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Le Sénat

Les politiques et mécanismes pour répondre aux plaintes contre les sénateurs et sénatrices—Interpellation—Suite du débat

11 juin 2018


L’honorable Sénatrice Rosa Galvez :

Honorables collègues, j’interviens à propos de l’interpellation no 26, concernant les politiques et mécanismes pour répondre aux plaintes de harcèlement.

Bien trop souvent, on m’a demandé si ma carrière réussie d’ingénieure et de chercheuse s’était déroulée sans heurts et comme un long fleuve tranquille. Vous savez déjà que ce n’est pas le cas. Les défis que présentent l’acquisition de concepts difficiles et abstraits et l’utilisation d’outils mathématiques n’étaient rien par rapport à ceux que présente la survie dans un monde dominé par les hommes.

Malheureusement, tout au long de mes études et de ma carrière d’ingénieure, j’ai été témoin de cas de harcèlement, d’intimidation et de dénigrement à l’encontre de jeunes femmes et de jeunes hommes par des gens en position d’autorité. J’ai été témoin d’abus physiques et psychologiques commis par des brutes et des narcissiques. J’ai été témoin de moqueries et de commentaires racistes de la part de supérieurs à l’égard d’étrangers. J’ai été témoin de conduites douteuses aux plans déontologique et moral.

Dans mon cheminement de carrière, j’ai fait l’expérience d’intimidation et de menaces de la part de mes pairs qui craignaient d’être en concurrence avec moi. J’ai refusé de céder. Je me suis battue et j’ai défendu mon espace vital comme s’il s’agissait d’un passage rituel dans une jungle que je devais conquérir.

Le harcèlement est, malheureusement, endémique dans certaines institutions, surtout lorsqu’il y a un déséquilibre des pouvoirs dans la relation. Dans ces situations, ceux qui ont le pouvoir peuvent, sciemment ou pas, en abuser sous la forme d’intimidation, de commentaires inappropriés ou de menaces explicites ou subtils. Cela crée des milieux de travail hostiles et non productifs. De plus, ces situations finissent par coûter très cher à la société parce qu’elles entraînent un stress psychologique, des conflits ou la perte de travailleurs compétents et qualifiés.

Ce n’est pas une fatalité, honorables sénateurs. C’est une erreur de perpétuer ce modèle.

Il est temps de changer de paradigme, mesdames et messieurs les sénateurs. Nous devons changer les mentalités et transformer la structure organisationnelle des milieux de travail, qui doivent être modernisés.

(2030)

La quête du profit et la réussite à tout prix doivent être remplacées par la poursuite d’un but et d’une mission, la structure organisationnelle hiérarchique par le réseautage, l’avancement du travail fondé sur les contrôles par l’habilitation des travailleurs, la planification exhaustive par les essais et la prise de décisions dans le secret et la confidentialité par le débat ouvert et transparent.

Les études montrent que le milieu de travail est plus efficace et plus agréable quand les gens sont autonomes et traités de manière égale et quand ils peuvent y trouver leur mission, leur vocation, leur motivation et leur valeur sociale.

Le changement de la culture qui règne dans un milieu de travail commence par la direction. Les dirigeants efficaces savent comment obtenir le meilleur de leurs employés, comment les encourager à travailler efficacement et comment favoriser leur croissance professionnelle. Ils savent comment gérer leur personnel et comment reconnaître et régler les problèmes de harcèlement. Qui plus est, les dirigeants efficaces savent comment gérer leur personnel sans être tyranniques, faire de cinéma, persécuter ou intimider. Pour pouvoir s’attaquer à la source du harcèlement, il faut savoir reconnaître certains comportements chez soi et chez ses collègues.

La prévention du harcèlement en milieu de travail est la première étape en vue de l’élimination du harcèlement dans la société en général. Même si la culture commence à changer dans les milieux de travail, certains comportements jugés « acceptables » pendant des décennies n’ont pas disparu. Ils doivent cesser.

Par conséquent, j’appuie l’interpellation no 26 et j’espère que vous en ferez autant. Merci beaucoup.

 

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