« Rien de ce que j’avais imaginé » : La sénatrice Hartling se retire de la Chambre rouge
Défenseure récompensée des intérêts des personnes monoparentales et des femmes, la sénatrice Nancy J. Hartling a apporté, en 2016, plus de 30 ans d’expérience en tant que travailleuse sociale au Sénat.
Parmi ses réalisations à la Chambre rouge, elle a travaillé sur plusieurs rapports de comité et a parrainé avec succès un projet de loi qui a renforcé les mesures contre le harcèlement dans les lieux de travail canadiens. Tout au long de ce parcours, elle a acquis une réputation de collègue calme, compatissante et collaborative.
La sénatrice Hartling revient sur ses huit années passées au Sénat avant sa retraite le 1er février 2025.
Vous avez fondé et dirigé l’organisme à but non lucratif Support to Single Parents Inc., établi à Moncton, dans les années 1980. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cet organisme?
J’avais déjà travaillé au sein d’autres organismes voués au service familial, notamment le Boys and Girls Club, et j’ai commencé à remarquer que notre communauté manquait de soutien pour les personnes monoparentales. Je suis allée avec une amie à Edmonton, en Alberta, pour visiter le Terra Centre, un organisme qui offre divers services aux parents adolescents, depuis l’aide durant l’école secondaire jusqu’à l’obtention de leurs permis de conduire. J’ai utilisé l’argent de mon assurance vie pour ce voyage, et c’est le meilleur investissement que j’ai jamais fait. Cela m’a donné l’idée de mettre sur pied quelque chose de comparable à Moncton.
Qu’est-ce qui vous a motivé à consacrer votre vie au service des autres, et comment le Sénat vous a‑t‑il donné une plateforme pour amplifier cette mission?
Ma carrière de travailleuse sociale a commencé dès l’âge de cinq ans. Ma tante était travailleuse sociale dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse et elle m’emmenait partout avec elle lorsqu’elle visitait différents foyers. Je restais évidemment dans la voiture, mais je la regardais à travers la fenêtre pendant qu’elle se dirigeait vers chaque porte, et je me demandais à quoi ressemblaient tous ces gens. J’ai développé très tôt un intérêt pour les gens et j’ai toujours su que ma carrière serait axée sur cet aspect.
J’ai complété un programme de travail social, puis j’ai fait ma maîtrise en éducation des adultes tout en élevant mes enfants en étant une mère monoparentale.
Une fois que mes enfants ont grandi et que j’ai pris ma retraite, j’ai posé ma candidature au poste de sénatrice en aout 2016. En octobre, j’ai reçu un appel du cabinet du premier ministre. J’étais sous le choc et honorée. C’était beaucoup de changements, mais je pouvais voir les occasions de développer certaines des plateformes sur lesquelles j’avais déjà travaillé de manière différente.
Vous avez été membre de plusieurs comités du Sénat, notamment le Comité sénatorial des pêches et des océans, le Comité sénatorial des droits de la personne et le Comité sénatorial des peuples autochtones. Quel comité ou travail législatif vous a marqué le plus?
J’ai adoré être membre du Comité sénatorial des peuples autochtones, car cela m’a permis d’en apprendre davantage sur les communautés autochtones, non seulement dans ma province mais aussi dans tout le pays.
J’ai également été heureuse de rencontrer et d’écouter les jeunes autochtones qui sont venus au Sénat par l’intermédiaire du programme Voix de jeunes leaders autochtones. Nous ne voyons pas toujours des histoires positives sur les communautés autochtones dans les médias, mais ces jeunes nous ont montré comment ils s’épanouissent et font un travail incroyable.
Une autre chose qui m’a marquée est le rapport intitulé Archives manquantes, enfants disparus, qui a mis en lumière les défis liés à l’accès aux documents sur les pensionnats. Il a été difficile d’écouter les témoignages des témoins au cours de cette étude, mais d’un autre côté, c’était une bonne chose que notre comité ait pu contribuer à amplifier ces voix et à pousser le gouvernement fédéral à apporter des changements.
Les missions d’étude conduisent les sénateurs au cœur des communautés et des enjeux. Qu’est-ce que ces expériences vous ont appris sur le Canada que vous n’auriez peut-être pas appris autrement?
