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Projet de loi de mise en œuvre de l'Accord de continuité commerciale Canada--Royaume-Uni

Deuxième lecture--Ajournement du débat

15 mars 2021


L’honorable Peter Harder [ - ]

Propose que le projet de loi C-18, Loi portant mise en œuvre de l’Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, soit lu pour la deuxième fois.

 — Honorables sénateurs, j’ai le plaisir de prendre la parole aujourd’hui à titre de parrain du projet de loi C-18, Loi portant mise en œuvre de l’Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, un projet de loi qui a été déposé à la Chambre des communes en décembre dernier et qui nous est soumis aujourd’hui.

Ce projet de loi est avantageux pour le Canada. Il sera bénéfique pour les travailleurs et les entreprises canadiens et il protège pleinement les industries canadiennes soumises à la gestion de l’offre.

L’Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni est une réplique de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, ou AECG. Cet accord a été créé afin que les relations commerciales entre le Canada et le Royaume-Uni puissent continuer à tirer profit des opportunités générées par l’AECG, et ce, même si le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne. En ce sens, les Canadiens sont déjà familiers avec l’Accord de continuité commerciale, et celui-ci répond aux attentes des parties prenantes, qui ont besoin de savoir à quoi s’en tenir.

Alors que le Canada cherche à se remettre des répercussions économiques de la pandémie de COVID-19, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre les arrangements préférentiels avec notre partenaire commercial le plus important et le mieux établi en Europe. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que le Royaume-Uni est l’un des alliés stratégiques du Canada et qu’il travaille en étroite collaboration avec nous dans un certain nombre de forums, comme l’OTAN, le G7 et le G20, pour n’en nommer que quelques-uns.

Nous sommes tous deux des pays ouverts et démocratiques, dotés d’économies avancées, qui partagent une longue relation historique, des valeurs et des systèmes de gouvernement similaires. Nous entretenons d’excellentes relations en matière de commerce et d’investissement. Le commerce bilatéral de marchandises entre nos deux pays s’est élevé à 29 milliards de dollars en 2019, ce qui fait du Royaume-Uni le cinquième partenaire commercial du Canada. Il s’agit d’une source essentielle d’innovation et de partenariats scientifiques et technologiques et la quatrième source d’investissements étrangers directs au Canada, dont la valeur est estimée à 62,3 milliards de dollars en 2019.

Au cours des dernières années, le partenariat commercial entre le Canada et le Royaume-Uni a également connu une croissance rapide sous l’AECG. D’ailleurs, depuis que l’AECG a été appliqué de façon provisoire en 2017, les exportations du Canada vers le Royaume-Uni ont augmenté de plus de 2 milliards de dollars.

Comme vous le savez sans doute, le commerce international est absolument essentiel à la réussite économique et à la prospérité d’un pays comme le Canada et il jouera un rôle crucial dans la reprise économique et la prospérité future de notre pays. À l’avenir, il sera encore plus important de continuer à offrir aux entreprises et aux exportateurs canadiens, ainsi qu’à la main-d’œuvre liée à ces activités, autant d’options et de débouchés que possible.

C’est pourquoi il est important pour le Canada non seulement d’établir des relations commerciales avec d’autres pays, mais aussi de maintenir et de renforcer les liens économiques que nous avons déjà.

Lorsque le premier ministre Trudeau et la première ministre britannique de l’époque, Mme May, se sont rencontrés pour discuter des moyens de renforcer les relations bilatérales à la suite de la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne, les deux dirigeants ont convenu de rendre la transition aussi harmonieuse que possible et ils ont cherché à préserver le traitement commercial préférentiel de l’Accord économique et commercial global.

Même si le Royaume-Uni faisait encore partie de l’Accord économique et commercial global à l’époque et qu’il en a fait partie jusqu’au 31 décembre de l’année dernière, ce qui l’empêchait d’entreprendre de nouvelles négociations commerciales internationales, des discussions ont été entamées en vue de convertir l’Accord économique et commercial global ou d’en reproduire les clauses dans un accord bilatéral, dont le résultat est le projet de loi C-18.

