Projet de loi sur la Semaine de la gentillesse
Deuxième lecture
17 mars 2021
Propose que le projet de loi S-223, Loi instituant la Semaine de la gentillesse, soit lu pour la deuxième fois.
— Honorables sénateurs, c’est la première fois que je participe à une séance hybride depuis chez-moi — je suis habituellement présent au Sénat. C’est vraiment une gentille attention pour mon projet de loi sur la Semaine de la gentillesse.
Dans un esprit de gentillesse et de réconciliation, je reconnais que nous sommes réunis ce soir sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinaabe. C’est un important geste de gentillesse de le reconnaître chaque fois que nous nous réunissons.
Honorables sénateurs, je suis fier de prendre la parole à l’étape de la deuxième lecture de la Loi instituant la Semaine de la gentillesse. C’est la deuxième fois que je présente ce projet de loi et je suis heureux de le faire en l’honneur du rabbin Reuven Bulka, fondateur de Canada généreux, car c’est lui l’architecte et l’inspiration derrière ce projet de loi d’intérêt public du Sénat. J’espère contribuer à la réalisation de sa vision pour une semaine nationale de la gentillesse et voir les Canadiens la célébrer partout au pays pendant la troisième semaine de février.
La première semaine de la gentillesse a eu lieu il y a 14 ans à Ottawa. Le rabbin a expliqué ce qui l’a amené à créer cette semaine lorsqu’il est venu témoigner devant le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie en 2018. Voici ce qu’il avait dit :
Mes motifs, dans la constitution de la Semaine de la gentillesse à Ottawa, étaient de stopper l’épidémie d’intimidation qui s’était répandue dans nos écoles. Ils obéissaient à une logique simple : inviter les enfants à l’apathie n’est d’aucun secours, et on risque parfois d’obtenir le contraire des résultats recherchés. Mais si on aide les enfants à agir avec bonté les uns avec les autres et à se dire de bonnes choses, on produit le type d’énergie positive qui étouffe l’intimidation.
Chers collègues, voilà ce qui m’a motivé à contribuer à ce projet. Au fil des ans, mon travail au sujet des droits des enfants, auprès de la communauté des personnes handicapées, d’Olympiques spéciaux Canada et de familles ayant un enfant autiste m’a ouvert les yeux à la réalité et aux effets de l’intimidation. La semaine de la gentillesse pourrait contribuer à favoriser l’inclusion et à améliorer la vie de tellement d’enfants et d’adultes.
Je remercie tous les sénateurs qui avaient appuyé ce projet de loi au comité et au Sénat pendant la législature précédente. J’ai été déçu qu’il ne soit même pas présenté à l’autre endroit avant les élections, mais j’espère que la présente législature réservera un meilleur sort à la semaine de la gentillesse.
Chers collègues, j’ai été encouragé par vos commentaires sur ce projet de loi et par les anecdotes d’actes de gentillesse dans nos collectivités. Je me souviens du discours réfléchi de la sénatrice Mary Coyle au sujet de ce projet de loi. Elle nous avait rappelé les travaux du Dr Brian Goldman sur la gentillesse et des leçons tirées de son ouvrage, The Power of Kindness: Why Empathy Is Essential in Everyday Life. L’empathie ne saurait effectivement être plus essentielle qu’en cette période de pandémie. Je vous recommande de lire cet ouvrage.
Dans son ouvrage, le Dr Goldman indique que les enfants apprennent plus facilement la gentillesse quand leurs modèles en font preuve. C’est un rappel important pour nous, législateurs, particulièrement maintenant que nos débats sont télévisés. Les jeunes écoutent et apprennent constamment et nous sommes leurs modèles.
Au cours de la dernière session, notamment lors de l’étude du projet de loi précédent, la sénatrice Martin a parlé de l’expérience de la bienveillance du point de vue de la communauté coréenne du Canada. Elle a également suggéré l’inclusion de cette vertu dans les programmes scolaires. La sénatrice Martin a présenté un point de vue important en tant qu’ancienne enseignante et défenseure des droits des enfants. Il est vrai que c’est sur la vie des enfants et des jeunes du Canada que ce projet de loi aura la plus grande incidence. Certains enseignants introduisent maintenant la notion de gentillesse dans leurs plans de leçons et ils notent un changement dans le rendement et les interactions des enfants.
