Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

Le décès de l'honorable Hugh Segal, C.M.

28 novembre 2023


L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, c’est le cœur lourd que je prends la parole aujourd’hui alors que nous rendons hommage à un ancien collègue; un pilier de la communauté politique; un gentleman respecté par ceux de la gauche, ceux de la droite et ceux entre les deux; un auteur acclamé; un universitaire; un grand farceur; un ardent Canadien; un mari et un père attentionné; ainsi qu’un ami fidèle. L’honorable Hugh Segal est décédé le 9 août dernier.

Dans les heures qui ont suivi son décès, les éloges ont fusé de partout au pays et d’ailleurs dans le monde, ce qui en dit long sur l’influence qu’a eue le sénateur Segal dans la sphère publique.

En tant qu’envoyé spécial du Canada auprès du Commonwealth, son influence, et par extrapolation celle du Canada, sur le Commonwealth a été importante. Dans le cadre de ses voyages dans une dizaine de pays du Commonwealth, ses discours et ses entrevues ont présenté le Canada comme un modèle de compassion, d’inclusion, de décence et de respect de la primauté du droit.

Le 10 juillet 2010 a été le plus beau jour de la vie professionnelle de Hugh Segal, puisque, en tant que représentant du Canada au sein du groupe de personnalités éminentes du Commonwealth, il a rencontré Sa Majesté la reine Elizabeth II. Il était émerveillé par le fait que lui, ce fils d’un chauffeur de taxi de Montréal et d’une caissière dans une pharmacie ouverte jour et nuit, était au palais de Buckingham en train de serrer la main de la reine. Comme il l’a dit à un ami, en termes trop colorés pour être cités dans cette enceinte : « Comment est-ce que c’est possible, [...]? »

Comme je l’ai dit, Hugh Segal était un ardent patriote. Il écrasait une larme chaque fois qu’il entendait les premières notes du Ô Canada.

Le discours d’adieu que le sénateur Segal a prononcé en 2014 à son départ à la retraite était bref et pertinent. Il n’y a pas de meilleure façon de résumer son opinion du Sénat que de le citer lui-même. Il a dit :

Que le Sénat et les sénateurs préservent la liberté et les possibilités que représente le Canada sur la scène internationale, que le Canada demeure toujours une terre d’accueil des immigrants et des réfugiés qui ont contribué [...] à bâtir un pays si fort.

Que la dualité francophone et anglophone du Canada soit toujours protégée et avancée [...]

[...] que vous soyez en mesure d’équilibrer les pressions, sectaires ou autres, pour favoriser une indépendance accrue par rapport à l’autre endroit, non pas pour être en concurrence avec le gouvernement [...] mais pour travailler en complémentarité, à la recherche de meilleures lois et d’un meilleur pays, de sorte que ceux qui vivent dans la pauvreté, en marge de l’économie et de la société, figurent toujours sur votre liste de priorités.

Nous pouvons tous tirer une leçon de la vie de ce fier conservateur et de ce joyeux combattant, qui a montré que la décence et la politique ne sont pas incompatibles et qui a relevé le défi et prouvé qu’il est possible d’être en désaccord sans être désagréable.

J’offre mes plus sincères condoléances à son épouse, Donna; à sa fille, Jacqueline; à sa belle-fille, Teaghan; à ses frères, Seymour et Brian; aux membres de sa famille élargie et à ses nombreux amis, dont je suis fier de faire partie. Merci beaucoup.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, c’est également avec tristesse que je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à un ami très cher et à un ancien collègue, l’honorable Hugh Segal, qui est décédé le 9 août. Il est difficile de résumer la vie et les réalisations de Hugh Segal en quelques minutes ou de décrire son esprit joyeux et accueillant et son éternel optimisme. Il manquera beaucoup à tous ceux qui l’ont connu.

Né à Montréal dans une famille modeste, le sénateur Segal a conservé toute sa vie les valeurs de l’importance et de la dignité du travail, de la responsabilité financière et de l’empathie pour autrui qui lui ont été inculquées. Une chose qu’il ne partageait pas avec sa famille, cependant, était son affiliation au Parti libéral. Bien que son père ait été directeur de campagne d’un député libéral local, Hugh Segal a fièrement rejoint le Parti conservateur à l’âge de 13 ans, en 1963, inspiré par l’engagement du premier ministre John Diefenbaker en faveur des droits de la personne.