Alors que l’Accord économique et commercial global continuera de régir le commerce entre le Canada et l’Union européenne, l’Accord de continuité commerciale permettra aux entreprises canadiennes qui font des affaires avec le Royaume-Uni et dans ce pays de savoir à quoi s’en tenir et dissipera le climat d’incertitude qui les affectait.

Le projet de loi C-18 permet au Canada et au Royaume-Uni de maintenir et de renforcer leurs importantes relations commerciales en préservant les avantages de l’Accord économique et commercial global dans les échanges bilatéraux que permettra l’Accord de continuité commerciale. Cela signifie le maintien d’un accès sans précédent aux 66 millions de consommateurs du Royaume-Uni et à une économie de 3,68 billions de dollars, à laquelle les exportateurs canadiens avaient accès grâce à l’Accord économique et commercial global.

Cela signifie en outre que les consommateurs continueront de profiter de prix avantageux et d’un grand choix de produits et que les droits de douane continueront de baisser, quand ils ne disparaîtront pas entièrement. De plus, comme cet accord est fondé sur l’Accord économique et commercial global, ou AECG, que les Canadiens connaissent déjà très bien, il constituera le gage de stabilité et de prévisibilité dont les parties prenantes nous ont dit avoir besoin en cette période de turbulences économiques mondiales causées par la pandémie.

Pour tout dire, le projet de loi C-18 comporte les mêmes éléments avantageux qui, dans l’AECG, ont permis aux entreprises d’ici de poursuivre leur croissance. Lorsqu’il sera entièrement en vigueur et appliqué, plusieurs choses vont se produire : premièrement, comme dans le cadre de l’AECG, 99 % des droits de douane sur les produits canadiens exportés vers le Royaume-Uni seront éliminés; deuxièmement, les fournisseurs de services canadiens conserveront leur accès prioritaire au marché britannique, y compris aux marchés publics, qui sont estimés à eux seuls à 118 milliards de dollars; troisièmement, les dispositions rigoureuses de l’AECG sur le travail, la protection de l’environnement et le règlement des différends seront maintenues.

Cela dit, même s’il est en grande partie semblable à l’Accord économique et commercial global, l’accord de continuité commerciale que voici ne prévoit aucune concession concernant les produits visés par la gestion de l’offre, y compris le fromage, dont les marchés demeureront intacts, comme s’y étaient engagés le premier ministre et le ministre de l’Agriculture, qui avaient promis que les futurs accords signés par le gouvernement ne feraient faire aucune concession supplémentaire dans ce domaine.

Par-dessus tout, grâce à cet accord, les entreprises canadiennes continueront à jouir d’une longueur d’avance sur leurs concurrentes étrangères qui n’ont pas librement accès au marché britannique. Il convient de signaler que le Canada continuera d’être le seul membre du G7 à avoir conclu des accords de libre-échange avec tous les autres pays du G7, qui sont tous d’importants partenaires économiques du Canada.

Le projet de loi C-18 nous permettra de continuer à montrer que le commerce dans un système fondé sur des règles peut apporter la prospérité et protéger la capacité du gouvernement à adopter des règlements dans l’intérêt du public. Ce sont là des avantages cruciaux que nous pourrons préserver une fois l’accord en place.

En effet, l’accord de continuité commerciale répond à la nécessité d’assurer une certitude à court terme dans nos relations commerciales. À plus long terme, le Canada et le Royaume-Uni se sont engagés à lancer des négociations subséquentes, dans l’année suivant l’entrée en vigueur de l’accord, en vue de conclure un nouvel accord bilatéral reflétant les intérêts spécifiques du Canada et du Royaume-Uni. Le Canada et le Royaume-Uni se sont tous deux engagés publiquement en ce sens.

En outre, le Royaume-Uni a récemment fait une demande officielle d’adhésion à l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, ou PTPGP. Les progrès dans nos futures négociations bilatérales seront importants pour l’appui continu du Canada envers l’adhésion du Royaume-Uni au PTPGP, laquelle exigera également que le Royaume-Uni respecte des règles strictes et prenne des engagements ambitieux en matière d’accès au marché dans le cadre de cet accord.

