Projet de loi no 1 d'exécution du budget de 2023
Troisième lecture
22 juin 2023
Honorables sénateurs, voyons si je peux vous convaincre, au cours des 30 à 35 prochaines minutes, de voter dans le bon sens à l’égard du projet de loi C-47. Notre taux de réussite n’est pas très élevé aujourd’hui. Des sénateurs d’en face m’encouragent à faire de mon mieux pour terminer mon discours avant 18 heures. Je crois que je pourrai y arriver, mais ce sera de justesse.
Chers collègues, c’est aujourd’hui un jour bien sombre.
Le 22 mars 2016, le ministre des Finances de l’époque, M. Morneau, a pris la parole à la Chambre des communes pour présenter le premier budget libéral du gouvernement de Justin Trudeau. Avec, sur son bureau, le document budgétaire de 308 pages, intitulé « Assurer la croissance de la classe moyenne », le ministre des Finances a fièrement annoncé ceci :
Aujourd’hui, nous commençons à redonner espoir à la classe moyenne. Aujourd’hui, nous commençons à redynamiser l’économie. Aujourd’hui, nous commençons à mettre en œuvre un plan à long terme qui repose sur des investissements judicieux et sur une conviction inébranlable selon laquelle il est possible de réaliser des progrès pour faire en sorte que l’avenir du Canada soit à la grandeur de nos ambitions.
Ce premier budget a été suivi d’un deuxième, en 2017. C’était le 150e anniversaire du Canada, et les libéraux étaient survoltés, ne réalisant pas que leur fantasme de rétablir la prospérité en enregistrant une série de déficits de 10 milliards de dollars par année n’était rien de plus qu’un projet chimérique. Chers collègues, le budget de 2017 était intitulé « Bâtir une classe moyenne forte ». Une fois de plus, le ministre Morneau a pris la parole à la Chambre des communes et a déclaré audacieusement ceci :
[Le gouvernement a] élaboré un plan visant à assurer que, dans un monde en évolution, la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie peuvent réussir.
Cette mascarade allait se poursuivre avec le budget de 2018 intitulé « Égalité et croissance pour une classe moyenne forte », puis en 2019 avec un budget intitulé « Investir dans la classe moyenne ». En 2021, ce fut « Une relance axée sur les emplois, la croissance et la résilience ». Quant au budget de 2022, on l’a baptisé « Un plan pour faire croître notre économie et rendre la vie plus abordable ». Aujourd’hui, le gouvernement nous soumet un projet de loi d’exécution du budget de 2023 intitulé « Un plan canadien : une classe moyenne forte, une économie abordable, un avenir prospère ».
Chers collègues, le gouvernement me rappelle un tourne-disque. J’ai déjà utilisé cette analogie que beaucoup d’entre nous sont assez âgés pour connaître. Lorsque l’aiguille se pose sur un vieux vinyle égratigné, elle se met à sauter. Le mot « sauter » n’est peut-être pas le bon, car ce qui se passe en réalité, c’est que l’aiguille reste coincée au même endroit, et les mêmes paroles de la chanson se répètent sans cesse. Dans le temps, on lançait un objet sur le tourne‑disque où on se levait et on allait déplacer l’aguille.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui, chers collègues. L’aiguille du tourne-disque saute comme la bouche du premier ministre qui ne cesse de s’ouvrir pour répéter les mêmes paroles n’ayant désormais plus aucun sens. Chers collègues, il y a certainement des gens qui se portent bien depuis que les libéraux sont au pouvoir, mais la classe moyenne ne fait pas partie de ces gens.
Après huit années du règne du premier ministre Justin Trudeau, tout semble mal fonctionner : l’inflation écrase la classe moyenne et la classe inférieure; l’épicerie est de moins en moins abordable pour de plus en plus de Canadiens; le niveau d’endettement du gouvernement fédéral et des particuliers atteint des sommets; les taux d’intérêt n’arrêtent pas d’augmenter; le coût du logement, que ce soit pour une maison ou pour un appartement, est maintenant inabordable. La fonction publique fédérale n’a jamais été aussi grosse et inefficace.
Je suis sûr qu’une majorité de sénateurs pensent que j’exagère — j’aimerais bien que ce soit le cas —, mais les faits racontent une autre histoire, chers collègues. Pour ceux d’entre vous qui pensent encore que tout est rose dans le Canada de Justin Trudeau, permettez-moi de vous présenter quelques-uns de ces faits.
Parlons de l’inflation. Le 28 mars, le communiqué de presse du gouvernement sur le budget de 2023 annonçait en grande pompe qu’il allait « rendre la vie plus abordable ». Voilà, mes amis, un exemple de quelqu’un qui prend ses rêves pour des réalités. La vie est peut-être plus abordable pour Justin Trudeau et ses amis de l’élite, mais ce n’est pas ce que vivent les Canadiens ordinaires. Quelle que soit la façon objective de mesurer, la guerre des libéraux contre le travail rend la vie plus chère pour les Canadiens qui travaillent fort. Sous Justin Trudeau, le taux d’inflation au Canada a atteint des niveaux jamais vus depuis 40 ans.
La dernière fois que la situation était aussi épouvantable, c’était un autre Trudeau qui gérait les finances du pays; pensez-y un peu. C’est particulièrement vrai dans le cas de l’épicerie. L’augmentation des prix devait être temporaire, mais les prix sont loin de diminuer, ils augmentent.
L’Institut Angus Reid a souligné il y a quelques semaines que plus de la moitié des Britanno-Colombiens peinent à joindre les deux bouts à cause de l’inflation. La présidente de l’Institut Angus Reid, Shachi Kurl, a dit ce qui suit à Global News le 5 juin dernier :
[...] 53 % d’entre eux affirment qu’ils peinent à payer leurs dépenses quotidiennes ou qu’ils sont préoccupés par leur capacité à le faire [...]
Selon le Rapport annuel sur les prix alimentaires de 2023, les consommateurs doivent s’attendre à ce que le prix des aliments continue de grimper cette année, et ce seront les légumes, les produits laitiers et la viande qui connaîtront les hausses les plus marquées. Le rapport prévoit qu’une famille moyenne de quatre personnes dépensera jusqu’à 16 288 $ en nourriture cette année, soit une augmentation de plus de 1 000 $ par rapport à l’année dernière.
Au cas où des sénateurs ne connaîtraient pas le Rapport annuel sur les prix alimentaires, je précise que ce n’est pas une création des recherches menées par l’opposition, par le Parti conservateur. Il résulte d’une collaboration annuelle entre les partenaires de recherche suivants : l’Université Dalhousie, l’Université de Guelph, l’Université de la Saskatchewan et l’Université de la Colombie‑Britannique. On ne peut vraiment pas dire que ces universités sont des bastions des conservateurs.