Je suis allée en mission d’étude dans les prisons à travers le pays pour l’étude du Comité sénatorial des droits de la personne concernant les droits de la personne des personnes purgeant une peine de ressort fédéral. Ce fut une révélation d’en apprendre davantage sur les expériences de nos populations carcérales et de voir autant d’Autochtones, de femmes, de personnes âgées et de personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
J’ai rencontré un jeune homme qui m’a dit que sa mère était impliquée dans la drogue et qu’il n’avait pas de père; il a donc commencé à fréquenter les mauvaises personnes et a finalement abouti en prison. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il n’était pas différent de quelqu’un avec qui j’aurais travaillé dans un programme d’intervention auprès de la petite enfance pendant mes années en tant que travailleuse sociale. Certaines personnes qui finissent en prison n’ont jamais eu la chance de recevoir ce genre de soutien.
Quand j’étais membre du Comité sénatorial des pêches et des océans, nous sommes allés à Iqaluit afin d’étudier les opérations de recherche et de sauvetage dans le Nord. Cette visite des lieux m’a permis de voir comment les habitants survivent à l’isolement et aux conditions climatiques extrêmes, et comment les changements climatiques se répercutent sur leur mode de vie. Ces derniers sont vraiment ingénieux. J’ai pu avoir une idée de leur mode de vie et j’ai pu imaginer ce que cela représenterait de vivre dans l’isolement. J’ai apprécié cette occasion, et c’est l’un de mes meilleurs souvenirs.
Vous avez également travaillé dans l’édifice du Centre avant sa fermeture pour rénovation en 2019. Gardez-vous de bons souvenirs du temps que vous avez passé dans cet édifice?
J’ai vraiment aimé pouvoir monter à l’étage jusqu’à la cafétéria ou à la salle à manger et croiser des députés et d’autres personnes. Je me souviens d’y avoir vu un jour l’ancien premier ministre Joe Clark. Il était plus facile d’y rencontrer les députés du Nouveau-Brunswick, et il y avait une sorte de cohésion dans l’édifice du Centre que nous n’avons pas dans le nouvel édifice du Sénat du Canada. Mais le nouvel édifice est phénoménal, donc je suis contente d’avoir vécu les deux expériences.
Qu’est-ce qui vous manquera le plus du Sénat?
Les gens que j’ai rencontrés et avec qui je me suis liée d’amitié, y compris mes collègues et le personnel du Sénat. Je tiens à remercier tous les membres de la famille du Sénat qui assurent le bon déroulement de nos vies, des chauffeurs d’autobus aux personnes qui travaillent au Service de protection parlementaire. Sans ces personnes, nous ne pourrions pas effectuer notre travail.
Le travail d’équipe, la convivialité et la collaboration me manqueront également. On en construit beaucoup en huit ans.
Quel conseil donneriez-vous au prochain sénateur ou à la prochaine sénatrice du Nouveau-Brunswick?
Je leur dirais de s’assurer de rester en contact avec la communauté. J’ai toujours été visible dans ma communauté, et l’une de mes plus grandes préoccupations lorsque j’ai rejoint le Sénat était de rester en contact avec la population du Nouveau-Brunswick. J’ai donc créé une infolettre que j’ai partagée avec mes contacts du Nouveau-Brunswick pour leur faire savoir ce qui se passait au Sénat.
Quels sont vos plans pour la retraite?
Mon premier objectif est de me remettre en forme, car je n’ai pas eu beaucoup de temps pour faire de l’activité physique. J’ai commencé des cours de sport et j’ai repris la danse en ligne et la randonnée.
Pendant mon mandat au Sénat, j’ai été coprésidente du caucus multipartite sur le diabète de type 1 et je vais continuer à travailler sur cette question, car mon petit-fils est atteint de ce type de diabète.
Je souhaite rester impliquée dans la communauté, mais j’ai besoin de prendre le temps de réfléchir à mes huit années passées au Sénat. J’avais l’impression d’aller à l’université; j’ai appris tellement de choses et je dois maintenant digérer cela. C’est un peu triste, mais d’un autre côté, j’aurai le temps de rendre visite à mes enfants et à mes petits-enfants en Colombie-Britannique. J’en profiterai.
Ce fut un grand honneur de servir au Sénat. Ce n’est rien de ce que j’aurais pu imaginer, mais ça a été un réel privilège.
