DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages
Le décès de l’honorable Judith Keating, c.r.
24 novembre 2021
Honorables sénateurs, le 4 février 2020, j’ai accueilli Judith Keating au Sénat. C’est avec beaucoup de tristesse que je lui fais maintenant mes adieux. Dans mon discours de bienvenue, j’ai parlé de la carrière impressionnante de la sénatrice Keating, de sa nomination comme présidente provinciale du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation et du fait qu’elle avait été sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Nouveau-Brunswick. En fait, elle a été la première femme à occuper le poste de sous-ministre de la Justice du Nouveau-Brunswick.
La sénatrice Keating est la fondatrice de l’Association des femmes et du droit du Nouveau-Brunswick. En 2015, elle a reçu le prix Muriel-Corkery-Ryan c.r. de la Division du Nouveau-Brunswick de l’Association du Barreau canadien, qui est remis pour souligner les contributions exceptionnelles d’une personne à la profession ainsi que son rôle important de mentorat pour les femmes.
Avec une feuille de route aussi remarquable, Judith Keating aurait facilement pu se reposer sur ses lauriers après sa nomination au Sénat. Toutefois, ç’aurait été bien mal la connaître.
Elle s’est rapidement mise à l’œuvre dès son arrivée à la Chambre rouge. Par conséquent, la marque qu’elle a laissée au Sénat est beaucoup plus profonde que ce à quoi on aurait pu s’attendre d’un passage d’à peine 14 mois ici, et ce, en plein cœur des perturbations causées par la COVID-19.
Seulement quelques semaines après son entrée au Sénat, la sénatrice Keating a codirigé un groupe de travail du Groupe des sénateurs indépendants sur le processus d’examen législatif mené par celui-ci, qui a mené à l’adoption d’une nouvelle méthode de travail par ce que nous appelons les principaux responsables du Groupe des sénateurs indépendants.
De concert avec le sénateur Cotter, elle s’est ensuite portée volontaire à titre de responsable législative pour le projet de loi C-7 sur l’aide médicale à mourir. Son approche quant à l’examen exhaustif et rigoureux du projet de loi, en collaboration avec d’autres sénateurs du GSI, est un modèle à suivre pour ses collègues.
La sénatrice Judith Keating a compté parmi les 38 parlementaires qui ont appuyé la clinique 554, au Nouveau-Brunswick, qui offrait des services de santé génésique aux femmes et d’autres services à la communauté 2SLGBTQ+. Ses arguments à la défense de la clinique étaient à la fois érudits et passionnés.
Au nom du GSI, je transmets mes condoléances à la famille et aux amis de la sénatrice Keating, ainsi qu’aux habitants de Fredericton et du Nouveau-Brunswick. Nous ressentons tous sa perte en ces murs, et il est juste que nous lui rendions hommage aujourd’hui.
Au revoir, mon amie.
Honorables sénateurs, Judith Keating a été nommée au Sénat en janvier 2020. Elle s’est éteinte, entourée par une famille aimante, le 15 juillet 2021. Sa famille et nous avons été privés de sa sagesse et de son expérience beaucoup trop tôt.
La sénatrice Keating est arrivée ici quelques semaines à peine avant que la pandémie de COVID-19 ne transforme le fonctionnement du Sénat. La sénatrice et moi avons appris à nous connaître peu après son arrivée. Je suis reconnaissant d’avoir pu la rencontrer en privé juste avant qu’elle ne prête serment. Pendant le peu de temps qu’elle a servi les habitants du Nouveau-Brunswick et du pays au Sénat, elle m’a laissé, ainsi qu’à nous tous, un souvenir impérissable.
Avant que la sénatrice Keating arrive au Sénat, elle a officié comme première conseillère législative et conseillère juridique en chef du premier ministre du Nouveau-Brunswick. Elle a aussi occupé le poste de présidente provinciale du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation.
Elle était une ardente défenseuse du traitement juste et équitable des femmes dans la profession juridique et de l’égalité de statut des deux langues officielles au Nouveau-Brunswick.
Son curriculum vitæ était long et remarquable, et son expérience professionnelle était impressionnante et inspirante.
La sénatrice Keating et moi avons eu de longues et très intéressantes discussions sur divers sujets d’intérêt commun. Nous poursuivions parfois ces conversations lorsque nous nous croisions, ce qui a forgé une amitié entre nous. Elle était une sénatrice intelligente, travaillante et dévouée. Elle me manquera, autant comme amie que comme collègue.
