L'autogouvernance du Sénat
Interpellation--Débat
18 octobre 2022
Honorables sénateurs, cet article a été ajourné au nom de la sénatrice Pate, et je demande le consentement du Sénat pour que, à la suite de mon intervention, le reste de son temps de parole sur cet article lui soit réservé.
Est-ce d’accord, honorables sénateurs?
Il en est ainsi ordonné.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet de l’interpellation no 6, de la sénatrice McPhedran, qui attire l’attention du Sénat sur divers mécanismes et concepts à étudier comme options pour accroître la responsabilité, la transparence et l’équité dans le contexte de l’autogouvernance unique du Sénat. Il s’agit d’une discussion importante et opportune, et je tiens à remercier la sénatrice McPhedran de l’avoir entamée.
L’aspect sur lequel je me concentrerai dans mes observations est celui du privilège parlementaire. Je vais en traiter, chers collègues, en tant que sénatrice véritablement non affiliée. En prenant la décision de siéger sans être affiliée à un groupe, je savais que ce ne serait pas une transition aisée, et je ne suis pas surprise de constater que les sénateurs non affiliés sont relégués à un statut de second ordre. Ce petit collectif de sénateurs ne relevant pas de l’un des principaux groupes du Sénat, nous ne bénéficions pas de la même considération que la majorité de nos collègues. Or, pourquoi devrais-je appartenir à un autre groupe pour être traitée de façon équitable?
Ce constat est d’autant plus regrettable que nous, sénateurs, sommes les maîtres de notre propre destinée. Ironiquement, le droit des sénateurs d’être autonomes et de s’auto-administrer est l’un des droits associés au privilège parlementaire. Cela a été clairement établi par le Comité permanent du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement, qui a présenté, en 2015, un important document de travail sur le privilège parlementaire au Canada au XXIe siècle.
Dans ce document, le Comité du Règlement affirme que l’un des privilèges dont jouissent les sénateurs est le droit collectif du Sénat de régir ses affaires internes liées aux débats et aux délibérations, aussi connu sous le nom de connaissance exclusive.
Honorables sénateurs, le Parlement du Canada a adopté le concept de privilège parlementaire du Royaume-Uni. On le trouve à l’article 18 de la Loi constitutionnelle de 1867, dont le libellé est le suivant :
Les privilèges, immunités et pouvoirs que posséderont et exerceront le Sénat et la Chambre des Communes et les membres de ces corps respectifs, seront ceux prescrits de temps à autre par loi du Parlement du Canada; mais de manière à ce qu’aucune loi du Parlement du Canada définissant tels privilèges, immunités et pouvoirs ne donnera aucuns privilèges, immunités ou pouvoirs excédant ceux qui, lors de la passation de la présente loi, sont possédés et exercés par la Chambre des Communes du Parlement du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande et par les membres de cette Chambre.
Il est donc clairement établi que les sénateurs et les députés sont censés jouir de privilèges similaires à ceux des députés de la Chambre des communes du Royaume-Uni.
Chers collègues, lorsqu’on examine le vaste cadre du privilège parlementaire, on constate qu’il englobe un certain nombre de droits et d’immunités. Ces privilèges sont divisés en deux catégories : les privilèges collectifs et les privilèges individuels. Les privilèges collectifs incluent le droit de réglementer nos propres affaires et le pouvoir de prendre des mesures disciplinaires. Les privilèges individuels incluent la liberté de parole, l’immunité d’arrestation dans les affaires civiles et l’exemption du devoir de juré. Dans le cadre de mes observations, j’aimerais que vous vous demandiez si nos gestes collectifs à l’égard des sénateurs non affiliés et la façon dont nous les traitons constituent une atteinte à leurs privilèges.
Honorables sénateurs, lors de la 30e législature, le Comité spécial sur les droits et immunités des députés a été formé pour examiner des questions de privilège. Ce comité est arrivé à la conclusion que le privilège avait pour but de permettre à tous les députés de la Chambre des communes de s’acquitter de leurs tâches en tant que représentants des électeurs sans ingérence injustifiée. Même s’il s’agissait d’un comité des Communes, cette affirmation est valable pour les sénateurs, car nous jouissons des mêmes privilèges.
