DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'École Polytechnique de Montréal
La commémoration de la tragédie
4 décembre 2025
Honorables sénateurs, je prends la parole à un moment où notre conscience collective est mise à l’épreuve, alors que nous approchons de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.
Chaque année, ce moment nous ramène à une blessure qui ne s’est jamais refermée. Le 6 décembre, nous nous souviendrons des 14 jeunes femmes de l’École Polytechnique de Montréal qui ont été arrachées à la vie simplement parce qu’elles étaient des femmes.
Trente-six ans plus tard, leur absence se fait encore douloureusement sentir dans leur famille, dans leur collectivité et dans l’ensemble de notre pays.
Elles avaient des rêves, des aspirations, des vies à bâtir. Leur mémoire nous interpelle et nous pose cette question : qu’avons-nous fait pour qu’une telle tragédie ne se reproduise jamais?
Cet anniversaire douloureux s’inscrit dans un vaste mouvement. À partir du 25 novembre, les Canadiens et les gens du monde entier participent aux 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe, qui culminent le 10 décembre à l’occasion de la Journée des droits de l’homme. Il est temps de dénoncer les formes d’indifférence, de déclarer publiquement notre soutien aux femmes et aux filles et de refuser de laisser la peur dicter leur vie.
La réalité est brutale et urgente. Toutes les 48 heures, une femme ou une fille est tuée dans un acte de violence fondée sur le sexe au Canada. C’est plus qu’une simple statistique. Chaque perte de vie est amplifiée par le chagrin des membres de la famille, des amis et des proches qui se retrouvent à combler un vide insensé. Nous éprouvons également une profonde compassion pour les survivants de la violence et leur courage incommensurable. Nous leur offrons une promesse sincère fondée sur la vérité, la justice et un engagement ferme à bâtir un monde où tout le monde est en sécurité.
Cette semaine, une table ornée de roses et de rubans blancs a été installée à l’entrée du Sénat pour honorer ces vies perdues et les vies brisées par la violence. Réalisée en collaboration avec Femmes et Égalité des genres Canada, cette initiative donne un visage à notre engagement et invite à la réflexion.
Honorables sénateurs, je vous invite à porter le ruban blanc comme signe de notre volonté sincère de travailler ensemble sans relâche pour qu’un jour, aucune femme ni aucune fille ne vive dans la peur.
Parce que certaines vérités trouvent leur expression la plus juste dans les mots des poètes, permettez-moi de faire entendre les mots de la regrettée Élaine Audet, qui a prêté sa voix à la douleur, mais aussi à la résistance et à l’espérance :
Décembre va au bout de son sang
Avec l’encre répandue de nos mots.
Quatorze noms contre la haine et l’oubli
Avivent à jamais le désir de vivre libres
Ensemble, honorons les disparues, soutenons les survivantes et faisons en sorte, ensemble, que cesse la violence.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour ajouter ma voix au souvenir de Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.
Pour ceux d’entre nous qui ont grandi à Montréal, il est impossible d’oublier le choc qui a traversé notre ville lorsque nous avons appris que ces 14 jeunes femmes avaient été assassinées à l’École Polytechnique de Montréal, simplement parce qu’elles étaient des femmes. Elles étaient des filles, des sœurs, des amies, des camarades de classe, des collègues, mais aussi des ingénieures, des chercheuses, des bâtisseuses et des innovatrices.
Elles représentaient des pages encore à écrire dans l’histoire et l’avenir du Canada. C’est là que l’on comprend vraiment l’ampleur de ce qui a été perdu ce jour-là : les projets qu’elles auraient menés, les découvertes qu’elles auraient faites, l’inspiration qu’elles auraient offerte à toute une génération. Quelle tragédie. C’est tout ce potentiel, toute cette lumière qui n’a jamais pu se réaliser, détruite par la violence et la misogynie.
Honorables sénateurs, cette tragédie, loin d’être un souvenir silencieux, résonne encore aujourd’hui, car elle a frappé au cœur même de ce que signifie la liberté au Canada, c’est-à-dire la conviction que chaque personne, peu importe son genre ou son origine, doit être libre d’apprendre, de s’épanouir et de contribuer à la société sans crainte ni restrictions.
Chaque année, en décembre, la Journée nationale d’activités de commémoration et d’action en matière de violence contre les femmes nous rappelle que ces libertés ne sont pas autosuffisantes. Elles dépendent de notre vigilance collective et de notre volonté d’affronter les menaces qui pèsent non seulement sur les gens, mais aussi sur les principes qui maintiennent l’unité du pays.
