Projet de loi sur le Mois du patrimoine libanais
Deuxième lecture
3 novembre 2022
Honorables sénateurs, comme l’a dit un célèbre sénateur, je serai bref ce soir.
Je prends la parole pour participer au débat sur le projet de loi S-246, Loi instituant le Mois du patrimoine libanais, qui désigne le mois de novembre comme Mois du patrimoine libanais. Il s’agit d’un projet de loi parrainé par l’honorable sénatrice Cordy et appuyé par l’honorable sénateur Dalphond. De toute évidence, j’en suis le porte-parole, mais un porte-parole très bienveillant.
Je pense que nous devrions tous reconnaître qu’il s’agit d’un projet de loi important, tant pour la communauté canado-libanaise que pour nous tous. Bien que j’aie entendu certains sénateurs dire au fil des ans que nous avons trop de dates et de mois désignés, il n’en demeure pas moins que le Canada est essentiellement fort grâce à la somme de toutes ses parties. Il est impératif que toutes ses parties aient le sentiment d’appartenir à la famille canadienne et soient reconnues.
La communauté libanaise est évidemment l’une des communautés dont les contributions ont été considérables. Les premiers Libanais sont arrivés au Canada en 1880 et d’autres ont afflué dans le pays au fil des décennies et apporté d’énormes contributions dans tous les milieux. Lorsqu’ils sont arrivés au Canada, dont beaucoup au quai 21 en 1880, ils sont arrivés comme nous tous. Il n’y a aucune différence entre les immigrants de première génération ou les enfants de ceux-ci. Tous les immigrants ont fui un endroit dans le monde où régnait un conflit, la pauvreté ou l’agitation politique. Tous les immigrants arrivent dans ce pays en cherchant quelque chose de précis, mais quoi? Ce sont la liberté, la démocratie et les perspectives d’avenir. Il en va de même pour les Autochtones, les descendants de l’un des deux peuples fondateurs de la confédération et tous les autres.
Tous les immigrants qui sont venus au Canada ont pris un pari et ont jeté les bases de leur nouvelle vie. La communauté d’immigrants libanais — dont les premiers sont arrivés en 1818 — ont tous travaillé fort, que ce soit dans les mines ou, bien sûr, dans l’agriculture. Un grand nombre d’entre eux étaient des marchands itinérants, déambulant d’un bout à l’autre du pays pour acheter et vendre divers produits. Leurs affaires ont été florissantes et ils ont contribué au succès de notre pays de multiples façons.
Chers collègues, la première personne qui a immigré à Ottawa s’appelait Annie Midlige. Elle est arrivée en 1895 et elle a lancé son propre commerce de la fourrure. Imaginez, elle n’était pas du tout intimidée par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Elle a démarré sa propre entreprise ici même, à Ottawa, et elle a réussi.
En Colombie-Britannique, plus précisément à Victoria, les frères Abraham et Farris Ray ont démarré leur carrière de marchands itinérants.
Les premiers immigrants d’origine libanaise qui sont arrivés en Alberta étaient un homme du nom d’Ali Abouchadi, qui prendrait ensuite le nom d’Alexander Hamilton, et son oncle Sine Abouchadi. En 1905, il ont commencé à faire du commerce itinérant entre Edmonton et Lac La Biche. Dans les années 1920, Alex Hamilton était devenu l’un des hommes d’affaires les plus prospères de la ville.
En 1905, l’Île-du-Prince-Édouard comptait une vingtaine de colporteurs autorisés d’origine libanaise. Ceux-ci n’ont pas tardé à se lancer dans une variété d’entreprises et de commerces.
La communauté libanaise est présente dans toutes les régions du pays, bien sûr. Les Canadiens d’origine libanaise ont établi des communautés dynamiques dotées de centres culturels et de centres religieux, et leur fantastique esprit d’entreprise est bien connu. Qui n’a jamais dégusté de mets libanais ou méditerranéens, comme je l’ai moi-même fait ce midi? Dans tous les coins du pays, ces mets sont maintenant intégrés à notre alimentation de diverses façons.
Et ce n’est pas tout, chers collègues. Les Canadiens d’origine libanaise sont très bien intégrés au Canada. Ils sont polyglottes à leur arrivée ici. Une grande partie des quelque 250 000 Canadiens d’origine libanaise vivent dans la plus belle ville du pays, Montréal, ma ville, où ils sont chefs d’entreprise, leaders de la communauté et intellectuels.
Le sénateur Gold sera du même avis. Je crois que c’est un sujet sur lequel nous pouvons nous entendre. J’estime qu’ils apportent énormément au Canada.
En outre, lorsqu’ils sont arrivés ici, ils ont fait ce qu’ils avaient à faire, comme tous les immigrants. Ma défunte mère m’a toujours dit... Je lui ai demandé : « Quelle était la raison principale de votre venue ici? » Elle m’a répondu :
Écoute : d’où je viens, peu importe à quel point on travaille, il semble qu’on n’avance jamais. Au Canada, c’est très simple : on travaille fort, et plus on travaille fort, plus on réussit.