Qui aurait pu savoir à l’époque que ce jeune garçon deviendrait un proche conseiller de plusieurs grands leaders conservateurs des 50 dernières années — qu’on pense à Robert Stanfield ou à William Davis, voire à Brian Mulroney et à Stephen Harper. Homme extrêmement intelligent et éloquent, Hugh Segal aimait à la fois le débat politique vigoureux et le travail minutieux d’élaboration de politiques. Depuis son décès, beaucoup l’ont décrit comme un joyeux combattant, à juste titre d’ailleurs : peu importe la position que vous défendiez, vous saviez qu’il respectait vos idées.

En août 2005, Hugh Segal a été nommé au Sénat pour représenter l’Ontario sur recommandation du premier ministre Paul Martin et, surprise, on ne lui a pas demandé de siéger en tant que sénateur indépendant. Il a immédiatement été accueilli au caucus conservateur par le leader de l’opposition de l’époque, le très honorable Stephen Harper. Sa curiosité, son enthousiasme et sa compassion ont teinté tous les aspects de son travail au Sénat, y compris à la présidence du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères.

Quelle que soit l’étude en comité, le projet de loi ou la motion dont le Sénat a été saisi, le sénateur Segal est resté fidèle à ses convictions et a agi en conséquence. À titre d’envoyé spécial du premier ministre Harper auprès du Commonwealth, le sénateur Segal a défendu les valeurs fondamentales qui nous unissent en tant que Canadiens, en particulier les droits civils, politiques et de la personne.

En 2019, le sénateur Segal, qui est de confession juive, a donné une entrevue à un journal anglican au sujet de l’importance d’un concept tout simple, mais profond. Voici ce qu’il a dit :

[...] si on croit en un équilibre entre liberté et responsabilité, et si on croit en la communauté, le ciment essentiel qui fait que tout tient ensemble est l’espoir. Il faut donc voir la réalité en face à propos de ce qui met l’espoir en péril, et nous devons prendre au sérieux les mesures que nous prenons pour soutenir, renforcer et approfondir l’espoir chaque fois que nous le pouvons.

Honorables sénateurs, les Canadiens ont encore besoin d’espoir, je dirais même plus que jamais. Hugh Segal n’a jamais laissé flétrir son espoir d’un avenir prometteur pour tous les Canadiens et il a travaillé toute sa vie à cette fin.

Au nom de tous ses amis et de tous les membres du caucus conservateur, je transmets mes plus sincères condoléances à son épouse, Donna, à leur fille, Jacqueline, ainsi qu’à toute leur famille. Que son souvenir soit une source de réconfort et qu’il repose en paix.

L’honorable Pamela Wallin [ + ]

Le sénateur Hugh Segal était un homme de caractère. Il s’est toujours battu pour les causes qui comptaient : l’armée, le Commonwealth, le revenu annuel garanti et les Canadiens dans le besoin, toujours. Comme Hugh l’aurait toutefois défini, il était tout simplement un conservateur qui croyait en l’autonomie et en ce sentiment partagé d’obligation que nous avons les uns envers les autres. Grâce à sa gentillesse, il trouvait toujours le moyen de vous soutenir, même s’il doutait de votre stratégie ou n’était pas d’accord avec vos intentions, et il se servait de son sens de l’humour et de son rire contagieux entre les moments de réelle différence.

Notre amitié de plus de 40 ans a commencé sur le plateau de l’émission Canada AM tous les jeudis matin. Le groupe d’intervenants était partisan, mais on ne prenait jamais rien personnel. C’était une époque où les amitiés comptaient plus que l’allégeance politique, et Hugh essayait toujours de convaincre en proposant une meilleure idée, pas en haussant le ton.

Il a suivi un parcours de vie fascinant. Il a été candidat, publicitaire, progressiste et conservateur. Il était à la fois dans les coulisses et aux tables de réunion. Il a été auteur, expert en politique et universitaire.