On me dit que le Canada et le Royaume-Uni négocieront un nouveau partenariat commercial dans un avenir prochain et que, comme toujours, celui-ci sera fondé sur de vastes consultations menées auprès des Canadiens.

Chers collègues, le Brexit a occasionné un défi unique pour des partenaires, comme le Canada, qui avaient déjà mis en place des accords commerciaux avec l’Union européenne. Le Canada a démontré sa capacité d’adaptation et sa résilience à l’égard de ce défi particulier en convenant d’un accord. Ce dernier vise à réduire les risques associés aux interruptions éventuelles que pourraient subir les intervenants en raison de la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne et, par le fait même, les protections prévues dans l’AECG.

C’est pourquoi il était important pour le gouvernement de consulter les Canadiens avant les négociations, mais aussi tout au long du processus, afin de comprendre et de tenir compte des divers besoins.

Les négociations relatives à l’Accord de continuité commerciale faisaient partie des points soulevés lors des discussions régulières du gouvernement avec les représentants des provinces et des territoires qui souhaitaient aussi que la relation commerciale entre le Royaume-Uni et le Canada se poursuive.

Les intervenants canadiens du monde des affaires comprennent les circonstances uniques du Brexit et de l’exercice de reproduction de l’AECG. Ils comprennent aussi qu’il était impossible de recommencer à zéro parce que le Royaume-Uni était membre de l’Union européenne et partie prenante de l’AECG, ce qui le mettait dans une position où il ne pouvait pas négocier.

Les intervenants sont extrêmement satisfaits du fait que l’Accord de continuité commerciale leur procure la continuité qu’ils demandaient. En cette période de profonde incertitude économique, nous devons faire tout ce qui est possible pour aider les entreprises canadiennes à avoir de la stabilité et à stimuler notre économie. Au moyen des accords commerciaux, le gouvernement peut soutenir la croissance à un coût minimal pour les contribuables.

Chers collègues, ce projet de loi est accueilli très favorablement par les entreprises canadiennes, les exportateurs et l’industrie. Le Conseil canadien des affaires, l’Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, la Chambre de commerce du Canada, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Manufacturiers et Exportateurs du Canada, et l’Association canadienne des importateurs et exportateurs ont publié un communiqué conjoint pour demander l’adoption rapide du projet de loi. En voici un extrait :

[...] nous exhortons tous les partis à adopter très rapidement le projet de loi C-18 permettant la ratification de l’ACC Canada-Royaume-Uni, ce afin de protéger des milliers d’emplois au Canada et offrir stabilité et certitude aux exportateurs et investisseurs. Sans cet accord, 2 milliards de dollars de commerce bilatéral sont menacés.

Pour sa part, Mark Agnew, directeur principal, Politique internationale à la Chambre de commerce du Canada et ancien représentant au commerce au Haut-commissariat du Royaume-Uni à Ottawa a dit ceci :

Le projet de loi C-18 vise fondamentalement à préserver l’accès au marché que nous avons déjà. Ce n’est pas le moment de faire des vagues sur ce point. D’un point de vue prospectif, aller de l’avant avec le projet de loi C-18 nous permettra de consacrer nos efforts aux questions qui nous permettront d’élargir et d’améliorer réellement notre accès au marché. Cela comprend des questions telles que le commerce numérique, la coopération en matière de réglementation, la facilitation des échanges, la mobilité de la main-d’œuvre et d’autres encore.

Depuis la conclusion de cet accord crucial, la Chambre canadienne de commerce a d’ailleurs qualifié l’Accord de continuité commerciale de « point positif au milieu de toute l’incertitude que la COVID-19 et le Brexit font vivre aux entreprises ».

De l’incertitude subsiste quant aux effets à long terme des changements à la relation commerciale entre le Royaume-Uni et l’Union européenne qui découleront du Brexit et des changements que le Royaume-Uni apportera à ses cadres de commerce intérieur dans les prochains mois.

Les négociations bilatérales subséquentes qui sont prévues dans cet accord seront une occasion importante de prendre en considération la façon dont les intérêts du Canada évolueront à ce moment-là.

