Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

L'honorable Dennis Glen Patterson

13 décembre 2023


L’honorable Scott Tannas [ + ]

Honorables sénateurs, si vous cherchez « Dennis Patterson » sur Google, voici les résultats que vous obtiendrez : avocat, sénateur, ancien premier ministre, neuroscientifique, défenseur de la LNH, musicien, et scénariste de films hollywoodiens. Dennis, je crois que vous ne nous avez pas dit tout ce qu’il y avait à savoir sur vos compétences.

Plus sérieusement, c’est un honneur pour moi de rendre hommage à mon ami le sénateur Dennis Patterson qui nous quitte, qui est mon collègue au sein du Groupe des sénateurs canadiens, dont il a été leader adjoint, et un fervent défenseur du Nunavut. Dennis est arrivé ici en 2009, il y a donc cinq législatures. Avant d’être nommé au Sénat, il a commencé sa carrière en tant qu’avocat et il a été directeur exécutif et fondateur du Centre des services juridiques d’Iqaluit.

En 1979, il a été élu député dans les Territoires du Nord-Ouest. Au cours des 16 années qu’il a passées à l’Assemblée législative, il a occupé de nombreuses fonctions, notamment celles de ministre de l’Éducation, ministre de la Santé et des Services sociaux et ministre de la Justice, avant de devenir premier ministre entre 1987 et 1991.

En 1982, le sénateur Patterson faisait partie de la délégation qui a exercé des pressions afin que l’article 35 soit réintégré à la Constitution après en avoir été supprimé lors d’une réunion de fin de soirée réunissant neuf premiers ministres provinciaux. Il a aussi pris part aux négociations constitutionnelles du lac Meech. Le sénateur Patterson a directement contribué à la version finale de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut et il a été une figure de proue de la campagne réclamant la création d’un nouveau territoire canadien. Cette campagne, qui a duré plus d’une vingtaine d’années, a finalement abouti à la création du Nunavut en 1999. Sa participation à tous ces événements fait de Dennis l’un des pères modernes de la Confédération.

Pendant son long passage au Sénat, il a présidé le Comité des peuples autochtones et le Comité spécial sur l’Arctique. Je crois toutefois que sa principale réalisation demeure le rapport sur l’Arctique intitulé Le Grand Nord : Un appel à l’action pour l’avenir du Canada. Il n’a d’ailleurs pas mâché ses mots dans ce rapport. Selon ce qu’on peut y lire : « Le Nord est l’avenir du Canada, et à de nombreux égards. »

Même s’il est né en Colombie-Britannique, son cœur et son âme appartiennent tout entiers au Nord canadien.

J’ai eu l’immense chance de côtoyer Dennis de près ces dernières années, et j’ai pu apprécier la valeur de ses sages conseils et de son point de vue sur le rôle du Sénat et la saine gestion du Groupe des sénateurs canadiens. Ses réunions préparatoires vont me manquer, car elles étaient toujours très détaillées — très, très détaillées, mes collègues pourront le confirmer.

Lorsque Dennis a été nommé au Sénat, le premier ministre du Nunavut lui a dit que le mot « sénateur » était traduit en inuktitut par ittuk, ce qui signifie « un vieil homme ». Il a répondu au premier ministre que ce terme ne s’appliquait pas à lui à l’époque, car il ne se sentait pas encore vieux. Dennis, je crois que rien n’a changé à cet égard, si l’on en croit vos projets d’avenir.

Dennis, vous nous manquerez beaucoup. Cependant, le malheur du Sénat fera le bonheur de votre famille. Nous sommes sûrs qu’Evelyn se réjouira que vous soyez plus souvent là. Nous souhaitons à Dennis une très bonne retraite.

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, j’aimerais aujourd’hui rendre hommage au sénateur Dennis Glen Patterson et le remercier de toutes ses années au service du Sénat et des habitants de son Nunavut adoré.

Le sénateur Patterson, comme chacun sait, a consacré la totalité de sa vie adulte à la chose publique. Il a d’abord été élu à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, en 1978. Il avait à peine 29 ans. Il a ensuite été ministre de l’Éducation, ministre de la Justice et ministre des Affaires municipales avant d’être désigné cinquième premier ministre du territoire, en 1987.

