. En fait, le Canada figure parmi les pays les plus touchés par les déplacements liés aux incendies de forêt.
En 2023, 43 % de tous les déplacements liés aux incendies de forêt recensés dans le monde ont eu lieu au Canada. L’OSDI a recensé plus de 200 000 déplacements internes à travers le Canada cette année-là, dont 96 % étaient dus à des incendies de forêt, et 15 % de ces déplacements ont touché des collectivités autochtones.
En 2024, le Canada s’est classé au troisième rang mondial pour les déplacements liés aux incendies de forêt, après les États-Unis et la Grèce. Nos données préliminaires pour 2025 montrent plus de 70 000 déplacements de cette nature à travers le Canada. En 2024 et 2025, les incendies de forêt ont provoqué 99 % de tous les déplacements internes au Canada. Les Autochtones ont été touchés de manière disproportionnée. En 2024, 58 % des évacuations liées aux incendies de forêt ont touché les Autochtones, tandis qu’en 2025, les données préliminaires indiquent que 56 % des évacuations dues aux incendies de forêt ont touché les Autochtones au Canada.
On pense toutefois que ces chiffres sous-estiment la situation, en raison de la difficulté à trouver des données fiables et précises, le Canada ne disposant pas d’une agence centrale qui collecte systématiquement des données sur les déplacements internes.
Derrière ces chiffres se cachent des personnes réelles qui sont particulièrement touchées par le déplacement. Les difficultés qu’éprouvent les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont graves. Elles comprennent la perte de leur maison, de leur sécurité ou de leur sentiment de sécurité, et de leurs moyens de subsistance. Les enfants peuvent voir leur éducation perturbée et les personnes de tous âges peuvent souffrir de troubles mentaux. Nos données semblent indiquer que les déplacements liés aux incendies de forêt durent plus longtemps et deviennent de plus en plus fréquents. Il est arrivé que les mêmes collectivités soient contraintes d’évacuer plusieurs fois au cours de l’année, comme cela a été le cas, par exemple, lorsque la Nation crie de Nemaska, dans le Nord du Québec, a été appelée à évacuer cinq fois en juillet 2023.
Nous constatons également une augmentation des déplacements liés aux incendies de forêt dans les zones urbaines. Si les régions et les collectivités isolées sont plus souvent touchées, nous avons vu ces dernières années de nombreux quartiers urbains et suburbains densément peuplés être contraints d’évacuer en raison d’incendies de forêt. En 2023, près de la moitié des déplacements enregistrés ont eu lieu dans des zones urbaines.
Avec l’impact croissant du changement climatique, on s’attend à ce que le nombre de déplacements augmente chaque année. Selon des données scientifiques soutenues par l’ONU, le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et le changement climatique a plus que doublé la probabilité de conditions météorologiques extrêmes dans l’Est du Canada en 2023.
Les Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays affirment que les gouvernements nationaux ont la responsabilité première de traiter les déplacements internes. Cela étant, nous souhaitons formuler des recommandations.
La collecte de données précises, actualisées et ventilées sur les déplacements internes est la première étape pour comprendre les tendances, les particularités et les répercussions des déplacements liés aux incendies de forêt, et le point de départ pour établir des politiques éclairées et efficaces. Nous encourageons donc le gouvernement canadien à recueillir des données sur le nombre d’habitants contraints d’évacuer leur domicile chaque année en raison de catastrophes et sur la durée de ces déplacements.
Deuxièmement, tous les ordres de gouvernement devraient systématiquement inviter les collectivités touchées à participer aux discussions sur les déplacements liés aux catastrophes afin de trouver les solutions les meilleures et les plus adéquates, par exemple en accordant la priorité aux connaissances et à l’autodétermination des Premières Nations lors de l’élaboration des plans d’urgence.
Troisièmement, il est essentiel de garantir des conditions d’évacuation et d’accueil adéquates pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays afin d’atténuer les conséquences du déplacement.
Les sites d’évacuation doivent disposer de tout l’équipement et du personnel nécessaires pour répondre aux besoins particuliers et aux vulnérabilités.