Le Nouveau-Brunswick et le Canada ont perdu une Canadienne extrêmement fière et le Sénat a perdu une voix impressionnante, mais plus important encore, sa famille a perdu une épouse, une mère et une grand-mère.
Que son souvenir soit une source de réconfort, et puisse le chagrin dorénavant épargner sa famille.
Honorables sénateurs, il me semble que c’était hier à peine que nous accueillions la sénatrice Judith Keating au Sénat du Canada. Pourtant, aujourd’hui, nous avons le triste devoir de dire au revoir à notre collègue. Son décès en juillet fut une perte terrible pour sa famille, ses amis et son personnel, ainsi que pour la population de sa province, le Nouveau-Brunswick.
Le décès de la sénatrice Keating et, bien sûr, celui de la sénatrice Forest-Niesing la fin de semaine dernière ont jeté une ombre sur notre retour au Sénat. Elles manqueront cruellement à leurs collègues de toutes les allégeances.
La sénatrice Keating a été membre du Sénat du Canada pendant un peu moins d’un an et demi avant son décès. Les restrictions liées à la pandémie nous ont séparés les uns des autres pendant une bonne partie de cette période. Par conséquent, nous n’avons pas eu beaucoup d’occasions de travailler avec la sénatrice Keating. Il était toutefois évident qu’elle a toujours effectué son travail de sénatrice avec dévouement et conviction. Il s’agit de qualités admirables pour toute personne, mais elles sont essentielles pour un parlementaire.
La vaste expérience de Judith Keating au sein du gouvernement du Nouveau-Brunswick était à la base du travail qu’elle a accompli au Sénat. Elle a été la première femme sous-ministre de la Justice et la première sous-procureure générale du Nouveau-Brunswick, et elle s’est vouée à la promotion de l’égalité de l’anglais et du français dans sa province. Elle a aussi été une défenseure des femmes dans la profession juridique et a agi à titre de mentore auprès d’elles dans sa province. À travers tout, elle a travaillé pour faire avancer la réconciliation avec les Autochtones. Ses compétences exceptionnelles et sa perspective unique lui ont bien servi dans l’exercice de ses fonctions de sénatrice pendant, hélas, une période trop courte.
Au nom de l’ensemble du caucus conservateur et au nom de tous les honorables sénateurs, j’offre mes sincères condoléances à Michael, le mari de la sénatrice Keating, ainsi qu’à leurs deux enfants et quatre petits-enfants. Dans sa notice nécrologique, la famille de la sénatrice Keating affirme que les titres « maman » et « grand-maman » lui étaient plus chers que toutes les distinctions qui lui ont été accordées. Je sais que ma femme serait d’accord.
Que ses êtres chers puissent trouver du réconfort en sachant que tous les honorables sénateurs partagent leur peine et que nos pensées et nos prières les accompagnent. Merci.
Honorables sénateurs, je joins ma voix à celle de tous ceux qui ont rendu hommage à notre regrettée collègue, la sénatrice Judith Keating.
La sénatrice Keating nous a quittés beaucoup trop tôt. Un grand nombre de sénateurs n’ont pas eu la chance de la connaître autant qu’ils l’auraient souhaité. En effet, elle avait été assermentée quelques semaines seulement avant le début de la pandémie. Les périodes de confinement et les diverses mesures restrictives qui ont suivi ont changé radicalement notre quotidien, y compris notre travail au Sénat et notre manière d’interagir les uns avec les autres.
Alors que nous nous adaptions tous du mieux que nous le pouvions à nos nouvelles conditions de travail, la sénatrice Keating a trouvé très rapidement ses repères. Elle n’a pas ménagé ses efforts dans cette enceinte, notamment en jouant un rôle de premier plan relativement au projet de loi C-7, la loi sur l’aide médicale à mourir, et le projet de loi C-3, qui modifiait la Loi sur les juges pour exiger que ceux-ci participent à des séances de formation continue sur le droit relatif aux agressions sexuelles. Ces deux projets de loi ont été adoptés plus tôt cette année.
Honorables sénateurs, un jour viendra où nous n’aurons plus à désigner une femme comme « la première qui ». Toutefois, d’ici là, il est important de reconnaître celles qui ont été des pionnières, surtout dans notre époque moderne. La sénatrice Keating a été l’une de ces pionnières. Elle a été la première femme à occuper le poste de sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Nouveau-Brunswick. De plus, elle a fondé l’Association des femmes et du droit du Nouveau-Brunswick.
