Le premier sénateur mi’kmaq, Dan Christmas, prend sa retraite de la Chambre rouge
Le sénateur Dan Christmas est arrivé sur la scène politique par hasard alors qu’il n’avait que 19 ans. Près de 45 ans plus tard, nous constatons que le sénateur de Membertou (Nouvelle-Écosse) a mené une carrière politique remarquable. Il a contribué à la transformation de Membertou, laquelle est maintenant l’une des Premières Nations les plus prospères au Canada et il est devenu le premier Mi’kmaq à avoir été nommé à la Chambre rouge.
Dans cette entrevue réalisée à l’aube de son départ à la retraite, prévu pour le 31 janvier 2023, le sénateur Christmas revient sur les moments mémorables qu’il a vécus au Sénat et sur les raisons de son départ anticipé.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer en politique à un si jeune âge et à continuer dans cette voie?
J’étais en deuxième année d’université lorsque mon père est décédé subitement. Je voulais poursuivre mes études, mais j’avais cinq frères et sœurs plus jeunes et nous avions besoin d’un autre revenu dans la famille. Un poste de gestionnaire de bande ici, dans la communauté de Membertou, s’est libéré et j’ai décidé de poser ma candidature. Je ne cherchais pas à obtenir ce poste, mais l’occasion s’est présentée d’elle-même. Dès que je me suis impliqué, j’ai aimé faire bouger les choses pour la communauté, aider les gens et faire avancer certains dossiers. Bien que tout cela remonte à 45 ans, ce sont toujours les mêmes sentiments qui me motivent.
Vous avez souvent parlé de votre père, Augustus Christmas, en termes élogieux. Quelle influence a-t-il eue sur votre éducation?
Mon père était un laissé-pour-compte. Il est devenu handicapé en raison des blessures subies pendant la Seconde Guerre mondiale et devait porter un corset lombaire et une attelle de jambe. Cependant, il était très ingénieux et trouvait des moyens de gagner de l’argent pour sa famille. Il a été chauffeur de taxi, il a coupé du bois, il a jardiné et il a fait de petits travaux. Il était toujours actif. Ce n’est que plus tard dans la vie que j’ai réalisé qu’il était handicapé. Il n’a jamais dit un mot à ce sujet.
Il était très fier de prendre soin de sa famille. Il était très gentil, drôle à ses heures, travailleur, mais plus que tout, il aimait sa famille. Par son exemple, il m’a enseigné à vivre en tant que Mi'kmaq. Même s’il est décédé alors que je n’avais que 19 ans, il m’a beaucoup marqué.
Votre grand-père, Ben Christmas, était aussi un leader communautaire influent. En tant que chef de Membertou, il a contesté avec succès le projet du gouvernement fédéral de centraliser les communautés mi’kmaq dans les années 1940. Dans quelle mesure son travail vous a-t-il inspiré?
Mon père ne voulait pas que je fasse de la politique. Toutefois, je pense que mon grand-père aurait été extrêmement fier de me voir siéger à la Chambre rouge. En plus de s’opposer à la centralisation, il a également plaidé pour des changements à la Loi sur les Indiens au début des années 1950. À l’époque où le Parlement était saisi du projet de loi, il a comparu à plusieurs reprises comme témoin. Il prenait le train pour se rendre à Ottawa et débarquait à l’ancienne gare ferroviaire, qui abrite maintenant la demeure temporaire du Sénat. Lorsque je me retrouvais dans cet édifice à titre de sénateur, je pouvais presque sentir sa présence.
Vous avez été nommé au Sénat en 2016. Comment avez-vous réagi à l’appel du premier ministre?
Nous étions en train de fêter l’anniversaire de ma sœur chez ma mère quand mon téléphone cellulaire a sonné. Comme il y avait beaucoup de bruit dans la maison, je suis allée au sous-sol pour prendre l’appel. Le premier ministre Justin Trudeau était à l’autre bout du fil pour m’annoncer qu’il allait recommander ma nomination au Sénat. Je n’arrivais pas à le croire. J’ai oublié la majeure partie de ce qu’il a dit par la suite, mais je me souviens qu’il m’a dit : « Dan, il est très important que tu ne le dises à personne d’autre avant l’annonce. » Je lui ai donné ma parole.
