« Je voulais représenter ma communauté » : la sénatrice Mégie prend sa retraite

En 2016, quatre décennies après avoir immigré au Canada pour commencer une nouvelle vie en tant que médecin au Québec, la sénatrice Marie-Françoise Mégie est devenue la première femme d’origine haïtienne nommée à la Chambre rouge. Ses décennies d’expérience en soins palliatifs et en tant que professeure d’université lui ont permis de contribuer à plusieurs dossiers clés en matière de santé à la Chambre haute, notamment l’aide médicale à mourir, le diabète, la maladie falciforme, la pandémie de la COVID-19, les soins aux personnes âgées, le racisme systémique et bien d’autres encore.
La sénatrice Marie-Françoise Mégie lors de sa cérémonie d’assermentation au Sénat, en décembre 2016, avec ses filles Aïda, à gauche, et Sarah.
La sénatrice Mégie participe à une délégation parlementaire en Haïti, son pays d’origine, en mai 2017, aux côtés du Président du Sénat de l’époque, l’honorable George J. Furey et l’ambassadrice du Canada en Haïti de l’époque, Paula Caldwell-St-Onge. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Marie-Françoise Mégie)
Avant son départ à la retraite, le 21 septembre 2025, ses collègues du Sénat l’ont décrite comme une parlementaire dévouée et discrète qui travaillait assidûment en coulisses.
Voici les réflexions de la sénatrice Mégie sur sa carrière en médecine et au service du public.
Avant votre nomination au Sénat, vous avez exercé la profession de médecin pendant plus de 30 ans. Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir la médecine?
Cela remonte à ma préadolescence, quand je fréquentais une école de religieuses pour filles. Chaque fois qu’un parent ou une élève tombait malade, on nous disait toujours de prier pour la personne. Et je me posais toujours la question : on prie, mais ça ne veut pas dire que la personne va réellement guérir. C’est là que m’est venue l’idée : la meilleure façon d’aider une personne malade, c’est de la soigner. Alors, j’ai décidé de devenir médecin.
Vous avez immigré au Canada depuis Haïti en 1976. Pourquoi avez-vous décidé de quitter votre pays natal et de vous installer au Canada?
C’était sous le régime des Duvalier – le dictateur François Duvalier a été président puis son fils Jean-Claude a pris le pouvoir après sa mort. Le climat politique rendait très difficile pour une femme d’y exercer sa profession sans qu’il y ait des compromis quelque part. J’ai donc décidé de quitter le pays. J’avais déjà obtenu mon diplôme de médecine en Haïti, et je devais ensuite obtenir ma licence médicale au Canada pour pouvoir exercer ici.
Les membres du Comité sénatorial des langues officielles présentent leur rapport sur la modernisation des langues officielles au Canada, en juin 2019. De gauche à droite : l’ancien sénateur Percy Mockler, les sénatrices Mégie et Rose-May Poirier, le sénateur René Cormier, et les sénatrices Lucie Moncion et Raymonde Gagné.
Vous avez toujours entretenu des liens étroits avec Haïti, notamment en tant que présidente de l’Association médicale haïtienne à l’étranger. Parlez-nous du travail que vous avez effectué avec cette association.
Je suis maintenant une des doyennes de l’association, qui a été mise sur pied il y a presque 50 ans. Le but premier était de rassembler les professionnels haïtiens qui vivent à l’étranger pour éviter de se sentir isolé. L’association organise encore aujourd’hui des activités de formation continue pour permettre aux membres de continuer à se perfectionner et de rester en contact.
Nous avons aussi pour mission d’aider à l’intégration des professionnels d’origine haïtienne qui viennent d’arriver au Canada. De plus, nous soutenons la communauté canado-haïtienne sur le plan médical. Une fondation a été créée à cette fin, en collaboration avec plusieurs associations communautaires du Québec. Nous organisons annuellement une journée de prévention en santé, avec des kiosques thématiques portant entre autres sur les maladies touchant les femmes, les hommes, ou encore les personnes âgées.
Nous sommes des professionnels qui ont émigré, qui travaillent ici, et qui ont reçu beaucoup du Canada. C’est la philosophie de l’association de redonner tant à notre pays d’accueil qu’à notre pays natal.
Vous avez été nommée au Sénat en 2016. Pourquoi vouliez-vous devenir sénatrice?