Cette équipe de recherche utilise des sources de données historiques, des algorithmes d’apprentissage automatique et des outils d’analyse prédictive mis au point depuis de nombreuses années pour faire des prédictions sur le prix des aliments au Canada. Autrement dit, ne balayez pas du revers de la main ses conclusions lorsqu’elle dit que les prix sont à la hausse et qu’elle ajoute ce qui suit : « Nous n’avons pas vu les prix alimentaires augmenter autant au Canada depuis plus de 40 ans [...] ».
Honorables sénateurs, c’est quand on apprend que 1,5 million de Canadiens ont recours aux banques alimentaires et qu’une personne sur cinq saute des repas à cause du coût des aliments qu’on prend conscience des répercussions de l’augmentation du prix des aliments.
Pendant la crise de la COVID-19, Pierre Poilievre a sans cesse rappelé au gouvernement qu’on ne peut pas injecter des centaines de milliards de dollars dans l’économie sans générer de l’inflation. M. Trudeau et ses ministres lui répondaient qu’il n’y aurait pas d’inflation. Certains de leurs sympathisants nous mettaient même en garde contre la déflation. Il n’en demeure pas moins — même s’ils n’osent pas l’admettre — que c’est Pierre Poilievre qui avait raison et que les libéraux et leurs soi-disant spécialistes avaient tort.
Lorsque le taux d’inflation a atteint les sommets actuels, les libéraux nous ont dit que c’était à cause de l’inflation mondiale et des problèmes d’approvisionnement. Comme d’habitude, quand quelque chose ne va pas au Canada, les libéraux nous disent que ce n’est pas leur faute. Ils ne sont que des observateurs. Eh bien, voilà la vérité. Une grande partie de l’inflation au Canada est due aux dépenses du gouvernement Trudeau et aux déficits inconsidérés.
John Cochrane et Jon Hartley, de l’Université Stanford, ont écrit ceci :
La principale cause de l’inflation au Canada est simple : à compter de 2020, le gouvernement a emprunté plus de 700 milliards de dollars et il a redistribué la majeure partie de cette somme. Les gens ont alors dépensé l’argent reçu, ce qui a fait grimper les prix.
Avant de présenter le budget, Chrystia Freeland a admis que les déficits libéraux alimentaient l’inflation. Elle a déclaré que l’objectif du budget serait toutefois de « ne pas jeter de l’huile sur le feu de l’inflation ». Elle nous a dit qu’elle ferait preuve de rigueur budgétaire, sauf que les libéraux ont ensuite jeté pour 60 milliards de dollars supplémentaires d’huile sur le feu.
John Manley, un ancien ministre des Finances libéral, a déclaré que la politique fiscale de M. Trudeau rend l’inflation plus difficile à maîtriser. M. Manley a dit que c’était :
[...] un peu comme conduire votre voiture avec un pied sur l’accélérateur et l’autre sur le frein en général, surtout s’il y a de la neige fondue sous vos pneus.
Le pire, toutefois, c’est que cette inflation pourrait durer longtemps. La Banque du Canada a indiqué ce mois-ci que la dynamique de la demande avait accru le risque que l’inflation se maintienne au-dessus de 2 %, en précisant que le taux d’intérêt neutre pourrait être plus élevé qu’on ne le pensait auparavant.
Honorables sénateurs, on nous a dit qu’il n’était pas censé y avoir d’inflation. Lorsqu’elle s’est manifestée, elle était censée ne durer que peu de temps. Or, nous savons maintenant que non seulement elle a augmenté, mais elle restera élevée pour longtemps. Justin Trudeau et le gouvernement qu’il dirige n’ont pas la moindre solution à proposer. Ils ne font qu’aggraver le problème, ce qui m’amène à la question de la dette.
Depuis 2015, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a dépensé au moins 500 milliards de dollars qu’il n’a pas. Le premier ministre avait promis des déficits modestes et temporaires en 2015 tout en soutenant que les budgets s’équilibrent d’eux-mêmes. Je ne peux pas dire qu’il a menti — non, je vais le dire : il a menti. La dette fédérale du Canada pour l’exercice 2023-2024 devrait atteindre 1,22 billion de dollars. C’est près de 81 000 $ par ménage.
Justin Trudeau a encore plus creusé la dette que tous les autres premiers ministres confondus, mais il n’a toujours aucun plan pour renouer avec l’équilibre budgétaire. La ministre Freeland et lui se sont fait poser des centaines de fois cette question : quand aurons‑nous un budget équilibré? Ils n’en ont pas la moindre idée. Les intérêts sur la dette nationale s’élèveront à 43,9 milliards de dollars cette année. Avant la pandémie, ils s’élevaient à 24,4 milliards de dollars. C’est donc une hausse de 19,5 milliards de dollars, ou 80 %.
Pendant la crise de la COVID, Justin Trudeau nous a dit que le gouvernement fédéral empruntait tout cet argent pour que les Canadiens ordinaires n’aient pas à le faire. Tout d’abord, lorsque le gouvernement fédéral emprunte de l’argent, ce sont les Canadiens ordinaires qui l’empruntent.
Plus tôt ce mois-ci, la société d’enquête sur la solvabilité TransUnion a révélé que le taux d’endettement collectif des Canadiens a atteint un nouveau sommet de 2 320 milliards de dollars. Les ménages du Canada sont maintenant plus endettés que ceux de tout autre pays du G7 : leur taux d’endettement correspond à 185 % de leur revenu disponible, et leur dette dépasse maintenant la valeur totale de l’économie canadienne.
Il y a quelques semaines, le Fonds monétaire international a lancé un avertissement : au sein des économies avancées, c’est le Canada qui présente le risque le plus élevé au chapitre des défauts de paiement hypothécaire. Equifax a établi que les dépenses par carte de crédit des Canadiens ont augmenté de 21,5 % par rapport au niveau observé avant la pandémie. Equifax a écrit ceci :
Au 1er trimestre, 175 000 consommateurs supplémentaires ont affiché des défauts de paiement liés à au moins un produit non hypothécaire, ce qui représente une augmentation de 18,8 % par rapport au 1er trimestre 2022.
Vingt-sept pour cent des Canadiens ont dit avoir dû emprunter de l’argent à des proches, s’endetter davantage ou utiliser leurs cartes de crédit pour couvrir leurs dépenses courantes. Des chiffres de Statistique Canada révèlent que le nombre de cas d’insolvabilité a augmenté de près de 20 % au cours du dernier exercice financier. Pire encore, selon un rapport de la Banque Royale du Canada, ils pourraient encore augmenter de près de 30 % au cours des prochaines années.
Il y a quelques semaines, un sondage Angus Reid a déterminé que 68 % des Canadiens estiment que leur dette leur cause de l’anxiété, contre 81 % parmi ceux qui détiennent un prêt hypothécaire. Avant même la dernière augmentation du taux d’intérêt, presque 50 % des répondants affirmaient qu’ils se portaient moins bien financièrement qu’en juin 2022. Ces niveaux d’endettement sont d’autant plus effrayants vu la hausse des taux d’intérêt. D’ailleurs, 57 % des Canadiens disent que si les taux d’intérêt augmentent, ils seront en situation de détresse financière.