Ce sentiment se reflète dans la toute première ligne du rapport de 2015 du Comité du Règlement sur le privilège parlementaire :
Le privilège parlementaire, élément essentiel de la démocratie parlementaire, permet au Parlement de fonctionner avec efficacité et efficience, sans entraves indues.
C’est dans ce contexte que nous devons considérer le privilège comme les droits et les immunités individuels et collectifs qui nous permettent de fonctionner en tant que parlementaires.
En 1999, le Comité spécial mixte du privilège parlementaire, au Royaume-Uni, s’est penché sur le critère de la nécessité — un concept selon lequel l’exercice du privilège doit être nécessaire à l’exercice contemporain des fonctions parlementaires. Ce comité avait expliqué la notion de « nécessité » sous l’angle des besoins du Parlement dans l’exercice de son rôle constitutionnel. Le Parlement et ses membres ont besoin de jouir de certains droits et de certaines immunités pour pouvoir exercer leurs fonctions publiques essentielles qui sont d’étudier les projets de loi, d’adopter des lois, d’obliger le pouvoir exécutif à rendre des comptes.
En 2005, la Cour suprême du Canada, dans l’affaire Canada (Chambre des communes) c. Vaid, s’est penchée sur l’application du privilège dans le contexte canadien. Dans sa décision, le juge Ian Binnie a défini le critère de nécessité à respecter pour soutenir la revendication d’un privilège, en insistant sur la nature téléologique nécessaire du lien entre le privilège revendiqué et l’exercice, par le membre ou l’assemblée, de leurs fonctions d’assemblée législative et délibérante.
Or, comme le Comité du Règlement l’a si judicieusement fait remarquer dans son document de travail de 2015, « l’utilité du critère de la nécessité est limitée de manière intentionnelle », et je cite :
[...] ce critère offre un moyen dynamique de déterminer les paramètres ou la portée du privilège. Il n’en demeure pas moins qu’il revient toutefois au Parlement, et aux parlementaires, d’exercer le privilège et d’en déterminer le contenu.
Honorables sénateurs, comme l’ont fait valoir les membres de notre Comité du Règlement en 2015, il revient aux parlementaires d’exercer le privilège et d’en déterminer le contenu, et déterminer cet exercice doit « tradui[re] le mieux la responsabilité ultime d’une législature démocratique ». Autrement dit, étant nos propres arbitres, nous définissons les atteintes au privilège.
Comme l’indique le document publié par le comité en 2015 :
[...][L]e comité estime que l’exercice du privilège parlementaire doit non seulement être éclairé par le passé, mais aussi s’appuyer sur une image de la relation entre l’organe législatif et ses éléments constitutifs qui est conforme aux valeurs démocratiques modernes et qui répond aux attentes du public en matière de responsabilisation, de transparence, de justice naturelle et de respect des droits de la personne.
Chers collègues, pour renforcer ce point crucial de la manière dont nous percevons et dont nous abordons le privilège, j’aimerais me reporter à une lettre rédigée conjointement par cinq sénateurs canadiens en 2012 et adressée au Comité des privilèges de la Chambre de la Nouvelle-Zélande. Dans cette lettre, les sénateurs canadiens ont parlé de la doctrine de « l’arbre vivant », utilisée dans l’interprétation de la Constitution, fidèle à l’idée que le privilège parlementaire n’est ni statique ni immuable, mais un élément adaptable du Parlement visant à préserver sa capacité de fonctionner correctement et efficacement, avec un minimum d’ingérence dans les droits légitimes des autres.
Honorables sénateurs, il faut considérer le privilège d’une façon dynamique, comme un arbre, pour que les atteintes soient abordées comme il se doit quand des forces indépendantes de notre volonté nous empêchent de nous acquitter de nos responsabilités de parlementaires et de sénateurs. En effet, ce sont des forces et des décisions indépendantes de la volonté des sénateurs non affiliés, à l’égard desquelles ils n’ont pas leur mot à dire, qui placent ces sénateurs dans une situation très désavantageuse. J’expliquerai ici quelques-uns de ces obstacles pour que tous en soient conscients.