Je sais qu’il serait consterné de voir ce qui se passe sur les campus universitaires et dans les rues, et de constater la haine malavisée qui y règne. Hugh était un enseignant et il savait combien il était important de mettre les faits en évidence. Je souhaiterais qu’il soit là pour nous aider à traverser cette période troublée et à rétablir l’équilibre au moment où notre pays en a le plus besoin.

Il croyait en un pays qui devait offrir la liberté de vivre à l’abri de la peur et du besoin, et qui devait se doter des outils nécessaires pour protéger cette liberté.

Il croyait également aux libertés du marché et à la liberté d’expression, à condition de respecter ceux avec qui l’on n’est pas d’accord, car les droits s’accompagnent de responsabilités.

Pendant la soi-disant crise du Sénat, les interventions de Hugh ont été puissantes et, personnellement, je lui suis extrêmement reconnaissante pour ses conseils. Je porte l’épinglette qu’il m’a léguée et qu’il portait lorsqu’il a prononcé son discours d’adieu sur le véritable rôle de la Chambre haute. Il s’agit d’effectuer un second examen objectif, de faire preuve d’un jugement sûr, de tenir compte des Canadiens dans les provinces que nous servons et, surtout, de défendre l’importance cruciale et indiscutable de la primauté du droit, de l’application régulière de la loi et de la présomption d’innocence en tant que pierres angulaires de notre démocratie. Bref, Hugh croyait en la justice.

Un dernier mot sur sa famille : je tiens à remercier Donna d’avoir partagé Hugh avec nous autant qu’elle l’a fait. Elle l’a toujours épaulé d’une main ferme et l’a toujours guidé. Je remercie également leur fille, Jacqueline, qui, lors de son récent mariage avec Teaghan — c’était magnifique —, a prouvé par ses paroles éloquentes qu’elle incarne vraiment l’ADN combiné de la passion et de la raison.

Nous sommes tous plus sages d’avoir eu Hugh dans nos vies. Il nous a poussés à prendre notre citoyenneté plus au sérieux, et son héritage sera de nous avoir poussés à exiger plus de nous-mêmes et à être meilleurs que nous le sommes parfois. Nous essaierons, mon ami. Nous essaierons.

L’honorable Gwen Boniface [ + ]

Honorables sénateurs, le 9 août dernier, nous avons perdu l’un des poids lourds de la politique canadienne. Que ce soit grâce à son humour plein d’autodérision, à sa vivacité d’esprit ou à ses récits immersifs du passé, Hugh Segal trouvait toujours le moyen de vous inclure et de vous faire rire.

Hugh a été un conservateur modéré toute sa vie, et il avait la capacité innée de travailler avec des personnalités et des partis différents, comme le prouve sa nomination au Sénat en tant que conservateur par le premier ministre Paul Martin. Toutefois, son histoire remonte à plusieurs décennies.

Hugh était commentateur à Canada AM, une émission qui a rendu la politique accessible au pays et qui était animée par notre collègue la sénatrice Wallin. Malgré les débats politiques qui opposaient Hugh, le libéral Michael Kirby et le néo-démocrate Gerry Kaplan, une amitié profonde et durable s’est développée entre eux trois.

Le hasard a voulu que Hugh et Michael Kirby soient tous les deux nommés au Sénat et, en 2016, après qu’ils aient pris leur retraite, ils ont coécrit un document intitulé Une maison unifiée : l’indépendance du Sénat, une lecture indispensable pour tous les nouveaux sénateurs. Hugh militait ardemment pour créer un Sénat indépendant.

Toutefois, l’indépendance de Hugh ne s’arrêtait pas au fonctionnement de cette institution. Il avait également une feuille de route personnelle en matière d’indépendance : il prêchait par l’exemple. Il l’a démontré lors des débats au Sénat sur le projet de loi d’initiative parlementaire C-377 des conservateurs, qui visait à divulguer des informations sur les organisations syndicales.

Les syndicats étaient très importants pour la famille Segal pendant l’enfance de Hugh. Son grand-père, Benjamin Segal, a contribué à relancer l’Union internationale du vêtement pour dames. En réponse à la demande d’un propriétaire d’atelier de confection de vêtements qui voulait doubler la production, sous peine de renvoyer tout le monde à la fin de la semaine de travail, Benjamin s’est exclamé un jour : « Soit nous sortons en tant qu’êtres humains aujourd’hui, soit nous déguerpirons comme des rats vendredi soir. » Son implication concernait simplement la dignité et le respect de ceux qui ne parvenaient pas à joindre les deux bouts même s’ils travaillaient fort chaque jour, ce qui est une véritable tradition des Segal.