L’instauration à l’échelle nationale d’une semaine de la gentillesse ajouterait des ressources pour les éducateurs et offrirait aux jeunes des occasions de mettre la gentillesse en pratique à l’école, dans la collectivité et à la maison.
Lorsque le Comité des affaires sociales a examiné le projet de loi, il a entendu le témoignage de Jennifer Levine, enseignante et bénévole auprès de l’organisme Canada généreux, qui a aidé à élaborer et à mettre en application des programmes sur la gentillesse pour les enfants des 3e, 4e et 6e années du primaire. Mme Levine a déclaré que les parents, les enseignants et les élèves n’avaient que des bons mots au sujet des programmes et que, par surcroît, les élèves étaient enthousiastes à l’idée de faire part de leur expérience de la gentillesse. Certains ont même dit que les leçons sur la gentillesse avaient été les moments les plus intéressants de l’année.
Mme Levine a également ajouté :
La sensibilisation à la gentillesse est très importante pour la croissance et le développement positifs de tous les enfants. Une semaine consacrée à la gentillesse suscite souvent cet enthousiasme et motive les enseignants, le personnel administratif et les étudiants à favoriser une culture de gentillesse dans les écoles.
Nous observons la mise sur pied de clubs de gentillesse et l’émergence de leaders étudiants. Les enfants, comme les adultes, récoltent les avantages de la gentillesse, qu’ils en soient les auteurs ou les personnes qui la reçoivent. Cela leur permet de se sentir bien, ce qui les inspire à continuer. Imaginez l’inspiration qui pourra être générée lorsque tous les habitants d’un pays feront preuve de gentillesse en même temps. Je sais d’expérience que les effets d’une semaine nationale de la gentillesse seront puissants et qu’ils pourront transformer la culture dans nos écoles.
Faire preuve de gentillesse favorise le développement social, économique et affectif et améliore les relations entre pairs. La gentillesse favorise l’inclusion. En liant toutes les initiatives de gentillesse d’un océan à l’autre, cela encouragera plus de gens à participer et apportera un avantage collectif à tous les Canadiens.
En parlant de gentillesse, j’ai reçu tellement de lettres. J’ai écrit un éditorial qui a paru dans le Ottawa Citizen la semaine dernière et je viens de recevoir des dizaines de lettres d’élèves d’Ottawa. Je veux citer un extrait de la lettre d’Eva, qui dit ceci :
Bonjour sénateur Jim Munson,
J’espère que vous vous portez bien en cette période. Je m’appelle Eva et je suis une élève de septième année à l’école publique Vincent Massey. Ma classe et moi vous écrivons après avoir lu un article sur la semaine de la gentillesse et le travail que vous avez fait avec le rabbin Bulka il y a quelques années.
Elle a ensuite écrit en caractère gras ce qui suit :
Nous formons le groupe Students On the Leading Virtual Edge, ou SOLVE. Nous sommes un groupe philanthropique étudiant qui espère encourager les membres de la communauté voisine de Russell Heights à surmonter les difficultés actuelles.
Elle explique ensuite ce que les élèves ont fait avec l’aide de leur enseignant et elle parle du virus et du fait qu’il a rapidement mis fin à tout espoir de visiter en personne les habitants de la région pour l’instant, mais cela ne les a pas déçus. Les élèves sont allés de l’avant, et Eva dit qu’ils ont pris le concept de « gestes de bonté gratuits » et l’ont appliqué au contexte de la distanciation sociale et du port du masque. Elle a ajouté ceci :
Après en avoir discuté et avoir examiné différentes options, nous avons décidé d’inclure dans chaque sac de bonté un masque, étant donné que l’un des élèves en fabriquait, ainsi qu’un jeu mathématique créé par un élève, un petit bonbon à déguster, des casse-têtes logiques pour se remuer les méninges et une page à colorier pour se détendre, en plus d’autres articles.