Je prévoyais prendre ma retraite comme médecin de famille cette même année, mais un ami m’a dit que j’avais bien servi la communauté, et qu’il était temps de servir l’ensemble de la population canadienne. Le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, venait de créer un nouveau processus de nomination des sénateurs.
Pour moi, venant d’Haïti, faire de la politique, c’était périlleux. Je sais que le contexte canadien est différent. Mon ami m’a rassuré que c’était justement le temps d’agir, d’être un modèle pour les jeunes, pour qu’ils puissent un jour prendre part aux instances décisionnelles. J’ai alors décidé de poser ma candidature au Sénat parce que je voulais représenter ma communauté.
Au cours de votre carrière à la Chambre rouge, vous avez notamment siégé au Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir. Comment votre expérience auprès de patients en fin de vie vous a-t-elle aidée dans ce travail?
Durant ma carrière médicale, j’ai contribué à la création d’une maison de soins palliatifs. J’en ai été la première directrice médicale. À cette époque, on ne parlait pas encore d’aide médicale à mourir au Québec, mais plutôt de directives médicales anticipées. Les directives médicales anticipées permettent d’indiquer à l’avance les soins de santé que vous acceptez ou refusez si vous devenez inapte à y consentir.
En 2014, le Québec adopte l’aide médicale à mourir dans les soins de fin de vie. J’ai alors demandé à faire partie du comité d’implantation à l’hôpital Cité de la Santé à Laval qui desservait la maison de soins palliatifs où je travaillais. Grâce à ce bagage, quand il a été question de créer le comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir au Parlement, il m’a semblé tout à fait pertinent d’y siéger.

Des sénatrices participent à une mission parlementaire à l’Organisation des Nations Unies à New York, en mars 2023. De gauche à droit : les sénatrices Michèle Audette, Julie Miville-Dechêne, Amina Gerba, Mégie, Rosemary Moodie et Kim Pate. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Marie-Françoise Mégie)
Vous avez également siégé à plusieurs autres comités, notamment le Comité sénatorial des langues officielleset le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Quels travaux en comité vous ont le plus marquée?
Ce qui m’a le plus marqué au Comité des langues officielles, c’est le rapport sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles. À l’époque, cette loi existait depuis 50 ans et n’avait été remaniée qu’une seule fois, en 1988.
Et puis, au Comité des affaires sociales, des sciences et de la technologie, j’ai eu l’occasion de travailler sur un projet de loi sur la création d’un cadre national sur le diabète. J’avais justement une expertise sur le pied diabétique. Alors quand la députée Sonia Sidhu m’a approchée pour me demander si je voulais piloter ce dossier au Sénat, j’étais très heureuse de pouvoir le marrainer. Je trouvais que j’étais dans mon élément. Nous avons réussi un tour de force et fait adopter le projet de loi C-237 en moins d’un mois au Sénat.
À l’occasion de la Journée nationale de la sensibilisation à la drépanocytose, le 19 juin 2025, la sénatrice Mégie a organisé un dernier déjeuner à l’édifice du Sénat du Canada. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Marie-Françoise Mégie)
Vous avez créé un projet de loi visant à désigner le 11 mars comme Jour commémoratif de la pandémie, enhommage aux personnes décédées de la COVID-19 et à celles ayant travaillé en première ligne. Pourquoi les Canadiens devraient-ils continuer à commémorer la pandémie?
On ne doit pas oublier les personnes décédées de la COVID-19 ni les travailleurs essentiels de première ligne qui ont pris soin d’elles – parfois au péril de leur propre vie. Les professionnels de la santé se sont mobilisés pour adapter leurs méthodes de travail, répondre à l’urgence et éviter que la situation ne s’aggrave.
Cette loi, fait du 11 mars de chaque année une journée de réflexion : sur ce qui a bien fonctionné, sur ce qui a moins bien fonctionné, et sur les mesures à mettre en place pour mieux nous préparer lors d’une prochaine pandémie.
La sénatrice Mégie et la sénatrice de l’époque Mobina S.B. Jaffer ont organisé une célébration pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs en 2017. Depuis, la sénatrice Mégie poursuit cette tradition en organisant chaque année des expositions à l’édifice du Sénat du Canada, qui mettent en lumière les contributions des personnes noires au pays.
Vous avez œuvré à sensibiliser la population à la maladie falciforme et vous avez récemment présenté à nouveau un projet de loi visant à établir un cadre pour cette hémopathie génétique. Qu’est-ce qui a attiré votre attention sur cette maladie, et quels résultats espérez-vous obtenir grâce à l’adoption de ce projet de loi?
