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PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères et le commerce international

Les relations sino-canadiennes

15 mai 2019


Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat. En 2016, le premier ministre Justin Trudeau a défendu sa décision de négocier un traité d’extradition avec la Chine, alléguant qu’un accord resserrerait les liens du Canada avec Pékin. Le premier ministre a dit, à l’époque, que la bonne relation qu’il était en train de créer avec les Chinois nous permettait de marquer des points au chapitre des droits de la personne et des dossiers consulaires. Il a critiqué le gouvernement Harper, disant que la relation avec la Chine sous le gouvernement précédent était très incohérente. Le premier ministre Trudeau a alors dit que nous devions établir une relation solide et positive.

Je pose donc la question suivante au leader du gouvernement : Pouvez-vous nous dire comment vous décrivez la relation entre le Canada et la Chine en ce moment? Est-elle solide? Est-elle positive? Est-elle forte?

Je veux juste rappeler au leader du gouvernement que Stephen Harper a quitté le cabinet du premier ministre il y a près de quatre ans. Alors, à qui le gouvernement va-t-il faire porter la responsabilité du gâchis actuel dans les relations entre le Canada et la Chine?

L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Je remercie l’honorable sénateur de sa question. Il sait que des gouvernements canadiens successifs ont cherché à établir un dialogue approprié avec la Chine et que ce dialogue a des racines économiques au Canada. Pensons à M. Diefenbaker et à la vente de blé. La Chine y voit encore aujourd’hui une mesure phare qui allait dans le sens des intérêts économiques du pays tout en officialisant les relations diplomatiques bilatérales, qui ont évolué sous le signe de l’investissement et du rapprochement culturel et politique.

Nous avons assuré un suivi assidu de ce dossier. J’ai eu l’occasion d’y travailler avec quatre premiers ministres, y compris le premier ministre Harper. Je peux donc dire que le gouvernement du Canada reconnaît l’importance des relations bilatérales, à une époque où l’Asie et la Chine, au sein de l’Asie, prennent de l’importance dans l’économie mondiale en pleine expansion. Elles vont dans le sens de nos intérêts politiques et économiques ainsi que de nos intérêts en matière de sécurité. Il faudra beaucoup de diplomatie pour surmonter les difficultés que présente ce dossier. Ce ne sera pas simple.

L’honorable sénateur a débuté par le traité d’extradition. Il est clair que si nous avions un traité d’extradition avec la Chine, nous serions mieux placés pour gérer certains dossiers consulaires. Cependant, le fait est que les négociations visant l’extradition n’ont pas encore abouti, ce qui a des conséquences concrètes pour les Canadiens qui sont en Chine et qui craignent, comme nous tous, pour leur bien-être.

Si nous voulons renforcer cette relation bilatérale, je pense qu’il est important que nous ne critiquions pas la Chine de manière excessive et démesurée ou que nous ne mettions pas trop l’accent sur un enjeu donné. Nous devrions aussi chercher à résoudre les problèmes en utilisant les voies diplomatiques appropriées. Ce ne sont pas seulement des dossiers consulaires impliquant des Canadiens qui sont en cause, mais également une relation économique importante qui est bénéfique tant pour les Canadiens que pour les Chinois.

Monsieur le leader du gouvernement, je suis heureux que vous ayez souligné que le Canada et la Chine ont entretenu des relations fructueuses et ininterrompues pendant cinq ou six décennies. C’est parce que les premiers ministres précédents se sont appuyés sur les assises établies par les anciens gouvernements et qu’ils ont continué à les renforcer. Par contre, le premier ministre actuel a gâché les relations entre le Canada et la Chine et il continue d’essayer de détourner l’attention du gâchis qu’il a créé.

Il y a cinq mois, Michael Spavor, un entrepreneur, et Michael Kovrig, un ancien diplomate canadien, ont été arrêtés par les services de sécurité de la Chine et incarcérés sous des prétextes douteux. Or, nous savons tous que la Chine a agi ainsi en guise de représailles pour l’arrestation de la directrice financière de la société Huawei.

Bien que le premier ministre ait qualifié ces deux personnes d’otages, le gouvernement Trudeau semble avoir abandonné l’idée d’exiger leur libération.

Monsieur le sénateur Harder, pourquoi le gouvernement Trudeau a-t-il abandonné ces deux Canadiens? Qui négocie leur libération, et pouvez-vous nous donner le nom du négociateur en chef, du responsable de ce dossier précis entre le Canada et la Chine?

Le sénateur Harder [ - ]

Monsieur le sénateur, je vous incite à un peu plus de retenue. Des Canadiens sont en prison. Ils sont dans une situation très difficile. Je ne pense pas que c’est en poussant les hauts cris que vous les aiderez ou que vous leur apporterez un quelconque réconfort.

Je peux confirmer que des visites consulaires ont eu lieu ces derniers jours. Je peux confirmer que le gouvernement du Canada, de concert avec des pays aux vues similaires — ce qui est une mesure sans précédent de leur part —, déploie des efforts en vue de faire avancer ce dossier consulaire.

Il faudrait également résister à la tentation de mettre toute la faute sur le premier ministre, comme l’honorable sénateur tient tant à le faire. En l’occurrence, il s’agit de décisions prises par le gouvernement chinois. La décision concernant l’extradition ou l’extradition potentielle de Mme Meng, quant à elle, relève strictement du système judiciaire canadien.

Il est important que nous ne cherchions pas à obtenir un avantage partisan dans une situation où des vies canadiennes sont en jeu.

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