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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de l'honorable Claudette Bradshaw, c.p., O.N.-B.

6 avril 2022


L’honorable Nancy J. Hartling [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre un hommage spécial à feu l’honorable Claudette Bradshaw, de ma ville, Moncton, au Nouveau-Brunswick. J’ai connu Claudette pendant plus de 40 ans et elle a toujours été une pionnière et une ardente défenseure des personnes marginalisées, surtout les enfants.

Beaucoup de gens chez nous, au Nouveau-Brunswick, et partout au Canada se remémorent la personnalité unique et la passion pour la justice sociale de Claudette. Nous faisons tous notre deuil après cette grande perte, et les hommages viennent de partout : premiers ministres, anciens employés et amis. Vendredi dernier, des centaines de personnes ont assisté à ses funérailles tandis que d’autres les ont regardées en vidéo; cela témoigne qu’elle était beaucoup aimée.

Claudette a grandi à Moncton dans une famille acadienne et a commencé sa carrière au Club des garçons et filles de Moncton, où elle a rencontré l’amour de sa vie, Doug Bradshaw. Ils ont été mariés pendant 54 ans et ont élevé deux fils, Nicholas et Christopher. Elle adorait sa famille, sa communauté et Moncton.

En 1974, Claudette a fondé Moncton Headstart. C’était d’abord une petite garderie pour les familles à faible revenu, mais sous l’excellent leadership de Claudette, l’organisme s’est développé pour devenir un centre d’intervention familiale pour les familles et les enfants vulnérables. Claudette a travaillé sans relâche pour aider ces familles. Les gens lui tenaient beaucoup à cœur. Cette femme altruiste aimait donner de gros câlins. Elle était reconnue pour les grandes ventes-débarras qu’elle organisait afin de financer son organisme sans but lucratif. Elle a reçu beaucoup de soutien de la part de la collectivité, car il était très difficile de dire non à Claudette.

Claudette était connue partout au Canada. Notre collègue la sénatrice Saint-Germain, qui a rencontré Claudette au comité organisateur du Sommet de la Francophonie en 1999, m’a dit ceci :

Claudette était généreuse, avec son caractère facile et son sens de l’humour, et elle était toujours ouverte d’esprit. Nous devons toujours nous rappeler de continuer son travail de justice sociale.

En 1997, elle s’est lancée en politique en se présentant comme candidate aux élections fédérales dans la circonscription de Moncton—Riverview—Dieppe, où j’habite. Claudette pouvait compter sur l’appui de bien des gens, et non seulement elle a remporté le siège, mais elle est restée en politique pendant 10 ans. Elle a administré plusieurs portefeuilles, notamment comme ministre responsable des sans-abri.

Après avoir quitté la politique, elle a poursuivi ses efforts pour lutter contre les problèmes liés à la santé mentale et à l’itinérance, notamment en lançant un projet spécial, le projet At Home/Chez Soi. J’ai souvent vu Claudette et Doug participer à des événements à Moncton. Elle était toujours prête à discuter des questions liées à l’itinérance, à la pauvreté et à la santé mentale. Claudette et Doug formaient une équipe formidable.

Son fils Nick a dit ceci :

Maman aimait Moncton. Elle aimait être chez elle, dans sa collectivité. Elle nous a vraiment fait vivre des moments formidables, et elle était là aussi pour nous aider à traverser les périodes les plus difficiles. C’était notre capitaine.

J’offre mes plus sincères condoléances à Doug, Nick, Chris, aux membres de sa famille ainsi qu’aux gens de sa collectivité qui sont profondément attristés par le décès de cette femme si exceptionnellement généreuse et dévouée. Claudette a beaucoup donné à tant de gens, et nous ne l’oublierons pas. Je crois sincèrement que nous devons honorer sa mémoire en poursuivant ses efforts pour la justice sociale.

Merci.

L’honorable René Cormier [ - ]

Chers collègues, depuis son décès, de vibrants témoignages ont été livrés à l’égard de cette politicienne acadienne et canadienne qu’était Claudette Bradshaw.

On a parlé de son engagement indéfectible au service des plus démunis, de son travail remarquable comme députée et ministre et, surtout, de son humanisme et de son grand amour des autres et de la vie.

Comme l’a si bien écrit Serge Comeau dans l’Acadie Nouvelle, Claudette Bradshaw a fait mentir l’idée selon laquelle le leadership est une affaire d’autorité et de force. Elle était une femme de cœur. En effet, elle avait un grand cœur, le cœur à l’ouvrage, le cœur sur la main, un cœur en or, en somme.

Ma première rencontre avec cette citoyenne exceptionnelle, qui est née Claudette Arsenault et que l’on appelait tout simplement « Claudette » en Acadie, comme on pourrait dire « Malala » ou « Teresa », remonte à l’époque où elle était ministre. Dans son grand bureau ministériel sur la Colline, assis l’un en face de l’autre, nous discutions d’art, de culture, de langue française et de l’Acadie. Nous étions alors bien formels dans notre manière de nous parler.

