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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'honorable Stephen Greene

Hommages à l'occasion de son départ à la retraite

27 novembre 2024


L’honorable Rebecca Patterson [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre collègue le sénateur Stephen Greene. Puisque vous et moi n’avons pas siégé longtemps ensemble, je vous fais part des réflexions de mon directeur des affaires parlementaires, Chris Reed, qui a été le conseiller parlementaire du sénateur Greene, puis son directeur, de février 2016 à mars 2023. Je suis ravie de vous transmettre ces paroles parce que nous savons tous que le personnel joue un rôle essentiel dans notre vie et dans notre réussite en tant que sénateurs.

C’est maintenant Chris qui parle, alors tenez-vous bien. Voici ce qu’il dit :

Sénateur — Stephen — Steve,

Que peut-on ajouter aux hommages qu’on vous a déjà rendus?

Je sais que vos collègues sénateurs rendront hommage à vos nombreuses réalisations professionnelles, alors par l’entremise de la sénatrice Patterson, que je remercie, je vais plutôt parler de la personne que vous êtes, Steve.

Vous rappelez-vous que, lorsque j’ai commencé à travailler dans votre bureau, vous m’avez dit de vous appeler Steve? Je pense que j’en suis finalement capable, maintenant.

Saviez-vous que l’un de vos musiciens préférés, Duke Ellington, avait reçu la Médaille présidentielle de la liberté? Comme vous avez toujours cru à la liberté, je suis sûr que vous le saviez déjà.

Saviez-vous aussi que Louis Armstrong avait repris la chanson The Bare Necessities?

Comme vous me connaissez bien, vous saviez sans doute que j’allais faire une blague de Disney.

Plus sérieusement, je ne vous remercierai jamais assez de toute l’aide que vous m’avez donnée.

Je vous suis reconnaissant, à vous et à Adelheid, de m’avoir accordé une chance à l’automne de 2015, malgré les nombreuses difficultés que je vivais sur le plan personnel et professionnel. Revenir travailler auprès de vous, ici, au Sénat, a été un énorme soulagement.

Surtout, vous m’avez rappelé ceci :

Il en faut peu pour être heureux

Vraiment très peu pour être heureux

Chassez de votre esprit tous vos soucis et vos luttes [...]

Vous m’en devez une. Chris poursuit ainsi :

Ah, que nous avons eu du plaisir.

Nous n’avons peut-être pas résolu tous les problèmes du monde, mais, tard le soir, devant un whisky single malt taiwanais, nous avons fait de notre mieux.

Bon, d’accord, nous avons probablement un peu empiré les choses.

Mais le Sénat qui existe aujourd’hui est, en partie, le fruit de votre travail. Pour cela, j’estime que vous devriez être reconnu et salué.

Merci, bien sûr, à Shami et Shabram de nous avoir laissé vous emprunter de temps en temps. De même, je remercie Lana, Rose et Reed d’avoir partagé leur père et grand-père avec les Canadiens.

Un dernier conseil, ou instruction, si vous me le permettez [...]

 — j’entends sa voix dans ma tête en ce moment —

[...] la prochaine fois que le premier ministre vous invitera à dîner, dites simplement « NON ».

Steve, vous avez toujours été un non-conformiste — un réformateur implacable. Ne changez surtout pas.

Je vous offre nos meilleurs vœux alors que vous retournez chez vous et célébrez le prochain chapitre de votre vie.

Merci.

L’honorable Peter M. Boehm [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre ami et collègue Stephen Greene. J’ai le privilège de le connaître depuis mon premier jour au Sénat, il y a six ans, lorsqu’il m’a serré la main en guise de bienvenue. Depuis lors, nous avons travaillé ensemble au Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, d’abord sous la direction de notre ancien collègue Raynell Andreychuk.

En 2020, lorsque je suis devenu président, Stephen a été nommé au comité directeur, et j’ai beaucoup apprécié son esprit de collaboration et son expertise. Ses questions et ses commentaires lors des séances du comité ont toujours été réfléchis et parfois difficiles, comme il se doit, car il est important de garder les témoins et ses collègues sur le qui-vive.

Stephen s’est toujours intéressé de près aux questions internationales, ce qui l’a très bien servi, ainsi que les autres membres du comité, dont je fais partie.

Avant de siéger au Sénat, il a travaillé à l’ambassade du Canada à Washington sur les questions de pêche et il a traité des questions relatives à la frontière maritime du golfe du Maine avec les États-Unis pendant son affectation à notre consulat général à Boston.