Enfin, nous tenons à féliciter le Canada pour son engagement à trouver des solutions au problème des déplacements internes. Cet engagement est manifeste dans la coprésidence du Groupe des amis sur les solutions au déplacement interne.
Nous espérons que le Canada continuera à faire preuve d’un engagement sans faille dans la lutte contre les déplacements internes.
Nous vous remercions de votre temps et de votre attention.
Le président : Merci pour votre déclaration liminaire.
Major Zelinsky et madame Desjarlais, la parole est à vous.
Major Rick Zelinsky, directeur des affaires publiques et des services d’urgence en cas de catastrophe, Armée du Salut : Merci de me donner la parole.
Compte tenu de la rareté des ressources dans les collectivités rurales, l’Armée du Salut a constaté une augmentation de la demande pour ses services partout au Canada, d’un océan à l’autre. Par exemple, nos services d’urgence viennent à peine d’être démobilisés dans la vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse.
En 2024, nous avons dû prolonger nos services à High Prairie, en Alberta, afin de venir en aide aux personnes évacuées des établissements métis de l’Alberta en raison du manque de ressources dans la région.
Nous avons prolongé notre séjour de plus d’un mois, ce qui dépassait largement notre déploiement habituel, servant plus de 40 000 repas, cumulant plus de 12 000 heures de bénévolat et apportant un soutien émotionnel et spirituel.
Nous continuons à constater une demande accrue pour nos services. En 2025, nous sommes intervenus dans toutes les provinces du Canada, sauf quatre. Nous sommes intervenus à Yellowknife.
L’Armée du Salut est présente dans plus de 400 collectivités au Canada. Je voudrais maintenant céder la parole à l’une de nos dirigeantes autochtones de l’équipe des services d’urgence en cas de catastrophe, Tracy Desjarlais, qui vous parlera de l’impact sur les collectivités autochtones. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions après son intervention.
Tracy Desjarlais, agente de liaison autochtone pour les services d’urgence en cas de catastrophe, Armée du Salut : Bonsoir, monsieur le président et mesdames et messieurs les sénateurs. Je m’appelle Tracy Desjarlais. Je suis originaire de la Première Nation Piapot, en Saskatchewan. Je tiens à remercier le comité de m’avoir invitée à témoigner sur les répercussions des feux de forêt sur les collectivités autochtones à travers le Canada, en particulier sur nos terres, notre air, notre eau et les effets des évacuations.
Les feux de forêt détruisent plus que des arbres; ils emportent les remèdes, les baies, l’habitat faunique et les territoires de trappage qui soutiennent notre mode de vie.
Lorsque les incendies se propagent, les cendres et la suie empoisonnent le sol et les cours d’eau, modifiant le territoire pour des générations. Quant à l’air, la fumée des feux de forêt est devenue une urgence sanitaire permanente. Bon nombre de nos Aînés, de nos enfants et de nos concitoyens souffrant de troubles respiratoires ont de la difficulté à respirer. Nous avons constaté une augmentation des cas d’asthme, de problèmes cardiaques et même de décès lors d’épisodes de fumée prolongés.
En ce qui concerne l’eau, après les incendies, les fortes pluies entraînent les cendres et les produits chimiques dans nos sources d’eau. Les collectivités doivent alors compter sur l’eau en bouteille ou acheminée par camion pendant des mois. Les normes fédérales en matière d’eau doivent inclure des tests d’urgence et des systèmes d’intervention rapide après les incendies de forêt.
En ce qui concerne les évacuations, oui, je sais que je me répète sans cesse au sujet des collectivités autochtones qui sont touchées de manière disproportionnée par les évacuations liées aux incendies de forêt. Beaucoup sont contraintes de quitter leur foyer plusieurs fois en une décennie.