Les sénateurs non affiliés ne participent pas aux réunions préparatoires et ne peuvent donc pas y faire valoir vigoureusement leurs priorités. Nous avons beaucoup de reconnaissance envers les employés du Bureau de la procédure et des travaux de la Chambre qui parlent, pendant les réunions préparatoires, des interventions que nous souhaitons faire, mais nous ne participons pas à ce processus de manière équitable, puisque les éléments souhaités par les sénateurs non affiliés ne sont pas défendus avec toute la vigueur que mettent les représentants de chaque groupe ou de chaque caucus à défendre les intérêts de ceux-ci lors des réunions préparatoires. Par ailleurs, pour les déclarations de sénateurs, on n’attribue pas de place aux sénateurs non affiliés. Il faut donc que les membres de groupes établis nous cèdent leur temps de parole pour que nous puissions intervenir. Le même phénomène se produit dans le cas des périodes de questions avec les ministres : les sénateurs non affiliés ont moins de chances que les autres de poser des questions au gouvernement et de lui demander des comptes. Il est arrivé à de nombreuses reprises que des sénateurs non affiliés demandent d’intervenir, mais ne soient pas invités à poser une question avant que le temps soit écoulé.
Les sénateurs non affiliés ne sont pas non plus consultés ni informés des décisions prises lors des réunions des leaders. Bien que ces réunions soient informelles et ad hoc, elles donnent lieu à des décisions importantes pour le Sénat, qu’il s’agisse des motions de programmation ou de décisions relatives aux séances hybrides. Si la plupart des autres sénateurs ont indirectement voix au chapitre dans ces questions par l’intermédiaire de leur leader respectif, ce n’est pas le cas des sénateurs non affiliés. Alors que la plupart des autres sénateurs sont informés des décisions prises sur ces questions, les sénateurs non affiliés sont tenus dans l’ignorance.
Tous ces éléments concourent très profondément à faire en sorte qu’un tout petit groupe de sénateurs est condamné à être constamment mal préparés et mal conseillés lors des séances du Sénat. Ils se sont également révélées être un obstacle dangereux pour représenter ceux que nous sommes censés servir.
Les sénateurs non affiliés ne pouvant pas participer équitablement aux délibérations et aux processus décisionnels du Sénat ni à l’obligation de demander des comptes au gouvernement au cours de la période de questions avec les ministres, ils se trouvent dans une situation intenable qui constitue une sérieuse atteinte à leur privilège collectif et a eu, à de nombreuses reprises, un impact négatif sur leur capacité à assumer leurs fonctions de sénateur.
Honorables sénateurs, comme notre Comité du Règlement l’a indiqué dans un document produit en 2015 sur le privilège parlementaire :
[...] afin de pouvoir assumer correctement et efficacement leurs fonctions de parlementaires et de représentants élus, les députés ne doivent pas craindre d’ingérence indue ou [...] d’obstruction.
Le comité a ajouté que, bien qu’il soit impossible de codifier tous ces cas, toute tentative d’obstruction, de nuisance, d’ingérence, d’intimidation ou de brutalité à l’endroit des parlementaires est souvent considérée comme une atteinte au privilège. Dans le document de travail de 2015 du Comité du Règlement, on peut lire :
Il va sans dire que les parlementaires doivent être en mesure de travailler dans un climat libre de toute obstruction, ingérence et intimidation afin de servir la population efficacement.
Le Comité du Règlement poursuit en disant :
En ce qui concerne les actes non physiques qui sont considérés comme de l’obstruction [...] le sous-comité est d’avis qu’il faudrait établir une procédure et l’appliquer pour s’assurer qu’on ne porte pas atteinte à la dignité du Parlement.
Honorables sénateurs, je vous demande à nouveau de réfléchir à la voix minoritaire des sénateurs non affiliés et de vous demander si le statu quo est acceptable, car s’il ne l’est pas, il incombe aux sénateurs, en tant que maîtres de leurs propres travaux, de contester cette injustice.
Je terminerai par d’autres sages paroles du Comité du Règlement du Sénat, toujours tirées de son document de 2015 :
On attend de lui qu’il soit transparent et accessible, qu’il rende des comptes au public et qu’il reflète les normes contemporaines de justice naturelle et d’équité procédurale.
Les Canadiens s’attendent à ce que le Parlement ait une conduite digne de son rôle. Une interprétation canadienne et contemporaine du privilège peut aider à faciliter et à protéger le travail des parlementaires tout en aidant à faire naître une fierté à l’égard de l’institution dans tout le Canada et le Commonwealth.
