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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

Le décès de l'honorable Lise Bacon, C.M., G.O.Q.

20 novembre 2025


L’honorable Pierre Moreau (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Honorables sénateurs, c’est avec une profonde émotion que je me prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à une grande Québécoise, une grande Canadienne et une pionnière dont l’héritage demeurera à jamais gravé dans notre vie démocratique : l’honorable Lise Bacon.

Née à Valleyfield en 1934, puis élevée à Trois-Rivières, elle grandit dans un foyer où la justice sociale et la liberté de pensée étaient des valeurs cardinales. À une époque marquée par la Grande Noirceur, elle apprend très jeune à se tenir debout, à refuser l’injustice et à revendiquer la place qui revient aux femmes.

Déjà militante libérale à l’âge de 17 ans, puis trésorière de l’Association des femmes libérales Louis-Saint-Laurent à l’âge de 19 ans, Lise Bacon amorce une trajectoire exceptionnelle qui la conduira aux plus hautes responsabilités de l’État. Son ascension au sein du Parti libéral du Québec sera fulgurante.

Première femme élue présidente d’un parti politique au Canada, deuxième femme élue à l’Assemblée nationale du Québec après Claire Kirkland-Casgrain et première vice-première ministre du Québec, elle a su briser les plafonds de verre avec une grâce et une force admirables.

Élue à l’Assemblée nationale du Québec en 1973, elle dirigera plusieurs ministères clés, de l’Environnement à l’Immigration, en passant par les Affaires culturelles et le Développement régional. Elle se battra pour des causes essentielles, notamment la promotion de la langue française et la reconnaissance des artistes. L’entente Valenti-Bacon, qui impose la présence d’une version française pour chaque film américain distribué au Québec, est un témoignage de sa volonté farouche de protéger notre culture.

Comme ministre de l’Environnement, son travail visant à harmoniser les interventions gouvernementales liées au fleuve Saint-Laurent représente l’un de ses legs les plus durables. Sa voix, ferme et passionnée, a toujours su défendre les intérêts du Québec avec brio, tant au pays que sur la scène internationale lors de ses nombreuses missions.

Lorsque le premier ministre Bourassa a dû s’absenter pour des traitements médicaux en 1990, c’est elle qui a assuré, discrètement, mais solidement, l’équilibre et la continuité du gouvernement.

Plusieurs observateurs ont dit sans détour qu’elle avait toutes les qualités requises pour devenir première ministre.

Nommée au Sénat en 1994, elle poursuit son œuvre avec le même sérieux, présidant avec diligence le Comité sénatorial permanent des transports et des communications, le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration et le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, tout en incarnant un leadership inspirant comme vice-présidente du caucus libéral du Québec.

Honorables sénateurs, nous saluons aujourd’hui une femme d’État exceptionnelle, une grande dame dont la vie a été entièrement consacrée au progrès, à l’égalité et à la justice. Que son exemple éclaire les futures générations de leaders politiques et que son souvenir inspire tous ceux et celles qui souhaitent servir notre grand pays avec honneur, passion et dévouement.

Que son âme repose en paix.

L’honorable Leo Housakos (leader de l’opposition)

Honorables sénateurs, le décès de l’honorable Lise Bacon a laissé un vide profond, non seulement dans le cercle politique, mais aussi dans le cœur de tous les Québécois et Québécoises qui ont pu apprécier son travail, sa force et son caractère.

Elle a été une pionnière en devenant la première femme vice-première ministre du Québec, la première femme présidente d’un parti politique au Canada et la deuxième femme élue à l’Assemblée nationale du Québec.

Ses réalisations historiques ne sont qu’un chapitre de sa longue histoire de persévérance, d’engagement et dévouement envers le peuple du Québec.

Son parcours n’a pas été facile. En 1970, elle a tenté d’obtenir l’investiture libérale à Trois-Rivières, mais le parti a choisi son frère, Guy, à sa place. C’était la réalité de l’époque, malheureusement. Toutefois, Lise n’a pas baissé les bras; elle est revenue plus forte et elle a réussi à décrocher l’investiture du comté de Bourassa, donnant le coup d’envoi à une carrière impressionnante au sein du Cabinet.

Quand je repense à son parcours, je me considère chanceux d’avoir pu observer son impact de plus près. Pendant des années, Lise Bacon a été la députée de mon comté de Chomedey, et même si elle était membre du Parti libéral, je ne pouvais m’empêcher d’admirer sa force, son sens de l’équité et sa capacité de créer un vrai lien avec les gens qu’elle représentait.