Hugh était issu d’un milieu modeste et il disait souvent, en plaisantant, qu’il vivait du côté joyeux de la pauvreté. Les syndicats étaient importants pour lui, et il a mis à profit son enfance et sa passion pour rallier de nombreux membres du caucus afin qu’ils acceptent ses amendements au projet de loi C-377 avant sa retraite.

Hugh cultivait de nombreuses amitiés, et j’ai eu la chance de faire partie de cette très longue liste. Pendant de nombreuses années, il a répondu quand je l’appelais pour lui demander des conseils, des renseignements, voire de la commisération.

Comme mon défunt père était un grand admirateur du premier ministre Bill Davis, son admiration pour ce dernier et la réputation de son bureau ont précédé ma première rencontre avec Hugh. Je tenais Hugh en haute estime avant de le rencontrer, et cette estime s’est renforcée au fur et à mesure que nous devenions amis. Sa passion pour un Sénat indépendant et la lutte pour les opprimés, qu’il s’agisse de se rallier à ses collègues au Sénat ou d’instaurer un revenu de base pour tous les Canadiens, n’ont jamais été loin de son esprit, même longtemps après qu’il a quitté cet endroit.

Je me joins à mes collègues du Groupe des sénateurs indépendants et à d’autres pour offrir nos plus sincères condoléances à la famille de Hugh : son épouse, Donna, sa fille aimante, Jacqueline, sa nouvelle belle-fille, Teaghan, ses frères, Seymour et Brian, et son chien, Hamish.

Cher Hugh, vous allez me manquer. Merci.

L’honorable Diane Bellemare [ + ]

Chers collègues, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre ancien collègue que j’admirais beaucoup, l’honorable Hugh Segal, nommé Membre de l’Ordre du Canada en 2003 et Officier de l’Ordre du Canada en 2016. Il a eu une carrière en politique publique tout à fait extraordinaire : sous-ministre à 29 ans, chef de cabinet du premier ministre Mulroney, directeur de l’Institut de recherche en politiques publiques, sénateur, maître du Collège Massey, et j’en passe.

S’identifiant comme conservateur dès le début de l’adolescence, alors que son père était libéral, Hugh Segal a toujours eu une vision progressiste de la politique.

Quand j’ai été nommée au Sénat, je le connaissais de réputation. Bien que je sois d’un an son aînée, nous avons la même date d’anniversaire. Cela a excité ma curiosité et j’ai voulu le connaître davantage. Il a été un mentor silencieux pour moi. J’observais son positionnement politique et tentais de comprendre ses choix stratégiques. Il était très indépendant d’esprit et ne partageait pas toujours la ligne de parti. En 2014, il a démissionné au nom de ses principes.

Le sénateur Segal a applaudi les changements apportés au Sénat depuis 2015. Il a même proposé un modèle pour l’avenir afin de consacrer l’existence pérenne de quatre groupes reconnus afin de préserver l’indépendance institutionnelle du Sénat par rapport au gouvernement en place.

L’honorable Hugh Segal, historien de formation, né à Montréal et francophile, s’est toujours identifié comme un progressiste-conservateur. Il était un Red Tory, dans le sens le plus noble du mot, c’est-à-dire un progressiste avant tout, qui avait à cœur l’intérêt commun, mais un conservateur aussi, car il préférait moins d’État à plus de gouvernement.

On pourrait dire de Hugh Segal qu’il avait une certaine ressemblance physique avec Winston Churchill, le cigare en moins. En tous les cas, il partageait avec lui l’indépendance d’esprit et la passion de ses convictions.

Il était un politicien convaincu et fier de l’être, mais il était aussi un intellectuel. À preuve, il a tenté de se faire élire, mais il n’a jamais réussi. Il a écrit au moins une dizaine de livres et de multiples articles où il défendait des idéaux de paix et les objectifs d’un monde sans pauvreté. Le titre de son ouvrage, publié en 1996, No Surrender: Reflections of a Happy Warrior in the Tory Crusade, témoigne bien du caractère de ce grand personnage.