Un peu désespéré, je lui faisais part de la situation précaire des artistes, dont plusieurs vivent sous le seuil de la pauvreté. En plein milieu de notre conversation, Claudette m’interrompit, se leva, ouvrit ses bras et me dit, dans la langue de chez nous : « Viens icitte, toi! », et elle me donna alors une telle étreinte que j’en ai presque perdu le souffle.

Cette étreinte, ce hug, comme elle disait, a eu un effet transformateur chez moi, parce que, dans ce geste, Claudette a mis bien plus que de l’affection; elle y a mis de la compassion, de la solidarité, du soutien et beaucoup d’amour. Ce jour-là, par un simple geste, elle a su me rassurer, m’encourager, me valoriser et me motiver. Elle était ainsi, Claudette Bradshaw. En prenant les gens dans ses bras, elle valorisait leur existence et leurs actions, et ce, peu importe leur origine, leur statut social, leur genre ou leur identité.

Chers collègues, la vie politique transforme parfois les êtres humains qui s’y engagent. Dans l’arène parlementaire, on se protège souvent et on se réfugie parfois dans ses convictions. Or, Claudette Bradshaw a eu cette immense générosité de rester elle‑même, authentique et humaine. Ses idées et ses convictions, elle les affirmait toujours avec respect et détermination et avec beaucoup d’amour.

La dernière fois que j’ai rencontré Claudette, nous avons dansé un two-step ensemble sur la scène du Théâtre Capitol, à Moncton. C’était lors de l’événement Les Éloizes, un gala qui reconnaît la contribution des artistes à notre société. J’étais l’animateur du gala et elle était la ministre invitée. Ce soir-là, je lui ai reparlé de cette étreinte qui m’avait donné le courage de me battre pour les artistes et pour l’Acadie. Elle m’a, encore une fois, simplement ouvert les bras, m’a souri et m’a dit à nouveau : « Viens icitte, toi! »

Aujourd’hui, celle qui possédait une foi profonde et qui vouait une admiration sans bornes à mère Marie-Léonie doit danser quelque part dans ce paradis auquel elle croyait. Avec ses étreintes légendaires, elle doit embrasser l’univers entier.

Chers collègues, dans notre monde actuel, si souffrant et désemparé, si l’on pense à tous ces humains sur Terre qui subissent des guerres insensées, souhaitons-leur de rencontrer une Claudette. Souhaitons-leur de pouvoir se blottir dans des bras aimants, réconfortants et rassurants comme ceux de Claudette Arsenault Bradshaw. Merci.

Honorables sénatrices et sénateurs, c’est avec tristesse que nous avons appris le décès de l’honorable Claudette Bradshaw, le samedi 26 mars dernier.

Selon moi, Claudette était la femme la plus humaine et la plus modeste à occuper un poste au Cabinet fédéral pour le Nouveau-Brunswick.

Native de Moncton, elle a toujours travaillé à aider les enfants, notamment en fondant l’organisme Headstart et en soutenant l’organisme Grands Frères Grandes Sœurs.

Bien que son intérêt particulier ait été les enfants, Claudette s’est aussi dévouée pour les défavorisés, les sans-abri, les analphabètes et j’en passe.

Elle a été ministre et députée de Moncton, et il faut reconnaître le travail extraordinaire qu’elle a accompli pour le développement économique de Moncton afin de doter celle-ci d’un aéroport moderne et digne d’une région en plein essor.

En somme, Claudette était à l’aise d’aider à la fois les démunis et les entrepreneurs, sachant très bien que le bien-être économique de Moncton aurait aussi des retombées positives pour les démunis de cette région.

Tous ceux et celles qui ont eu la chance d’avoir Claudette dans leur vie, de près ou occasionnellement, recevaient un amour et une amitié inconditionnels, et surtout, comme bon nombre de vous l’ont exprimé, un gros câlin pour le prouver.

Oui, honorables sénatrices et sénateurs, nous sommes tristes de son départ, mais aussi choyés d’avoir pu côtoyer cette femme extraordinaire. En 2022, 72 ans, c’est jeune pour succomber à la maladie, mais ce que Claudette a donné et accompli est tout à fait phénoménal pour son entourage.

J’offre mes plus sincères condoléances à son époux, Doug, et à ses fils, Christopher et Nicholas, tout en les remerciant d’avoir soutenu Claudette dans ses aspirations à construire une société meilleure. Je les remercie aussi d’avoir partagé cette femme extraordinaire avec nous tous. Tu vas beaucoup nous manquer, très chère Claudette, mais sache qu’à notre tour, nous te donnons « une serrée » qui t’accompagne pour l’éternité.

Repose en paix.

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