[Note de la rédaction : La sénatrice McCallum s’exprime en cri.]
Je vous remercie.
Sénatrice McCallum, le sénateur Plett souhaite poser une question, mais votre temps de parole est écoulé. Demandez-vous cinq minutes de plus pour répondre à une question?
Oui.
Le consentement est-il accordé, honorables sénateurs?
Merci, sénatrice McCallum, de votre discours. Je vais m’efforcer de formuler cette question comme il le faut. Je ne sais pas si je devrais m’exprimer ainsi, mais, avant qu’on sème la pagaille au Sénat en créant tous ces différents groupes au lieu de faire comme dans le bon vieux temps où il n’y avait que deux partis politiques dans cette enceinte, même à cette époque, sénatrice McCallum, il y avait des sénateurs indépendants ou non affiliés, et ces sénateurs non affiliés pouvaient généralement travailler avec le leader du gouvernement même s’ils ne faisaient pas partie du gouvernement. Je pense que la sénatrice Martin serait d’accord avec moi. Lorsqu’elle était leader adjointe, alors que Claude Carignan était le leader de l’opposition, elle s’entretenait tous les jours avec certains de ces sénateurs non affiliés et veillait à ce qu’ils puissent prendre la parole, poser des questions et faire des discours.
Sénatrice McCallum, ce que je trouve curieux est, premièrement, que vous portez le même titre que notre leader du gouvernement et notre leader adjoint. Ils sont aussi non affiliés, alors je pense que vous devriez au moins avoir les mêmes droits qu’eux, puisque vous portez le même titre. Cependant, dites-moi, sénatrice McCallum, quelle est la réponse. Si vous obtenez ce que vous demandez, il me semble que vous auriez un caucus de sénateurs non affiliés. Nous avons déjà trois ou peut-être quatre caucus de sénateurs non affiliés ou indépendants. Proposez-vous qu’on en ait un autre et que vous formiez un groupe de sénateurs non affiliés? Est-ce ce que vous proposez comme solution?
Je vous remercie de votre question. Nous avons déjà discuté de cet aspect. En ce qui concerne la modernisation du Sénat — ce dont tout le monde parle et dont il était déjà question avant mon arrivée ici —, j’avais cru comprendre que tous les sénateurs seraient un jour non affiliés, qu’il n’y aurait plus de caucus et que c’était l’avenir de cette institution. Le Sénat deviendrait une assemblée d’aînés et il serait géré différemment. C’est une question que j’ai soulevée. Compte tenu de l’autogouvernance du Sénat, quelle est la meilleure façon de procéder?
Étant donné le processus qui est en place pour apporter des changements, je ne crois pas que nous progressons. Je ne vois que des groupes qui se cantonnent encore plus dans des comportements semblables à ceux qu’on retrouve dans un caucus. Si nous étions plus nombreux, je pense que plus de sénateurs deviendraient non affiliés. Nous ne le savons pas. La situation évolue constamment, et il est difficile de dire ce que nous pourrions faire. Chose certaine, je trouve inacceptable d’être ainsi marginalisée.
J’ai pris la parole parce que j’ai besoin d’avoir une plus grande place qu’en ce moment. J’ai été en mesure d’attirer l’attention des sénateurs sur de nombreux dossiers pour les peuples autochtones et pour les Premières Nations parce que c’est pour eux que je travaille. Je remarque que je le fais de moins en moins. Je consulte plus souvent les membres de la communauté et j’essaie de trouver des moyens pour soulever leurs problèmes dans cette enceinte. Je ne sais pas quoi faire. Je tenais absolument à aborder la question. J’espère que certaines personnes dans notre institution pourront fournir une réponse pour la suite des choses.
Je réalise que je n’ai pas répondu à votre question. C’est un sujet délicat, mais il faut qu’on en discute. Il faut trouver une solution parce que je n’ai pas l’intention de rester assise ni de me joindre à un autre parti uniquement pour avoir la possibilité de remplir mon rôle. Merci.
Sénateur Plett, le temps est écoulé.
Votre Honneur, si je puis me permettre, j’aimerais participer au débat pendant cinq minutes pour dire officiellement certaines choses. Bien entendu, le débat pourra ensuite être de nouveau ajourné au nom de la sénatrice Pate, si je ne m’abuse.