Je vais citer l’un des membres du Grand Conseil de Prince Albert, le grand chef Brian Hardlotte, avec qui j’ai discuté de ce sujet avant aujourd’hui. C’est l’une de ses principales préoccupations. Il a déclaré : « De nombreuses personnes sont décédées lors des évacuations sur notre territoire en raison de leur état de santé et du stress lié au déplacement. » Les incendies qui ont provoqué les évacuations étaient malheureusement des incendies d’origine humaine, allumés délibérément, ce qui est très regrettable. Cela montre que les incendies ne sont pas tous naturels, que certains sont évitables, et qu’ils causent des pertes et des traumatismes inutiles.
Quels changements s’imposent? Il est impératif de mettre en place des solutions élaborées en collaboration avec les populations autochtones, de promouvoir une gestion communautaire des incendies grâce à la formation et au financement d’équipes autochtones pour les incendies culturels et dirigés. Nous devons également établir des refuges à air pur dans les écoles et les centres communautaires, mettre en place des tests rapides de l’eau et des systèmes de filtration d’urgence après les incendies, créer des plans d’évacuation respectueux des cultures, conçus et dirigés par les nations locales, et fournir un soutien à long terme en matière de santé mentale pour les familles touchées par des évacuations répétées.
Les feux de forêt ne sont pas seulement un problème environnemental, ils touchent également à la souveraineté et à la santé publique. Ils concernent la survie et le leadership des peuples autochtones.
C’est tout ce que j’avais à dire. J’allais aborder plus précisément quelques autres enjeux concernant la mise en place de centres d’évacuation par certaines Premières Nations pour accueillir des personnes évacuées ici, en Saskatchewan. Cependant, en raison de l’attitude des gens — je ne sais pas quels termes employer pour décrire ce que j’essaie de dire —, ces centres n’ont jamais accueilli de personnes évacuées après leur mise en place.
Ce matin, j’ai discuté avec un membre du personnel de mon hôtel. Ils avaient mis en place un centre d’évacuation. Ils n’ont reçu aucun évacué. Ils ont envoyé de nombreux dons par camions entiers dans le Grand Nord. Je pourrais continuer, mais je m’arrêterai là pour l’instant.
Merci de votre attention.
Le président : Merci pour vos déclarations liminaires.
Le sénateur McNair : Je remercie les témoins d’être venus. Ma première question s’adresse à Mme Binon.
En mai et juin 2025, comme vous l’avez entendu au cours de la discussion avec le premier groupe, la propagation de feux de forêt au Manitoba et en Saskatchewan a entraîné l’évacuation de 42 000 personnes.
Dans un récent article intitulé « Wildfire displacement is on the rise : 2025 sends a clear warning », votre organisation indique que la plupart des pays ne recueillent pas systématiquement de données sur les déplacements causés par les feux de forêt, ce qui entraîne d’importantes lacunes dans la préparation aux feux de forêt, la capacité d’intervention et le rétablissement après un incendie.
Pourriez-vous m’expliquer à quelle fréquence recueille-t-on des données sur les déplacements causés par les feux de forêt au Canada? Qui recueille ces données et en fait rapport? Pourriez-vous également nous dire dans quelle mesure la collecte systématique de données sur les déplacements causés par les feux de forêt améliorerait-elle l’état de préparation, la capacité d’intervention et le rétablissement en cas de feux de forêt au Canada?
Mme Binon : Oui, bien sûr. Au Canada, nous avons reçu des données de Services aux Autochtones Canada après avoir établi un partenariat avec eux. Ces données sont ventilées par type de catastrophe, mois d’évacuation et province ou territoire.
Quant aux autres données que nous obtenons du Canada — nous ne les recevons pas, nous devons les rechercher — nous les surveillons principalement via les médias afin d’obtenir de l’information à jour. Cela s’avère difficile, car les médias ne fournissent pas toujours la source de leur information, auquel cas nous ne pouvons pas utiliser les données à moins de trouver une confirmation de l’information.
La tâche peut également être difficile, car les médias peuvent fournir des informations sur le nombre d’immeubles évacués ou visés par un ordre d’évacuation, ce qui n’est pas une estimation fiable. Il est difficile d’utiliser ces données, car nous ne savons pas combien de ces immeubles sont inhabités.