Elle a toujours été proche de ses concitoyens; pour elle, la première responsabilité d’une parlementaire et d’une politicienne était de représenter les intérêts de ses concitoyens. Puis, en 2008, nos chemins se sont croisés de nouveau au Sénat pendant environ un an avant qu’elle prenne sa retraite. J’ai pu apprécier encore plus sa dignité tranquille et son engagement déterminé, mais toujours à l’écoute des autres.

Son décès est une grande perte pour nous tous, mais son héritage se poursuit à travers des initiatives comme le plan Bacon, qui a posé les bases des services de garde au Québec, et dans le rôle clé qu’elle a joué dans le renforcement de la place du Québec au sein du Canada. Elle restera dans nos mémoires pour ses réalisations historiques et l’intégrité avec laquelle elle a exercé ses fonctions.

Mme Bacon avait une qualité bien spéciale : elle pouvait être extrêmement dure, mais gentille en même temps, et elle était toujours très intelligente. J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à toutes les personnes qui ont eu le privilège de travailler à ses côtés. Merci.

L’honorable Manuelle Oudar [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage à l’honorable Lise Bacon au nom du Groupe des sénateurs indépendants à la suite de son départ, survenu le 29 octobre 2025 à l’âge de 91 ans.

La sénatrice Lise Bacon a façonné notre paysage avec courage, intelligence et humanité. Elle a grandi à une époque où des portes restaient fermées, particulièrement aux femmes. En 1970, elle devient la première femme à présider un parti politique au Canada. Trois ans plus tard, elle est élue députée et s’impose parmi les pionnières qui ont ouvert l’Assemblée nationale du Québec aux femmes. En 1985, elle accède à la fonction de vice-première ministre du Québec, une responsabilité qu’aucune femme n’avait encore occupée.

Elle a ensuite occupé plusieurs portefeuilles ministériels, soit les Affaires culturelles, l’Environnement, l’Énergie et les Ressources. Le plan Bacon, la première politique québécoise en matière de services de garde, est né sous son inspiration, et il a permis de poser les jalons d’un réseau universel de garderies.

Tout au long de sa carrière, elle a défendu avec constance la Charte de la langue française, l’environnement, l’énergie, le développement régional, les droits culturels et sociaux des créateurs et, plus que tout, la place des femmes.

Son engagement s’est poursuivi au Sénat pendant plus de 15 ans où elle a marqué les travaux de cette Chambre par son humanité et sa vision. Lise Bacon nous a appris que le pouvoir n’est jamais une destination, mais une responsabilité au service d’une société plus juste. Elle a montré qu’on peut gouverner avec conviction tout en demeurant attentif aux autres et fidèle au bien commun.

Ceux qui l’ont côtoyée se rappellent sa chaleur, son écoute et sa capacité à faire naître le meilleur en nous. Sa maison était toujours ouverte à ses proches, tout comme à ses collègues de tous les horizons, qui trouvaient chez elle conseils et solidarité. Elle avait ce don de voir la beauté chez chacun, de défendre les plus vulnérables et d’élever les questions importantes sans jamais oublier la force d’un mot tendre ou la portée d’un geste simple.

Nous nous souvenons des chemins qu’elle a ouverts et de son courage qui inspire notre force collective. Puissions-nous, à notre tour, cultiver cette même générosité d’esprit et prolonger son héritage avec la même conviction.

Merci, chère honorable Lise Bacon, d’avoir illuminé notre histoire par votre chaleur humaine et votre foi inébranlable en l’avenir. Votre héritage vivra à jamais. Merci, chers collègues. Meegwetch.

L’honorable Clément Gignac [ - ]

Honorables sénatrices et sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au nom du Groupe des sénateurs canadiens pour rendre hommage à une figure marquante de la société québécoise et canadienne, l’honorable Lise Bacon.

Lise Bacon incarnait l’excellence, la rigueur et le dévouement. Tout au long de sa carrière, Mme Bacon a montré un engagement profond envers la justice et le bien-être collectif. Durant les années où elle a servi au sein du gouvernement de Robert Bourassa, elle a travaillé avec détermination pour faire avancer les intérêts des Québécois. Son passage aux Affaires culturelles a été particulièrement marquant; on lui doit l’entente Valenti-Bacon, exigeant qu’il y ait une version française de tout film américain distribué dans la province de Québec.

Rappelons que les nombreux postes occupés tout au long de sa carrière étaient rarement, voire jamais occupés par des femmes. Comme mes collègues l’ont mentionné, Mme Bacon a été la deuxième femme élue à l’Assemblée nationale, la première femme élue présidente d’un parti politique au Canada et la première femme à occuper le poste de vice-première ministre du Québec.

Son parcours exemplaire a ouvert la voie de la vie publique aux femmes. Alors qu’en 1973, Mme Bacon était la seule femme élue à l’Assemblée nationale, les femmes représentent maintenant environ 45 % de l’ensemble des élus à l’Assemblée nationale; c’est un record dans les annales du Québec. En tant que société, nous lui devons beaucoup.