Sénatrice McCallum, j’aimerais d’abord vous remercier encore une fois de votre discours. Je suis d’accord avec vous. Je n’approuve pas nécessairement la façon dont le Sénat est organisé. En fait, je ne l’approuve pas du tout. Je crois à l’ancienne façon dont le Sénat était organisé. Ce Sénat comptait des sénateurs non affiliés, comme vous, et cela fonctionnait très bien. Nous n’avions pas quatre ou cinq caucus prétendant tous être égaux et indépendants. Un seul caucus a suffisamment d’orgueil pour déclarer qu’il est conservateur. Même les libéraux ont décidé qu’ils avaient besoin d’un autre titre que celui qu’ils avaient l’habitude de porter. Ils forment pourtant toujours un caucus libéral. Mon bon ami et cousin le sénateur Harder se dit progressiste. Il a même laissé entendre qu’il serait peut-être progressiste-conservateur. Je ne suis pas certain si cela a été dit confidentiellement; si c’est le cas, sénateur Harder, je vous demande pardon.
Toutefois, sénatrice McCallum, vous avez tout à fait raison de dire que vous devez être traitée avec le même respect que tous les autres sénateurs. Il en va de même pour la sénatrice McPhedran, pour le sénateur Shugart et pour notre nouvelle collègue qui a été nommée aujourd’hui, la sénatrice Osler. À l’heure actuelle, vous formez un caucus de sept membres.
Bien que notre leader me regarde en se demandant où se trouvent ces sept sénateurs, il se considère lui-même comme non affilié, et il fait donc partie de votre caucus. Il devrait vous prendre sous son aile et vous traiter comme un membre de son caucus parce qu’il n’est pas libéral. Il représente le gouvernement sans être libéral. Je trouve cela étrange. C’est pourquoi nous l’appelons « leader », parce que nous pensons qu’il a été désigné comme tel. Pourtant, vous ne l’avez pas été, et vous vous retrouvez à vouloir faire des choses.
Certains caucus — peut-être tous — ont pris un ou plusieurs d’entre vous au moins partiellement sous leur aile pour vous permettre de siéger à des comités. Au sein de notre caucus, c’est le cas de la sénatrice McPhedran et du sénateur Brazeau. Nous avons donc en partie fait notre part, mais ce n’est pas suffisant.
Combien de créneaux devriez-vous obtenir? Je n’en suis pas certain. Combien de fois devriez-vous avoir la possibilité de poser des questions? Je n’en suis pas certain. Cependant, sans vouloir être désobligeant envers notre leader et notre leader adjointe, je crois fermement que vous devriez relever de ces derniers. C’est ainsi que les choses se passaient dans le bon vieux temps. Il y avait du bon dans le bon vieux temps.
Cette expérience que le premier ministre a entreprise il y a quelques années a créé un certain nombre de difficultés. Elles se multiplient en ce moment même, et on ne vous donne pas l’occasion de remplir votre rôle. Vous, en particulier, sénatrice McCallum, vous avez clairement indiqué quelles sont vos motivations dans cette assemblée. Vous avez une circonscription que vous représentez, mais vous n’êtes pas en mesure de remplir vos fonctions correctement à moins de rejoindre un caucus. C’est ce que vous avez fait, mais cela n’a pas fonctionné.
Vous êtes à nouveau non affiliée — si je ne me trompe pas — et, de fait, vous devriez avoir ce droit. Vous devriez être en mesure de faire des déclarations au Sénat — pas tous les jours, peut-être même pas toutes les semaines, mais vous devriez certainement être en mesure de le faire. En outre, vous ne devriez pas avoir à vous présenter devant un conservateur, ou devant l’un des autres caucus, pour demander une place. On devrait vous donner une place. Je suis d’accord avec cela. Je ne suis simplement pas sûr qu’il y ait une réponse claire à votre dilemme, à moins que le gouvernement ne fasse ce que je pense qu’il devrait faire, à savoir vous prendre complètement sous son aile et vous dire : « Vous faites partie de notre groupe, de notre caucus. Nous veillerons à ce que vous puissiez représenter correctement votre circonscription », car c’est un point important.