Je suis remonté à l’étage et j’ai confié la nouvelle à mon épouse. Puis, en observant ma mère à la table de la cuisine avec le reste de la famille, je me suis dit que je pourrais aussi le lui dire, mais juste à elle. Comme ma mère est sourde d’un côté, j’ai murmuré dans sa bonne oreille que le premier ministre m’avait demandé de devenir sénateur. Elle m’a jeté un regard perplexe, car elle n’avait pas compris. J’ai donc répété un peu plus fort, et tous les convives se sont tus. Ma mère ne m’avait toujours pas entendu, mais tous les autres se sont mis à sauter de joie. C’est en sortant de la maison que je me suis rappelé la promesse que j’avais faite au premier ministre, mais il était déjà trop tard : la nouvelle avait déjà été publiée sur Facebook. Disons que j’étais inquiet que ma candidature soit rejetée pour cette raison.
Le souvenir de ma nomination restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Le sénateur Dan Christmas entouré de sa famille et de ses amis à l’occasion de sa cérémonie d’assermentation au Sénat, en décembre 2016.
Le sénateur Christmas est passé à l’histoire en tant que premier Mi’kmaq nommé à la Chambre rouge. On l’aperçoit ici à l’édifice du Centre à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin 2017, peu de temps avant le 150e anniversaire du Canada.
Que représente pour vous le titre de premier sénateur mi’kmaq?
C’est un grand honneur. J’ai été nommé en octobre 2016, c’est-à-dire quelques mois avant le 150e anniversaire du Canada. Pour la première fois en 150 ans, la voix d’un Mi’kmaq a pu être entendue au Parlement. Je n’oublierai jamais cette mesure qui s’inscrit dans un esprit de réconciliation auquel j’ai participé directement.
Vous avez pris la décision inhabituelle d’ouvrir un bureau du Sénat dans votre communauté. Pourquoi avez-vous fait un tel choix?
Cette idée m’a semblé très naturelle parce que je devais toujours être disponible au fil de ma carrière d’homme politique. En effet, en tant que politicien, votre porte doit toujours être ouverte.
J’ai eu quelques réactions négatives de la part d’autres parlementaires, principalement ceux de la Chambre des communes, car ils avaient l’impression que je marchais sur les plates-bandes des députés. Ils pensaient que, puisque les députés sont élus, c’est à eux qu’il incombe de rencontrer la population et de répondre à ses préoccupations, et non aux sénateurs. J’ai répondu : « Combien y a-t-il de sénateurs et de députés mi’kmaq? Qui va représenter notre peuple? »
Les sénateurs sont là pour représenter les minorités et ceux qui n’ont pas de voix. Comme je n’ai jamais obtenu de réponses satisfaisantes à mes questions, je ne suis pas revenu sur ma décision.
À quels efforts législatifs ou travaux de comité êtes-vous le plus fier d’avoir participé?
Au cours de mes six années au Sénat, j’ai eu la chance de faire partie de deux comités, celui des peuples autochtones et celui des pêches et des océans. Le comité des peuples autochtones était mon préféré. Je connaissais les dossiers sur le bout de mes doigts et j’ai adoré apprendre à connaître les autres communautés autochtones. J’ai beaucoup d’admiration pour l’incroyable diversité des peuples autochtones de notre pays ainsi que pour leurs cultures, leurs langues, leurs histoires, leurs origines, leurs modes de vie et leurs contributions.
Le point culminant de mon passage au Sénat a été l’adoption du projet de loi C-15, devenu la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. J’occupais à l’époque la présidence du comité des peuples autochtones et nous étions en plein cœur de la pandémie. C’était le plus grand défi de toute ma vie. Jamais je n’ai travaillé aussi fort en tant que président de comité que pour faire adopter le projet de loi C-15.
Vous avez travaillé dans l’édifice du Centre avant que celui-ci ne ferme ses portes pour des travaux de réhabilitation en 2019. Gardez-vous de précieux souvenirs de l’époque où vous fréquentiez cet édifice?
La cinéaste Alanis Obomsawin nous a filmés, ma fille Gail et moi, pendant que nous lisions un livre pour enfants sur un banc situé devant la demeure permanente de la Chambre du Sénat. Ces images ont été intégrées au documentaire d’Alanis, Jordan River Anderson, The Messenger. Voilà le moment le plus mémorable que j’ai vécu à l’édifice du Centre.
Vous aviez encore huit ans devant vous avant d’atteindre l’âge de la retraite obligatoire. Pourquoi avez-vous décidé de quitter le Sénat plus tôt?
Le sénateur Christmas, devant l’œuvre d’un artiste local présentée au centre communautaire de Buffalo Lake, en Alberta, où les membres du Comité sénatorial des peuples autochtones ont rencontré des gens de la communauté dans le cadre d’une mission d’étude effectuée en 2018.