En 2020, la sénatrice Keating était au nombre des 36 sénateurs signataires d’une lettre pour appuyer la Clinique 554 à Fredericton, qui était menacée de fermeture. La sénatrice Keating avait soutenu que le Nouveau-Brunswick avait l’obligation constitutionnelle de fournir des soins médicaux aux femmes et de veiller au maintien de ces services. Cet exemple met en évidence l’acuité juridique de la sénatrice Keating et son approche réfléchie à l’égard de l’application de la loi.
Parmi les autres points saillants de sa carrière juridique, mentionnons son expérience à titre de rédactrice en chef du Bulletin des avocats de l’Association du Barreau canadien et de conseillère juridique principale auprès de plusieurs premiers ministres du Nouveau-Brunswick d’allégeances politiques diverses. La sénatrice Keating jouissait d’une vaste renommée notamment à titre de juriste et de constitutionnaliste de premier plan.
Perspicace et tenace, la sénatrice Keating a incontestablement fait sa marque au Sénat très rapidement dans des circonstances sans précédent. C’est avec regret que nous songeons à ce qu’elle aurait pu accomplir dans l’avenir et qui ne sera pas fait. Les Néo-Brunswickois et bien sûr l’ensemble des Canadiens ont perdu une personne d’exception.
Au nom de mes collègues du Groupe progressiste du Sénat, j’offre mes plus sincères condoléances à la famille de la sénatrice Keating et à ses amis. Merci.
Honorables sénateurs, on peut dire qu’une vie remarquable et exceptionnelle mérite d’être soulignée, non seulement entre collègues ou en privé, mais également sur la scène publique, et que de ne pas le faire serait commettre une injustice. Personne davantage que la sénatrice Judith Keating n’a parlé du sort réservé à certains de nos concitoyens remarquables et de la façon parfois blasée dont nous leur témoignons notre affection. Judith Keating est décédée en juillet dernier après s’être consacrée sans relâche au service des Canadiens. Il va sans dire que des hommages auraient pu lui être rendus plus tôt et que les acclamations auraient pu être plus retentissantes, mais je suis certain que la sénatrice se savait aimée et savait que son œuvre était appréciée, comme c’est le cas de bon nombre d’entre nous. Néanmoins, on aurait pu rendre mieux hommage à cette Canadienne vraiment extraordinaire.
Diplômée de l’Université d’Ottawa et de l’Université de Moncton, grande experte du droit et des questions constitutionnelles, elle a été haute fonctionnaire pendant plus de 30 ans au sein du gouvernement de notre province. Elle a joué de nombreux rôles axés sur la justice, l’égalité et la compassion, notamment ceux de conseillère juridique principale du premier ministre, d’experte juridique dévouée, de première conseillère législative, de représentante auprès des Premières Nations du Nouveau-Brunswick et de présidente provinciale du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation. Pendant sa carrière, la sénatrice Keating a œuvré sans relâche pour que le français et l’anglais jouissent d’un statut égal. Comme l’ont dit ses collègues de la magistrature, elle maîtrisait parfaitement les deux langues et les parlait sans le moindre accent.
Pendant toute sa vie, elle a fait preuve d’un dévouement comme on en voit rarement, et ce, avec plus de discrétion que bien des gens dont le bilan n’est vraiment pas aussi impressionnant.
Comme l’a souligné ma sœur, qui a travaillé avec la sénatrice Keating dans la magistrature pendant plusieurs années, « elle est absolument brillante et extrêmement motivée ». Nous avons tous pu le constater, en effet. Il ne faut donc pas hésiter à célébrer sa vie et ses accomplissements. Elle a joué un rôle crucial dans la vie des Néo-Brunswickois et au Canada.
Je me souviens de deux histoires que des amis et des parents de la sénatrice Keating m’ont racontées. Premièrement, sa mère s’était fait dire par ses médecins qu’elle ne tomberait jamais enceinte. Pendant des semaines, beau temps, mauvais temps, elle est allée prier tous les jours sur les nombreuses marches de l’Oratoire Saint-Joseph pour se voir accorder le bonheur de devenir mère. Ses prières ont été exaucées en 1957 et la sénatrice Keating est née.