Le 7 juin dernier, la Banque du Canada a porté son taux directeur à 4,75 %, un sommet depuis mai 2001, ce qui a fait gonfler le prix tous les produits financiers, des prêts hypothécaires jusqu’aux marges de crédit.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a affirmé qu’à cause de l’augmentation des taux d’intérêt, beaucoup de gens auraient du mal à payer leur prêt hypothécaire. Elle a déclaré ce qui suit :
Il y a actuellement beaucoup de Canadiens anxieux qui seront inquiets en voyant la Banque du Canada prendre cette mesure. C’est tout à fait compréhensible. Je comprends parfaitement leur angoisse.
Les emprunteurs à taux variable seront les premiers à en souffrir.
Après la dernière augmentation de 25 points de base du taux directeur, un propriétaire qui a versé une mise de fonds de 10 % sur une maison d’une valeur de 716 083 $ — le prix moyen au Canada en avril — et qui a contracté un prêt amorti sur 25 ans à un taux variable de 5,55 % sur 5 ans paiera 98 $ de plus par mois, ou 1 176 $ de plus par année, pour ses versements hypothécaires.
Rien d’étonnant à ce que 64 % des Canadiens affirment que la hausse des taux d’intérêt a une incidence négative ou plutôt négative sur leurs dépenses personnelles, selon un sondage réalisé ce mois-ci par la firme de sondage Nanos.
Honorables sénateurs, ce ne sont pas seulement les titulaires de prêts hypothécaires ou les autres personnes endettées qui souffriront de l’augmentation des taux d’intérêt, mais bien tous les contribuables.
Comme je l’ai dit précédemment, les frais de service de la dette du gouvernement fédéral pour l’exercice en cours sont estimés à 43,9 milliards de dollars. C’est autant d’argent qui n’est plus disponible pour des priorités telles que l’aide à un plus grand nombre de Canadiens ainsi que le financement adéquat de notre système de santé ou des Forces armées canadiennes.
Avec une dette de 1,2 billion de dollars, chaque fois que le taux d’intérêt sur les emprunts du gouvernement augmente de 25 points de base, le coût du service de la dette bondit de 3 milliards de dollars.
Après huit ans du gouvernement de Justin Trudeau, si les taux ne baissent pas rapidement ou, pire, s’ils continuent à grimper, nous risquons de connaître une grave crise du crédit. Et que fait le gouvernement Trudeau pour atténuer ce risque? Il ne fait rien.
Au contraire, il jette de l’huile sur le feu en augmentant les dépenses. Un rapport publié par la CIBC ce mois-ci le dit noir sur blanc :
La maîtrise des dépenses publiques pourrait aider quelque peu la Banque du Canada à endiguer l’inflation et contribuer à limiter les dégâts pour les Canadiens endettés.
Puisqu’il est question de problèmes que les politiques de Trudeau aggravent, parlons un peu du logement.
Depuis que Justin Trudeau a promis de rendre la vie plus abordable pour la classe moyenne, en 2015, le coût du logement a doublé au Canada.
Chers collègues, voici, en chiffres, ce qui s’est passé sous la gouvernance de Justin Trudeau. La mise de fonds nécessaire pour acheter une maison a doublé, passant de 22 000 $ à 45 000 $; les versements hypothécaires pour une nouvelle maison ont plus que doublé, passant de 1 400 $ à 3 100 $ par mois; et le prix du loyer au Canada a doublé, passant de 1 172 $ à 2 153 $ pour un appartement de deux chambres à coucher — il a même plus que doublé dans bon nombre des plus grandes villes au pays.
En 2015, les Canadiens consacraient 39 % de leur chèque de paie à leurs paiements mensuels pour le logement. Sous Justin Trudeau, ce pourcentage est passé à 62 %.
En juin 2023, avant la dernière augmentation des taux d’intérêt, l’Institut Angus Reid a constaté que 54 % des locataires et 45 % des titulaires de prêts hypothécaires trouvaient leur paiement mensuel pour le logement difficile ou très difficile à gérer.
Ces prix privent des pans entiers de la population canadienne du marché des maisons.
Un rapport récemment publié du site de comparaison des taux hypothécaires Ratehub.ca indique que ceux qui espèrent acheter une maison moyenne à Vancouver doivent gagner environ 231 950 $ par an juste pour être déclarés admissibles à l’obtention d’un prêt hypothécaire. Ce calcul tient compte du prix moyen des maisons dans la région de Vancouver, qui est de 1,2 million de dollars.
Selon un rapport publié en mai 2023 par Desjardins, l’inabordabilité du logement oblige les adultes de 34 ans et moins à fuir les villes où ils ont grandi. Les jeunes Canadiens attendent également plus longtemps avant de se marier et avant d’avoir des enfants, selon le rapport.
La Stratégie nationale sur le logement du gouvernement Trudeau a financé la construction de 106 000 maisons depuis 2019. Pourtant, la Société canadienne d’hypothèques et de logement, ou SCHL, estime qu’il manque 400 000 maisons par année, et les constructeurs ne satisfont pas à la demande.
En mai 2022, la SCHL a déterminé que l’offre est « le principal problème qui nuit à l’abordabilité du logement » au Canada, et que les mises en chantier ont eu du mal à suivre la croissance démographique dans certaines grandes villes du Canada. Pour rétablir l’abordabilité, le Canada aura besoin, d’ici 2030, de 3,5 millions d’unités de plus que celles qui sont déjà en chantier.
Selon l’économiste en chef adjoint de la SCHL, « [n]ous devons repenser l’approche du Canada concernant l’offre de logements ».
Dans un rapport publié en juin 2023, RBC Marchés des Capitaux énonce l’avertissement qui suit : « Remettre de l’ordre dans le marché immobilier pour le rendre plus abordable, surtout à Toronto et à Vancouver, est probablement impossible. »
Pourtant, chers collègues, alors que la crise bat son plein, le site Web de la SCHL affiche le titre suivant à la page d’accueil : « À la SCHL, nous sommes guidés par un seul objectif : l’abordabilité du logement pour tous. »
Dans les circonstances, le titre devrait plutôt être : « Nous échouons totalement et complètement sous le gouvernement libéral! »
Nous pourrions en rire si la situation n’était pas si alarmante. On aurait cru que le gouvernement Trudeau exercerait des pressions sur la SCHL et ferait tomber des têtes.
N’ayez aucune crainte, chers collègues. Ce n’est pas le cas. Tout se passe comme à l’habitude à la SCHL, où les hauts cadres reçoivent tous une prime de rendement, même en l’absence de rendement. Je le répète, le ministre ne fait rien.