À partir de la gauche, les sénatrices Kim Pate et Mary Jane McCallum, l’ancienne sénatrice Lillian Eva Dyck, le sénateur Scott Tannas, la sénatrice Marilou McPhedran et le sénateur Dan Christmas lors d’une visite à Délįne (Territoires‑du‑Nord‑Ouest) dans le cadre d’une mission d’étude effectuée par le Comité sénatorial des peuples autochtones, en 2018.
Le sénateur Christmas rigole avec la sénatrice Pate près du Grand lac de l’Ours à Délįne, en 2018.
Le sénateur Christmas, sa fille Gail et son bichon maltais nommé Wastow se sont rendus au phare de Louisbourg pour observer les dommages aux rives causés par l’ouragan Fiona qui a balayé le Cap-Breton fin septembre 2022. (Crédit photo : sénateur Dan Christmas)
Mon épouse, Dozay, est décédée il y a environ trois ans et j’avais alors décidé de prendre ma retraite. Notre fille adoptive Gail, qui a un handicap, avait neuf ans à l’époque. Un ami proche m’a conseillé de prendre quelques mois pour réfléchir à ma décision et c’est pendant cette période que la pandémie est arrivée. Le Sénat est alors passé aux séances hybrides, ce qui m’a permis de rester à la maison tout en m’acquittant de mes tâches en tant que sénateur. Je savais que le Sénat allait éventuellement reprendre les séances en personne et que je devrais alors démissionner.
Je pense avoir laissé ma marque au Sénat. Outre le projet de loi C-15, le rapport sur les pêches à des fins de subsistance convenable du comité des pêches et des océans a été l’un des faits saillants de ma carrière, tout comme les travaux relatifs au rapport sur le projet de loi S-3 et à la question de l’égalité des genres dans la Loi sur les Indiens auxquels j’ai pris part en tant que membre du comité des peuples autochtones. Je n’ai ménagé aucun effort dans ces dossiers.
Aujourd’hui, ma priorité est de m’occuper de ma belle petite fille. Comme je l’ai dit à mes collègues du Sénat, ne pensez pas que rester à la maison et être chef de famille monoparentale est un fardeau pour moi. Ce n’est pas le cas. J’adore cela. Mon rôle de père me comble de bonheur, et j’aime penser que mon père aimait lui aussi jouer ce rôle quand j’étais moi-même un enfant.
Avis aux lecteurs : L’honorable Daniel Christmas a pris sa retraite du Sénat du Canada en janvier 2023. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
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Le sénateur Dan Christmas est arrivé sur la scène politique par hasard alors qu’il n’avait que 19 ans. Près de 45 ans plus tard, nous constatons que le sénateur de Membertou (Nouvelle-Écosse) a mené une carrière politique remarquable. Il a contribué à la transformation de Membertou, laquelle est maintenant l’une des Premières Nations les plus prospères au Canada et il est devenu le premier Mi’kmaq à avoir été nommé à la Chambre rouge.
Dans cette entrevue réalisée à l’aube de son départ à la retraite, prévu pour le 31 janvier 2023, le sénateur Christmas revient sur les moments mémorables qu’il a vécus au Sénat et sur les raisons de son départ anticipé.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer en politique à un si jeune âge et à continuer dans cette voie?
J’étais en deuxième année d’université lorsque mon père est décédé subitement. Je voulais poursuivre mes études, mais j’avais cinq frères et sœurs plus jeunes et nous avions besoin d’un autre revenu dans la famille. Un poste de gestionnaire de bande ici, dans la communauté de Membertou, s’est libéré et j’ai décidé de poser ma candidature. Je ne cherchais pas à obtenir ce poste, mais l’occasion s’est présentée d’elle-même. Dès que je me suis impliqué, j’ai aimé faire bouger les choses pour la communauté, aider les gens et faire avancer certains dossiers. Bien que tout cela remonte à 45 ans, ce sont toujours les mêmes sentiments qui me motivent.
Vous avez souvent parlé de votre père, Augustus Christmas, en termes élogieux. Quelle influence a-t-il eue sur votre éducation?
Mon père était un laissé-pour-compte. Il est devenu handicapé en raison des blessures subies pendant la Seconde Guerre mondiale et devait porter un corset lombaire et une attelle de jambe. Cependant, il était très ingénieux et trouvait des moyens de gagner de l’argent pour sa famille. Il a été chauffeur de taxi, il a coupé du bois, il a jardiné et il a fait de petits travaux. Il était toujours actif. Ce n’est que plus tard dans la vie que j’ai réalisé qu’il était handicapé. Il n’a jamais dit un mot à ce sujet.
