
DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages
Le décès de l'honorable Jean Lapointe, O.C., O.Q.
29 novembre 2022
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’ancien sénateur Jean Lapointe, décédé le 18 novembre. À tous ceux d’entre vous qui se souviennent de lui comme d’un ami, je compatis à votre peine.
Ses contributions comme sénateur ont été nombreuses, mais on se souviendra surtout de lui comme acteur, chanteur et comédien, un artiste qui a diverti et fait rire son public pendant des décennies. Son influence sur les arts dans ma province, le Québec, a été inestimable.
La création, en 1955, du groupe Les Jérolas, une combinaison de Jérôme et de Lapointe, avec Jérôme Lemay, associe musique et humour, au grand plaisir des spectateurs. Leur popularité leur a valu une apparition convoitée au Ed Sullivan Show, en 1963, et un spectacle à guichets fermés à l’Olympia de Paris. Ils se produisaient souvent sur la scène des cabarets les plus célèbres de Montréal, comme le Charivari et La Barak, mais aussi Chez Gérard, à La Porte Saint-Jean, au Coronet et à l’Eldorado.
La carrière d’acteur de l’ancien sénateur Lapointe lui a valu un prix Génie et un prix Jutra en 2004 pour son rôle dans le film Le dernier tunnel d’Érik Canuel. Pour souligner son 50e anniversaire dans l’industrie du spectacle, on lui a rendu hommage lors du gala Juste pour rire, en 2005. Il a également été décoré de l’Ordre du Canada et a été fait officier de l’Ordre national du Québec. Selon sa fille Anne Elizabeth, il était surtout fier de la Maison Jean‑Lapointe, un centre de traitement de la toxicomanie qu’il a fondé en 1982 après avoir lui-même surmonté l’alcoolisme.
Le Québec a perdu l’un de ses enfants chéris, dont la carrière est née dans les cabarets enfumés de Montréal dans les années 1950 et 1960. Il s’est présenté à l’émission la plus regardée de cette décennie, il est monté sur la scène la plus célèbre de Paris, et a plus tard servi avec honneur au Sénat du Canada. Pendant son dernier discours à la Chambre rouge, il a résumé sa carrière ici en disant ceci : « Je ne suis pas venu ici pour faire la guerre, mais plutôt pour essayer d’apporter un peu de paix. »
En 2011, en tant qu’artiste, il a déclaré à La Presse ce qui suit :
Je ne crois pas qu’un artiste prend sa retraite. J’ai toujours le feu sacré. Tant que je vais être capable de bouger, je vais continuer. C’est toute ma vie.
C’est exactement ce qu’il a fait.
Jean Lapointe laisse dans le deuil son épouse, Mercédès, ses sept enfants et deux petits-fils. J’offre mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses amis.
Honorables sénateurs, c’est à un grand Québécois que je rends hommage aujourd’hui, à un homme d’exception qui a marqué autant le Québec que le pays tout entier : l’honorable Jean Lapointe, dont le récent décès nous attriste profondément.
Avant tout, je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à sa famille, à son public, et à celles et ceux à qui il inspirait — et continuera d’inspirer — admiration et respect. Lors de son tout premier discours au Sénat, l’honorable Jean Lapointe s’est justement exprimé au sujet des hommages, tel que celui que nous lui rendons, aujourd’hui. Je le cite :
Bien humblement j’aimerais, malgré ma courte expérience en tant que sénateur, faire une suggestion qui, sans doute, abrégerait les pertes de temps occasionnées par les interminables hommages rendus lors d’un décès, d’un départ à la retraite ou d’un hommage à une personnalité.
J’ai réalisé qu’en ces circonstances, certains de nos collègues se servent de cette tribune pour parler davantage d’eux-mêmes. Ma suggestion est la suivante : en cas de décès ou à l’occasion d’hommages rendus à des êtres vivants, je suggère qu’un court discours soit prononcé, pour la circonstance, par les deux leaders au Sénat.
— The good old times. —
Cependant, des occasions exceptionnelles peuvent survenir, où tout le monde sait qu’un collègue était un ami très intime d’un disparu, et je l’accepterais volontiers.
On voit bien son sens de la diplomatie.
Je serai donc brève, chers collègues, pour honorer sa volonté, et le courage qu’il a eu d’interpeller le Sénat à la première occasion qui lui a été offerte, et ce, pour une cause d’intérêt général. Je serai brève, mais j’espère tout de même réussir à lui rendre justice, lui qui a mené une brillante et riche carrière.