Comme on vient de l’entendre, mais nous le savions déjà de toute façon, le sénateur Patterson a directement contribué au règlement de deux revendications territoriales historiques, y compris la revendication inuite qui a mené à la création du Nunavut, en 1999. Un vrai père de la Confédération.

Le sénateur Patterson a été nommé au Sénat sur l’avis du premier ministre Stephen Harper en 2009. Depuis plus de 14 ans qu’il est ici, il a siégé à de nombreux comités, dont le Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles dernièrement. Il est aussi membre de longue date du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones. Que ce soit ici ou dans les comités, ses interventions ne laissent planer aucun doute quant à son dévouement et à son attachement envers les habitants du Nunavut.

Comme le sénateur Tannas l’a souligné, en tant que président du Comité spécial sur l’Arctique, lui et les membres du comité ont rédigé un rapport précurseur intitulé Le Grand Nord : Un appel à l’action pour l’avenir du Canada. Quiconque se soucie de l’environnement du Canada et comprend à quel point le Nord est un élément fondamental de notre identité nationale devrait lire ce rapport.

Dans une récente entrevue qu’il a accordée aux médias, en réfléchissant à ses années au Sénat, le sénateur Patterson a donné ce conseil à quiconque choisit de poser sa candidature pour lui succéder à la Chambre. Il a déclaré — vous devriez donc tous écouter :

Exprimez-vous. Vous avez le devoir de faire entendre votre voix. Notre région est la plus vaste et celle qui doit relever les plus grands défis. Soyez fort, faites-vous bien entendre, soyez agressif et vous ferez bouger les choses.

Dennis, vous avez certainement mis en pratique ce que vous prêchez. Agressif? Je ne vais pas vous embêter avec ça, mais vous avez été énergique, dans le meilleur sens du mot. Vous avez rendu le Nunavut fier et vous avez très bien servi au Sénat.

Nous, du Bureau du représentant du gouvernement, vous souhaitons la meilleure des chances. J’espère que le prochain chapitre de votre vie sera aussi excitant et significatif pour vous que les chapitres précédents l’ont été pour nous. Vous allez nous manquer. Merci.

L’honorable Yonah Martin (leader adjointe de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au nom du caucus de l’opposition conservatrice afin de rendre hommage à notre collègue et ami, le sénateur Denis Glenn Patterson, alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite du Sénat du Canada le 30 décembre 2023.

Le sénateur Patterson est un pionnier. Il a mis en lumière les difficultés que vivent les gens du Nord et fait valoir la nécessité d’améliorer les ressources pour assurer l’égalité des chances à tous les Canadiens. Je félicite le sénateur Patterson de son dévouement, de son savoir et de l’ardeur avec laquelle il défend de nombreuses causes ainsi que l’intérêt des gens du Nord.

Le sénateur Patterson a été premier ministre des Territoires du Nord-Ouest avant sa nomination au Sénat, sans parler de tous ses autres titres professionnels, que le sénateur Tannas a énumérés. Pendant 16 ans, il a été député à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, où il a occupé le poste de ministre de l’Éducation, de ministre de la Santé et des Services sociaux et de ministre de la Justice. Il a aussi joué un rôle important dans la Convention définitive des Inuvialuit, dans l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut et dans la campagne qui a mené à la création du plus récent territoire du Canada, le Nunavut. C’est ce fier passé au sein de la fonction publique dans le Nord qu’il a amené avec lui au Sénat.

Le sénateur Patterson a été un précieux membre de plusieurs comités au fil des ans : le Comité permanent des peuples autochtones, qu’il a présidé pendant la quarante-et-unième législature; le Comité de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles; le Comité des affaires juridiques et constitutionnelles; et le Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise. Il a aussi participé à l’étude de nombreux projets de loi et dossiers importants.

Fait à noter, le sénateur Patterson a aussi présidé le Comité sénatorial spécial sur l’Arctique, qui s’est penché sur les changements importants et rapides qui se produisent dans l’Arctique et les effets de ces changements sur les premiers habitants. Il a joué un rôle déterminant dans la rédaction de la version finale du rapport intitulé Le Grand Nord : Un appel à l’action pour l’avenir du Canada.