Dans un article paru le 19 mai 2023, l’énoncé suivant résumait bien la situation :
Ahmed Hussen, ministre du Logement, a déclaré que les constructeurs doivent bâtir plus de maisons, mais il n’a présenté aucune nouvelle initiative pour régler le problème de l’offre de logements.
Encore une fois, les libéraux agissent comme des témoins impuissants devant le chaos qu’ils ont eux-mêmes créé.
Et parlant de chaos, j’affirme que huit années sous la direction de Justin Trudeau ont rendu l’ensemble de l’appareil gouvernemental fédéral complètement dysfonctionnel.
Voici ce que publiait le Globe and Mail le 24 mars dernier :
Sous le gouvernement fédéral libéral, le noyau de la fonction publique n’a cessé de grandir au cours des huit dernières années. Or, la fonction publique a de plus en plus recours à la sous-traitance.
Aucune autre dépense n’a une plus grande incidence sur le budget : les coûts en personnel représentent la moitié du budget de fonctionnement du gouvernement fédéral. Pourtant, il a fait peu d’efforts pour démontrer que ces dépenses ont amélioré l’efficacité des programmes.
Le directeur parlementaire du budget a dit que les dépenses de personnel du fédéral ont augmenté de près de 31 % entre les exercices de 2019-2020 et 2021-2022. La taille de la fonction publique a augmenté de l’équivalent de 31 227 employés à temps plein entre avril 2020 et mars 2022.
Je suis d’accord avec le sénateur Gignac, qui a dit dans son discours, mardi, que l’augmentation du nombre d’employés dans la fonction publique fédérale et, plus important encore, l’augmentation des coûts qui y sont associés sont alarmants.
Sous Justin Trudeau, la croissance de la fonction publique fédérale a été plus rapide que celle des administrations locales et provinciales. L’effectif des fonctions publiques provinciales a augmenté, entre autres, parce qu’il a fallu embaucher davantage de travailleurs pour alléger l’énorme pression que la pandémie a exercée sur les équipes de soins de longue durée et sur les systèmes de soins de santé dans l’ensemble du pays. Ottawa ne peut pas dire la même chose parce qu’il n’offre pas ces services essentiels.
En plus, le gouvernement fédéral fait davantage appel à la sous‑traitance. S’il y a consacré 12,9 milliards de dollars en 2017-2018, ce montant est passé à 21,4 milliards de dollars, selon les projections, pour l’exercice en cours. Il n’existe aucun plan de réduction du nombre d’employés ou de sous-traitants.
Sous les libéraux de Trudeau, le gouvernement fédéral a connu une croissance exponentielle. Passe encore si les Canadiens recevaient un service de premier ordre, mais ils ont plutôt observé une détérioration constante de la qualité du service offert par la bureaucratie fédérale. On dépense donc plus d’argent pour une qualité de service moindre. Voilà ce à quoi ont droit les Canadiens après huit longues années sous la gouverne de Justin Trudeau. Ce n’est pas surprenant que tout semble mal aller, c’est parce que tout va mal.
En vérité, nous avons à peine commencé à tout énumérer. Nous pourrions également ajouter à l’héritage de Justin Trudeau une augmentation de 32 % des crimes violents; une crise des opioïdes qui tue 22 personnes par jour; un système de santé en ruine; des forces armées qui ne peuvent plus remplir leur mandat; un Canada qui n’est plus pertinent à l’échelle internationale; un système d’accès à l’information qui, selon la commissaire à l’information, « [...] s’est progressivement érodé au point de ne plus pouvoir remplir le rôle qu’il est censé exercer »; un régime d’assurance-emploi désuet et apparemment impossible à réformer; un nombre record de sans-abri dans toutes les villes canadiennes; un système d’aide internationale figé dans le XXe siècle; l’incapacité de fournir des services de base aux anciens combattants; plusieurs milliers d’Autochtones qui vivent dans des conditions dignes du tiers monde; un ministère de l’Immigration en ruine qui est incapable de délivrer des visas et des permis en temps opportun et qui fait l’objet d’accusations de racisme et de discrimination; des infrastructures, notamment de transport, qui s’effondrent; et un appareil de sécurité publique dans un tel état que le public est tout sauf en sécurité.
L’incompétence du gouvernement ne connaît aucune limite. Nous en sommes arrivés au point où il est difficile de déterminer quel député du gouvernement Trudeau a été le plus incompétent cette année, quoiqu’il faut dire que Marco Mendicino fait de son mieux pour remporter le premier prix. Je pourrais continuer indéfiniment, sans parler de tous les scandales et de l’odeur de corruption qui entourent ce gouvernement.
Même si je sais que je dispose d’un temps illimité, je n’aurais pas suffisamment de temps pour tous les énumérer.
Le capitaine de ce navire à la dérive est, bien sûr, le premier ministre Justin Trudeau, qui a atteint cette année de nouveaux sommets d’incompétence — ou peut-être s’agit-il plutôt d’une abysse d’incompétence. Il est incapable de donner de réponses claires sur quoi que ce soit, notamment sur l’ingérence de Pékin, parce qu’il en a bénéficié. Figurez-vous qu’il impose aux Canadiens une deuxième taxe sur le carbone qui entrera en vigueur le jour de la fête du Canada, alors que les banques alimentaires enregistrent un taux de fréquentation record.
Il s’est servi de la visite du président Biden pour finir par avouer que c’était lui qui avait séjourné dans une chambre d’hôtel à 6 000 $ la nuit à Londres, l’automne dernier. Par ailleurs, nous avons appris hier que lui et son entourage avaient dépensé plus de 61 000 $ pour des chambres d’hôtel afin d’assister — tenez-vous bien —, à un sommet sur la lutte contre la pauvreté. L’expression « qu’ils mangent de la brioche » nous vient à l’esprit.
En février, l’ancien commissaire à l’éthique a déclaré que l’ensemble du cabinet Trudeau avait besoin de formation en matière d’éthique. Espérons que le premier ministre aura suivi ses conseils afin que les Canadiens n’aient plus à subir ce genre de comportement à l’automne.
Avec un tel bilan, il n’est pas étonnant que 80 % des Canadiens souhaitent un nouveau gouvernement. Or, étant donné que le Canada se trouve dans une situation particulièrement difficile, on aurait pu s’attendre à ce que le gouvernement présente un budget ambitieux, visant à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Voici ce que la ministre Freeland a déclaré le 8 mars, juste avant de présenter le budget :
Je suis tout à fait consciente que nous préparons ce budget en une période où l’austérité s’impose et que le ralentissement actuel de l’économie canadienne exacerbe ce besoin d’austérité.