Nous considérons que nos données sont largement sous-estimées. C’est ainsi que nous les collectons pour le Canada, c’est pourquoi il est crucial qu’une entité ou une organisation fédérale ou nationale, ou même provinciale, collecte ces données afin que nous puissions disposer de meilleures estimations.
La collecte de ces données est importante, car elle permet de guider l’élaboration des politiques. Lorsque vous savez combien de personnes sont déplacées chaque année dans chaque province ou territoire, pour quelles raisons, et que ces données sont ventilées, c’est-à-dire combien de femmes, d’enfants, d’Autochtones, de membres de Premières Nations et d’Inuits, vous disposez de données qui peuvent orienter l’élaboration de politiques à un niveau élevé et vous permettre de savoir où affecter les ressources.
Quelle collectivité est systématiquement touchée, par exemple? C’est ce que les données peuvent montrer. C’est pourquoi il est crucial de les collecter.
Le sénateur McNair : Je souhaite vérifier l’une de vos affirmations. Vous avez dit que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Est-ce exact? Qu’avez-vous dit au juste?
Mme Binon : Selon les données scientifiques de l’ONU, oui. Ce sont des données publiées par l’ONU.
Le sénateur McNair : L’autre fait que vous avez mentionné, ou le classement — nous sommes au troisième rang pour les déplacements liés aux incendies de forêt, ce qui n’est pas un classement que nous souhaitons avoir, je suppose.
Mme Binon : Ce classement est basé sur nos données, celles que nous recueillons à l’Observatoire des situations de déplacement interne. Comme nous recueillons des données dans plus de 200 territoires et pays à travers le monde, nous les analysons, et cette analyse nous a permis de constater qu’en 2024, le Canada se classait au troisième rang pour les déplacements liés aux incendies de forêt.
Le sénateur McNair : Merci.
La sénatrice Muggli : Merci d’être venus. Ma question s’adresse aux représentants de l’Armée du Salut. Je me demande comment vos bénévoles et votre personnel sont formés pour gérer les besoins en matière de santé mentale et de réponse aux traumatismes des personnes évacuées, surtout des membres des Premières Nations et des collectivités métisses, et je me demande ce qui est nécessaire pour un soutien à long terme, selon vous. Existe-t-il un modèle communautaire de réponse aux traumatismes que vous recommanderiez, ou quelle est votre opinion sur le suivi en matière de santé mentale?
M. Zelinsky : Je vais répondre à la première partie de la question, puis je demanderai à Mme Desjarlais de parler du long terme. Tous nos bénévoles suivent une formation. Nous avons mis au point une formation interne, et les gens peuvent passer par différents niveaux. En ce qui concerne le soutien émotionnel, il est généralement confié à des professionnels dans ce domaine. Lorsque j’ai dit que nous étions présents dans plus de 400 collectivités, je parlais de membres du clergé et de bénévoles formés dans ces collectivités. Nous formons nos gens à être disponibles, à écouter, à soutenir les gens dans la mesure de leurs capacités.
Avec Tracy Desjarlais et grâce à nos liens avec les collectivités autochtones, nous ne cherchons pas à intervenir dans les collectivités pour essayer de régler leurs problèmes. Nous leur disons plutôt : « Nous avons discuté avec divers chefs pour les informer que l’Armée du Salut dispose d’un programme de formation, que nous avons la capacité de mettre en place des équipes pour eux et que nous aimerions mettre nos 110 années d’expertise au service de leur collectivité pour lui offrir une formation », afin de les aider dans ce domaine.
Je pense que ce soutien continu — le gouvernement soutient cinq organismes non gouvernementaux nationaux, des ONG, pour la lutte contre les incendies de forêt, et quelques-uns d’entre nous apportent un soutien émotionnel, notamment l’Ambulance Saint-Jean et l’Armée du Salut. Il sera très important de maintenir ce soutien afin d’assurer la continuité et la cohérence. Nous avons pu renforcer et élargir nos capacités très rapidement et très efficacement grâce à ce soutien du gouvernement, mais je pense que ce soutien sera nécessaire à l’avenir, car cette situation n’est pas près de disparaître.