Le gouvernement a maintes fois entendu les intervenants canadiens parler de l’importance de maintenir des relations commerciales privilégiées avec le Royaume-Uni. Si on réussissait à conclure l’accord dont il est question dans le projet de loi à l’étude, cela pourrait atténuer considérablement les perturbations que redoutent les entreprises canadiennes tout en maintenant les relations commerciales cruciales et privilégiées que le Canada entretient avec l’un de ses principaux partenaires commerciaux. Cela évitera aussi aux entreprises canadiennes de devoir composer avec des perturbations ou des difficultés supplémentaires dans le contexte actuel.

En fait, si on ne parvient pas à conclure cet accord, le Canada essuiera un autre revers que les Canadiens peuvent difficilement se permettre.

Pour conclure, j’aimerais citer le préambule de la question que notre collègue le sénateur Doug Black a posée au représentant du gouvernement en décembre :

Le gouvernement du Royaume-Uni exhorte le Canada à agir. Les entreprises d’un bout à l’autre du pays exhortent le gouvernement du Canada à agir.

Honorables collègues, je suis on ne peut plus d’accord, et c’est pour cela que nous devons absolument faire avancer l’étude de ce projet de loi le plus rapidement possible.

Honorables sénateurs, pour préserver les importantes relations commerciales entre le Canada et le Royaume-Uni et pour permettre qu’elles s’épanouissent, j’espère que vous vous joindrez à moi pour appuyer le projet de loi à l’étape de la deuxième lecture, pour qu’il puisse recevoir la sanction royale le plus rapidement possible. Merci.

L’honorable Tony Loffreda [ - ]

Honorables sénateurs, c’est un honneur pour moi de participer au débat à l’étape de la deuxième lecture du projet de loi C-18, Loi portant mise en œuvre de l’Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Je remercie le parrain du projet de loi, le sénateur Harder, de nous en avoir décrit en détail les objectifs.

Le projet de loi mettra en œuvre un accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, à la suite du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne en janvier 2020. Depuis le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni n’est plus visé par l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, l’AECG, que nous avons signé en octobre 2016. Donc, afin d’éviter l’instabilité pour les exportateurs des deux côtés de l’Atlantique, nos deux gouvernements ont conclu en accord à la fin de 2020.

L’accord de continuité commerciale dont nous sommes saisis aujourd’hui sous la forme du projet de loi C-18, reprend presque toutes les dispositions de l’Accord économique et commercial global. Il s’agit d’un accord temporaire qui vise à maintenir le traitement tarifaire préférentiel et l’accès aux marchés et à assurer l’avantage concurrentiel que le Canada a au Royaume-Uni. Par exemple, l’accord maintient l’élimination des droits de douane sur 98 % des produits exportés vers le Royaume-Uni. Il convient aussi de souligner que l’accord de continuité commerciale n’impose pas de nouvelles obligations au Canada. Autrement dit, le Canada n’a pas pris de nouveaux engagements avec le Royaume-Uni pour élargir l’accès au marché du fromage ou d’autres produits soumis à la gestion de l’offre. Ces discussions auront probablement lieu quand nous commencerons officiellement à négocier le nouvel accord bilatéral.

En fait, je tiens à souligner que, au titre de l’accord de continuité commerciale, les deux parties s’engagent à entamer des négociations pour conclure un nouvel accord de libre-échange dans l’année suivant l’entrée en vigueur de ce dernier. Les parties s’engagent aussi à signer un accord dans les trois ans.

À mon point de vue, cela démontre que les deux pays en font une priorité.

Puisque l’Accord de continuité commerciale n’a pas été adopté et ratifié avant l’échéance du 31 décembre, les parties ont conclu un protocole d’entente, que les deux pays ont signé en décembre. Ce protocole d’entente permet le maintien de certaines dispositions de l’Accord économique et commercial global d’ici l’entrée en vigueur de l’Accord de continuité commerciale. À l’instar de l’Accord de continuité commerciale, le protocole d’entente offre de la stabilité et de la prévisibilité aux entreprises qui font du commerce avec le Royaume-Uni. Cependant, ce protocole d’entente temporaire prend fin dans deux semaines et je crois donc qu’il est important que nous adoptions le projet de loi C-18 avant la fin du mois pour permettre aux entreprises des deux pays de pousser un soupir de soulagement.