J’ai des amis dont les enfants souffrent de la maladie falciforme, ce qui a toujours gardé ce sujet très présent dans mon entourage. Ces enfants vivent de grandes douleurs et doivent souvent se rendre à l’hôpital. Ils risquent de se retrouver en situation de handicap parce qu’ils peuvent faire des accidents vasculaires cérébraux durant leur jeune âge. C’est une maladie très grave.
Ça fait 100 ans que l’on connait la maladie falciforme, et oui, il y a eu des progrès – les antibiotiques permettent aujourd’hui d’éviter des décès en bas âge, et de bonnes habitudes de vie peuvent soulager les symptômes – mais ça ne guérit pas la maladie.
En médecine, on étudie la maladie falciforme dans le cadre des maladies génétiques du sang, mais ce n’est pas vraiment détaillé. Mon projet de loi vise donc à accroitre la sensibilisation des professionnels de la santé et du public. Dans les centres urbains, il existe des équipes de soins pour prendre en charge les patients atteints. Mais dans les milieux ruraux, les soignants n’ont pas toujours l’expertise requise.
En février 2025, les sénatrices Mégie et Suze Youance, au centre, accueillent des membres de Mosaïque Interculturelle pour une visite de la Chambre du Sénat.
Quels sont vos projets de retraite?
D’abord, je vais récupérer tout le sommeil que je n’ai pas eu pendant mes années de travail! Ensuite, je vais prendre soin de ma santé et me remettre à des loisirs que j’avais mis de côté, comme le théâtre, le cinéma et la musique. On m’a d’ailleurs offert des cours de piano à l’Académie Gregory. Je verrai pour la suite, mais pour le moment je veux simplement me consacrer à des choses agréables, pour moi.
La sénatrice Mégie visite une ferme laitière à l’Île-du-Prince-Édouard avec des membres du Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie dans le cadre d’une mission d’étude sur les travailleurs migrants. On voit également sur la photo, de gauche à droite, le sénateur Stan Kutcher, la sénatrice Flordeliz (Gigi) Osler, l’ancienne sénatrice Ratna Omidvar, le sénateur René Cormier, et les sénatrices Rosemary Moodie et Donna Dasko.
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En 2016, quatre décennies après avoir immigré au Canada pour commencer une nouvelle vie en tant que médecin au Québec, la sénatrice Marie-Françoise Mégie est devenue la première femme d’origine haïtienne nommée à la Chambre rouge. Ses décennies d’expérience en soins palliatifs et en tant que professeure d’université lui ont permis de contribuer à plusieurs dossiers clés en matière de santé à la Chambre haute, notamment l’aide médicale à mourir, le diabète, la maladie falciforme, la pandémie de la COVID-19, les soins aux personnes âgées, le racisme systémique et bien d’autres encore.
La sénatrice Marie-Françoise Mégie lors de sa cérémonie d’assermentation au Sénat, en décembre 2016, avec ses filles Aïda, à gauche, et Sarah.
La sénatrice Mégie participe à une délégation parlementaire en Haïti, son pays d’origine, en mai 2017, aux côtés du Président du Sénat de l’époque, l’honorable George J. Furey et l’ambassadrice du Canada en Haïti de l’époque, Paula Caldwell-St-Onge. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Marie-Françoise Mégie)
Avant son départ à la retraite, le 21 septembre 2025, ses collègues du Sénat l’ont décrite comme une parlementaire dévouée et discrète qui travaillait assidûment en coulisses.
Voici les réflexions de la sénatrice Mégie sur sa carrière en médecine et au service du public.
Avant votre nomination au Sénat, vous avez exercé la profession de médecin pendant plus de 30 ans. Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir la médecine?
Cela remonte à ma préadolescence, quand je fréquentais une école de religieuses pour filles. Chaque fois qu’un parent ou une élève tombait malade, on nous disait toujours de prier pour la personne. Et je me posais toujours la question : on prie, mais ça ne veut pas dire que la personne va réellement guérir. C’est là que m’est venue l’idée : la meilleure façon d’aider une personne malade, c’est de la soigner. Alors, j’ai décidé de devenir médecin.
Vous avez immigré au Canada depuis Haïti en 1976. Pourquoi avez-vous décidé de quitter votre pays natal et de vous installer au Canada?
