Le mouvement d’Antigonish
Le centième anniversaire
1 mars 2018
L’honorable Sénatrice Mary Coyle :
Honorables sénateurs, je vous demande aujourd’hui de vous joindre à moi pour souligner le 100e anniversaire du mouvement d’Antigonish. Permettez-moi tout d’abord de vous poser une question : qu’ont en commun les personnalités historiques que sont Jimmy Tompkins, Moses Coady, Kay Desjardins et Irene Doyle avec nos contemporains suivants : le chef de la nation de Membertou, Terry Paul, John Celestin, d’Haïti, Ela Bhatt, de l’Inde et Ruth Bhengu, de l’Afrique du Sud?
Ces leaders efficaces ont tous un lien avec la ville certes petite, mais dynamique, d’Antigonish. C’est dans cette ville, qui est située au cœur de la Nouvelle-Écosse et qui abrite l’Université St. Francis Xavier, que j’habite depuis 21 ans.
En 1918, un groupe de prêtres s’est réuni dans cette municipalité rurale pour se pencher sur les graves problèmes sociaux et économiques qui frappaient leurs communautés respectives. Deux professeurs de l’université, les pères Jimmy Tompkins et Moses Coady, commencent alors à nouer des contacts dans la communauté. En 1921, Tompkins publie sa fameuse brochure, Knowledge for the People.
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En tant que prêtres, Tompkins et Coady se penchent sur les encycliques papales traitant des aspects éthiques de l’ordre socioéconomique de l’époque. Ils sont influencés par les « Pionniers de Rochdale », en Angleterre, Frederich Raiffaisen, en Allemagne, les écoles populaires danoises et l’Institut Alphonse et Dorimène Desjardins, au Québec.
En 1928, l’université créée le Département de l’éducation permanente, où se concrétisent les travaux menés par les prêtres sur le mouvement social entrepreneurial. Sous la direction de Coady, le département lance des écoles populaires, des clubs d’études et des réunions de cuisine afin de donner vie à ce qu’ils appellent leur « vision globale », un univers où les gens créent, détiennent et dirigent leurs propres institutions économiques, selon leurs priorités, en faisant appel à leurs propres talents et ressources.
En avance sur son temps, le mouvement comprend une division féminine. Son rayonnement, sous la forme de coopératives mises sur pied dans divers domaines — banque, agriculture, pêche, consommation et logement —, dépasse largement les frontières de la région et redonne fierté à la communauté.
En 1939, Coady publie son ouvrage intitulé Maîtres de leur propre destin. La renommée du mouvement s’étend au monde entier et, séduits par sa philosophie empreinte de respect et son approche pratique, des fondateurs de pays du Sud viennent à Antigonish.
L’université créée alors en 1959 le Coady International Institute.
Depuis les débuts de l’institut, 7 000 leaders communautaires et dirigeants d’organismes provenant de 130 pays ont suivi ses programmes sur le campus. Il a formé des dizaines de milliers de gens à l’étranger et mis sur pied des partenariats innovants qui touchent des millions de gens.
Preuve du rayonnement et de la viabilité extraordinaires du mouvement d’Antigonish, je suis revenue lundi d’Afrique du Sud, où le personnel de l’Institut Coady a retrouvé 170 de ses diplômés, partenaires et autres intervenants provenant de 23 pays, à la rencontre organisée par ABCD Imbizo à l’occasion du centenaire du mouvement.
C’étaient des temps heureux en Afrique du Sud alors que la population accueillait son nouveau président, Cyril Ramaphosa. Cette année, les Sud-Africains célèbrent le centenaire de la naissance de Nelson Mandela et d’Albertina Nontsikelelo Sisulu en renouvelant leur engagement à bâtir une Afrique du Sud démocratique, juste et équitable.
Comme l’a dit Moses Coady :
Dans une démocratie, les gens ne sont pas assis dans les estrades sociales et économiques; ils sont tous sur le terrain.
Je vous remercie.