Grâce à ce petit miracle, le monde s’en est trouvé beaucoup mieux.
La deuxième histoire est celle d’une Camerounaise qui a été admise au Canada comme réfugiée. Bien que détentrice d’un diplôme de maîtrise, elle n’arrivait pas à se trouver un emploi, ce qu’elle a mentionné à la sénatrice Keating un jour après la messe. Non seulement la sénatrice Keating l’a embauchée à titre de jurilinguiste, mais elle l’a aussi aidée à faire venir ses enfants au Canada, où ils ont pu acheter une maison.
Ce sont là des moments privés qui ont formé une vie publique. S’ils ne sont pas des choses exceptionnelles, ce sont assurément de grandes choses. Comme tant de grandes choses que la sénatrice a réalisées dans sa vie, elles ont été accomplies avec une grâce discrète. Nous constatons maintenant qu’elles nous ont tous fait grandir. Merci.
Chers collègues, il y a dans notre société démocratique des personnalités flamboyantes qui sont constamment dans la lumière et il y a celles qui travaillent plutôt dans l’ombre, discrètement, humblement, assidûment, et dont le travail incommensurable a un impact majeur sur notre société.
L’honorable Judith Keating était de cette fibre. Elle incarnait ce que le service public a de plus noble : le sens du devoir et de l’engagement.
Rigoureuse, discrète, généreuse et déterminée, elle a consacré sa vie au service des Canadiennes et Canadiens, et plus particulièrement au service de sa province d’adoption, le Nouveau-Brunswick.
Avant son arrivée au Sénat, comme on l’a mentionné, la sénatrice Keating a travaillé pendant plus de 30 ans à titre de juriste et de constitutionnaliste dans divers postes au sein du gouvernement du Nouveau-Brunswick, notamment celui de première conseillère législative, de première conseillère juridique auprès du premier ministre, de représentante du Nouveau-Brunswick auprès des Premières Nations et de présidente provinciale du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation.
En tant que première femme à occuper le poste de sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Nouveau-Brunswick, elle s’est consacrée à assurer le traitement juste et équitable des femmes dans la profession juridique en fondant l’Association des femmes et du droit du Nouveau-Brunswick, dont elle a été présidente.
Tout au long de sa brillante carrière, Judith Keating aura ainsi contribué à briser plusieurs plafonds de verre. Cette citoyenne remarquable a reçu de nombreuses distinctions, dont celle de conseillère de la reine en 2002. Elle a aussi reçu le prix Muriel-Corkery-Ryan en 2015, en reconnaissance de son rôle inestimable de mentor pour les femmes et de ses contributions exceptionnelles à la profession juridique.
Fière francophone, diplômée en droit de l’Université de Moncton, Judith Keating a fait de la promotion des langues officielles un de ses plus importants chevaux de bataille. À cet égard, elle a joué un rôle crucial dans la reconnaissance du statut unique de la province du Nouveau-Brunswick dans la Constitution canadienne.
Lors d’un long et mémorable voyage en voiture que nous avons fait ensemble entre Ottawa et le Nouveau-Brunswick, elle m’a parlé avec passion de notre rôle de législateurs, chers collègues. Elle s’indignait devant les injustices subies par les peuples autochtones et le traumatisme vécu par le peuple acadien.
Ce jour-là, avec générosité, elle s’est assurée que je comprenne bien nos obligations constitutionnelles en matière de langues officielles, et à quel point la réconciliation avec les peuples autochtones et la modernisation du Sénat sont essentielles pour assurer l’avenir de notre pays.
Ce jour-là, en s’émerveillant devant la beauté du fleuve Saint-Laurent, entre deux rires complices et une émotion vive due à son état de santé précaire, elle m’a parlé avec affection de son rôle de mère et de grand-mère qui la rendait plus fière que tout.
Ce jour-là, je lui ai affirmé qu’elle était un des trésors les mieux cachés du Nouveau-Brunswick.
Judith Keating nous a quittés trop tôt, beaucoup trop tôt. Elle qui avait encore tant à offrir au Sénat du Canada nous laisse un héritage précieux : celui d’une femme et d’une citoyenne engagée qui aimait profondément son pays et qui nous invite à continuer à travailler avec ardeur, chers collègues, pour que toutes les Canadiennes et tous les Canadiens aient accès à la justice et à une égalité réelle.