C’était sous le régime des Duvalier – le dictateur François Duvalier a été président puis son fils Jean-Claude a pris le pouvoir après sa mort. Le climat politique rendait très difficile pour une femme d’y exercer sa profession sans qu’il y ait des compromis quelque part. J’ai donc décidé de quitter le pays. J’avais déjà obtenu mon diplôme de médecine en Haïti, et je devais ensuite obtenir ma licence médicale au Canada pour pouvoir exercer ici.
Les membres du Comité sénatorial des langues officielles présentent leur rapport sur la modernisation des langues officielles au Canada, en juin 2019. De gauche à droite : l’ancien sénateur Percy Mockler, les sénatrices Mégie et Rose-May Poirier, le sénateur René Cormier, et les sénatrices Lucie Moncion et Raymonde Gagné.
Vous avez toujours entretenu des liens étroits avec Haïti, notamment en tant que présidente de l’Association médicale haïtienne à l’étranger. Parlez-nous du travail que vous avez effectué avec cette association.
Je suis maintenant une des doyennes de l’association, qui a été mise sur pied il y a presque 50 ans. Le but premier était de rassembler les professionnels haïtiens qui vivent à l’étranger pour éviter de se sentir isolé. L’association organise encore aujourd’hui des activités de formation continue pour permettre aux membres de continuer à se perfectionner et de rester en contact.
Nous avons aussi pour mission d’aider à l’intégration des professionnels d’origine haïtienne qui viennent d’arriver au Canada. De plus, nous soutenons la communauté canado-haïtienne sur le plan médical. Une fondation a été créée à cette fin, en collaboration avec plusieurs associations communautaires du Québec. Nous organisons annuellement une journée de prévention en santé, avec des kiosques thématiques portant entre autres sur les maladies touchant les femmes, les hommes, ou encore les personnes âgées.
Nous sommes des professionnels qui ont émigré, qui travaillent ici, et qui ont reçu beaucoup du Canada. C’est la philosophie de l’association de redonner tant à notre pays d’accueil qu’à notre pays natal.
Vous avez été nommée au Sénat en 2016. Pourquoi vouliez-vous devenir sénatrice?
Je prévoyais prendre ma retraite comme médecin de famille cette même année, mais un ami m’a dit que j’avais bien servi la communauté, et qu’il était temps de servir l’ensemble de la population canadienne. Le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, venait de créer un nouveau processus de nomination des sénateurs.
Pour moi, venant d’Haïti, faire de la politique, c’était périlleux. Je sais que le contexte canadien est différent. Mon ami m’a rassuré que c’était justement le temps d’agir, d’être un modèle pour les jeunes, pour qu’ils puissent un jour prendre part aux instances décisionnelles. J’ai alors décidé de poser ma candidature au Sénat parce que je voulais représenter ma communauté.
Au cours de votre carrière à la Chambre rouge, vous avez notamment siégé au Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir. Comment votre expérience auprès de patients en fin de vie vous a-t-elle aidée dans ce travail?
Durant ma carrière médicale, j’ai contribué à la création d’une maison de soins palliatifs. J’en ai été la première directrice médicale. À cette époque, on ne parlait pas encore d’aide médicale à mourir au Québec, mais plutôt de directives médicales anticipées. Les directives médicales anticipées permettent d’indiquer à l’avance les soins de santé que vous acceptez ou refusez si vous devenez inapte à y consentir.
En 2014, le Québec adopte l’aide médicale à mourir dans les soins de fin de vie. J’ai alors demandé à faire partie du comité d’implantation à l’hôpital Cité de la Santé à Laval qui desservait la maison de soins palliatifs où je travaillais. Grâce à ce bagage, quand il a été question de créer le comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir au Parlement, il m’a semblé tout à fait pertinent d’y siéger.

Des sénatrices participent à une mission parlementaire à l’Organisation des Nations Unies à New York, en mars 2023. De gauche à droit : les sénatrices Michèle Audette, Julie Miville-Dechêne, Amina Gerba, Mégie, Rosemary Moodie et Kim Pate. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Marie-Françoise Mégie)
Vous avez également siégé à plusieurs autres comités, notamment le Comité sénatorial des langues officielleset le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Quels travaux en comité vous ont le plus marquée?
Ce qui m’a le plus marqué au Comité des langues officielles, c’est le rapport sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles. À l’époque, cette loi existait depuis 50 ans et n’avait été remaniée qu’une seule fois, en 1988.