Mme Bacon ne s’est pas limitée à la politique nationale. Comme sénatrice, elle a tissé des liens plus étroits avec nos alliés, particulièrement avec la France. Pendant huit ans, la sénatrice Bacon a présidé l’Association interparlementaire Canada-France. En reconnaissance de son travail remarquable, la France l’a nommée officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur en octobre 2003.

Bien que nous appartenions tous les deux à la même formation politique au Québec et que nous ayons tous les deux été ministres et, bien sûr, sénateurs, je n’ai pas eu la chance de côtoyer Mme Bacon. Qu’il me soit donc permis de citer les propos de deux amis qui ont côtoyé de près Mme Bacon, soit MM. John Parisella, ancien chef de cabinet de Robert Bourassa, et Guy Ouellette, l’ancien député de Chomedey, qui est ici aujourd’hui.

Lors d’une entrevue avec le Globe and Mail, John Parisella, ancien chef de cabinet de M. Bourassa, a dit que Lise Bacon :

[…] avait des liens de collaboration très étroits avec le premier ministre et se faisait l’avocat du diable. Elle exprimait ce qu’elle voulait dire et n’avait pas besoin de demander aux autres ce qu’ils voudraient qu’elle dise.

Dans l’hommage qu’il a prononcé la semaine dernière à l’occasion des funérailles de Mme Bacon, mon ex-collègue Guy Ouellette a mentionné ceci :

On entend souvent dire qu’il y a des gens qui suivent le mouvement ou d’autres qui mènent le mouvement; Mme Lise Bacon faisait partie de ce groupe très restreint qui invente le mouvement. Elle a semé le courage, brisé les barrières et porté la voix de celles et de ceux qu’on n’entendait pas. Sa voix résonne, douce et forte dans les couloirs de notre mémoire.

Au nom du Groupe des sénateurs canadiens, un grand merci, madame Bacon, pour votre contribution remarquable à la société québécoise et canadienne.

L’honorable Brian Francis [ - ]

Honorables sénateurs, je voudrais aussi rendre hommage à l’honorable Lise Bacon, au nom du Groupe progressiste du Sénat.

À entendre les faits saillants de sa carrière, on croirait vraiment que le mot « pionnière » a été inventé pour elle. Comme nous l’avons entendu, l’honorable Lise Bacon n’a pas seulement ouvert la voie, notamment pour les femmes en politique, elle a aussi encouragé d’autres personnes à suivre ses traces. Son sens du mentorat et du leadership a fait d’elle une politicienne qui a su, avec ardeur et loyauté, être au service de la population et qui s’est employée avec détermination à améliorer la vie des Québécois et de l’ensemble des Canadiens.

Bien qu’elle ait été sénatrice de 1994 à 2009 et une membre fort respectée de notre assemblée, la plupart d’entre nous, moi y compris, n’avons pas eu le privilège de travailler à ses côtés. L’honorable Dennis Dawson, ancien leader adjoint de mon groupe politique, a eu cet honneur, lui, et il a ainsi rendu hommage à son ancienne collègue et amie :

Mme Bacon a été marquante dans ma vie et dans ma carrière.

Elle m’a accueilli au sein du comité exécutif du Parti libéral du Québec dans les années 1970, puis encore une fois au Sénat, en 2005.

Dans ces deux chapitres de ma vie, elle a été une véritable source d’inspiration et un modèle de dévouement.

Lorsque j’évoluais au sein du Parti libéral du Québec, j’ai pu être témoin de son leadership et de sa rigueur.

Au Sénat, j’ai eu le privilège de travailler à ses côtés au Comité des transports, qu’elle présidait avec doigté et humanité.

J’ai eu ensuite l’honneur de lui succéder à la présidence et de poursuivre son travail avec, je l’espère, le même sens du devoir.

Je lui dois énormément, que ce soit pour la confiance qu’elle m’a accordée, pour les conseils qu’elle m’a donnés ou pour le modèle qu’elle a été.

Aujourd’hui, une grande femme nous a quittés, mais elle reste présente dans nos institutions et dans nos cœurs.

Merci, Madame Bacon, pour tout ce que vous avez fait pour la population, mais aussi pour tous ceux qui ont eu le grand bonheur de vous connaître.

Honorables sénateurs, au nom des membres du Groupe progressiste du Sénat, je tiens à exprimer nos sincères condoléances à la famille et aux amis de la très regrettée Lise Bacon. Wela’lin. Je vous remercie.

Son Honneur la Présidente [ - ]

Honorables sénateurs, je vous demanderais de bien vouloir vous lever et de vous joindre à moi pour observer une minute de silence à la mémoire de l’honorable Lise Bacon.

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