Merci, sénatrice Keating.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui à la mémoire d’une amie et collègue, l’honorable sénatrice Judith Keating, dont la perte sera lourdement ressentie par tous ceux qui la connaissaient et l’aimaient, ainsi que par la province et le pays qu’elle servait.
Durant sa longue et distinguée carrière, Judith a toujours défendu la réconciliation. Sa passion et son dévouement à cette cause se sont poursuivis après sa nomination au Sénat en janvier 2020.
Nous ne nous connaissions pas depuis longtemps, mais je me souviendrai toujours de son intervention pour exprimer son appui clair et sans équivoque à une motion que j’avais déposée avec le sénateur Christmas, et qui portait sur le droit issu des traités des Mi’kmaqs de pêcher pour une subsistance convenable. C’était là son tout premier discours.
Je veux attirer votre attention sur une chose que Judith a dite à l’époque et que je n’ai jamais oubliée. Je la cite :
Je ne peux qu’imaginer ce que mes frères et sœurs autochtones doivent ressentir. Je ne veux pas entendre de la part de mon gouvernement qu’il prend tout cela très au sérieux et qu’il y travaille. Il faut régler ce problème dès maintenant pour que tout le monde sache quelles sont les règles. Les Canadiens ne peuvent espérer moins, après plus de deux décennies d’attente. C’est la seule façon d’étouffer les germes de violence et de colère qui sont toujours présents.
En écoutant Judith valider ainsi les souffrances infligées à mon peuple et demander à tous les ordres de gouvernement de les reconnaître et d’y remédier, je me suis senti vu, entendu et valorisé en tant que Mi’kmaq. Cela n’arrive pas souvent dans cette enceinte lorsqu’il s’agit des peuples autochtones.
Ce souvenir m’est apparu encore plus émouvant lorsqu’après les funérailles, sa famille m’a raconté à quel point elle avait travaillé sur ce discours. Je vous encourage à relire son discours. Ses mots restent bouleversants un an plus tard.
Judith avait compris que le Canada avait échoué quand il s’agissait de reconnaître et de respecter les droits inhérents et issus de traités des peuples autochtones, mais aussi de respecter les décisions de ses propres tribunaux. Cela nuit gravement aux efforts de réconciliation. Elle avait compris que les promesses politiques sans lendemain sont non seulement vides, mais aussi néfastes. Ses paroles font partie de l’héritage de son illustre vie.
Si nous voulons véritablement honorer la mémoire de Judith et ses combats, il nous faudra trouver le courage et la détermination nécessaires pour faire en sorte que la réconciliation ne reste pas qu’une simple parole, mais qu’elle devienne une réalité.
Wela’lioq, merci, chère Judith. Que le Créateur t’accueille en te serrant sur son cœur.
Honorables sénateurs, d’autres ont parlé avec éloquence des talents, des réalisations et des contributions d’ordre professionnel de la sénatrice Keating. Mon propos tient surtout en des réflexions personnelles.
Avant sa venue au Sénat, je connaissais Judith Keating de réputation, notamment pour son dévouement envers les citoyens du Nouveau-Brunswick, son travail à l’égard des langues officielles, son engagement envers les femmes et les Autochtones ainsi que sa valeur dans des postes de cadres au gouvernement du Nouveau-Brunswick. Toutefois, nous ne nous étions jamais rencontrés avant le jour où elle et moi avons été assermentés dans cette enceinte en février 2020. L’impression que j’ai eue ce jour-là, c’était que sa famille était enchantée que Judith soit reconnue par une nomination au Sénat; une joyeuse énergie planait autour d’elle.
Sa fille Stephanie et moi avons communiqué à quelques reprises au cours de l’été, à la suite de son décès, et échangé des réflexions au sujet de Judith qui ont confirmé tout l’amour et l’admiration que sa famille avait pour elle. Stephanie a écrit:
Sa nomination au Sénat m’a procuré (et à elle aussi!) une grande joie. La vie de Maman n’a pas été facile. Elle a surmonté de nombreux obstacles. Quelles que soient les difficultés sur son chemin, elle a toujours su persévérer, redoubler d’ardeur et veiller aux intérêts des autres avant les siens [...] Elle était la personne la plus tenace et la plus intelligente que je connaisse.