Fort de son bagage d’expérience et de son expertise, il a favorisé la tenue de débats sains, tant au Sénat que dans les divers comités. À titre de sénateur représentant le Nunavut, il a défendu sans relâche les droits des habitants du Nord et a célébré l’histoire et la culture des Canadiens vivant au Nunavut.

Sénateur Patterson, je vous remercie pour vos 14 années de service et votre précieuse contribution au Sénat du Canada. Je tiens également à saluer votre famille et à la remercier pour son soutien indéfectible et ses sacrifices.

Honorables sénateurs, je vous demande de vous joindre à moi pour offrir nos meilleurs vœux à notre collègue alors qu’il s’apprête à quitter le Sénat pour se lancer dans une nouvelle aventure.

L’honorable Bernadette Clement [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole au nom du Groupe des sénateurs indépendants. Sénateur Patterson, l’occasion me paraît tout à fait appropriée. Nous avons tous les deux occupé les fonctions de directeurs généraux de cliniques d’aide juridique, de membres du Comité des transports et des communications ainsi que du Comité des affaires juridiques et constitutionnelles, puis de responsables du plumitif pour notre groupe respectif. Même si vous avez passé le flambeau à notre autre honorable collègue Patterson, ceci est un hommage à mon homologue.

Sénateur Patterson, vous avez été l’un des premiers sénateurs à venir me parler après une séance du Sénat, au début de mon mandat. Vous avez abordé notre expérience commune dans les services d’aide juridique. J’étais tellement flattée que vous aviez écouté attentivement les discours de bienvenue et pris connaissance de ma biographie. Je ne le savais pas à ce moment-là, mais votre gentillesse et votre bienveillance à mon égard reflétaient tout simplement votre vraie nature. Vous défendez vigoureusement les intérêts de votre région, vous êtes un grand communicateur pour tout ce qui touche la population et le territoire que vous représentez, et votre passion pour le Nord est clairement la force motrice de tout ce que vous accomplissez. Je tiens également à remercier votre famille pour le sacrifice de votre temps dans cette enceinte au cours des 14 dernières années.

La société Maliiganik Tukisiiniakvik, un centre de services juridiques à Iqaluit, avait lancé un projet pilote assorti d’un faible budget et pourvu d’un petit bureau. Au 40e anniversaire du centre, vous aviez prononcé un discours à titre d’invité de marque et vous y aviez décrit un environnement juridique où :

Les avocats n’avaient jamais la chance de connaître leurs clients, et encore moins leur famille et les communautés dans lesquelles ils vivaient. Puis, ils partaient [...]

La clinique d’aide juridique que vous avez fondée et dont vous avez été directeur général, était une réponse à ce type de « justice en avion ». Cette vision ambitieuse a évoluée pour devenir « […] un modèle enviable qui offre des services juridiques aux personnes marginalisées ».

Au sein du Comité des transports et des communications, vous avez récemment présenté le projet de loi S-242. En fin de compte, parler du déploiement de spectre à large bande fait ressortir les véritables mordus dans le groupe. Vous avez donné le goût au reste d’entre nous de creuser ce sujet fascinant, mais aussi d’établir des liens avec nos régions respectives, où le projet de loi pourrait améliorer le sort d’autres Canadiens.

Pour bon nombre de sénateurs ici, notre relation avec les membres de notre personnel, surtout ceux et celles qui sont avec nous depuis longtemps, est spéciale. Souvent, ils nous connaissent mieux que quiconque et même mieux que nous ne le voudrions. Je voulais donc terminer ce discours avec deux révélations que m’a faites madame Claudine Santos. Premièrement, lorsque je lui ai posé une question au sujet de vos pas de danse endiablés pendant la fête de Noël de l’an dernier, elle vous a dénoncé en me dévoilant que vous avez eu tellement de plaisir que vous avez manqué une réunion de comité. Deuxièmement, et plus sérieusement, elle m’a confié ceci :