Le Sénat est censé défendre les intérêts des minorités, pas uniquement des majorités. Pourtant, nous sommes presque devenus minoritaires dans cette assemblée. Nous sommes toujours le deuxième groupe en importance, et bientôt, je l’espère, nous serons bien plus nombreux. J’allais dire « bientôt, heureusement », mais nous ne savons pas avec certitude quand auront lieu les élections.
Néanmoins, sénatrice McCallum, j’appuie votre suggestion. Si le caucus conservateur peut faire quelque chose pour s’assurer que vous êtes traitée avec le respect que vous méritez, laissez-nous le savoir. J’interviendrai dans cette enceinte pour vous exprimer constamment mon appui. Nous ne nous entendons peut-être pas sur certaines questions, sénatrice McCallum, mais comme je l’ai dit par le passé, je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez exprimer vos opinions, et j’espère que vous feriez la même chose pour moi. Nous ne partageons peut-être pas toujours les mêmes opinions, mais nous nous entendons là-dessus.
Je ne prends pas souvent un verre, mais j’en ai pris un il y a quelques mois avec quelqu’un qui siège au Sénat. Je ne citerai aucun nom, mais il s’agit certainement d’un sénateur dont les opinions ont été diamétralement opposées aux miennes pour l’essentiel de nos vies. Cependant, il m’a invité à aller prendre un verre de vin avec lui. Nous voulions parler. Il m’a dit : « Vous savez, Don, vous et moi ne convenons certainement pas de la façon de réaliser l’objectif que nous voulons atteindre, mais nous convenons de l’objectif que nous voulons atteindre. Nous sommes tous deux des Canadiens passionnés. Nous croyons tous les deux fermement à notre objectif, la question est de savoir comment l’atteindre. » Je pense qu’on pourrait dire la même chose, sénatrice McCallum, de ce que vous essayez de faire.
J’ai passé une grande partie de ma vie adulte à travailler dans les régions où vous avez vécu la majeure partie de votre vie adulte. Je vois un bon nombre des problèmes. Je sais ce que vous faites. Ces dossiers me tiennent à cœur et je suis enthousiaste à l’égard de ce que vous essayez de faire au Sénat. Il est injuste que vous ne puissiez pas intervenir en temps opportun et prendre la parole. Vous avez notre soutien. Je ne sais pas non plus quelle est la réponse, mais je pense que vous devez commencer par — et je vais les mettre sur la sellette ici — aller voir le leader et la leader adjointe du gouvernement et leur dire : « Écoutez, nous faisons partie de votre caucus. Vous n’êtes pas affiliés. Nous ne sommes pas affiliés. Nous exigeons d’avoir les mêmes droits que vous. » Je vous appuierai dans cette démarche. Merci beaucoup, chers collègues.
La proposition du sénateur Plett m’intrigue. Je ne suis pas au Sénat depuis aussi longtemps que vous, mais j’en sais suffisamment au sujet de la constitution actuelle du Sénat pour comprendre que le leader du gouvernement et son équipe ont certaines responsabilités. Toutefois, contrairement à d’autres groupes, ils n’ont pas le pouvoir de faire des déclarations. Ils peuvent toujours prendre la parole et faire une déclaration, bien entendu, mais ils ne peuvent pas le faire, par exemple, à chaque jour comme trois membres de votre caucus ou deux membres du nôtre.
Plus important encore, alors que les membres du bureau du représentant du gouvernement, ou BRG, sont membres d’office des comités — où, nous en conviendrons tous je crois, s’accomplit le vrai travail —, ils n’y siègent pas. Je crois que c’est ce que demande la sénatrice McCallum. J’ai entendu les sénatrices McCallum et McPhedran, lorsqu’elles faisaient partie du Groupe des sénateurs indépendants et lorsqu’elles étaient non affiliées, prendre la parole à de nombreuses occasions...
Je m’excuse de vous interrompre, sénatrice Omidvar, mais il semble que nous avons atteint l’heure fatidique. Il est maintenant 18 heures, et l’article 3-3(1) du Règlement m’oblige à quitter le fauteuil jusqu’à 20 heures à moins que les sénateurs consentent à ne pas tenir compte de l’heure. Vous plaît-il, honorables sénateurs, de faire abstraction de l’heure?
La séance est suspendue jusqu’à 20 heures.