La sénatrice Hartling assiste à une collecte de fonds pour Breakthrough T1D, un groupe national de recherche et de défense du diabète de type 1, avec son petit-fils Maxwell Leblanc en 2024. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Nancy J. Hartling)
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« Rien de ce que j’avais imaginé » : La sénatrice Hartling se retire de la Chambre rouge
Défenseure récompensée des intérêts des personnes monoparentales et des femmes, la sénatrice Nancy J. Hartling a apporté, en 2016, plus de 30 ans d’expérience en tant que travailleuse sociale au Sénat.
Parmi ses réalisations à la Chambre rouge, elle a travaillé sur plusieurs rapports de comité et a parrainé avec succès un projet de loi qui a renforcé les mesures contre le harcèlement dans les lieux de travail canadiens. Tout au long de ce parcours, elle a acquis une réputation de collègue calme, compatissante et collaborative.
La sénatrice Hartling revient sur ses huit années passées au Sénat avant sa retraite le 1er février 2025.
Vous avez fondé et dirigé l’organisme à but non lucratif Support to Single Parents Inc., établi à Moncton, dans les années 1980. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cet organisme?
J’avais déjà travaillé au sein d’autres organismes voués au service familial, notamment le Boys and Girls Club, et j’ai commencé à remarquer que notre communauté manquait de soutien pour les personnes monoparentales. Je suis allée avec une amie à Edmonton, en Alberta, pour visiter le Terra Centre, un organisme qui offre divers services aux parents adolescents, depuis l’aide durant l’école secondaire jusqu’à l’obtention de leurs permis de conduire. J’ai utilisé l’argent de mon assurance vie pour ce voyage, et c’est le meilleur investissement que j’ai jamais fait. Cela m’a donné l’idée de mettre sur pied quelque chose de comparable à Moncton.
Qu’est-ce qui vous a motivé à consacrer votre vie au service des autres, et comment le Sénat vous a‑t‑il donné une plateforme pour amplifier cette mission?
Ma carrière de travailleuse sociale a commencé dès l’âge de cinq ans. Ma tante était travailleuse sociale dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse et elle m’emmenait partout avec elle lorsqu’elle visitait différents foyers. Je restais évidemment dans la voiture, mais je la regardais à travers la fenêtre pendant qu’elle se dirigeait vers chaque porte, et je me demandais à quoi ressemblaient tous ces gens. J’ai développé très tôt un intérêt pour les gens et j’ai toujours su que ma carrière serait axée sur cet aspect.
J’ai complété un programme de travail social, puis j’ai fait ma maîtrise en éducation des adultes tout en élevant mes enfants en étant une mère monoparentale.
Une fois que mes enfants ont grandi et que j’ai pris ma retraite, j’ai posé ma candidature au poste de sénatrice en aout 2016. En octobre, j’ai reçu un appel du cabinet du premier ministre. J’étais sous le choc et honorée. C’était beaucoup de changements, mais je pouvais voir les occasions de développer certaines des plateformes sur lesquelles j’avais déjà travaillé de manière différente.
Vous avez été membre de plusieurs comités du Sénat, notamment le Comité sénatorial des pêches et des océans, le Comité sénatorial des droits de la personne et le Comité sénatorial des peuples autochtones. Quel comité ou travail législatif vous a marqué le plus?
J’ai adoré être membre du Comité sénatorial des peuples autochtones, car cela m’a permis d’en apprendre davantage sur les communautés autochtones, non seulement dans ma province mais aussi dans tout le pays.
J’ai également été heureuse de rencontrer et d’écouter les jeunes autochtones qui sont venus au Sénat par l’intermédiaire du programme Voix de jeunes leaders autochtones. Nous ne voyons pas toujours des histoires positives sur les communautés autochtones dans les médias, mais ces jeunes nous ont montré comment ils s’épanouissent et font un travail incroyable.
Une autre chose qui m’a marquée est le rapport intitulé Archives manquantes, enfants disparus, qui a mis en lumière les défis liés à l’accès aux documents sur les pensionnats. Il a été difficile d’écouter les témoignages des témoins au cours de cette étude, mais d’un autre côté, c’était une bonne chose que notre comité ait pu contribuer à amplifier ces voix et à pousser le gouvernement fédéral à apporter des changements.
Les missions d’étude conduisent les sénateurs au cœur des communautés et des enjeux. Qu’est-ce que ces expériences vous ont appris sur le Canada que vous n’auriez peut-être pas appris autrement?