Travailler avec le sénateur Patterson et apprendre de lui a été l’un des plus grands privilèges et l’un des plus grands honneurs de ma vie. Il m’a inculqué un amour du Nord que je porterai en moi pour toujours. Je suis heureuse qu’il prenne sa retraite après une vie consacrée à servir le public, mais je suis triste que les générations futures de Canadiens ne puissent pas bénéficier directement de sa sagesse. Je suis enthousiaste à l’idée de dormir davantage, mais triste de perdre mon mentor et mon complice. Cela dit, je mangerai de temps en temps un bol de céréales à minuit en son honneur et je repenserai aux soirées passées à faire le point sur la journée ou à revivre certaines des anecdotes de nos nombreux voyages. Chaque fois que je serai déprimée, je m’arrêterai, je prendrai une grande inspiration et je me souviendrai de la chance que j’ai eue, et que j’ai toujours, de pouvoir désormais compter Dennis Patterson parmi mes amis.

Sénateur Patterson, du fond du cœur, je vous dis merci et, au nom du Groupe des sénateurs indépendants, qujannamiik et nia:wen.

L’honorable Wanda Thomas Bernard [ + ]

Honorables sénateurs, je prends aujourd’hui la parole au nom du Groupe des sénateurs progressistes afin de rendre hommage au sénateur Patterson. Mon intervention prendra la forme d’une remise de prix imaginaire. Je souhaite en effet remettre au sénateur Patterson le prix du Héros méconnu au nom de la communauté noire du Nunavut.

Pour mieux vous situer, en 2021, le président de la société de l’histoire des Noirs du Nunavut m’a invitée à me rendre au Nunavut pour recevoir un prix soulignant l’ensemble de mes réalisations et pour assister à une activité organisée dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Or, comme chacun sait, la COVID-19 et les contraintes de la vie m’ont empêchée d’y aller. Quoi qu’il en soit, mon futur voyage au Nunavut avait déjà emballé la machine médiatique.

Un soir, après avoir lu un article, le sénateur Patterson m’a appelée pour en savoir plus sur mon voyage au Nunavut et pour savoir où j’avais appris le breakdance. Le journal en question avait mêlé plusieurs choses et avait écrit que j’allais au Nunavut avec l’argent du gouvernement fédéral pour faire du breakdance et faire la démonstration de mes autres talents lors d’une activité organisée dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Nous avons beaucoup ri, chers collègues. Comme l’a dit la présidente de la société de l’histoire des Noirs du Nunavut, Stephanie Bernard — aucun lien de parenté avec moi :

Le sénateur Patterson est très proche de la communauté noire du Nunavut depuis 10 ans. Nous le remercions d’être de tout cœur avec nous. Il nous manquera énormément comme sénateur du Nunavut. Notre gratitude de même que notre amour pour lui et le modèle qu’il a été resteront néanmoins gravés dans nos cœurs.

De son côté, Tanika Simmons estime qu’il est un véritable allié, et pas seulement pendant le Mois de l’histoire des Noirs.

Le sénateur Patterson a été d’un grand soutien pour les Noirs du Nunavut, car il consacre toute son énergie à représenter et à défendre les habitants du Nunavut, quels qu’ils soient. Alors aujourd’hui, j’ai l’immense plaisir de lui remettre ce prix du Héros méconnu au nom de la communauté noire du Nunavut. Je vous remercie en son nom de toutes les années que vous avez passées à la servir, à la soutenir et à la défendre.

Si jamais vous vous ennuyez une fois à la retraite, rappelez-vous que le breakdance est désormais une discipline olympique. Asante. Merci.

L’honorable David M. Wells [ + ]

Comment faire mieux que ça, sénatrice Bernard?

Honorables sénateurs, je souhaite aujourd’hui rendre hommage à un collègue de confiance et à un bon ami. Le sénateur Dennis Patterson est au Sénat depuis près de 15 ans, dont 11 en même temps que moi, et c’est pendant cette période-là que j’ai pu apprendre à le connaître. Il maîtrisait chacun de ses dossiers. Au Sénat, il a servi le Nord et le reste du Canada avec distinction et il s’est plus particulièrement intéressé à l’industrie de la chasse au phoque, qu’il continue de défendre ardemment.