Il était très fier de prendre soin de sa famille. Il était très gentil, drôle à ses heures, travailleur, mais plus que tout, il aimait sa famille. Par son exemple, il m’a enseigné à vivre en tant que Mi'kmaq. Même s’il est décédé alors que je n’avais que 19 ans, il m’a beaucoup marqué.
Votre grand-père, Ben Christmas, était aussi un leader communautaire influent. En tant que chef de Membertou, il a contesté avec succès le projet du gouvernement fédéral de centraliser les communautés mi’kmaq dans les années 1940. Dans quelle mesure son travail vous a-t-il inspiré?
Mon père ne voulait pas que je fasse de la politique. Toutefois, je pense que mon grand-père aurait été extrêmement fier de me voir siéger à la Chambre rouge. En plus de s’opposer à la centralisation, il a également plaidé pour des changements à la Loi sur les Indiens au début des années 1950. À l’époque où le Parlement était saisi du projet de loi, il a comparu à plusieurs reprises comme témoin. Il prenait le train pour se rendre à Ottawa et débarquait à l’ancienne gare ferroviaire, qui abrite maintenant la demeure temporaire du Sénat. Lorsque je me retrouvais dans cet édifice à titre de sénateur, je pouvais presque sentir sa présence.
Vous avez été nommé au Sénat en 2016. Comment avez-vous réagi à l’appel du premier ministre?
Nous étions en train de fêter l’anniversaire de ma sœur chez ma mère quand mon téléphone cellulaire a sonné. Comme il y avait beaucoup de bruit dans la maison, je suis allée au sous-sol pour prendre l’appel. Le premier ministre Justin Trudeau était à l’autre bout du fil pour m’annoncer qu’il allait recommander ma nomination au Sénat. Je n’arrivais pas à le croire. J’ai oublié la majeure partie de ce qu’il a dit par la suite, mais je me souviens qu’il m’a dit : « Dan, il est très important que tu ne le dises à personne d’autre avant l’annonce. » Je lui ai donné ma parole.
Je suis remonté à l’étage et j’ai confié la nouvelle à mon épouse. Puis, en observant ma mère à la table de la cuisine avec le reste de la famille, je me suis dit que je pourrais aussi le lui dire, mais juste à elle. Comme ma mère est sourde d’un côté, j’ai murmuré dans sa bonne oreille que le premier ministre m’avait demandé de devenir sénateur. Elle m’a jeté un regard perplexe, car elle n’avait pas compris. J’ai donc répété un peu plus fort, et tous les convives se sont tus. Ma mère ne m’avait toujours pas entendu, mais tous les autres se sont mis à sauter de joie. C’est en sortant de la maison que je me suis rappelé la promesse que j’avais faite au premier ministre, mais il était déjà trop tard : la nouvelle avait déjà été publiée sur Facebook. Disons que j’étais inquiet que ma candidature soit rejetée pour cette raison.
Le souvenir de ma nomination restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Le sénateur Dan Christmas entouré de sa famille et de ses amis à l’occasion de sa cérémonie d’assermentation au Sénat, en décembre 2016.
Le sénateur Christmas est passé à l’histoire en tant que premier Mi’kmaq nommé à la Chambre rouge. On l’aperçoit ici à l’édifice du Centre à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin 2017, peu de temps avant le 150e anniversaire du Canada.
Que représente pour vous le titre de premier sénateur mi’kmaq?
C’est un grand honneur. J’ai été nommé en octobre 2016, c’est-à-dire quelques mois avant le 150e anniversaire du Canada. Pour la première fois en 150 ans, la voix d’un Mi’kmaq a pu être entendue au Parlement. Je n’oublierai jamais cette mesure qui s’inscrit dans un esprit de réconciliation auquel j’ai participé directement.
Vous avez pris la décision inhabituelle d’ouvrir un bureau du Sénat dans votre communauté. Pourquoi avez-vous fait un tel choix?
Cette idée m’a semblé très naturelle parce que je devais toujours être disponible au fil de ma carrière d’homme politique. En effet, en tant que politicien, votre porte doit toujours être ouverte.
J’ai eu quelques réactions négatives de la part d’autres parlementaires, principalement ceux de la Chambre des communes, car ils avaient l’impression que je marchais sur les plates-bandes des députés. Ils pensaient que, puisque les députés sont élus, c’est à eux qu’il incombe de rencontrer la population et de répondre à ses préoccupations, et non aux sénateurs. J’ai répondu : « Combien y a-t-il de sénateurs et de députés mi’kmaq? Qui va représenter notre peuple? »
Les sénateurs sont là pour représenter les minorités et ceux qui n’ont pas de voix. Comme je n’ai jamais obtenu de réponses satisfaisantes à mes questions, je ne suis pas revenu sur ma décision.