Hugh Segal était un personnage politique accompli, brillant orateur, incisif par moment, mais toujours plein d’humour. Pas étonnant qu’il ait été nommé directeur du prestigieux Collège Massey de Toronto qui forme les leaders de demain. Je souhaite de tout cœur que sa carrière exemplaire inspire nos leaders d’aujourd’hui et de demain.

L’honorable Hugh Segal faisait de la politique avec un grand P. Il avait compris, comme l’a souligné le très honorable Brian Mulroney, que peu importe le parti politique auquel on adhère, la coopération multipartite est nécessaire pour accomplir de grandes choses.

En mon nom personnel et au nom des membres du Groupe progressiste du Sénat, je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à Donna, son épouse, sa fille Jacqueline, ses frères Seymour et Brian ainsi qu’à l’ensemble des membres de sa famille et à ses amis.

Merci.

L’honorable David M. Wells [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à un bien honorable membre de la famille du Sénat, le regretté sénateur Hugh Segal. Il était stratège politique, auteur, commentateur, universitaire et, comme nous venons de l’entendre, il était aussi un sénateur remarquable dont le travail a eu une incidence non seulement sur le Sénat en général, mais sur l’ensemble du processus décisionnel au Canada.

Les réalisations du sénateur Segal sont nombreuses. Cependant, aujourd’hui, j’aimerais non seulement parler de ses nombreuses contributions et de ses principes politiques, mais aussi saluer sa façon unique d’aborder la politique, qui lui a permis de contribuer de façon importante à façonner les politiques du pays. En épousant une façon modérée de promouvoir sa vision politique, le sénateur Segal a su apporter des changements positifs de façon efficace pour les Canadiens. Au lieu de recourir, comme bien des gens le font en politique, à des attaques partisanes pour promouvoir ses propres intérêts politiques, il s’est battu pour le bien commun et l’harmonie sociale en unissant des gens de toutes allégeances.

Il a su défendre ses convictions, malgré les opinions divergentes mises de l’avant par des gens de toutes les allégeances politiques. Au lieu de recourir à une politique de division, il a encouragé la coopération multipartite en amenant les gens à unir leurs efforts au lieu de semer la division. Comprendre les points de vue opposés est un aspect essentiel du processus décisionnel, et l’honorable Hugh Segal veillait non seulement à ce qu’on puisse exprimer tous les points de vue, mais aussi à ce qu’on le fasse de manière respectueuse et constructive.

Comme l’ancien premier ministre Brian Mulroney l’a dit, le sénateur Segal était « un homme particulièrement remarquable qui a bien servi le Canada » et « un Canadien des plus exceptionnels ».

N’oublions pas les nombreuses contributions du sénateur Segal, et continuons de prôner son approche axée sur la coopération et le respect afin d’apporter l’aide et les changements positifs dont les Canadiens ont bien besoin. Honorables collègues, la politique et la démocratie canadiennes ont véritablement perdu un homme d’exception.

Honorables sénateurs, à la fois humble et humoristique, brillant et pragmatique, généreux et simple, gentil, clair, concis et précis — des qualités rares chez les politiciens —, Hugh Segal était un homme de principes qui ne laissait jamais passer une injustice, qui était le premier à dénoncer les inégalités et qui a passé sa vie à redresser des torts. Il donnait toujours des conseils sages et intelligents, et sa loyauté et son engagement envers la vérité et l’intégrité étaient sans pareils.

Loué par les dirigeants et les personnes ordinaires, il avait toujours le temps d’encadrer et de guider ceux qui avaient des idées ou amorçaient des réflexions qu’il jugeait dignes d’être développées et promues. Il était prompt à soutenir et à défendre les intérêts de ceux qui sont trop souvent privés de voix ou ignorés et réduits au silence par d’autres.

Comme me l’a dit un chauffeur de taxi lorsque je me rendais au service funéraire de Hugh, ce dernier était gentil et attentionné, et tous les chauffeurs de taxi de Kingston le connaissaient et l’aimaient. Il m’a dit :

C’était un homme important qui traînait avec nous à la gare. Il disait qu’il en apprenait plus sur la vie en rencontrant des gens qui servaient les autres, des chauffeurs ou des serveurs, qu’avec tous les chercheurs embauchés à Queen’s Park ou sur la Colline du Parlement.