Il se fiait à ses connaissances et à ses principes pour aborder tout ce qu’il faisait ici au Sénat, que ce soit sur le parquet ou dans les comités. Je suis d’accord avec le sénateur Tannas quand il décrit son attitude pendant les réunions préparatoires. « Tenace » me vient aussi à l’esprit.

Monsieur le sénateur, je vous suis reconnaissant du service que vous avez rendu au Sénat et à notre pays. Je vous souhaite une excellente retraite.

Honorables sénateurs, je tiens à remercier la sénatrice Rebecca Patterson de m’avoir donné sa place.

Je prends la parole pour rendre hommage au sénateur Dennis Patterson, un allié non seulement des Premières Nations, des Métis, des Inuits et des Autochtones non inscrits, mais aussi de tous les gens qu’il représente. J’utilise le terme « allié » pour souligner l’engagement du sénateur Patterson, qui nous a soutenus dans notre lutte contre l’oppression et la marginalisation, et pour les droits de la personne et la justice sociale.

Il joue son rôle d’allié en menant des consultations et des recherches pour se renseigner sur des questions complexes, en offrant du soutien et des conseils aux sénateurs pour les aider à remplir leurs fonctions et en remettant en question les forces qui nous dominent.

Même s’il a des proches qui sont inuits, le sénateur Patterson n’exploite pas les luttes des Inuits en se les appropriant, mais il dénonce avec courage les réalités passées et actuelles qui ont pour effet de marginaliser les Premières Nations, les Inuits, les Métis et les Autochtones non inscrits, ayant plus récemment dénoncé la fraude d’identité qui a des répercussions sur la nation innue.

Le sénateur Patterson a été pour moi un mentor qui a contribué à changer ma façon de percevoir mes responsabilités sacrées en tant que sénatrice.

En tant que femme des Premières Nations, j’ai connu dans mon enfance des gens qui m’ont appris à faire mon chemin sur la terre. Plus tard dans ma vie, j’ai rencontré d’autres personnes, comme le sénateur Patterson, qui m’ont appris à trouver un sens au monde dans lequel je me retrouve maintenant, au Sénat.

En tant que membres des Premières Nations, nous apprenons tout au long de notre vie. Voilà pourquoi le temps que nous avons passé ensemble en tant que sénateurs continue à structurer ma vie de manière fondamentale, car j’acquiers de nouvelles compétences qu’il est important d’avoir dans cette enceinte.

Sénateur Patterson, le temps que nous avons passé ensemble et votre mentorat m’ont façonnée de manière positive. J’espère que vous êtes fier de savoir que vous avez contribué à me façonner, mais aussi à façonner beaucoup d’autres personnes. Votre énergie tranquille et les discussions approfondies que nous avons eues me laissent un excellent souvenir, et je sais que nous resterons des amis pour la vie. Je promets de ne pas vous téléphoner à deux heures du matin, en proie à la panique, pour vous demander conseil.

Je voudrais conclure par cette citation :

[...] chacun laisse des traces de son passage et de ses actions dans son environnement physique [...]

Je dirais aussi dans son environnement émotionnel, social, psychologique et politique. Sénateur Patterson, à l’aube de votre retraite, soyez assuré que la marque positive et indélébile que vous avez laissée sur moi, sur le Sénat, sur le territoire que vous représentez et sur le Canada demeurera à jamais. Kinanâskomitin. Merci.

L’honorable Pat Duncan [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole afin de rendre hommage à mon cher collègue du Nord le sénateur Dennis Patterson et de le remercier.

En 1987, lorsqu’il était chef du gouvernement, il n’y avait que deux territoires, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. Le chef du gouvernement du Yukon, Tony Penikett, et lui ont cherché à participer à la conférence des premiers ministres réunissant les premiers ministres des provinces. Dennis pourra raconter mieux que moi l’accueil qu’on leur avait réservé. Ce dont je suis certaine, c’est que je dois à Dennis d’avoir pu, des années plus tard, employer le terme « premier ministre » plutôt que chef du gouvernement, ce qui en avait fait sourciller plusieurs à Ottawa. C’est grâce au travail de pionnier de Dennis que ceux qui l’ont suivi ont pu avoir leur place à la conférence des premiers ministres, qu’on appelle aujourd’hui le Conseil de la fédération, en tant que réels partenaires du Nord.