J’aimerais dire quelques mots à propos de l’économie du Canada et de l’importance du commerce pour notre pays. Le Canada est un pays commerçant et le Royaume-Uni a toujours compté parmi nos principaux partenaires commerciaux. Bien entendu, le Royaume-Uni était le plus important partenaire commercial du Canada au moment de sa constitution en 1867. Plus de 150 ans après, nos deux pays profitent de relations commerciales mutuellement avantageuses, qui se caractérisent par des liens solides, des valeurs communes et des objectifs réciproques.

Par exemple, il y a trois ans à peine, le premier ministre Trudeau et l’ancienne première ministre britannique Theresa May ont annoncé l’adoption de nombreuses initiatives visant à élargir et à améliorer les relations entre le Canada et le Royaume-Uni dans des dossiers comme l’égalité des sexes, la croissance propre, les changements climatiques et l’innovation. Aujourd’hui, le Royaume-Uni est notre cinquième partenaire commercial en importance. Pour des raisons évidentes, les États-Unis sont notre principal allié commercial. Toutefois, aucune économie moderne ne devrait dépendre d’un seul partenaire; c’est pourquoi il est essentiel de diversifier nos marchés d’exportation.

Heureusement, le gouvernement actuel, tout comme ses prédécesseurs, cherche prioritairement à percer les marchés étrangers pour favoriser la prospérité canadienne à long terme. Même si le Canada ne compte que 0,5 % de la population mondiale, il est à l’origine d’environ 2,5 % des exportations de marchandises mondiales. En fait, les échanges bilatéraux de biens et de services représentent approximativement 65 % du produit intérieur brut du Canada.

Puisque son marché intérieur est petit, il est naturel que le Canada fasse du commerce une priorité. Selon Affaires mondiales, le Canada a ratifié 14 accords de libre-échange bilatéraux et régionaux englobant 51 pays. Comme le sénateur Harder l’a dit, nous sommes le seul pays du G7 ayant conclu des accords de libre-échange avec les six autres pays membres, ce qui nous place dans une position unique au cœur des réseaux commerciaux mondiaux.

Comme le soutient l’Organisation mondiale du commerce :

[...] des politiques commerciales libérales — celles qui garantissent la circulation sans restriction des biens et des services — accroissent la concurrence, encouragent l’innovation et engendrent le succès.

Le Canada a la chance d’avoir un accès préférentiel à des marchés mondiaux représentant presque deux tiers du PIB mondial.

Il va sans dire que la relation commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni est essentielle à notre économie. Parmi tous les pays d’Europe, le Royaume-Uni est notre plus grand partenaire commercial. Selon les données les plus récentes, le commerce bilatéral entre les deux pays s’élevait à près de 30 milliards de dollars en 2020 : les exportations canadiennes au Royaume-Uni représentaient environ 20 milliards de dollars, et les importations canadiennes en provenance du Royaume-Uni atteignaient environ 8 milliards de dollars. De plus, la valeur des investissements canadiens directs au Royaume-Uni atteignait presque 110 millions de dollars alors que les investissements britanniques au Canada s’élevaient à environ 62 millions de dollars. Nous occupons donc le quatrième rang des pays recevant le plus d’investissements directs étrangers du Royaume-Uni.

À la suite du Brexit, le Royaume-Uni a beaucoup de travail à faire alors qu’il entame les négociations bilatérales avec d’autres pays. Cependant, la relation que nous entretenons en matière de commerce et d’investissements est mutuellement avantageuse. C’est pourquoi j’espère que le Canada et le Royaume-Uni accorderont la priorité à la négociation et à la ratification d’un nouvel accord de libre-échange bilatéral avant les trois ans prévus dans l’accord de continuité commerciale.

Avant de conclure — comme le Sénat ne renverra pas la mesure législative au comité —, je tiens à souligner que de nombreux intervenants souhaitent l’adoption du projet de loi le plus rapidement possible. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a dit :

Nous voulons vous demander de ratifier le projet de loi C-18 et de négocier rapidement un accord commercial global avec le Royaume-Uni.

