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Déclarations de sénateurs

La liberté et la démocratie

10 mai 2018


L’honorable Sénatrice Mary Coyle :

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour vous parler de deux libertés.

Oh, mes sœurs, à l’unisson
Vos voix infatigables porteront bien loin
L’écho de vos rêves nourris d’espoir et de passion
N’exigez rien de moins

Entre la première ministre Fontaine qui s’adresse à l’assemblée.

Mesdames, je suis d’avis que l’homme est voué à des fonctions plus nobles que le suffrage. Leur accorder le droit de vote n’aura pour seul effet que de les émasculer. Aucun homme digne de ce nom ne souhaite trancher une question autrement que par la bagarre.

L’homme est à sa place sur la mer, dans les champs ou à l’usine. Qui sait ce qui surviendrait s’ils obtenaient le droit de voter? Réfléchissant à l’excès, ils deviendraient esclaves de la raison. Qui s’occupera alors de la ferme?

La politique dérange les hommes, et des hommes dérangés font des lois dérangeantes. Bref, personne ne gagnera à leur conférer le droit de suffrage.

Il y a deux jours, notre collègue, la sénatrice Jane Cordy, a dit avoir assisté à un événement soulignant le 100e anniversaire de l’obtention du droit de vote par les femmes en Nouvelle-Écosse. Le Parlement a adopté la Loi ayant pour objet de conférer le droit de suffrage aux femmes le 24 mai 1918.

L’été dernier, j’ai vu Nothing Less!, l’excellente pièce d’Ami McKay et de Ken Schwartz sur le suffrage des femmes, présentée par la compagnie Two Planks and a Passion au Ross Creek Centre for the Arts, à Canning, en Nouvelle-Écosse.

La scène du « Parlement des jupons », que j’ai citée il y a quelques instants, est inspirée du simulacre de séance parlementaire qu’avait organisé Nellie McClung au théâtre Walker de Winnipeg en 1914. Elle y jouait le rôle de première ministre dans un contexte où les hommes quémandaient le droit de vote.

En juin 1916, le Manitoba fut la première province canadienne à adopter une loi conférant le droit de vote aux femmes. Les femmes et les hommes d’origine asiatique du Canada ont dû patienter jusqu’en 1948 et les Autochtones, jusqu’en 1960. Le peuple de l’Inde n’a connu la liberté politique qu’en 1947.

Hier soir, j’ai assisté, avec les sénatrices Cools et Andreychuk, aux célébrations du Jour de la liberté de l’Afrique du Sud, qui soulignaient le 24e anniversaire de la première élection démocratique dans ce pays.

Tandis que nous siégeons, l’Indienne Reemaben Nanavaty, de la Self Employed Women’s Association, ou SEWA, un organisme de 2 millions de femmes, donne une conférence à l’Université St. Francis Xavier sur l’avenir du travail.

La fondatrice de la SEWA, Ela Bhatt, est une gandhienne qui parle avec passion de « Doosri Azadi, »  la seconde liberté — l’accès à des ressources économiques et leur possession par les femmes pauvres.

Hier soir, la haute-commissaire de l’Afrique du Sud, Mme Dlamini-Mntambo, a tenu le même discours, soutenant que la liberté politique est essentielle pour une démocratie saine, mais que le peuple de l’Afrique du Sud doit aussi avoir la seconde liberté, c’est-à-dire la liberté et la participation économiques.

Cher collègues, je vous cite en terminant le refrain final de la pièce Nothing Less! :

Oh, mes sœurs, autour de moi venez
En cette nouvelle aube radieuse
Nous avons obtenu une victoire glorieuse
Mais la lutte n’est pas terminée.

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