Honorables sénateurs, nous ne sommes peut-être pas toujours d’accord, nous ne portons pas tous des cravates de la même couleur, certains parmi nous ne portent même pas de cravate, mais nous formons une famille et nous nous protégeons les uns les autres comme les membres d’une famille le font. C’est ce sens de la famille nordique et la volonté de se serrer les coudes qui ont fait en sorte que trois premiers ministres du Nord, des successeurs à Dennis et moi, ont quitté les réunions avec les premiers ministres à Ottawa, en 2003, pour protester contre le financement du système de santé dans le Nord.

Représenter le Nord est une tâche difficile dans le meilleur des cas. Il est incroyablement difficile de représenter une vaste étendue géographique parsemée de petites localités situées à des milliers de kilomètres d’ici. Nous avons tous deux fait du porte-à-porte dans de petites collectivités où les citoyens nous ont dit en personne leurs quatre vérités, de la manière directe qui caractérise les habitants du Nord. La plupart du temps, pour ne pas dire à tout coup, un chien se trouvait sur le pas de la porte, et son aboiement était bien souvent l’accueil le plus chaleureux que l’on nous réservait ce jour-là.

Honorables sénateurs, comme moi, Dennis a été élu député à l’assemblée législative de son territoire, que l’on appelait alors les Territoires du Nord-Ouest. Dennis aurait dit récemment que lorsqu’il a été élu député, les Aînés lui ont dit ceci :

Nous vous aiderons à vous porter candidat aux élections. Mais n’oubliez pas que ce n’est pas vous qui avez le pouvoir, mais nous. Nous vous dirons quoi faire. Vous avez notre soutien parce que nous pensons que vous savez comment exploiter le système, mais n’oubliez jamais que c’est nous qui dirigeons.

Dennis Patterson a suivi ces conseils et a été la voix du Nunavut depuis le tout début, lorsqu’il a participé à la création du territoire. Il a toujours su se faire entendre. Il connaît bien la région, ses habitants, et il a la capacité unique de s’exprimer en leur nom pour faire valoir leur point de vue dans la capitale nationale et partout au pays.

Sénateur Patterson, au nom de la population du Nord, j’exprime notre immense gratitude pour votre dévouement envers le service public. Je vous remercie de fond du cœur et je remercie particulièrement votre famille de vous avoir permis de servir le Canada.

Sénateur Patterson, vos judicieux conseils et votre leadership me manqueront. Je me fais la voix des Premières Nations du Yukon en vous disant « Gùnáłchîsh » et « Mahsi’cho ». Merci.

L’honorable Jane Cordy [ + ]

Honorables sénateurs, je suis moi aussi ravie de rendre hommage à notre collègue le sénateur Dennis Patterson. La vie nous joue parfois des tours et nous réserve des surprises qui peuvent nous faire changer de direction et modifier sensiblement notre parcours. En fait, cela arrive si souvent que nous retenons invariablement les grands changements, mais que les petits événements du quotidien nous échappent parce qu’ils sont tellement imperceptibles que nous ne voyons pas que notre parcours a été modifié.

Je parle de cela pour souligner que la carrière politique du sénateur Patterson a débuté en 1979 quand les aînés de la collectivité l’ont encouragé à se présenter comme député provincial pour représenter Iqaluit — auparavant Frobisher Bay —, à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest. Comme Denis Patterson avait une formation de juriste, la décision de se lancer en politique a certainement modifié son plan de carrière initial.

Soit dit en passant, le sénateur Patterson est diplômé de l’Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse. Il a été élu quatre fois à l’assemblée législative du territoire, jusqu’en 1995. Il a notamment occupé les fonctions de ministre de l’Éducation, ministre de la Justice et ministre des Affaires municipales. Il a été le cinquième premier ministre des Territoires du Nord–Ouest de 1987 à 1991.

Le sénateur Dennis Patterson a grandement contribué à la création du Nunavut comme territoire. Évidemment, ce fut un parcours long et difficile, mais dont il se souvient comme un des points forts de sa carrière.