Le père de Hugh, comme le mien, a aidé à subvenir aux besoins de sa famille en conduisant des taxis. Malgré ses nombreux exploits, honneurs et reconnaissances, Hugh n’a jamais oublié ses racines.

Hugh a écrit de nombreux livres sur la politique publique, mais mon préféré est celui qu’il m’a offert avec une dédicace, me remerciant d’avoir repris le flambeau du revenu de base et de poursuivre ce qu’il appelait « le combat solitaire d’un conservateur pour mettre fin à la pauvreté au Canada ».

À ceux parmi vous qui n’auraient pas encore lu Bootstraps Need Boots, je vous le recommande. C’est un livre très pertinent de nos jours. Le titre que Hugh a choisi fait écho à la déclaration de Martin Luther King Jr. et le livre commence par cette citation :

On peut dire à un homme de se relever par ses propres moyens, mais il est ironiquement cruel de le dire à un homme qui n’a aucun moyen pour le faire.

Il a défendu les plus démunis et les moins privilégiés face à des pratiques et à un système politique grossiers, insensibles, capitalistes et impitoyables, et nous pouvons tous imiter l’incroyable exemple que nous a donné cet homme magnifique.

Donna, Jacqueline, Teaghan, toute sa famille et tous ses amis, merci d’avoir partagé Hugh avec nous.

L’honorable Marilou McPhedran [ + ]

Honorables sénateurs, chère famille de l’honorable Hugh Segal, je m’associe à tous les hommages déjà rendus et je souhaite ajouter mon grain de sel.

Alors que je traversais une période difficile peu après mon arrivée au Sénat, le sénateur Segal a pris le temps de m’écouter et de m’expliquer pourquoi les sénateurs indépendants sont nécessaires pour renforcer notre démocratie et la rendre plus inclusive. Nous assistons à une détérioration de l’aspect « civil » de la civilité, de la société civile et de la civilisation. En tant que parlementaires, nous avons tout particulièrement le devoir de défendre et de renforcer notre démocratie.

Le sénateur Hugh Segal était un parlementaire visionnaire qui avait le courage d’aller au-delà des lignes de parti pour collaborer efficacement à l’égard de dossiers importants d’envergure générale ayant une incidence profonde sur notre démocratie. Son départ du Sénat des années avant l’âge de la retraite obligatoire a été une perte. Dans le livre que la sénatrice Pate a mentionné, Bootstraps Need Boots: One Tory’s Lonely Fight to End Poverty in Canada, il a écrit :

Je crois fermement que le meilleur moyen de protéger le droit fondamental de ne pas vivre dans le besoin et de vivre libre de toute crainte, un droit essentiel à l’avenir de toute société, de même qu’à la paix et à la sécurité dans le monde, est d’offrir à tous un revenu de base [...]

Sa vision et son leadership se reflètent maintenant dans le projet de loi S‑233, marrainé par la sénatrice Pate, et le projet de loi C‑223, marrainé par la députée Leah Gazan, un effort coordonné au Sénat et à la Chambre des communes en vue de concrétiser son rêve, l’établissement d’un revenu de base garanti suffisant.

Les menaces de frappes nucléaires qui ont fait surface dans la guerre illégale que la Russie mène contre l’Ukraine et dans la crise de Gaza amplifient l’importance d’un autre exemple du leadership visionnaire du sénateur Segal il y a plus de 13 ans. En juin 2010, conformément aux initiatives de leur prédécesseur, l’honorable Douglas Roche, les sénateurs Hugh Segal, Nancy Ruth et Roméo Dallaire ont amené le Sénat, la Chambre des communes lui emboîtant le pas des mois plus tard, à adopter à l’unanimité la motion visant à « [...] reconnaître le risque que pose la prolifération des matières et de la technologie nucléaires pour la paix et la sécurité [...] »

Nous pourrions tous tirer profit du leadership du sénateur Segal pour faire face à la grave menace actuelle pour la civilisation. Je tenais à ajouter cet exemple de son leadership visionnaire pour honorer sa mémoire et exprimer ma gratitude.

Merci, meegwetch.

Haut de page