Manufacturiers et exportateurs du Canada a déclaré ceci :

Nous soutenons donc entièrement l’accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, et nous demandons instamment l’adoption rapide du projet de loi C-18. Cette mesure provisoire est évidemment nécessaire pendant que nos négociateurs concluent un accord plus permanent entre le Canada et le Royaume-Uni.

Je demande également à ce que cela se fasse dans les plus brefs délais.

Le Conseil canadien des affaires a affirmé ce qui suit :

En tant que membre de l’Union européenne, le Royaume-Uni a été un élément essentiel de la relation commerciale transatlantique du Canada, qui a connu une croissance rapide. Avant la pandémie, il représentait 40 % des exportations de marchandises du Canada et 36 % des exportations de services vers l’Union européenne. [...] Les exportateurs canadiens étaient déjà bien implantés au Royaume-Uni avant la pandémie, et il est important que nous continuions à développer nos échanges commerciaux.

Enfin, la Chambre de commerce du Canada a indiqué, on ne peut plus clairement, ce qui suit :

[...] Si l’AECG est important, alors la transition vers un accord bilatéral avec notre plus grand partenaire commercial en Europe est également importante. À l’approche du 31 mars, nous espérons que l’Accord de continuité commerciale pourra être mis en œuvre plutôt que de voir les deux gouvernements avoir besoin de reconduire le protocole d’entente actuel.

Le projet de loi C-18 porte essentiellement sur la préservation des marchés commerciaux auxquels le Canada a déjà accès. Ce n’est pas le moment de faire des vagues.

J’aimerais pondérer ces propos en soulignant que certains dirigeants de l’industrie soulèvent des préoccupations ou émettent des réserves concernant l’adoption du projet de loi C-18, soutenant que le Canada ne devrait pas reproduire les dispositions de l’Accord économique et commercial global avec le Royaume-Uni en ce moment. À ceux qui souhaitent que nous retardions l’adoption du projet de loi ou que nous ne mettions pas du tout en œuvre l’accord de continuité commerciale, j’ai deux choses à dire. Premièrement, ce n’est pas le moment de modifier notre accord commercial avec le Royaume-Uni. Les entreprises ont besoin de stabilité et de continuité. Comme le fait remarquer l’Organisation mondiale du commerce, le réseau de commerce mondial doit être fondé sur des principes, l’un de ces principes étant la prévisibilité du commerce. C’est exactement ce qu’offre l’accord de continuité commerciale aux entreprises, aux fabricants et aux exportateurs des deux pays.

Deuxièmement, on s’attend à ce que les négociations en vue de conclure un nouvel accord bilatéral s’amorcent au cours de la première année de mise en œuvre de l’accord de continuité commerciale. Le Canada a la chance d’avoir des négociateurs exceptionnels au sein d’Affaires mondiales Canada. Avec l’appui du gouvernement, je suis convaincu qu’ils feront de leur mieux pour conclure un accord tout premier ordre pour les entreprises et les exportateurs du Canada, un accord qui comprendra également d’importantes dispositions concernant les droits du travail, l’environnement et le développement durable.

Si des secteurs de notre économie ou des organismes communautaires ont des doléances concernant les dispositions actuelles de l’accord de continuité commerciale, le Canada aura l’occasion de les soulever dans les prochaines négociations.

L’accord à l’étude est un bon accord. Vous le savez, les négociations relatives à l’Accord économique et commercial global avaient débuté à l’époque du gouvernement conservateur et l’accord a été mis en œuvre par un gouvernement libéral. Cet accord a reçu un appui généralisé et l’accord de continuité commerciale en reprend les grandes lignes. J’ai eu l’honneur de me rendre en Italie avec une délégation canadienne en 2017 — j’ai l’impression que c’était hier — pour célébrer la ratification de l’Accord économique et commercial global. Je peux vous dire d’expérience que cet accord a été bien reçu sur les deux continents. Je dirais même que l’Accord économique et commercial global est un excellent tremplin en vue d’un éventuel accord de libre-échange entre nos deux pays.