De retour à ses anciennes amours dans le domaine du droit après son mandat de premier ministre, le sénateur Patterson a fondé un cabinet privé d’experts-conseils et a été admis au Barreau du Nunavut en 2001. Il est fiduciaire depuis 2003.

Dennis a été nommé au Sénat pour représenter le Nunavut en 2009 par le premier ministre Stephen Harper. Pendant son mandat au Sénat, il a été un ardent défenseur des gens du Nunavut et a su amener les enjeux touchant son territoire sur la scène nationale. Il a braqué les projecteurs sur l’importance de construire davantage d’infrastructures maritimes au Nunavut et a vu des projets, tels que le port en eau profonde d’Iqaluit et des ports pour petits bateaux de pêche dans des petites localités, être menés à bien.

Dennis, je sais que vous avez souvent parlé de ce que vous souhaitez pour le Nunavut. Je suis sûre que vous continuerez de défendre activement le Nord et ses habitants lorsque vous aurez quitté le Sénat.

Ce fut un plaisir de travailler avec vous et de vous avoir comme voisin dans l’édifice Victoria. Au nom du Groupe progressiste du Sénat, je vous souhaite tout le bonheur du monde dans le prochain chapitre de votre vie. J’espère que vous profiterez des moments bien mérités que vous passerez avec votre famille et que vous saurez vous reposer un peu.

Mes meilleurs souhaits à vous pour toujours, Dennis.

L’honorable Paula Simons [ + ]

Le sénateur Patterson et moi nous sommes vraiment rencontrés pour la première fois pendant l’étude du projet de loi C-69 au sein du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles. Nous venions tout juste de tenir la première journée d’audience sur le projet de loi à Vancouver, et nous devions prendre l’avion à destination de Calgary.

On m’avait dit que nous prendrions un vol nolisé et, comme je venais d’être nommée sénatrice, je m’étais fait une idée plutôt romantique de ce que serait ce vol. Malheureusement, lorsque nous sommes montés à bord, j’ai découvert que j’étais loin d’être en première classe. C’était un vieil appareil à turbopropulseur, dont les sièges n’étaient pas munis de ceintures de sécurité enveloppant les hanches. C’était plutôt une sorte de harnais à trois points d’attache qui serrait tout le corps. On avait l’impression de s’embarquer pour une aventure périlleuse.

Je suis montée à bord de l’avion à mon corps défendant et j’ai aperçu le sénateur Patterson, qui affichait le calme et la sérénité du vétéran ayant à son compte de nombreux vols nordiques. Je me suis affalée sur le siège juste à côté de lui, et certains regards se sont tournés dans ma direction, moi, membre du Groupe des sénateurs indépendants, qui venait d’oser s’asseoir à côté d’un conservateur.

Nous avons parlé pendant tout le trajet à destination de Calgary.

J’ai appris que nous avions tous les deux étudié la littérature anglaise à l’Université de l’Alberta et que le sénateur Patterson avait travaillé comme journaliste. Nous partagions le même amour du théâtre.

Après notre descente de l’avion, j’ai pu voir toute l’énergie et la sincérité qu’il consacrait à l’amélioration du projet de loi C-69. J’ai vu tout de suite que j’aspirais à faire preuve de la même éthique de travail que lui.

Toutefois, il n’a pas toujours été facile de suivre l’exemple du sénateur Patterson. Je me souviens du jour où un groupe de sénateurs et d’employés du Sénat sont arrivés à Prince Rupert pour les audiences sur le projet de loi C-48. Nous formions une grande délégation et il n’y avait pas assez de taxis pour nous conduire tous à l’hôtel. Le sénateur Patterson a pris ses bagages et a annoncé qu’il irait à pied. Je me suis dit que si un sénateur de 70 ans était capable de monter cette côte sous la pluie, je pouvais moi aussi bouger mon derrière de sénatrice de 54 ans.

J’ai donc pris mon sac à ordinateur et ma valise à roulettes et me suis mise en route sous une averse qui est vite devenue de la neige fondante pendant que nous tentions de trouver notre chemin jusqu’à l’hôtel. C’est ainsi, dans le froid et l’humidité, que j’ai appris les risques qu’il y a à suivre les traces du sénateur Patterson ou à faire confiance à son sens de l’orientation.