Madame Desjarlais, je ne sais pas si vous souhaitez vous exprimer sur la réponse à long terme.
La sénatrice Muggli : Plus précisément, si vous deviez faire une recommandation sur ce que nous devrions faire pour assurer le suivi en matière de santé mentale après de tels événements, auriez-vous des suggestions à formuler?
Mme Desjarlais : Merci. D’après les personnes déplacées avec lesquelles j’ai discuté, dont certaines sont âgées, elles ont comparé cette situation à celle des pensionnats indiens, où elles ont été retirées de leur collectivité et déplacées, et ce genre d’événement traumatisant a été un déclencheur pour elles. Il faudrait donc leur apporter un soutien continu à cet égard, notamment en matière de santé mentale, de programmes communautaires, etc., car de nombreuses collectivités du Nord ne disposent même pas de tels programmes, mais il faudrait mettre en œuvre ce genre de mesures pour les aider à surmonter ce traumatisme.
La sénatrice Muggli : Et dans les centres d’évacuation, il serait très important de disposer d’un soutien cérémoniel?
Mme Desjarlais : Exactement. En Alberta, par exemple, un habitant de Cold Lake m’a raconté que certains d’entre eux avaient été évacués, et que des habitants de la région, des Aînés, étaient venus leur apporter des plats traditionnels plutôt que... Je veux dire, ils étaient reconnaissants pour la soupe et les sandwichs, mais parfois, ils veulent manger leurs propres plats traditionnels. Certains Aînés des Premières Nations locales sont donc venus leur apporter des plats traditionnels locaux, mais ils n’ont pas été autorisés à les apporter dans le centre d’accueil.
Ils n’ont pas été autorisés à le faire. Apparemment, ils se sont installés sur le terrain de stationnement, et il y avait une longue file de gens qui souhaitaient manger cette viande traditionnelle. Des choses comme...
La sénatrice Muggli : Et des produits médicinaux également?
Mme Desjarlais : ... qui sont adaptés à la culture — oui. Je me suis rendue moi-même dans certains centres et j’ai fourni certains de nos produits médicinaux traditionnels.
La sénatrice Muggli : Je vous remercie.
Le sénateur Varone : Oui, ma question s’adresse à Mme Binon. Vous recueillez de nombreuses données, et je comprends celles que vous recueillez concernant les évacuations, mais je ne comprends pas bien le contexte dans lequel vous utilisez le mot « déplacement », et ce que vous entendez par là. Le déplacement correspond-il au fait de quitter son domicile, puis d’y retourner pendant une période temporaire, ou faites-vous référence au déplacement parce que leur domicile a été détruit par un incendie, et qu’ils n’ont nulle part où vivre? Si ce n’est pas le cas, suivez-vous le pourcentage de victimes en termes de maisons détruites par un incendie?
Mme Binon : Merci pour votre question. La réponse est : les deux. Nous utilisons des indicateurs de déplacement. Le déplacement interne signifie être contraint de quitter son lieu de résidence habituel, en raison d’une catastrophe, d’un conflit ou de violence. C’est ce que nous surveillons. Pour les catastrophes, nous disposons de divers indicateurs de déplacement. L’un de ces indicateurs est l’évacuation. Lorsque les gens doivent évacuer leur domicile — ils sont contraints de quitter leur domicile, dans ce cas-ci, en raison d’incendies de forêt —, ils sont déplacés à l’intérieur du pays, car ils ne quittent pas le Canada. Ils restent dans leur propre pays.
Le sénateur Varone : Ont-ils un foyer où retourner après leur déplacement?
Mme Binon : Parfois, oui. Parfois, leur foyer n’a pas été détruit. Nous enregistrons également les maisons détruites, ce qui constitue un autre indicateur de déplacement. Nous enregistrons...
Le sénateur Varone : Avez-vous des pourcentages à nous communiquer?
Mme Binon : Je n’ai pas les chiffres sous les yeux pour le moment, mais je peux tout à fait vous les communiquer par la suite. Cependant, les données dont nous disposons sont limitées en raison du manque de rapports.