Les élèves ont organisé un glisse-o-thon et ils ont travaillé vraiment fort. Ce sont des élèves de septième année d’Ottawa. J’imagine une telle chose aux quatre coins du pays. Les élèves ont organisé un glisse-o-thon et ils ont reçu des dons. Eva a indiqué qu’ils viennent de compter l’argent et qu’ils ont recueilli 1 700 $.
Elle a ajouté ceci :
Bientôt, nous aurons reçu tout le matériel et les commandes nécessaires pour commencer à créer les sacs de gestes de bonté gratuits. J’espère que nous aurons une incidence positive, qu’elle soit grande ou petite.
Elle termine ainsi :
Nous vous serions très reconnaissants de communiquer avec nous pour nous faire part de vos commentaires. Au plaisir d’avoir de vos nouvelles!
Eh bien, Eva, je viens de le faire en direct à la télévision, au Sénat du Canada, un mercredi soir, en pleine pandémie. Je trouve que ce que ta classe fait est très important et montre bien que ce n’est pas seulement une question de sensibilisation. Il faut aussi participer aux efforts déployés au pays, s’impliquer et voir ce que nous pouvons apprendre des enfants. J’ai toujours dit que l’on peut bien chercher à s’assagir en vieillissant, mais qu’il faut toujours regarder le monde avec des yeux d’enfant.
Nous avons tous été touchés par la gentillesse d’une manière ou d’une autre. Les effets peuvent être indirects et ils passent parfois inaperçus. C’est ce qu’a dit le rabbin Bulka lors de sa dernière comparution devant le comité :
Il se fait beaucoup de recherche sur la gentillesse et ses conséquences, qui sont essentielles à notre compréhension de leur grande efficacité. Nous savons que la gentillesse permet d’abréger d’une journée en moyenne les séjours comparables de longue durée à l’hôpital. Sans parler des économies évidentes.
Honorables sénateurs, l’idée de la Semaine de la gentillesse est peut-être nouvelle pour certains d’entre vous, mais en Ontario, elle existe depuis 10 ans, et la ville d’Ottawa la célèbre depuis 2007. La Colombie-Britannique souligne également les actes de gentillesse spontanés au cours du mois de février. L’ONU a désigné une journée internationale de la gentillesse en novembre.
Pour d’autres, la gentillesse est une valeur familiale depuis des générations. Cela me fait penser à une de mes histoires préférées sur la gentillesse. Je l’ai entendue lors d’une réunion du comité. C’est un sénateur qui nous l’a racontée, et je ne tenterai pas d’imiter son accent ce soir. Je ne lui rendrais pas justice. Toutefois, j’ai voyagé avec le sénateur Fabian Manning et j’ai été son interprète à quelques occasions. Il comprendra ce que je veux dire. Or, il a déclaré ce qui suit au sujet de la gentillesse, en parlant de sa mère :
C’était une femme très gentille et généreuse. J’ai une carte, en fait, dans mon bureau, avec ses sages paroles : « On peut oublier le numéro de téléphone, l’adresse et même le nom d’une personne, mais on n’oublie jamais sa gentillesse ».
La maman du sénateur Manning.
J’aimerais vous remercier, sénateur Manning, de nous avoir parlé de ce souvenir. J’ai eu la chance de travailler et de voyager avec le sénateur, entre autres, dans le cadre des travaux du Comité sur les pêches. Je peux vous dire qu’il a suivi les conseils de sa mère pour ce qui est de la gentillesse, même s’il se moque de moi de temps en temps. Je n’entrerai pas dans les détails, mais c’est Fabian tout craché.
Sénateurs, j’aimerais beaucoup entendre ce que vous avez à raconter au sujet de la gentillesse et de son incidence dans votre vie. Je pense aux initiatives de gentillesse dans vos provinces respectives, surtout dans le contexte des nouvelles contraintes que nous vivons tous les jours depuis le début de la pandémie.