Heureusement, son autorité morale au sein de cette institution a été bien plus fiable, qu’il s’agisse du fait qu’il ait changé de camp en raison de son malaise face à la manière dont certains membres de son parti ont accueilli l’anarchie du mouvement du convoi pour la liberté, de sa défense des libertés civiles au sein du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, ou de sa lutte pour les intérêts de son peuple, pour son Nunavut bien-aimé.

Son humour, sa compassion, sa collégialité et son travail acharné me manqueront. Je lui souhaite un ciel clair et des sentiers dégagés, peu importe où ses pas le mèneront.

L’honorable Julie Miville-Dechêne [ + ]

Honorables sénateurs, j’ai le plaisir de rendre hommage au sénateur Dennis Patterson, que j’ai appris à connaître et à apprécier dès ma première année au Sénat.

Nous avions certes nos divergences politiques, dont bon nombre tiennent encore, mais j’ai tout de suite su que Dennis était un homme travaillant, qui connaissait le jeu politique et qui avait une bonne compréhension des politiques publiques.

J’ai surtout été frappée par le nombre de discours de fond fouillés que Dennis Patterson a prononcés sur toutes sortes de sujets. Il ne s’intéressait pas seulement au sort des Canadiens du Nord, il semblait capable de traiter en long et en large de n’importe quel sujet, même vêtu d’un manteau en peau de phoque. Pour la Montréalaise que je suis, c’était plutôt spécial.

Dennis et moi avons eu l’occasion de mieux nous connaître lors de la longue étude controversée du projet de loi C-48, qui visait à interdire aux navires-citernes de pénétrer dans les eaux côtières du Nord de la Colombie-Britannique. Nous avons voyagé ensemble et nous nous entendions sur un point crucial : cette interdiction divisait profondément les Premières Nations. Certaines l’appuyaient parce qu’elles voulaient protéger les eaux côtières où elles pêchaient, alors que d’autres s’y opposaient parce qu’elle les privait des retombées économiques de l’exploitation du pétrole.

Le sénateur Patterson et moi avons travaillé sur un amendement qui constituait une solution pragmatique, mais ouverte. Je n’avais pas d’expérience. Il a su se montrer patient et il m’a fait profiter de ses connaissances. Finalement, le compromis que nous avions trouvé a été rejeté, pour toutes sortes de raisons. Il faut dire avec le recul que notre plan était sans doute irréaliste. Or, le sénateur Patterson n’avait rien à voir avec cet échec, et celui-ci ne l’a pas détourné de son objectif premier : toujours chercher un compromis raisonnable et réaliste.

Cet automne, le Comité des transports a décidé de sillonner le Canada pour étudier les effets des changements climatiques sur les transports. Mais, ô surprise, nous avons vite reçu du sénateur Patterson, qui ne faisait pas partie du comité, un plan de travail exposant en détail les questions d’intérêt pour le Nord du pays, accompagné d’une liste de 15 témoins à interroger. Il connaissait personnellement tous les maires, les gens d’affaires et les pilotes qu’il recommandait, et qui se sont tous révélés d’excellents témoins, surtout dans le dossier de la fonte des routes de glace.

Dennis Patterson a aussi assisté aux audiences, notamment lorsqu’a comparu le porte-parole de Nunavut Tunngavik Inc. Les membres du comité ont eu un peu de mal à établir un dialogue fructueux, mais le sénateur Patterson a su donner à ce chasseur la confiance nécessaire pour réussir à s’exprimer.

Vous allez me manquer, Dennis. Je n’ai qu’un seul regret : vous m’avez déjà invitée à découvrir le Nunavut, mais nous n’avons jamais donné suite à ce projet. J’imagine que vous étiez trop occupé à préparer un discours sur l’exploration médiévale des Vikings ou sur le programme spatial de pointe du Nunavut. Qui sait, peut-être trouverons-nous le temps un de ces jours, et je pourrai alors m’acheter mon propre manteau en peau de phoque.

Haut de page