Est-ce que les libéraux ont présenté un budget et un projet de loi d’exécution du budget qui tiennent compte de ce climat difficile? Bien sûr que non. Ils ont choisi de présenter de petites mesures faciles, des artifices, comme le « remboursement pour l’épicerie », qui n’est même pas un remboursement et qui n’a rien à voir avec l’épicerie.
Dans le Canada de Justin Trudeau, ce n’est pas le ministère des Finances qui dirige la préparation du budget, c’est le service des communications du Cabinet du premier ministre.
Croyez-vous que j’exagère? L’ancien ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a lui-même dit que Justin Trudeau et les principaux conseillers de son Cabinet privilégient les gains politiques plutôt que les politiques publiques judicieuses, si bien qu’il avait l’impression de n’être là que pour la forme, ce qui n’est pas sans rappeler le sentiment qu’éprouvent souvent les sénateurs sous ce gouvernement.
Permettez-moi de citer un passage du plus récent livre de M. Morneau :
Mon rôle, qui devait consister à donner des conseils et des lignes directrices en matière de finances, s’était détérioré à un point tel que je n’étais plus qu’une figure de proue. Je n’étais là que pour la forme.
Ce sont les paroles de l’ancien ministre des Finances.
Je serais curieux d’avoir un entretien de départ avec Michael Sabia, le sous-ministre des Finances qui a quitté son poste. Je ne doute pas que l’envie qu’il a eue de retourner à Montréal a été motivée par le fait que Justin Trudeau et Katie Telford se concentrent sur la gestion du message plutôt que sur la gestion du pays.
Ainsi, parce que le service de communication du Cabinet du Premier ministre n’a pas pu trouver le bon slogan à la suite de ses groupes de discussion, la loi d’exécution du budget ne contient rien de concret sur la manière dont le gouvernement entend gérer l’économie. Quel est le plan de lutte contre l’inflation? Quand le budget sera-t-il équilibré? Quand le secteur public obèse sera-t-il mis au régime? Comment allons-nous relever les défis auxquels les Canadiens sont confrontés? Justin Trudeau et compagnie n’en ont aucune idée.
Les budgets servent à décider où dépenser et, ce qui est tout aussi important, chers collègues, où ne pas dépenser. Le plus grand échec budgétaire des libéraux de Trudeau a été d’ignorer ce principe de base des finances saines et, au lieu de cela, d’ajouter chaque année de nouvelles dépenses aux anciennes, tout en faisant complètement abstraction de la pression croissante de la dette nationale. Et au lieu de s’attaquer aux défis concrets auxquels les Canadiens sont confrontés aujourd’hui, le gouvernement s’entête à les aggraver avec cette loi d’exécution du budget.
Je n’entrerai pas dans les détails du projet de loi C-47. Plusieurs sénateurs ont souligné les lacunes de ce projet de loi, ou plus précisément les raisons pour lesquelles il ne fera qu’aggraver les problèmes auxquels nous faisons face, au lieu de les régler. Permettez-moi toutefois de souligner certaines questions soulevées par ce projet de loi, ainsi que par la politique financière globale du gouvernement Trudeau.
Comme je l’ai dit, les libéraux de Trudeau ajoutent plus de 60 milliards de dollars en nouvelles dépenses, ce qui correspond à 4 200 dollars par famille. C’est ahurissant. Cela signifie une hausse de l’inflation, un alourdissement du fardeau fiscal et une augmentation des coûts pour les travailleurs canadiens qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts.
Les folles dépenses du gouvernement fédéral sont particulièrement alarmantes. De l’exercice 2019-2020 à l’exercice 2020-2021, les dépenses fédérales ont connu une augmentation stupéfiante de 73 %, passant de 363 milliards de dollars à la somme faramineuse de 639 milliards de dollars.
S’il ne s’agissait que d’un cas isolé dû à la pandémie, cela pourrait nous tranquilliser, mais nous parlons ici d’un gouvernement qui avait déjà l’habitude de dépenser à outrance. Avant de défendre le bilan du gouvernement en prétextant qu’il a englouti l’argent des contribuables à cause de la pandémie, il faut savoir que le budget de cette année ne prévoit aucune dépense liée à la COVID et que, pourtant, les dépenses du gouvernement fédéral sont encore 37 % plus élevées qu’avant la pandémie. Cela revient à une augmentation annuelle moyenne des dépenses d’environ 12 %, ce qui est tout simplement insoutenable.
Cependant, ce n’est pas tout. En fait, le gouvernement n’a aucun plan pour maîtriser les dépenses. On s’attend à ce que celles-ci atteignent 556 milliards de dollars d’ici 2027-2028, ce qui correspond presque aux dépenses que nous avons connues pendant la pandémie, sauf qu’il n’y a plus de pandémie. Dieu nous préserve d’une autre pandémie!
Pire encore, cette vague incontrôlée de dépenses est financée par des déficits; elle a fait passer de façon spectaculaire la dette nette fédérale de 813 milliards de dollars en 2019-2020 au chiffre incroyable de 1,3 billion de dollars en 2022-2023.
D’ici 2027-2028, la dette d’Ottawa devrait dépasser 1,4 billion de dollars. Heureusement que nous aurons des élections avant cela, et que Pierre Poilievre et compagnie feront de leur mieux pour ramener les dépenses à un niveau raisonnable.
Cela signifie que vous devez vous préparer au problème imminent que représente la montée en flèche des coûts du service de la dette. À cause des dépenses inconsidérées de ce gouvernement, combinées aux augmentations des taux d’intérêt, nous sommes sur le point de subir les frais de service de la dette les plus élevés de l’histoire du Canada.
De 20,4 milliards de dollars en 2021, les intérêts de la dette ont fait un bond de 20 % en 2022 et devraient augmenter de 41 % en 2023 et de 27 % en 2024. D’ici 2028, les coûts annuels du service de la dette devraient dépasser la somme stupéfiante de 50 milliards de dollars, excédant ainsi les sommets atteints dans les années 1990.
Permettez-moi de citer un extrait du bulletin Global Economics du 29 mars de la Banque Scotia, qui fait état des résultats suivants obtenus à cause des dépenses excessives et inconsidérées de ce gouvernement :
Elles ont contribué à certaines des pressions inflationnistes qui représentent un impôt très régressif pour les Canadiens à revenu faible ou moyen…
Elles ont contribué à ce que le taux directeur de la Banque du Canada soit plus élevé qu’il ne l’aurait été dans d’autres circonstances.
Elles ont contribué à la pénurie de main-d’œuvre, puisqu’il y a 420 000 emplois de plus dans le secteur public depuis la veille de la pandémie et que ces emplois représentent 51 % de tous les emplois créés au Canada au cours de cette période. Il n’est donc pas étonnant que les entreprises aient du mal à trouver des travailleurs!!
Elles ont contribué à accroître la pression sur les salaires…
Elles ont aggravé les problèmes de compétitivité à cause de dépenses principalement axées sur les transferts sociaux redistributifs.