Honnêtement, nous ne devrions pas avoir besoin d’une semaine désignée, mais les faits montrent clairement que les campagnes et les rappels encouragent les gens à agir. Ainsi, pourquoi ne pas créer des occasions d’apprendre et de pratiquer la gentillesse pendant le mois le plus court, mais sans doute le plus froid et le plus enneigé de l’année, du moins ici, à Ottawa?
Je sais que beaucoup diront, « Pourquoi avons-nous besoin d’une journée ou d’une semaine désignée, ou même d’un mois? » Cependant, la majorité d’entre nous aime les anniversaires, les commémorations et les célébrations. Dans l’ensemble, nous profitons de ces jours pour réfléchir, pour nous rassembler et pour célébrer avec les autres. En désignant des journées spéciales, cela nous motive à respecter les occasions spéciales et à créer des souvenirs et des traditions qui dureront toujours.
Je sais que je me répète, mais la création de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, qui découle d’un projet de loi que j’ai présenté il y a de nombreuses années — soit dit en passant, il nous a fallu environ trois ans pour l’adopter, alors il faut parfois être patient —, a rallié les gens de la communauté autistique au Canada. Plus que de hisser un drapeau, il s’agissait de mettre sur pied des programmes, de capter l’attention des gouvernements et de mobiliser la communauté autistique. Il s’agissait de favoriser l’inclusion. Ainsi, je sais qu’une journée désignée, ou une semaine, dans ce cas, peut changer les choses dans la vie des gens que nous représentons ici.
Le projet de loi nous invite donc à faire de la troisième semaine de février la « Semaine de la gentillesse ». Le bref préambule souligne aussi que la gentillesse incite à faire siennes les valeurs que sont l’empathie, le respect, la gratitude et la compassion; que les actes de gentillesse contribuent à améliorer la santé et le bien-être des Canadiens; que certaines villes canadiennes célèbrent déjà la Semaine de la gentillesse; que la désignation de la Semaine de la gentillesse et sa célébration partout au pays inciteront les Canadiens à poser des actes de gentillesse et à faire du bénévolat et des dons au bénéfice de l’ensemble de la population canadienne; que la Semaine de la gentillesse permettra la mise en commun, par des particuliers et des organismes, de ressources, de renseignements et d’outils, entraînant ainsi la multiplication des actes de gentillesse; et que le Parlement estime que la Semaine de la gentillesse pourrait favoriser la création d’une culture de gentillesse au Canada tout au long de l’année.
Ce préambule a été choisi en collaboration avec la communauté de la gentillesse. Il reflète, selon moi, la façon dont le rabbin Bulka envisage la Semaine de la gentillesse, une vision qu’il a présentée au comité en 2018. Voici ce qu’il avait alors dit à propos du projet de loi :
S’il est adopté, comme je le souhaite ardemment, il est susceptible d’élever la conscience du Canada à l’importance de la gentillesse, et l’adhésion consécutive à la gentillesse rendra encore plus grand notre pays et lui permettra de régler certaines des crises qu’il affronte, notamment celles de la santé mentale, des coûts du système de santé et de l’intimidation.
En conclusion, honorables sénateurs, je vous remercie de votre patience envers moi. Si je m’étends un peu longuement sur le sujet, c’est parce que je veux voir les choses faites correctement, car c’est tellement important. Nous en sommes à l’étape de la deuxième lecture, où il est question du principe du projet de loi. Il s’agit de la même version du projet de loi qui a franchi toutes les étapes dans cette enceinte en 2018 en neuf mois, et a été adopté à l’unanimité à l’étape de la troisième lecture. C’est là une courte période — qui inclut la pause estivale, soit dit en passant.
Cette fois-ci, je veux vraiment que le projet de loi sur la Semaine de la gentillesse franchisse rapidement les étapes du processus dans les deux Chambres avant qu’il y ait d’autres élections. Les élections semblent barrer la voie à la gentillesse.
J’aimerais que cela se produise en l’honneur du rabbin Bulka. Il a tant donné — je le dis sans vouloir me montrer trop émotif. On se souvient tous des discours qu’il a prononcés au pied du Monument commémoratif de guerre, mais il a fait beaucoup plus pour la ville d’Ottawa et pour le Canada.