Ces 14 femmes seront éternellement sous notre responsabilité et elles nous poussent à protéger nos libertés avec une détermination renouvelée, à renforcer la culture de respect qui définit notre grand pays, le Canada, et à veiller à ce que les lieux d’apprentissage demeurent des sanctuaires de possibilités pour tous les Canadiens. Que leur souvenir soit éternel.
Honorables sénateurs, c’est le cœur gros que je souligne le 36e anniversaire du féminicide à l’École Polytechnique de Montréal au nom du Groupe des sénateurs indépendants.
Le 6 décembre 1989, j’étais étudiante en ingénierie. Sur la chaîne nationale d’Haïti, on rediffusait en boucle l’émission de Radio‑Canada couvrant la tuerie à l’École Polytechnique.
C’est un souvenir extrêmement bouleversant, non seulement pour le Québec et pour notre pays, mais aussi bien au-delà de nos frontières.
Le 6 décembre 1989, 14 étudiantes en génie ont été assassinées simplement parce qu’elles étaient des femmes. Treize personnes ont également été blessées.
Cette violence misogyne a laissé de profondes cicatrices dans de nombreuses familles et dans la mémoire collective et a déclenché une prise de conscience sur les violences faites aux femmes. Cet événement a aussi donné lieu à de nombreuses actions pour changer les choses et ne jamais baisser les bras face aux violences visant les femmes.
Malgré cette tragédie, mes collègues étudiantes ont poursuivi leurs études pour celles qui n’ont pas pu le faire, tout comme moi.
Aujourd’hui, je me souviens de la décision que j’ai prise de poursuivre mes études en génie en 1989. C’est donc notre rôle, mon rôle, d’en parler, de nous souvenir et d’en partager les leçons.
Depuis 2014, la bourse de l’Ordre de la rose blanche constitue un symbole fort des activités de commémoration du féminicide. Ces bourses sont remises aux étudiantes canadiennes en génie. Le 1er décembre dernier, pour la première fois, ce sont 14 femmes qui ont reçu la prestigieuse bourse de 50 000 $.
Enfin, pour une deuxième année consécutive à Montréal, un 15e faisceau sera illuminé ce samedi soir sur le Mont-Royal en mémoire de toutes les femmes victimes de féminicide depuis tant d’années. C’est l’éclairage particulier qui servira à souligner le thème de la commémoration de cette année.
Comme l’a souligné hier la sénatrice Oudar, nous devons toujours rester vigilants.
Honorables sénateurs, portons le ruban blanc en solidarité avec toutes les filles et les femmes pour que cesse la violence.
Merci.
Honorables sénateurs, j’aimerais souligner la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, qui aura lieu le 6 décembre 2025. Cette journée vise à honorer la mémoire des 14 femmes qui ont perdu la vie lors du massacre de l’École polytechnique et de toutes les Canadiennes qui ont péri à la suite d’un acte de violence.
En ce jour solennel, nous nous souvenons des jeunes femmes dont l’avenir a été volé et dont la famille et l’entourage ont été marqués à jamais par cet acte de haine incompréhensible. Les répercussions de leur disparition continuent de se faire sentir encore aujourd’hui. Le choc et la peine causés par cette tragédie ont profondément bouleversé l’ensemble des Canadiens, ils ont laissé une marque indélébile dans notre conscience collective et ils nous rappellent sans cesse les conséquences dévastatrices de la violence.
C’est en tant que femme et en tant que mère que je prends aujourd’hui la parole pour leur rendre hommage et souligner la force, la résilience et la contribution inestimable des femmes à nos familles, à nos lieux de travail et à la société.
Prenons conscience du profond sentiment de perte et des répercussions durables de la violence fondée sur le sexe et rappelons-nous que nous avons la responsabilité collective d’agir concrètement, que ce soit en nous renseignant, en informant les autres, en offrant compassion et soutien aux survivantes, en remettant en question les attitudes et les comportements toxiques où qu’ils se manifestent ou en cherchant inlassablement à bâtir une société où les femmes et les jeunes filles pourront vivre à l’abri de la violence, de la discrimination et de la peur.
Honorables sénateurs, rendons hommage aux femmes à qui la tragédie du 6 décembre a coûté la vie et engageons-nous aussi à protéger les femmes et les jeunes filles, à améliorer leur sort, à militer pour elles et à faire en sorte que leurs droits, leur voix et leur sécurité ne soient jamais tenus pour acquis.
Ensemble, nous pouvons créer un Canada plus juste et plus sûr pour tous et toutes.