Artiste aux mille talents, auteur-compositeur-interprète, humoriste et comédien, Jean Lapointe a été, tout au long de sa vie professionnelle, généreux de son talent et de ses réalisations, autant en cette enceinte qu’ailleurs.
Le grand succès de son duo Les Jérolas lui a valu deux invitations au Ed Sullivan Show en 1963 et en 1967, une première pour un duo québécois, accueilli avant même les Beatles, à ce très prestigieux spectacle américain, en plus de se produire à deux reprises à l’Olympia de Paris, le summum d’alors pour les artistes de la Francophonie.
À titre de sénateur, Jean Lapointe s’est dévoué principalement à la défense des intérêts des personnes aux prises avec des problèmes de jeu et de dépendance aux substances. Cette cause, c’était son leitmotiv, dans chaque aspect de sa vie personnelle et professionnelle.
Il a incarné un modèle de courage : celui de ne pas nier, celui de se relever, encore et encore, celui de réussir et de redonner. Son legs perdurera dans notre mémoire collective, mais aussi à travers la Maison Jean-Lapointe qu’il a fondée et qui continue de venir en aide à des personnes vulnérables.
Grâce à lui, plusieurs trouvent maintenant la force de demander de l’aide et peuvent recevoir une aide adéquate. Pour cela et pour l’ensemble de l’héritage artistique et humaniste qu’il nous lègue, je lui dis : « Chapeau, honorable Jean Lapointe. »
Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage au regretté Jean Lapointe, sénateur de Saurel, au Québec. Il a été acteur, chanteur, comédien et philanthrope avant de devenir sénateur. Il était un véritable artiste dans tous les sens du terme.
Il a commencé sa carrière artistique en jouant des personnages dans des cabarets québécois dans les années 1950 et a fait partie du duo comique Les Jérolas jusqu’en 1974. Il a également été une vedette du cinéma et de la télévision, avec 36 rôles à son actif, dont celui de Maurice Duplessis dans une minisérie télévisée diffusée en 1978, ce qui montre qu’il était clairement destiné à faire de la politique plus tard dans sa vie. En tant qu’auteur-compositeur-interprète, il a enregistré 18 albums et a écrit et interprété des classiques connus de toute une génération de jeunes francophones d’âge scolaire au Canada.
Tout au long de sa vie, Jean Lapointe s’est tourné vers l’alcool pour lutter contre ses démons personnels. En 1982, un centre de traitement de la toxicomanie à Montréal a été rebaptisé la Maison Jean-Lapointe, dont il était membre du conseil d’administration. La Fondation Jean Lapointe a été créée pour soutenir le centre et elle soutient aujourd’hui des centres pour jeunes à Montréal et à Trois‑Rivières. Ces centres ont traité plus de 38 000 personnes aux prises avec des dépendances.
Il a été nommé au Sénat en 2001 et y a siégé jusqu’en 2010. Son expérience personnelle a fortement influencé son travail au Sénat, où il a présenté de nombreux projets de loi pour restreindre l’emplacement des loteries vidéo — lesquelles peuvent engendrer une grande dépendance — aux lieux où le jeu est déjà présent, comme les casinos et les hippodromes.
Le sénateur Lapointe était officier de l’Ordre du Canada. Son décès est une grande perte pour le Québec, pour la communauté artistique et pour les francophones du Canada.
Chers collègues, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à un grand Québécois et un grand Canadien qui nous a quittés le 18 novembre dernier.
Notre ancien collègue le sénateur Jean Lapointe est décédé entouré des siens à l’âge de 86 ans. À la suite d’une brillante carrière d’humoriste, de chanteur, de parolier, de comédien et de philanthrope, Jean Lapointe sera nommé sénateur le 13 juin 2001 par le premier ministre Jean Chrétien et siégera au Sénat en tant que libéral — eh oui! il n’avait pas que des qualités — jusqu’à sa retraite statutaire à l’âge de 75 ans, le 6 décembre 2010.
Je veux offrir mes condoléances à la famille de Jean, à ses nombreux amis et collègues de la colonie artistique et du monde de la philanthropie et à toutes les Québécoises et tous les Québécois, car Jean Lapointe faisait vraiment partie de notre famille depuis des décennies.
