Affaires étrangères et commerce international
Motion tendant à autoriser le comité à étudier l’augmentation des agressions et des actes contraires au droit international commis par la Turquie--Suite du débat
3 décembre 2020
Honorables sénateurs, l’affrontement en question, déclenché et exacerbé par la Turquie, se poursuit à ce jour, et il suscite des préoccupations alarmantes dans l’ensemble de la communauté européenne et au sein de l’OTAN. Cette situation s’est aggravée en juillet 2020 quand la Turquie a annoncé, en utilisant le système maritime d’alerte, qu’elle envoyait un navire de recherches faire de la prospection près de l’île grecque de Kastellorizo, dans la région qui s’étend de Chypre à l’île grecque de Crête.
Bien que les démarches de médiation entreprises par les alliés européens aient contribué à apaiser brièvement les tensions, au début d’août, la Turquie a renié son engagement envers le dialogue et repris ses provocations en envoyant de nouveau le navire de recherches Oruç Reis à quelques kilomètres à peine des eaux grecques. Il n’était qu’à 10,5 kilomètres de la côte de Kastellorizo, alors que les eaux territoriales de la Grèce s’étendent jusqu’à 9,5 kilomètres de la côte de cette île. D’après le droit international, la Grèce peut légalement repousser sa frontière et la faire passer de 9,5 à 19,3 kilomètres.
La Turquie a toutefois déclaré que si la Grèce, aussi alliée de l’OTAN, choisit de faire ce changement permis par la loi, Ankara y verra une cause de guerre. C’est tout à fait absurde. De toute évidence, Erdogan et son gouvernement tentent de provoquer un nouveau conflit qui, en plus de mettre en péril les fondements mêmes de l’alliance de l’OTAN, fera de la Turquie un État voyou, indigne de faire partie de ce groupe très prestigieux qu’est l’alliance de l’OTAN.
Même si de nombreux pays européens ont appelé la Turquie à cesser ses actes de provocation et retourner à la table des négociations, le président Erdogan est déterminé à chercher la chicane encore une fois pour déstabiliser la région et distraire son peuple de ses échecs économiques au pays.
Pour couronner le tout, en vue de rallier davantage son peuple autour du drapeau, en juillet, le président Erdogan a décidé de convertir le musée historique de l’église grecque orthodoxe Sainte-Sophie en mosquée, ne démontrant aucun respect pour les lieux historiques et religieux de son propre pays. Ce n’est pas de cette façon qu’un allié de l’OTAN doit se comporter. Le gouvernement Erdogan a délaissé sa politique visant à éviter tout conflit avec les pays voisins. Il est grand temps que le Canada et le reste de la communauté internationale se rendent compte que la Turquie n’est pas une alliée qui est prête à collaborer de bonne foi avec la communauté internationale.
Le Canada doit se porter à la défense de la Grèce, de Chypre et des autres pays aux vues similaires. Il doit aussi dénoncer Erdogan et collaborer avec ses partenaires dans le monde pour contenir le danger et instaurer la paix et la stabilité dans cette région très explosive du monde.
Mais les manœuvres d’Erdogan ne se limitent pas à la Grèce. En effet, il continue d’exacerber la situation en Libye et en Syrie, et a récemment pleinement soutenu ses homologues en Azerbaïdjan lorsque ces derniers ont déclenché une guerre non provoquée contre la République d’Artsakh et le peuple arménien. Le 27 septembre, l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie et des mercenaires djihadistes étrangers, a entamé une guerre à grande échelle contre l’Artsakh, menaçant une fois de plus de mener une campagne de nettoyage ethnique contre les populations autochtones qui vivent à cet endroit depuis des siècles.
En raison du silence de la communauté internationale, et malheureusement aussi de notre propre gouvernement ici au Canada, le tandem Turquie-Azerbaïdjan a pu procéder avec impunité, une fois de plus, au déplacement du peuple arménien de ses terres ancestrales. Cette situation a abouti, le 9 novembre, à l’imposition par la Russie d’un accord de paix déséquilibré entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Aujourd’hui, même après la fin des hostilités, la Turquie et l’Azerbaïdjan n’ont pas mis fin à leurs actes criminels. Alors que près de 100 000 Arméniens sont toujours déplacés, le sort de nombreux prisonniers de guerre arméniens est incertain. Alors que l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, ignore malicieusement les appels à entreprendre un échange de prisonniers et de dépouilles, cela se produit sur fond de crimes de guerre plus graves que l’Azerbaïdjan a commis pendant la guerre et qu’il continue de commettre aujourd’hui en envahissant des territoires ancestraux appartenant à l’Arménie.
Nous devons avoir le courage de nous opposer à ces régimes criminels et d’arrêter de nous contenter de faire des déclarations qui ne font pratiquement rien. Ne vous y trompez pas, chers collègues, le véritable instigateur de tous ces crimes est le président turc Erdogan lui-même, et, si la communauté internationale ne fait pas preuve de courage, la menace continuera de s’étendre à des territoires beaucoup plus proches de nous que nous ne pouvons l’imaginer.
Tout ce que le gouvernement turc du président Erdogan a fait et continue de faire est contraire aux valeurs partagées par les pays démocratiques occidentaux et nos alliés de l’OTAN. Malheureusement, le gouvernement a soit choisi de garder le silence ou de fermer les yeux sur la plupart de ces questions ou n’a pas réussi à changer les choses pour le mieux. Le monde attend davantage de nous et il a besoin de plus de contributions traditionnelles et positives du Canada à la communauté internationale.
Le premier ministre Trudeau a déjà dit que le Canada était de retour. En fait, depuis qu’il est au pouvoir, le Canada se dérobe à ses obligations et est incapable de respecter ses engagements envers la communauté internationale. Il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire, chers collègues, notamment autoriser le Comité des affaires étrangères à examiner et à faire rapport sur l’augmentation des agressions et des actes contraires au droit international commis par la Turquie.
Honorables sénateurs, je vous exhorte donc tous à voter en faveur de cette motion et des deux autres motions que j’ai déposées qui portent sur l’indépendance de la République d’Artsakh et qui condamnent la Turquie pour avoir converti en mosquée la basilique chrétienne Sainte-Sophie, un édifice historique vieux de plusieurs siècles, et pour avoir commis d’autres gestes inacceptables. Merci, chers collègues.