Il a ajouté à cela une expérience considérable dans le secteur privé en travaillant pour Clearwater Fine Foods. Il s’agit là des questions que l’on qualifie d’« intermestiques » avec les États-Unis, et je soupçonne que nous serons confrontés à de nombreuses autres questions de ce genre au cours des prochaines années.

Toutefois, son esprit curieux est allé bien plus loin, de l’OTAN — j’ai beaucoup aimé notre mission commune à Londres en 2019, dans le cadre d’une session de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN — jusqu’à l’avenir de Taïwan, en passant par l’évolution du rôle du Canada dans le monde. Tous ces sujets, et bien d’autres encore, ont occupé une place importante dans ses réflexions et dans ses lectures exhaustives sur ces thèmes importants.

Ensuite, il y a son côté politique. Winston Churchill a dit un jour :

La politique est presque aussi excitante que la guerre, et tout aussi dangereuse — à la guerre vous pouvez être tué une fois seulement; en politique, plusieurs.

Eh bien, Stephen est plusieurs fois survivant.

Cela dit, peu importe où il a travaillé et quelle fonction il a remplie — que ce soit en tant que candidat fédéral pour le Parti réformiste du Canada, collaborateur d’un ancien gouvernement progressiste-conservateur en Nouvelle-Écosse, ou sénateur du Parti conservateur ou du Groupe des sénateurs canadiens —, il s’est imposé de manière convaincante tout en restant fidèle à ses principes, en particulier au fil de l’évolution du Sénat.

Si je me souviens bien, il a mentionné ses affiliations dans son discours émouvant, mémorable et franchement humoristique sur la maladie de Parkinson, dont il est atteint, en 2021, et il n’a pas manqué l’occasion de s’en prendre à tous les groupes, un peu comme dans son discours d’aujourd’hui.

Il me manquera au Sénat, comme à beaucoup d’autres. Il retournera dans la Nouvelle-Écosse qu’il aime tant, avec sa conjointe dévouée, Shami, pour prendre une retraite extrêmement bien méritée. Quant à savoir s’il est prêt à se poser, c’est une autre histoire.

Ayant eu l’occasion de connaître l’excellente équipe de Stephen au fil des ans, je m’en voudrais de ne pas souligner la chance qu’il a eue de travailler avec Adelheid Ruppenstein pendant 16 ans et avec Christopher Reed pendant de nombreuses années.

Stephen, je sais que le Sénat vous manquera et que vous nous manquerez, mais, si j’ose dire, l’herbe sera plus « Greene » du côté de la retraite.

Merci pour tout, cher ami.

Honorables sénateurs, afin de rendre hommage à mon ami et collègue, permettez-moi de le citer :

Certaines personnes [...] croient qu’être non conformiste est une mauvaise chose, que le « non-conformisme » sous toutes ses formes devrait être éradiqué. Pas moi. En effet, j’associe le « non-conformisme » à une pensée nouvelle, élaborée et exprimée avec rigueur. C’est la volonté de s’affirmer en toute indépendance sans craindre de potentielles conséquences [...] Il s’agit donc de suivre sa propre conscience, ses propres convictions. Autrement dit, « non-conformisme » rime avec espoir et liberté.

Stephen Greene est — et a toujours été — non conformiste, et le Sénat n’en est que meilleur grâce à cela.

Si vous jetez un coup d’œil au curriculum vitæ de Stephen, vous verrez qu’on dirait qu’il est incapable de conserver un emploi. De notre ambassade à Washington jusqu’au bureau d’un premier ministre en Nouvelle-Écosse, il s’est inquiété des déficits hors de contrôle, a rejoint les rangs du Parti réformiste, a été candidat et chef de cabinet. Stephen a toujours été un faiseur, mais avec une capacité d’attention limitée.

Avec Stephen, toutefois, pas question de se battre contre des moulins à vent. Il est toujours concentré et déterminé.

Nous sommes arrivés ici en même temps, et même à cette époque, la réforme du Sénat était déjà bien présente dans son esprit. Il s’inquiétait du fait que la partisanerie minerait l’expérience que nous apportons tous ici en même temps que nos croyances politiques, car nous sommes ici pour servir les Canadiens et non des partis politiques ou des cercles sociaux.

La question n’est pas d’être nommé ou élu. Nul besoin de briguer les suffrages pour être pertinent. Nous pouvons et devons remettre en question les orientations publiques. En quoi un amendement proposé par le Sénat dans le but d’améliorer un projet de loi pourrait-il mettre en danger la démocratie? En fait, Stephen pense que si on abolissait le Sénat, il faudrait que les Canadiens l’inventent.