Le sénateur Varone : Je comprends. Merci.
La sénatrice Martin : Cette question s’adresse également à Mme Binon. Avez-vous des exemples de pays qui disposent de données de très bonne qualité et du type de données qu’ils collectent et auxquelles vous avez accès, et comment cela se fait-il?
Mme Binon : Oui, nous avons quelques exemples. Je peux vous citer celui des États-Unis. La Federal Emergency Management Agency, ou FEMA, organise des réunions d’information sur ses opérations. Chaque jour, elle publie des bulletins contenant des rapports sur les déplacements et les évacuations liés aux incendies de forêt, ainsi que sur la destruction des habitations. Nous utilisons ces données, nous les collectons, et nous les enregistrons dans notre base de données, afin d’obtenir une estimation du nombre de personnes déplacées en raison des incendies de forêt aux États-Unis. Il s’agit donc d’une initiative au niveau fédéral. C’est un très bon exemple.
Ils réalisent également une enquête. Le Census Bureau des États-Unis mène une enquête dans laquelle il demande à la population si elle a été déplacée, évacuée, ou si ses habitations ont été détruites à cause de catastrophes. Il pose des questions telles que : quelle catastrophe? Combien de temps avez-vous été déplacé? Avez-vous pu rentrer chez vous? Votre maison est-elle devenue inhabitable? C’est le genre de questions posées.
Ce sont d’excellents exemples. De plus, après certaines catastrophes, surtout les plus importantes, ils publient des rapports préliminaires d’évaluation des dommages, qui indiquent notamment le nombre de maisons détruites par une catastrophe spécifique. Cela ne se limite pas aux incendies de forêt. Cela peut également inclure les inondations, les tempêtes, les ouragans ou les tornades. Les États-Unis sont un assez bon exemple de collecte, de publication et de diffusion de données, afin que nous puissions les utiliser.
La sénatrice McBean : Je vais poursuivre dans la même veine. Madame Binon, je vais peut-être vous poser une question. Je suppose que vous n’avez pas les informations sous les yeux, mais vous pourrez peut-être nous les fournir. J’ai pris des notes pendant que vous nous parliez, et j’ai noté que 43 % des Canadiens déplacés l’ont été à cause d’incendies de forêt. J’ai également noté que 15 % de ces personnes sont autochtones, et que 58 % des déplacements liés aux incendies de forêt au Canada concernent des Autochtones. Si vous pouviez nous communiquer vos notes par écrit, je vous en serais reconnaissant.
Vous avez également dit que le Canada se classe au troisième rang des pays où les incendies de forêt provoquent le plus de déplacements. Pourriez-vous nous indiquer quels pays occupent les deux premières places? Il s’agit d’une analyse rétrospective, car je ne souhaite pas connaître ces deux pays, mais vous pourriez peut-être nous fournir davantage d’informations à ce sujet. Cela nous serait très utile.
Vous avez également dit qu’en 2023, la moitié des déplacements concernaient des zones urbaines. Comment définissez-vous le terme « urbain »?
Mme Binon : J’espère pouvoir répondre à toutes vos questions. Pour clarifier les choses, je peux bien sûr vous envoyer des fiches d’information contenant les données qui répondent à toutes ces questions, avec plaisir. Elles sont également disponibles sur notre site Web.
Pour clarifier les choses, le nombre de personnes déplacées en raison des incendies de forêt est bien supérieur à 43 %. Les données que j’ai fournies indiquent qu’en 2023, 43 % de tous les déplacements liés aux incendies de forêt recensés dans le monde ont eu lieu au Canada. En 2023, 96 % des déplacements internes ont été causés par des incendies de forêt. L’année dernière et cette année, 99 % des déplacements internes au Canada ont été causés par des incendies de forêt. Ce sont là les chiffres réels.
Maintenant, ce que j’ai mentionné au sujet du Canada se classant troisième au niveau mondial concernait l’année dernière. Les États-Unis occupaient la première place, suivis de la Grèce. Le Canada venait ensuite. Nous avons enregistré plus de 45 000 déplacements en 2024, soit peu par rapport à 2023, mais toujours beaucoup plus que les années précédentes, avant 2023.