Le bulletin se conclut par ce qui suit :
Ce budget accentue les déséquilibres macroéconomiques et divise les gens à un moment où l’unité est nécessaire pour relever les défis du pays. Les gouvernements [...] ont maintenant développé une dépendance aux dépenses élevées et aux attaques contre certains groupes, ce qui sème la division. Rien n’est fait pour alléger les pressions qui s’intensifient année après année sur la productivité et la compétitivité. Grosses dépenses, gros déficits, grosse dette, impôts élevés, inflation élevée et défis dans le marché obligataire ne nous mènent pas à la prospérité.
Non, chers collègues, non, monsieur le leader du gouvernement, cette analyse n’a pas été écrite par Pierre Poilievre. Elle vient de Derek Holt, vice-président et chef des Études économiques sur les marchés des capitaux de la Banque Scotia.
Les Canadiens ne peuvent tout simplement pas se permettre les déficits inflationnistes sans fin de Justin Trudeau. Nous le voyons tous les jours : le prix des produits essentiels, comme la nourriture, le logement et le carburant, atteint des sommets.
Maintenant, l’application d’une deuxième taxe sur le carbone par la coûteuse coalition néo-démocrate—libérale ne fait qu’exacerber le problème. Cette deuxième taxe sur le carbone ajoutera jusqu’à 61 cents au prix du litre d’essence; faire le plein, se chauffer et faire l’épicerie coûtera encore plus cher qu’avant.
Selon le directeur parlementaire du budget, le ménage canadien moyen devra payer 573 $ de plus par année, sans remboursement. Dans certaines provinces, les familles paieront jusqu’à 1 157 $. Par conséquent, les deux taxes sur le carbone coûteront jusqu’à 4 000 $ supplémentaires par année aux familles.
J’insiste sur une phrase du rapport de la Banque Scotia que j’ai cité plus tôt :
Grosses dépenses, gros déficits, grosse dette, impôts élevés, inflation élevée et défis dans le marché obligataire ne nous mènent pas à la prospérité.
Pourquoi les économistes et les Canadiens ordinaires comprennent-ils cette réalité, mais pas le gouvernement libéral?
Permettez-moi de revenir sur le projet de loi C-47.
En 2015, les libéraux de M. Trudeau ont promis qu’ils n’utiliseraient pas de projets de loi omnibus. Encore une fois, ils ont induit les Canadiens en erreur. Le projet de loi C-47 est aussi omnibus qu’un projet de loi peut l’être. Il compte 430 pages et 681 articles concernant plus de 60 mesures différentes touchant à des lois qui n’ont rien à voir avec la politique fiscale ou budgétaire du gouvernement.
Nos comités sénatoriaux l’ont souligné : un certain nombre de mesures énoncées dans le projet de loi C-47 auraient dû faire l’objet de projets de loi distincts. En regroupant autant de changements de politiques différents dans un seul projet de loi, le gouvernement se dispense d’un examen et d’un débat adéquats à leur sujet. Les libéraux ont à juste titre dénoncé cette situation en 2015. Cependant, après huit ans au pouvoir, ils utilisent encore ce « subterfuge législatif », comme ils l’ont appelé à l’époque.
D’ailleurs, dans le même paragraphe de leur programme électoral de 2015, les libéraux ont promis de ne pas recourir à la prorogation « [...] pour échapper à certaines situations périlleuses [...] » Ils ont rompu cette promesse lorsque le scandale de l’organisme UNIS a éclaté. Je suis impatient de voir s’ils le feront à nouveau cet été pour éviter les enquêtes sur leurs innombrables scandales actuels.
Il convient également de mentionner l’utilisation par les libéraux de M. Trudeau de mesures fiscales rétroactives. Traditionnellement, c’est un territoire où les gouvernements ne s’aventurent pas.
Les contribuables ont le droit de s’organiser de façon à réduire leur fardeau fiscal. Cependant, pour y parvenir, ils doivent connaître les règles. Changer les règles du jeu de façon rétroactive est injuste, et cela nous engage sur une pente très glissante. Si un gouvernement se met à en faire une habitude, nous pouvons nous attendre à ce que certains initiés apprennent à anticiper les changements et à s’adapter, tandis que les autres devront payer la note de façon rétroactive faute d’avoir été informés.
Par ailleurs, le gouvernement rend de plus en plus difficile l’obtention de tous les renseignements sur ses dépenses. La sénatrice Marshall déplore cette tendance depuis plusieurs années déjà.
Dans son rapport du 13 avril, le directeur parlementaire du budget a dit ceci :
À cause de ce manque de transparence, il est difficile pour les parlementaires et le public d’examiner scrupuleusement les plans de dépenses du gouvernement et de rapprocher les montants provisionnés précédemment et leur annonce.
Le Hill Times a récemment publié un article à ce sujet. Des dépenses de plus de 30 milliards de dollars n’ont pas pu être examinées par le Parlement. Comme c’est souvent le cas avec les libéraux, on en vient à se demander si c’est à cause de leur incompétence ou parce qu’ils veulent cacher des nouvelles plus sombres.
Le 29 mars, le Globe and Mail a dit du budget que c’est un programme financier des plus fantaisistes, ajoutant que :
[...] le budget libéral repose sur un nuage de projections mystificatrices et l’espoir que les Canadiens souffrent d’amnésie collective [...]
Pour entretenir le leurre de la prudence libérale, il faudrait que les Canadiens conservent une mémoire de poisson rouge, toujours surpris par chaque tournant du cycle budgétaire.
J’espère que les sénateurs ne souffriront pas d’amnésie, qu’ils n’agiront pas comme des poissons rouges et qu’ils se joindront à mes collègues et à moi — qui ne sommes pas soumis à la discipline, sénatrice Deacon, mais qui croyons en la responsabilité financière. J’espère que vous vous joindrez tous à moi pour voter contre le projet de loi C-47.
Il s’agit d’un projet de loi bancal. Nous devrions le rejeter et renvoyer le gouvernement à sa planche à dessin. Il y a toutefois un autre motif pour lequel le Sénat devrait rejeter ce projet de loi, et c’est en raison de ce qu’il ne contient pas. En forçant le gouvernement à présenter un nouveau projet de loi d’exécution du budget, on lui donnerait l’occasion d’aborder certaines questions qui ne l’ont pas été dans le projet de loi C-47.
Tout d’abord, le projet de loi d’exécution du budget ne s’attaque guère aux nombreux défis auxquels le Canada est confronté et que j’ai soulignés au début de mon discours. Une chose qui me brise le cœur, c’est que, pour les jeunes Canadiens — comme mes petits-enfants et les vôtres —, le rêve de posséder une maison restera probablement un simple rêve. Les libéraux de M. Trudeau n’ont pas de réponse à offrir en matière de logement.