À quels efforts législatifs ou travaux de comité êtes-vous le plus fier d’avoir participé?
Au cours de mes six années au Sénat, j’ai eu la chance de faire partie de deux comités, celui des peuples autochtones et celui des pêches et des océans. Le comité des peuples autochtones était mon préféré. Je connaissais les dossiers sur le bout de mes doigts et j’ai adoré apprendre à connaître les autres communautés autochtones. J’ai beaucoup d’admiration pour l’incroyable diversité des peuples autochtones de notre pays ainsi que pour leurs cultures, leurs langues, leurs histoires, leurs origines, leurs modes de vie et leurs contributions.
Le point culminant de mon passage au Sénat a été l’adoption du projet de loi C-15, devenu la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. J’occupais à l’époque la présidence du comité des peuples autochtones et nous étions en plein cœur de la pandémie. C’était le plus grand défi de toute ma vie. Jamais je n’ai travaillé aussi fort en tant que président de comité que pour faire adopter le projet de loi C-15.
Vous avez travaillé dans l’édifice du Centre avant que celui-ci ne ferme ses portes pour des travaux de réhabilitation en 2019. Gardez-vous de précieux souvenirs de l’époque où vous fréquentiez cet édifice?
La cinéaste Alanis Obomsawin nous a filmés, ma fille Gail et moi, pendant que nous lisions un livre pour enfants sur un banc situé devant la demeure permanente de la Chambre du Sénat. Ces images ont été intégrées au documentaire d’Alanis, Jordan River Anderson, The Messenger. Voilà le moment le plus mémorable que j’ai vécu à l’édifice du Centre.
Vous aviez encore huit ans devant vous avant d’atteindre l’âge de la retraite obligatoire. Pourquoi avez-vous décidé de quitter le Sénat plus tôt?
Le sénateur Christmas, devant l’œuvre d’un artiste local présentée au centre communautaire de Buffalo Lake, en Alberta, où les membres du Comité sénatorial des peuples autochtones ont rencontré des gens de la communauté dans le cadre d’une mission d’étude effectuée en 2018.
À partir de la gauche, les sénatrices Kim Pate et Mary Jane McCallum, l’ancienne sénatrice Lillian Eva Dyck, le sénateur Scott Tannas, la sénatrice Marilou McPhedran et le sénateur Dan Christmas lors d’une visite à Délįne (Territoires‑du‑Nord‑Ouest) dans le cadre d’une mission d’étude effectuée par le Comité sénatorial des peuples autochtones, en 2018.
Le sénateur Christmas rigole avec la sénatrice Pate près du Grand lac de l’Ours à Délįne, en 2018.
Le sénateur Christmas, sa fille Gail et son bichon maltais nommé Wastow se sont rendus au phare de Louisbourg pour observer les dommages aux rives causés par l’ouragan Fiona qui a balayé le Cap-Breton fin septembre 2022. (Crédit photo : sénateur Dan Christmas)
Mon épouse, Dozay, est décédée il y a environ trois ans et j’avais alors décidé de prendre ma retraite. Notre fille adoptive Gail, qui a un handicap, avait neuf ans à l’époque. Un ami proche m’a conseillé de prendre quelques mois pour réfléchir à ma décision et c’est pendant cette période que la pandémie est arrivée. Le Sénat est alors passé aux séances hybrides, ce qui m’a permis de rester à la maison tout en m’acquittant de mes tâches en tant que sénateur. Je savais que le Sénat allait éventuellement reprendre les séances en personne et que je devrais alors démissionner.
Je pense avoir laissé ma marque au Sénat. Outre le projet de loi C-15, le rapport sur les pêches à des fins de subsistance convenable du comité des pêches et des océans a été l’un des faits saillants de ma carrière, tout comme les travaux relatifs au rapport sur le projet de loi S-3 et à la question de l’égalité des genres dans la Loi sur les Indiens auxquels j’ai pris part en tant que membre du comité des peuples autochtones. Je n’ai ménagé aucun effort dans ces dossiers.
Aujourd’hui, ma priorité est de m’occuper de ma belle petite fille. Comme je l’ai dit à mes collègues du Sénat, ne pensez pas que rester à la maison et être chef de famille monoparentale est un fardeau pour moi. Ce n’est pas le cas. J’adore cela. Mon rôle de père me comble de bonheur, et j’aime penser que mon père aimait lui aussi jouer ce rôle quand j’étais moi-même un enfant.
Avis aux lecteurs : L’honorable Daniel Christmas a pris sa retraite du Sénat du Canada en janvier 2023. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.