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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Journée nationale de sensibilisation à la traite des personnes

21 février 2022


L’honorable Julie Miville-Dechêne

Honorables sénateurs, demain, le 22 février, nous soulignerons, pour la deuxième fois au pays, la Journée nationale de sensibilisation à la traite des personnes. Cette journée a été instituée l’an dernier grâce aux efforts du Groupe parlementaire multipartite de lutte contre l’esclavage moderne et la traite des personnes, dont je fais partie. Il s’agit ici d’informer le grand public de ce fléau souvent mal compris.

On pense souvent que la traite se produit ailleurs et non ici, au Canada. Or, c’est faux. Au pays, 95 % des condamnations pour traite de personnes impliquent des Canadiens. La quasi-totalité des victimes sont des femmes et des filles exploitées à des fins sexuelles.

Le trafic sexuel se produit souvent sous nos yeux, sans que l’on s’en rende compte. Une jeune fille ou une femme est leurrée par quelqu’un qu’elle connaît ou qu’elle considère comme son amoureux. Les femmes autochtones et racisées sont surreprésentées. Cela commence par des cadeaux, des sorties ou une opération de séduction durant laquelle le trafiquant exploite les vulnérabilités de sa proie avant de la désensibiliser en la violant pour en arriver à ses fins : la forcer à se prostituer.

Comment les parents ou l’entourage d’une victime peuvent-ils repérer les indices troublants de ce piège? Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes donne quelques signes potentiels à surveiller. Parmi ces signes, on a l’exemple d’une fille ou d’une jeune femme dont le comportement change soudainement, qui semble contrôlée par son partenaire, qui s’isole, qui porte tout à coup des tenues inappropriées pour son âge, qui reçoit des cadeaux coûteux et inexpliqués ou qui possède plusieurs téléphones cellulaires.

La pandémie aura renforcé le risque de traite des filles et des femmes sur Internet, que ce soit par l’enregistrement d’images intimes sans consentement ou la mise en ligne d’images illégales de mineures.

Le Canada est aussi une destination pour la traite de personnes venues d’ailleurs. Elles sont attirées par de fausses ou de vraies offres d’emploi, souvent pour du travail saisonnier, un contrat de serveuse ou de gardienne d’enfants. Malheureusement, l’emploi promis devient parfois une forme d’esclavage moderne avec des heures excessives, des menaces ou la confiscation du passeport.

À travers le monde, on estime que 25 millions d’adultes et d’enfants sont victimes de travail forcé souvent accompagné de traite. Là aussi, nous pouvons faire preuve de vigilance en tant que consommateurs, car ces violations honteuses des droits de la personne servent à produire des biens et des aliments au plus bas prix possible. L’étiquetage fournit un certain nombre d’éléments qui peuvent nous alerter, mais c’est loin d’être suffisant.

Au-delà des lois et des politiques, chacun de nous peut contribuer, à sa mesure, à lutter contre la traite des personnes. Lorsque nous faisons face à ces drames, nous ne pouvons pas détourner le regard. Il faut, au contraire, ouvrir les yeux.

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