La sénatrice McBean : Et comment définissez-vous le terme « urbain »?
Mme Binon : En effet. Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question, mais je peux vous indiquer la procédure habituelle. En effet, nous examinons la manière dont les données sont publiées et présentées. Si elles sont décrites comme provenant d’une zone urbaine, nous nous fions à cette information si la source est fiable.
La sénatrice McBean : Je comprends que la plupart des industries ont également besoin d’art. Je respecte donc le fait que vous ayez une certaine idée de ce que c’est.
Pour le major Zelinsky et Tracy Desjarlais, quelles leçons ont été tirées de la récente saison des incendies de forêt en matière de logistique d’aide humanitaire à grande échelle dans les collectivités éloignées et autochtones? Si vous avez assisté au premier groupe de témoins, vous avez peut-être remarqué que j’ai insisté sur les complexités juridictionnelles.
Quelles sont les méthodes employées par votre organisation pour assurer une coordination efficace avec les gouvernements, les collectivités autochtones et les agences locales afin de fournir les abris, la nourriture et le soutien psychologique qui sont essentiels?
M. Zelinsky : Je vous remercie. Il est indéniable que cela représente un défi significatif. Notre organisation est rattachée au personnel humanitaire relevant du gouvernement fédéral. Cependant, la mise en œuvre des déploiements est confiée au gouvernement provincial, puis aux municipalités. La question de l’identification des parties prenantes et de la gestion de la communication devient un enjeu majeur, tout comme la capacité à adapter notre stratégie en fonction de leurs actions. Nous avons pris la décision stratégique de réagir systématiquement. Bien que nous ne disposions pas de financement, nous avons pris la décision stratégique d’agir, car c’est l’option qui répond à nos valeurs éthiques.
Concernant les collectivités autochtones, nous avons identifié, en collaborant avec le FNESS, 30 collectivités à haut risque en Colombie-Britannique. Dans le cadre de son engagement continu en faveur de la sécurité civile, l’Armée du Salut a pris l’initiative stratégique de mobiliser ses donateurs pour soutenir le FNESS dans l’acquisition de fonds destinés à la mise en place de systèmes de lutte contre les incendies au sein de leurs collectivités. Notre contribution à l’intervention menée au sein de cette Première Nation témoigne de notre engagement à promouvoir l’inclusion et la diversité au sein de notre écosystème.
Nous sommes en train de fournir des systèmes d’extinction d’incendies à 30 collectivités autochtones de la Colombie-Britannique. L’objectif de ce projet est de leur permettre d’intervenir immédiatement en cas d’incendie dans leur collectivité. Actuellement, il faut attendre trois ou quatre heures l’intervention des pompiers d’une collectivité voisine ou d’une collectivité plus éloignée. Avec nos systèmes, les collectivités concernées pourront intervenir dans les 15 minutes suivant le début de l’incendie.
Le président : J’ai une question. Au cours des quelques semaines à venir, nous allons commencer à rédiger ce rapport, qui pourrait contenir, et contiendra probablement, des recommandations à l’intention du gouvernement fédéral. Si vous aviez un stylo à la main, quelles seraient les deux recommandations que chacun d’entre vous souhaiterait inclure dans ce rapport? Je commencerai par le major Zelinsky.
M. Zelinsky : Tout d’abord, le financement. On ne peut jamais dire à une ONG ou à un organisme de bienfaisance qu’il a suffisamment d’argent. Nous sommes toujours à la recherche de financement, non seulement pour remplir nos coffres, mais aussi pour nous assurer que nous avons une réponse nationale cohérente aux incendies de forêt. Ce serait la première chose.