« Ce budget fait abstraction de la crise du logement », a déclaré l’économiste Mike Moffatt de l’Institut pour l’IntelliProspérité. Dans une analyse détaillée du budget de 2023, M. Moffatt a déclaré que la plupart des références au logement « étaient des annonces recyclées de mesures passées et des mises à jour sur l’état d’avancement de mesures qui n’ont pas encore été mises en œuvre ».
Le budget ne contient pas de propositions visant à libérer des terrains fédéraux pour la construction de logements, de mesures visant à réduire les formalités administratives pour les nouvelles constructions ou même de crédits d’impôt sur les matériaux de construction.
Il n’y a pas de plan pour les forces armées. Tous les pays de l’OTAN semblent pouvoir atteindre le seuil de 2 % pour les dépenses militaires, sauf le Canada. Chers collègues, nous sommes les parasites de l’OTAN : heureux de faire des discours sur l’importance de défendre la démocratie, mais peu disposés à faire le travail. Nous devrions avoir honte.
Il n’y a pas de plan à long terme pour payer toutes les faveurs que les libéraux accordent à leurs alliés néo-démocrates. Comment allons-nous payer le régime de soins dentaires, les services de garde d’enfants et le régime d’assurance-médicaments qui sera bientôt annoncé? Aucune idée. Je suppose que le plan consiste à emprunter plus d’argent pour payer tout cela. Peut-être que Justin Trudeau nous demandera à tous d’utiliser nos cartes de crédit et de l’aider. Rappelez-vous qu’en un an seulement, le coût du régime de soins dentaires a doublé. Qu’en sera-t-il dans cinq ans?
Justin Trudeau n’a pas non plus de plan pour lutter contre l’inflation, pour réduire les dépenses gouvernementales et pour rétablir l’équilibre budgétaire. Comme les Canadiens sont à court d’argent, Justin Trudeau est à court d’idées.
Cependant, ce qui est encore plus préoccupant, c’est qu’il est évident que le gouvernement actuel n’a aucune solution pour les perspectives à long terme de l’économie canadienne. En raison de la productivité lamentable, du faible niveau d’investissement des entreprises, de la pénurie de main-d’œuvre et de la nécessité d’effectuer la transition vers un mode de vie à faibles émissions de carbone pour l’avenir, on s’attend à ce que l’économie canadienne affiche une croissance très faible.
David Rosenberg, fondateur de la société de recherche indépendante Rosenberg Research & Associates Inc., a déclaré ce mois-ci :
Il s’agit de la quatrième baisse consécutive de la productivité canadienne et de la dixième contraction au cours des onze derniers trimestres. La tendance d’une année à l’autre est de moins 1,8 %, soit deux fois plus [qu’aux États-Unis].
Il poursuit :
Et tenez-vous bien : le niveau de productivité était plus faible au premier trimestre de 2023 qu’au premier trimestre de 2017. Voilà un bel héritage pour le gouvernement de Justin Trudeau.
Le budget de 2023 et le projet de loi C-47 sont muets sur la façon dont ce gouvernement entend relever ces défis. Il semble que les mots « productivité », « investissement » ou « croissance » soient étrangers aux libéraux de Trudeau. Ils sont tellement occupés à redistribuer la richesse et à faire l’étalage de leur propre vertu auprès de leurs groupes démographiques cibles qu’ils ont oublié de faire entièrement leur travail : créer de la richesse et s’assurer que tout le monde est gagnant.
Nous savons tous que Justin Trudeau et Steven Guilbeault veulent tuer non seulement l’industrie pétrolière et gazière, mais aussi toute autre exploitation des ressources naturelles. Les industries minières et forestières sont attaquées, tout comme le pétrole et le gaz. Comment vont-ils remplacer ces emplois? Oh, c’est facile : nous aurons des emplois verts.
Le fait est que Joe Biden a décidé que tous ces emplois verts devaient être créés aux États-Unis. Tant pis pour son ami Justin.
La loi de Joe Biden, qui porte le nom risible de « loi sur la réduction de l’inflation », donnera aux promoteurs de projets de production d’énergie verte américains environ 400 milliards de dollars de l’argent des contribuables américains, simplement sous forme de crédits d’impôt. Cela représente 540 milliards de dollars canadiens contre lesquels nous devons rivaliser.
La ministre Freeland l’a dit elle-même : nous sommes engagés dans une « course au nivellement par le bas », et nous sommes sur le point de la gagner, chers collègues.
Voici ce qu’a déclaré Bill Robson, PDG de l’Institut C.D. Howe du Canada :
En ce qui concerne toutes ces technologies vertes, je n’aime pas qu’on soit dans une guerre de surenchère avec les États‑Unis. [...] Eux aussi ont adopté cette attitude « dépensons aujourd’hui sans penser à demain » avec toutes leurs subventions.
On a déjà pu constater cette tendance avec Volkswagen et Stellantis en Ontario. On consacre plus de 30 milliards de dollars de l’argent des contribuables à ces deux entreprises. Et cela ne représente pas l’investissement total dans ce qu’on appelle les emplois verts. Cette somme ne vise que ces deux entreprises.
Cela signifie que les contribuables canadiens vont payer deux fois pour de l’énergie verte : une première fois par l’entremise de la taxe fédérale sur le carbone, et une deuxième fois par l’entremise de crédits d’impôts et autres subventions. Les citoyens américains ne paient pas de taxe sur le carbone. Pire, sans taxe sur le carbone, les États-Unis atteignent leur cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020, ce que le Canada — avec la même cible — a été incapable de faire. En 2020, aux États-Unis, les émissions avaient baissé de 20 % par rapport aux niveaux de 2005. Le Canada n’a pu faire mieux que 9,3 %.
Et si nous misions sur le mauvais cheval? Et si une technologie offrant des batteries plus performantes apparaissait dans cinq ans? Et si les véhicules à l’hydrogène venaient à supplanter les véhicules électriques? Tout cet argent aura disparu.
Justin Trudeau a décidé que le Canada allait combattre les changements climatiques avec des taxes et des subventions. Je ne pense pas que nous allons dans la bonne direction, chers collègues. Le gouvernement Trudeau n’a jamais atteint une seule cible de réduction des émissions de carbone depuis qu’il est au pouvoir — pas une seule. Ce sont des cibles que son gouvernement a adoptées du gouvernement Harper.
Rappelez-vous que, dans un rapport déposé à la COP 27, les Nations unies ont classé le Canada au 58e rang parmi 63 pays pour les enjeux environnementaux. Le Canada est de retour, comme Justin Trudeau l’a affirmé à la conférence de Paris. Le Canada est effectivement de retour, de retour à la case départ à la 58e position.
