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Les sénateurs partagent une page d’histoire avec Elvis

Cet article fait partie d’une série sur le déménagement du Sénat du Canada à l’édifice du Sénat du Canada, auparavant connu sous le nom de Centre de conférences du gouvernement. En 2018, le Sénat a entamé son déménagement au nouvel édifice, une ancienne gare construite en 1912, alors que l’édifice du Centre du Parlement – l’emplacement permanent du Sénat – sera restauré. Le Sénat commencera à opérer à partir de l’édifice du Sénat du Canada au début de 2019.

Les économies réalisées au profit des contribuables seront d’environ 200 millions de dollars comparativement à la proposition originale qui consistait à réinstaller le Sénat sur la Colline du Parlement. Il est prévu que le Sénat occupe cet emplacement temporaire pendant au moins 10 ans.


 

Elvis n’est certes plus là, mais 60 ans plus tard, les sénateurs feront, à leur manière, leur entrée en scène et emménageront dans la gare qu’a foulée le King du rock-and-roll à son arrivée dans la capitale.

En raison des rénovations de l’édifice du Centre, qui débuteront en 2018, le Sénat et la Chambre des communes doivent se trouver des locaux temporaires.

L’immeuble voisin qu’est le Centre de conférences du gouvernement, qui à l’origine était une gare construite en 1912, sera occupé par le Sénat sur une période d’environ dix ans. Les sénateurs travailleront dans un immeuble imprégné d’histoire, notamment par l’arrivée à Ottawa d’Elvis Presley en avril 1957.

 

Le sénateur Marc Gold rend hommage à Elvis Presley. En 2018, le Sénat sera relocalisé dans l’ancienne gare Union d’Ottawa qui a accueilli Elvis en 1957. 

Le sénateur Marc Gold, qui a été nommé à la Chambre rouge en 2016, dit apprécier la tradition qui entoure l’édifice du Centre, mais ajoute que l’ancienne gare est un lieu de travail temporaire « idéal » pour le Sénat.

« Le Sénat est un élément important de l’histoire du Canada, et ce, depuis la Confédération. Tout comme l’ont été les chemins de fer. À mon avis, il n’y a pas de meilleur endroit pour nous que ce lieu historique pour poursuivre notre travail au nom des Canadiens, » a déclaré le sénateur Gold.

Le King du rock-and-roll fait partie des célébrités, des dignitaires et des dirigeants mondiaux qui sont passés par la gare Union. Cette dernière a d’ailleurs été fréquentée par de véritables membres de la royauté lorsque le roi George VI et la reine Elizabeth sont arrivés en train pour leur tournée royale de 1939.

De plus, le premier ministre britannique Winston Churchill y est passé lors de sa visite à Ottawa en 1941 afin de prononcer un discours devant le Parlement pour rallier la population canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Elvis, quant à lui, est arrivé dans la capitale canadienne le 3 avril 1957 pour y donner deux spectacles à l’Auditorium d’Ottawa le jour​ même.

Le sénateur Gold, lui-même guitariste accompli, juge qu’Elvis est « une figure marquante » pour les musiciens de sa génération.

« À l’époque où je prenais ma guitare pour la première fois, sa musique jouait partout à la radio. Son importance n’est pas surfaite. Elvis a été celui qui a su attirer notre attention sur l’incroyable mélange de rythmes, de blues et de musique country qui a défini toute une génération. Il a inspiré cette génération à voir la musique autrement, » a confié le sénateur Gold.

Presley a donné des spectacles à Toronto avant de venir à Ottawa. Il devait aller jouer à Montréal le lendemain soir, mais le spectacle a été annulé en raison de la pression exercée par l’hôtel de ville et les représentants de l’Église catholique qui jugeaient exagérés ses déhanchements sur scène, qui lui ont valu le surnom de « Elvis le pelvis », et qui craignaient ne pas être en mesure de contrôler les foules qu’il attirait partout il où il passait.

« Sa tournée au Canada a attiré l’attention de tous les médias, » a ajouté le sénateur Gold, alors âgé de sept ans et vivant à Montréal au moment où Presley est venu au Canada. Les jeunes Canadiens étaient « euphoriques » devant la tournée de Presley, mais leurs parents l’étaient moins, selon ses souvenirs.

« Ils étaient convaincus que sa musique inciterait les jeunes à commettre des gestes de dépravation morale. Il y avait aussi des préoccupations légitimes liées au contrôle des foules. »

Presley a rocké la capitale, devant une foule de 9 000 personnes pour chaque spectacle. Environ 500 admirateurs de Montréal sont montés à bord d’un train spécial, le « Rock ‘n’ Roll Cannon Ball ». Huit étudiantes du couvent Notre‑Dame, qui avait interdit à ses étudiantes d’assister au spectacle, ont été expulsées parce qu’elles y étaient quand même allées.

« La musique populaire n’avait jamais connu d’idole qui suscitait autant d’hystérie parmi ses admirateurs. La présence d’Elvis ici et partout au Canada était un moment phare dans l’évolution de la musique canadienne et dans la création d’une nouvelle génération d’amoureux de la musique au pays, » a expliqué le sénateur Gold.

En 1957, même le Sénat était agité en raison de la présence d’Elvis. Le 23 janvier 1957 [contenu en anglais seulement], le sénateur William Ross Macdonald, le leader du gouvernement au Sénat, a déclaré qu’il n’était pas « inquiet » de la popularité d’Elvis.

« D’autres adorent la musique d’Elvis Presley, » a déclaré Macdonald, jugeant qu’il était une « mode passagère » et demandant au gouvernement de « nourrir plutôt les âmes des jeunes gens » avec la musique de Beethoven et de Dvorak.

« Je n’ai jamais réalisé que j’étais si dépassé, jusqu’à ce que je voie cet artiste dans une production à la télévision de CBC. Que Dieu nous protège s’il s’agit de la façon dont notre génération évoluera, » a déclaré Macdonald.

Cependant, dans l’après‑midi du 3 avril – à peine quelques heures avant qu’Elvis monte sur la scène à Ottawa – le sénateur ontarien David Croll a promis de clore son discours sur la politique étrangère « à temps pour que les membres de cette Chambre puissent aller voir et entendre un personnage appelé Elvis Presley qui tentera d’impressionner le public de l’Auditorium. »  

Avec la présence d’Elvis en ville, il semblerait que les parlementaires ont presque tous été emporté par la fièvre du rock-and-roll. À entendre les journalistes de l’époque, l’édifice vide du Parlement aurait tout aussi bien pu se retrouver sur « Lonely Street. »

Elvis Presley en spectacle à guichet fermé devant une foule de 9 000 admirateurs à l’Auditorium d’Ottawa le 3 avril 1957.

Les gagnantes d’un concours ont la chance de rencontrer en coulisses la star du rock‑and‑roll de 22 ans. Janet Fulton, 13 ans, y a reçu un baiser du King.

Le premier ministre du Canada, William Lyon Mackenzie King, accueille à Ottawa le premier ministre britannique Winston Churchill (deuxième à partir de la gauche), en décembre 1941.

Le roi George VI et son épouse, la reine Elizabeth, que l’on appellera plus tard la Reine Mère, passent devant la gare Union le 20 mai 1939 au cours d’une tournée royale de quatre semaines au Canada.

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