Il y a quelques semaines, je me suis rendu chez l’un de mes marchands de glaces préférés. Il y a là un monsieur nommé Sam, d’origine libanaise. Il possède trois points de vente à Montréal. C’est un homme très prospère. Il a immigré il y a environ 25 ans. Il travaille extrêmement dur et il est très à l’aise financièrement. Je lui ai dit : « Sam, vous travaillez très fort. Vous avez un certain âge. Vous n’avez pas besoin de trimer aussi dur. » Il m’a répondu :
Écoutez : le Canada m’a offert des choses formidables. D’où je viens, je travaillais extrêmement dur, mais j’avais l’impression de ne pas avancer. Ici, plus je travaille fort, plus je réussis, et c’est merveilleux.
Cela m’a immédiatement rappelé, mot pour mot, l’échange que j’avais eu avec ma défunte mère, qui était entrée au pays par le port d’Halifax, en 1957, avec un rêve.
Chacun des immigrants de la communauté libanaise est venu avec un rêve qu’il a réalisé. Qu’il suffise de regarder les histoires de réussite dans tous les milieux. J’ai fait quelques recherches et, bien sûr, on y retrouve des sénateurs, des députés, des entrepreneurs et des universitaires. Dans cette enceinte même, lorsque j’y ai été appelé, on y retrouvait déjà mon ancien collègue, le sénateur Mac Harb. J’ai très vite appris qu’il était d’origine libanaise. Du côté de la Chambre des communes, on retrouve d’anciens députés comme Allan Koury, qui a été élu dans Hochelaga—Maisonneuve en tant que conservateur à Montréal en 1988, Maria Mourani, Eva Nassif et, bien sûr, mon bon ami Fayçal El-Khoury, qui est actuellement député de Laval—Les Îles, ainsi que Ziad Aboultaif, mon ami de la circonscription d’Edmonton Manning, il me semble, qui est un digne représentant de la communauté libanaise.
Il y a aussi l’ancien premier ministre Joe Ghiz, de l’Île-du-Prince-Édouard. Chers collègues, non seulement il est d’origine libanaise, mais il a également été le premier premier ministre provincial élu au Canada qui n’était pas d’origine européenne. Voilà un élément historique et une fierté que la communauté libanaise célèbre en permanence.
Il y a Walter Assef, le maire de Thunder Bay, en Ontario, et Eddie Francis, le maire de Windsor.
Bien sûr, dans le domaine économique, le professeur Henry Habib; la Dre Justine Sergent, neurologue célèbre au Canada; le professeur Gad Saad, qui enseigne à l’école de gestion John‑Molson, avec laquelle je sais que le sénateur Loffreda est étroitement associé.
Les Canadiens d’origine libanaise sont très fiers des artistes comme Keanu Reeves, qui est né à Beyrouth et a grandi à Toronto. Bien sûr, nous, les Canadiens de toutes origines, sommes très fiers que Keanu Reeves soit d’origine libanaise et canadienne.
Il y a, bien sûr, Kristina Maria, chanteuse dont mes enfants m’ont parlé. Elle plaît beaucoup à leur génération; je suis toujours le vieux. Mes enfants m’appellent « Boomer ». Alors me voici.
Il y a aussi, bien sûr, Marwan Hage, qui a joué dans la Ligue canadienne de football pour les Tiger-Cats de Hamilton. Et, bien sûr, nous connaissons tous Nazem Kadri, champion de la Coupe Stanley qui joue actuellement pour les Flames de Calgary.
Il y a aussi une longue liste d’entrepreneurs et de gens d’affaires, dont Kevin O’Leary, qui ont fait de grandes contributions au Canada.
Ce n’est pas tout. La communauté libanaise n’est pas seulement venue ici pour travailler et réussir sur les plans commercial, scolaire et professionnel, mais elle s’est également montrée prête à se battre pour défendre cette liberté à laquelle elle tient tant et la chance que représente le Canada. De nombreux Canadiens d’origine libanaise ont répondu à l’appel du devoir pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale et ont fièrement combattu pour défendre leur liberté, au prix de leur vie, pour servir leur pays, le Canada.
Le lieutenant Edward F. Arab, un jeune avocat très fier de ses origines libanaises, est mort en héros pour le Canada, au front, en Belgique. Charlie Younes a également été tué en combattant courageusement. Bien d’autres, comme Samuel Ross, ont été blessés en servant leur pays. La liste est longue.
Nous les remercions de ce qu’ils ont apporté à notre société. Bien entendu, la grande majorité des immigrants libanais sont arrivés au Canada entre 1975 et 1990. Ils fuyaient la guerre civile qui sévissait au Liban, ce qui nous rappelle que la plupart d’entre nous sommes venus ici pour fuir quelque chose et améliorer notre sort.
Je pense qu’il s’agit d’un projet de loi des plus valables. Je ne pense pas qu’il nécessite de plus ample débat. Je remercie la sénatrice Cordy d’avoir présenté ce projet de loi très intéressant, sur lequel je viens de m’exprimer et que j’appuie entièrement. Chers collègues, je vous invite tous à l’appuyer en deuxième lecture et à le renvoyer au comité. Merci.
Les honorables sénateurs sont-ils prêts à se prononcer?
Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?
Des voix : D’accord.
(La motion est adoptée et le projet de loi est lu pour la deuxième fois.)