Le rabbin Bulka est tenu en haute affection par tous ceux, quelle que soit leur religion, qui ont pu profiter de ses conseils spirituels, mais peu de gens savent qu’il est désormais atteint d’un cancer avancé du pancréas et du foie. Je sais qu’il lutte contre la maladie et je suis persuadé qu’il peut compter sur nos prières. Je sais aussi ce que la semaine de la gentillesse représente pour lui, alors j’aimerais beaucoup lui faire ce cadeau.
Le rabbin Bulka est un bâtisseur de ponts. Lors d’une séance de prières qui a été organisée en son honneur ici à Ottawa, l’ex-gouverneur général David Johnston l’a nommé « champion de l’inclusivité », un titre qui lui va à merveille. La gentillesse est synonyme d’inclusivité, et le rabbin Bulka est la gentillesse incarnée.
J’espère que je pourrai compter sur votre appui, chers collègues, pour faire de la semaine de la gentillesse une réalité.
En terminant, j’aimerais simplement vous rappeler qu’il n’y a aucun désavantage à la gentillesse : aucun, zéro. Elle ne coûte rien et prend seulement un peu de temps et d’énergie. Les enseignants, les jeunes, les organismes de bienfaisance et les groupes communautaires seront les grands gagnants lorsque le Canada au grand complet célébrera la semaine de la gentillesse. À long terme, les gens seront plus heureux, ils jouiront d’une meilleure santé et leurs relations interpersonnelles se porteront mieux. Il n’y a rien de plus canadien que la gentillesse. C’est notre plus grande qualité, et j’aimerais sincèrement que le Canada soit le premier pays du monde à en faire une semaine nationale officielle.
Je vous remercie, meegwetch.
Honorables sénateurs, je souhaite prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi S-223, Loi instituant la Semaine de la gentillesse, soit l’ancien projet de loi S-244. Ce projet de loi vise à désigner la troisième semaine de février comme la Semaine de la gentillesse, qui serait soulignée chaque année partout au Canada.
J’ai bien aimé entendre le discours du sénateur Jim Munson, qui a souligné l’importance de ce projet de loi en nous rappelant certains débats ainsi que des exemples de la gentillesse exceptionnelle dont les Canadiens ont fait preuve partout au pays. Je tiens à le remercier d’avoir présenté de nouveau ce projet de loi important au Sénat. Espérons qu’on pourra l’adopter rapidement cette fois-ci. En tant que porte-parole bienveillante à l’égard de ce projet de loi, je suis heureuse de l’appuyer, et surtout d’offrir mon soutien à notre cher collègue.
Selon diverses études, faire preuve de gentillesse envers son prochain entraîne une foule de bienfaits et d’effets secondaires. Par exemple, cela contribue au développement des voies neuronales dans le cerveau et à accroître le sentiment de bien-être. Selon les résultats d’une étude, le risque de mortalité est moins élevé chez les gens qui offrent régulièrement de l’aide concrète aux autres.
Cela dit, nous n’avons pas besoin de recherches pour savoir que la gentillesse est contagieuse. Poser un bon geste peut avoir un effet domino et encourager bien d’autres personnes à en faire autant. De façon générale, il est évident que la gentillesse peut transformer des vies et qu’elle contribue efficacement à améliorer la santé mentale et le bien-être.
À St. Albert, en Alberta, Colleen Ring et sa sœur Debbie Riopel, que je suis fière d’appeler mon amie, ont lancé au Canada la semaine des bonnes actions en 1995. Honorables sénateurs, je l’ai déjà mentionné, mais la semaine des bonnes actions, avec le mouvement mondial qui s’en est suivi, a commencé ici même au Canada. Cette initiative a reçu une proclamation officielle pour contrer une préoccupation croissante à l’égard des actes de violence gratuite commis à St. Albert.
Je me souviens que Debbie se demandait quel serait le contraire de l’expression « actes de violence gratuite ». C’est ainsi que la désignation de la semaine des bonnes actions a été trouvée.