Et puis, au Comité des affaires sociales, des sciences et de la technologie, j’ai eu l’occasion de travailler sur un projet de loi sur la création d’un cadre national sur le diabète. J’avais justement une expertise sur le pied diabétique. Alors quand la députée Sonia Sidhu m’a approchée pour me demander si je voulais piloter ce dossier au Sénat, j’étais très heureuse de pouvoir le marrainer. Je trouvais que j’étais dans mon élément. Nous avons réussi un tour de force et fait adopter le projet de loi C-237 en moins d’un mois au Sénat.
À l’occasion de la Journée nationale de la sensibilisation à la drépanocytose, le 19 juin 2025, la sénatrice Mégie a organisé un dernier déjeuner à l’édifice du Sénat du Canada. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Marie-Françoise Mégie)
Vous avez créé un projet de loi visant à désigner le 11 mars comme Jour commémoratif de la pandémie, enhommage aux personnes décédées de la COVID-19 et à celles ayant travaillé en première ligne. Pourquoi les Canadiens devraient-ils continuer à commémorer la pandémie?
On ne doit pas oublier les personnes décédées de la COVID-19 ni les travailleurs essentiels de première ligne qui ont pris soin d’elles – parfois au péril de leur propre vie. Les professionnels de la santé se sont mobilisés pour adapter leurs méthodes de travail, répondre à l’urgence et éviter que la situation ne s’aggrave.
Cette loi, fait du 11 mars de chaque année une journée de réflexion : sur ce qui a bien fonctionné, sur ce qui a moins bien fonctionné, et sur les mesures à mettre en place pour mieux nous préparer lors d’une prochaine pandémie.
La sénatrice Mégie et la sénatrice de l’époque Mobina S.B. Jaffer ont organisé une célébration pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs en 2017. Depuis, la sénatrice Mégie poursuit cette tradition en organisant chaque année des expositions à l’édifice du Sénat du Canada, qui mettent en lumière les contributions des personnes noires au pays.
Vous avez œuvré à sensibiliser la population à la maladie falciforme et vous avez récemment présenté à nouveau un projet de loi visant à établir un cadre pour cette hémopathie génétique. Qu’est-ce qui a attiré votre attention sur cette maladie, et quels résultats espérez-vous obtenir grâce à l’adoption de ce projet de loi?
J’ai des amis dont les enfants souffrent de la maladie falciforme, ce qui a toujours gardé ce sujet très présent dans mon entourage. Ces enfants vivent de grandes douleurs et doivent souvent se rendre à l’hôpital. Ils risquent de se retrouver en situation de handicap parce qu’ils peuvent faire des accidents vasculaires cérébraux durant leur jeune âge. C’est une maladie très grave.
Ça fait 100 ans que l’on connait la maladie falciforme, et oui, il y a eu des progrès – les antibiotiques permettent aujourd’hui d’éviter des décès en bas âge, et de bonnes habitudes de vie peuvent soulager les symptômes – mais ça ne guérit pas la maladie.
En médecine, on étudie la maladie falciforme dans le cadre des maladies génétiques du sang, mais ce n’est pas vraiment détaillé. Mon projet de loi vise donc à accroitre la sensibilisation des professionnels de la santé et du public. Dans les centres urbains, il existe des équipes de soins pour prendre en charge les patients atteints. Mais dans les milieux ruraux, les soignants n’ont pas toujours l’expertise requise.
En février 2025, les sénatrices Mégie et Suze Youance, au centre, accueillent des membres de Mosaïque Interculturelle pour une visite de la Chambre du Sénat.
Quels sont vos projets de retraite?
D’abord, je vais récupérer tout le sommeil que je n’ai pas eu pendant mes années de travail! Ensuite, je vais prendre soin de ma santé et me remettre à des loisirs que j’avais mis de côté, comme le théâtre, le cinéma et la musique. On m’a d’ailleurs offert des cours de piano à l’Académie Gregory. Je verrai pour la suite, mais pour le moment je veux simplement me consacrer à des choses agréables, pour moi.
La sénatrice Mégie visite une ferme laitière à l’Île-du-Prince-Édouard avec des membres du Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie dans le cadre d’une mission d’étude sur les travailleurs migrants. On voit également sur la photo, de gauche à droite, le sénateur Stan Kutcher, la sénatrice Flordeliz (Gigi) Osler, l’ancienne sénatrice Ratna Omidvar, le sénateur René Cormier, et les sénatrices Rosemary Moodie et Donna Dasko.