Les taxes sur le carbone sont à la hausse, c’est indéniable. Le problème, c’est que nos émissions de carbone augmentent également. Nous sommes tous témoins des effets dévastateurs des changements climatiques : les incendies de forêt, les inondations et les phénomènes météorologiques extrêmes. Cependant, il est absurde de penser que ces catastrophes diminueront si l’on force les Canadiens à payer plus de taxes. Quand on interpelle Steven Guilbeault à ce sujet, il ne fait qu’accuser ses détracteurs qui nient l’existence de la crise climatique.
Je me permets de vous citer le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, le fils de notre ancien Président, le très libéral Andrew Furey :
Je suis indigné par le ministre fédéral qui réduit toujours le problème à une dichotomie de type « soit vous croyez exactement ce que l’on vous dit, soit vous ne croyez pas aux changements climatiques. » C’est complètement illogique, c’est une fausse dichotomie, un faux dilemme, et c’est tout aussi insultant pour nous que c’est simpliste.
La politique des libéraux de Trudeau en matière de changement climatique n’a rien à voir avec le changement climatique : elle vise à taxer les Canadiens. Il ne s’agit pas d’un plan environnemental, mais d’un plan fiscal. Ajoutons qu’en réponse aux politiques de Joe Biden, le gouvernement a introduit une deuxième partie, un plan d’aide sociale pour les entreprises.
En effet, les Canadiens donnent maintenant d’énormes sommes d’argent à des multinationales étrangères dans l’espoir de recréer le succès de l’industrie automobile en Ontario. Compte tenu du bilan du gouvernement actuel, vous me permettrez une certaine nervosité devant ces paris.
Chers collègues, rappelez-vous que les cerveaux qui sont derrière ces paris étaient aussi derrière les autres politiques environnementales ratées du gouvernement Trudeau; ce sont les cerveaux qui ont infligé à l’Ontario une politique énergétique ridicule pour laquelle les contribuables paieront encore pendant très longtemps.
Pendant le débat sur le projet de loi C-47 et les travaux du comité, plusieurs sénateurs ont critiqué ce projet de loi et les politiques économiques du gouvernement libéral. Eh bien, chers collègues, il est temps de joindre le geste à la parole. Vous savez que ce projet de loi est irrécupérable. Vous savez que les politiques de ce gouvernement entraînent le Canada vers un mur. Votez à nos côtés. Votez contre ce projet de loi.
Je m’adresse aux sénateurs qui, je le sais, se considèrent comme étant responsables financièrement. Je m’adresse surtout aux sénateurs qui ont été nommés ou même élus en tant que conservateurs et qui se disent conservateurs. Servez-vous de ce message. Servez-vous de ce vote. Défendez le Canada. Envoyez un message au gouvernement : assez, c’est assez. Soyez sérieux. Montrez-nous que vous êtes conservateurs sur le plan financier, que vous êtes des progressistes-conservateurs et que vous vous souciez du Canada.
Le gouvernement ne sera pas renversé si le projet de loi C-47 est rejeté au Sénat. Il n’y aura pas d’élections. Mais le gouvernement devra faire mieux, et il y a de fortes chances que lorsque nous serons de retour ici dans trois mois, nous serons saisis d’un projet de loi d’exécution du budget, nouveau et amélioré.
Je voudrais conclure par une dernière diatribe, puis un message d’espoir. J’en ai assez que le gouvernement refuse d’assumer ses responsabilités et que ses membres se comportent comme s’ils n’étaient que des figurants dans un film. À l’instar de mon ami le sénateur Gold lors de la période des questions au Sénat, ils se mettent à râler chaque fois que quelqu’un leur fait remarquer l’une de leurs nombreuses faiblesses. Ils clament qu’ils ne sont responsables de rien. Ils blâment Stephen Harper, Donald Trump, Pierre Poilievre, les provinces en général et chaque premier ministre en particulier. Parfois, ils blâment les Canadiens eux-mêmes, car certains d’entre nous ne sont peut-être pas aussi éclairés que les libéraux le voudraient. Ils expliquent que les problèmes sont dus à la situation internationale ou à une décision prise ailleurs. Ils se défilent en disant : « Regardez comment c’est ailleurs. » Ils déplorent qu’ils n’aient pas eu le temps de s’occuper de tel ou tel problème en huit ans.
Chers collègues, les Canadiens en ont assez. Les libéraux, et plus précisément Justin Trudeau, doivent prendre leurs responsabilités. Ils sont au pouvoir depuis huit ans et, avec l’aide du NPD, ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Les libéraux contrôlent la Chambre des communes. Ils ont une majorité écrasante au Sénat et à la Cour suprême. La fonction publique est aussi obéissante qu’elle l’est invariablement lorsque les libéraux sont au pouvoir. Aucun ministre n’oserait remettre en question la position du chef.
Quel est donc le problème? Pourquoi ne peuvent-ils pas nous offrir un plan? Comme je l’ai dit tout à l’heure, ils n’ont aucune vision. Ils ont oublié pourquoi ils veulent être au pouvoir, sauf lorsqu’il s’agit de profiter de leurs privilèges. Ils ne savent pas quoi faire, sauf quand un agent de communications sort d’un groupe de discussion avec une nouvelle astuce. Ils ne sont pas informés par leurs employés. Ils ne lisent pas leurs courriels. Ils ne posent pas de questions aux fonctionnaires. Ce navire est à la dérive, chers collègues, et il n’y a personne à la barre.
Heureusement, il y a une autre option, et je vais vous dire tout de suite de quoi il s’agit. C’est mon message d’espoir : Pierre Poilievre et les conservateurs feront en sorte que le Canada fonctionne. Nous allons faire baisser les prix en éliminant la première taxe inflationniste sur le carbone, la deuxième taxe sur le carbone et les déficits qui font augmenter l’inflation et les taux d’intérêt. Nous allons offrir aux Canadiens des logements abordables en délogeant les empêcheurs de tourner en rond, en libérant des terrains et en accélérant la délivrance des permis de construire. Nous allons rétablir le gros bon sens des gens ordinaires à Ottawa. Cependant, avant tout cela, chers collègues, il faut rejeter le projet de loi C-47 et forcer le gouvernement à faire son travail. Merci, chers collègues.
Les honorables sénateurs sont-ils prêts à se prononcer?
L’honorable sénateur Loffreda, avec l’appui de l’honorable sénateur Gold, propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois.
Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?
Que les sénateurs qui sont en faveur de la motion veuillent bien dire oui.
Que les sénateurs qui sont contre la motion veuillent bien dire non.
À mon avis, les oui l’emportent.
Je vois deux sénateurs se lever. Y a-t-il entente au sujet de la sonnerie?
Quinze minutes.
Le vote aura lieu à 17 h 59. Convoquez les sénateurs.
Honorables sénateurs, il est maintenant 18 heures. Conformément au Règlement, je suis obligée de quitter le fauteuil jusqu’à 19 heures, moment où nous reprendrons nos travaux, à moins que vous souhaitiez ne pas tenir compte de l’heure.
Vous plaît-il de faire abstraction de l’heure?