Barb Danelesko a été tuée à Edmonton en 1994, au beau milieu de la nuit, pendant que son mari et ses enfants dormaient, lors d’une invasion de domicile qui a mal tourné. Colleen Ring, qui était à l’époque institutrice de deuxième année à l’école primaire catholique Mary Hanley d’Edmonton, située à quelques pâtés de maisons des lieux du meurtre, a constaté les répercussions de cet homicide sur l’ensemble de la collectivité, de même que sur les élèves de sa classe. Colleen croyait qu’une bonne action, si petite soit-elle, pouvait contrebalancer un acte de violence.
En tant qu’enseignantes, Colleen et sa sœur Debbie ont constaté les retombées de la gentillesse et l’importance de l’intégrer dans le programme scolaire, comme l’a expliqué le sénateur Munson. Elles ont créé un programme appelé Kids for Kindness où elles récompensaient les gestes de gentillesse de leurs élèves et attribuaient des projets qui faisait la promotion de la gentillesse. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’élèves de 2e année. Elles ont rapidement vu les effets positifs sur les élèves tant à l’école qu’à la maison, comme les parents leur disaient qu’ils avaient constaté un changement de comportement chez leurs enfants.
Depuis, elles ont introduit et coordonné la semaine des bonnes actions spontanées dans toutes les écoles de l’Alberta. L’initiative ayant finalement connu un rayonnement mondial, elles ont participé, en 1998, à la fondation du World Kindness Movement. Depuis, plus de 25 collectivités canadiennes ont lancé des célébrations officielles pour souligner la semaine des bonnes actions spontanées.
En 1998, le World Kindness Movement a institué la Journée mondiale de la gentillesse, qui est célébrée partout dans le monde en novembre de chaque année. Le World Kindness Movement est une coalition mondiale de divers mouvements pour la gentillesse — des organisations qui étudient et favorisent l’amélioration du comportement humain individuel et collectif. Le mouvement compte actuellement des membres représentant 27 États, y compris l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Inde, l’Italie et le Japon, qui a été la première destination des deux sœurs. Elles ont participé à une conférence, et le mouvement pour la gentillesse a ainsi pris son envol. La Nouvelle-Zélande célèbre également une journée nationale des bonnes actions spontanées le 1er septembre.
Inspiré par ce mouvement national et international né au Canada, l’organisme Real Acts of Caring a été créé en Colombie-Britannique. Sa mission et sa vision consistent à faire valoir la bienveillance et le souci d’autrui dans toutes les écoles de la Colombie-Britannique.
L’organisme a vu le jour en 2005 grâce à 13 jeunes de 8 et 9 ans de la Central Community Elementary School, à Port Coquitlam, en Colombie-Britannique. Ces écoliers voulaient organiser une semaine de la gentillesse au cours de laquelle les gens s’engageaient à être bienveillants sans rien attendre en retour. L’idée a fait son chemin dans l’école et la collectivité et est devenue en février 2006 la semaine des bonnes actions spontanées. En 2010, les écoliers modifièrent le titre de l’événement pour qu’il devienne la semaine des véritables actes d’entraide, car ils estimaient que le nouveau nom reflétait davantage leur mission. Cette initiative a été dirigée par Harriette Chang, une conseillère scolaire du district scolaire 43 que je suis aussi fière d’appeler mon amie, et s’est maintenant répandue dans des écoles primaires, intermédiaires et secondaires à l’échelle de la Colombie-Britannique.
En 2020, au beau milieu du premier confinement causé par la pandémie de COVID-19, j’ai eu l’occasion de travailler avec un autre groupe d’étudiants passionnés, dirigé par la co-initiatrice Braidyn Chang, qui se trouve être la fille d’Harriette Chang. Il n’est pas surprenant que Braidyn suive les traces de sa mère, prouvant ainsi le pouvoir de l’éducation modèle des enfants et du mentorat, ainsi que le pouvoir contagieux de la gentillesse.