Stephen est spirituel, charmant, direct, réfléchi et drôle. Quand il a décidé de nous annoncer le diagnostic de sa maladie de Parkinson, il s’inquiétait surtout de notre réaction, alors il a fait un peu d’humour. Permettez-moi de vous rappeler les mots qu’il a prononcés ce jour-là :

[...] la maladie de Parkinson peut aussi causer de l’incontinence, ce qu’il ne faut pas confondre avec la façon dont certains sénateurs [...] ont parfois du mal à se contenir pendant leurs discours au Sénat. Je parle plutôt de ce qu’on entend généralement par incontinence. Cependant, je promets à mes chers voisins de banquette que je les avertirai suffisamment à l’avance [...]

Cela nous a fait réfléchir au pouvoir de l’espoir et de l’humour.

Ainsi, je dis à ce non-conformiste éternel : gardez votre humour, gardez espoir. Continuez à vous battre, continuez à changer les choses. Votre sagesse et votre sourire ironique nous manqueront, mais nous vous garderons toujours dans nos cœurs.

L’honorable Mary Coyle [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’honorable Stephen Greene, qui, comme moi, a élu domicile en Nouvelle-Écosse. C’est un homme doté d’un brillant esprit politique et d’un excellent sens des affaires, qui possède une vaste expérience tant en politique que dans l’exploitation d’entreprises. C’est un fervent partisan du conservatisme financier, un patriote autoproclamé, un grand admirateur des États-Unis d’Amérique, un réformateur indépendant d’esprit, une personne très drôle et un fidèle serviteur du Sénat, des Néo-Écossais et des Canadiens; tout cela, même si, au cours des dernières années, il a dû vivre avec les effets imprévisibles et débilitants de la maladie de Parkinson.

Après une carrière politique, où il s’est présenté deux fois comme candidat pour le Parti réformiste, a été chef de cabinet de Preston Manning et, plus tard, secrétaire principal du premier ministre de la Nouvelle-Écosse Rodney McDonald, il a travaillé dans le secteur des affaires, chez H.B. Nickerson and Sons puis chez Clearwater Fine Foods. Il a d’ailleurs contribué à faire de cette dernière entreprise la plus grande et la plus importante société de fruits de mer au Canada. Il a aussi travaillé pour le gouvernement, d’abord à l’ambassade canadienne à Washington, puis au consulat canadien à Boston, avant d’être nommé ici en 2008.

Pendant ses années au Sénat, le sénateur Greene, de concert avec le sénateur Massicotte, a contribué de façon importante à la modernisation du Sénat. Il a critiqué le caractère institutionnalisé et partisan du processus décisionnel qu’il a observé dans le Sénat bipolaire dont il était l’héritier en tant que nouveau sénateur conservateur. À l’époque, les votes de sénateurs étaient soumis à la discipline du parti, tout comme ceux des députés, de sorte que le public considérait le Sénat comme étant inutile et comme un gaspillage de fonds publics pour reprendre ses propos. Il croit que le Sénat est devenu plus pertinent depuis qu’il est devenu une assemblée multipolaire, où l’opposition peut venir de n’importe quel sénateur, peu importe le groupe auquel il appartient. Bien qu’il considère la partisanerie institutionnalisée comme un obstacle à un véritable second examen objectif, le sénateur Greene met également en garde contre les dangers du panurgisme.

Il a défendu des règles qui reflètent la réalité multipolaire du Sénat, et certaines d’entre elles sont en vigueur aujourd’hui.

Lors de son premier discours sur le budget de 2009, le sénateur Greene avait souligné ce qu’il défendait :

Je crois que ce budget, de concert avec les autres politiques [...] — qui revendique et défend notre Nord, qui protège notre environnement et investit dans l’économie verte, qui renforce les compétences de nos travailleurs et améliore le rendement de nos entreprises, qui fait rayonner le pouvoir, le prestige et les idéaux canadiens à l’étranger grâce à nos musiciens, nos artistes, nos sportifs ainsi que nos hommes et nos femmes en uniforme — je crois que tout cela donne au Canada et aux Canadiens la possibilité de revendiquer leur part du XXIe siècle.

Sénateur Greene, je me joins à tous mes collègues sénateurs aujourd’hui pour vous remercier de votre importante contribution à cette chambre et à la réforme du Sénat du Canada, et je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille bien-aimée, santé et plénitude pour de nombreuses années à venir.

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