En novembre 2010, quelques jours avant que Jean ne prenne sa retraite du Sénat, j’ai eu l’honneur de lui rendre hommage en le regardant droit dans les yeux. Je lui ai dit entre autres ce qui suit, et je cite :
Celui à qui je veux rendre hommage aujourd’hui, c’est à l’homme d’écoute auprès des personnes atteintes de dépendance à l’alcool, aux drogues et au jeu... celui qui a compris que Derrière deux yeux... y’a une histoire, à l’homme qui les a poussés à s’épanouir, les invitant même à se raconter en disant : Chante-la ta chanson, à l’homme qui a aidé et soutenu en disant mieux : Si on chantait ensemble.
En 1982, avec beaucoup de générosité, Jean Lapointe s’impliquait dans la lutte contre l’alcoolisme en prêtant son nom à un centre de désintoxication qui allait devenir la Maison Jean-Lapointe.
En 1983, il lançait un appel d’espoir aux personnes atteintes avec les mots suivants : « Amenez-vous les fleurs malades, on va au soleil, oui, c’est au tour des fleurs malades de trouver au réveil un été sans pareil ».
En 1984, mon père était l’une de ces fleurs qui a répondu à son appel.
Honorables sénateurs, Jean Lapointe était un homme infiniment bon et altruiste, doublé d’un sens artistique hors du commun.
Je termine avec cette petite anecdote que Guy Fournier, artiste québécois engagé dans le monde des communications, nous a livrée lors du décès de Jean Lapointe. Lorsque Guy Fournier a fondé la chaîne Télévision Quatre-Saisons, il raconte qu’avant de monter sur la scène du grand lancement, il était tétanisé par le trac. Voilà comment il raconte cette anecdote :
Quelques minutes avant de quitter ma loge, on frappa à la porte. C’était Jean Lapointe.
— Je viens te donner un câlin pour te rassurer.
Cet homme, que je connaissais à peine, avait deviné que j’étais mort de peur. Il me serra contre lui durant une bonne minute, puis me dit à l’oreille : « T’as rien à craindre, les gens vont t’aimer s’ils sentent que tu les aimes. C’est mon secret pour vaincre le trac! »
Jean Lapointe n’a jamais dû avoir le trac, car les Québécois l’adoraient.
Bon voyage, Jean!
Chers collègues, j’aimerais aussi rendre un trop bref hommage à l’honorable Jean Lapointe, un grand personnage du Québec, connu de tous pour ses chansons et ses grands talents de compositeur, d’humoriste, d’imitateur et d’acteur.
Malgré son décès, il continuera de vivre dans les esprits et les cœurs des Québécois avec des souvenirs impérissables et une institution philanthropique remarquable, la Maison Jean-Lapointe, qui aide depuis 40 ans des hommes et des femmes à sortir des griffes de l’alcoolisme, comme il a réussi à le faire lui-même.
De façon plutôt imprévue, il a rejoint cette Chambre en 2001, poste qu’il occupera pendant neuf ans, à titre de sénateur « libéral entre guillemets », comme il se plaisait à le dire. Il a toujours eu une aversion pour les joutes partisanes au Sénat et il ne se gênait pas pour dénoncer les pertes de temps qui caractérisent encore trop souvent nos travaux.
Dans sa toute première intervention au Sénat — et la sénatrice Saint-Germain le faisait remarquer —, il a proposé de réduire le temps alloué aux « hommages rendus lors d’un décès », qui s’éternisaient, selon lui. Monsieur Lapointe, où que vous soyez, aujourd’hui, on vous écoute en vous consacrant à peine 15 minutes, alors que vous en mériteriez des heures!
Même si la politique l’a laissé « malheureux » et « déçu », au début de 2022 il concevait toujours le Sénat comme « l’ange gardien de la population, des minorités et des démunis ».
Arrivé à Ottawa en fédéraliste affiché et convaincu, il dira peu après sa retraite y avoir compris la réalité des deux solitudes, précisant ceci au sujet des Québécois, et je cite : « On ne pense pas pareil, on n’est pas faits pareil. »
Dans une grande entrevue accordée à Patrice Roy de la télé de Radio-Canada il y a quelques mois, il déclare : « Ça va venir un jour ou l’autre, l’indépendance du Québec. Et je le souhaite. »
Ceux qui ont travaillé avec lui, unanimement, l’ont décrit comme un homme entier, tourmenté, mais d’une grande humanité. Il a su chanter aux Québécois et aux Québécoises des choses qui leur ressemblent.
À sa fille Anne Elizabeth, à son fils, Jean-Marie, et aux autres membres de la famille Lapointe, j’offre mes plus sincères condoléances à la suite du décès d’un de nos grands.
Merci.