Je suis allée en mission d’étude dans les prisons à travers le pays pour l’étude du Comité sénatorial des droits de la personne concernant les droits de la personne des personnes purgeant une peine de ressort fédéral. Ce fut une révélation d’en apprendre davantage sur les expériences de nos populations carcérales et de voir autant d’Autochtones, de femmes, de personnes âgées et de personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
J’ai rencontré un jeune homme qui m’a dit que sa mère était impliquée dans la drogue et qu’il n’avait pas de père; il a donc commencé à fréquenter les mauvaises personnes et a finalement abouti en prison. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il n’était pas différent de quelqu’un avec qui j’aurais travaillé dans un programme d’intervention auprès de la petite enfance pendant mes années en tant que travailleuse sociale. Certaines personnes qui finissent en prison n’ont jamais eu la chance de recevoir ce genre de soutien.
Quand j’étais membre du Comité sénatorial des pêches et des océans, nous sommes allés à Iqaluit afin d’étudier les opérations de recherche et de sauvetage dans le Nord. Cette visite des lieux m’a permis de voir comment les habitants survivent à l’isolement et aux conditions climatiques extrêmes, et comment les changements climatiques se répercutent sur leur mode de vie. Ces derniers sont vraiment ingénieux. J’ai pu avoir une idée de leur mode de vie et j’ai pu imaginer ce que cela représenterait de vivre dans l’isolement. J’ai apprécié cette occasion, et c’est l’un de mes meilleurs souvenirs.
Vous avez également travaillé dans l’édifice du Centre avant sa fermeture pour rénovation en 2019. Gardez-vous de bons souvenirs du temps que vous avez passé dans cet édifice?
J’ai vraiment aimé pouvoir monter à l’étage jusqu’à la cafétéria ou à la salle à manger et croiser des députés et d’autres personnes. Je me souviens d’y avoir vu un jour l’ancien premier ministre Joe Clark. Il était plus facile d’y rencontrer les députés du Nouveau-Brunswick, et il y avait une sorte de cohésion dans l’édifice du Centre que nous n’avons pas dans le nouvel édifice du Sénat du Canada. Mais le nouvel édifice est phénoménal, donc je suis contente d’avoir vécu les deux expériences.
Qu’est-ce qui vous manquera le plus du Sénat?
Les gens que j’ai rencontrés et avec qui je me suis liée d’amitié, y compris mes collègues et le personnel du Sénat. Je tiens à remercier tous les membres de la famille du Sénat qui assurent le bon déroulement de nos vies, des chauffeurs d’autobus aux personnes qui travaillent au Service de protection parlementaire. Sans ces personnes, nous ne pourrions pas effectuer notre travail.
Le travail d’équipe, la convivialité et la collaboration me manqueront également. On en construit beaucoup en huit ans.
Quel conseil donneriez-vous au prochain sénateur ou à la prochaine sénatrice du Nouveau-Brunswick?
Je leur dirais de s’assurer de rester en contact avec la communauté. J’ai toujours été visible dans ma communauté, et l’une de mes plus grandes préoccupations lorsque j’ai rejoint le Sénat était de rester en contact avec la population du Nouveau-Brunswick. J’ai donc créé une infolettre que j’ai partagée avec mes contacts du Nouveau-Brunswick pour leur faire savoir ce qui se passait au Sénat.
Quels sont vos plans pour la retraite?
Mon premier objectif est de me remettre en forme, car je n’ai pas eu beaucoup de temps pour faire de l’activité physique. J’ai commencé des cours de sport et j’ai repris la danse en ligne et la randonnée.
Pendant mon mandat au Sénat, j’ai été coprésidente du caucus multipartite sur le diabète de type 1 et je vais continuer à travailler sur cette question, car mon petit-fils est atteint de ce type de diabète.
Je souhaite rester impliquée dans la communauté, mais j’ai besoin de prendre le temps de réfléchir à mes huit années passées au Sénat. J’avais l’impression d’aller à l’université; j’ai appris tellement de choses et je dois maintenant digérer cela. C’est un peu triste, mais d’un autre côté, j’aurai le temps de rendre visite à mes enfants et à mes petits-enfants en Colombie-Britannique. J’en profiterai.
Ce fut un grand honneur de servir au Sénat. Ce n’est rien de ce que j’aurais pu imaginer, mais ça a été un réel privilège.
La sénatrice Hartling assiste à une collecte de fonds pour Breakthrough T1D, un groupe national de recherche et de défense du diabète de type 1, avec son petit-fils Maxwell Leblanc en 2024. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Nancy J. Hartling)