Le projet Intergenerational Integrities, qui vise à créer des ponts entre les jeunes et les aînés, surtout pendant la pandémie, qui en a contraint plus d’un à l’isolement physique et social, a été lancé par un groupe d’élèves enthousiastes du secondaire de la Colombie-Britannique et de l’Alberta qui ont en commun d’être sensibles au sort de leur prochain et d’entretenir une véritable passion pour l’histoire et l’écriture. Honorables sénateurs, ce que je viens de dire vous est sans doute familier, car j’ai déjà fait une déclaration sur le projet Intergenerational Integrities. Ces jeunes ont été jumelés avec d’anciens combattants de la guerre de Corée. Parlant d’héritage, les anciens combattants, qui sont maintenant des octogénaires avancés et des nonagénaires, sont tout à fait emballés à l’idée que des étudiants, à savoir la prochaine génération, sont à l’écoute. Dans le cadre du projet Intergenerational Integrities, les étudiants ont organisé un événement pour rendre hommage aux anciens combattants. L’intérêt que les étudiants leur ont porté a donné lieu à une expérience magique. Voilà un autre exemple de la façon dont les étudiants contribuent à leur collectivité.
Honorables sénateurs, il y a un mouvement grandissant visant à reconnaître les actes spontanés de gentillesse dans le monde. Dans notre pays, les Canadiens ont adopté la pratique de la gentillesse dans leur quotidien. Même au cours de la dernière année, alors que nous étions confrontés à une pandémie mondiale, les gens n’ont pas arrêté de multiplier les actes de gentillesse et ont prouvé que les êtres humains sont capables d’êtres gentils et bienveillants même lorsqu’ils doivent composer avec d’énormes défis et des périodes d’incertitude.
Je songe à nos travailleurs de première ligne, nos héros, qui mettent leur vie en danger pour protéger et sauver celle des autres, nos proches. Jour après jour, par leur travail, ils démontrent leur compassion et leur nature aimante et nous font comprendre que c’est tous ensemble que nous traversons cette épreuve. Je songe à tous ceux qui, même après d’interminables heures, sous une pression énorme et confrontés à d’immenses défis, prennent quand même le temps de réconforter les malades et de leur dire que ça va bien aller.
Je songe à nos voisins et à tous les Canadiens qui ont pris le temps de s’entraider et de s’encourager. Nous avons soutenu les petites entreprises et nous sommes allés chercher des commandes pour emporter dans les restaurants locaux ou nous sommes allés manger au restaurant les mercredis. Nous avons communiqué avec nos proches, nos amis, nos voisins et même des étrangers pour savoir comment ils allaient et nous assurer de leur bonne santé physique et mentale pendant la pandémie. Nous avons été faire l’épicerie pour nos voisins, nous avons envoyé des cartes aux aînés dans les centres de soins, nous avons payé le café de quelqu’un chez Tim Hortons, nous avons souri à un étranger dans la rue et nous avons réalisé diverses bonnes actions spontanées et accompli de vrais actes d’entraide.
La gentillesse peut prendre différentes formes. Elle peut transformer de nombreuses situations et peut changer la journée d’une personne. Je continue d’être inspirée par les Canadiens et par l’effet qu’un seul petit geste peut avoir pour changer les choses. La gentillesse est contagieuse. Lorsque nous ou des gens autour de nous en faisons preuve, nous pouvons changer les choses. Ce n’est peut-être pas ce qui réglera tous les maux de la terre, mais je peux vous dire qu’un simple geste de gentillesse aura un effet bien plus important et une portée bien plus grande qu’on peut se l’imaginer.
Ainsi, honorables sénateurs, nous adopterions le projet de loi S-244 pour la première fois, car il est déjà mort au Feuilleton à l’autre endroit, mais nous pouvons espérer qu’il traversera toutes les étapes dans notre assemblée. L’adoption de ce projet de loi serait un événement historique, faisant du Canada le premier pays au monde à avoir une semaine nationale de la gentillesse. Il serait approprié que nous soyons le premier pays, car c’est ici que le mouvement de la gentillesse a commencé avant de devenir mondial.
Bien qu’il s’agisse d’une étape importante pour le Canada, je crois qu’il sera important que les initiatives existantes, comme la semaine des vrais actes d’entraide, soient reconnues et intégrées à ce projet de loi, peut-être dans le préambule.