Honorables sénateurs, nous avons l’occasion d’adopter le projet de loi à l’étude cette semaine et d’envoyer un message clair aux entreprises des deux côtés de l’océan Atlantique : leur contribution à l’économie canadienne est appréciée et nous ne voulons pas entraver, retarder ou empêcher la conclusion d’éventuelles ententes ou transactions commerciales. Au début de février, le Parlement britannique a achevé son étude parlementaire de l’accord de continuité commerciale. La balle est maintenant dans notre camp.

Comme plusieurs d’entre vous, je n’apprécie pas que le gouvernement nous mette de la pression et qu’il nous demande d’adopter le projet de loi sans débat digne de ce nom et sans étude par un comité. J’espère qu’il n’en fera pas une habitude. Néanmoins, les entreprises veulent que nous adoptions le projet de loi sans attendre. Elles ont assez souffert depuis un an. En ces temps sans précédent, je crois que les parlementaires ont le devoir d’offrir aux entreprises un peu de stabilité alors qu’elles naviguent en eau trouble.

Lançons-leur une bouée de sauvetage en adoptant le projet de loi C-18. Merci. Meegwetch.

Le sénateur Loffreda acceptera-t-il de répondre à une question?

Son Honneur le Président [ - ]

Sénateur Loffreda, le sénateur aimerait vous poser une question. Acceptez-vous de répondre à une question?

Le sénateur Loffreda [ - ]

Oui.

Merci, sénateur Loffreda. Je voudrais avoir un peu plus de détails. Vous pourriez peut-être nous faire part des observations que vous avez faites à la fin de votre discours.

En tant que parlementaire canadien, je suis, moi aussi, très préoccupé par I’habitude qu’a prise le gouvernement actuel de précipiter l’adoption d’accords commerciaux complexes et importants à quelques minutes de la date butoir. Comme vous l’avez fait remarquer à juste titre, le Parlement du Royaume-Uni a appuyé cet accord et l’a fait adopter par la Chambre britannique au début de février, soit plus d’un mois et demi avant l’échéance fixée par le protocole d’entente, prévue à la fin de mars.

Le gouvernement canadien actuel, quant à lui, a fait adopter le dernier accord — l’Accord Canada—États-Unis—Mexique — à toute vitesse par le Sénat, sans tenir de consultations. Il nous refait le coup maintenant.

Comme vous l’avez souligné dans votre allocution, l’accord sur lequel nous nous penchons revêt une grande importance pour les Canadiens et l’industrie. Compte tenu de cela, comment expliquez-vous que le gouvernement continue à se montrer nonchalant à l’égard d’accords commerciaux si cruciaux? En outre, à votre avis, quelles mesures doit prendre le Parlement pour s’assurer que son rôle de surveillance et de consultation est pris au sérieux par le gouvernement actuel?

Le sénateur Loffreda [ - ]

Je vous remercie de votre question, sénateur Housakos. Nous connaissons tous l’importance du second examen objectif. Dans la situation qui nous occupe, un message clair doit être envoyé aux entreprises et le gouvernement en est bien conscient. On nous impose une échéance serrée. Comme je l’ai mentionné dans mon intervention, l’échéance fixée au 31 mars est essentielle pour faire savoir aux entreprises, au milieu des affaires et au Royaume-Uni que nous tenons à cette relation; que nous sommes là pour prêter main-forte et que nous prolongerons cet accord dans les meilleurs délais.

J’estime que c’est important, et je respecte vos observations. Il est vrai que nous devrions prendre le temps nécessaire. Comme je l’ai dit, j’espère que cette façon de faire ne deviendra ni une habitude ni une tendance. Toutefois, dans la présente situation, j’appuie sans réserve l’échéance qui nous a été imposée compte tenu de l’importance de ce projet de loi; de l’importance du commerce pour le Canada, comme je l’ai indiqué, sans répéter les chiffres; et de l’importance de nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni qui, en 1867, était notre principal partenaire commercial. Au fil des ans, nous avons entretenu d’excellents rapports.

Nous envoyons un message clair, en nous acquittant de la tâche dans le délai qui nous est imparti, mais j’ose espérer que cette approche de dernière minute ne deviendra pas une tendance. Je vous remercie de votre question.

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