La deuxième chose serait qu’ils travaillent sur les questions de compétence. Ils doivent décider qui va être déployé. Si le gouvernement fédéral nous finance, il doit être en mesure de nous déployer sur le terrain. À ce sujet, si nous allons en Alberta, par exemple, pour lutter contre les incendies de forêt, nous devons actuellement nous rendre dans toutes les municipalités pour obtenir des protocoles d’accord afin de pouvoir intervenir, alors qu’il suffirait de demander un seul protocole d’accord : la province nous déploierait et nous pourrions intervenir n’importe où dans la province. Si nous le faisions à l’échelle nationale, ce serait encore mieux, car cela supprimerait les frontières. Nous pouvons nous déplacer très rapidement et déployer d’importants moyens pour venir en aide à des collectivités très éloignées, qui n’ont aucun accès. Nous sommes en mesure d’intervenir avec le WiFi, la réfrigération, la cuisine, etc., car nous disposons de ces moyens.
Le président : Madame Desjarlais?
Mme Desjarlais : Ma question portait également sur la compétence, mais le major Zelinsky y a en quelque sorte répondu. Il s’agit simplement d’inclure les Premières Nations dans les plans de préparation — je ne sais pas comment le dire autrement —, afin qu’elles soient également présentes à la table des discussions. Je m’en tiendrai là.
Le président : Nous comprenons ce que vous voulez dire. Merci. Madame Binon, le stylo à la main, que feriez-vous?
Mme Binon : La première recommandation porte sur les données. Nous recommandons de collecter systématiquement et de manière ventilée des données sur les déplacements internes, afin de déterminer le nombre de personnes déplacées chaque année et les raisons de ces déplacements. Quelle distance doivent-elles parcourir pendant cette période? Leurs maisons sont-elles détruites? À quelle vitesse doivent-elles se déplacer? De plus, à quelle vitesse un incendie de forêt passe-t-il d’une recommandation d’évacuation à une alerte, puis à un ordre? Et où les personnes déplacées sont-elles accueillies? Ces informations permettraient d’améliorer les plans d’évacuation, de mieux planifier l’emplacement des abris et de concevoir des stratégies de communication plus efficaces, afin que les interventions futures soient plus rapides et plus ciblées.
La deuxième recommandation concerne la période de déplacement, durant laquelle il est essentiel de limiter le traumatisme lié à l’évacuation. Le déplacement est associé à un traumatisme immense : l’incertitude quant à la possibilité de rentrer chez soi, au moment où cela sera possible, et à l’état dans lequel se trouvera le domicile est immense.
Dans une telle situation, il est essentiel de mettre en place des politiques garantissant des conditions d’accueil adéquates, répondant aux besoins des populations touchées et visant à assurer la santé mentale et physique, ainsi que le bien-être général. Cela inclut, par exemple, la garantie de la continuité de l’éducation pour les mineurs en situation de déplacement prolongé. L’accès aux ressources est également nécessaire, notamment pour les pratiques sociales, culturelles et religieuses.
Toutes ces considérations contribueront à atténuer le traumatisme lié au déplacement.
Le président : Merci beaucoup.
Chers collègues, je n’ai pas d’autres questions pour le deuxième tour, à moins que certains d’entre vous en aient. Je remercie nos témoins d’avoir pris le temps de comparaître devant nous aujourd’hui. Cette réunion et ce groupe de témoins ont été très instructifs. Nous apprécions vos contributions à notre étude. Comme je l’ai mentionné, nous allons bientôt entamer la rédaction de ce rapport et veiller à ce que chacun d’entre vous en reçoive une copie. Si vous avez d’autres éléments à apporter en réponse à certaines questions, veuillez les transmettre à notre greffier. Nous vous en serions reconnaissants.
Chers collègues, je vous remercie beaucoup pour vos contributions d’aujourd’hui; nous avons apprécié votre préparation et votre participation réfléchie.
Je tiens également à prendre un moment pour remercier le personnel qui soutient notre comité : nos chers collègues de nos bureaux, les interprètes, l’équipe de transcription et d’édition des débats, le préposé à la salle du comité, le technicien des services multimédias, l’équipe de radiodiffusion, le centre d’enregistrement, le SDI et notre collègue Angélique Pinto. Merci à tous d’avoir contribué au succès de cette réunion.
(La séance est levée.)