Judith était également une personne extrêmement privée. Même si beaucoup d’entre nous avons noué de forts liens d’amitié avec elle, la plupart d’entre nous ignoraient complètement qu’elle éprouvait des problèmes de santé avant qu’elle prenne congé du Sénat. Malheureusement, en fin de compte, elle n’a jamais pu revenir parmi nous.
Ce n’est là qu’un exemple de sa générosité envers les autres. Elle a voulu nous ménager en ne nous disant pas à quel point ses ennuis de santé étaient graves. Au crépuscule de sa vie, elle a demandé à Stephanie de me transmettre ses remerciements pour le coussin que ma fille lui avait brodé. Elle lui a dit qu’elle a adoré le coussin que ma fille lui a fait parvenir et elle l’a gardé à ses côtés sur son lit jusqu’au moment de sa mort. Durant les derniers jours de sa vie, elle a trouvé le moyen de faire une fleur à ma fille.
Sa mort prématurée est une perte pour nombre d’entre nous qui étions ses amis. C’est aussi une lourde perte pour le Sénat — car la contribution de cette sénatrice aurait pu être formidable —, mais ce l’est plus que tout pour sa famille et ses amis qui l’adoraient et qui l’admiraient.
J’aimerais terminer mon intervention par une courte réflexion personnelle. Quelque temps après notre assermentation au Sénat, j’ai demandé à la sénatrice Keating pourquoi elle avait demandé au sénateur Percy Mockler de la parrainer. Je dois admettre que j’en étais quelque peu étonné, car je n’avais pas l’impression qu’elle et le sénateur Percy partageaient la même philosophie, pour ainsi dire.
Voici ce qu’elle m’a répondu :
Percy est un ami et parfois un mentor. Il a mené une illustre carrière dans la fonction publique néo-brunswickoise de même qu’au Sénat, et, par-dessus tout, c’est un homme bon, honnête et attaché à ses principes.
Elle voulait s’inspirer de ces qualités. Donner vie au titre d’honorable qu’elle portait et que nous portons tous, lui donner du sens. Il pourrait bien s’agir du plus grand cadeau qu’elle nous ait fait à tous.
Merci, Judith Keating, d’avoir été mon amie et merci pour toute la bienveillance que vous avez répandue autour de vous pendant votre trop bref séjour parmi nous.
Honorables sénateurs, j’ai apporté du tabac avec moi aujourd’hui afin de remercier le Créateur de m’avoir prêté la sénatrice Keating.
Chers collègues, c’est pour moi un honneur de rendre hommage à la sénatrice Keating. Même si son départ prématuré m’a privée de son amitié naissante, la sénatrice Keating aura laissé une marque indélébile dans ma vie. C’était une femme douce, humble et passionnée, mais c’était aussi une guerrière. La vérité et l’honnêteté étaient ses deux mots d’ordre.
La sénatrice Keating était et demeure une alliée. L’esprit de cette femme qui a été pour moi un modèle m’accompagnera toujours maintenant.
En tant qu’alliée, elle n’a jamais hésité à joindre le geste à la parole afin de lutter contre ce qu’elle voyait comme des injustices. Au Sénat, elle ne se contentait pas de dénoncer le racisme systémique et institutionnel dont elle était témoin; elle prenait des mesures pour le combattre. Même si cela a pu être intimidant pour bien des gens, elle a immédiatement cerné la marche à suivre pour démanteler ce fléau insidieux qui se trouve partout, y compris dans notre propre institution.
Elle a jeté des ponts entre les différentes visions du monde. Bien avant son arrivée au Sénat, elle a été une alliée et une militante pour de nombreuses personnes, y compris les femmes, les personnes marginalisées et les plus démunis. Au Sénat, elle a su tirer parti de ses compétences, de son expertise et de son expérience pour mieux nous éclairer.
La sénatrice Keating était toujours prête à écouter — ou à lire — lorsque je portais à son attention des problèmes qui me préoccupaient. Lorsqu’il s’agissait de résoudre un problème, au lieu de tout prendre en main, elle répondait aux demandes d’aide en respectant les limites à ne pas franchir. Elle se voyait comme quelqu’un qui était là non pas pour sauver les autres, mais pour les épauler. Elle était aussi consciente que ces engagements exigeaient des efforts à long terme, et elle était prête à y consacrer le temps et l’énergie nécessaires. Elle donnait plus qu’elle ne prenait.