Honorables collègues, je vous demande d’appuyer cette importante mesure législative, comme vous l’avez fait auparavant, et de vous joindre à moi pour reconnaître le travail acharné du sénateur Munson ainsi que le dévouement et l’altruisme des leaders étudiants, des éducateurs, des membres de la communauté et de ceux qui nous ont inspirés en cours de route et qui continuent de poser des gestes concrets de bienveillance et de gentillesse partout au pays. Je vous remercie.
Honorables sénateurs, je n’avais pas prévu prendre la parole, mais j’aimerais prendre quelques instants pour vous faire part de mes pensées. Premièrement, j’aimerais féliciter le sénateur Munson d’avoir présenté cette initiative. Vous avez fait un beau discours. J’ai été ému et touché. Votre intervention représente bien votre gentillesse et votre dévouement à faire ressortir le meilleur de nous tous.
Je tiens aussi à parler de mon ami, le rabbin Bulka, que je connais depuis plusieurs décennies maintenant. Nous avons travaillé ensemble sur divers projets à l’échelle locale et internationale. Tout ce que vous avez dit à propos de lui, sénateur Munson, est vrai, et il y aurait encore tant à dire. Je lui offre, à lui et à sa famille, ma compassion et mes prières pour les aider à relever ce défi.
Le moment n’aurait pas pu être mieux choisi pour honorer le rabbin Bulka en accordant notre attention à ce projet de loi.
Je vais appuyer ce projet de loi. Je suis favorable à ce qu’il soit renvoyé à un comité. ll s’agit d’un très bel exemple de ce que le Sénat peut faire de mieux.
Avec votre indulgence, j’aimerais vous parler de l’habitude de mon épouse qui, à l’occasion, utilise des lettres et des mots pour décrire certains concepts. Le mot « gentillesse » en hébreu est hesed, que je vais exceptionnellement épeler « c-h-e-s-e-d ». La lettre C signifie contribution, pour remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce que ce projet de loi progresse. La lettre H signifie heureux; je suis heureux de faire partie d’une institution dont les valeurs permettent d’examiner un tel projet de loi. La lettre E signifie ensemble, car nous allons tous ensemble bénéficier de la Semaine nationale de la gentillesse. La lettre S signifie Sénat, pour le rôle que nous jouons dans ce dossier, outre l’adoption des lois proposées par le gouvernement, une responsabilité qui me tient à cœur. La lettre E signifie excellence, car c’est une excellente idée d’avoir proposé cette initiative et je suis enchanté d’y participer. Finalement, la lettre D : c’est un départ.
Merci, Jim; merci, rabbin Bulka; et merci, chers collègues.
Honorables sénateurs, je souhaite simplement ajouter quelques mots au débat et appuyer ce qu’ont dit les sénateurs Munson, Martin et Gold.
Je tiens à rappeler à tout le monde qu’en plus d’être en voie de devenir le premier pays à consacrer une journée à la gentillesse, le Canada a déjà posé un geste semblable, en fait. Dans la foulée du 11 septembre 2001, nous avons adopté au Sénat un projet de loi sur la Journée nationale du service, qui rendait hommage à tous les gestes de gentillesse posés par les premiers répondants, les policiers, les militaires et par tous ceux qui ont fait quelque chose pour aider les autres. Pensons par exemple aux gens qui se tenaient à un coin de rue et donnaient des bouteilles d’eau à ceux qui rentraient chez eux dans ce climat de peur et dans la poussière. Nous avons indiqué dans le projet de loi que la Journée nationale du service, célébrée le 11 septembre, devrait être marquée par des gestes de gentillesse spontanés.
Le nouveau projet de loi boucle la boucle. Il correspond à nos aspirations, à nos convictions et à ce qui nous est cher. J’espère que nous pourrons souligner ces deux journées spéciales. Merci.
Les honorables sénateurs sont-ils prêts à se prononcer?
L’honorable sénateur Munson propose, avec l’appui de l’honorable sénateur Boehm, que le projet de loi soit lu pour la deuxième fois.
Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?
Des voix : D’accord.
(La motion est adoptée et le projet de loi est lu pour la deuxième fois.)