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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Journée internationale des femmes

10 mars 2020


L’honorable Julie Miville-Dechêne

À l’occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars dernier, j’ai pris part à une manifestation à Montréal devant les locaux de MindGeek, une entreprise qui domine le marché de la porno avec son fleuron, Pornhub. Il s’agit d’un des sites Web pornos les plus populaires au monde qui diffuse chaque année 6 millions de vidéos donnant lieu à 42 milliards de visionnements. On l’appelle le YouTube de la porno, car tout un chacun peut y afficher aisément ses vidéos pornos, dont la consultation est gratuite. Les profits proviennent de la publicité. Les vidéos sont hardcores, souvent dégradantes pour les femmes, et 71 % de l’auditoire est masculin.

Bien entendu, la pornographie est une industrie légale. Toutefois, la question se pose : celles et ceux qui participent à ces actes sexuels sont-ils tous majeurs et consentants? Non, et des cas documentés d’exploitation sexuelle sont révoltants.

En octobre 2019, une adolescente américaine de 15 ans portée disparue depuis un an a finalement été retrouvée. Elle apparaissait dans 58 vidéos pornos — 58, je dis bien —, dont certaines étaient affichées sur Pornhub. Le trafiquant est accusé de viol.

MindGeek prétend qu’elle retire rapidement les contenus douteux ou illégaux de ses plateformes dès qu’ils sont signalés et ajoute qu’elle est en train de mettre en place des systèmes de détection améliorés pour vérifier l’identité des participants aux vidéos.

Le journal britannique The Times a découvert en quelques minutes des douzaines d’exemples de vidéos d’exploitation sexuelle de mineurs sur le site de Pornhub. Certaines de ces vidéos avaient été visionnées par 350 000 personnes et étaient en ligne depuis trois ans. Trois des pires exemples signalés à Pornhub étaient encore affichés sur le site 24 heures plus tard. Pourquoi Pornhub ne fait-il pas toutes les vérifications d’identité nécessaires avant d’accepter de publier des vidéos? MindGeek explique qu’elle contrôle l’identité d’une seule personne, celle qui ouvre un compte et qui met en ligne, quelques minutes plus tard, des vidéos mettant en scène d’autres personnes dont l’âge et l’identité n’ont jamais été vérifiés.

Malheureusement, c’est la norme. L’autoréglementation est un échec et trop peu de lois encadrent les pratiques des sites de ce genre au nom de la liberté d’expression. Il est temps d’imposer des responsabilités aux intermédiaires sur le Web et de légiférer, car la sécurité des enfants et des femmes en dépend.

Merci.

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