Une personne parmi mes aînés a offert cet enseignement :
Dès notre naissance, la vie est faite de détachements. Nous vivons le premier lorsque nous quittons le ventre de notre mère pour entrer dans ce monde. Ensuite, nous cessons de téter le sein maternel. Le dernier détachement est le moment où nous quittons ce monde terrestre pour rejoindre celui des esprits. Tout au long de ce voyage, nous rencontrons des gens et nous avons tous des expériences variées du détachement.
La leçon ne s’arrêtait pas là : « Après mon départ, tu n’auras qu’à penser à moi et je serai à côté de toi, au bout de tes doigts. »
Aujourd’hui, lorsque les gens qui m’étaient très chers me manquent, je pense à eux et je sais que leur esprit, leur amour et leur soutien sont à mes côtés.
Notre chère collègue me manque énormément. Il ne fait aucun doute que son influence a été positive dans ma vie. Merci, sénatrice Keating. Je vous porterai dans mon cœur pour le reste de ma carrière au Sénat et au-delà. Merci.
Je suis fière de prendre la parole aujourd’hui et de dire quelques mots au sujet de notre chère collègue la sénatrice Judith Keating.
Nous avons eu tellement peu de temps pour apprendre à la connaître en personne. À cause des restrictions liées à la COVID, les liens d’amitié que nous avons pu établir avec elles étaient pratiquement limités aux conversations par Zoom, par Teams ou par téléphone. Dans mon cas, les liens que j’ai pu bâtir ont été grandement influencés par l’isolement dû à la pandémie de COVID, lorsque nous devions tous travailler de la maison sans pouvoir nous côtoyer au Sénat.
Or, même à distance, la sénatrice, et la femme, que j’ai connue m’a grandement inspirée. Elle possédait un sens de l’humour noir et subversif et un lien s’est créé entre nous grâce à notre amour commun de l’ironie et à notre impatience face à l’hypocrisie. Elle était vraiment intelligente et appliquée; elle abordait son travail au Sénat avec beaucoup de pragmatisme. En privé, elle était extrêmement drôle et irrévérencieuse, mais c’est un pan de sa personnalité que je n’ai pu connaître que par nos discussions ponctuées de rires au téléphone et par vidéoconférence.
Lorsque nous siégions ensemble au Comité des transports et des communications, nous discutions des enjeux qui lui tenaient à cœur. Elle était profondément préoccupée par la protection et la célébration de la langue française au Nouveau-Brunswick. Nous avons eu bien des conversations sur l’avenir de la Loi sur la radiodiffusion, et elle a milité avec acharnement en faveur de modifications à la loi qui auraient assuré l’avenir de la radiodiffusion de langue française dans la province qu’elle aimait tant.
Nous avons aussi collaboré dans des dossiers des transports. La sénatrice Keating se préoccupait en particulier de l’avenir du transport aérien dans sa province et du sort des collectivités rurales du Nouveau-Brunswick dans lesquelles le service de transport par autocar a été éliminé. Elle faisait également partie de notre petite bande d’agitateurs face à NAV CANADA, qui faisaient pression sur Transports Canada pour empêcher que les petits aéroports du Canada perdent des correspondances et des services.
L’amour qu’éprouvait la sénatrice Keating pour le Nouveau-Brunswick était à l’origine de sa motivation dans plusieurs de ses entreprises. Elle aimait sa province de tout cœur.
Lorsqu’elle est tombée malade, j’ai été touchée et honorée que son bureau me demande de la remplacer au Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles. C’était une tâche colossale. Évidemment, comme je ne suis pas avocate, il était impossible pour moi d’amener des connaissances aussi extraordinaires que celles de la sénatrice en matière de droit et d’affaires constitutionnelles. Cependant, j’ai été inspirée par son exemple et j’ai fait de mon mieux pour la rendre fière.
Peu d’entre nous ont eu la chance de connaître Judith Keating aussi bien qu’ils l’auraient souhaité. C’est mon cas. Nous n’avons pas eu le temps de la côtoyer comme nous le voulions, et le Sénat n’a pu bénéficier de sa rigueur intellectuelle, de sa vivacité d’esprit, de sa sagesse et de ses vastes connaissances juridiques. Ces qualités rendent la perte plus douloureuse alors que nous sommes réunis aujourd’hui pour réfléchir à ce qui aurait pu être. Puisse le souvenir de la sénatrice Keating être pour toujours une source de réconfort et puisse son âme reposer dans la vie éternelle.